Jean-Marc Lemelin LA VIOLENCE ET SA REPRÉSENTATION. Notes de cours. Domination Détermination. Surdétermination. (sous-détermination)



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Jean-Marc Lemelin LA VIOLENCE ET SA REPRÉSENTATION Notes de cours Domination Détermination Surdétermination (sous-détermination) Description Compréhension (comment) (quoi) Explication (pourquoi) Montrer Démontrer Dé/monter

INTRODUCTION Mouvement Violence Pouvoir Force La force est physique, animale, voire bestiale ; elle est gravitation : traction ou pulsion, attraction ou répulsion. La force est mécanique [Aristote, Archimède] ; elle est technique et dynamique [Newton, Einstein]. Dans un corps animal, elle est biologique, physiologique, musculaire. La force surdétermine le pouvoir et la violence. Le pouvoir est l exercice de la force, surtout par l État, qui peut le concentrer dans l armée, la police, la milice. Le pouvoir détermine la violence. La violence, dont le pouvoir ou le biopouvoir peut avoir le monopole, est à la fois conflit, contrainte et contact :

Violence Conflit Contrainte Contact [tact (toucher et doigté) et tactique] La violence fait peur et fait mal [Yves Michaud]. Dans l antagonisme, la violence domine ; elle est polémique [«polemos» : guerre] et agonique [«agon» : angoisse et agonie, lutte]. L oppression est la violence du pouvoir. La destruction est le pouvoir de la violence. Le gouvernement est la force du pouvoir. L autorité est le pouvoir de la force. L agressivité est la force de la violence. La puissance est la violence de la force. Il n y a pas de domination sans violence et pas de violence sans domination ; la domination ne se confond pas avec l autorité ou le gouvernement. La violence n est pas nécessairement l agressivité ou la cruauté (brutalité, dureté, férocité) ; c'est-à-dire que la violence peut être physique ou symbolique : l évaluation scolaire ou universitaire est symbolique

La violence verbale n est ni physique ni symbolique ou elle est les deux, selon les situations. Dans ce cours, il ne sera pas question de la violence naturelle (catastrophes, calamités, maladies, «loi de la jungle») et de la violence accidentelle (accidents, incidents, malchances, hasards). Il sera question de la violence volontaire ou intentionnelle, où il y a donc : 1. un bourreau : agent, sujet, 2. un acte : projet, trajet, 3. une victime : patient, objet. Mais il est vrai qu une victime peut devenir bourreau à son tour. Il y a une vérité de la violence ; elle est du côté de la victime : c est la violence de la vérité. La violence attaque le corps, d abord dans son animalité ou sa sexualité. Toutefois, ce n est pas à la victime de juger, mais à un tiers : témoin, jury ou juge ; sinon on est victime de l idéologie victimaire, qui est l idéologie religieuse du martyr : «témoin (de Dieu)». Par ailleurs, il n y a pas de vie sans violence : la violence (de la force) est l origine de la vie. Peut-être qu il n y a pas de sexualité non plus sans un minimum de violence, la sexualité ayant à voir avec et la vie et la mort : l orgasme n estil pas une «petite mort» [Georges Bataille]?

En outre, il n y a guère de représentation de la violence, dans l art et la littérature par exemple, sans violence de la représentation, comme nous le verrons avec Lautréamont et Aquin. Enfin, il y a technique de la violence en même temps qu il y a violence de la technique : la technique est à la fois représentée (montrée) et représentante.

