Actes 22.1-16 : "Lève toi, sois baptisé" Le baptême est quelque chose d important. Et comme beaucoup d autres choses importantes, il n est pas toujours bien compris. L élément le plus clair, comme nous l avons vu avec Magali tout à l heure, c est l engagement à suivre Jésus-Christ, concrétisé dans l obéissance à son commandement d être baptisé. Le deuxième élément indissociable, même si cela n arrive pas le même jour, c est le lien direct avec notre conversion. Magali nous a raconté de quelle manière elle est venue à croire en Christ. C est aussi ce que nous retrouvons dans le récit des Actes que nous étudions ce matin. Ce passage souligne que même si nous devons avoir d autres choses à raconter de l œuvre de Dieu dans notre vie, il est souvent utile de revenir à notre conversion. La rencontre que nous avons faite avec Jésus-Christ, s il est véritable, définit tout ce que nous devenons et tout ce que nous pouvons faire par la suite. Ce n est pas juste une conclusion personnelle de ma propre expérience, ou celle de Magali ce matin. Notre rencontre avec Jésus est si importante que Luc inclut à trois moments différents le récit de la conversion de Paul. La première fois, bien évidemment, c est en Actes 9, quand il est porté par son zèle pour servir Dieu sur le chemin de Damas, afin de ramener prisonnier à Jérusalem les chrétiens de cette ville. Mais Jésus le terrasse, et en se révélant à lui, Paul comprend qu il avait fait fausse route, qu au lieu de servir Dieu, il était en train de le persécuter. La troisième fois que nous retrouverons le récit de la conversion de Paul, en Act 26, ce sera sa défense devant le roi Agrippa, sur son chemin vers Rome pour comparaître devant César. La deuxième fois que nous retrouvons ce récit, c est dans le passage que nous venons de lire ce matin. Et c est peut-être celleci qui est la plus frappante. Y avez-vous pensé? Comme nous l avons vu il y a quinze jours, Paul a failli être lynché, accusé d avoir profané le temple à Jérusalem, et de prêcher contre la loi de Dieu. Il demande au tribun romain l occasion d adresser le peuple, ses accusateurs. Mais que dit-il pour sa défense? Il ne commence pas à expliquer pour quelles raisons il était dans le temple pour un vœu de purification, ce qui aurait été une explication logique. Au lieu de cela, Paul considère que sa meilleure défense, c est d expliquer ce qui lui est arrivé lorsqu il a rencontré le Seigneur! Et c est très logique. Si nous avons vraiment cru en Jésus, cette foi devrait être la raison fondamentale pour tout ce que nous faisons par la suite! C est pour cette raison que son discours dans ce passage sert d exemple pour ce qui devrait être la manière de témoigner de n importe quel chrétien. Car ce que nous vivons et faisons aujourd hui devrait avoir un lien direct avec notre conversion, avec notre réponse à son appel. Pour ceux qui étaient présents pour l installation de Guy, Jean-Claude Rellier racontait qu il demande souvent aux gens de raconter leur conversion très brièvement. En êtes-vous capables? Si nous connaissons vraiment le Seigneur, nous devrions être capables de le dire, même en 30 secondes ou une minute. Mais c est encore mieux quand nous avons plus de temps. C est en fait, cela l appel pour tout chrétien comme nous le lisons en 1 Pi 3.15 : «Mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur ; soyez toujours prêts à vous défendre contre quiconque vous demande raison de l espérance qui est en vous : mais faites-le avec douceur et crainte». Considérons donc ce témoignage de Paul, car même si nous ne sommes 1
pas dans le même contexte que lui, avec une foule qui veut sa mort, nous pouvons beaucoup apprendre de ce passage pour notre propre manière de témoigner. En effet, nous voyons se passer quelque chose d étonnant dans ce passage. Nous savons combien il est difficile et risqué d essayer de s adresser à un mouvement de foule, en colère. Mais cette foule se tait et écoute Paul avec attention! Dans le fond, cette réaction n est pas si étonnante, car Paul parle à la foule avec respect. Comme Pierre l a souligné, nous pouvons raconter, avec respect et douceur, ce que Dieu a fait pour nous, même à des gens qui sont en colère contre nous et contre notre foi. Au v.1, l effet se produit car, au lieu d entendre des paroles qui attisent leur colère, ils retrouvent des éléments qu ils ont en commun avec Paul. Ils retrouvent leur propre parcours, leur propre identité dans ses paroles. Dans notre contexte, nous n aurons pas à vivre la situation du verset 2, car en principe, ici nous parlons la même langue que nos interlocuteurs. Mais comme Marc Descheemaecker l a souligné quand il est venu présenter la mission Audio-Vie, combien est puissant le fait d entendre un message dans sa propre langue maternelle, plutôt que dans une autre langue, même quand nous la comprenons aussi. Il est plus important de souligner que, comme Paul, nous avons besoin d utiliser un vocabulaire que les gens comprennent, plutôt qu un «jargon» qui n a pas beaucoup de sens pour eux, ou même un sens contradictoire avec ce que nous essayons de communiquer. Mais plus important encore, considérons de quelle