Un si merveilleux coucher de soleil Il est magnifique ce coucher de soleil! Vraiment somptueux! Je ne me rappelle pas en avoir contemplé un aussi beau de toute mon existence. Et pourtant, j en ai déjà vu quelques -un. Je dois avouer que j ai toujours été fascinée par tout ce qui touche mère nature. Déjà toute petite, je préférais observer, pendant de longues heures, le ciel plutôt que gambader avec mes frères et soeurs. Je me souviens encore de leurs sarcasmes ; ils ne me comprenaient pas! Ils ne pensaient qu à s amuser. Souvent, je m allongeais sur le sol, l esprit ailleurs. J étais loin, très loin. Je pensais, je rêvais qu un jour je pourrais participer à cette magie, à cette alchimie. Je regardais le ciel et je m imaginais être un ange. C est idiot, je le sais bien, mais Aujourd hui, étendue sur des feuillages à l orée du bois, j observe, je profite à nouveau du spectacle. C est fou comme je me sens bien, en harmonie avec tout ce qui m entoure. Je ne suis pourtant qu une simple spectatrice mais j ai l impression de participer. A quoi, je ne sais pas mais je sens qu il se passe quelque chose de féerique, d unique. Je voudrais comprendre mais je n y arrive pas. Peut-être est-il encore trop tôt! Je vais attendre. D ailleurs, j ai tout le temps! Les secondes, les minutes n ont plus aucun effet sur moi. Je suis libre! Dommage qu il y ait cette douleur! Si au moins, elle pouvait s estomper quelques instants, je pourrais jouir pleinement de la scène. Au fur et à mesure de sa lente descente, la forme, la couleur du Soleil semblent se modifier. Difficile d expliquer ce que je vois, ce que je perçois. Je ne trouve aucun mot capable de décrire ce tableau, ce chef-d oeuvre de la nature. Majestueux, il est maintenant face à moi! De l endroit où je suis, je profite pleinement des éclats, de la chaleur dégagée par l astre divin.
A présent, le ciel tout entier s est drapé d une teinte orange. Un orange proche, comment le définir. C est un orange proche du rouge. Comme le fruit que l on presse et qui vous donne un jus rouge, rouge comme le sang. J aimerais tellement que cela ne s arrête pas. Avoir le pouvoir d arrêter le temps ; Pouvoir figer à jamais ces images. Quel bonheur! Mais je ne me fais aucune illusion bientôt tout sera fini! Tout est si calme, il n y a pas un bruit. La forêt tout entière retient son souffle. Seul, le doux et apaisant son de l eau qui ruisselle me parvient aux oreilles. L astre a maintenant presque disparu mais comme par magie, l horizon, les cieux restent illuminés. Que c est beau! Je souhaiterais tant que cela ne s arrête pas, non je ne le veux pas. Il ne peut pas m abandonner! J ai peur! Le soleil a maintenant disparu sous l horizon. La nuit et le froid s installent. Isolée, la Lune empêche les ténèbres de prendre entièrement possession des lieux. Je suis prise de frissons ; une légère brise vient de se lever. Je vais tenter de me recroqueviller afin de me réchauffer et de protéger mes petits. Je les regarde; ils dorment à poings fermés. Ils sont blottis contre moi. Je les aime tellement, ils sont si beaux, si. Je perçois leur chaleur, leur faible respiration, je les sens exister. Je les contemple toujours. J ai à nouveau si mal mais leur présence me réchauffe le coeur et atténue ma douleur. Pourtant, j aurais préféré qu ils soient loin, très loin d ici. J ai si mal, je n en peux plus. Et dire que pendant tout un temps je ne sentais presque plus rien. Pourquoi? Que m arrive-t-il? Que se passe-t-il? Je serre les dents pour ne pas crier, ne pas hurler. Je vais me mettre sur le côté, cela va aller mieux. Je dois le faire délicatement, je ne dois surtout pas les réveiller. Mais la douleur est si forte que je n y arrive pas. Je vais à nouveau essayer. J ai mal mais cela va aller. Tout doucement, me tourner, mais. Je n y arrive pas, je ne peux plus bouger. Tous mes membres, tout mon corps semble être paralysé, je ne comprends pas. Je suis si fatiguée, épuisée, comme vidée de toute mon énergie.