I LA CLASSIFICATION DE LA VIOLENCE A. La violence physique Contre les choses : la propriété Contre les corps : la personne La violence symbolique Pour l évaluation culturelle Pour la sélection sociale B. La violence individuelle (privée, domestique) La violence collective (publique, étatique, institutionnelle, rituelle)

II LE SPECTRE DE LA VIOLENCE PHYSIQUE A. La violence carnivore : la violence contre les animaux L humain est (un) animal, mais l animal n est pas (un) humain. Chasse Pêche Domestication Élevage Abattage Combat (coqs, chiens) Course (lévriers, chevaux) Corrida (taureaux) Cirque Zoo

Zoophilie Cannibalisme non rituel Spécisme Il y a parfois massacre de bétail, comme en pays xhosa au Cap, en Afrique du Sud, en 1856-1857 : 400 000 bêtes ont été abattues et 40 000 humais en sont morts de faim ou d épuisement. Il en a été de même lors des épidémies : «vache folle», grippe ovine ou porcine. Malheureusement, c est encore pire actuellement dans les abattoirs industriels, où l on tue même à la naissance des dizaines de millions d animaux, surtout la volaille (poussins, canettes), que l on ne mange même pas, parce qu ils n ont pas été sélectionnés pour leur chair ou parce qu ils n ont pas le foie qu il faut pour être gavés Cependant, s il n y avait pas eu la chasse et la pêche, s il n y avait pas eu la viande et le foyer pour la cuire, nous ne serions pas ici aujourd hui : Homo sapiens ne serait jamais apparu! - Mais c est un «alibi historique», selon l «animalisme» (éthique animale ou environnementale). [Nécrophilie : violence contre les cadavres]

B. La violence interlope (mafieuse ou autre) 1. La violence contre les choses ou les biens : Vol Violation (vandalisme, délinquance, «contrevenance») Fraude 2. La violence contre les personnes : Trafic de drogues Trafic d armes Protection Crime organisé Banditisme Gangs [Les «grands bandits» (des westerns aux films policiers) ou les tueurs en série comme Gilles de Rais sont sans doute des pervers ; c est-à-dire qu ils se considèrent au-dessus de la Loi ; ce sont des transgresseurs et ils détruisent les sociétés, alors que les obsessionnels les construisent.]

C. La violence quotidienne : domestique, scolaire Foyer École (bizutage : initiation) (harcèlement) D. Les violences sexuelles 1. La violence contre les enfants (violence générationnelle) Punition Coup Blessure Abus Inceste Pédérastie Pédophilie Viol Meurtre

2. La violence contre les femmes Misogynie Chauvinisme Machisme Sexisme Harcèlement Voyeurisme Exhibitionnisme Pornographie Délits Agressions Proxénétisme Traite Viol Meurtre 3. La violence contre les homosexuels ou les transsexuels Homophobie Transphobie Viol Meurtre Sadisme

E. Les violences religieuses (sectaires, rituelles) Sacrifice Inquisition Chasse aux sorcières Sectes (fondamentalisme, intégrisme) Cannibalisme rituel Rites de passage Initiations Mutilations Douleur («douleur infligée») Circoncision Excision Subincision Scarification Amputation d un doigt Limage ou arrachage de dents Perçage Tatouage Brûlure Bastonnade

Brimade Autres épreuves L initiation est de la torture, mais la torture n est pas de l initiation. Peine Douleur Mal (être mal, avoir mal, faire mal) (se faire mal, se sentir mal, se donner du mal) Souffrance F. Les violences politiques (étatiques ou non) et sociales 1. La violence génocidaire Génocide Tutsis Juifs (judéocide : «Shoah», «holocauste») Tsiganes Arméniens

Héréros Amérindiens Démocide /Politicide (URSS, Chine, Cambodge) Pogrom Massacre Carnage Antisémitisme Négationnisme 2. La violence ethnocidaire Ethnocide «nettoyage ethnique» «purification ethnique» «épuration ethnique» «ethnic cleansing» (Balkans) Nationalisme ethnique

3. La violence raciale Esclavage (servitude, asservissement) Afro-Américains (Non-Blancs) Lynchage Apartheid (Afrique du Sud) Ségrégation (USA) Racisme 4. La violence militaire Guerre Guerres de religions Guerre de cent ans Guerre de Trente ans Guerres mondiales Guerres Civiles Crimes de guerre Crimes contre l humanité

5. La violence révolutionnaire Révolution 1776 : Révolution américaine 1789 : Révolution française 1917 : Révolution soviétique 1949 : Révolution chinoise Guérilla (Bolivie, Colombie) 6. La violence contestataire Contestation Manifestation Émeute Révolte Grève Attentat Insurrection ( révolution?)

