BULLETIN DE SANTE DU VEGETAL MIDI-PYRENEES Zones non agricoles - n 8 26 novembre 2012 S PROCESSIONNAIRE DU PIN TIGRE DU PLATANE Surveillez la formation des nids hivernaux Présence des adultes sous le rhytidome Le point sur : LA CHENILLE PROCESSIONNAIRE DU PIN Ce lépidoptère de la famille des Notodontidae et de la sous famille des Thaumetopeinae est originaire de la méditerranée. Son aire de répartition ne cesse de croître au cours du temps et des changements climatiques. Le nom de processionnaire est lié à son comportement puisque les chenilles se déplacent en file indienne entre le nid collectif et la source d'alimentation ainsi que lors de la recherche d'un lieu de nymphose. Action pilotée par le Ministère chargé de l'agriculture, avec l appui financier de l Office national de l'eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto 2018. Front d'expansion de la processionnaire du pin en 2005 2006 (Source INRA) Cycle biologique et description Thaumetopoea pityocampa est une espèce monovoltine, c'est à dire qu'elle ne présente qu'une génération par an. A cette période de l'année, les chenilles de quatrième stade larvaire sont abritées dans les nids d'hiver exposés côté sud pour bénéficier des rayons du soleil. Ce nid peut contenir une centaine de chenilles. C'est au sein du nid que les chenilles subissent cinq mues successives. Les chenilles ne résistant pas à des températures inférieures à -16 C, elles sont protégées par un nid qui fonctionne comme un capteur solaire qui retient les radiations. Il est constitué d'une double paroi de fils de soie, sans aucun orifice. Et la température intérieure peut y être de 20 C supérieure à la température extérieure. Les chenilles sortent du nid la nuit, en procession, pour se nourrir en se faufilant entre les fils de soie. Une colonie consomme 1,5 à 2 kg (en poids sec) d'aiguilles. Quatre à cinq colonies suffisent à mettre à nu un pin de 20 ans. Directeur de publication : Jean-Louis CAZAUBON Président de la Chambre Régionale d'agriculture de Midi-Pyrénées BP 22107 31321 CASTANET TOLOSAN Cx Tel 05.61.75.26.00 Fax 05.61.73.16.66 Dépôt légal : à parution ISSN en cours BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL ZNA N 8 du 26 novembre 2012 Page 1/6
En fin de période hivernale, les chenilles de cinquième stade larvaire quittent le nid pour descendre en procession le long du tronc jusqu'au niveau du sol à la recherche d'un endroit propice à leur enfouissement (terrain éclairé et meuble). Elles s'enterrent à une profondeur de 5 à 20 cm. Elles tissent un cocon dans lequel elles se nymphosent puis elles entrent en diapause durant quelques jours ou jusqu'à cinq ans. C'est de juin à août que l'émergence des papillons se produit avec autant de papillons mâles que de femelles. Ce sont des papillons de nuit, gris cendré, de 3 cm d'envergure. La femelle est plus grosse que le mâle. Ils ne se nourrissent pas mais ils peuvent parcourir 3 km T. pityocampa papillon adulte Source: afleurdepau.com (femelles) à 25 km (mâles). Leur durée de vie n'excède pas 24 H. Après l'accouplement, le mâle meurt tandis que la femelle va pondre de 70 à 300 œufs disposés en manchon sur les aiguilles. L'éclosion des œufs a lieu 30 à 50 jours plus tard selon la température. Chenilles processionnaires Source: ancien.papillon-poitoucharentes.org Manchon d'oeufs sur aiguille et pré-nid Photo: Fredon Aquitaine Pré-nid de processionaire Source: ecopiege.com Les jeunes chenilles de stade larvaire 1 à 3 construisent un pré-nid à l'automne avant la construction du nid hivernal. Elles sont de grandes consommatrices d'aiguilles. Régime alimentaire La chenille est phytophage. Elle peut se nourrir de différentes essences de résineux mais elle a des préférences pour les essences suivantes: Pin noir d'autriche (Pinus nigra subsp.nigricans Host) Pin Laricio de Corse (Pinus nigra subsp.laricio Poiret) Pin Laricio Sulzmann (Pinus nigra subsp.clusiana Clem.) Pin maritime (Pinus pinaster Ait) Pin sylvestre (Pinus sylvestris L.) Pin d'alep (Pinus halepensis Mill.) Cèdre de l'atlas (Cedrus atlantica Carr.) Cèdre du Liban (Cedrus libani Rich.) Douglas (Pseudotsuga menziesii Mirb.) Sapin (Abies concolor Lindl.) Les chenilles choisissent les arbres en fonction de différents critères dont le diamètre des aiguilles et leurs composés volatils (limonène). BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL ZNA N 8 du 26 novembre 2012 Page 2/6
