Correction Dissertation : La liberté humaine et le travail I LES TERMES DU SUJET La LIBERTE désigne la faculté de mener sa vie en toute indépendance ; sans subir les ordres d'une volonté étrangère à sa conscience. Par NECESSITE, il faut entendre le caractère inéluctable d'un évènement. Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être. La source de la nécessité est la nature en ce sens qu'elle ne dépend pas de nous. Il ne faut pas confondre la nécessité, la contrainte et l'obligation. La contrainte est l'exercice d'une force qui soumet ma volonté et me prive de ma liberté ; tandis que l'obligation suppose la reconnaissance d'une nécessité morale (d'un devoir) à laquelle je consens volontairement. Le TRAVAIL est une activité spécifiquement humaine. Il a pour but la satisfaction de nos besoins, la production de nos moyens d'existence. Au delà de nos simples besoins, le travail nous comble d'objets désirables. II UNE ANALYSE DU PROBLEME Nos besoins sont des exigences naturelles, constamment renouvelées dans notre corps. Il nous faut nous soumettre à cette nécessité de nous restaurer pour survivre. Nous ne pouvons rester sourds à cette implacable expression de la nature en nous. Cela ne serait pas déplorable si la nature nous offrait des fruits immédiatement. Mais, en fait, nous devons la plupart du temps produire par notre travail les objets de notre consommation et les outils de notre sécurité. Il nous faut travailler pour survivre dans les conditions les plus efficaces et les plus sûres. Dès lors, faut il penser que notre prétention à être libre, c'est à dire à conduire notre vie selon notre volonté propre, est abusive ou illusoire? S'il nous faut chaque jour courber l'échine, s'il nous faut hypothéquer notre temps pour un but indiscutable, nous commençons à voir que notre liberté est limitée. Nous sommes contraints de travailler pour vivre, ce qui nous occupe beaucoup et nous oblige à tenir compte des autres. Cependant, le travail est la source de notre sécurité et de notre satisfaction, il contient les moyens de Dissertation : La liberté humaine et le travail 1
l'éxécution de nos désirs. Il est donc difficile de décider si notre liberté est réduite ou bien servie par la nécessité de travailler. III UNE DEMARCHE POSSIBLE A LA NECESSITE DE TRAVAILLER DEVOILE LES LIMITES DE NOTRE LIBERTE OU LES RENFORCE A travers le travail, nous voyons que la nature dirige notre activité vers des buts qu'il ne nous est pas possible d'ignorer. 1 La nécessité naturelle est l'origine du travail L'observation de la vie animale nous révèle l'origine instinctive du travail. Les animaux aussi transforment leur milieu pour subvenir à leurs besoins. La vie suppose l'adaptation de l'individu et de l'espèce à son milieu. 2 Le travail crée une communauté d'action humaine où les rôles conditionnent les hommes Le travail fait l'objet d'une division sociale. L'individu a un rôle, une place particulière dans le monde du travail. Ce rôle limite ses possibilités puisqu'il est répétitif. De plus, cette communauté du travail est hiérarchisée : je dois subir la volonté des cadres ou des décideurs économiques. Cependant, il convient de nuancer nos propos en disant que l'homme ne fait pas que subir la nature, il choisit aussi de travailler pour combler ses désirs. B LE TRAVAIL NOUS DONNE LES MOYENS DE REALISER NOTRE LIBERTE Tant sur le plan matériel que moral et politique, c'est dans le travail que l'homme assure concrètement les moyens de sa libération à l'égard de la nature. 1 Le travail engendre une connaissance de la nature, et donc une certaine maîtrise pratique et théorique Grâce à son travail, l'homme se libère donc de la peur de la nature. Il se libère aussi de son rythme, de son urgence. Par la fréquentation de la nature que suppose le travail, l'homme connaît les lois naturelles et peut donc les exploiter. 2 Le travail fonde une revendication morale et politique de liberté humaine Le travail crée une communauté humaine d'intérêts où chacun a sa place et son utilité. Je reconnais l'engagement de l'autre dans cette communauté, et je revendique cette reconnaissance pour moi même. Le travail soutient donc l'idée d'une égalité concrète qui fonde les mêmes droits. Dissertation : La liberté humaine et le travail 2
3 Le travail crée les conditions matérielles et morales de ma liberté Nos désirs personnels sont légitimés par notre engagement communautaire : ils ne sont pas signes de notre égoïsme puisque notre travail atteste de notre altruisme. Nos désirs variés sont satisfaits par l'inventivité et la productivité de la communauté de travail. CONCLUSION La liberté et la nécessité ne s'opposent pas. Nous ne sommes pas libres immédiatement et dans le vide. Nous conquérons notre liberté en connaissant la nécessité naturelle à quoi le travail nous aide. IV REFERENCES UTILES ROUSSEAU, Discours sur l'origine de l'inégalité : Ce texte interroge les origines du travail. MARX, Le capital, Livre 1, chapitre sur le travail : Le travail est une activité sociale traversée de tensions. HEGEL : " le plus faible, contraint de travailler pour le plus fort prend sa revanche en faisant de ce dernier un être dépendant. " V LES FAUSSES PISTES Il faut éviter de voir dans le travail une simple transformation de la nature, c'est aussi une source de reconnaissance morale. VI POINT DE VUE DU CORRECTEUR Sujet assez difficile qui exige beaucoup de clarté dans les définitions. Le sujet fait appel à des notions variées, éparpillées dans plusieurs parties du programme. Commentaire d'un texte philosophique : Texte de Bergson I LES TERMES DU SUJET Il s'agit de définir la relation entre l'expérience et l'intelligence à partir de la critique d'une conception erronée de leurs rapports. Il faut donc faire attention aux définitions données par l'auteur et souligner en quoi elles s'opposent. Du point de vue le plus commun, l'expérience est une activité purement passive, ne faisant appel qu'à une faculté d'enregistrer des faits, c'est à dire des données empiriques. L'intelligence serait seule capable de définir le sens et viendrait régler l'expérience par des lois générales. Commentaire d'un texte philosophique : Texte de Bergson 3
