1 La lecture- compréhension : de la boîte à histoires à la boîte à voyages Définition : Boîte, malle, coffre de classe gardant les traces des textes et albums rencontrés, constituant progressivement une culture partagée par l ensemble des élèves de la classe. Objectifs : La boîte à histoires est un outil au service de la mise en mémoire et de la compréhension des textes littéraires. C est également une collecte qui participe à l organisation des références pour permettre la construction d une culture littéraire. Elle va devenir un élément de traçabilité des parcours de lectures dans un souci de continuité et progressivité des apprentissages littéraires. Forme et contenu : Cette boîte est liée et soutenue par des affichages collectifs (référents et traces d activités). Elle peut contenir une photocopie de la 1ère de couverture, des textes dictés à l adulte sur les impressions de la classe ou de l élève, la copie d un passage particulièrement apprécié par les enfants. On peut l enrichir d illustrations d un épisode, de marottes, de marionnettes, d objets en référence avec l album. Il peut être intéressant d utiliser des maquettes, des éléments de décor des lieux de l histoire.cette liste n est pas exhaustive : tout objet, toute trace permettant aux élèves d affiner les éléments de compréhension de l album peuvent trouver leur place dans cette boîte. Usage par les élèves à l école maternelle : - On peut en faire une utilisation quotidienne, hebdomadaire, autant que besoin (relectures, appropriation d un nouvel album, discussion, débat, interprétation, tri de livres, regroupement et mise en réseau) ; - En contexte, c est à dire à partir d un besoin identifié ou conscientisé ; - De manière guidée puis de plus en plus autonome. Cette boîte peur servir de support à une activité de langage (d évocation) ; - De manière libre et spontanée (coin lecture de la classe) ; - En situation de production d écrit, d écriture, de lecture ; - En individuel, en atelier, en groupe, en collectif.
2 Usage par les enseignants tout au long du parcours en maternelle : La boîte à histoires permet de renforcer la progressivité des apprentissages, de garantir la mise en mémoire et l organisation explicite des références stockées pour l acquisition d une première culture littéraire. Elle peut être transmise à la classe supérieure. Outil de continuité pédagogique, elle permet de s appuyer sur des acquis antérieurs installés fortement et durablement, et de disposer d outils efficaces, déjà éprouvés et immédiatement opérationnels Illustration d une séquence utilisant les boîtes à histoire (GS et cycle 2) : Construire des séquences pédagogiques sur un temps long, fondé sur de nombreuses lectures /écoutes de l album autour de différentes étapes : 1. Préparer la lecture et l écoute des élèves : - Raconter l histoire : préparer la compréhension de l histoire en amont (avec la classe ou un groupe d élèves particuliers) pour ne pas les confronter immédiatement au langage écrit du texte qui peut en lui-même poser des difficultés aux élèves. - Les mots cadeaux : offrir du lexique pour faciliter la compréhension (construction d un imagier sur des thématiques lexicales abordées dans le texte) - mobiliser des connaissances : solliciter les élèves, apporter des éléments sur l univers de référence du livre abordé (exemple sur l opéra, la musique de l album «la petite rate de l opéra) 2. Découvrir le texte (lire le texte sans les illustrations : traiter l écrit) Phase 1 : écoute de l album Consigne : donner une intention de lecture, définir le contrat de lecture. Expliciter ce que l on attend des élèves lors de l écoute de l album. - Je lis, vous écoutez. Vous allez fabriquer les images de l histoire dans votre tête. - Maintenant que je vous ai raconté puis lu cette histoire, vous allez essayer de dessiner un moment de l histoire. Phase 2 : Exploitation des dessins avec pour objectif d aider les élèves à comprendre le texte : l enseignant(e) guide la compréhension. Groupe 1 (avec les élèves les plus en difficulté) Groupe 2 Les élèves expliquent leurs dessins (notes prises par l enseignant). L enseignant en profite pour guider la compréhension du récit : sur la cohérence du récit (les liens logiques) et pas seulement chronologiques, sur les principales inférences (l implicite). Les élèves vont «lire» le livre. Consigne : «Vous allez regarder les illustrations et essayez de vous raconter l histoire dans votre tête.» Les élèves «manipulent» les livres. Les élèves font un nouveau dessin.
