METHODES DE MESURE ET OPTIMISATION DE LA RADIOPROTECTION : LE CAS DES EXPOSITIONS INTERNES PAR INHALATION AUX COMPOSES D'URANIUM NATUREL



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FR0003907 METHODES DE MESURE ET OPTIMISATION DE LA RADIOPROTECTION : LE CAS DES EXPOSITIONS INTERNES PAR INHALATION AUX COMPOSES D'URANIUM NATUREL J.P. DEGRANGE*. B. GIBERT** * Centre d'étude sur l'evaluation de la Protection dans le domaine Nucléaire (CEPN), B.P.48, 92263 Fontenay-aux-Roses-Cedex, France. ** Société pour la conversion de l'uranium en métal et hexafluorure (COMURHEX), MALVESI, B.P.222, 11102 Narbonne-Cedex, France. RESUME Le système de protection radiologique recommandé par la CIPR pour des pratiques justifiées repose sur les principes d'optimisation et de limitation. L'optimisation de la radioprotection nécessite des estimations réalistes, sensibles et analytiques des expositions individuelles et collectives afin de permettre l'identification des sources principales d'exposition et la sélection des options de protection optimales, pour des niveaux de dose individuelle bien inférieurs aux limites annuelles. Le but de cette présentation est de discuter la capacité des diverses méthodes de mesure (prélèvement d'air et examens biologiques) à remplir ces exigences dans le cas particulier de l'exposition interne par inhalation aux composés d'uranium naturel. Le réalisme et la sensibilité de chaque méthode de mesure sont tout d'abord étudiés, sur la base des nouveaux modèles dosimétriques de la CIPR. Les capacités d'analyse de ces méthodes en vue de l'optimisation de la radioprotection sont ensuite discutées.

METHODES DE MESURE ET OPTIMISATION DE LA RADIOPROTECTION : LE CAS DES EXPOSITIONS INTERNES PAR INHALATION AUX COMPOSES D'URANIUM NATUREL J.P. DEGRANGE*, B. GIBERT** * Centre d'étude sur l'evaluation de la Protection dans le domaine Nucléaire (CEPN), B.P.48, 92263 Fontenay-aux-Roses-Cedex, France. ** Société pour la conversion de l'uranium en métal et hexafluorure (COMURHEX), MALVESI, B.P.222, 11102 Narbonne-Cedex, France. 1. INTRODUCTION Le système de protection radiologique recommandé par la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) pour les pratiques justifiées repose sur les principes d'optimisation et de limitation. L'optimisation des expositions exige des estimations réalistes, sensibles et analytiques des expositions individuelles et collectives afin d'identifier les sources principales d'exposition et choisir les actions de protection optimales, pour des niveaux d'exposition individuelle pouvant être bien inférieurs aux limites annuelles. Cet exposé présente, sur la base des nouveaux modèles dosimétriques de la CIPR, une première analyse de la capacité des moyens de mesure et des méthodes d'interprétation existantes à répondre à ces exigences dans le cas des expositions internes par inhalation aux composés d'uranium naturel. Les expositions internes liées à l'inhalation de composés radioactifs ne sont pas directement mesurables, et leur estimation repose sur la mesure de grandeurs physiques (activité ou concentrations chimiques) descriptives de l'exposition. Une séquence de modèles est donc indispensable pour estimer les doses internes à partir de ces grandeurs [1]. Le modèle d'exposition, spécifique de la méthode de mesure utilisée, permet tout d'abord de déterminer l'activité inhalée sur la base de la grandeur mesurée et de l'ensemble des caractéristiques de l'exposition (nature des composés, profil d'exposition spatial et temporel...) et de l'individu exposé (débit respiratoire, excrétion, rétention...). Dans un deuxième temps, le modèle dosimétrique permet de passer de l'activité inhalée à la dose efficace engagée, le plus souvent par simple application de facteurs de dose.