7. La violence policière Police Milice (Brésil) Sécurité 8. Le terrorisme ou le «terrolitarisme» Le rapt ou l enlèvement La rançon 9. La torture («douleur infligée») Torture physique (physique, physiologique) Torture psychologique («torture blanche» : sans taches ou traces) 10. La violence concentrationnaire Centres d extermination ou de mise à mort Camps de concentration Camps de réfugiés Camps de prisonniers de guerre

Ghettos G. Les violences juridiques ou judiciaires 1. La violence pénitentiaire Orphelinats Asiles Prisons Pénitenciers Travaux forcés 2. Le bâton ou le fouet : la flagellation 3. La peine de mort (supplice) Lapidation Crucifixion Bûcher Écartèlement (Exécution du régicide Damiens le 2 mars 1757) [voir Foucault : Surveiller et punir au début]

Epée Hache Guillotine Pal Fusillade (peloton d exécution) Pendaison (Potence) Injection Électrocution (chaise électrique) Asphyxie (gaz) [chambre à gaz : Zyklon B] Autres outils ou armes de meurtre : couteau, poignard, marteau, masse, grenade, bombe, fusée, torpille, poison, mains (étranglement). Meurtres : Homicide Infanticide Parricide Matricide Fratricide

Régicide Tyrannicide Déterminer si c est un meurtre et juger si ce meurtre est un crime : justice. H. La violence martiale : combat corps à corps Querelle Bagarre Bataille Duel Arts martiaux I. La violence sportive Le sport est la ritualisation de la violence, contrairement à la chasse (qui est une manifestation de la force) et à la guerre (qui est la concentration, l extension ou l expansion du pouvoir) ; c est-à-dire que la violence y est réglée par des normes ; mais il y a transgression des règles qui conduit à la punition ou à la suspension des acteurs (joueurs). Les spectateurs peuvent succomber à la violence du spectacle ou s abandonner au spectacle de la violence («hooligans», bandes).

Violence du/dans le spectacle Arène Joute Lutte Gladiateurs vs gladiateurs Esclaves de Rome Violence du rituel Affranchissement Vie ou mort Arène Corrida Combat Torero vs taureau Violence de la ritualisation Rite/mythe Cérémonie Stade Jeu Sport Joueurs (athlètes) vs joueurs USA (surtout basketball, football et boxe) Afro-Américains : descendants d esclaves Ritualisation de la violence Fortune et/ou gloire Victoire ou défaite Spectateurs Spectacle de/sur la violence

J. La violence médicale La violence médicale résulte de la violence scientifique, de la violence de la science. Lobotomie (en finir avec le passé) Euthanasie (en finir avec le présent) Vasectomie (en finir avec le futur) Laboratoires Prothèses Greffes d organes Chirurgie (plastique, esthétique, génitale) Transsexualisme Alors que la chirurgie plastique cherche à rétablir la nature (passée), la chirurgie génitale ou sexologique cherche à établir par la culture (future).

K. L autoviolence («violence affligée») Automutilation (transsexualisme, psychose, autisme) Masochisme Suicide et conduites suicidaires (alcoolisme, toxicomanie) (conduites à risques : alpinisme, parachutisme, acrobatie, vitesse) * Si la violence de la nature est exclue ici, on pourrait inclure la violence de la misère : chômage, pauvreté, famine, épidémie ; c est une violence causée par la culture.

Pour conclure cette section : Humanité Gestualité Oralité Animalité (sexualité) Sensibilité Entendement Imagination Action Raison Passion Nature Culture Posture Il y a donc surdétermination par l animalité ou la sexualité et donc par la castration, la finitude, la mort.

