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Transcription:

Bulletin Officiel de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes N 8 bis du 23 octobre 2008 C2008-80 / Lettre du ministre de l économie, de l industrie et de l emploi du 28 août 2008, aux conseils de la société Lesieur, relative à une concentration dans le secteur de la fabrication et de la commercialisation des sauces froides. NOR : ECEC0823392S Maître, Par dépôt d un dossier déclaré complet le 24 juillet 2008, vous avez notifié la prise de contrôle exclusif de la société Campbell Générale Condimentaire SAS (ci-après «GECO») par la société Lesieur SAS (ci-après «Lesieur»). Cette opération a été formalisée par un projet d achat d actions auquel a été substitué un protocole d accord signé par le vendeur et l acheteur le 31 juillet 2008. 1. LES ENTREPRISES CONCERNÉES ET L OPÉRATION Les entreprises concernées par la présente opération sont Lesieur, l acquéreur, et GECO, la cible. Lesieur est active dans le secteur des huiles de graines, d olives ou de spécialités (huiles de noix, de pépins de raisin ) qu elle raffine, conditionne et commercialise. Elle est détenue à 100% par la société Saipol, elle-même détenue à 66.66% par la société Soprol, holding industriel du groupe Sofiprotéol, et à 33.34% par la société Bunge 1. La société Bunge est active dans le commerce et la transformation de commodités agricoles. Le groupe Sofiprotéol est un établissement financier, actif dans la filière française oléagineuse et protéagineuse, dont les principaux actionnaires sont des organismes professionnels ou interprofessionnels agricoles, d une part, et des établissements financiers et bancaires, d autre part. Le groupe Sofiprotéol contrôle également les sociétés Diester Industrie et Sofial. Diester Industrie a pour principale activité la production d ester méthylique d huiles végétales, ou biodiesel, à partir d huiles végétales, qu elle commercialise sous la marque «Diester». Sofial, qui détient le contrôle exclusif de la société Glon Sanders Holding (ci-après «Glon»), société mère du groupe agroalimentaire Glon, intervient principalement dans les secteurs de la nutrition animale et des produits alimentaires destinés à l alimentation humaine. Saipol, qui est la société mère de Lesieur, est active dans la trituration d oléagineux, et la production et le conditionnement d huiles végétales, en vrac et conditionnées, ainsi que de tourteaux. En 2007, le chiffre d affaires total mondial hors taxes attribué au groupe auquel appartient Lesieur a été estimé à environ [ ] milliards d euros, dont environ [ ] milliards d euros ont été réalisés en Europe et [ ] milliards en France. 1 La prise de contrôle conjointe de la société Lesieur par les groupes Sofiprotéol/Soprol et Bunge, via la société Saipol, a été autorisée par la Commission européenne le 30 janvier 2003 (décision n M.3039).

GECO est active dans le secteur des sauces froides, des sauces mayonnaise et des sauces salades. GECO détient les différents actifs, corporels et incorporels, droits, obligations et personnels liés à l activité de production et de commercialisation de sauces froides, notamment sous la marque «Lesieur». En 2007, GECO a réalisé un chiffre d affaires total mondial hors taxes de [>50] millions d euros, dont [>50] millions en France. A l issue de l opération, GECO sera intégralement détenue et contrôlée par Lesieur. Lesieur reprendra alors le contrôle de sa marque dans le secteur des sauces froides 2. En ce qu elle entraîne la prise de contrôle exclusif de GECO par Lesieur, la présente opération constitue une opération de concentration au sens de l article L. 430-1 du Code de commerce. Compte tenu des chiffres d affaires des entreprises concernées, elle ne revêt pas une dimension communautaire et est soumise aux dispositions des articles L.430-3 et suivants du Code de commerce relatifs à la concentration économique. 2. LES MARCHÉS CONCERNÉS Il n existe pas de chevauchements d activité des parties. La présente opération s analyse donc comme une intégration verticale sur les marchés des sauces froides. Ainsi à l amont sont concernés le marché des huiles végétales (2.1), sur lequel est active Saipol, et le marché de la production d œufs et d ovoproduits (2.2), sur lequel est actif le groupe Sofiprotéol (via sa filiale Glon). A l aval, GECO est active sur le marché de la fabrication et de la commercialisation d huiles alimentaires conditionnées (2.3) et le marché de la fabrication et de la commercialisation de mayonnaise et de sauces salades conditionnées (2.4) *. 