Lecture analytique 1 : la naissance de Gargantua.

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Transcription:

Lecture analytique 1 : la naissance de Gargantua. Naissance du géant a lieu ds le chapitre 6 seulement : si sujet principal est bien la vie de Gargantua, narrateur prend des chemins de traverse et ne recherche nullement efficacité narrative.. Ch 1 concerne la généalogie de Gargantua, ou prétend la concerner : document généalogique aurait été trouvé «dans un grand tombeau de bronze» près de Chinon, et on aurait fait appel à Alcofribas pour l interpréter. Le ch 2 (Les fanfreluches antidotées) n en est pas moins incompréhensible pour un lecteur moderne ; sous la forme d une énigme poétique à la mode de l époque (cf poète de cour Mellin de Saint- Gelais), peut-être moins obscur au XVIème siècle ; Ch 3 fait portrait rapide des parents de Gargantua, Grandgousier et Gargamelle, et précise que cette dernière le porta 11 mois, avt une longue digression sur durée maximale d une grossesse permettant de considérer enfant comme légitime. Pages comiques plaisantant sur goût rusé des femmes pour relations sexuelles et leur facilité à cocufier leur mari jusqu après sa mort. Mais c est aussi pour Rabelais occasion pour traiter d un thème qui faisait débat entre médecins et juristes. Vient ensuite, ds le chapitre 4 l accouchement de Gargamelle, ds le contexte d une énorme orgie de tripes du couple avec tous les villageois des environs, le «troisième jour de février» en pleine période de carnaval. Le ch 5 restitue les propos décousus et désordonnés des «bien ivres» confirmant le contexte carnavalesque de la naissance, qui a enfin lieu ds le ch 6. Pages 87 à 89, de «peu de temps après» à la fin du chapitre, font se succéder récit extraordinaire naissance de Gargantua et commentaires faussement polémiques du narrateur défendant avec la plus grande mauvaise foi le caractère vraisemblable de cette «étrange nativité» pour un lecteur qui n y croirait pas. Comment se déploie le mélange des registres merveilleux et comique? Une naissance à la fois réaliste et merveilleuse Récit nous situe en un sens sur terrain familier, et fourmille de détails qu on peut dire réalistes. Les douleurs de l enfantement d abord, avec l énumération des infinitifs «à soupirer, à se lamenter et à crier». La présence des sages-femmes autour de la parturiente ensuite, et d une en particulier, dont le portrait pittoresque rapidement dressé est inscrit ds un contexte géographique: «une repoussante vieille de la troupe». Le lexique anatomique du corps humain enfin, suivant le parcours du corps de Gargamelle, du bas vers le haut : «le gros intestin, ses sphincters,les cotylédons de la matrice, la veine creuse, le diaphragme, les épaules, l oreille» Mais ce réalisme familier au service de la plus grande fantaisie d un récit parfaitement invraisemblable..naissance en trois étapes faussement logiques : ce qu on prend pour l accouchement sorte d énorme diarrhée (mais c était le fondement qui lui échappait). Du coup sage-femme pour la soigner n y va pas de main morte «lui administra un astringent si formidable furent contractés et resserrés»). L enfant ne pouvant sortir par les voies naturelles alors comme propulsé vers le haut jusqu à sortir par l oreille gauche! Après fausse naissance la vraie se déploie ds registre merveilleux qui se concilie avec comique de l univers des géants bon vivants. Un récit de registre comique Le comique est d abord celui du bas corporel, à travers le lexique scatologique inventif et parfois grossier : «qqs membranes, le fondement, le gros intestin, la parenthèse explicative du «boyau du cul», les sphincters».a associer à la boisson, le nouveau-né pas comme les autres poussant le cri pour le moins original de «à boire» trois fois répété, invitant chacun tout comme le narrateur a invité le lecteur à boire ds le prologue. Comique se prolongeant ds le jeu de mot «tout le pays de Busse et de Biberais» (les lieux prennent consonance du verbe boire au subjonctif ou au conditionnel dialectal) et à relier à la date de naissance de Gargantua, durant le carnaval. La visée satirique est aussi dirigée contre les sages-femmes, «en foule» et n en confondant pas moins les matières fécales de Gargamelle prise d indigestion et l enfant. Le portrait de la «repoussante vieille» relève de la caricature, et sa réputation de «grande guérisseuse» est pour le moins usurpée puisque son remède de cheval est totalement excessif «un astringent si formidable» Si finalement son intervention aboutit à faire naître Gargantua, c est en dehors de toute maîtrise des événements. La satire antiféminine (selon une certaine tradition médiévale) s étend au-delà de la profession de sage-femme, à travers l anecdote du diable à qui ne suffit pas son parchemin pour enregistrer «papotage» sans fin de deux bavardes impénitentes. Façon d intégrer le lecteur en supposant qu il pourrait tenter «d élargir avec les dents» sphincters de Gargamelle, comme le diable a fait de son parchemin, contribue au gros comique du texte. 1

Dans la deuxième partie, narrateur rend le destinataire central, tout en le traitant avec la plus grande désinvolture : «si vous n en croyez pas, je n en ai cure» «ne vous emberlificotez jamais l esprit avec ces vaines pensées» «ne m en tracassez lus le cerveau. Ton très cavalier maltraitant le lecteur va de pair avec défense burlesque vraisemblance naissance évidemment invraisemblable. Argumentation se veut persuasive (cf avalanche de questions rhétoriques) tout en proposant arguments non pertinents : «un homme de bien croit tjs ce qu on lui dit et ce qu il trouve ds les livres» Ironie du narrateur feignant d appeler à l abandon de tout esprit critique. Multiplie ensuite plaisamment exemples de naissances invraisemblables de la mythologie, comme si références érudites (Métamorphoses d Ovide implicitement puis Histoire naturelle de Pline) pouvaient servir caution à naissance de G. Mais texte ne vise sans doute pas qu à faire sourire. Aux enjeux plus sérieux qu il n y paraît. Circonstances incroyables naissance de Gargantua contribue à lui donner une sorte de statut légendaire, élevé au même rang que les héros de la mythologie ensuite énumérés. Lecteur amené sans le prendre tlt au sérieux à considérer son caractère exceptionnel dès sa venue au