l'art de l'héraldique et du Blason
Sommaire Introduction p.3 1) L'héraldique : définition et histoire p.4 2) Le Hérault d'armes p.7 3) Les armoriaux p.8 4) Les figures héraldiques p.9 5) Les émaux p.11 6) Les partitions p.12 7) Quelques exemples locaux p.14 Bibliographie p.16
Introduction : on ne dessine pas n importe quoi sur un blason! Aujourd hui tous les jeunes savent reconnaître les logos des grandes marques de vêtements ou de voiture. Au Moyen-âge, dans les classes nobles, on apprenait très jeune à savoir lire un blason. Cette science s appelle l héraldique et elle est soumise à des règles très précises. On ne dessine pas n importe quoi sur un blason, on ne mélange pas n importe quelle couleur, on ne rajoute pas une pièce sans raison, tout ceci a un sens que connaissaient les Hérauts d armes. Lorsqu on connaît ce langage particulier, a la lecture d un blason on sait à quelle personne il appartient, on sait l histoire de sa famille, ses hauts faits d armes dans les batailles. Enfin quel autre moyen de reconnaître quelqu'un sur le champ de bataille quand tout le monde porte heaumes et armures, de savoir s il est ami ou ennemi que de pouvoir lire les armes qu il porte sur son écu.
1) L'héraldique : définition et histoire C'est la science des armoiries. Elle est apparue au XI e siècle, dans toute l'europe, et au-delà pendant la Première Croisade. Son origine est liée à la nécessité pour les chevaliers rendus méconnaissable par leur armure, de se créer des signes de reconnaissance. Cela se répandra ensuite dans toutes les classes sociales par l'intermédiaire des sceaux : femmes, nobles, clercs, bourgeois et simples paysans. Au départ, l'héraldique consiste à apposer des marques de couleurs sur des points privilégiés de l'équipement militaire : bouclier = écu, heaume et couvre nuque. Exemple de la Troisième croisade (1188) : rouge=français ; vert=flamand ; blanc=anglais Puis, afin de multiplier les signes de reconnaissance, on agrémenta la couleur de nombreux autres signes. Le siège de Pontoise Derrière leur bannière à fleur de lys, les français assiègent la ville Au delà du champ militaire de l'ère féodale, le succès des armoiries se diffuse aussi dans les tournois, les défilés d'apparat ou les cérémonies. Ce sont autant d'occasion d'arborer ses couleurs. Cela entraine une codification des marques de reconnaissance avec des règles très précises dès le XII e siècle, élaborées par des spécialistes: "les Hérauts d'armes". Le succès est sans précédent à partir du XV e siècle. Aujourd'hui, ce sont pratiquement les mêmes signes qui sont utilisées : couleurs, formats, stylisation, emplacements
L'héraldique va se diffuser sur divers supports : meubles, tapisseries, vaisselle, peintures, vitraux, statuaire, décors architecturaux. Coffre dit "de Saint-Louis" - XIII e siècle - Musée du Louvre Depuis le XI e siècle, chacun peut se créer ses armoiries et les porter à condition de ne pas s'octroyer celles d'un autre. A partir de 1696, sous Louis XIV, on instaure une perception de droits d'enregistrement pour avoir le droit de porter des armoiries. Cela devient une obligation pour toutes personnes d'un certain rang. Cela entraine la confection d'armoiries aux motifs douteux Le zèle excessif pour des raisons fiscales souleva tant de résistance que l'on abandonne les enregistrements obligatoires en 1709 (à cette date, on compte 110 000 familles répertoriées). En ce qui concerne la transmission des armoiries, seul le chef de famille porte les armes pleines. Les cadets et l'ainé brisent leurs armes par modification de couleurs ou de meubles, par augmentation ou diminution jusqu'à l'héritage. Les bâtards brisaient le plus souvent d'une barre ou par réduction les armes paternelles. L'héraldique féminine Durant les guerres du Moyen-âge, les lourdes pertes de la noblesse obligèrent progressivement les femmes à suppléer leurs époux et à devenir héritière universelle. Les armoiries féminines semblent apparaitre dans la seconde moitié du XII e siècle, ne touchant alors que la plus haute aristocratie et dans les états n'étant pas régie par la loi Salique (exclut les femmes du trône) puis elles se répandront au XIV e siècle. Elles comprennent généralement les armes du père ou du mari. Il est donc courant d'observer deux écus accolés, symbole du mariage.