2.1. Le marché de la production et de l approvisionnement des huiles végétales Les autorités de concurrence ont examiné à plusieurs reprises le secteur de la production d huiles végétales. Elles ont notamment fait une distinction entre le marché des huiles de graine et le marché de l huile d olive. Ainsi, la Commission européenne a laissé ouverte la question de savoir : (i) si les huiles brutes et les huiles raffinées forment ou non deux marchés distincts ; (ii) s il est nécessaire de distinguer les huiles en fonction du type de graine à partir desquelles elles sont produites 3. *Erreur matérielle lire : «A l aval, sont concernés le marché de la fabrication et de la commercialisation d huiles alimentaires conditionnées (2.3), sur lequel est active Lesieur, et le marché de la fabrication et de la commercialisation de mayonnaise et de sauces salades conditionnées (2.4), sur lequel est active GECO» au lieu de «A l aval, GECO est active sur le marché de la fabrication et de la commercialisation d huiles alimentaires conditionnées (2.3) et le marché de la fabrication et de la commercialisation de mayonnaise et de sauces salades conditionnées (2.4)» 2 La marque «Lesieur» a été exploitée par la société Lesieur dans le secteur des sauces froides jusqu en 1995, date à laquelle elle a été donnée en licence à la société CPC devenue Bestfoods. En avril 2001, cette licence de marque a été cédée à la société Campbell conformément aux engagements souscrits auprès de la Commission européenne par la société Unilever dans le cadre de l acquisition de la société Bestfoods (Décision n M.1990 en date du 28 septembre 2000). 3 Décisions de la Commission européenne M.3039 du 30 janvier 2003, M. 3876 du 30 septembre 2005, C2007-79 du 26 juillet 2007. 2

Concernant la première question, les parties considèrent que les huiles brutes et les huiles raffinées forment un même marché. En effet, elles indiquent que ce sont les mêmes opérateurs qui assurent les fonctions de trituration (d où est issue l huile brute) et de raffinage, tels que les sociétés Cargill, ADM et Bunge. Par ailleurs, l huile brute est presque intégralement raffinée en interne, et de fait les ventes d huile brute à des tiers représentent en volume un marché plus modeste que l huile raffinée. Concernant la seconde question, les parties tendent à considérer le marché des huiles de graine comme unique. Selon elles, les huiles provenant de différentes graines sont substituables tant du côté de l offre (caractère polyvalent des usines de trituration), que du côté de la demande (utilisations similaires). Au cas d espèce, il n apparaît pas nécessaire de se prononcer sur la délimitation exacte de ces marchés dans la mesure où les conclusions de l analyse concurrentielle restent inchangées quelles que soient les segmentations retenues. Concernant la dimension géographique de ces marchés, la Commission européenne tend à considérer qu elle est européenne, notamment du fait de l existence de bourses de commodités, d où résulte l établissement d un prix transparent et à la portée de l ensemble des consommateurs 4. La Commission européenne s est néanmoins interrogée sur la spécificité du marché français. En effet, les clients situés sur le territoire français ont tendance à s approvisionner auprès de producteurs installés dans ce même pays, ce qui laisse supposer des conditions concurrentielles particulières. Ainsi, dans la décision M.3039 du 30 janvier 2003 relative à l acquisition du contrôle conjoint de la société Lesieur par les groupes Sofiprotéol et Bunge, la Commission européenne s est interrogée sur l existence d une situation de concurrence particulière au marché français, justifiant une analyse concurrentielle au niveau national. En l espèce, la question de la délimitation exacte de ces marchés peut être laissée ouverte, dans la mesure où les conclusions de l analyse concurrentielle restent inchangées quelles que soient les segmentations retenues. 