o M _4 ~~) (~cl(j; A . Direetion de la Mémoire, du Patrimoine et des Arehives NACHT UND NEBEL

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Transcription:

Numéro --- 131 Septembre o M _4 ) p (cl(j; A. Direetion la Mémoire, du Patrimoine et s Arehives NACHT UND NEBEL

NACHT UND NEBEL Destinés à disparaitre sans laisser trace 1 R n juin prend un virage décisif 1941, la guerre avec le déclenchement Instaurée en 1941 par le décret Keitel, la procédure NN, Nacht und Nebel du plan gine d'un renforcement la répression et la mise en place la procédure Barbarossa contre l'urss,qui oblige À ce combat sans merci engagé à alléger partiellement les troupes par la Résistance, Hitler et Keitel, d'occupation chef l'okw (commanment à l'ouest et focalise tous les efforts l'appareil suprême la Wehrmacht), déci- guerre nazi. Ce combat, décisif, et nt répondre d'une manière le plus idéologique aussi cinglante. d'hitler, ne Arrêté, jugé et le résistant < terro- peut être conduit que si ailleurs, condamné, dans les zones occupées puis riste» pour l'occupant) vient un 1940, règne la sécurité. martyr pour son peuple. Larépres- - Nuit et brouillard - À l'ouest, la Résistance se renfor- sion risque ainsi d'avoir un effet entre en application ce, commence à se structurer et contraire à celui que l'on attend. bénéficie Publié le 12 décembre progressivement dans toute l'europe occupée. Les premiers détenus NN arrivent au KonzentrationsJager (KL) Natzweiler le 15 juin 1943. désormais l'apport s communistes, tandis qu'à l'est, décret Keitel (Keitel-Erlaf3)(1) elle est plus forte que prévu. La trouver la para. répression va être impitoyable. Arrêtés dans leur pays, les résis- L'action menée le 21 août 1941, au tants sont emmenés en Allemagne, métro Barbès, par Pierre Georges où ils doivent (futur colonel manière la plus sévère par s Tri- Fabien) contre un officier la Kriegsmarine, montre doit être jugés la bunaux Spéciaux (Sonrgericht) la voie. Il faut harceler l'occupant ou par les Tribunaux du Peuple en multipliant (Volksgerichtshof). les actions afin Dès leur arres- créer pour lui un état d'insécurité. tation, Les contraintes la guerre à l'est et le brouillard» et la menace que fait peser le Oit plus avoir, dès lors, connais- développement lance l'action résis- tante à l'ouest sont donc à l'cri- Not es: Croquis réalisés au camp du Struthof par le Docteur Henri Gayot. 1941, le _ ils entrent dans (1) la nuit et personne ne leur sort. Ils doivent disparaître sans laisser trace. (1) En réalité il s'agit trois textes datant l'un du 7 décembre et les ux autres du 12 décembre 1941. (2) O.Wormser-Migot, "Le système concentrationnaire nazi (1933-1945)», Paris, PUF, 1968, voir pp. 199-201 pour les différentes explications possibles cette appellation. Les Chemins la Mémoire numéro 131- Se tembre

