[AUTOPORTRAIT] Par [ABOUDRAR SAMY] [L1 INFOCOM GROUPE 1] [Sur une incitation de Carol Brandon]
LE DEBUT DE MA DEMARCHE Le thème de l autoportrait, m a immédiatement évoqué une question classique de philosophie, «autrui me connait-il mieux que moimême?». Ainsi ai-je questionné des personnes de mon entourage à la faculté. Ces personnes, qui ne me connaissent que par l université, m ont toutes parlés de mes origines pour définir ma «spécificité» pour cet autoportrait. Donc, au delà du fait que je ne qualifierai pas mes origines Tunisiennes d «extraordinaires», j ai essayé de travailler sur le sujet. Mais en peu de temps, j ai réalisé que mes origines Tunisiennes, ne me donnait pas pour autant une culture Tunisienne. Car, si une partie seulement de ma famille est concernée, ma culture est française, mon éducation française, Je fus alors confronté à un problème, j étais gêné de parler de moi comme d un homme torturé entre deux civilisations, une orientale, et une occidentale alors que ce n est pas le cas, mais aussi gêné d avouer (aux autres, et à moi-même), la distance entre moi, et cette culture occidentale, qui demeure logiquement si proche. REPRESENTER UN DECALAGE ENTRE MES ORIGINES ET MA CULTURE Le problème fut ici le plus difficile à régler, je me nomme Samy Aboudrar, je suis d origine Tunisienne, mais ma culture est française, loin de ce à quoi l on peut s imaginer lorsque l on ne me connait que trop peu. Il me fallait alors représenter cette idée, l illustrer, la mettre en scène. Voici alors, ce que j ai imaginé «Je suis une boite de couscous, dans un supermarché Français». J ai repensé aux nombreuses anecdotes me concernant, tels les nombreuses invitations à préparer un couscous, comme si cela faisait partit de mon quotidien. Cette idée m est alors apparue, je suis une boite de couscous dans un supermarché Français. 1
UNE BOITE DE COUSCOUS Une boite de couscous, c est toujours la même chose. Depuis toujours, et cela se ressent dès les années 80, les boites de couscous communiquent sur un aspect authentique, le vrai, le bon comme là bas, avec de belles silhouettes de mosquées sur un couché de soleil imprimé sur l étiquette. En revanche, il suffit de regarder d un peu plus près le produit pour remarquer qu il est 100 % français. La semoule contenue à l intérieur à été produite grâce a des champs de blés français, plus facilement, tout ce qui est écrit sur cette boite est écrit en français. Et bien moi, c est pareil. Je me nomme Samy Aboudrar, ce nom est évocateur, tout comme celui inscrit sur ces boites, qui promettent l authentique culture orientale. En revanche, tout comme ces boites, je suis français, ma culture est française, ma langue est le français, Je rejette donc une image, qui influence sur l idée du «contenu», de ma personnalité. C est pour cela que mon autoportrait met en valeur, les images que projettent ces boites de couscous prêtes en 1 minute, justement le temps nécessaire à la projection de ma vidéo. 2
LE SUPERMARCHE METTRE EN SCENE PLUSIEURS BOITES DE COUSCOUS En raison de la gêne que j ai ressenti dans un premier temps, j ai orienté mon travail sur l humour, pour qu il soit plus léger, plus compris, et pour que ce sentiment de gêne disparaisse chez moi. Mais alors, que je parlais de mon projet de boite de couscous, beaucoup d amis, d origines étrangères, se sont sentit concernés, eux aussi sont des boites de couscous, ils reflètent l image de leur nom, de leur physique, mais sont loin de leur culture d origine au profit de la culture française. Voilà pourquoi plusieurs boites de couscous sont mises en scènes, plusieurs marques,... DANS UN SUPERMARCHE Le supermarché est le symbole de l occident. De la société de consommation qui m entoure, et que j apprécie. Loin d un authentique marché oriental comme on peut l imaginer. C est donc une barrière entre moi et l occident. Mon enfermement dans ma bulle occidentale, je l ai aussi représenté par le caddie, à travers ses barreaux, j aperçois toutes ses boites de couscous entassées, qui sont mon pays d origine, seulement, si j arrive à l apercevoir nettement, cela ce fait à travers les