LAUDATO SI (Loué sois-tu) première encyclique du Pape François sur la préservation de la nature
1. «Laudato si» : la première encyclique du pape sur la préservation de la nature sera publiée le 16 juin 2015 2. L encyclique du pape François sur l écologie sera publiée le 16 juin 3. Le pape François et Ban Ki-moon font cause commune pour le climat 4. Le climat, un enjeu primordial pour les Églises 5. Les papes et l écologie 6. Pour le cardinal Parolin, Secrétaire d Etat du Vatican, le changement climatique «doit éveiller nos consciences» *
«Laudato si» première encyclique du pape sur la préservation de la nature sera publiée le 16 juin 1 juin 2015 L encyclique du pape François sur la préservation de la terre et de la vie Laudato si (Loué sois-tu) est, à l orée de la conférence climat de Paris, Cop21 (1), un texte internationalement très attendu. Les Églises chrétiennes n ont pas attendu l engagement du pape François sur le sujet, ni de son prédécesseur Benoît XVI notamment dans son encyclique Caritas in veritate, pour se préoccuper des questions environnementales et climatiques. Pour autant, c est la première fois qu un pape consacre une encyclique aux questions environnementales, reconnaissant par là que le sujet écologique est un enjeu majeur pour l humanité. Ce sera également la première encyclique entièrement rédigée par le pape François, après la parution en 2013 de Lumen fidei, signé des deux papes, mais essentiellement rédigé par Benoît XVI. Le titre du futur texte est tiré du célèbre «Cantique des créatures» écrit par saint François d Assise en 1225. À huit reprises, les versets de cet hymne, aussi appelé «Cantique de frère soleil», commencent par «Loué sois-tu, mon Seigneur»
En janvier, déjà, le pape François, devant les Philippins du campus universitaire Saint- Thomas de Manille, après avoir évoqué les sinistrés du typhon Yolanda, annonçait : «nous avons besoin de voir, avec les yeux de la foi, le lien entre l environnement naturel et la dignité de la personne humaine.» La Croix
L encyclique du pape François sur l écologie sera publiée le 16 juin L encyclique du pape François sur l écologie sera publiée le 16 juin Intitulée «Laudato si» (Loué sois-tu), cette encyclique très attendue sur la préservation de la terre et de la vie sera la première entièrement rédigée par le pape François, après la parution en 2013 de «Lumen fidei» essentiellement rédigé par Benoît XVI. C est donc le 16 juin, comme l a annoncé le 30 mai le directeur de la Librairie éditrice vaticane, que sera publiée l encyclique du pape François «Laudato si» (Loué sois-tu). Un titre tiré du célèbre «Cantique des créatures» écrit par saint François d Assise en 1225, un an avant sa mort, et mis en musique avec un succès international par la communauté de Taizé. À huit reprises, les versets de cet hymne, aussi appelé «Cantique de frère soleil», commencent par «Loué sois-tu, mon Seigneur» La première entièrement rédigée par le pape François Cette encyclique très attendue sur l écologie et l écologie humaine sera la première entièrement rédigée par le pape François, après la parution de «Lumen fidei» début juillet 2013, texte magistériel essentiellement rédigé par son prédécesseur Benoît XVI (2005-2013), mais portant la signature du nouveau pape. Issue d un long travail du Conseil pontifical «Justice et Paix», cette encyclique a été revue à maintes reprises par le pape. Elle pourrait comporter un sous-titre, invitant à protéger la création, en référence aux appels fréquents du pape jésuite. Accorder de l importance à l œuvre de Dieu Ainsi, le 9 février dernier, lors d une messe à la Maison Sainte-Marthe, il avait invité à ne pas laisser aux «Verts» la responsabilité de la protection de la planète, assurant que cela était de la responsabilité des chrétiens.
