du solaire? Jacques Reisse Université Libre de Bruxelles Royale de Belgique

Documents pareils
Panorama de l astronomie

Atelier : L énergie nucléaire en Astrophysique

Application à l astrophysique ACTIVITE

a. Fusion et énergie de liaison des noyaux b. La barrière Coulombienne c. Effet tunnel & pic de Gamov

Chapitre 11: Réactions nucléaires, radioactivité et fission

THEME 2. LE SPORT CHAP 1. MESURER LA MATIERE: LA MOLE

Energie nucléaire. Quelques éléments de physique

BTS BAT 1 Notions élémentaires de chimie 1

Compétence 3-1 S EXPRIMER A L ECRIT Fiche professeur

8/10/10. Les réactions nucléaires

C3. Produire de l électricité

Chapitre n 6 MASSE ET ÉNERGIE DES NOYAUX

Lycée français La Pérouse TS. L énergie nucléaire CH P6. Exos BAC

nucléaire 11 > L astrophysique w Science des étoiles et du cosmos

Équivalence masse-énergie

Chapitre 6 : les groupements d'étoiles et l'espace interstellaire

Professeur Eva PEBAY-PEYROULA

La vie des étoiles. La vie des étoiles. Mardi 7 août

Chapitre 6. Réactions nucléaires. 6.1 Généralités Définitions Lois de conservation

Chap 2 : Noyaux, masse, énergie.

Energie Nucléaire. Principes, Applications & Enjeux. 6 ème /2015

A retenir : A Z m n. m noyau MASSE ET ÉNERGIE RÉACTIONS NUCLÉAIRES I) EQUIVALENCE MASSE-ÉNERGIE

Chapitre 5 : Noyaux, masse et énergie

Lycée Galilée Gennevilliers. chap. 6. JALLU Laurent. I. Introduction... 2 La source d énergie nucléaire... 2

C4: Réactions nucléaires, radioactivité et fission

Transformations nucléaires

Chapitre 02. La lumière des étoiles. Exercices :

5 >L énergie nucléaire: fusion et fission

La physique nucléaire et ses applications

I. Introduction: L énergie consommée par les appareils de nos foyers est sous forme d énergie électrique, facilement transportable.

DM 10 : La fusion nucléaire, l énergie de l avenir? CORRECTION

Étude et modélisation des étoiles

Chapitre 10 : Radioactivité et réactions nucléaires (chapitre 11 du livre)

Vie et mort des étoiles. Céline Reylé Observatoire de Besançon

EXERCICES SUPPLÉMENTAIRES

POLY-PREPAS Centre de Préparation aux Concours Paramédicaux. - Section Orthoptiste / stage i-prépa intensif -

a. La masse de Jeans b. Le support des nuages moléculaires -Séquence Principale (PMS)

Les rayons cosmiques primaires chargés

Introduction à la physique nucléaire et aux réacteurs nucléaires

A. Énergie nucléaire 1. Fission nucléaire 2. Fusion nucléaire 3. La centrale nucléaire

Principe de fonctionnement des batteries au lithium

LE COSMODETECTEUR : UN EXEMPLE DE CHAÎNE DE MESURE

Rappels sur les couples oxydantsréducteurs

Production mondiale d énergie

TS1 TS2 02/02/2010 Enseignement obligatoire. DST N 4 - Durée 3h30 - Calculatrice autorisée

Principe et fonctionnement des bombes atomiques

1 ère partie : tous CAP sauf hôtellerie et alimentation CHIMIE ETRE CAPABLE DE. PROGRAMME - Atomes : structure, étude de quelques exemples.

Enseignement secondaire

L ÉNERGIE C EST QUOI?

P17- REACTIONS NUCLEAIRES

PHY113 : Cours de Radioactivité

Commission juridique et technique

Comprendre l Univers grâce aux messages de la lumière

Structure et Evolution des étoiles

A) Les réactions de fusion nucléaire dans les étoiles comme le Soleil.

SYSTEME DE PARTICULES. DYNAMIQUE DU SOLIDE (suite) Table des matières

par Alain Bonnier, D.Sc.