NACHI UND NEaEL Destinés à disparaître Le Führer est d'avis sans laisser trace venus peuvent être envoyés en KL en ju iilet 1943 déplace que les peines pri- au titre la détention préventive. la procédure vation liberté et mê- Les militaires ont perdu lau (Wroclaw) me les peines réclusion à vie sont, et la Gestapo s'est emparée pour tels actes, regardées comme cette procédure qui, Brieg et Wohlau, d.f=ssignes faiblesse. Un effet en France, conduira à l'arrestation en particulier, prennent frayeur efficace et durable ne peut plus 5000 personnes. Les NN le relais celle Wit- être obtenu que par la peine mort se divisent en ux catégories: les tlich et Hinzert décroît. ou par s mesures propres à main- tenir les proches et la population dans l'incertitu sur le sort s cou- pables. Le transfert en Allemagne permet d'atteindre ce but. Il reste à préciser les modalités. et les s prévenus Tout contact 1942. dès février avec le mon ex- alors le camp s NN» : Himmler donne l'ordre et doivent être jugés Les autres sont in- ternés par la Gestapo 1943, aux commandants s KL d'y transférer tous les qui trouve terreur et l'internement la prise en charge Le KLNatzwei 1ervient Wehrmacht par la Wehrmacht, confier NN Les prisons le 24 septembre là une solution voit NN la Ges- Écarté, au départ, la procédure le RSHA(4) se ou te-silésie. en Hau- tapo». Les uns sont internés par la en Allemagne.»(3) d'exception NN la Wehrmacht» procédure» la main vers Bres- NN qu'ils pour renforcer sa détiennent. Cet ordre est renouvelé en KL(6). Arrêtés dans leurs pays, les pré- le 20 mai 1944, mais ne sera venus sont transférés dans s pri-. jamais complètement sons. Celles-ci Si Natzweiler sont rapiment exécuté (7). est le lieu principal térieur (col is, lettres, visites) est saturées et ce sont alors les KL qui interdit. servent sas pour les uns et le seul. On peut citer notamment doit être donnée en cas décès lieu définitif détention pour les le KL Sachsenhausen ou d'exécution. autres. Le 30 juillet 1944, le décret Revensbruck Aucune information ne Une circulaire en date du 4 août 1942 parvient aux commandants procédure s KL (5). Ils sont informés du contenu Mais aboi it la dans le cas où cela ne serait pas possible, s raisons quelconques» pour les pré- NN, il n'est pas (I), oi et Mauthausen (10). Le 15 juin 1943, 71 Norvégiens arrivent au camp Natzweiler- du décret- NN et du début s transferts vers l'allemagne. Terreur et sabotage» la déportation Les NN au KL Natzweiler Struthof en provenance s pri- sons norvégiennes C'est le (11). Le 29 mai 1942, les premiers NN premier arrivent à Hinzert. Après une dé- le 9 juillet 56 Français tention préventive le 10 juillet 83 Néerlandais. Wittlich, à la prison ils sont jugés le Sonrgericht Le bombarment par Cologne. la ville Not es: convoi Il est suivi Les trois principales composant et nationalités la catégorie NN sont désormais présentes à Natzweiler. (3) Actes Nuremberg, PS 669,volume 26, p. 245.- (4) Reischsicherheitshauptamt, Office central la sécurité du Reich coiffé par Himmler - (5) Circulaire Hoffmann (Actes Nuremberg, PS 2521 du 4 août) et lettre Glücks du WVHA datée du 18/08/1942 (Wormser-Migot, op. cit., pp. 203-206). - (6) Voir l'étu, à ce jour non dépassée et à laquelle nous empruntons beaucoup, l'abbé Joseph la Martinière, ancien NN, "Le décret et la procédure Necht und Nebel (Nuit et Brouillard) ", Paris, FNOIRP,1981 (rééd. 1989). - (7) Bunsarchiv Berlin-Lichterfel, NS 3/427 et aussi Bunsarchiv-Ludwigsburg, US Ook 15, US Film 4. - (8) J. Bézaut, Orsntenbourç-Bsctïsenneusen ", Hérault-Éditions, 1989. - (9) G.Tillion, "Ravensbrück ", Paris, Seuil, 1973,rééd. 1988.- (10) M. Fabréguet, "Mauthausen, camp concentration national-socialiste en Autriche rattachée", Paris, H. Champion 1999. - (11) K. Ottosen, "Nuit et Brouillard", Bruxelles, Le Cri Éditions, 1994. 0 numéro - 131Septembre 1