manière Paul commence. Ce n est pas la seule fois que nous voyons cela, mais c est peut-être la leçon la plus facile à oublier. Paul parle en premier de tout ce qu il a réellement en commun avec la foule, soulignant combien il était exactement comme eux, et même là où il a dépassé cette foule dans son zèle ou dans les choses qui compte pour eux. Il souligne qu il est non seulement Juif, comme eux, mais qu il avait reçu sa formation de la manière la plus prestigieuse, à Jérusalem. Or, il faut savoir que Gamaliel était l un des plus grands rabbins de toute l histoire du Judaïsme. Le Talmud l appelle même «la beauté de la loi». Si nous prenions cette même approche, cela mettrait peut-être fin aux critiques que nous nous croyons supérieurs aux autres, par cette assurance que nous avons d être enfants de Dieu. Comme quelqu un l a dit, raconter l Évangile, ce n est pas distribuer une largesse, c est plutôt agir comme un mendiant qui raconte aux autres mendiants où trouver du pain! Notre témoignage de l Évangile et ce que Jésus a fait pour nous perd sa puissance, si nous oublions ce que nous étions. Si nous soulignons justement que nous sommes comme tout le monde, que nous n avons rien fait pour mériter l amour de Dieu, cela rend encore plus clair que le message de l Évangile est pour chacun. Et même si nous n avons pas le même parcours que Paul, nous avons tous été semblables aux gens auprès de qui nous rendons témoignage. Rappelons-nous ce qui est dit très clairement en Éph 2.1-4 : «Pour vous, vous étiez morts par vos fautes et par vos péchés dans lesquels vous marchiez autrefois selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l air, cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre et nous nous conduisions autrefois selon nos convoitises charnelles, nous exécutions les volontés de notre chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres». C est justement cela, le message de la grâce de Dieu! Le salut est possible pour quiconque croit, puisque personne n a de mérite devant Dieu, ni par ses origines, ni par ses 2
œuvres, puisque nous étions tous semblables devant lui, par le péché. Nous voyons dans ce passage, une fois de plus, de quelle manière Paul sait adapter la présentation de l Évangile au contexte de ses auditeurs, pour la meilleure compréhension possible. Il l a fait, par exemple, à Athènes, par exemple, en se mettant «à leur place», ayant compris leur perspective et leur façon de penser, partant des idées de la philosophie grecque, pour pouvoir annoncer Jésus de la manière la plus compréhensible pour ces gens-là. Mais ici, il a un atout, puisqu il raconte ce que le Seigneur a fait dans sa vie à des gens qui ont exactement le même héritage que lui. Paul explique que la raison de son comportement est justement le zèle pour son peuple, et son zèle pour servir Dieu (ce qui n est malheureusement pas forcément le cas avec tout le monde autour de nous aujourd hui ). Mais Paul explique avec son comportement passé comme appui, qu il était lui aussi ennemi de Christ et des chrétiens, puisqu il était le moteur principal de la persécution des chrétiens à un moment donné, comme nous le lisons aux v.4-5. Que dit Paul à cette foule, en parlant ainsi? Qu il les comprend, qu il comprend même leur réaction violente contre lui, car il leur dit qu il est passé par là, lui aussi. Paul raconte ensuite sa rencontre avec le Seigneur et sa conversion. Et, visiblement, il considère que c est aussi cela, la réponse à la colère de la foule, et sa défense contre leur accusation. Il faut savoir que dans le contexte du Judaïsme, une vision pouvait bien être acceptée comme preuve pour un tel comportement. En effet, Paul souligne combien son propre zèle était aveugle et erroné, au point où il a fallu que Dieu intervienne directement pour l arrêter net. En racontant cela, il espère que les gens dans la foule seront interpellés, pour réfléchir à leur propre conduite, par rapport aux promesses de Dieu. Mais Paul veut dire plus, puisqu il affirme que la foi chrétienne n est en rien ennemi de la loi de Dieu, ni du Judaïsme, mais c est son accomplissement! J aimerais aussi souligner ce qui «manque» dans le témoignage de Paul, que nous avons peut-être trop tendance à inclure dans les nôtres. Paul n a pas parlé de ses sentiments ou de ses impressions personnelles, il a raconté les événements de sa conversion, de sa rencontre avec le Seigneur. Il a raconté les faits, pas quelque chose d intangible. Dieu nous donne une paix et un grand bonheur quand nous venons à lui, ce que je ne le minimise nullement mais ce n est pas cela qui peut aider quelqu un d autre à comprendre ce qui se passe lorsqu on rencontre le Seigneur. Et c est là qu entre clairement la question du baptême. Nous considérerons l appel de Paul et son service du Seigneur par la suite, mais arrêtons-nous au fait que malgré une rencontre aussi particulière, claire et nette, Paul a eu comme réponse, lui aussi, le baptême. C'est même l exhortation qui lui est adressée par Ananias, au v.16 : «Et maintenant, pourquoi tardestu? Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés, en invoquant son nom». Ce verset est très clair. Si quelqu un croit en Jésus-Christ, une des premières réponses devrait être le baptême. Le baptême est ainsi quelque chose d important. Ce geste représente clairement ce que le Seigneur a fait dans notre vie, mais aussi ce que nous devons vivre par la suite. Comme nous le lisons en Rom 6.3-4 : «Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Christ-Jésus, c est en sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme Christ est ressuscité d entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi, nous marchions en nouveauté de vie». L apôtre 3