2.2. Le marché de la production et de l approvisionnement d œufs et d ovoproduits Les parties proposent de segmenter ce marché selon l approche traditionnelle des produits destinés à la consommation humaine, en distinguant : le marché de la vente auprès du commerce de détail (grandes et moyennes surfaces «GMS») ; (i) (ii) le marché de la vente auprès de la restauration hors-foyer (RHF), une segmentation supplémentaire pouvant être opérée entre les œufs coquille et les ovoproduits élaborés ; le marché de la vente auprès de l industrie agroalimentaire (IAA). Au cas d espèce, seul le marché de la vente auprès de l IAA est concerné par l opération. Une segmentation supplémentaire de ce marché pourrait être envisagée entre les ovoproduits liquides et les ovoproduits secs, qui peut être laissée ouverte compte tenu de l absence d atteinte à la concurrence quelle que soient la définition retenue. Concernant la dimension géographique de ce marché, elle serait communautaire. En effet, selon les parties, les acheteurs actifs sur ce marché en France ont la possibilité de s approvisionner non 4 Décision de la Commission européenne M.3039 du 30 janvier 2003 ; C2007-79 / Lettre du ministre de l économie, des finances et de l emploi du 26 juillet 2007, aux conseils de la société Sofiprotéol, relative à une concentration dans le secteur de la production et de la commercialisation d'aliments pour animaux, santé animale, et production animale, publiée au BOCCRF n 8 bis du 26 octobre 2007. 3

seulement auprès des fournisseurs implantés en France, mais aussi dans d autres États-membres de l UE. Toutefois, considérant que GECO elle-même s approvisionne à hauteur de [70-80]% en France et de [10-20]% en Belgique en 2006, et qu en 2007 [0-10]% de ses approvisionnements seulement proviennent des Pays-Bas, on ne peut exclure que le marché de la production et de l approvisionnement d œufs et d ovoproduits soit de dimension nationale. Au cas d espèce, il n est pas nécessaire de conclure à la dimension géographique exacte de ce marché, dans la mesure où les conclusions de l analyse concurrentielle demeurent inchangées. 2.3. Le marché de la fabrication et de la commercialisation d huiles alimentaires conditionnées Les autorités de concurrence distinguent traditionnellement, au sein du secteur de la production et de la commercialisation d huiles alimentaires conditionnées, le marché de l huile d olive et le marché des huiles de graines, sans qu il soit nécessaire d opérer une distinction supplémentaire selon le type de graines utilisé 5. La distinction entre ces deux marchés repose sur l existence de différences d utilisation et de prix entre ces produits. On peut procéder à une segmentation supplémentaire de ces deux marchés selon les canaux de distribution 6, entre le commerce de détail en vue de la consommation à domicile, la restauration horsfoyer (RHF) et l industrie agroalimentaire (IAA). Au sein des ventes de la grande distribution, une segmentation supplémentaire selon la position commerciale des produits considérés peut être effectuée. Ainsi, les marques de fabricant (MDF), les marques de distributeur (MDD), les marques premiers prix (MPP), et les marques du hard discount (MHD) peuvent être distinguées. Concernant les huiles d olive, le ministre considère qu il convient d opérer une distinction entre les MDF/MDD d une part et les MPP/MHD d autre part. En effet, «les prix, les emballages et la qualité de ces catégories de marques sont largement inférieurs à ceux des MDF et MDD. Ainsi, le prix moyen des MDD et MDF est 60% plus élevé que celui des MHD et 80% plus élevé que celui des MPP. En ce qui concerne la qualité du produit, les cahiers des charges établis pour la fourniture de MPP et MHD par les GMS sont bien moins exigeants que ceux destinés aux fournisseurs de MDD». Concernant les huiles de graines, la Commission européenne considère qu il convient de retenir un marché unique, compte tenu des caractéristiques très proches de ces différents produits du point de vue du consommateur. Ainsi, «l huile est [ ] un produit qui par nature se prête peu à la différenciation et les marques nationales ont du mal en général à ajouter des qualités au produit qui amèneraient le consommateur à accepter de payer plus cher. En tout état de cause, même quand de telles tentatives existent, elles sont rapidement copiées par le distributeur. [ ] En conséquence, les produits MDD ou MPP représentent désormais une grande partie des bouteilles vendues en France, au détriment des huiles à marques nationales. [ ] Cette substitution constatée par le passé amène à 5 Décision de la Commission européenne M.1802 du 8 mars 2000, C2004-130 Lettre du ministre d État, ministre de l économie, des finances et de l industrie, en date du 18 novembre 2004, au conseil de la société Lesieur, relative à une concentration dans le secteur de l huile d olive, publiée au BOCCRF n 2005-06. 