III LA REPRÉSENTATION DE LA VIOLENCE La violence est représentée depuis très longtemps : L art paléolitique Mobilier Immobilier Rupestre Pariétal (extérieur) (intérieur) [rochers] [grottes] L art préhistorique est peut-être structuré par deux principes : le principe femelle de vie (cueillette, femme, proie, blessure ; cheval et bison) et le principe mâle de mort (chasse, homme, prédateur, arme ; lion et ours). La scène du puits de Lascaux (17 000 années) [Picard] L art mésolithique et néolithique (céramique, poterie) [Otte]

Les textes sacrés La Bible Le Coran Les Védas Religieux Profane Sacré Divin La mythologie Grecque Latine Nordique Celtique La sculpture [Giacometti, Bernier] La peinture La littérature La tragédie ne montre pas la violence ; elle la raconte.

La bande dessinée La musique Rock Punk Rap La performance Orlan Le cinéma Le dessin animé Il n y a pas de cinéma sans violence ; le cinéma montre ce que la tragédie ne montre pas. La presse (écrite, parlée, télévisée) La télévision Les jeux vidéo L internet La propagande peut faire passer la guerre pour du travail, c est-à-dire pour la production ou la fécondité.

Le sport américain (football, basketball, baseball, boxe, etc.) est un «fruit», un résidu ou un résultat de l esclavage.

IV L UNIVERS CONCENTRATIONNAIRE DU JUDÉOCIDE Alors que dans Les Chants de Maldoror du comte de Lautréamont et dans Neige noire d Hubert Aquin, nous avons affaire à la représentation de la violence fictionnelle, avec le judéocide, il s agit de la violence factuelle. Juifs (avec une majuscule) : peuple sémite, peuple hébreu, parlant souvent le yiddish (ashkénazes); juifs (avec une minuscule) : de religion juive ou israélite. Le judaïsme est le premier monothéisme (Abraham, Moïse) ; c est la religion du Père, alors que le christianisme est la religion du Fils. Le judéocide («Holocauste» aux États-Unis, «Shoah» en Europe) est le génocide de cinq à six millions de Juifs par les Allemands et leurs alliés pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Avant le judéocide, les Juifs ont été victimes de l antisémitisme : ils ont été les esclaves des Égyptiens, ils ont été les victimes de pogroms ou de massacres ; ils ont été entassés dans des ghettos. Les Juifs ont été accusés d avoir tué le Christ, qui était un Juif ; or, ce sont les Romains qui l ont tué sur le Golgotha, le calvaire. Au Moyen Âge, on les a accusés d empoissonner l eau des puits, d enlever de jeunes filles chrétiennes pour les sacrifier, de répandre des maladies comme la peste ou la lèpre, etc. L antisémitisme était répandu en Russie tsariste, en Europe de l Est et en Europe de l Ouest ; les Juifs ont été expulsés d Espagne en

1492 et refoulés en Afrique du Nord (séfarades) ou convertis (marranes). Au XXe siècle en Allemagne, les Juifs ne dépassaient pas 1% de la population. Partout dans le monde, il y en avait quinze ou seize millions, dont trois millions ou plus en Pologne, surtout à Varsovie, Cracovie et Lotz, où les nazis ont établi des ghettos. Le nazisme 1. Ses origines. Au XIXe siècle : - Empire austro-hongrois - La Prusse réunie par Bismarck - 1870 : guerre entre la Prusse et la France. Au XXe siècle : - Première Guerre Mondiale : défaite - Traité de Versailles en 1919 exigeant toutes sortes de compensations / rôle du président américain Wilson - Inflation galopante - Krach de 1929 - Faiblesse économique et politique de la République de Weimar, malgré sa force culturelle (Bauhaus, expressionnisme) - Opposition au communisme - Montée du sionisme

