SÄNDNINGSDATUM: 2007-09-11 PRODUCENT: AGNETA SOLDÉN PROGRAMNR: 100582/ra1 ELISE A LA RECHERCHE DE SON PERE Elise : La première fois que j'ai vu mon père, j'avais 13 ans. Je ne l'avais pas vu depuis l'âge de 4 ans quand il nous a quitté ma mère et moi. Il vivait à Marseille et je vivais toute seule avec ma maman et il montait de temps en temps nous voir et un jour il a plus, il est plus venu. Je, je comprenais pas pourquoi alors je, je lui écrivais mais il me répondait jamais. Agneta : A quel âge tu as commencé à lui écrire? Elise : Je devais avoir 6 ans. Agneta : Et il ne répondait pas? Elise : Non, jamais. Pour moi quand les gens me demandaient : «Où il est ton père et tout ça?», j'avais envie de répondre : «Il est mort» parce que je savais pas si il était encore là ou parce que je pensais qu'il m'avait abandonné, qu'il m'avait, qu'il m'aimait plus, que j'existais plus pour lui. Elise : Voilà, tu tournes à gauche. Agneta : Comment? Elise : A gauche, tu tournes. Agneta : Je tourne. Et après? Elise : Là, ben là, on arrive. Elise : J'ai toujours pensé que j'avais, j'avais un papa aussi et qu'il fallait que, que je le voie parce que je voulais savoir si vraiment j'existais encore pour lui, si vraiment j'étais, il me considérait comme, comme son enfant, quoi, je. Agneta : Voilà, vas-y. Alors, on arrive? Elise : Oui, c'est les immeubles en face, au fond avec le balcon, tout ça. Oui, c'est là. C'est tout en haut. Agneta : Elise a 13 ans, elle habite dans un immeuble à Aix en Provence avec sa mère, son beau-père et sa petite demi-sœur, Emilie, qui va bientôt avoir un an. Agneta : Et ta petite sœur, elle fait la sieste maintenant? Elise : Je sais pas, ça dépend. Agneta : On va voir. Elise : Je suis pas sûre mais... Agneta : On y arrive? Elise : Oui, on est là. Caroline : Coucou! Elise : Salut Maman. 1
Caroline : Salut. Agneta : Bonjour. Caroline : Tiens ma doudou, regarde qui c'est qui est là. C'est Elise. Elise : Salut. Caroline : Tu sais ma chérie, j'ai... Tu as passé une bonne journée? Elise : Oui, ça va. Caroline : Ça va? Elise : Oui. Caroline : T'as pas eu des notes? Rien du tout? Elise : J'ai eu 16 et demi de moyenne en anglais. Caroline : Waow, super! Caroline : «Tape, tape petites mains, tourne, tourne, joli moulin...» Elise : Alors c'est Emilie, elle a 10 mois, elle va bientôt en avoir 11. Elle est née le 28 décembre 2005 et c'est une crapule mais je l'adore. C'est mon petit rayon de soleil, c'était mon, mon cadeau de Noël. Caroline : T'as vu ta sœur? Ouais. Elle est où, Elise? Où elle est Elise? Où elle est Elise? Là bas, ouais, elle est là bas. Elise : Quand mes parents se sont connus, ils avaient 20 ans d'écart. Ma mère avait 28 ans, mon père, il en avait 48. Je crois qu'ils se sont connus à une soirée à Marseille puis ils sont restés ensemble deux ans. Après ma mère a dit qu'elle voulait avoir un, un, un bébé et je suis née et après, à partir du moment où il n'est pas venu à ma naissance, mon, ma maman a, a dit que c'était fini et ils se sont quittés. Il était... De toute manière il était encore marié quand il était avec ma maman mais il allait divorcer, il allait divorcer. Agneta : Tu as beaucoup parlé à ta mère? Posé des questions sur ton père? Elise : Oui, oui, je lui ai posé des questions. Par exemple pourquoi elle s'est mise avec lui, est-ce qu'elle l'a aimé, est-ce qu'elle était amoureuse de lui, comment ils se sont rencontrés... J'ai posé beaucoup de questions et elle a dit que de toute manière, elle, elle avait envie d'avoir un enfant et même en pensant que, que c'était pas le meilleur des pères. Là, c'était le jour de mon baptême. Là, on voit mon père là. Agneta : Et ton père est là? Elise : Mais on ne le voit mal parce qu'il est dans, dans l'ombre. Agneta : Tu as d'autres photos de lui? Elise : Non, je n'en ai pas. Agneta : C'est la seule photo que tu as? Elise : Oui. Là, c'est moi, j'ai un jour. Agneta : Oh, la, la. Et tu es née quel jour, Elise? Elise : Le 7 février 1993. Là, c'est ma grand-mère. Agneta : Alors, tes grands-parents ont, se sont beaucoup occupés de toi, je crois? 2
Elise : Oui parce que ma maman travaillait donc elle ne pouvait pas s'occuper de moi et donc elle n'avait pas l'argent pour payer une nounou et mes grands-parents s'occupaient de moi. Agneta : Tu es très attachée à tes grands-parents? Elise : Oui, je les aime beaucoup mais j'aime particulièrement mon grand-père. Agneta : Ah oui. Elise : Oui, je crois même que je l'aime plus que mon père parce qu'il était toujours, c'était le père, mon père, quoi. Agneta : Il a remplacé ton père en quelque sorte. Elise : Oui, ben, c'était le seul homme qu'il y avait dans ma vie. Mon papou, c'est l'homme de ma vie, c'est... Agneta : Tu l'appelles Papou? Elise : Oui. Elise : Alors : «Bonjour Elise, Après un grand silence de ma part, je prends enfin mon courage à deux mains pour t'écrire un petit mot. Non, je ne t'oublie pas