monde. En ce sens parcours qui la fait cheminer du bas vers le haut (et grimpant à travers le diaphragme) sans doute pas anodin : peut annoncer la transformation de G, à l origine être fruste et rustique, paresseux et ignorant en sage philosophe quasi idéal grâce à éducation nouvelle et humaniste qu il va recevoir. Par ailleurs, lecteur ne peut s empêcher de mettre en relation naissance de G et nativité extraordinaire du Christ, conçu par une jeune fille vierge, Marie. Or, il existe légende populaire affirmant que Marie aurait fait naître Christ par l oreille, tout comme elle l aurait conçu par l oreille en acceptant annonciation de l ange. Rabelais peut ici viser critique moqueuse de cette croyance. Enfin texte pose le problème épineux de la définition de la foi. Au fond rien ne peut différencier naissance de G, du Christ et tous les autres enfantements cités, si ce n est la révélation divine. Dans la version de 1535 intention de Rabelais plus explicite car citait «les sorbonistes» et leur définition de la foi comme une sorte de crédulité à partir d une interprétation de l Epître aux Hébreux selon la vulgate latine.. Or les humanistes, revenant à la version originelle en grec du Nouveau Testament récuse cette interprétation et font de la foi non une question de crédulité mais une confiance dans les promesses de Dieu. Première édition mettait davantage en avant cette polémique et donc intention de propagande humaniste et évangélique du texte de Rabelais devenue ici plus obscur. Texte savoureux par sa fantaisie et son humour, mettant les détails réalistes au service de l invraisemblance burlesque. Comique de la veine carnavalesque du bas corporel se double d une intention satirique sans renoncer à faire se questionner le lecteur. L enfance d un géant : Lecture cursive des ch 7 à 13. Quelle image de l enfance du héros nous donnent ces chapitres? L enfance d un géant Plus que les autres sections, les chapitres consacrés à l enfance représentent G comme un géant, figure appartenant à la littérature et culture populaires. -Gigantisme s exprime notamment par les nombres : 17913 vaches pour allaiter G bébé p. 93, les presque «18 mentons» de G p. 95 ; ds tout le ch 8 dénombrement qté de tissus nécessaire à la livrée du petit enfant. Emploi régulier des chiffres tout à fait paradoxal : compter revient à dénombrer de façon réaliste, selon la raison humaine, mais une telle accumulation de chiffres énormes fait perdre toute valeur réaliste pour suggérer démesure fictive et plaisante du monde des géants. -Gigantisme s exprime aussi par la technique de l accumulation propre au style rabelaisien. Tout le ch décrivant les vêtements de G repose sur accumulation mise en valeur par disposition en paragraphes ; «pour sa chemise ; pour son pourpoint, pour ses chausses» Ds le ch 1, les activités du petit enfant sont présentées sous la forme d une immense énumération de verbes d action (d ailleurs prolongée ds la version de 1542). Narrateur commence par deux phrases de 4 lignes, puis selon la même logique accumulative, propose une phrase d une trentaine de lignes, de «Il pissait sur ses chaussures» à «écorchait tous les matins le renard». Idem pour l invention du torche-cul, ds le ch 13, l enfant de 5 ans énumérant à son père 2

tous les objets qu il a expérimentés, et ils sont innombrables! («une autre fois avec un chaperon, une autre fois avec un cache-col puis puis».) -Même qd il n y a pas accumulation, l abondance est partout ds le monde de l enfance de G, en rapport avec la disproportion de son corps et avec sa naissance royale. Il s agit de faire rire, de créer la joie du texte, en lien avec abondance du carnaval et expansion de la vie. G est né le 3 février, qqs jours avt le Carême (période de 46 jours privation, jeûne, et prières). Carême précédé du carnaval, dont le mardi gras est le dernier jour. G né avt mardi gras, le jour de la St Blaise, Saint du souffle et du pet. Carnaval autorise tous les excès alimentaires, et toutes les transgressions sociales et politiques ; les gens se déguisent, hommes en femmes et femmes en hommes, les puissants sont moqués ; Le géant G et son entourage a alors place de choix car permet tous les excès liés au corps. Une enfance heureuse et animale : le corps prend toute la place. -Importance du boire et du manger La naissance de G a eu lieu ds ambiance festive d un banquet de tripes donnant soif. Son premier cri est de réclamer à boire raconté deux fois, fin du ch 6 repris début du ch 7, à travers écoute du père. Sa réaction («que grand tu as!») induit nom donné à l enfant, lié au gosier. Bébé joyeux, adorant. «la purée septembrale» autrement dit le vin, qui semble appartenir à son alimentation au même titre que le lait! Lui en donner est une façon certaine de le consoler «s il arrivait qu il fût dépité» et Alcofribas peut témoigner, d après dires d une gouvernante, qu au «seul son des pots et des flacons, il entrait en extase»! Enfin, de trois à cinq ans, trois formules résument façon dt il passe le temps : «boire, manger et dormir» «manger, dormir et boire» «dormir, boire et manger» ; Trois formules presque équivalentes, variant uniquement premier mot de la série des trois verbes. Corps de G petit est donc un lieu d épanouissement, mais moins en rapport avec idée de force et de puissance que d ingurgitation continue. -importance de la sexualité G né du plaisir de ses parents à faire «ensemble la bête à deux dos». Son plaisir à être au monde passe alors déjà par une forme enfantine de sexualité ; Le ch 8 fait une large place à la confection de «sa braguette» dont Alcofribas, auteur d un livre intitulé «La dignité des braguettes» nous précise qu elle était «également bien pourvue à l intérieur et bien garnie». Ds le ch 11, une certaine précocité de G se fait jour, et le style leste du narrateur de l accompagner : «et le petit paillard hardi bourricot!» Une certaine forme de sexualité enfantine liée au plaisir du jeu. Passage sans transition des plaisanteries sexuelles des gouvernantes au «beau tourniquet» qu elles lui fabriquent pour qu il s amuse comme les petits enfants du pays. -Importance de la scatologie Scatologie prend sans doute une importance encore plus grande. Naissance liée à indigestion de tripes de sa mère. Ds le ch 7, le bébé géant est dit «prodigieusement flegmatique des