Prédication pour le jour de Noël Message : Jean 3/31-36 Chers amis, plus on avance, plus on se rend compte que les gens perdent le sens des mots. On les utilise à tour de bras, on les manipule, on les galvaude. Mais plus personne ne sait d'où ils viennent et ce qu'ils signifient. Tenez, par exemple, le mot Noël. D'où vient-il? Que signifiet-il? Et que représente-t-il dans toute sa profondeur? Quand je pose la question aux enfants du catéchisme, une majorité me répond en affirmant que c'est la naissance de Jésus. La majorité dis-je, car quelques-uns ne savent même plus ce que Noël a un rapport avec la naissance de Jésus. Pour eux, Noël, ce sont les cadeaux, le sapin, la fête de famille, les vacances scolaires et que sais-je encore. Mais laissons cela de côté. Noël, c'est la naissance de Jésus. C'est même l'origine du mot "Noël", son sens : C'est au XI ème siècle que ce mot apparait, justement avec le sens de naissance, nativité. C'est bien vrai que Noël est la naissance de Jésus, et vous allez voir combien cela est même très juste. Mais, que signifie cette naissance de Jésus? Qu'y a-t-il derrière cette fête d'anniversaire, avec ses gâteaux et ses bougies? Un de ceux qui parlent le mieux de cet événement, c'est l'évangéliste Jean. Il en a saisi toute la profondeur et toute la portée. Et il les révèle à travers son évangile et au travers de ses épitres. Je vous propose d'écouter ce que l'évangéliste Jean écrit à propos de la naissance de Jésus. Vous allez voir, il n'en parle pas explicitement. Mais ce qu'il écrit correspond exactement à ce que nous fêtons aujourd'hui, à savoir Noël. Évangile de Jean, au chapitre 3, les versets 31 à 36 : Celui qui vient d en haut est au dessus de tous. Celui qui vient de la terre appartient à la terre et il parle des choses de la terre. Mais celui qui vient du ciel est au dessus de tous. Il rend témoignage des choses qu il a vues et entendues. Mais personne n accepte son témoignage. Celui qui accepte son témoignage montre bien que Dieu dit la vérité. Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu. En effet, Dieu lui donne l Esprit Saint totalement. Le Père aime le Fils et il a tout mis dans ses mains. Celui qui croit au Fils a la vie avec Dieu pour toujours. Celui qui refuse de croire au Fils ne verra pas cette vie, mais la colère de Dieu restera sur lui. Vous avez entendu? Il n'est pas question de sapin, ni de cadeau, encore que. Il n'est pas question non plus d'âne et de bœuf, ni même d'étable,
ou de savants venus d'orient. D'une certaine manière, Jean ne s'intéresse pas au folklore de Noël. Ce qui l'intéresse, c'est d'aller au fond des choses, au plus profond du sens de ce que nous célébrons aujourd'hui. Ce que Jean affirme, je vous propose de le détailler maintenant, et de nous rapprocher ainsi du véritable sens que nous cherchons. Je voudrais vous proposer une démarche en quatre mots, ou en quatre idées, comme vous le voudrez. La première affirmation de Jean est contenue dans la première phrase de notre passage : Celui qui vient d en haut est au dessus de tous. Ce qui signifie, lorsque je me remets dans l'optique d'une définition acceptable de Noël, ce qui signifie que ce que nous célébrons aujourd'hui n'est pas la naissance quelconque d'un être humain quelconque. La dimension de cette fête, la dimension de cet anniversaire n'est pas humaine. La naissance de Jésus se situe dans une dimension verticale. Ce Jésus, qui nait d'une jeune fille, dans le fin fond d'une étable, ce Jésus, conçu par l'esprit Saint, comme nous le confessons dans notre Crédo, ce Jésus vient d'en-haut. Un peu plus loin Jean écrira : Celui qui vient du ciel est au dessus de tous. Et encore plus loin, dans notre passage, il est question de celui qui est envoyé par Dieu. Rien que d'affirmer cela, rien que de le comprendre, nous éloigne déjà sérieusement du petit poupon joufflu et souriant de la crèche. Il s'inscrit dans une autre dimension que notre dimension humaine. C'est ce que les théologiens de tous les temps appellent le mystère de l'incarnation, le mystère de Dieu qui devient homme, de Dieu qui prend chair humaine, de Dieu qui va inscrire, pour un temps, son histoire dans l'histoire des hommes, de Dieu qui va fondre son temps dans le temps des hommes. Cela me permet une première définition de Noël, au-delà de la naissance de Jésus : Noël, c'est la fête de Dieu qui devient homme, c'est la fête de l'incarnation. La deuxième affirmation de Jean se retrouve dans le verset que voici : Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu. En fait, Dieu ne devient pas homme par plaisir. Dans les mythologies grecques et romaines, les dieux descendaient sur la terre pour s'amuser aux dépens des humains, pour séduire les belles filles, ou pour se venger. Le plan de Dieu est tout autre. Dieu a quelque chose à dire à cette humanité qu'il a appelée à la vie. Jean, toujours le même Jean, en parle en ouverture de son évangile, dans le très beau texte sur la Parole : Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Au commencement, la Parole était avec Dieu. Par elle, Dieu a fait toutes