FORMATION ET FONCTIONNEMENT D'UNE ETOILE

Panorama de l astronomie. 7. Spectroscopie et applications astrophysiques

BAC BLANC SCIENCES PHYSIQUES. Durée : 3 heures 30

Comment réaliser physiquement un ordinateur quantique. Yves LEROYER

Chapitre I- Le champ électrostatique. I.1.1- Phénomènes électrostatiques : notion de charge électrique

PHYSIQUE Discipline fondamentale

INTRODUCTION A LA FUSION THERMONUCLEAIRE

Rayonnements dans l univers

Origine du courant électrique Constitution d un atome

Transformations nucléaires

PROGRAMME DE PHYSIQUE - CHIMIE EN CLASSE DE SECONDE GÉNÉRALE ET TECHNOLOGIQUE

De la physico-chimie à la radiobiologie: nouveaux acquis (I)

Renouvellement à 50000MW étalé sur 20 ans ( ) rythme de construction nucléaire: 2500MW/an

Stabilité et Réactivité Nucléaire

Stage : "Développer les compétences de la 5ème à la Terminale"

Correction ex feuille Etoiles-Spectres.

REACTIONS D OXYDATION ET DE REDUCTION

Où est passée l antimatière?

Historique. Les radiations nucléaires 1

La fusion nucléaire. Le confinement magnétique GYMNASE AUGUSTE PICCARD. Baillod Antoine 3M7 29/10/2012. Sous la direction de Laurent Locatelli

FUSION PAR CONFINEMENT MAGNÉTIQUE

Le Soleil. Structure, données astronomiques, insolation.

TP N 3 La composition chimique du vivant

Le nouveau programme en quelques mots :

EXERCICE II. SYNTHÈSE D UN ANESTHÉSIQUE : LA BENZOCAÏNE (9 points)

Thème Le domaine continental et sa dynamique

ITER et la fusion. R. A. Pitts. ITER Organization, Plasma Operation Directorate, Cadarache, France

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

Structure quantique cohérente et incohérente de l eau liquide

Viandes, poissons et crustacés

Quel avenir pour l énergie énergie nucléaire?

La place de l homme dans l univers. par Trinh Xuan Thuan *

EPREUVE COMMUNE DE TIPE 2009 partie D ANALYSES RADIOCHIMIQUES ET ISOTOPIQUES : LES TRACEURS RADIOACTIFS

Chapitre 9 : fusion nucléaire dans les étoiles et fusion nucléaire contrôlée

PHYSIQUE QUANTIQUE ET STATISTIQUE PHYS-H-200

ACIDES BASES. Chap.5 SPIESS

NOYAU, MASSE ET ENERGIE

FICHE 1 Fiche à destination des enseignants 1S 16 Y a-t-il quelqu un pour sauver le principe de conservation de l énergie?

Radioactivité et chimie nucléaire

DIFFRACTion des ondes

Chapitre 2 RÉACTIONS NUCLÉAIRES

À propos d ITER. 1- Principe de la fusion thermonucléaire

Physique Chimie. Réaliser les tests de reconnaissance des ions Cl -,

Transcription:

D où viennent les métaux du système solaire? Jacques Reisse Université Libre de Bruxelles Académie Royale de Belgique jreisse@ulb.ac.be

Abondance des éléments dans le Système Solaire (% en masse) H 87 He 12 O 0.06 C 0.03 Ne 0.02 N 0.008 Si 0.003 Mg 0.0003 Na 0.0001

Abondance des éléments dans l écorce terrestre (% en masse) O 46.6 (4,6.10 5 mg/kg) Si 27.7 Al 8.1 Fe 5.0 (5,63.10 4 mg.kg) Ca 3.6 Na 2.8 K 2.6 Mg 2.1 Ti 0.44 H 0.14 P 0.12 (1.10 3 mg/kg) Mn 0.10

Abondance des éléments dans le corps humain (% en masse) O 65.0 C 18.5 H 9.5 N 3.3 Ca 1.5 P 1.0 K 0.4 S 0.3 Na 0.2 Cl 0.2 Mg 0.1 Fe, Cu, Mo, Zn < 0.1

Comparaison des séquences des abondances (en masse) Système solaire H,, He, O, C,, Ne, N,, Si, S Corps humain O, C, H, N,, Ca, P, S, Na, Cl Ecorce terrestre O,, Si, Al, Fe, Ca, Na, K, Mg

Georges Lemaître et l évolution de l Univers (1931) «Notre monde se comprend aujourd hui comme un monde oùo il se passe réellement quelque chose; il n est n pas nécessaire que l histoire l du monde ait été inscrite dans le premier quanta comme une mélodie m sur le disque d un d phonographe. La totalité de la matière de l Univers doit avoir été présente dès d s le commencement mais l histoire l qu elle nous raconte peut être décrite d par étape»