fesses», c est-à dire «relâché, mou» : l expression peut se comprendre comme antithèse de constipé! Le ch se termine sur un réjouissant portrait de l enfant en extase «dodelinant de la tête, pianotant des doigts et barytonnant du cul» Le ch 11 nous le montre se vautrant ds la saleté, voire ds ses excréments, avec le plus grand plaisir «il pissait. sur ses chaussures, chiait ds sa chemise,». Semble obéir à instinct animal, tel un petit chien joueur : mange et joue d ailleurs avec ceux de son père d égal à égal. Exagération du propos tient de la fantaisie caricaturale, mais révèle peut-être aussi l œil du médecin Rabelais ayant observé développement des enfants : insistance sur ce qu on appellera «le stade anal» au 20 ème siècle (outre thématique carnavalesque du renversement des valeurs). Enfin, scatologie prend toute sa dimension comique et transgressive ds ch 13 de l invention du torche-cul sous la forme d une immense liste des objets et accessoires qui ont pu servir à G pour s essuyer après avoir fait ses besoins : tissus, accessoires d ameublement, chapeaux, animaux, objets divers Recherche du plaisir par le jeune géant. qui conclut sur le choix d un «oison bien duveteux» : «on ressent au trou du cul une volupté mirifique» Texte qui fait fi de toutes les convenances et de tous les préjugés ; Ecriture met non slt en scène le bas-corporel mais encore l exalte.. L ouverture à l intelligence et au plaisir des mots, plaisir partagé par Alcofribas. - Un enfant qui fait donc tout de travers Donc enfance de G dépeinte à travers grossièreté et crudité, exagération comique sur sujets qui forment préoccupation essentielle de l enfant. Par ailleurs, jeune géant fait tout de travers, jusqu à l absurde : liste de ses actions ds le ch 11 le plus souvent folles «se lavait les mains ds le potage» «se peignait avec un gobelet» «se cachait ds l eau contre la pluie.» Liste contient de nombreux proverbes (mettait la charrue avant les bœufs) ou expressions toutes faites (prenait de la bouteille) ; Proverbes retournés pour mettre en évidence fantaisie loufoque et absurde vie quotidienne de l enfant sans cesse occupé à des riens sans signification sérieuse. et allant à l encontre de la sagesse proverbiale sous toutes ses formes. Mais si G condamné par le 3

rire, il n en est pas moins sympathique par sa vitalité, et non dépourvu de talents ou d une forme d intelligence ; - Mais qui a le plaisir des mots et une forme d inventivité poétique. Le ch 12 le met en scène jouant de façon plus intelligente, avec des chevaux de bois qu on lui a fabriqués. Il se montre capable de s en fabriquer lui-même, accédant ainsi à l autonomie. «Il se fit lui-même, avec un gros fardier» : capacité à transformer les objets environnants pour un usage très personnel se retrouve ds invention du torche-cul : manière d être au monde inventive, qui en exploite les ressources. Inventivité se retrouve au plan de la parole : face aux invités de son père, il a le dessus par la plaisanterie liée au maniement du langage, premiers jeux de mots de G, premiers pas ds la création langagière. Par exemple jeu sonore sur le radical «pape» : «mais qd je serai pape vous serez papillon et ce gentil papegai sera un parfait papelard». Le passage du torche-cul marque un degré supplémentaire ds inventivité verbale : objets transformés sont rabaissés mais aussi surgissent sous un éclairage nouveau : on évalue matière et forme sous un jour surprenant et inattendu la Longueur de la liste, sa diversité, semble pour l enfant un inventaire, une manière de s approprier le monde grâce aux mots. Enfin l inventaire débouche sur poème parfaitement scatologique mais à la manière de Marot. Malgré sujet bas et grossier, forme de prouesse poétique, plaisir de l invention verbale et du langage. Même si admiration du père paraît qq peu excessive, lecteur comprend que géant peut évoluer en se civilisant, si éducation s en mêle, d autant qu il est fils de roi. - Comparaison à la figure du narrateur. Au fond, héros ds son jeune âge créé à l image du narrateur. Alcofribas volontiers facétieux, masque grotesque de l écrivain. Par exemple sur la question de l allaitement de G : affirmation «par certains docteurs scotistes» qu il fut nourri par sa mère déclarée «mamallement scandaleuse, blessantes pour des oreilles capables de piété, et sentant de loin l hérésie.» (voir note sur Duns Scot p ; 94). Se mêlent ici satire de l intolérance religieuse de la philosophie scolastique incarnée par la Sorbonne, et le jeu de mots par invention de l adverbe mamallement sur le nom «mamelle». L invention verbale ne lui fait pas défaut, comme si attribuait verve qui est la sienne au jeune héros : cf parallélisme stylistique des chapitres 11 et 13. Comme ds les premiers chapitres, Alcofribas capable de laisser de côté fil de la narration de façon cavalière pour se lancer ds longue digression quant aux couleurs de la livrée de Gargantua, ch 9 et ch 10. Ds ch 9, récuse interprétation traditionnelle des couleurs blanche et bleue, et ds le 10 démontre signification qu il accorde au blanc, non la foi mais «joie, plaisir et délices».au lecteur moderne ces deux chapitres peuvent sembler légers et un peu absurdes, suite des propos plus ou moins loufoques d Alcofribas, se qualifiant lui-même de «vieux buveur». Il n hésite jamais dvt une grossièreté («à cul foireux tjs merde abonde»), ou cite sa «mère grand» p. 111. l accumulation excessive de références savantes, p. 119 par exemple, (ds un paragraphe unique, Aristote, Xenophon, Galien Cicéron, Tite-Live, Aulu-Gelle, Alexandre D Aprhrodise) aurait tendance à les annihiler. Le thème lui-même de la valeur symbolique des couleurs peut sembler vain au lecteur moderne, mais attention à ce que notre déficit d érudition ne fausse pas notre lecture. En effet, la noblesse de la Renaissance s intéressait vivement à la signification des couleurs., particulièrement en matière d héraldique. On croyait en général qu elles avaient des significations réelles par nature et non imposées par les hommes. De nombreux ouvrages traient de cette symbolique des couleurs, notamment un supplément au Blason des couleurs que critique avec virulence le narrateur à partir p. 107. Sujet peut paraître aride car nous ne partageons plus passion des gens de la Renaissance pour les symboles, pour le pb du sens