«Un chrétien qui ne protège pas la création, qui ne la fait pas croître, est un chrétien qui n accorde pas d importance à l œuvre de Dieu, cette œuvre née de l amour de Dieu pour nous.» François d Assise, l homme qui aime et préserve la création Et le 16 mars 2013, trois jours après son élection, le nouveau pape avait expliqué devant les journalistes l origine de son nom, lié à saint François d Assise, notamment en raison de sa proximité avec les pauvres. Il précisait alors : «François est l homme de la paix. ( ) C est pour moi l homme de la pauvreté, l homme qui aime et préserve la création ; en ce moment nous avons aussi avec la création une relation qui n est pas très bonne, non?» La Croix
Le pape François et Ban Ki-moon font cause commune pour le climat 28 avril 2015 Le pape François et Ban Ki-moon font cause commune pour le climat Reçu mardi 28 avril au Vatican, le secrétaire général de l ONU a évoqué devant l Académie pontificale des sciences la dimension morale de la protection de l environnement. À sept mois de la «Conférence climat Paris 2015» des Nations unies (COP21) qui doit aboutir à l adoption d un accord universel sur le climat, le secrétaire général de l ONU, Ban Ki-moon, s est rendu mardi 28 avril au Vatican : d abord pour une rencontre privée d une demi-heure avec le pape François, puis pour un discours devant plus d une centaine d experts, de diplomates et de responsables d Église participant à la conférence internationale «Protéger la planète, rendre digne l humanité», organisée par l Académie pontificale des sciences afin de réfléchir aux dimensions éthiques du changement climatique et du développement durable.
Considérant qu avec le pape il avait eu «une fructueuse et vaste conversation» au cours de laquelle il a été notamment question des récents naufrages de migrants en Méditerranée le secrétaire général de l ONU a recommandé aux responsables scientifiques et religieux d agir ensemble pour sensibiliser au changement climatique qui est, selon lui, «le grand enjeu de ce temps» car il touche à «la justice sociale, aux droits de l homme et à l éthique fondamentale». «La science et la religion sont entièrement alignées sur le changement climatique», a-t-il ajouté, saluant les efforts du pape et de l Église pour «attirer l attention sur l urgence de promouvoir un développement durable». Ban Ki-moon plaide pour une «approche globale et enracinée dans les valeurs universelles» Comme le pape, Ban Ki-moon plaide en effet pour une «approche globale et enracinée dans les valeurs universelles», rappelant que tous les hommes ne sont pas également affectés par le changement climatique. «Ceux qui en souffrent le plus et en premier sont ceux qui y ont le moins contribué, à savoir les plus pauvres et les plus démunis», a-t-il souligné. Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux du pape François, en janvier dernier devant les Philippins du campus universitaire Saint-Thomas de Manille, après avoir évoqué les sinistrés du typhon Yolanda : «nous avons besoin de voir, avec les yeux de la foi, le lien entre l environnement naturel et la dignité de la personne humaine». Encourageant les pays qui font le choix de réduire leurs émissions de gaz carbonique et optent pour des énergies propres, Ban Ki-moon a insisté sur le fait que «pour transformer l économie, il faut d abord transformer les mentalités et les valeurs». Or sur ce point, les religions peuvent «fournir la direction». Enfin, après avoir énuméré les prochaines étapes internationales sur ces sujets (en juillet, la conférence sur les finances et le développement à Addis-Abeba, en Éthiopie ; en septembre, le pape s adressera à l ONU à New York lors du Sommet sur le développement durable et sur les nouveaux objectifs du millénaire ; en décembre, la COP21 à Paris), le secrétaire général a considéré que Paris ne devait pas être un point final mais «un tournant dans la découverte d un chemin commun pour relever le défi climatique». Ban Ki-moon et Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l Académie pontificale des sciences, ont confirmé que le pape François avait terminé son encyclique sur l écologie humaine. Celle-ci, en cours de traduction, devrait paraître en juin. CLAIRE LESEGRETAIN
Le climat, un enjeu primordial pour les Églises 30 décembre 2014 Alors que la France accueillera en novembre 2015 la Conférence mondiale sur le climat, les Églises s activent pour engager leurs fidèles à agir. «Une question morale et spirituelle» Mais les Églises chrétiennes n ont pas attendu l engagement du pape François sur le sujet, ni de son prédécesseur Benoît XVI, pour se préoccuper des questions environnementales, et notamment climatiques. Depuis longtemps, des théologiens de toutes confessions y travaillent. «Le changement climatique n est pas qu une question scientifique ou économique, souligne Martin Kopp, chargé des questions de justice climatique à la Fédération luthérienne mondiale. C est aussi une question morale et spirituelle, une question de représentation du monde et de hiérarchisation des valeurs.»