Le réalisme des estimations dosimétriques (biais et incertitudes minimaux) dépend donc aussi bien du réalisme du modèle d'exposition que de celui des différents sous-modèles (pulmonaires, digestifs, biocinétiques et d'irradiation) du modèle dosimétrique d'inhalation. Un point essentiel est la grande sensibilité du sous-modèle pulmonaire aux caractéristiques de solubilité et de granulométrie des composés [2]. Enfin, l'analyse des expositions en vue de leur optimisation implique l'identification des principales sources de contamination, des tâches les plus pénalisantes, et des opérateurs les plus exposés, ainsi qu'une sensibilité suffisante pour des intervalles de mesure compatibles avec l'analyse des tâches. Le réalisme, la sensibilité, ainsi que la capacité d'analyse des expositions sont successivement passés en revue dans la suite de cet exposé pour les méthodes de surveillance collective de l'air du poste de travail (par Appareils de Prélèvement d'air (APA) à poste fixe), de surveillance individuelle de l'air inhalé (par Systèmes Intégrés de Dosimétrie Individuelle (SIDI) et Pompes Individuelles de Prélèvement d'air (PIPA) portatives), et de surveillance individuelle au moyen de mesures biologiques (mesures des excréta urinaires et de l'activité pulmonaire résiduelle). 2. REALISME DES METHODES DE MESURE 2.1 Systèmes collectifs de prélèvement d'air En ce qui concerne les APA, la minimisation de l'incertitude du modèle d'exposition nécessite que les concentrations atmosphériques à chaque poste de travail soient constantes, ou bien nulles en dehors du temps de présence de l'opérateur, et que les concentrations inhalées soient à tout instant comparables aux concentrations mesurées par l'apa, ce qui est rarement le cas quand la contamination est provoquée par l'activité de l'opérateur. On retiendra qu'une grande part de l'incertitude est associée ici au modèle d'exposition qui nécessite non seulement des mesures de concentration atmosphérique représentatives de l'air inhalé, mais aussi l'estimation du débit respiratoire et du temps passé par les travailleurs aux différents postes de travail. Ces exigences constituent les points faibles de ce moyen de surveillance.

2.2 Systèmes individuels de prélèvement d'air L'incertitude du modèle d'exposition (qui ne nécessite pas dans ce cas la connaissance du temps passé aux différents postes de travail) dépend ici essentiellement de l'écart existant entre les concentrations inhalées et les concentrations mesurées, et de l'estimation du débit respiratoire. Cet écart est minimal si le point de prélèvement est suffisamment proche de l'entrée des voies respiratoires et le débit de prélèvement assez fort pour permettre un échantillonnage représentatif. Il faut noter en effet, pour les appareils à faible taux de prélèvement, le problème posé par la captation de particules de fort diamètre non représentative de l'aérosol échantillonné. On retiendra que l'incertitude des estimations dosimétriques est bien plus faible que pour les APA dès lors que le point de prélèvement est bien situé et le débit de prélèvement suffisamment important, ce qui constitue un des points forts de ce moyen de surveillance. 2.3 Surveillance individuelle par mesures biologiques 2.3.1 Mesure des excréta urinaires Le modèle d'exposition consiste en l'application successive et à rebours du sous-modèle biocinétique (en commençant par sa fonction d'excrétion urinaire systémique) et des sous-systèmes digestifs et respiratoires, afin de déterminer l'activité inhalée correspondant à l'activité excrétée mesurée. Le réalisme de cette estimation, qui nécessite une hypothèse de profil temporel d'incorporation (isolée, chronique...) entre deux mesures successives ainsi que la prise en compte (pour les composés les moins solubles) de l'activité inhalée au cours des intervalles de mesure précédents, est d'autant meilleur que la fréquence des mesures est plus élevée. On peut noter par ailleurs la difficulté du recueil d'échantillons représentatifs de l'excrétion urinaire journalière, bien qu'un dosage dans les urines des composés recherchés par rapport à la créatinine excrétée permette d'augmenter la représentativité de ces échantillons [3]. Contrairement aux systèmes de prélèvement d'air, aucune hypothèse de débit respiratoire ou de temps passé aux différents postes n'est nécessaire. On retiendra cependant qu'au-delà du problème de la représentativité des échantillons, l'essentiel de l'incertitude associée au modèle d'exposition réside ici dans la fonction d'excrétion urinaire systémique et dans la détermination d'un profil temporel d'exposition réaliste. Enfin, un avantage de ces mesures, commun à l'ensemble des mesures biologiques, est de permettre la prise en compte de la dose résiduelle reçue par des opérateurs pourvus