symbolique naturel ou imposé. Thème tout à fait sérieux pour Rabelais en revanche, mais il lui donne la forme d une declamatio, c est-à dire une forme littéraire qui permettait aux auteurs de traiter de thèmes sérieux d une manière qui ne l st pas toujours et ds laquelle il entre de l ironie, mélange de sérieux et d insignifiant, de vrai et de faux, d argument fort et d argument faible, conviction personnelle profonde et idée quelconque. Rabelais plaisante donc parfois se moque par exemple de ceux qui confondent les emblèmes images représentant une vérité morale, souvent accompagnée d une devise, comme on en portait à la cour à son couvre-chef- avec le galimatias des rébus ou jeux de mots. Cf p ; 109 «ces m as-tu vu de cour, ces inventeurs d équivoques». Mais à la fin du même paragraphe, l expression «après la Renaissance des belles lettres» confirme qu on ne peut prendre l ensemble de la digression, dont la lecture est difficile, pour une plaisanterie. L enfance de G jeune géant lourdaud, paresseux mais bien sympathique- est donc représentée de façon à susciter le rire, loin de toute convenance. Toutefois, le rire n est pas sans lien avec le sérieux. Texte 4

paraît déjà engagé mais engagement de nature littéraire car se niche ds la complexité même des jeux du texte, ds le décalage entre les sujets abordés et leur traitement, ou ds l obscurité du discours d Alcofribas Lecteur prêt à accepter transformation du héros par l éducation, d abord négative, puis positive. L éducation de Gargantua : lecture cursive des ch 14, 15, 21, 22, 23, 24. 6 chapitres concernent directement éducation de Gargantua, selon l antithèse entre la mauvaise éducation scolastique (14, 15, 21, 22) et l éducation humaniste idéale (23, 24). Comment caractériser une telle opposition, et prendre la mesure de la transformation du héros par l éducation? (Quant aux chapitres 16 à 20, concernant l épisode des cloches de Notre- Dame, ils forment un tout cohérent mais dont il faudra comprendre lien avec question éducative : cf chapitre suivant du cours) La satire de l éducation scolastique 1- De la décision d éduquer G au résultat de cette éducation La nécessité d éduquer G vient de son père Grandgousier, à partir de l invention du torche-cul : «considérant le génie et la merveilleuse intelligence de son fils Gargantua» Comprend son potentiel, et en déduit qu il peut atteindre la plus grande sagesse, mais à une condition : «s il est bien éduqué».p. 143..Met éducation en place, mais résultat absolument désastreux, exposé au début du ch 15 : «il étudiait très bien et y consacrait tout son temps ; malgré tout, il ne progressait en rien et, pire encore, il devenait fou, niais, tout rêveur et radoteur». Enumération des adjectifs dénonce efficacement éducation par raillerie. Echec cuisant puisqu élève intelligent, motivé et travailleur régresse : Intelligence comme retournée en sottise : anti- éducation. 2- Les maîtres G d abord confié à «un grand docteur sophiste, nommé Thubal Holopherne». Note 4 p. 142 : Tubal : confusion. Holopherne : nom d un persécuteur de l Eglise séduit par Judith puis décapité. Lubricité du vieux maître incompétent confirmé par détail cause de sa mort : vérole, en 1420. Mauvaise pédagogie appartient dc au lointain passé du XVème siècle obscurantiste, même si date pas à prendre littéralement car elle est sans doute un emprunt à Marot ds épitaphe comique d un frère franciscain. Date accompagnée d expressions mentionnant durée enseignement : «cinq ans et trois mois» «dix-huit ans et onze mois» «seize ans et deux mois» : En additionnant toutes les données temporelles, on arrive à qq chose comme 53 ans! Durée invraisemblable souligne nullité de cette éducation. Puis vient le maître «Jobelin Bridé», qualifié comme «un autre vieux tousseux» ; L indéfini suggère caractère interchangeable des maîtres., tous deux ridicules par nom, vices, vieillesse et état physique. Qd Grandgousier comprend quel gâchis il a fait de l éducation de son fils, a envie de le tuer. Mais finalement, p ; 149, lui paie ses gages, le fait «chopiner très sophistiquement» avant de l envoyer «à tous les diables»! caricature prolongée, satire des théologiens de la Sorbonne qui passaient pour bien arroser leur discussion, et personnage ainsi négligemment expédié de l histoire comme de la narration. 3- Les caractéristiques de cette éducation. Education exposée en deux volets, ch 14, puis ch 21, le nouveau précepteur auquel G est confié voulant commencer par observer son élève. Ds ch 14, surtout énumération des livres choisis par les pédagogues pour faire étudier G : ouvrages cités (Grammaire de Donat, le Facet, le Théodolet) rédigés par des scolastiques entre le IV et le XIIème siècle, ouvrages condamnés par les humanistes comme du «fumier littéraire».quant aux noms des commentateurs, inventés par Rabelais, pour faire sonner leur ridicule. Par exemple «Heurtebise» frappe ds le vent, «Faquin» désigne au XVIème siècle qqn qui porte de lourds fardeaux. On note aussi ds ce chapitre description «grosse écritoire» aux dimensions énormes, enseignement fondé sur la quantité de ce qu on ingurgite, nullement sur la qualité : on remplit tête de G sans la former, sans la façonner. De là les mœurs de G qu on peut observer ds le ch 21, qui paraît fonctionner comme une explicitation du ch 13, de la théorie à la pratique, ou des causes aux effets. G, comme qd il était tout petit (éducation régression) évolue ds saleté, et on retrouve importance des excréments : cf énumération p. 175 «il fientait, pissait, se raclait la gorge, rotait, pétait». Il mange et boit énormément, dès le saut du lit «il déjeunait de belles tripes frites» et répétition de l adjectif ds énumération. Ou encore p 177 «quatre de ses gens lui jetaient ds la bouche, ss interruption, de la moutarde à pleine pelletées». Figure de 5