Problème de santé publique Les chenilles possèdent deux types de poils: des poils longs, visibles mais inoffensifs et des poils urticants invisibles à l'œil nu. A partir du troisième stade larvaire, les chenilles présentent un danger du fait du caractère urticant de leurs micro-poils. Une chenille qui se sent agressée peut libérer un million de poils dans l'air. Dès que le poil est rompu, il libère un venin sous la forme d'une protéine spécifique (la thaumetopéine) qui est très irritante et allergène. Elle entraîne la destruction des tissus aussi bien chez l'homme que chez les animaux (chien, cheval). Des symptômes de nécrose de la langue peuvent notamment s'observer chez le chien. Les réactions peuvent se manifester par des démangeaisons, des problèmes respiratoires, ophtalmologiques, cardiaques, neurologiques voire des chocs anaphylactiques... En cas de contact, les parties touchées doivent immédiatement être rincées à l'eau. Contactez un médecin ou un vétérinaire le plus rapidement possible. En cas de manipulation des cocons, même vides (les poils urticants restent accrochés au cocon et gardent leur pouvoir allergène), il est impératif de se protéger en utilisant un équipement adéquat : une combinaison avec une cagoule, des gants, des lunettes et un masque. Symptômes cutanés Source: fr.academic.ru Nécrose de la langue du chien Source: jardins-hericy.fr Limitation des populations A chaque étape du cycle de développement de la chenille, il est possible de mettre en place un système de protection permettant de limiter la population. Pratique de l'échenillage (stade chenille) Lors de la période automnale, l'échenillage peut être pratiqué dès l'apparition des pré-nids. Cette pratique peut être poursuivie sur les nids d'hiver. Les équipements de protection sont indispensables. Les nids récupérés doivent être incinérés ou trempés dans l'eau afin de limiter la dispersion des poils. Installation de pièges (stade chenille migrante) De décembre à mars, lors de la migration des chenilles vers le sol, un piège peut être installé autour du tronc de l'arbre. Cet anneau de mousse muni d'un sac rempli de terre qui simule le sol, permet une récupération massive des chenilles qui vont se transformer en chrysalide dans le sac au lieu de le faire au niveau du sol. De ce fait, la sortie des papillons est évitée. Le sac rempli de chrysalides est alors éliminé (déchetterie). Pour être efficaces, ces pièges doivent être installés dès le mois de décembre car les premières migrations peuvent avoir lieu dès cette période. Cette technique de piégeage est particulièrement recommandée dans les zones à risque ou sensibles (crèches, écoles, hôpitaux, jardins publics...). Il respecte l'environnement et préserve la santé des manipulateurs en évitant le contact avec les poils urticants. Installation des pièges à phéromones (stade papillon) Dès le mois de mai, il est conseillé d'installer, dans l'arbre atteint, des pièges à phéromones afin de capturer les papillons mâles. Cette méthode permet de réguler la population en empêchant l'accouplement des papillons. Piège à chenilles Source: INRA Piège à phéromones Source: FREDEC MP Les pièges contiennent une capsule de phéromone sexuelle (la pityolure), substance chimique qui reproduit le parfum spécifique de la femelle. Les papillons mâles son attirés par cette odeur et ils tombent dans le piège d'où ils ne peuvent pas ressortir (à condition que le piège ne soit pas saturé en papillons). Il est important de suivre le remplissage du piège en papillons et de le nettoyer en cas de fortes captures. Les pièges doivent être positionnés à raison de 6 pièges à l'hectare. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL ZNA N 8 du 26 novembre 2012 Page 3/6
Action tout au long de l'année des prédateurs naturels Les oiseaux : Les mésanges bleues et charbonnières sont friandes des chenilles. Elles peuvent en consommer une quarantaine par jour et donnent jusqu'à 900 becquées à leurs oisillons. Les nichoirs sont à installer dès maintenant, lors de la période d'activité des chenilles. Le coucou s'attaque également aux chenilles jusque dans leurs nids. Cycle annuel des sept espèces d'oiseaux prédateurs de la chenille processionnaire (Barbaro, 2008) Les insectes et champignons : Le principal prédateur des chenilles de processionnaire est la larve du grand calosome (Calosoma sycophanta). Ce carabe coléoptère aux élytres à reflets verts métalliques vit dans le sol. Sa larve qui ressemble à une grosse chenille peut monter dans les arbres pour attraper ses proies. Plusieurs espèces de guêpes, une mouche Tachinaire ainsi qu'un champignon (Cordiceps) peuvent parasiter les larves de la processionnaire du pin. Parmi les méthodes citées ci-dessus, aucune d'entre elles ne permet d'éradiquer la processionnaire du pin, ni d'éviter totalement une nouvelle infestation puisque les chenilles peuvent rester à l'état de chrysalides