Les deux sœurs. Arthur Rackham

Les deux sœurs Arthur Rackham

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Les deux sœurs par Flora Annie Steel Une conte traditionnel de Grande-Bretagne traduit de l anglais Illustrations du domaine public : Arthur Rackham Adaptation: Marie-Laure Besson et Marie-Line Périllat pour «Le Cartable Fantastique»

Table des matières Le texte Les mots difficiles

Le texte

Il était une fois deux sœurs qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, mais l une était toujours agréable et l'autre toujours déplaisante. Comme leur père n'avait pas de travail, les filles décidèrent de chercher un emploi comme servantes. «Je vais y aller d'abord, dit la cadette gaiement comme à son habitude. Je vais voir ce que je peux faire et comme ça, ma sœur, tu pourras te lancer aussi, si je trouve quelque chose d intéressant.»

Alors, elle fit son baluchon, dit au revoir, et se mit à chercher une place, mais comme personne en ville ne voulait de servante, elle fut forcée d aller chercher en dehors de la ville. Sur son chemin, elle vit un four dans lequel des pains cuisaient. Quand elle s approcha, les pains crièrent d'une seule voix : «Petite fille! Petite fille! Fais-nous sortir! S'il-te-plaît, fais-nous sortir! Nous cuisons depuis sept ans, et personne ne vient nous sortir.

Sors-nous d ici ou nous allons bientôt être brûlés!» Alors, comme c était une petite fille gentille et serviable, elle s'arrêta, posa son baluchon et sortit le pain du four. Puis elle repartit en disant : «Vous allez vous sentir mieux maintenant!»

Peu de temps après, elle passa près d une vache qui meuglait près d'un seau vide. La vache lui dit : «Petite fille! Petite fille! Trais-moi! S'il-teplaît, trais-moi! J attends depuis sept ans et personne ne vient me traire!» Alors, la petite fille, serviable, s'arrêta, posa son baluchon et se mit à traire la vache. Puis elle repartit en disant : «Tu vas te sentir mieux maintenant!»

Plus loin sur le chemin, elle vit un pommier tellement chargé de fruits que ses branches risquaient de se casser. Le pommier l appela et dit : «Petite fille! Petite fille! S'il-te-plaît, secoue mes branches. Les fruits sont tellement lourds que je ne peux pas me tenir droit!» Alors, la petite fille, serviable, s'arrêta, posa son baluchon et secoua les branches pour que les pommes tombent et que l'arbre puisse se tenir droit.

Puis elle repartit en disant : «Tu vas te sentir mieux maintenant!» Elle poursuivit sa route et arriva près d une maison. Une vieille sorcière habitait là et elle avait justement besoin d une servante. Comme elle lui promettait un bon salaire, la petite fille accepta de s installer chez elle et de voir si la place lui convenait. Elle devait balayer le sol, garder la maison propre et bien rangée et s occuper du feu.

Mais il y avait une chose qu'elle ne devait jamais faire : elle ne devait jamais regarder dans le conduit de cheminée. «Si tu le fais, dit la sorcière, quelque chose te tombera dessus, et tu auras de sérieux ennuis.» Donc, la petite fille se mit à balayer, dépoussiérer et s occuper du feu. Cependant, elle ne vit pas venir le moindre salaire. Elle aurait voulu rentrer chez elle : cette place de servante ne lui convenait pas, car la sorcière mangeait des bébés bouillis

pour le dîner et enterrait leurs os sous des pierres dans le jardin. Mais comme la petite fille ne voulait pas rentrer à la maison sans le sou, elle resta là, à balayer, à épousseter et à faire son travail comme si elle était satisfaite. Mais un jour, comme elle était en train de balayer le foyer, de la suie tomba du conduit de la cheminée. Oubliant l interdiction, elle leva les yeux pour voir d où venait la suie et, surprise! un gros sac d'or atterrit sur ses genoux.

Comme la sorcière était partie chercher des ingrédients de sorcière, la petite fille pensa que c'était l occasion rêvée de quitter la maison. Alors, elle remonta ses jupons et se mit à courir pour rentrer chez elle, mais elle n'était pas bien loin quand elle entendit la sorcière qui la poursuivait sur son manche à balai. Le pommier qu elle avait aidé à se tenir droit se trouvait tout près, alors, elle courut vers lui et s'écria: «Pommier! Pommier, cache-moi!

Pour que la vieille sorcière ne me trouve pas, Car si elle me trouve là, Sous les pierres du jardin, mes os elle enterrera.» Le pommier répondit: «Bien sûr que je vais te cacher. Tu m as aidé à me tenir droit : c est à mon tour maintenant de te rendre service.» Alors, le pommier la cacha soigneusement dans ses branches vertes, et quand la sorcière arriva sur son balai en disant :

«Pommier! Mon cher pommier! As-tu vu ma coquine de servante passer Avec un grand grand sac et très très pressée? Elle a volé mon argent! Tout ce que j'avais! Le pommier répondit : «Non, petite maman, Pas en sept ans!» Alors la sorcière repartit, en prenant une mauvaise direction, et la petite fille put descendre de l arbre. Elle le remercia poliment et reprit la route.

Au moment où elle s approchait de l'endroit où se trouvait la vache avec son seau, elle entendit la sorcière qui revenait. Elle courut vers la vache et s'écria : «Vache! Vache, cache-moi! Pour que la vieille sorcière ne me trouve pas Car si elle me trouve là, Sous les pierres du jardin, mes os elle enterrera.» La vache répondit: «Bien sûr que je vais te cacher.