l hyperbole caractérise ce mode de vie. : cf «les limites du boire» à la fin du ch. Education encourage sa paresse : se lève tard (pour l époque!) et ne pratique aucune activité physique si ce n est se retourner ds son lit ; Qt à ses jeux, énumérés selon liste démesurée du ch 22, sont ts statiques. Intellectuellement, aucune acticité de réflexion. Références livresques ont tlt disparu, il ne reste que «il étudiait pdt une méchante demi-heure» p. 177 et «puis il commençait à étudier qq peu» p. 191. Mais nourriture succède immédiatement à ces références, comme si valeur maîtresse «mais son âme était à la cuisine»/ «Au retour, il se transportait à la cuisine pour voir quel rôt était en broche». Non content d être sale, glouton, buveur excessif, a appris à donner des raisons faussement morales à tout ce laisser-aller : p. 173 «c est vanité que de vous lever avt la lumière» ;» se peigner, se laver, et se nettoyer à perdre son temps en ce monde» ou encore discours de G p. 175 «Quoi, n ai-je pas fait suffisamment d exercices?...» Enfin, pratique religieuse machinale, sans aucune relation directe avec Dieu, et réglée aussi sur la qté «il entendait 26 ou 30 messes». p. 175 ou «on lui apportait un tas de chapelets». L éducation humaniste. 1- D une éducation à l autre : la rupture Grandgousier comprend erreur commise lorsque Eudémon (le bien doué) entre en scène : p. 147. beau et jeune page élevé selon les principes humanistes apparaît comme condamnation vivante des idées des sophistes oisifs et vieux jeu des universités. Sain, modeste, éloquent, fait à G un discours à l élocution et à rhétorique si parfaites qu il est comparé à grand orateur antique. G, face à lui, slt capable de «pleurer comme une vache»! Eudémon représente à la fois une sorte d idéal et un tournant ds la vie de G. D ailleurs, nouvelle éducation n aura pas lieu en Touraine mais à Paris, changement de lieu, comme celui du maître (Ponocrates «le travailleur» forgé sur le grec) soulignent rupture. Enfin, Ponocrates, après qqs jours, décide de commencer par purger G ch 23 p. 193 : faire table rase du passé ; que son corps comme son esprit oublient tout. Médecin nommé «maître Théodore» signifiant «nommé par Dieu». Ds première édition, se nommait «Seraphin Calobarsy, autre anagramme de Phrançois Rabelais, intervenant ds sa propre création. 2- Les caractéristiques de cette nouvelle éducation. G est éduqué ds la propreté «il était habillé, peigné, coiffé, apprêté et parfumé» p. 195) et change de chemise après exercices physiques p. 197, ou encore «se lavait les mains et les yeux de belle eau fraiche» après le repas et avt la prière ; Les fonctions de son corps sont régulées : «puis il allait aux lieux secrets excréter le produit des digestions naturelles». Reste à jeun pdt plusieurs heures, et qd il mange ou boit, le fait avec mesure. : très peu de lignes concernent la nourriture, contrairement à éducation précédente. P. 205 le narrateur récapitule : «remarquez que son dîner était sobre et frugal, car il ne mangeait que pour apiser les abois de son estomac» Dîner certes «abondant et copieux» mais il ne s agit plus de se remplir jusqu à éclater : «il prenait tout ce qui lui était nécessaire pour son entretien et sa nourriture» suivi de l affirmation catégorique «c est la vraie diététique». Organisation de son temps plus que chargée : «il le soumit à un rythme de travail tel qu il ne perdait pas une heure de la journée» p. 195. Debout dès 4 heures du matin, fait plusieurs activités à la fois : «pdt qu on le frictionnait, on lui lisait qqs pages des saintes Ecritures» ; leçons répétées qd il «allait aux lieux secrets» ; idem pdt la toilette ; lectures pdt le repas. De très nombreuses activités physiques, correspondant à l entrainement du chevalier dont se charge l écuyer nommé Gymnaste «qui lui enseignait l art de la chevalerie» Effet de miroir entre l enseignant et l élève marquant réussite de cet enseignement puisque toutes les activités physiques, développées pdt plusieurs pages ne sont représentées qu à travers l élève, G étant le sujet de tous les verbes d action. Apprend à monter toute sorte de chevaux : cf jeux de l enfant ayant préparé cet apprentissage ; entrainement sérieux à ses devoirs de chevalier, qui évolue vers une sorte de cours de préparation militaire, comme pour se préparer à devenir général des armées de son père, «puis il brandissait la pique, frappait de l épée à deux mains» Intellectuellement, apprend tout ce qui importe aux humanistes et ce qui sied à un gentilhomme : langues anciennes, auteurs antiques, arithmétique, géométrie, astronomie, musique ; botanique, médecine. Education d un prince qui s élabore qui ne néglige aucun domaine : qd il pleut «étudiaient les arts de la peinture et de la sculpture», et visite tout type d artisans : cf énumération p. 209. Mais prince ainsi formé, ou réformé, est un prince chrétien et pieux. Importance de la prière. Lecture bible dès le réveil immédiatement suivie de prières et de réflexion : «suivant le thème s appliquer à révérer le bon Dieu dt les merveilleux jugements apparaissaient à la lecture». Cantiques après le repas pour rendre grâce à Dieu, et finit journée par prières.. 6

3- Une opposition tranchée. Nouvelle éducation humaniste corrige point par point les défauts de l ancienne. Chapitres ne suivent pas pour autant le même plan mais à journée plus ou moins vide et tlt désorganisée s oppose journée où tout se tient, où toutes les activités en rapport les unes avec les autres. Corps et âme vont toujours de paire ds le nouveau système («s exerçant élégamment les corps, comme ils s étaient auparavant exercé les âmes») ; Insistance portée à la fois sur apprentissage par cœur (mémoire cultivée comme un art sous la Renaissance) et sur assimilation de ce qu on apprend. Ds premier système, mémoire gratuite et bête (G «restitue à l envers» ouvrage appris, et dvt «radoteur».) Ds nouveau système, récite par cœur leçon de la veille, tout en se les appropriant vraiment puisqu y «applique des exemples pratiques concernant condition humaine». A la fin de la journée récapitule tout ce qu il a appris, et fait véritablement sien. Lecture passive vs lecture active, à voix haute. ; ennui d apprendre vs plaisir d apprendre. D un côté livres et écriture dépassés : «il lui apprenait à écrire en gothique, et il copiait tous ses livres, car l art de l imprimerie n était pas encore en usage» cf note 7 p. 142. De l autre ouvrages antiques respectés, mais n apprend pas que ds les livres monde qui s offre aussi ds toute sa richesse et sa diversité : enseignement pratique. (par exemple apprend à partir de tout ce qui lui est servi à table) Au plan de l écriture, apprend «à bien tracer et former les caractères antiques et romains» p 199. Qqs points marquent particulièrement bien opposition. Les