L'héraldique ecclésiastique L'écu reprend les armes de la famille ou on s'en invente. Il est surmonté d'une mitre ou d'un chapeau de prêtre et entouré d'une cordelière à glands (rouge pour cardinal, verte à 20 glands pour l'archevêque, 12 pour l'évêque ). L'héraldique universitaire Inspiration intellectuelle, symbole d'érudition. L'héraldique municipale Elle découle d'une nécessité administrative en s'affranchissant des tutelles seigneuriales. On y trouve souvent le St patron ou un relevé topographique approximatif ou des figures parlantes. Les blasons des provinces trouvent leurs origines dans les marques de reconnaissance d'un seigneur. Souvent, les armoiries de la ville deviennent celles du seigneur et de son domaine. Blason des seigneurs de Montfort dans le grand salon de la mairie de Rennes
2) Le héraut d'armes Sa fonction de porteur de messages va rapidement évoluer vers celle de diplomate. Ils deviennent des personnages incontournables de la Cour à partir du XIV e siècle. Le rôle du héraut découle de l'art militaire médiéval. Cela exige une mémoire sans faille et une confiance absolue pour une identification rapide et sans ambiguïté (conséquence catastrophique en cas d'erreur). Parmi les hérauts d'armes, certains étaient élus Roi d'armes. Ils sont parfaitement reconnaissable sur les champs de bataille car ils portent une tunique armoriée caractéristique : le tabard (dépourvu d'armement). Assurés d'une protection absolue, ils pouvaient traversés les lignes ennemis pour apporter des messages de leur maitre, demander une suspension de combat, négocier une capitulation, organiser un duel Ils n'avaient pas le droit de divulguer l'organisation et les dispositifs ennemis sous peine d'être accusé d'espionnage. Pour des combats à l'issu incertaine, les hérauts pouvaient rédiger les testaments et être mis au courant de détails corporels précieux pour reconnaitre les éventuelles victimes. A la fin du combat, ils rapportaient la liste des chevaliers tués au roi. Ils pouvaient aller rencontrer les prisonniers dans le camp adverse pour certifier de leur noblesse et obtenir un traitement de faveur. De part leur présence privilégiée, leurs fines observations et leur neutralité, ils étaient souvent consultés par les chroniqueurs ou les illustrateurs soucieux d'objectivité. En temps de paix, les hérauts s'occupaient de l'organisation des tournois, des manifestations d'apparat ou d'adoubements et veillaient au respect des règles héraldiques en contrôlant les blasons, en vérifiant les attestations exigées pour les heaumes couronnés, en constituant des registres de blasons : armoriaux. Les hérauts pouvaient beaucoup voyager pour avoir une connaissance des blasons des pays plus lointains. Les relations étaient fréquentes entre hérauts de pays voisins : véritables caste jouissant de nombreux privilèges (exonération d'impôts ).