L évolution physico-chimique chimique de l Univers et de la Terre Big Bang + qq s (p, n, électrons) Big Bang + 3 minutes (mati( matière baryonique) Big Bang + qq 10 5 ans ( flambloyance initiale ) Big Bang + qq 10 8 ans (1 éres étoiles très massives) Big Bang + 8. 10 9 ans (accrétion du S.S.) 4,5685 Ga BP : formation des CAI s 4,56 : formation de la Terre 4,5 : formation de Lune 4,5 : différenciation de la Terre 4,4 : premiers océans 3,8 : fin du dernier bombardement intense

33 minutes après s le BB, il existe des protons, neutrons, électrons et photons et des noyaux atomiques simples 1p soit 1 H 1p + 1n soit 2 H 2p + 1n soit 3 He 2p + 2n soit 4 He 3p + 4n soit 7 Li dans un Univers en expansion, qui se refroidit

Les quatre interactions fondamentales Interactions gravitationnelles (10-40 ) Interactions électromagnétiquestiques (10-2 ) Interactions fortes intranucléaires aires (1) Interactions faibles intranucléaires aires (10 (à T ordinaire) (10-13 13 )

Rôle déterminant de la gravitation Sans elle, rien ne serait arrivé! Pas d étoiles de premières res générations et donc pas de métaux,, pas de lapin Avec elle seule, rien ne serait arrivé! La stabilité des noyaux dépend des interactions électromagnétiques,, des interactions fortes et faibles mais pas de la gravitation. La stabilité des atomes,, des molécules cules, des métaux et des lapins dépend des interactions électromagnétiquestiques

La nucléosynth osynthèsese stellaire: étape majeure de l histoire de la matière Sans interactions gravitationnelles,, pas d étoiles. Sans étoiles,, pas de nucléosynth osynthèsese stellaire Sans nucléosynth osynthèse,, pas de C, N, O, P, Na, K, Ca, Fe,. Nous sommes des enfants des étoiles.mais aussi du Big Bang pour l hydrogène

Transformation élémentaire et lois de conservation n p + + e - + antineutrino énergie,, charges électriques, leptoniques et baryonique sont conservées es mais M(neutron) ) > M(proton) ) + M(électron lectron)

Nucléosynth osynthèsese solaire et lois de conservation Mécanisme pp-neutrino p + + p + e + + neutrino + D (p +, n) Conservation de la charge électrique de la charge baryonique de la charge leptonique (celle du neutrino compense celle du positron) p + n + e + + neutrino dépend des interactions faibles

Nucléosynth osynthèsese solaire de 4 He 1) p + + p + e + + neutrino 2) D (p +, n) + p + 3 He (2 p (2 p +, n) + D (p +, n), n) + γ 3) 3 He + 3 He 4 He (2p + + 2n) + 2 p + La réaction 1 est lente d où la vie longue du Soleil (et ses conséquences quences!) 1, 2, 3 se déroulent à 10 7 K (mode froid de synthèse se de 4 He)

Lorsque notre Soleil deviendra une géante rouge La fusion de 4 He va s enclancher: Processus triple α (α = 4 He) donne 12 C 4 He + 4 He 8 Be (dur( durée de vie: 10-16 s) 8 Be + 4 He 12 C 12 C + p + 13 N + γ ( 13 N instable) 13 N 13 C + e + + γ + neutrino 13 C + 4 He 16 O + n (rôle important de n pour les réactions r de capture de neutrons)

Si les conditions de T, P et concentrations le permettent 12 C + 12 C 23 Na (11p + et 12n) + p + possible seulement si T > 2.10 8 K dans des étoiles de masses initiales > 10 M S Par fusion, obtention de tous les éléments jusqu au groupe Fe, Ni, Co A partir de 56 Fe, la fusion devient endothermique; la capture de neutrons devient dominante

Pourquoi la fusion est-elle elle endothermique à partir de Fe-56? La répulsion coulombienne n est plus compensée par les interactions fortes à très courte portée (int. P P = int. N N = int. P N) La capture de neutrons suivie de l éjection d un électron permet la nucléosynth osynthèsese des éléments plus lourds

Nucléosynth osynthèsese par capture de neutrons (A, Z) + n (A + 1, Z) A et (A + 1) sont des isotopes Si (A + 1, Z) e - + ( A, Z + 1) synthèse se de l élément de nombre atomique supérieur Deux types de capture de neutrons connus: processus s (slow) processus r (rapide)) accumulation possible de plusieurs neutrons avant l éjection de e -