6 Décision de la Commission européenne M.1802 du 8 mars 2000. 4

considérer un marché de la vente au détail de l ensemble des huiles alimentaires, qu elles soient de marque ou non» 7. Au cas d espèce, la question de la délimitation exacte de ces marchés peut être laissée ouverte, dans la mesure où les conclusions de l analyse concurrentielle restent inchangées quelles que soient les segmentations retenues. Concernant la délimitation géographique de ces marchés, les autorités de concurrence considèrent généralement que le marché des huiles alimentaires sont de dimension nationale. Elles tiennent cependant compte de l existence d échanges d huile entre plusieurs pays limitrophes, et reconnaissent que le marché peut être élargi à plus d un État 8. Au cas d espèce, il n est pas nécessaire de conclure à la dimension géographique exacte de ces marchés, dans la mesure où les conclusions de l analyse concurrentielle demeurent inchangées. 2.4. Le marché de la fabrication et de la commercialisation de mayonnaise et de sauces salades conditionnées Les autorités de concurrence considèrent que la mayonnaise et les sauces salades constituent deux marchés distincts 9. La mayonnaise est une sauce émulsionnée à base d huile végétale, d œuf et d ingrédients aromatiques, généralement utilisée pour accompagner les viandes et les poissons. Après mélange des ingrédients, elle est fabriquée essentiellement par un processus d émulsion. La composition de cette sauce fait notamment l objet d un code de bonnes pratiques européen, reconnu par la DGCCRF. Aux yeux des consommateurs, la mayonnaise présente des caractéristiques gustatives et physiques spécifiques, qui la distinguent très nettement des autres sauces. En particulier, elle est perçue comme une sauce relativement traditionnelle, synonyme de fraîcheur, consommée notamment pendant les périodes chaudes de l année. Les sauces salades sont des sauces achetées par le consommateur pour donner du goût aux salades. Elles sont généralement composées des ingrédients classiques de la vinaigrette (huile, vinaigre, condiments), auxquels peuvent être ajoutés d autres composants, tels que des produits laitiers ou de l œuf, de l échalote, de l ail, du jus de citron, de la tomate, de la moutarde, etc. Elles se distinguent ainsi des autres types de sauces froides par la perception qu en ont les consommateurs et l usage qui en est fait. La question d une segmentation plus fine de ce marché, entre les sauces vinaigrettes et les sauces à base de crème (sauces crudités) pourrait être posée compte tenu notamment de leurs usages différents. Toutefois, les conclusions de l analyse concurrentielle ne se trouvant pas modifiées, quelle que soit la délimitation retenue, cette question peut être laissée ouverte au cas d espèce. Concernant la dimension géographique de ces marchés, les autorités de concurrence considèrent qu elle est nationale. Cette délimitation est justifiée par les préférences, les goûts et les habitudes alimentaires des consommateurs, les différences de prix, les variations de parts de marché détenues par les principaux opérateurs selon les États-membres, et enfin par la présence de produits MDF ou MDD commercialisés uniquement au plan national. 7 Décision de la Commission européenne M.3039 du 30 janvier 2003. 8 Décision de la Commission européenne M.1802 du 8 mars 2000. 9 Voir sur ce point la décision C2008-54 du ministre chargé de l économie Heinz / Bénédicta en date du 31 juillet 2008, en cours de publication au BOCCRF. 5

