Remysen: Variation, insécurité linguistique: le cas du français québécois 1. La légitimité de la variation linguistique Sociolinguistique variationniste: pas seulement des corrélations Attitudes linguistiques: l image de la norme Houdebine: l imaginaire linguistique: le psychologique et l idéologique L insécurité: un décalage entre les normes objective et subjective 1
2. Une étude de cas : le franco-québécois 2.1 Méthodologie Mémoire de licence de Leuven (Belgique) 30 participants québécois: 25 étudiants en enseignement et 5 enseignants Questionnaire écrit et entretien: accord/désaccord sur des jugements langagiers 2
Questionnaire écrit: Aspects linguistiques Aspects sociolinguistiques et fonctionnels Entretien: Écoute de jugements stéréotypés et réaction du participants Thèmes: variation/norme, auto-évaluation, place du français vis-à-vis de l anglais 3
2.2 Discussion des principaux résultats (i) Variation linguistique et norme Lexique: 80% d approbation au questionnaire 33% d approbation à l entretien (l ensemble des québécismes) 67%: approbation si la situation est informelle. 4
Anglicismes: 67% de désapprobation au questionnaire, l entretien montre une désapprobation encore plus élevée. Jugements négatifs souvent nuancés (walkman vs clavarder) 5
Phonétique: Acceptation générale de l accent québécois Mais: l accent est associé à une articulation négligente Attitudes envers le français de France Ambivalence: Il n est pas supérieur mais on a parfois intérêt à l adopter On tend à l assimiler au français universel. 6
Variation et norme: conclusion Résultats du questionnaire sont plus positifs. Les Québécois seraient plus émancipés. Ambiguïté des attitudes: Facteur-clé: Le niveau de langue Critiqués: mots familiers, diphtongaison de [ɑ]: [pɑ U t] pâte 7
(ii) L auto-évaluation négative insécurité s il est important de bien parler Confiants on non, tous veulent enrichir leur vocabulaire et mieux prononcer. Selon tous, les Français possèdent un vocabulaire plus riche et varié. 8
(iii) Les modèles médias gens scolarisés spécialistes de la langue enseignants (à quelques réserves près!) 9
Conclusion En général: une forte émancipation Nuances: les réponses orales sont plus négatives que les réponses écrites les particularismes ne sont nullement homogènes. Insécurité: coexiste avec la fierté du français local 10
Paquot: Lexicographie québécoise et l insécurité linguistique vers 1993: parution de nouveaux dictionnaires québécois. Paquot examine leur influence et leur utilité vis-á-vis la «qualité» menacée de la langue. Facteur connexe: faillite de l enseignement du français. 11
Les valeurs des dictionnaires locutoire: informations descriptives illocutoire: fonctions (p. ex. didactique) perlocutoire: les effets (p. ex. l insécurité) 12
4 dictionnaires à l étude: Dictionnaire nord-américain (DNA) Multidictionnaire (Multi) Dictionnaire du français plus (DFP) Dictionnaire québécois d aujourd hui (DQA) 13
Des conceptions de la norme bien différentes Multi: le français international DPF: l usage de la classe moyenne bien scolarisée DQA: une norme sociale en voie de constitution DNA: ce que décide l Office québécois de la langue française. 14
Traitements différents des régionalismes obstiner contredire ; obstineur/obstineux DFP: l adjectif est absent. Multi: le verbe est une forme fautive (1ère éd.); ignoré dans la 2e éd. DQA: les décrit dans le détail. DNA: l adj. est un canadianisme; définit le verbe par son sens ancien. 15
Selon Paquot Confusion à propos de la norme Accroissement de l insécurité linguistique Objet de l insécurité: le dictionnaire lui-même, plutôt que le mot Le locuteur a «perdu le nord.» 16
DFP et DQA: leur mission consiste à décrire tous les usages québécois. Pourtant, il passent sous silence le statut diatopique. Paquot: ce silence même engendre de l insécurité. Exemple: moufle, marginalisé comme francisme. 17
Réquisitoire contre le nationalisme linguistique Les DQA et DFP veulent légitimer le vocabulaire québécois, mais sans considérer de norme extérieure. Cette orientation tiendrait aux nationalismes politique et linguistique. Raisons pour lesquelles Paquot s y oppose: persistance du concept du français international opposition parfois violente aux DQA et DFP condamnation continue de certains québécismes 18
Le raisonnement de Paquot La norme traditionnelle (qui proscrit les québécismes familiers) jouit encore d influence. Alors La nouvelle norme s ajoute à la norme traditionnelle, elle ne la remplace pas. Le résultat: une division dans la société québécoise. Cette division laisse entendre qu il n existe pas de communauté linguistique unifiée. Alors les efforts pour établir une norme purement québécoise sont voués à l échec. 19
Pour Paquot, l idéologie de la norme purement québécoise ne sert qu à y confiner les locuteurs. Preuves contre la présumée insécurité quant au lexique: Les canadianismes connaissent un usage plus important que leur condamnation. Le lexique est bien moins insécurisant que la prononciation. Celui-là offre des choix de synonymes et paraphrases. L élève peut apprendre des mots sans s exposer inévitablement à l insécurité. 20
Le remède de Paquot Elle propose une «lexicographie périphérique différentielle». Cette approche serait ajoutée à la lexicographie centrale. Cette combinaison assurerait une sécurité psychologique quant au lexique. Cette sécurité a besoin d une familiarité avec des français non québécois, ce qui permettrait une «compétence architecturale» Une telle compétence n exclurait pas les québécismes; elle les intégrerait. 21