3 3. Lire l histoire avec les illustrations Lecture de chaque page en se basant sur l illustration : - description : étude des différences textes / images - attitude des personnages, - position des personnages L enseignant(e) poursuit son travail sur la compréhension du texte : il s agit d étoffer, de détailler, de disséquer le récit. Il guide l attention des élèves sur : ce qui arrive aux personnages et ce qu ils font ; ce qu ils pensent : - leurs buts (pour l avenir) et leurs raisons d agir (qui appartiennent au passé), - leurs sentiments et leurs émotions, - leurs connaissances et leurs raisonnements Pensez à l affichage (garder une trace écrite qui peut alimenter la boîte à histoires) 4. Raconter l histoire ensemble Rappel collectif guidé en reliant chaque page à la (les)précédente(s) pour favoriser l intégration sémantique et la cohérence textuelle Technique : rappels successifs (cumul, mise en mémoire). Lecture de la page 1 et on raconte la page 1 puis lecture de la page 2 et on raconte la page 1 et 2 ; lecture de la page 3 et on raconte les pages 1, 2 et 3 5. Approfondir et exercer la compréhension Les trois activités fondamentales de cette étape sont de: Reformuler, paraphraser Résumer, relier Mémoriser, rappeler
4 Exemples de séance : Demander aux élèves de se souvenir de ce que chaque personnage a dit (sans relire l histoire). Si les élèves réussissent sans difficulté, leur faire prendre conscience du rôle joué par la mémoire. Insister sur le rôle des répétitions antérieures (des nombreuses lectures) dans cette mise en mémoire. En ce qui concerne le rappel, si les élèves ne s en souviennent pas (ou se trompent), leur dire que vous allez leur relire un morceau de l histoire et uniquement cet extrait. Rappel de récit avec support : - A l aide de dessins déjà organisés chronologiquement (alléger le travail mémoriel pour centrer leurs compétences sur la narration du récit) - Théâtralisation : jouer les dialogues - Raconter à l aide d une maquette ou d un plan et de figurines (que l on peut ensuite déposer dans les boîtes à histoire). - Reprendre le récit en demandant aux élèves de venir chercher, les éléments dont on a besoin pour raconter l histoire (on peut aussi y déposer des intrus) Exemple construire le décor : Dans une boîte à chaussures fermée par un couvercle, il y a des images, des lieux Puis on demande aux élèves de placer les décors sur «le chemin» de l histoire. On peut ensuite utiliser le décor pour placer les personnages dans l ordre de l histoire (boites avec personnages / intrus de l histoire), on raconte le début de l histoire et on pioche en même temps le personnage qui correspond (difficulté des termes juste avant, après, entre). Les personnages sont placés pas à pas sur le décor. On peut par la suite demander aux élèves de corriger le chemin réalisé par un autre élève :
5 Il s agit de proposer toujours autour du même album de nouvelles situations problèmes (la nouveauté se situe à ce niveau là) pour apprendre à reformuler, à mémoriser, à résumer. - Les élèves racontent à leur tour en prenant appui sur les figurines et accessoires sélectionnés. - Reprendre le récit et demander aux élèves de le mettre en scène (de déplacer les personnages). - Utiliser le même matériel (plan, personnages et objets) pour imaginer et expliciter ce que pensent les différents personnages aux différents moments du récit. L objectif est ici de développer un lexique sur les émotions et les intentions des personnages. 6. Réinvestir les habilités travaillées Proposer aux élèves des problèmes à résoudre : Il s agit là encore de motiver les élèves non pas sur l alternance trop rapide des albums à découvrir en classe mais sur la résolution de nouveaux problèmes. La motivation des élèves passe aussi par le sentiment de réussite que l on installe chez eux. Le maître qui a pris le temps de guider la compréhension de l album assure chez ses élèves une maîtrise de l album. - Inventer une suite ou un dialogue qui ferait suite au dénouement. - Insérer une nouvelle page. L enseignant annonce aux élèves qu une page de l album a été oubliée et leur demande à quel endroit on pourrait inclure cette page. Exemple : une page à insérer sur l album du chat botté (C. Perrault) : «Le lendemain il lui apporta un poisson qu il avait attrapé dans la rivière. -Voilà majesté un nouveau cadeau que vous offre mon maître, le marquis de Carabas.» - Placer un nouveau morceau de texte dans l histoire afin de suppléer aux blancs du texte. Pour aider les élèves à comprendre la différence entre déduction et invention. «Le texte ne le dit pas»? : la déduction est possible, voire nécessaire ; la pure invention par contre est sans légitimité. Le maître guide les élèves sur ce que le texte impose, ce que le texte autorise, ce que le texte interdit. Il est ainsi nécessaire de dépasser l opposition entre le vrai et le faux pour raisonner sur le possible et l impossible, le certain, le vraisemblable, l invraisemblable Exemple extrait du chat Botté (C. Perrault) : «Lorsque le chat eut ce qu il avait demandé, il se botta bravement, et mettant son sac à son cou, s en alla dans une prairie où vivait de nombreux lapins. Il mit des carottes dans son sac et, faisant le mort, il attendit qu un jeune lapin gourmand s approche.»
6 Il savait que le lapin aimait bien ces carottes et qu il ne verrait pas le danger. À peine fut-il couché qu un étourdi de lapin entra dans le sac et le maître Chat, tirant aussitôt les cordons, le prit et le tua sans pitié.» - Choisir une phrase «titre» ou «résumé» parmi plusieurs proposées. - Raconter la même histoire d un autre point de vue. - Détecter une erreur dans une relecture effectuée par l enseignant. - Interpréter les erreurs d autres enfants. 7. Evaluer la compréhension Remettre les images dans l ordre est une activité individuelle fréquemment proposée aux élèves après le travail de lecture-compréhension sur l album. Il s agit d enseigner aux élèves les stratégies pour réussir certaines tâches scolaires comme celle-ci. Apprendre à remettre des images dans l ordre : - Faire observer et décrire très précisément les images qui représentent les différentes scènes (montrées dans le désordre et en pile) - Montrer une image intruse et demander aux élèves de justifier pourquoi cette image ne convient pas. - Placer ensuite toutes les images dans une boîte et demander aux élèves de décrire celle qui sera placée au début (celle qui illustre le début de l histoire). - Inciter à justifier leur choix en ayant recours au texte. - Demander à un élève de venir chercher la bonne image, de justifier son choix et d expliquer pourquoi les autres ne conviennent pas. - Procéder de la même manière jusqu à la fin de l histoire. - Demander aux élèves de venir, à tour de rôle, raconter l histoire en s aidant des images.