de dispositifs de protection respiratoire. 2.3.2 Mesure de l'activité pulmonaire résiduelle Le modèle d'exposition consiste en l'application à rebours du sous-modèle respiratoire, et permet de déterminer l'activité inhalée correspondant à l'activité pulmonaire mesurée, sous l'hypothèse d'un profil temporel d'incorporation entre deux mesures successives. On retiendra qu'ici encore, aucune hypothèse de débit respiratoire ou de temps passé aux différents postes n'est nécessaire, et que l'essentiel de l'incertitude associée au modèle d'exposition réside dans la détermination d'un profil temporel d'exposition réaliste. Par ailleurs, de même que pour les mesures d'excréta urinaires, une fréquence de mesure élevée, ainsi que la prise en compte (pour les composés les moins solubles) de l'activité inhalée au cours des intervalles de mesure précédents, permet d'augmenter le réalisme de l'estimation. 3. SENSIBILITE DES METHODES DE MESURE 3.1 Systèmes collectifs de prélèvement d'air Pour un APA prélevant 1200 1/h, une limite de détection (5 mn de comptage) de 220 mbq d'uranium naturel (Unat) sur le filtre [4], un rendement de collection des particules de 80%, et un débit respiratoire de 1,2 mvh, les doses 1 correspondant à la limite de détection (doses détectables) sont de l'ordre de 0,2, 0,5 et 2 (jsv/mesure pour des composés de solubilité rapide, modérée et lente, soit un cumul de 30, 100 et 300 usv/an pour une mesure journalière. 3.2 Systèmes individuels de prélèvement d'air Pour un SIDI prélevant 5 1/h, une limite de détection (1 h de comptage) de 9 mbq d'unat sur le filtre [12], le même rendement de collection des particules et le même débit respiratoire, les doses détectables sont de l'ordre de 2, 5 et 20 usv/mesure pour des composés d'uranium naturel de solubilité rapide, modérée et lente, soit un cumul de 20, 50 et 200 usv/an pour une mesure mensuelle et de 0,3, 1 et 3 msv/an pour une mesure journalière. 1 Les doses engagées ont été calculées pour un diamètre aérodynamique médian de 5u.m, à l'aide des facteurs de dose de la publication 68 [10] de la CIPR (qui utilise le modèle biocinétique de la publication 69 [11]) égaux respectivement à 6,1 10'\ 1,85 10" 6 et 6,25 10" 6 Sv/Bq pour des composés d'unat de solubilité rapide, modérée et lente.