3) Les armoriaux Ce sont des "catalogues" d'armoiries. L'intérêt est professionnel ou artistique. On en trouve sous différentes formes : rouleaux de parchemin, registres, livres reliés Il existe des armoriaux généraux : par air géographique ; ou thématique : liste de personnes présentes lors d'un rassemblement particulier (cérémonie ) ou par institution (corps de métiers, confrérie ). L'invention de l'imprimerie au XVe siècle fit apparaitre des planches pré-imprimées avec des écus qu'ils n'y avaient plus qu'à compléter de couleurs et de signes. Ecomusée du Pays de Brocéliande - CD 2011
4) Les figures héraldiques A l'origine, les armoiries sont composées seulement de connaissances ou reconnaissances pour distinguer amis et ennemis (croix de templiers par exemple), mais au fur et à mesure, elles vont se personnaliser et intègreront des informations sur la personnalité, la famille, l'histoire de celui qui les porte. Un véritable langage avec des codes de grammaire se crée à partir d'un répertoire de figures et de couleurs. L'armoirie est une synthèse de concision, d'expression et d'esthétique pour une perception à distance sans équivoque et rapide. Pour cela, on utilise les contrastes entre couleurs claires et foncées. Puis, des figures aux contours nettes pour multiplier les distinctions avec souvent exagération de certains détails. Il y a une exclusion du naturalisme : simplification ou exagération. Les armoiries peuvent se décliner sur différents supports mais restent tributaire de la forme triangulaire de l'écu médiéval. Elles peuvent être influencées par les styles architecturaux (avec 1 siècle de décalage!). En France, 4 figures ont connues un succès sans égal : la croix (symbole de la chrétienté) l'aigle (emblème de l'empire romain, repris par Charlemagne, symbole de l'empire en général) le lion (force et majesté) la fleur de lys (symbole de la mère de Dieu et en France devenue l'emblème de la royauté et du pouvoir) Les bestiaires ont apporté une grande contribution au décor des blasons : griffon, hippogriffe (aigle et cheval), panthère (lion et taureau), dragon, hydre, licorne... On peut rajouter des ailes, des cornes ou une queue à n'importe quel animal!!! Mais on trouve aussi des animaux réels : taureau = force, ours = courage, sanglier, loup, cerf, écureuil, cheval, serpents, oiseaux Tout animal héraldique peut porter des accessoires: épée, couronne, chaines A l'inverse la flore, qui inspira tant les enlumineurs n'intervient pas dans les armoiries (à part lys et rose). Les figures humaines ne sont pas absentes : St patron avec attributs, têtes, bustes, anges, centaure, sphinx, sirène On trouve aussi les objets fabriqués par l'homme (souvent pour blason des corporations) : outils d'artisans. Ces objets sont aujourd'hui parfois difficilement identifiable du fait de trop de schématisation ou parfois oubliés.
5) Les émaux En héraldique, on appelle la couleur = émail Parmi les émaux, on distingue : les métaux : or et argent les couleurs : gueules = rouge ; azur = bleu ; sable = noir ; sinople = vert ; pourpre = violet ; orangé = orange ; tenné= marron. Ces couleurs peuvent aussi être désignées sous le nom de planète ou de pierres précieuses. Les émaux correspondent aussi à des valeurs sentimentales (cf schéma). En règle générale, tout blason comporte de l'or ou de l'argent (ou plus modestement du jaune et blanc). Règle fondamentale = contrariété des émaux : si les figures sont de métal, le champ sera de couleur ou inversement. Métal sur métal= interdit ou couleur sur couleur = interdit. Ceci est valable pour les blasons simples, c'est différent quand il est divisé en plusieurs zones.
6) Les partitions Le fond de l'écu = le champ (uni ou divisée en zones = points) Les figures = les meubles Arme défensive par excellence durant tout le Moyen-âge, le bouclier évolue au gré des progrès technique et perdit peu à peu se rôle alors que l'armure se perfectionne. Mais il conserva sa fonction comme support d'armoiries. Jusqu'au milieu du XV e siècle, on n'envisage pas de diviser un écu en plus de 4 quartiers. Ensuite, avec les tournois, cela va se déployer, on pourra avoir plusieurs écus autour d'un écu principal (parents de la famille ) Simples à l'origine, les armoiries se sont compliquées dès lors qu'on voulut y faire paraitre l'union de familles, de filiations diverses ou la réunion de plusieurs territoire. Au départ, on juxtapose, ce qui rend certaines figures incompréhensibles. On a donc imaginé d'autres solutions pour combiner les blasons. On place l'un des deux dans un petit écusson par exemple.
7) Quelques exemples locaux avec devises
Bibliographie Pastoureau Michel, Figures de l héraldique, Coll. Découvertes, Gallimard, Paris, 1996 Wenzler Claude, Le Guide de l héraldique, Editions Ouest France, Rennes, 2002 Wenzler Claude, L'héraldique, éditions Ouest France, 1997. Sibold M., le sang des Grignon, 1955.
Dossier réalisé par Cécile Delarue, animatrice du patrimoine de l'écomusée 2011 www.ecomusee-broceliande.com Ecomusée du Pays de Brocéliande - CD 2011