choses et il n a rien fait sans elle. En elle, il y a la vie, et la vie est la lumière des êtres humains La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. Pour l'instant, ce n'est peut-être pas encore très clair, mais écoutez plutôt la suite de ce verset : Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C est la gloire du Fils unique, plein d amour et de vérité. Et nous y voilà. Dieu se donne à l'humanité en son Fils Jésus, le Christ, en s'incarnant dans nos existences humaines dans le but de donner sa Parole. Oui Dieu a quelque chose à dire aux êtres humains, et il s'incarne en Jésus pour pouvoir parler le langage des êtres humains, et être compris par le plus grand nombre, avec l'aide de l'esprit Saint, comme nous le dit notre passage. Cela me permet une deuxième définition de Noël, au-delà de la naissance de Jésus : Noël, c'est Dieu qui entre en dialogue avec les êtres humains, à travers cette Parole qui s'incarne. La troisième affirmation de Jean tient dans un petit mot, ô combien galvaudé, lui aussi : le petit mot "amour". Il est révélé par Jean dans cette petite phrase, ô combien importante : Le Père aime le Fils. Si Dieu a décidé de s'incarner, si Dieu a décidé de devenir homme en Jésus- Christ, si Dieu a décidé d'offrir sa Parole, en ce jour de Noël, c'est par amour. Par amour, non pas uniquement pour un seul homme, qui serait plus Dieu qu'homme, non pas uniquement pour Jésus, mais pour l'humanité toute entière. C'est toujours Jean qui parle le mieux de l'amour de Dieu, et du plan que Dieu a échafaudé par amour. J'aurai pu vous citer la très belle parole de Jésus, rapportée par Jean dans l'évangile, toujours au 3 ème chapitre. J'aurai pu, mais je préfère vous offrir ce matin un autre passage de la 1 ère lettre de Jean : Amis très chers, aimons nous les uns les autres, parce que l amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu et ils connaissent Dieu. Ceux qui n aiment pas ne connaissent pas Dieu, parce que Dieu est amour. Voici comment Dieu nous a montré son amour : il a envoyé son Fils unique dans le monde, pour que nous vivions par lui. Cet amour sans égal de Dieu va trouver son prolongement dans la croix du Vendredi-Saint et son apothéose dans la tombe vide du matin de Pâques. C'est là tout le sens de cette incarnation, tout le sens de Noël. Cela me permet une troisième définition de Noël, au-delà de la naissance de Jésus : Noël, c'est la plus grande preuve d'amour que Dieu ait pu donner à l'humanité, sa création. La quatrième affirmation de Jean nous met en mouvement, en recherche. Elle est contenue dans ce dernier verset : Celui qui croit au
Fils a la vie avec Dieu pour toujours. Elle nous met en mouvement car elle ouvre sur la dimension de la foi. Car voyez-vous, mes amis, il ne s'agit plus de s'extasier devant un poupon rose et joufflu dans une mangeoire, sur de la paille. IL ne s'agit même pas de relever la pauvreté de cette naissance. La dimension de Noël est une dimension de foi. Il s'agit de croire : De croire que Dieu est venu dans notre condition humaine pour partager avec nous, les êtres humains, ses créatures, notre condition d'homme et de femme, nos peines et nos joies, nos malheurs te nos bonheurs. De croire que Dieu nous a offert une parole, la Parole même, la seule qui soit créatrice, la seule qui soit porteuse d'espérance et d'avenir. De croire que Dieu est intervenu dans notre temps et dans notre histoire par amour, et par amour uniquement, cet amour qu'il entretient avec fidélité depuis le premier jour de la création. De croire que Dieu est né homme à Noël pour pouvoir aller à la croix le Vendredi-Saint, pour le pardon de toutes nos fautes, pour pouvoir se promener vivant dans le jardin de la tombe vivant, pour la vie éternelle, pour notre vie éternelle. Permettez-moi de terminer sur ce texte, une réflexion à haute voix, de Dieu lui-même : Je ne comprends pas les hommes, dit Dieu : tous s'apprêtent à fêter Noël et si peu pensent à mon Fils! Noël est pourtant la fête de mon Fils, ou bien? Et eux, les hommes, pas tous, mais la plupart, font de Noël leur fête à eux. Ils mangent et boivent en famille, ils se font des cadeaux. Je veux bien qu'ils se fassent des cadeaux, et demande même qu'ils en reçoivent. Mais qu'ils n'oublient pas le cadeau extraordinaire que moi, Père, je leur ai fait de mon Fils unique. A-t-on jamais vu un père donner son fils en cadeau? J'ai fait don de mon Fils aux hommes qui se perdaient, parce que mon amour pour eux ne voyait pas d'autre moyen de les sauver. J'ai bien le droit de demander qu'à Noël les hommes pensent moins à leurs cadeaux à eux et davantage à mon cadeau à moi. Et je sais à quel point cela vaudrait mieux pour eux. Il faut être raisonnable, dit Dieu : ou bien fêter Noël et recevoir mon Fils, obéir à mon Fils, ou bien ne pas recevoir mon Fils, mais alors ne pas fêter Noël. Il faut être raisonnable, dit Dieu.