Une journée pour la Création En la matière, c est d ailleurs l orthodoxie qui s est engagée de plus longue date dans une réflexion théologique, portée notamment par le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomeos I er, alors qu il secondait encore son prédécesseur, Dimitrios, qui avait fait du 1 er septembre, premier jour de l année liturgique orthodoxe, une journée consacrée à la Création. Au fil de symposiums et de colloques, il a développé depuis une profonde théologie qui porte aussi attention au prochain et à la Création. «Nous sommes tous concernés» Reste aujourd hui à traduire cette théologie dans les actes des croyants. «Il nous faut prendre conscience que nous sommes tous concernés et que ce n est pas qu une affaire de gouvernements», explique Mgr Stenger, selon lequel «l un des problèmes est notre manière de consommer». Initiateur, depuis juillet, d un jeûne mensuel pour le climat, Martin Kopp voit dans cette pratique «une expérience intime très engageante, une occasion de prendre du recul, de revoir sa hiérarchie des valeurs. C est un véritable acte de réduction qui invite à refréner notre envie de consommation». Pour l instant, seules 10 000 personnes dans le monde pratiquent ce jeûne mensuel. Un nombre qui ne permet sans doute pas d influer sur les négociations en cours sur le climat. «Mais je ne crois pas que quoi que ce soit puisse influer sur les négociations», regrette Martin Kopp pour qui la conférence de Lima «a été une déception énorme» : «Ce qui compte, c est la mobilisation des croyants et d amener les gens à réfléchir sur ces questions.» «Que nous soyons écoutés ou non, il faut parler» Mgr Stenger, qui a participé à Lima à une rencontre organisée par l épiscopat péruvien et des représentants de plusieurs États, se veut moins pessimiste. «C est un signe qu ils prennent les initiatives des Églises au sérieux», insiste l évêque de Troyes, ajoutant que «la responsabilité des Églises est de prendre la parole». «Que nous soyons écoutés ou non, il faut parler à temps et à contretemps, car c est de notre responsabilité de défendre l homme.» Nicolas Senèze
Les papes et l écologie 30 décembre 2014 1972. Message de Paul VI à la première conférence des Nations unies pour l environnement, à Stockholm, alertant l humanité pour qu elle substitue le respect de la biosphère à la poussée aveugle du progrès matériel. 1979. Dans sa première encyclique, Redemptor hominis, Jean-Paul II évoque la volonté du Créateur de voir l homme être en communion avec la nature et non en position d exploiteur ou de destructeur. Il désigne saint François d Assise comme patron des écologistes. 1990. Dans son message du 1er janvier intitulé «la paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création», il souligne «l obligation grave de prendre soin de toute la création». 2006. Benoît XVI encourage la première Journée de la sauvegarde de la création, le 1er septembre en Italie. 2007. À la messe de la nuit de Noël, il affirme : «L étable représente la terre maltraitée ( ) en raison de l utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution». Son message du 1 er janvier suivant invite chacun à «s engager ( ), dans le but de renforcer l alliance entre l être humain et l environnement, qui doit être le miroir de l amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons». Nicolas Senèze
Pour le cardinal Parolin, Secrétaire d Etat du Vatican, le changement climatique «doit éveiller nos consciences» 27 octobre 2014 Le 23 septembre 2014, lors du sommet de l Organisation des Nations unies sur le climat qui s est déroulé à New York, États-Unis, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d État du Vatican, a prononcé un discours qui, selon des observateurs, résume le contenu de l encyclique sur l écologie qui pourrait être publiée en décembre ou en janvier prochain. Cette intervention témoigne d un déplacement significatif dans la manière d envisager les problématiques écologiques. Tout en reprenant le thème de la sauvegarde de la création, elle met l accent sur des problématiques concrètes. Qu en retenir? Des enjeux éthiques La première chose à noter est la reconnaissance explicite du réchauffement climatique et de ses conséquences sur la justice sociale et la justice intergénérationnelle. «Il