2. Ses composantes comme folie et violence collective :. Le parti national-socialiste (nazi) - L élite du parti : les SS (250 000 en 1942) - La Gestapo - Les SA - Hitler, Himmler et Heydrich (éliminé en 1942). Le totalitarisme : Pays = État = parti unique ou dictature fascisme. Le nationalisme, surtout populiste [«Volk»] de l espace vital, avec l esprit guerrier de l Aryen.. Un soi-disant socialisme, qui est plutôt un capitalisme d État, comme en URSS sous Staline à la même époque.. L antisémitisme VS le «judéo-bolchévisme» Les camps Il y a eu des camps de concentration ou, tout au moins, des camps de travail en Russie au XIXe siècle : voir F. Dostoïevski Souvenirs de la maison des morts, qui est un témoignage. Ailleurs, il y avait la peine des galères (abolie en France en 1748) ou les travaux forcés. En Allemagne, les camps sont apparus en 1933, avec l arrivée de Hitler et de son parti au pouvoir, et Dachau en est le modèle ; ils ont d abord été conçus pour enfermer et isoler les adversaires du régime nazi : communistes,

socialistes, criminels, etc. À partir du début de la guerre en 1939, ils vont se multiplier en Allemagne et dans l Europe occupée : Pologne, Tchécoslovaquie, Autriche et France (le Struthof près de Strasbourg). Il y a une grande variation dans le nombre de détenus : quelques centaines, quelques milliers, plusieurs dizaine de milliers (plus de 80 000 à Buchenwald, de 180 à 190 000 à Auschwitz-Birkenau en mai 1944). Certains camps sont de véritables villes, avec des villas pour les SS et les baraques pour les prisonniers ; il y a des ateliers, un hôpital ou une infirmerie [«Revier»] et parfois même un bordel. Y régnaient la bureaucratie et la technocratie, les numéros et les statistiques, le calcul et la terreur. Si les camps de concentration n avaient pas d abord été conçus pour le judéocide, ils le sont devenus avec la «Solution Finale» du problème des Juifs en Europe, à partir de 1941 ou 1942. 1. L organisation administrative. Himmler. Les SS. Les Kapos. Les chefs ou les doyens de blocks. Les Kommandos - Construction - Réparation des toits - Coupe du bois - Routes - Fossés et égouts - Cuisines

- Toilettes - Carrières - Bagages [«Canada» à Auschwitz-Birkenau] - Fausse monnaie. Les Sonderkommandos [Le nom polonais d Auschwitz est Oswiecin.] 2. Les prisonniers ou les détenus [«Verfüghar»] Les détenus étaient identifiés par des triangles de différentes couleurs. a) Avant et pendant la guerre : Allemands. Les prisonniers de droit commun ou les criminels : les Verts (souvent kapos ou informateurs). Les prisonniers politiques, surtout des communistes, ou d anciens nazis : les Rouges. Les délinquants : les Noirs. Les Témoins de Jéhovah (objecteurs de conscience, pacifistes : interdits en 1933, arrêtées en 1939) : les Violets. Les homosexuels : les Roses b) Pendant la guerre. Les prêtres polonais (4000-5000 à Dachau en 1942). Les Tziganes d Europe de l Est : les Bruns. Les Juifs : les Jaunes (étoile de David + lettre identifiant la nationalité)

. Les prisonniers de guerre : France, Belgique, Pays Bas, Europe de l Est (Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie), Russie (10 000 prisonniers russes éliminés en quelques mois) Que la décision ait été prise en 1941 ou en 1942, on peut considérer que la «Solution finale» des Juifs en Europe a commencé en pratique en juin 1941 avec l invasion de l URSS par l Allemagne ; avec parfois la collaboration des Ukrainiens, les groupes d intervention [«Einsatzgruppen»] ont commencé à exécuter les Juifs et les commissaires communistes derrière la Wehrmacht, l armée allemande n étant pas elle-même étrangère au judéocide ; 1 300 000 Juifs auraient ainsi été éliminés, ce qui est plus qu à Auschwitz-Birkenau (1 000 000) et que dans les ghettos (800 000). 3. Les principaux camps Parmi les camps de concentration, Dachau, Buchenwald (avec Dora) et Sachsenhausen étaient dominés par les Rouges ; Mauthausen, Flossenbürg et Gross-Rosen étaient dominés par les Verts ; Ravensbrück était un camp de femmes, où il y avait peut-être une chambre à gaz en construction. Auschwitz-Birkenau et Maïdanek ont été des camps de concentration et d extermination. Belzec, Chelmno, Sobibor et Treblinka ont été des centres d extermination, des «centres de mise à mort» [Hilberg], en 1941-1943 : les chambres à gaz son venues après les camions de gazage. Cette technique était venue du gazage de 60 à 70 000 aliénés mentaux ou handicapés, au début de la guerre.