Pour une PIPA prélevant 120 1/h, la même limite de détection (1 h de comptage) de 9 mbq d'unat sur le filtre [12], le même rendement de collection des particules et le même débit respiratoire, les doses détectables varient dans le rapport des débits de prélèvement et sont donc 24 fois plus faibles. Elles sont de l'ordre de 0,07, 0,2 et 0,7 usv/mesure pour des composés de solubilité rapide, modérée et lente, soit un cumul de 0,7, 2 et 7 usv/an pour une mesure mensuelle et de 10, 40 et 100 (isv/an pour une mesure journalière. 3.3 Surveillance individuelle par mesures biologiques 3.3.1 Mesure des excréta urinaires Pour une limite de détection dans les urines de 0,1 ug U/l [13] (soit 2,5 mbq/1 d'unat), une excrétion urinaire journalière de 1,4 1/j, une période de prélèvement de 30j et une durée d'exclusion de 3j, les doses 2 détectables reçues entre deux mesures varient respectivement, en fonction du profil temporel d'incorporation considéré entre ces deux mesures, de 0,2 à 2 usv/mesure (1 usv en moyenne), de 3,6 à 18 usv/mesure (10 JJSV en moyenne), et de 0,5 à 2,4 msv/mesure (1,5 msv en moyenne) pour des composés de solubilité rapide, modérée et lente, soit un cumul annuel 3 de 4 à 14 psv/an (9 usv en moyenne), 40 à 70 usv/an (60 usv en moyenne) et 5 à 7 msv/an (6 msv en moyenne) pour douze mesures mensuelles à la limite de détection de ces mêmes composés. 3.3.2 Mesure de l'activité pulmonaire résiduelle Pour une limite de détection d'activité pulmonaire de 150 Bq d'unat [13], une période de mesure égale à 1 SOj, et une durée d'exclusion d'une journée, les doses détectables varient respectivement, en fonction du profil temporel d'incorporation considéré entre ces deux mesures, de 5 à 23 msv/mesure (13 msv en moyenne), et de 15 à 2 Les activités inhalées ont été calculées à l'aide du logiciel LUDEP 2.0 [5], qui repose sur les publications 66 [6] (modèle pulmonaire), 60 [7] (pondération des doses aux organes) et 54/30 [8]/[9] (autres modèles, dont rétention et excrétion) de la CIPR, sous l'hypothèse d'une incorporation unique ayant eu lieu au début ou à la fin (temps d'exclusion) de l'intervalle de mesure. Les doses engagées correspondantes ont été calculées pour un diamètre aérodynamique médian de 5(im, à l'aide des facteurs de dose de la publication 68 [10] de la CIPR. Les valeurs moyennes des activités inhalées ont été déterminées par méthode de Monte-Carlo (à l'aide du logiciel Crystall-Ball [14]) en faisant varier de façon uniforme le temps d'incorporation entre le début et la fin de l'intervalle de mesure. 3 Les cumuls annuels ont été calculés en tenant compte, lors de l'estimation de l'activité inhalée entre deux mesures consécutives, de l'activité inhalée au cours des intervalles de mesure précédents. Les valeurs annuelles moyennes des activités inhalées ont été également déterminées par méthode de Monte-Carlo en faisant varier indépendamment et de façon uniforme les temps d'incorporation entre le début et la fin de chaque intervalle de mesure.

29 msv/mesure (23 msv en moyenne) pour des composés de solubilité modérée et lente, soit un cumul annuel de 9 à 39 msv (21 msv en moyenne) et 22 à 34 msv (30 msv en moyenne) pour deux mesures semestrielles à la limite de détection de ces mêmes composés. 4. CAPACITE D'ANALYSE DES METHODES DE MESURE 4.1 Systèmes collectifs de prélèvement d'air L'intérêt des APA pour l'analyse des expositions réside en particulier dans la possibilité d'effectuer (avec une sensibilité largement suffisante pour les composés d'unat) des mesures journalières au plus près des sources et des postes de travail, qui permettent de fournir des premières indications sur les sources de contamination ainsi que sur les postes de travail potentiellement les plus exposés. L'écueil le plus important pour cette analyse est néanmoins le manque de réalisme dans l'estimation de l'exposition des opérateurs [15]. 4.2 Surveillance individuelle de l'air inhalé L'intérêt des systèmes individuels de prélèvement d'air pour l'analyse des expositions réside principalement dans le réalisme de l'estimation de l'exposition individuelle des opérateurs, ainsi que dans la possibilité d'identifier des tâches les plus pénalisantes, lors de campagnes de mesure associant à chaque tâche un appareil de prélèvement. Toutefois, les appareils dotés du débit de prélèvement le plus faible ne permettent des estimations sensibles et représentatives des expositions aux composés d'unat que pour des durées de prélèvement supérieures à la semaine. Enfin, l'utilisation d'appareils de prélèvement à poste fixe semble plus appropriée pour l'identification des sources de contamination. 4.3 Surveillance individuelle par mesures biologiques 4.3.1 Mesure des excréta urinaires L'intérêt des mesures d'excréta urinaires réside principalement dans la facilité de leur mise en oeuvre ainsi que dans le réalisme de l'estimation de l'exposition des opérateurs, sous réserve d'échantillons représentatifs, d'une bonne estimation du profil temporel d'incorporation, et d'une fréquence de mesure suffisante. On doit noter cependant la faible sensibilité de mesures mensuelles (ou bimensuelles) pour les composés d'unat les moins solubles et les difficultés posées par des mesures plus fréquentes. De telles mesures peuvent néanmoins permettre d'apporter des éléments de validation aux