3. L ANALYSE CONCURRENTIELLE 3.1. Analyse des effets horizontaux En raison de l absence de chevauchements d activités, l opération n est donc pas de nature à porter atteinte à la concurrence par le biais d effets horizontaux sur les marchés concernés. 3.2. Analyse des effets verticaux L opération conduit à une intégration verticale du groupe auquel appartient Lesieur, dans la mesure où ce dernier est actif sur les marchés amont des huiles végétales et des ovoproduits qui entrent dans la fabrication des produits commercialisés par GECO (mayonnaise et sauces salades). Il ressort de l instruction du dossier que les sociétés Saipol et Bunge détiennent les positions suivantes, sur les marchés des huiles végétales : Marchés amont Saipol Bunge 10 Marchés nationaux [10-20]% 0% Huile de soja 0% 0% Huile de tournesol [20-30]% 0% Huile de colza [10-20]% 0% Marchés européens [0-10]% [0-10]% Huile de soja 0% [0-10]% Huile de tournesol [0-10]% [0-10]% Huile de colza [0-10]% [0-10]% Sur ces marchés, Saipol et Bunge font face à la concurrence de deux leaders du secteur, les groupes Cargill et ADM, dont la part de marché globale a été estimée à environ [10-20]%. Concernant les marchés des ovoproduits, Glon détient [10-20]% et [10-20]% de parts de marché sur le marché des ovoproduits liquides d une part, et sur le marché des ovoproduits secs d autre part. Sur ces marchés, Glon fait face à la concurrence des sociétés Ovonor, Geslin et ABCD dont les parts de marché sont comprises entre [0-10] et [10-20]%. A l aval, sur les marché de la mayonnaise et des sauces salades, GECO détient des positions inférieures à [20-30]% quelles que soient les segmentations retenues. Sur ces marchés, GECO fait face à la concurrence des sociétés Unilever (Amora / Maille) et Heinz (Heinz / Bénédicta) qui disposent de positions plus importantes, notamment sur les marchés de la vente au commerce de détail. Sur les marchés de la RHF et de l IAA, les sociétés Gyma et Comexo détiennent des parts de marché équivalentes à celles de GECO. Enfin, sur le marché de l approvisionnement des GMS pour la production de mayonnaise et de sauces salades sous MDD/MPP/MHD, sur lequel GECO est également active, ses positions ont été estimées respectivement à [0-10]% et [10-20]%. Parmi ses concurrents, on peut citer les sociétés Bénédicta, Pauwels et Hamker. L absence de risques de forclusion et d éviction liés à une intégration verticale peut notamment résulter de positions limitées sur les marchés en cause. Au cas d espèce, compte tenu de ces parts de marché et de la présence de concurrents plus importants sur l ensemble de la chaîne de valeur, 10 En dehors de sa participation contrôlante dans la société Saipol, le groupe Bunge n exerce pas, au jour de la notification, d autres activités sur le territoire français dans le secteur des huiles alimentaires. 6

l opération n est donc pas de nature à porter atteinte à la concurrence par le biais d effets verticaux sur les marchés concernés par la présente concentration. 3.3. Analyse des effets congloméraux L opération n est pas susceptible de conférer un avantage concurrentiel à la nouvelle entité dans le secteur des sauces et des condiments dans la mesure où elle n est que faiblement active dans le secteur des sauces froides et où les huiles de graines et les huiles d olive commercialisées par Lesieur appartiennent à un secteur distinct. En outre, il existe des opérateurs importants dans le secteur des sauces et des condiments, qui détiennent une gamme élargie de produits, tels que les groupes Unilever (Amora, Maille) ou Heinz (Heinz, Bénédicta). En conclusion, il ressort de l instruction du dossier que l opération notifiée n est pas de nature à porter atteinte à la concurrence. Je vous informe donc que j autorise cette opération. Je vous prie d'agréer, Maître, l'expression de ma considération distinguée. Pour le ministre de l économie, de l industrie et de l emploi et par délégation, Le directeur général de la Concurrence de la Consommation, et de la Répression des Fraudes BRUNO PARENT NOTA : Des informations relatives au secret des affaires ont été occultées à la demande des parties notifiantes, et la part de marché exacte remplacée par une fourchette plus générale. Ces informations relèvent du «secret des affaires», en application de l article R. 430-7 fixant les conditions d application du livre IV du Code de commerce relatif à la liberté des prix et de la concurrence. 7