4. Le chemin de la mort La déportation des Juifs a donc connu deux trajets : un trajet direct, de la déportation aux centres d extermination, ces camps de la mort, après la confiscation des biens ; un trajet indirect, de la déportation aux camps de concentration, ces camps de travail menant - lentement ou non et avec ou sans sélection - à la chambre à gaz et aux fours. Après le regroupement dans des ghettos ou dans des stades, comme le Vélodrome d Hiver à Paris à la mi-juillet 1942 (vers Drancy), il y avait la séparation des hommes valides d un côté, des femmes, des enfants et des vieillards de l autre ; puis venait le transport : les convois de wagons à bestiaux, où étaient entassées de 60 à 80 personnes. A l arrivée à un camp comme Auschwitz-Birkenau, il était procédé au marquage, au tatouage et au rasage après la confiscation, avant l attribution des vêtements et l assignation à une baraque, puis à un kommando, où il fallait essayer d échapper à la sélection effectuée par les médecins ; les Sonderkommandos s occupaient de faire entrer les gens dans les chambres à gaz, de les sortir, d arracher les dents en or et de couper les cheveux avant de les enfourner et de disposer de leurs cendres. Enfin, à l hiver 1945, il y a eu l évacuation des camps et l élimination des plus faibles, achevés à la mitraillette sur les routes. Diviser, séparer, pour régner : mettre des prisonniers de différentes catégories, de diverses nationalités ou de diverses langues dans une même baraque pour ne pas qu ils s allient et même, au contraire, pour qu ils se combattent. Ne pas traiter les détenus comme des individus

humains, mais comme des animaux que l on mène à l abattoir Les chambres à gaz ont été un moyen pour les SS, ainsi épargnés d aller se battre sur le front de l Est et de risquer d y mourir, de ne plus faire face directement au meurtre, à la mort : il est plus facile de tuer à distance avec la bomme atomique à Hiroshima et à Nakazaki en août 1945, par exemple que de tuer en contact. Les nazis eux-mêmes ont pu craquer après avoir tué ; Himmler lui-même se serait évanoui après avoir assisté à une exécution ou à un gazage. Tuer n est pas la règle humaine. 5. La violence et la souffrance. La discipline en vue des humiliations. La soi-disant propreté (rasage, nettoyage). La routine (cérémonial, rituel) - Les appels - Les saluts aux SS - Les sélections en vue des transports. Le contrôle - L interception du courrier et des colis - Les fausses cartes postales - La confiscation des biens. Le travail : les kommandos «Le travail rend libre» - Le travail inutile - Le travail utile pour la guerre (Dora, mais les fusées V1 et V2 n ont guère fonctionné ou ont mal fonctionné)

. La misère - La soif - La faim - Le froid - Fatigue - La maladie (dysenterie, typhus transmis par les poux) - La faiblesse : les «musulmans» comme mortsvivants ou vivants-morts. La saleté et la promiscuité - La vermine (rats, poux, punaises) - La crasse, la boue, la merde, le sang - Les vêtements et les chaussures dépareillées - Les baraques surpeuplées. La brutalité - Les chiens entraînés à tuer - Les coups - Le bâton ou le fouet. La cruauté - La torture (brûlures, torsions, électrochocs) - Les expériences médicales (soi-disant scientifiques) / Stérilisation / Endurance à l eau froide / Eugénisme / Injection de virus (cancer, malaria, typhus) / drogues / Josef Mengele et les jumeaux - Les exécutions / Garrot

/ Balle dans la nuque / Pendaison / Injection létale au Revier / Gaz et four : la machine à tuer - Les suicides sur les barbelés. Le cynisme - Les concerts - Les jeux 6. La résistance et la survivance. Ralentissement du travail. Sabotage. Révolte. Évasions. Insurrections : Sobibor, Treblinka, Birkenau, ghetto de Varsovie (avril 1943). «Organiser» : chance, vol. Les cigarettes comme monnaie. La collaboration et le mouchardage. L homosexualité Survivre pour témoigner. Témoigner pour survivre.