et, dans mon cœur comme dans mes pensées, tu as toi aussi ta place. Bien entendu, tu n'as rien fait, c'est moi et moi seul qui suis en faute...» Elise : Ben, un jour, j'étais, c'était en décembre 2005, je rentrais de l'école et j'ai vu les lettres sur la table et y'en avait une qui était pour moi et j'étais avec une amie. J'ai pris la lettre, j'ai ouvert et puis j'ai, j'ai lu mais je savais pas du tout qui c'est et à la fin de la lettre j'ai vu que c'était signé Papa. Alors au début j'ai pensé que c'était une blague puis j'ai relu tout ça puis je me suis dit «Non, c'est pas possible!» alors j'ai lâché la lettre et j'ai crié «Non c'est pas possible» et je, et je me suis mis à pleurer, à pleurer et puis ma, ma copine avec moi, elle était complètement affolée, elle savait pas quoi faire, moi, j'étais, je pleurais, j'arrivais pas à m'arrêter pas parce que j'étais triste mais c'était, je sais pas, c'était de la joie, de, de, de la peur, je sais pas du tout ce, ce que c'était. Ça, ça a vraiment fait un choc quoi, quand j'ai vu la signature. «Ouf! J'ai réussi à t'écrire ce petit mot (il n'y a que le premier pas qui compte). Sur ce, je te quitte pour cette fois. A bientôt! Bisous et caresses. Papa» Elise : Voilà. J'ai reçu la lettre, je lui ai répondu. Et un jour, donc c'était en, je pense vers avril 2006, j'ai essayé de lui téléphoner et c'est lui qui a répondu. Alors, j'ai dit «Oui, heu, allo, c'est Elise». Et au début, il, il ne voyait pas qui c'était, il me dit «Elise, ha, qui ça?» J'ai dit : «Ben, ta fille». Et il me fait «Ah oui, d'accord». Alors, moi je, on parle un peu tout ça et puis il me dit «Je te raconterai tout un autre jour», il me dit «Je te rappellerai». Alors, le lendemain, il me rappelle et il me donne un rendez-vous, de venir me chercher à la sortie de l'école. 3
Agneta : Dis-moi, le jour où ton père est venu te chercher. Elise : Oui, c'était là. Agneta : Où ça? Elise : Là, sur le long, les voitures. Agneta : Il attendait là bas. Elise : Oui, il attendait là, oui. Agneta : Et toi, tu es sortie? Elise : Moi, je suis sortie là et puis je le cherchais là devant et en fait je l'ai vu ici, je l'ai reconnu donc je suis allée vers lui. Agneta : Tu as compris que c'était lui? Elise : Oui, oui, oui. Agneta : Comment ça se fait? Elise : Je sais pas, si je savais que je l'avais déjà vu quelque part donc de toute manière... Agneta : Et tu lui as dit quoi? Elise : Ben, j'ai dit «Bonjour». Agneta : Bonjour Papa. Elise : J'ai dit «Bonjour Papa», tout ça, machin. Agneta : C'est vrai? Elise : Ouais. Agneta : Et après, qu'est-ce que vous avez fait après? Elise : On est allés au restaurant et puis on a parlé tout ça. Elise : J'étais très intimidée, je, presque, je, je me sentais presque mal à l'aise mais j'ai vu que c'était quelqu'un de très bien, de très gentil, de, de, qui écoutait, attentionné même si dans le passé, s'il s'était pas montré comme étant le meilleur des pères. Ben, je veux dire bon, c'est mon papa, d'un côté, je suis un peu obligée de l'aimer puisque c'est en partie, c'est grâce à lui en partie que je suis là, quoi. Agneta : Tu lui en as voulu? Elise : Un peu. Surtout de pas m'avoir donné de nouvelles. Il m'a, peut-être, il m'a presque ignorée en fait. C'était surtout, oui, je lui en ai voulu de, de, de pas faire attention à moi, de pas me répondre parce que j'avais besoin de savoir que quelque part j'avais un papa et que et qu'il pensait à moi et qu'il m'aimait encore. Agneta : Tu as demandé à ton père pourquoi il répondait pas aux lettres, aux premières lettres? Il a donné une explication? Elise : Non, je lui ai pas demandé. Mais il m'avait dit qu'il avait peur, qu'il était intimidé lui aussi et... Agneta : Il a été ému? Elise : Emu, je sais pas, j'en sais rien mais je pense qu'il a été content de me revoir, je l'ai senti, je l'ai senti. Elise : Si moi, je téléphone et que je tombe sur sa femme ou je raccroche ou je mens. «Ah, excusez-moi, j'ai fait un faux numéro. Au revoir.» Je, je suis un enfant caché en quelque sorte. 4
Caroline : Elise, tu fermeras tes volets, les volets de ta chambre, s'il te plaît Elise : Il avait eu déjà 3 filles avec sa première femme donc j'ai eu, j'ai 3 demisœurs et après il a eu une petite fille qui a aujourd'hui 5 ans donc ce qui fait que j'ai 4 demi-sœurs qui ne connaissent pas mon existence, qui ne savent rien de moi. J'ai des oncles et tantes qui ne me connaissent pas, des cousins peut-être qui ne me connaissent pas donc je lui ai demandé déjà pourquoi il voulait pas leur dire. Moi, je comprends pas parce que d'un côté j'en souffre parce que personne ne connaît mon existence et on est obligés de se voir en cachette, c'est idiot, je trouve ça idiot. Maintenant, je peux dire que j'ai un papa. Maintenant, je peux dire que je le connais, que je l'ai vu, que je sais qu'il existe et qu'il est là, qu'il m'aime beaucoup, qu'il pense à moi et ça me rassure. 5