estimations dosimétrique effectuées à partir des systèmes de prélèvement d'air. 4.3.2 Mesure de l'activité pulmonaire résiduelle L'intérêt principal des mesures de l'activité pulmonaire résiduelle réside dans le réalisme (encore plus important que celui des mesures S'excréta urinaire) de l'estimation de l'exposition des opérateurs. Cependant, au-delà de l'inadaptation de ces mesures à l'estimation de l'exposition aux composés les plus solubles, leur très faible sensibilité pour l'unat, ainsi que la difficulté de leur mise en oeuvre, semblent ôter tout intérêt à cette méthode pour l'optimisation de la protection. 5. CONCLUSION En ce qui concerne l'exposition par inhalation aux composés d'uranium naturel, l'étude du réalisme, de la sensibilité, et de la capacité d'analyse des différents moyens de mesure a mis en évidence : que les appareils de prélèvements d'air à poste fixe sont un bon moyen de première identification des sources principales de contamination et des opérateurs potentiellement les plus exposés, que les appareils de prélèvement d'air portatifs à débit de prélèvement élevé sont bien adaptés à l'estimation des expositions individuelles ainsi qu'à l'identification des tâches les plus pénalisantes, et que les mesures ^excréta urinaires sont un moyen intéressant de valider les estimations d'expositions individuelles réalisées à partir des méthodes de prélèvement d'air. L'optimisation de la protection dans le contexte de telles expositions ne pourra donc être réalisée que par la mise en oeuvre simultanée de ces moyens de mesure complémentaires. De façon plus générale, si les éléments de réflexion présentés ici à propos du réalisme des moyens de mesure se sont limités à l'identification des sources d'incertitudes associées aux modèles d'expositions des différentes méthodes, une analyse plus approfondie de l'incertitude (y-compris celle associée à la mise en oeuvre du modèle dosimétrique) serait souhaitable, pour mieux appréhender le réalisme des estimations dosimétriques associées aux expositions internes.

6. REFERENCES [1] DEGRANGE J.P., Principes et méthodes pour l'évaluation et la surveillance des expositions internes liées à l'inhalation, Rapport CEPN-R-252, 1997. [2] ANSOBORLO E. et al., Distribution granulométrique d'aérosols d'uranium dans l'industrie française de fabrication du combustible, Radioprotection, Vol. 32, n 3, pages 319-330, 1997. [3] KARPAS Z. et al, Uranium in urine - normalisation to creatinine, Health Physics, Vol. 74, n l, pages 86-90, 1998. [4] BASIRE D., COMURHEX-Malvési, Communication personnelle, 1997. [5] JARVIS N.S., BIRCHALL A., LUDEP 1.0, a personal computer program to implement the new ICRP respiratory tract model, Intakes of radionuclides : Detection, assessment and limitation of occupational exposure, 13-17 September 1993, Bath, England, 1993. [6] ICRP 66, Human Respiratory Tract Model for Radiological Protection, Publication 66, Pergamon Press, Oxford, 1994. [7] ICRP 60, 1990 Recommendations of the Internationa] Commission of Radiological Protection, Publication 60, Pergamon Press, Oxford, 1990. [8] ICRP 54, Individual Monitoring for Intakes of Radionuclides by Workers: Design and Interpretation Publication 54, Pergamon Press, Oxford, 1988. [9] ICRP 30, Limits for Intakes of Radionuclides by Workers, Publication 30 Part 1, Pergamon Press, Oxford, 1979. [10] ICRP 68, Dose Coefficients for Intakes of Radionuclides by Workers, Publication 68, Replacement of ICRP Publication 61, Pergamon Press, Oxford, 1994. [11] ICRP 69, Age-dependent Doses to Members of the Public from Intake of Radionuclides, Ingestion Dose Coefficients, Publication 69 Part 3, Pergamon Press, Oxford, 1995. [12] SARRADIN F., ALGADE, Communication personnelle, 1997. [13] GIBERT B., COMURHEX-Malvési, Communication personnelle, 1997. [14] CRYSTALL BALL 4.0, Forecasting & Risk analysis for Spreadsheet users, 1998. [15] GIBERT B., LEGUEN B., BERARD P., Environmental dust concentration in a conversion plant by aerosol sampling and application for dose calculation, Workshop proceedings, Intakes of Radionuclides: Occupational and Public exposure, 15-18 September, Avignon, France, 1997.