La douleur est insupportable. Je n ai jamais souffert de cette façon. Je ne sais plus quoi faire pour essayer d atténuer ce mal. Mais bon dieu, quand cela cessera-t-il? Sans que je puisse l empêcher, des larmes jaillissent de mes yeux. Je voudrais me laisser aller, m endormir mais je ne peux pas, je n en ai pas le droit de les abandonner. A nouveau, le mal tel une lame acérée me transperce de part en part. Je vais attendre, me reposer quelques instants afin de reprendre des forces puis, je réessaierai. Je contemple à nouveaux mes touts petits. Ils sont là, si proches de moi. C est vrai qu ils sont mignons mais en même temps si fragiles. J ai peur pour eux Que vontils devenir? Et dire que c est moi qui les ai mis au monde. Je me demande bien pourquoi? Il fait de plus en plus froid. Malgré mes efforts, je n arrive toujours pas à me réchauffer. Je dois résister, ne pas me laisser gagner par le sommeil, mais cette douleur. Même respirer me fait souffrir atrocement. Il faut que j arrive à me concentrer. Je dois évacuer de mon esprit cette torture. Courage, tu dois y parvenir. Tu sais que tu le peux! Tu en es capable! Serre les dents et pense, remémores-toi tous ces moments heureux. Tu te rappelles quand tu les attendais, quand tu les avais en toi. Oui, je me souviens! Je revois ces images, comme si c était hier. Jamais, elles ne disparaîtront de ma mémoire. J étais jeune quand je les ai eu, sans doute trop jeune mais je n ai jamais regretté. Seule une mère peut comprendre cet état de grâce ; C étaient des moments intenses et privilégiés. Je les sentais bouger et grandir dans mon ventre. J étais tellement fier de donner la vie que je paradais à longueur de journée. Il faut dire que je ne passais pas inaperçue, surtout à la fin, j avais un de ces ventres, bien rond ; Mes deux petits allaient bientôt arriver! A cette période, je n étais plus la même. Malgré mon apparence désinvolte, je commençais à douter. Je me posais énormément de questions ; C était comme un saut dans l inconnu. J étais perplexe ; J avais envie de les voir, de les toucher, de les caresser mais en même temps, j aurais voulu les garder en moi. Ce furent des moments difficiles. J ai
accouché dans la douleur, abandonnée de tous. Mais au moment où je les ai enfin vu, le mal avait soudain disparu. Donner naissance à un petit être n est-il pas la plus belle chose au monde? J ai mal, il ne faut pas y penser, essayé d évacuer cette douleur de mon corps, de mon esprit. Il le faut, je dois y arriver. Surtout ne pas bouger, essayer de respirer le plus calmement possible. Je dois prendre sur moi, je dois réussir. La mort, je n en ai pas peur, je sais que... Mais cette souffrance, ce déchirement incessant, je Je voudrais pouvoir en finir maintenant! Je suis consciente que je n en réchapperai pas et pourtant j ai envie de vivre, je dois continuer à lutter. Il le faut pour! Courage, essaye de bouger, remue-toi! Regarde tes petits, ils ont besoin de toi! Que feront-ils sans toi, seuls. Tu dois les protéger. Pense à eux, relève-toi! Je vais faire une nouvelle tentative, cette fois- ci je dois y arriver! C est ma dernière chance. Je rassemble les dernières forces qu il me reste. Je vais tenter le coup, je vais réussir! Je souffre, mais j arrive à me redresser, la douleur, j ai mal, je dois continuer. Vas-y, tu y arrives, c est bien. Oui continue, le plus dur à été fait. Ma respiration, ma gorge me fait mal, tous mes membres tremblent. Non c est trop dur, je n y arriverai pas. Je retombe de tout mon poids, lourdement sur le sol. Je pleure, j ai peur. Je ferme les yeux, je n arrive pas à les garder ouverts. Mais où sont mes petits? Je ne les sens plus contre moi. Je tente de les apercevoir mais un voile obscur m empêche de les trouver. Mais où sont- ils? Ils ne savent pas être loin, je n ai réussi qu à faire quelques pas. J essaye de les appeler mais aucun son ne sort. Ah voilà, je les sens à nouveau ; Ils sont là. Ils ne semblent pas s être rendu compte de mes tentatives. Tant mieux, je préfère que ce soit ainsi. Cela commence tout doucement à aller mieux, la douleur diminue. C est bizarre, mais je n ai même plus froid. Je voudrais encore y croire mais. Mais je ne me fais pas d illusion, je suis consciente que ce n est pas bon signe. Demain matin, je serai.
J aimerais tellement revoir mes deux petits mais je n arrive plus à bouger et mes yeux sont devenus aveugles. Ce sont mes derniers moments, je sais qu elle est là et qu elle patiente à mes cotés. Je n ai pas d autre choix que me résigner et attendre qu elle vienne me chercher, m enlever à ceux que j aime. A présent, je n ai plus mal du tout. Je suis sereine, prête! Mais avant de partir, j aurais aimé pouvoir montrer, faire comprendre à cet humain le résultat de son geste. Je n ai pas de haine, seulement de l incompréhension. Quel est cette maladie, cette folie qui le pousse à détruire par plaisir ce qui l entoure. Mais, je sais, qu il ne voudra pas regarder les choses en face, il est trop lâche! J espère simplement que mes petits réussiront à lui échap. F i n