existe un consensus scientifique désormais assez établi sur le fait que, depuis la deuxième moitié du siècle dernier, le réchauffement du système climatique est indubitable. Il s agit d un problème très sérieux qui, comme je l ai dit, a de graves conséquences pour les couches les plus vulnérables de la société et, évidemment, pour les générations futures.» Le changement climatique soulève des questions non seulement scientifiques, environnementales et socio-économiques, mais également et surtout éthiques et morales, parce qu il affecte tout le monde, en particulier les plus pauvres qui sont les plus exposés à ses effets. Un impératif moral à agir Le cardinal reste prudent au sujet de la responsabilité humaine passée dans le réchauffement climatique : «Sa cause principale semble être
l augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l atmosphère à cause de l activité humaine.» (c est moi qui souligne). Mais face à l avenir, la responsabilité humaine ne fait pas de doute. «Il existe un impératif moral à agir, car nous avons tous la responsabilité de protéger et de valoriser la création, pour le bien de notre génération et de celles à venir.» En vertu de cette responsabilité, il est urgent d évaluer «l impact que nos actions auront sur l avenir», en termes de risques et de coûts socio-économiques, et d agir en conséquence. Une question sans frontières Une telle évaluation «exige un profond engagement politique et économique de la part de la communauté internationale», précise le cardinal Parolin. Le réchauffement climatique est en effet une question mondiale, de laquelle aucune nation ne peut se désintéresser du fait de l interdépendance de «l unique famille humaine».»les décisions et les comportements de l un des membres de cette famille ont de profondes conséquences sur les autres ; il n existe pas de frontières politiques, barrières ou murs derrière lesquels se cacher pour protéger un membre par rapport à l autre contre les effets du réchauffement climatique.» Le cardinal dénonce au passage le comportement de certains acteurs qui cherchent à préserver leurs propres intérêts au détriment du bien commun, mais aussi «une certaine suspicion ou un manque de confiance de la part des États, ainsi que de la part d autres participants». Des attitudes irresponsables devant l ampleur du défi du réchauffement climatique qui attend «une réponse collective fondée sur une culture de la solidarité, de la rencontre, et du dialogue, qui devrait être à la base des interactions normales au sein de chaque famille et qui exige la collaboration pleine, responsable et dévouée de tous, selon leurs propres possibilités et conditions». La responsabilité des Etats Le cardinal Parolin évoque une responsabilité étendue des États. Ils doivent protéger non seulement «le climat du monde à travers des mesures d atténuation et d adaptation, ainsi que le partage de technologies et de savoir-faire» mais aussi «notre planète et la famille humaine, en assurant que les générations présentes et futures ont la possibilité de vivre dans un environnement sûr et digne». En d autres termes, il s agit de chercher à atténuer les effets du changement climatique sans perdre de vue le combat contre la pauvreté et l exclusion. Deux objectifs «interdépendants» selon le secrétaire d État
du Vatican. En ce sens, la problématique du réchauffement climatique est bien une question éthique et non pas seulement technique. «Le changement climatique devient une question de justice, de respect et d équité, une question qui doit éveiller nos consciences.» Reconsidérer nos styles de vie Pour faire face aux défis du changement climatique, il est urgent de reconsidérer nos modèles de développement et nos styles de vie, avec ce que cela implique en termes de formation et d éducation. En effet, souligne, le cardinal Parolin, «la dégradation de la nature est directement liée à la culture qui définit la coexistence humaine». La crise écologique n est qu une dimension de la crise que traverse la société actuelle une crise à la fois économique, financière, sociale, culturel et éthique. Et ce sens, le défi à relever est d ordre culturel et interroge de manière fondamentale nos manières de vivre et leurs impacts sur la convivialité humaine. DOMINIQUE GREINER