Les causes du nazisme et donc du judéocide 1. Une cause historique Chez les historiens, il y a un débat qui oppose les intentionnalistes et les fonctionnalistes. Pour l intentionnalisme, l antisémitisme est la cause de la guerre et du judéocide. L intention d exterminer les Juifs existait depuis la fondation du parti-nationaliste, depuis Mon combat d Adolf Hitler en 1925 (après le putsch raté du 9 novembre 1923 à Munich), depuis la prise du pouvoir en 1933 et a fortiori avec le début de la guerre. Il est vrai aussi qu il y a une «idéologie allemande», de l idéalisme en philosophie au romantisme en littérature, depuis au moins le XVIIIe siècle, sinon depuis la Réforme de Luther, à l effet que l Allemagne ou la Germanie avait la mission civilisatrice de sauver l Europe contre la «barbarie» de l Asie. Le nazisme serait donc passé de l euphorie de la victoire à la dysphorie de la défaite en 1942 ; à moins que la «Solution finale» n ait été décidée au contraire dans l euphorie même de la victoire à l été 1941, avec l opération Barborossa Pour le fonctionnalisme, ladite solution est un effet de la guerre et des défaites ; le génocide est le résultat de la dégringolade ou de la débandade de l Allemagne en URSS ; il est le dérapage de l appareil nazi, qui est plein d incohérences et de contradictions, d absence de décisions ou de décisions contradictoires, d intérêts contraires entre l économie de la guerre et l idéologie de la race, de luttes de

pouvoir (Himmler, Göring, Goebbels, etc.) autour de la personne du chef, du guide. Il faudrait voir comment se départagent ainsi les historiens selon qu ils sont Juifs ou non. 2. Une cause sociologique ou socio-historique Pour Nicos Poulantzas et le socialisme, le nazisme est l aboutissement du développement impérialiste dans une économie de guerre. Lénine avait déjà entrevu que l impérialisme conduisait à la guerre, mais cela n explique pas les camps de concentration et les centres d extermination ; c est-à-dire que même si les SS ont fait de l argent avec les camps, ceux-ci ont fini par avoir un caractère particulièrement antiproductif, destructif. Il aurait sans doute été plus productif de mieux nourrir les détenus pour les faire travailler davantage. Les intentionnalistes y verraient un argument en faveur de leur thèse : le judéocide n était pas un moyen mais une fin, le but de la guerre. 3. Une cause psycho-historique Pour Wilhem Reich, qui a essayé de concilier Marx et Freud, il s agit de la dérive des masses, qui s identifient à un chef, au guide, au Führer. On ne saurait minimiser la forte personnalité et la figure charismatique d Adolf Hitler [Kershaw] ; mais seul, il n aurait rien pu faire et il avait déjà raté son coup d État avant de se retrouver en prison. La folie individuelle ne peut expliquer la folie collective, même s il n y a pas de violence collective sans violence individuelle. S il n y avait pas eu la

collaboration des Allemands et d autres peuples (les Polonais, les Ukrainiens, les Lituaniens, les Roumains, les Français, les Hongrois), les nazis n auraient pas pu déporter et exterminer les Juifs : quand Adolf Eichmann est arrivé à Budapest en 1944 pour procéder à la déportation de 300 ou 400 000 Juifs hongrois en quelques mois, il n avait avec lui que 250 SS 4. Une cause psycho-religieuse Pour Robert Lifton, qui s inspire librement de Freud, il s agit avec le nazisme d une nouvelle religion, de la sécularisation de la religion pour contrecarrer l angoisse de la mort et aspirer à l immortalité ; il s agirait du double caractère de la pulsion de mort. Lifton a analysé des témoignages et il a rencontré des médecins nazis qui, d un côté ont soigné, de l autre ont torturé ou expérimenté ; il en conclut que ces bourreaux souffrent d un dédoublement de personnalité ou d une personnalité double : de la main droite, ils font le bien ; de la main gauche, ils font le mal. Ils sont donc psychotiques, comme Hitler, Staline ou Mao Pour Patrick Bruneteaux, qui s inspire de Lifton, de la théorie de la civilisation de Norbert Elias et de nombreux témoignages de rescapés, il s agit d un dédoublement institutionnel et individuel, le «dédoublement négatif» étant celui des bourreaux dans les camps : des sadiques aspirant à la divinité et à l éternité - le Reich de mille ans! Selon lui, c est le même dédoublement chez les tueurs en série, les guerriers colonisateurs, les minorités racistes comme le KKK et les maniaques ou les fanatiques des faits divers