jeux : longue liste ch 21, typique style Rabelais. Plus de 100 jeux première édition, liste encore augmentée : environ 220 jeux. énumérés. Outre la prouesse verbale et comique, (plus drôle si on lit à haute voix) la valeur sociologique, la satire de la méthodologie juridique, on voit combien les jeunes gens sont inventifs à perdre leur temps à ne rien faire! (de nos jours on pourrait faire liste équivalente des jeux vidéo et autres activités internet ) Nouveau système répond de deux façons. Cartes servent ds un premier temps non à jouer mais à apprendre arithmétique, p. 197 et jeux comme passetemps n arrive qu après dîner civilisé, en même temps que musique. p. 207 La pratique religieuse : d un côté pratique mécanique plus ou moins continue, fondée sur qté de messes et de chapelets. Dit ses prières sans y penser «tout alourdi» en se lavant les mains «de vin frais» et en se curant les dents «avec un pied de cochon». Au contraire ferveur évangélique de l éducation humaniste : prières, cantiques, mais avt de les chanter, se lave «de belle eau fraîche» Propreté physique et pureté spirituelle vont ensemble. La digestion et la fin de la grossièreté fécale. Manières changent en même temps que le style : «Monsieur l Appétit» «lieux secrets». Géants grossiers accèdent à raffinement de la civilisation. Ancien G se vautrait peu ou prou ds ses excréments, le nouveau purge son corps de façon discrète, et purgation de son corps comme subordonnée à sa santé spirituelle : «Là, son précepteur répétait ce qu on avait lu». Grossièreté comique ne s effacera pas, mais sur le point de passer à d autres personnages : frère Jean notamment. Rabelais propage donc ds ces chapitres système éducatif humaniste, à l instar de nombreux auteurs de son temps ayant formulé des théories pédagogiques nouvelles : Budé, Erasme, ou autres moins célèbres. Vieux système éducatif médiéval inadapté comme balayé par le rire, en une satire terriblement efficace. Education humaniste paraît comme une formation d excellence, mais on s est parfois demandé si pages entièrement sérieuses. Journée de G peut paraître bien trop pleine (peut-on vraiment effectuer tous ces apprentissages en une journée?) ; entraîné par Gymnaste, G en vient à une telle frénésie d activités physiques et à des prouesses tellement extraordinaires qu on se surprend à sourire. Par ailleurs Eudémon présenté comme un modèle loue l ancien G alors qu il ne le mérite pas encore Mais plutôt que remettre en cause valeurs de cette éducation, la considérer comme un idéal nécessaire à la formation du «prince philosophe» que devient le héros s élevant vers des hauteurs morales et spirituelles inaccessibles au commun des mortels. Les élts de démesure, loin de discréditer nouveau système, suggèrent énergie débordante, euphorie de l apprentissage, soif encyclopédique de savoir caractéristiques de l humanisme. L épisode des cloches de Notre-Dame : place et importance de l épisode dans l œuvre. Un épisode visant le rire, placé sous le signe de la farce. -L emprunt à la tradition des Grandes Chroniques G empruntant cloches de ND pour les prendre au cou de sa jument appartient aux légendes de G rapportées par les Grandes Chroniques. Brève allusion ds Pantagruel. D autant plus comique que grosseur des cloches est proverbiale, comique de farce jouant du gigantisme car deviennent «clochettes» au cou de la jument. «la plus énorme, la plus grande qu on ait jamais vue» Episodes précédant de la jument abattant d un battement queue arbres de la Beauce, «comme un faucheur abat les herbes», ainsi que G noyant la foule parisienne d un flot d urine bouffon appartiennent à la même 7

veine et visent le rire. Style héroï-comique inspiré de la Bible, sorte de parodie du déluge. : «il en noya 260418, sans compter les femmes et les petits enfants». Rabelais insère ds ces épisodes préalables un comique de mots similaire : Beauce et Paris baptisés par jeu de mots du héros «Je trouve beau ce.c est pourquoi, depuis ors, on appelle ce pays la Beauce» et «je vais leur payer à boire, mais ce ne sera que par ris» Depuis la ville en fut appelée Paris». -Les thèmes du carnaval et du théâtre Maître Janotus, élu pour récupérer les cloches empruntées par G entre en scène comme un personnage carnavalesque : début du ch 18 «tondu à la César, vêtu de son capuchon à l antique touchant devant lui trois bœufsdeaux bien crottés jusqu au bout des ongles».caricature grotesque du personnage chauve, étrangement coiffé (capuchon à queue insigne des docteurs en théologie), estomac (trop) bien rempli, et entouré d une escorte haute en couleur et se distinguant par sa saleté. Réaction de Ponocrates suggère qu il les confond avec masques de la période du Carnaval «ainsi déguisés».de la même façon, Janotus espère pour récompense de sa harangue «six empans de saucisses», symbole du carnaval contre le poisson maigre du Carême Episode également placé sous le signe du théâtre. Janotus gagne, grâce à amabilité de Gargantua, non seulement saucisses mentionnées mais aussi une pièce de drap, fonctionnant comme une référence à la farce médiévale de Maître Pathelin, encore en grande vogue, d abord implicite, puis explicite : «Ainsi il emporta le drap en tapinois, comme Patelin». Autre référence au théâtre, celle à l acteur Songecreux p. 169 grand acteur dont talent avaient ravi F 1 er en 1532-34 ; invite cour à comparer son histoire aux farces jouées par le plus grand acteur dvt plus grand public. -Un discours digne d un monologue de farce Discours rapporté direct de Janotus, introduit par verbe de parole «il commença comme suit». Monologue inscrit ds comique de situation, car Gargantua a décidé de rendre les cloches «avant que le sophiste n ait exposé sa requête», mais Janotus l ignore. Donc discours de toutes façons inutile et frappé de nullité. Par ailleurs, absolument ridicule en soi, au point de provoquer hilarité des auditeurs une fois qu il est achevé : «Ponocrates et Eudemon s esclaffèrent si bruyamment qu ils crurent rendre l âme à Dieu». Réagissent comme des spectateurs face à monologue de théâtre comique, et l acteur finit par se joindre à eux! Système de comparaison proposé par le narrateur met en scène des ânes, suggérant que c est la nature même de l orateur..son discours est en effet parfaitement confus, sorte de superbe embrouillamini. Régulièrement