BERGSON cherche à supprimer cette opposition. II UNE ANALYSE DU PROBLEME Le texte développe une opposition entre deux thèses : la plus commune, qui distingue l'expérience de la pensée, et celle de BERGSON, qui montre qu'il n'y a pas d'expérience purement empirique. Cette opposition est la reprise d'un problème philosophique classique : l'opposition entre l'empirisme et le rationalisme. Ici, BERGSON s'intéresse aux conséquences de cette opposition : si l'on isole l'expérience de la raison, il ne sera plus possible de développer la science ou la philosophie. La première ne sera plus qu'une suite de faits incohérents, la seconde régira un système purement abstrait. Cela conduit à accentuer la coupure entre théorie et expérience d'une part, et entre la philosophie et la science d'autre part. III ETUDE ORDONNEE A DEFINITION COMMUNE DE L'EXPERIENCE ET DE L'INTELLIGENCE (Du début du texte à "une autre") Il s'agit donc de bien situer la position à critiquer : d'un côté, la réalité nous livre des faits sans aucun sens, de l'autre, l'expérience décide du sens et unifie les phénomènes donnés sous les lois de la raison. La connaissance se définirait selon deux sources : l'expérience sensible et la raison. Dès les premières lignes, BERGSON souligne le caractère passif de l'expérience, sorte de contenu immédiat et au contraire le caractère volontariste de l'intelligence qui "s'empare" de l'expérience. B CONSEQUENCES DE CETTE DEFINITION COMMUNE SUR LA DEMARCHE SCIENTIFIQUE (De "Rien de plus faux" à "lois") En faisant de la généralisation, c'est à dire de l'activité qui consiste à passer du particulier au général, une activité purement spirituelle, et de l'observation, un enregistrement passif des sens, on conduit l'un et l'autre à des attitudes excessives. D'autre part, cette séparation devient un obstacle dans la recherche de la vérité. Il faut donc tenir les deux conséquences en même temps : il n'y a pas deux fonctions extérieures l'une à l'autre et la vérité ne peut pas se définir comme la soumission de l'expérience aux lois de l'intelligence. Si l'on s'obstine à les séparer, alors la démarche scientifique est entièrement faussée : elle reste un simple enregistrement de données sensibles, une recherche sans objet et sans intérêt précis. Commentaire d'un texte philosophique : Texte de Bergson 4
Et l'activité de la raison devient celle d'une grande législatrice de l'expérience qui ignore les particularités des expériences pour imposer ses règles générales. C REDEFINITION DES NOTIONS D'UN POINT DE VUE CRITIQUE (De "Comme si" à la fin) Cette opposition erronée de l'expérience et de l'intelligence conduit à une conception complètement irréaliste de la science. Celle là ignore la réalité de la situation dans trois sens possibles. D'abord, elle ne tient pas compte de la véritable nature de l'observation scientifique : elle n'est jamais naïve mais orientée par un problème théorique. D'autre part, elle empêche le développement rationnel de la science en donnant implicitement une signification confuse à l'expérience. Enfin, elle définit la raison comme la seule source de sens, et on se demande alors si elle ne pourrait pas se passer complètement de l'expérience. IV L'INTERET PHILOSOPHIQUE BERGSON tente de penser la relation étroite entre l'expérience et l'intelligence de manière à ce qu'il n'y ait pas d'artifice entre les deux, ni de différence de nature. Cette relation a des conséquences directes sur les définitions de la philosophie et de la science. On pourrait donc se demander dans quelle mesure l'expérience sert la raison : s'agit il de faire en sorte que la raison épouse la spécificité de l'expérience, qu'elle s'en trouve ainsi modifiée ; ou s'agit il de définir les conditions rationnelles qui déterminent toute expérience possible? V LES REFERENCES POSSIBLES KANT, Critique de la raison pure, p.19, éd. PUF, (analyse des sources de la connaissance). BACHELARD, La Formation de l'esprit scientifique, (critique de l'opposition entre théorie et expérience). CANGUILHEM, La Connaissance de la vie I La méthode, (la spécificité de la démarche scientifique). VI LES FAUSSES PISTES La difficulté tient au fait qu'il s'agit d'une critique d'une conception commune qu'il ne faut pas confondre avec celle de BERGSON. Sa conception n'apparaît que de façon implicite. VII LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Toute la difficulté tient au fait que le point de vue de l'auteur se dessine en creux. Un texte qui demande de Commentaire d'un texte philosophique : Texte de Bergson 5
solides connaissances, des rapports entre théorie et expérience. pdf issued by bankexam.fr Commentaire d'un texte philosophique : Texte de Bergson 6