Éric Michaud, lui, considère le nationalsocialisme comme un «national-christianisme» s opposant à un christianisme universel et le Führer étant un Christ, un Messie, un Sauveur ; il s agit donc de dépasser le christianisme (la civilisation) pour surpasser le judaïsme (la barbarie), ainsi trépassé : dépasser la civilisation même par la culture [«Kultur»]. Pour Hitler, il s agissait d opposer l obsession des «fondateurs de culture» (les Aryens ou l Esprit : le peuple, la race - le visible), qui sont des architectes et des artistes ou des créateurs en leur souveraineté spirituelle, à la perversion des «destructeurs de culture» (les Juifs ou le Père : l anti-peuple, l anti-race - l invisible), qui sont des iconoclastes en leur souveraineté matérielle, en se fondant sur la technique des «porteurs de culture» (les Chrétiens ou le Fils), qui sont des iconolâtres ou des (re)producteurs en leur fécondité - même si ce ne sont que des «peuples inférieurs» (humbles ou soumis, tout au plus fiers) Le Reich de mille ans : le nouveau millénarisme indoeuropéen s incarne dans une «Communauté d artistes soldats travailleurs» (soit les trois fonctions ou les trois ordres de ladite civilisation indo-européenne : la guerre, la souveraineté et la fécondité) et les cortèges de l art, la pureté de l art égalant la pureté de la race et l image se substituant au langage ou le visible au lisible ; le langage est ainsi éconduit à son essence qui est le contact de la voix : l interjection, l exclamation, le cri l invective, qui est la voie de Hitler. En les termes de la psychanalyse, cela signifie : élever une obsession au rang d une religion, une religion individuelle au rang d obsession

collective, dans la «constante négation de toute perte de l objet aimé». Dans l esthétisation de la politique, par la propagande et par l art, par la photographie et le cinéma, par la peinture et la sculpture, Hitler et Himmler - qui étaient loin d être beaux - considéraient que les Juifs étaient laids, comme leurs costumes et leurs coutumes, et qu ils ne pouvaient donc pas représenter le bien et la beauté de l enfance et des jeunes filles blondes, car le beau est le bien (selon Amos Shouv et Michel Prazan). 5. Une cause «pédagogique» Selon Alice Miller, il n y a pas lieu de chercher les sources ou les racines de la violence dans un instinct agressif (inné) ou dans une pulsion de mort (enquise/conquise), mais plutôt dans l éducation (acquise/requise), dans la pédagogie, qu elle qualifie de «pédagogie noire», où on enseigne aux parents comment et pourquoi punir les enfants ou aux instituteurs comment contrôler les élèves : les enfants qui sont victimes de sévices ou de châtiments corporels à la maison ou à l école deviennent des bourreaux à leur tour. Selon elle, toutes les victimes ne deviennent pas des bourreaux, mais tous les bourreaux ont été des victimes. La «pédagogie noire» enseigne la haine, qui conduit à la colère et à la violence. Elle parle de Jurgen Bartsch (1946-1977), qui serait un nouveau Gilles de Rais et qui a tué au moins quatre enfants quand il avait entre seize et dix-neuf ou vingt ans : des infanticides d une extrême violence avec jouissance sexuelle ; il aurait voulu en tuer une centaine. En 1971, il a