dans le sol pendant cinq ans. Pour limiter l'extension de ce bio-agresseur, il est indispensable d'agir collectivement à l'échelle d'une commune en intervenant le plus tôt possible dès l'apparition des pré-nids à l'automne. Situation au sein du réseau régional Des signalements de nids d'hiver sont actuellement enregistrés au niveau du réseau d'observateurs sur les communes de Rodez (12) et d'albi (81). Évaluation de risque : Actuellement, avec les températures douces que nous connaissons, les larves ont atteint les troisièmes et quatrièmes stades larvaires. Les migrations de chenilles vers le sol peuvent se produire dès décembre. Surveillez bien vos arbres. Seuil de nuisibilité : si défoliation d'un arbre à 40% Calosoma sycophanta Source: bio-foto.com dès la présence d'un à 4 nids par arbre surtout dans les lieux à risque (crèches, écoles, parcs publics) BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL ZNA N 8 du 26 novembre 2012 Page 4/6
FEUILLUS Albizia Psylle (Acizzia jamatonica) Sa présence est notée sur les communes d'albi (81) avec une intensité moyenne. Des adultes sont toujours observés sur les feuilles encore en place. Cet homoptère piqueur-suceur produit un abondant miellat. C'est la présence du miellat qui permet de le détecter. Évaluation du risque : Risque nul. A cette période, les adultes entrent en diapause et passent l'hiver dans les infractuosités des écorces des arbres Chêne Oïdium (Erysiphe alphitoïdes) Sa présence est observée sur les communes de Castanet Tolosan (31) et de Prayssac (46) avec une intensité forte à faible. Ce champignon s'exprime par la présence d'un feutrage blanchâtre à gris, duveteux ou poudreux due au développement du mycélium. Celuici peut envahir toute la feuille qui se dessèche et tombe prématurément. L'aspect esthétique de l'arbre est diminué en cas de forte attaque. L'oïdium se développe à la faveur d'une alternance de températures douces (10 à 20 C) et d'humidité relative (70 à 80%) sans pluie lessivante. Évaluation du risque : Risque faible Oïdium sur feuilles de chêne. Source FREDEC MP Platane Tigre du platane (Corythucha ciliata) Sa présence est remarquée sur les communes de Rodez (12) et d'albi (81) avec une intensité faible. Les adultes sont présents sous le rhytidome où ils passent l'hiver. Évaluation du risque : Risque nul car les adultes ont déjà migré sous le rhytidome. ARBUSTES ORNEMENTAUX Rosier Botrytis (Botrytis cinerea) Sa présence est signalée sur la commune de Prayssac (46) avec une intensité faible. Ce champignon n'a pas de plante hôte spécifique. Il se développe à des températures comprises entre 1 à 28 C mais il prolifère rapidement par temps humide et frais (12 20 C). Le manque de lumière et d'air ainsi que les excès d'arrosage ou de fertilisation, un mauvais drainage du sol, des tailles drastiques ou des blessures sont propices à son développement. Le champignon survit à l'hiver et à la sécheresse sous forme de sclérotes ou de mycélium dans les débris végétaux. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL ZNA N 8 du 26 novembre 2012 Page 5/6
Il se caractérise par un duvet grisâtre. A un stade avancé de la maladie, les boutons floraux ou les fleurs atteintes se dessèchent et tombent. Pour limiter sa conservation, éliminez les parties atteintes et pensez à désinfecter votre outil de taille. Évaluation du risque : risque faible surtout si période de gel à venir car le champignon s'inactive. Tous types d'arbustes et d'arbres Frelon asiatique On signale toujours, mi-novembre, des nids sur les communes de Rodez (2 nids) et d'albi (3 nids). Les reines sont à la recherche d'abris pour passer l'hiver. Des ouvrières sont encore en activité selon les endroits. Si vous repérez des nids, signalez leur présence en mairie et auprès de la Fredec Midi-Pyrénées (www.fredec-mp.com) ou auprès du Muséum National d'histoire Naturelle (http://inpn.mnhn.fr, vespa@mnhn.fr). Évaluation du risque : Risque faible Frelon asiatique Photo: Philippe Tournier REPRODUCTION DU BULLETIN AUTORISÉE SEULEMENT DANS SON INTÉGRALITÉ (REPRODUCTION PARTIELLE INTERDITE) Ce bulletin est produit à partir d'observations ponctuelles. S'il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transposée telle quelle dans les jardins et espaces verts. La CRA Midi-Pyrénées dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les opérateurs pour la protection de leurs jardins et espaces verts, et les invite à prendre ces décisions sur la base des observations qu'ils auront réalisées et en s'appuyant sur les préconisations issues de bulletins techniques. BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL ZNA N 8 du 26 novembre 2012 Page 6/6