barreaux du caddie, représentant alors la barrière de la langue, de la distance, comme un prisonnier de l occident. LE TRAVAIL DU SON Pourtant musicien et passionné de musique depuis l enfance, c est avec une étonnante difficulté que je me suis trouvé confronté à l habillage sonore de ma vidéo. Je voulais trouver un son, à la frontière de deux cultures. Seulement, un son orientale, donnait à la scène une lenteur, et un esprit en contradiction avec le travail visuel. J ai ensuite penché pour une musique très occidentale le punk rock, en introduisant l idée du sud, avec une reprise de «Je viens du Sud» de M. Sardou. Seulement, l image était trop lourde, comme si la saturation des guitares et celle des images engendrait une redondance désagréable. J ai alors opté, pour la cacophonie des marchés, des souks, mais dans un style occidentale. Les sons de nos supermarchés, qui, aussi discret qu ils y paraissent, sont tout aussi mémorable que les sons d un souk. Volontairement, le son est retravaillé pour redonner du rythme, mais 3
aussi pour être inaudible. Rien ne dit si celui-ci a été enregistré en France, en Italie, jouant alors sur l Occident comme une unité face à mes origines. REFERENCES KADER ATIA : LA PLURALITE DES MONDES Cet artiste d origine algérienne, a toujours créé des œuvres sur son vécu, et ainsi, il retrace dans son travail les rencontres de deux mondes, oriental et occidental, dans des œuvres implicites et riches de sens. Mon travail le rejoint en quelques sorte, il exprime son passé par des images, plus explicites qu il n y parait, mais surtout fondées sur le vécu. ANDY WARHOL : LA REFERENCE DU SUPERMARCHE Difficile de travailler dans un cadre tel qu une grande surface sans penser à Andy Warhol, et ainsi faire plusieurs références à son travail. Outre le lieu, qui est «l avenir du musée» comme il définissait le super marché, les premières boites de couscous de mon autoportrait ressemblent étrangement à celle de Campbell's soup. FRANK DARABONT: REFERENCE ESTHETIQUE Son travail a été évoqué durant un cours d histoire du cinéma du premier semestre, j ai ainsi découvert le travail de cet homme qui est connu pour avoir réalisé des adaptations de nouvelles de Stephen King au cinéma, et ses films ont l honneur de faire parti des préférés du célèbre romancier. J ai ainsi eu l occasion de découvrir The Mist, l adaptation de la nouvelle Brume, où le supermarché devient le cadre principal de l action. Ainsi, ce lieu banal, devient un lieu où le réalisateur joue avec l esthétisme des rayons, et des produits. C est donc une importante référence dans mon travail visuel. LE RAPPORT AUX ŒUVRES ETUDIEES Mon travail en rapport aux œuvres étudiés en cours, s établi principalement sur le travail de Pipilotti Rist, son autoportrait I'm not the girl who misses much, n est pas tragique, il y résonne un atmosphère «joyeux», cette chanson, sa dance, les changements de rythmes, elle traduit une image rayonnante de sa personnalité. Aussi, via le flou, on ne voit pas son visage. C est quelque chose qui m a marqué pour un autoportrait, d où la volonté 4
de moi aussi, ne jamais cadrer mon visage. Cela renforce aussi, mon effacement, et la mise en relief de mon alterego, la boite de couscous. Mon travail se veut léger, forcement, dans ma démarche il ne l a pas forcement été, l autoportrait étant un sujet difficile, qui entraine à se remettre en question, et dérange plus ou moins. Néanmoins, ma volonté était de présenter un travail léger, presque «humoristique», à l image du travail de Pierrick Sorin, qui à cette faculté de rendre l art contemporain, amusant en plus qu intéressant, par exemple dans son autoportrait. LE RAPPORT AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES Mon travail, à consisté en l élaboration pure et simple d un avatar. L avatar est une transformation, une projection dans le monde virtuel. Dans mon autoportrait, je me définie non plus comme un consommateur, comme l homme qui pousse le caddie, mais je suis la boite de couscous. L avatar est donc mon rapport entre mon travail, et les nouvelles technologies, où l on se projette dans une image. 5