Spallation et fission comme autres processus de nucléosynth osynthèsese Des ions accélérés (rayonnement cosmique galactique) peuvent provoquer des arrachements de nucléons de 12 C, 16 O, 14 N présents dans les nuages interstellaires; synthèse se de 3 Li, 4 Be, 5 B Les neutrons peuvent induire des fissions d éléments lourds : nucléosynth osynthèsese descendante

La mort des étoiles Durée de vie d autant plus courte et mort d autant plus violente que la masse initiale est grande Ejection de matière dans l espace; l objet résiduel est une naine blanche, une étoile à neutrons, un trou noir selon la masse initiale de l étoile La matière éjectée forme les nuages interstellaires qui peuvent devenir des nuages protostellaires, sièges de nouvelles accrétions

Accrétion d un nouveau système stellaire

L accrétion du système solaire Au départ d une protonébuleuse contenant déjà tous les éléments de la classification périodique Le Soleil n est pas une étoile de première génération (heureusement pour nous!) Sa métallicité est élevée

Définition d un métal pour l astrophysicien Tout élément à l exclusion de H et He Tout élément qui n est pas formé immédiatement après s le BB Métallicité d une étoile: : proportion (en masse) des éléments de nombre atomique supérieur à 2 (He)

Métallicité: : Z Proportion de H: X Proportion de He: Y Proportion des métaux :: Z X + Y + Z = 1 Exemple: : Soleil X = 0,8 Y = 0,18 Z = 0,02 Etoile de métallicité élevée :: Pop. I Etoile de métallicité basse :: Pop. II

Accrétion du Système Solaire Formation du Soleil t 0 : formation des CAI s (il y a 4.568 Ga) t 0 + 1-81 8 Ma: formation de Jupiter t 0 + 10Ma: disparition du disque t 0 + 10-15 15 Ma: formation de Mars t 0 + 10-70 Ma: formation de la Terre t 0 + 10-100 100 Ma: formation de la Lune il y a 4.404 Ga: : formation de la croûte Il y a 4,40 Ga: : premiers proto-oc océans

La Terre est un corps différenci rencié Accumulation des éléments lourds dans le noyau (Fe, Ni associés à S) Ségrégationgation sur base de la densité des éléments et de leurs composés (sulfures, oxydes essentiellement) Rôle des apports post-accr accrétionnels Recyclage permanent au niveau de l écorce et du manteau supérieur (associé à la tectonique des plaques)

La structure interne de la Terre Convection dans le coeur liquide Tectonique des plaques Chimie des silicates à hautes P et T Rôle de l interaction silicates-eau eau dans les zones de subduction

L évolution de l atmosphl atmosphère Atmosphère inititalement non oxydante: (sulfures plutôt que sulfates, fer ferreux plutôt que ferrique, ) Acidité des océans à 3.5 Ga? Température des océans à 3.5 Ga? Démarrage précoce de la photosynthèse se oxygénique? Certitude: photosynthèse se oxygénique à 2.7-2.8 2.8 Ga Atmosphère oxydante (0.5 5% PAL) à 2.2 Ga 5-20% PAL à 0.7 Ga Ensuite: fluctuations entre 50% PAL et 150% PAL

Abondance des éléments dans la croûte terrestre (en mg/kg) Ni 84 Cu 60 Co 25 Zn 70 Cr 100 C 200 Au 4.10-3 Pt 5.10-3 Accumulation indispensable pour obtenir un minerai

Formation des minerais métalliques Nécessité de processus naturels d enrichissement local - au niveau du magma - par des processus hydrothermaux dans la croûte terrestre (souvent associés à la tectonique) - par des processus associés au métamorphisme

Composition chimique des minerais Souvent oxydes, sulfures,, sulfates, chlorures Parfois sous forme native (or) Parfois d origine extraterrestre (météorites Fe/Ni ) Souvent en mélange m (mélange de sulfures de Pt, Ni, Cr, Co par exemple)

Rôle de l homme dans l histoire des métaux Invention de la métallurgie (il y a 6 à 8 mille ans) Obtention des métaux dont les oxydes et sulfures sont les plus aisés à réduire Réduction par C à haute température rature Invention récente de l hydrométallurgie à basse température (électrochimie)

Les métaux m dans la biosphère Sans C,H,O,N,S,P,X pas de vie Sans eau liquide pas de vie mais: sans cations métalliques, m pas de vie! Capacité des autotrophes à «fixer» les métaux Autotrophes: source de métaux m pour les hétérotrophes

Merci pour votre attention!