L'appel» par Rudolf Naess (NN norvégien). (DR) sur la même plate-forme que celle du block qu'ils partagent avec les autres " Les mécins NN utilisent les moyens du bord pour soigner les plaies les plus graves, enduites margarine et pansées avec du papier. Les blessés ne peuvent rester dans le block et doivent partir chaque jour au travail où ils restent étendus, alors que les SS s'acharnent sur eux. Le soir, ils sont por.f il h tés au camp par s cama- =. ras en mei lieur état (il). Cette sauvagerie, qui surprend les Le nombre NN qui ont été im- premiers puis Fresneset le troi- autres NN, semble aussi inquiéter matriculés au camp entre juin 1943 sième puis En- le SS-Maier, lieutenant la com- et fin août 1944 se situe autour chaînés 2 à 2, les hommes sont pagnie s gars. Ce rnier fait 2500 (11).984 sont arrivés en 1943 conduits en camion vers le camp. un rapport à l'inspection générale et près 1 500 dans les huit Ils y sont annoncés comme appar- s camps (14).À la fin l'été, premiers mois 1944. En tenant tenant à la pègre marseillaise et l'obergruppenführer pour fiable notre estimation voient s'abattre sur eux la fureur sable du SS-WVHA(15), se rend à 6050 détenus présents au camp s SS. Dès le 10 juillet, Natzweiler et répriman Kramer principal affectés au transport lours sur les cas brutalité extrême. pierres pour la construction la Faut-il voir un lien entre cette visite lors l'évacuation du début septembre représentent 1944, les NN 22,6 % du nom- Romainville. ils sont cave à pommes terre (Kartoffeln- bre total s détenus présents, keller). À midi, ils ne sont plus que compte 8 à tenir encore bout. Frappés, non tenu certaines incertitus classement. Les mordus par les chiens, ils doivent Français sont les plus nombreux néanmoins poursuivre leur travail, (56,1%), suivis s Norvégiens malgré les plaies ouvertes. Le trai- (20,6%), s Néerlandais (15,1%) tement est le même pour les autres et s Belges (6,7%). qui travaillent au terrassement autour s baraques l'avantles NN françis camp, près ce qui vient le Les trois premiers convois arrivent ravin la mort en juillet 1943, le 9 (56 hommes), siquement, ils n'ont pas droit au le 12 (56) et le 15 (57), les ux Revier (infirmerie),». Marqués phy- pourtant situé Notes: Pohl, respon- (12) Nos calculs permettent d'avancer une estimation comprise entre 2 443 certains et 2 526 - compte tenu certaines approximations dans l'attribution la qualification - (13) Voir R. Leroy, R. Linet, M. Nevers,,,1943-1945, La résistance en enfer ", Paris, Messidor, 1991. et A. Spitz, "Struthof, bagne nazi en Alsace", Sélestat, Alsatia, 1946, et aussi les ssins du Dr Gayot. - (14) Bunsarchiv Ludwigsburg, Metz Ordner 8, PV.Ehrmanntraut, pp. 33846-33 847. - (15) Office principal gestion économique la SS. S!!!!""""

Travail à la gran carrière au camp du Struthof. et le fait que les NN malas puissent rester dans leur block et que le Revier soit ouvert aux NN français à partir du 14 octobre? VI VI ilj III z 0:: ilj Des convois Français arrivent en novembre Il (12, 19 et 26) avec 183 hommes. Ce sont alors princi0:: palement venant s NN-Wehrmacht» Fresnes, le Cherchemidi et Romainville.! '. 1i D'autres suivent en En 1943, près 9% d'entre eux nesse aussi, leur ont souvent per- 1944(16). décènt mis d'échapper à une mortalité Parias du camp, les Na), principalement plus importante. C'est aussi parmi NN sont singularisés En 1944, la seule catégorie s NN eux, autour du général Delestraint, s autres détenus compte chef l'armée Secrète (matricule par ces ux lettres ont été transférés en Allemagne. 7839, arrivé le 10 mars 1944) qu'ils peintes en rouge sur Les NN- Wehrmacht» parviennent au KL Natzweiler 1 décédé (KL s Français. sur 5. Très peu ne repré- à protéger, que se leur costume. Le block 13, entouré senteraient, selon les transferts vers tisse une organisation interne ré- barbelés, vient le block s les prisons, que 351 détenus, soit sistance qui tente se structurer. NN, une fois vidé s Juifs gazés 14% l'ensemble Si tous connaissent un sort très dur par le professeur Hirt en août 1943. survivants sont transférés à Dachau à Natzweiler, celui réservé aux Le statut particulier lors s évacuations Français fut encore plus sévère. interdit d'être kommando Q s NN leur affectés dans un travail extérieur au s Les massives septembre 1944. Beaucoup retour- Mais la solidarité entre les NN, et nent ensuite aussi entre les NN et les politiques avec une nouvelle camp. En revanche, certains sont immatriculation au KL Na et vien- - surtout à partir 1944 lorsque envoyés dans s camps annexes, nent s détenus politiques. Wi Ily Behnke, détenu (10 mars 1944) et à Leur force résistance, la solida- numéro 6, est venu Lageralteste Erzingen (juin) et ceux Kochem rité qui les unit face à la dureté - a permis d'en limiter un peu les reviendront spécifique effets. à Kochem en piteux état. leur sort, leur jeu- Leur maintien portant le sur place peut-être aussi, car bien souvent, dans les kommandos extérieurs, les détenus sont encore plus isolés et la mortalité encore plus importante qu'au camp-mère (17). Il Notes: (16) On notera le.u!!!i""""" convoi du 5 mai aussi surnommé le convoi s généraux». Parmi les hommes figurent les généraux Frère, Gilliot, Gransard, Olleris et le colonel Bonotaux. (17) Nous renvoyons à notre thèse sur le camp Natzweiler et ses kommandos en cours d'achèvement. Les Chemins la Mémoire numéro 131- Se tembre