Paul lui-même a suivi ce commandement. Magali l a suivi ce matin. Je trouve approprié, à un tel moment de souligner donc deux rappels. Premièrement, quelqu un croit-il en Jésus-Christ, mais sans encore avoir été baptisé? Rester ainsi signifie que l on vit en désobéissant au premier commandement que le Seigneur à donné à son Église. Et cela ne peut donc être justifié de quelque manière que ce soit. Même si nous prenons du temps, à notre époque, pour comprendre très clairement ce qu est le baptême, normalement, il ne faut pas que notre conversion et notre baptême soient séparés par trop de temps. Ce verset enseigne-t-il que c est le baptême qui nous lave de nos péchés? Il est clair, d après le contenu de toute la Bible, qu aucune action extérieure ne peut accomplir cela. Toute l eau du monde ne peut enlever nos péchés même si on y rajoutait les savons les plus performants! Ce n est pas l eau du baptême qui nous lave, mais c est ce qui est représenté par cette eau. D ailleurs, une traduction plus exacte de ce verset enlèverait déjà l ambiguïté. Au lieu de décrire quatre actions qui se suivent, en fait, cette phrase signifie «T étant levé, sois baptisé ; et sois lavé de tes péchés en invoquant le nom du Seigneur». Il y a deux impératifs, accompagnés de deux participes. Les deux actions sont donc claires, mais différentes. Le croyant «se lève» pour se faire baptisé, mais ses péchés sont lavés par le fait d invoquer le nom du Seigneur. C est pour cette raison qu on devient chrétien à partir du moment où on croit en Jésus, et non pas à partir du moment où nous nous faisons baptiser! Mais deuxième rappel si nous croyons, et que nous avons été baptisés, sans nécessairement avoir reçu un appel comme l apôtre Paul à être apôtre, nous sommes tous appelés à rendre témoignage de ce que Jésus-Christ a fait pour nous. Et pour cela, il est nécessaire que notre vie soit réellement un témoignage de la vie de Jésus en nous. Comme nous venons de lire, «Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme Christ est ressuscité d entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi, nous marchions en nouveauté de vie». Un missionnaire qui parlait à un groupe de femmes Hindoues en Inde était surpris de voir une des femmes se lever et quitter le groupe. Peu de temps après, elle est revenue, et semblait écouter avec encore plus d attention. Après la réunion, comme elle discutait avec le missionnaire pour en savoir plus sur Jésus-Christ, il lui demandait pour quelle raison elle était partie. Elle lui répondit que, étant très intéressé par ce qu il racontait, elle est allée trouver une des personnes qui travaillait chez lui, pour savoir s il vivait comme il parlait. Quand le serviteur répondit que c était le cas, elle est revenue, désireuse d entendre davantage. Combien de fois, notre témoignage n est pas écouté, ou pas compris, parce que les gens ne voient pas de différence dans notre manière de vivre! Le baptême est notre réponse au Seigneur. Mais c est aussi une action de notre part qui signifie notre engagement, qui signifie que nous laissons derrière nous notre ancienne manière de vivre, afin de vivre désormais pour Jésus-Christ, et par la foi en lui. C est une action qui affirme clairement que nous suivons le Seigneur et que nous voulons vivre d une manière qui le glorifie. Si d un côté, c est un geste qui souligne ce qu il a fait pour nous, c est autant un engagement qui nous démarque de notre ancienne manière de vivre, et qui nous identifie avec son Église, les autres chrétiens. Si quelqu un croit, mais n a pas encore été baptisé, qu attendez-vous? Si vous êtes baptisés, êtes-vous réellement des témoins de la grâce de Dieu, de ce que Dieu a fait pour vous en Jésus-Christ? 4
Pour conclure, nous devons constater que Paul aimait tellement son propre peuple, même si ces gens essayaient de le mettre à mort, qu il ne peut s empêcher de leur annoncer Christ! Nous avons tous «notre histoire» à raconter, du moins, si nous avons rencontré Jésus, comme Paul, et que notre vie en a été transformée, comme lui aussi. Et notre témoignage a pour but de permettre aux gens qui nous connaissent, qui savent que nous étions comme eux, la raison de la transformation Jésus-Christ, le pardon des péchés, et ce pourquoi nous voulons le suivre! Prenons au sérieux ce que Jésus a fait pour nous, et aussi notre appel à être ses témoins, d abord par le baptême, et ensuite, par notre manière de vivre à sa gloire, étant «toujours prêts à nous défendre contre quiconque nous demande raison de l espérance qui est en nous : la faisant avec douceur et crainte». 5