Me traire m a bien aidée, tu sais! Cache-toi derrière moi : tu seras à l abri.» Et quand la sorcière arriva sur son balai en disant à la vache : «Vache! Ma chère vache! As-tu vu ma coquine de servante passer Avec un grand grand sac et très très pressée? Elle a volé mon argent! Tout ce que j'avais! La vache répondit poliment : «Non, petite maman, Pas en sept ans!»

Alors la sorcière repartit, dans une mauvaise direction, et la petite fille reprit le chemin de sa maison. Mais au moment où elle approchait de l'endroit où se trouvait le four, elle entendit l horrible vieille sorcière qui arrivait derrière elle. Elle courut aussi vite qu'elle le put jusqu au four et s'écria : «Four! Four, cache-moi! Pour que la vieille sorcière ne me trouve pas Car si elle me trouve là,

Sous les pierres du jardin, mes os elle enterrera.» Le four répondit : «J ai bien peur de ne pas avoir assez de place pour toi, car j ai une fournée en route, mais va demander au boulanger, làbas!» La petite fille demanda donc au boulanger qui répondit : «Bien sûr que je vais te cacher. Grâce à toi, ma dernière fournée n a pas brûlé.

Cours jusqu à la boulangerie, tu y seras à l abri, et pour la sorcière, j en fais mon affaire!» Alors, la petite fille alla se cacher dans la boulangerie. Elle y parvint juste à temps, car la sorcière, furieuse, arrivait en criant : «Boulanger! Mon cher boulanger! As-tu vu ma coquine de servante passer Avec un grand grand sac et très très pressée? Elle a volé mon argent! Tout ce que j avais!

Le boulanger répondit : «Regardez donc dans le four, peut-être qu elle y est!» La sorcière descendit de son balai et regarda dans le four : mais elle ne vit personne. «Glissez-vous dedans pour bien voir tout au fond!» dit le boulanger malicieusement. Et quand la sorcière fut dans le four, Bang! Il lui referma la porte dessus et la laissa rôtir à l intérieur.

Quand elle ressortit avec les pains de la fournée, elle était toute sèche et toute roussie et elle dût rentrer chez elle tant bien que mal pour s enduire de crème anti-brûlures. Pendant ce temps, la petite fille avait pu rentrer chez elle en sécurité, avec son sac d or. Sa sœur ainée, toujours déplaisante, était horriblement jalouse de la chance qu elle avait eue et elle était bien décidée à rapporter également un sac d or.

Elle fit à son tour son baluchon et prit le même chemin, pour chercher une place de servante. Mais quand elle arriva au four et que les pains la supplièrent de les sortir parce que ça faisait sept ans qu ils cuisaient et qu ils étaient sur le point de brûler, elle hocha la tête et dit : «Pas question! Ne comptez pas sur moi pour me brûler les doigts rien que pour vous sortir de là!»

Sur ce, elle repartit et se trouva bientôt devant la vache qui attendait près de son seau que quelqu un veuille la traire. Mais quand la vache dit : «Petite fille! Petite fille! Trais-moi! S'il-te-plaît, trais-moi! J attends depuis sept ans et personne ne vient me traire!», elle éclata de rire et répondit : «Tu peux bien attendre encore sept ans, ce n est pas mon problème. Je ne suis pas gardienne de vaches!»

Sur ce, elle repartit et arriva bientôt près du pommier qui croulait sous ses fruits. Mais quand il la pria de secouer ses branches, elle lui rit au nez et, cueillant une pomme bien mûre, elle dit : «Une seule me suffira. Tu peux garder les autres.» Et elle poursuivit son chemin tout en grignotant la pomme. Elle arriva bientôt à la maison de la sorcière.

Cette dernière s était bien remise depuis qu elle était sortie toute sèche et toute roussie du four. Mais elle en voulait horriblement à toutes les servantes du monde et elle était bien décidée à ne pas se laisser avoir cette fois. Donc, pendant longtemps, elle ne sortit pas de la maison. La méchante sœur n eut donc pas l occasion de regarder dans le conduit de cheminée, comme elle voulait le faire dès son arrivée.

Elle fut donc forcée de faire la poussière, de nettoyer, de récurer, de balayer et de travailler durement, jusqu à l épuisement total. Mais un jour que la sorcière était allée dans le jardin pour enterrer des os, elle en profita pour aller regarder dans le conduit de cheminée et bien sûr, un sac d or en tomba. Elle s en saisit et s enfuit sur le champ, et elle courut à perdre haleine jusqu à ce qu elle arrive au pied du pommier.

Là, elle entendit la sorcière juste derrière elle. Alors, elle cria comme sa sœur l avait fait : «Pommier! Pommier, cache-moi! Pour que la vieille sorcière ne me trouve pas Car si elle me trouve là, Sous les pierres du jardin, mes os elle enterrera.» Mais le pommier répondit: «C est que je n ai pas de place pour te cacher! J ai trop de pommes!»

Elle se remit donc à courir. Et quand la sorcière arriva sur son balai et cria : «Pommier! Mon cher pommier! As-tu vu ma coquine de servante passer Avec un grand grand sac et très très pressée? Elle a volé mon argent! Tout ce que j'avais! Le pommier répondit : «Oui, petite maman, Elle est partie là-devant!»

Alors la sorcière lui courut après, la rattrapa, lui mit une bonne fessée, lui reprit son sac d or et la renvoya chez ses parents, sans lui donner un sou pour avoir fait la poussière, balayé, récuré et tout nettoyé!

Mots difficiles cadet(te) : le plus jeune enfant d une famille baluchon : paquet de vêtements conduit : tuyau d évacuation de la fumée qui part de l âtre et montre jusqu au toit suie : poussière noire que la fumée dépose dans les conduits de cheminée ingrédient : produit pour faire une recette de cuisine

fournée : quantité de pains que l on fait cuire dans un four Mots difficiles - fin crouler : s effondrer