rythmé par des onomatopées sans signification (Euh hum hum! Hum hum atch! Hum hum euh atch! greuh hum atch!) donnant à penser que mots n en ont pas bcp plus. Sa thèse même, telle qu il la présente, ressemble à une sorte de cascade de sons carillonnant autour du mot cloche : «toute cloche clochable dans un clocher clochablement». Ou encore à la fin «nac petitin petetac» Apparaît comme un imbécile pompeux qui divague de façon incohérente, et plus intéressé par sa récompense personnelle que par intérêt public. Se discrédite en se trompant ds ses sources «c est ds je ne sais plus quel psaume, je l avais prtt bien noté sur mon papier» ou encore «alléguant l autorité d un certain Tampon, je me trompe, je veux dire Pontan». Puis comparaisons d eplus en plus dépréciatives pour luimême. Enfin monologue théâtral se termine par double parodie : formule utilisée pour marquer fin de plaidoiries (le déposant n a plus rien à ajouter», et pour marquer fin des comédies de Terence (La pièce est jouée) La satire contre la Sorbonne, en relation avec question éducative -La satire d un autre «vieux tousseux», frères des précepteurs de G Ds la tradition des Chroniques, Sorbonne (faculté de théologie) tlt absente, or placée ici au centre de l épisode. En effet, les Parisiens privés des cloches de ND entrent en sédition. (Rabelais qui a déjà raillé leur caractère «sot badaud et stupide» moque leur tendance à se soulever) et se rendent directement à Nesle siège d une juridiction propre à l Université, où il est décidé qu on enverra auprès de G «le plus vieux et le plus compétent des membres de la faculté» formule évidemment ironique au regard de Janotus de Bragmardo une fois entrée en scène. Ce qui frappe d emblée est sa ressemblance extrême avec les anciens précepteurs de G, Thubal Holopherne et Jobelin Bridé, «un autre vieux tousseux». Or, Janotus commence son discours «en toussant» : apparaissent tous trois comme archétypes du vieux professeur tremblotant et bronchiteux, produit de la Sorbonne où ils ont été formés («et maître Thubal qui fut le premier de sa licence à Paris» p.175).la place de l épisode, inséré ds chapitres concernant éduction de G prend alors tout son sens. Sorbonne est la vraie cible de Rabelais, elle peut être considérée comme responsable du désastre première éducation, et c est avec elle qu il faudra rompre pour former ou réformer le jeune géant. C est donc le monde scolastique qui est mis en accusation. - La dérision de la logique dialectique : la confusion de la harangue. 8

Après sa harangue, à un maître nommé Jousse Bandouille lui faisant remarquer qu il n aurait pas dû porter lui-même pièce de drap, Janotus reproche d ignorer les Suppositions et Eléments de logique, allusion au Parva Logicalia, manuel médiéval pour apprendre à argumenter logiquement. Mais cette logique tlt tournée en dérision par harangue de Janotus. Il fait référence au syllogisme, mais n en maîtrise pas le mode, car ne sait où classer son argument : piètre logicien. (c est dans la troisième section de la première partie ou ailleurs) Avt même son discours le narrateur raille «après avoir bien ergoté pour ou contre, on clonclut syllogistiquement» De la même façon, connecteurs logiques employés en dépit du bon sens, et tous à la fois «or, ni, car, puisque, en effet. Latin tout à fait douteux et formules pompeuses parodiques, à apprécier ds version originale car notre traduction donne équivalents en français : cf phrases en italiques qui correspondent à du mauvais latin. Dérision du système de dialectique élaboré d après Aristote par scolastiques du Moyen Age. Philosophie scolastique paraît laide, stupide et barbare. Satire de la Sorbonne et d un discours qui n est qu ergotage, jargon et soumission à dialectique surannée. Janotus non seulement ignorant mais moralement indigne : Tentative pour corrompre ses auditeurs par argent des pauvres (si vous voulez souper avec moi, par ma chambre d aumônes) ou en leur distribuant gratuitement des indulgences. (Voulez-vous aussi des pardons Vous les aurez et vous ne les paierez point) -Une satire plus violente placée ds le contexte de 1533 Cpdt R ne s arrête sans doute pas là : épisode à situer ds contexte précis sortant drôlerie presque intemporelle. Référence à évts récents pour R et ses protecteurs ds leur conflit contre Sorbonne, foyer de sédition antiroyaliste et refusant nouvelles idées. Actualité du texte en ce sens. Protecteurs de Rabelais, et sœur du Roi Marguerite de Navarre en conflit contre Sorbonne ; prêches évangéliques jouissant protection royale se sont multipliés à partir de 1533 ; protestations de la Sorbonne qui prononce des sermons contre prêcheurs évangéliques, et même des émeutes. Réaction vive du roi : Béda (membre important de la Sorbonnne) et deux autres théologiens bannis en mai 33. Fond de tableau sur lequel R fait évoluer personnages sensible à travers qqs allusions. Par exemple «rassembleront plus de gens que ne le ferait un bon prédicateur évangélique. Puis atmosphère de sédition autour vol des cloches peut faire allusion aux émeutes encouragées par Sorbonne. Enfin Janotus entre en conflit avec autres théologiens de la Sorbonne, et les menace «j avertirai le roi des énormes abus qui se sont forgés ici et je veux bien attraper la lèpre s il ne vous fait pas brûler vifs». or bûchers et persécutions correspondaient à réalité d époque, et période de tolérance va évoluer vers bien plus de violences, notamment avec affaires des Placards. De la persécution il est aussi question ds l énigme finale de Gargantua. En introduisant Sorbonne et émeutes, Rabelais fait donc de l épisode autre chose que farce simplement gaie. La guerre picrocholine : ch 25 à ch 51. Ordre du récit et succession des épisodes signifiant : l éducation de G. doit s accomplir, et ne le peut que ds adaptation à situation difficile : la guerre. Episode qui oppose clairement Picrochole, tyran sanguinaire et hors de sens, à Grandgousier et Gargantua, figures des princes humanistes, accompagnés d un nouveau personnage qui devient leur allié, frère Jean des Entommeures. Sens politique et moral plutôt clair, mais rendu plus compliqué par introduction d élts carnavalesques, provoquant le rire. Comment interpréter ce décalage dans un texte sérieux? A. La thèse pacifiste : le gouvernement du prince philosophe. Epoque violente et troublée : R dénonce guerre injuste et cruelle, écho direct des thèses d Erasme sous une forme narrative. Complainte de la paix en 1517 ou Faut-il ou non faire la guerre aux Turcs 1530 Episode sorte d apologue où bellicistes sont condamnés. GG acculé à une guerre défensive qu il ne souhaitait pas. Apologue contre débordements guerre mais avec nuance : GG ne pvt faire autrement que de combattre. 1- L idéal du prince chrétien Père et fils déploient tous les efforts diplomatie pour éviter conflit, tentent toutes les voies possibles de pacification, en vain. Père prince philosophe, rôle qu il destine ensuite à son fils. Idéal du prince chrétien ds conception des humanistes. Prince recherche alliance pacifique avec autres états : p ; 233 «P mon ami de toujours, par le sang et les alliances» ou début harangue Ulrich Gallet p.241 Affirme aussi relations privilégiées qui doivent régner entre Prince et ses sujets. P.235 apostrophe de GG réagissant à la nouvelle des exactions guerrières de P : «mes bonnes gens, mes amis et mes loyaux serviteurs» 9

(adjectif «féaulx» ds texte original), puis «mes pauvres sujets» ; Même si répugne à la guerre, exprime devoir de protection comme paternel envers son peuple «secourir et protéger». Notion de vassal du MA donc remplacée par la notion de sujet et réflexion humaniste sur responsabilité du prince ; Même réflexion et lexique («mes féaux sujets») se retrouve ds lettre de GG à G, où il lui transmet son devoir de protection en faisant référence au «droit naturel» et lui rappelle que ses études humanistes vont prendre sens en se prolongeant et en se réalisant ds l action ; Enfin valeur de piété sans cesse réaffirmée. Doit guider le roi et son fils, alors que P considéré comme délaissé de Dieu : cf harangue d Ulrich Gallet :et réponse au roi «cet homme est hors de sens et abandonné de dieu», peut-être abusé par illusions diaboliques. 2-L importance primordiale de la parole.pacificatrice Tentatives de conciliation du roi tournent donc autour de qqs grands principes moraux ; Avt tout importance primordiale de la parole pacificatrice. Entre premiers massacres (ch 26 et 27) et combats qui en détermineront issue, action se calme (P d ailleurs retranché à la Roche-Clermaut) pour laisser place à tentatives d échange. Ambassade de Gallet auprès de P témoigne vision profondément religieuse et morale royauté, susceptible de plaire à humanistes, mais ambassadeur se laisse emporter par indignation («de quelle rage es-tu donc pris») et réclame finalement dédommagements («verse mille besants d or pour réparer les dégâts ). Mais GG tente second essai de négociation pour éviter guerre après avoir fait effort de bien saisir situation. «pour décider ce qu il convient de faire» (emploi de «délibérer» ds texte original. Discours plus humble et moins indigné de Gallet, bcp plus court, et dédommagements au lieu de réparations. Mais à la première ambassade P répond par des sarcasmes, et à la seconde refuse de répondre. Sa folie, ses débordements, marqués par fermeture à parole raisonnable dt R a posé importance essentielle ds situation de conflit aussi extrême qu absurde. 3- La dénonciation de la barbarie guerrière. Mais face à échec mise en évidence folie meurtrière et boucherie guerre. Saccages, ravages motif récurrent valant dénonciation barbarie guerrière ; cf p. 219 fin du ch 26 ««dévastant et détruisant tout sur leur passage» (structure binaire, énumération, hyperboles) ; Ou encore mêmes procédés début du ch 27. ( Mais frère Jean et G commettront mêmes ravages, même s il faudra s interroger sur registre comique. En un sens violence appelle violence, et «dénature» aussi un peu ceux qui sont pourtant guidés par légitime défense et ont tout fait pour éviter horreur). Par ailleurs narrateur et paroles de G mettent en évidence désordres et absence de stratégie armée P. ch 36 «affirmant que ce n étaient que des marauds, des pillards et des brigands, ignorants de toute discipline militaire» Aveuglés par vanité n en ont pas conscience alors que stratégie bien plus élaborée va mener adversaires à la victoire. (cf début du ch 42) De l impréparation on passe à la fin à la déroute et à la débandade absolue. P. 313 «ces gens fuyaient, sans que l on sût la cause de leur fuite ; Seule les poursuit une terreur panique, terreur qu ils avaient conçue en leurs âmes». Mais réflexion politique passe sans doute avt tout par satire. B. La satire politique. Traitement espace de la guerre témoigne humour de Rabelais ; Guerre se déroule ds une sorte de miroir de poche, si l on en croit notations de lieux réels : simple voisinage de la Devinière ; Monde miniature de l enfance de Rabelais où il fait s affronter deux puissantes armées. Guerre en un sens locale et minuscule prend des proportions absolument énormes, assume satire de l empereur Charles Quint et fait allusion à des faits récents d importance européenne ; Donc saveur du texte vient notamment du fait que Rabelais utilise son univers personnel, son petit coin de terre (bcp d allusions locales) pour camper personnage qui est une caricature du plus grand monarque européen voulant conquérir le monde, et redoutable ennemi de la France. 1- La caricature de Charles Quint Picrochole, atrabilaire type selon théorie des humeurs de l époque, son nom signifiant «le bilieux». Certains critiques érudits y voient caricature du seigneur de Lerné, (village réel proche de la maison de Rabelais) Gaucher de Sainte-Marthe. La guerre serait parodie d un conflit juridique réel ds lequel père de Rabelais a joué son rôle : droits de navigation sur la Loire contestés de façon arbitraire par Gaucher pour protéger ses prétendus droits de pêche ; affaire qui passionna localement contemporains et voisins de la famille R. Mais bien plus certaine est caricature de Charles Quint (Charles V 1500 1558, empereur d Allemagne, prince des Pays-Bas, roi d Espagne, roi de Sicile ; maître d un immense empire, possède le titre d Empereur du Saint-Empire, âprement disputé à François Ier. Long conflit entre les deux monarques pour conquête de territoires qui se prolongera avechenri II) ; série de victoires et de défaites sans lendemain, mais à époque de Gargantua, en 1535, victoires de CQ paraissent irrésistibles. Notamment celle de Pavie, en Italie : F1er fait prisonnier, dut livrer 10