Les papillons diurnes. Préserver la biodiversité dans le Grand Lyon

Documents pareils
Livret de reconnaissance des espèces. Papillons de jour des coteaux du territoire de la Métropole Rouen Normandie

Comment reconnaître les papillons communs des Deux-Sèvres?

Association des. Objectifs. convivialité, réunir les habitants autour du jardinage. action sociale, action environnementale,

Petit conservatoire dans un jardin des Collines du Paradis

FAVORISER LA BIODIVERSITÉ DANS LE CIMETIÈRE. Guillaume Larregle (Maison de l Environnement de Seine-et-Marne)

LE MONITORING DE LA BIODIVERSITE EN SUISSE. Hervé LETHIER, EMC2I

Atelier Environnement Préparatoire au Projet d Aménagement et de Développement Durable. S e p t e m b r e

Les principaux thèmes liés à cette cause sont :

CORRIGES Plan de la séance

Enjeux environnementaux prioritaires des forêts de Poitou-Charentes

ESTIMATION DE LA TAILLE DES POPULATIONS D ANOURES DE LA FORET DE FONTAINEBLEAU (SEINE ET MARNE)

Les compensations écologiques sur la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique

Une nouvelle écologie des parcs et des jardins

BILAN DE LA CAMPAGNE 2014

Etat de la connaissance de la biodiversité. sur la commune de Pantin

Débroussailler autour de sa maison : «une obligation»

Journées portes ouvertes ECOPHYTO

Grandes cultures n 15 du 10 mars 2015

Formation FORÊT Les massifs

Le compost. Un petit écosystème au jardin

Produire avec de l'herbe Du sol à l'animal

PROSPECTUS INTERNATIONAL. International FRANÇAIS LETHBRIDGE, ALBERTA, CANADA

un certain recouvrement Michaële Andrea Schatt Parc du palais de Compiègne

OUVERT02 - Maintien de l ouverture par élimination mécanique ou manuelle des rejets ligneux et autres végétaux indésirables Sous-mesure :

Nourrir les oiseaux en hiver

PREFECTURE DE LA LOZERE

Tout au long de l année

Une espèce exotique envahissante: Le Roseau commun. ou Phragmites australis

Les abeilles à Bruxelles Défis et opportunités

Jeu de l ingénierie écologique. mémo du joueur

Maison au bord de l eau 5 chambres Piscine Jacuzzi Dock A proximité immédiate du Normandy Shores Golf Club.

Plan de désherbage, plan de gestion différenciée : objectifs et mise en œuvre concrète, quelles sont les actions à mettre en place par les communes?

Constitution d'un réseau écologique sur la commune de Muttersholtz

Règlement type relatif à l abattage d arbres

Comment utiliser les graines de soja à la cuisine

Découvrir et agir : l eau, c est la vie! La malle Cantal Eau

Plan Climat énergie Territorial. notre défi pour l avenir du territoire!

Contre les Insectes en Général

CHOU BIOLOGIQUE. Evaluation d aménagements floristiques sur la répartition intra-parcellaire des auxiliaires

LIVRET DE RESTITUTION

Plan d action Gentianella germanica (Willd.) Börner

Suivi Temporel des Rhopalocères de France. Bilan Définition. Contexte

Les potagers Neerstalle

PORTRAITS DE PARCS E X P O S I T I O N P H O T O G R A P H I Q U E

conservation volontaire : différence vous pouvez faire la Principales options de conservation légales pour les propriétaires de terrains privés

LA NÉCESSITÉ D UNE VILLE PLUS VERTE LA DÉMARCHE COMMENT ÇA MARCHE?

Poser un carrelage mural

LIDAR LAUSANNE Nouvelles données altimétriques sur l agglomération lausannoise par technologie laser aéroporté et ses produits dérivés

La Charte. forestière. du Pilat. Un engagement collectif pour une gestion durable de la forêt

PASS ARAN. Maison du Valier - Gite Eylie 9 h 25 mn Dénivelée +1642m m

JEUNE CONSEIL DE MONTRÉAL

RESULTATS DE L ESSAI VARIETES D ORGES D HIVER EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE CAMPAGNE

2. Les auxiliaires de culture

Dernière chance de participer au concours de photo du Comité ZIP Les Deux Rives

LIVRET DE RESTITUTION

mise à jour: septembre 2015 COMMENTAIRES

Cahier d enquête. Suspect N 5. Reproduction interdite

LA CHARTE REGIONALE D ACCES AUX AIDES AGRICOLES

Les Jardins Butchart Promenade et Découvertes (6-7e Annee)

Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

nouvel horizon Quartier Beauregard Une vue sur le soleil, une vue sur la ville

RAPPORT DE FIN DE SEJOUR

Taillis à courte ou très courte rotation (TTCR) : gestion des pratiques d implantation

Municipalité de la paroisse de Saint-Lazare

COLOR STYLE VOUS POUVEZ COMMANDER PAR TELEPHONE COLORSTYLE COLORSTYLE COLORSTYLE COLORSTYLE COLORSTYLE

En rouge et noir. 4,50 juin n 1326 M BEL : 4,50 FRANCE METRO : 4,50 - ANT/GUY : 5 - REU : 4,50 - BEL : 4,50 - ESP : 3,80

Les objectifs du règlement sur l utilisation des engrais et des pesticides sont de :

Ce qu'il faut retenir

PLAN DE SITUATION C'est le plan qui localise votre terrain PCMI 1. SAINT DENIS - Bellepierre Parcelle AY 592. Ech : 1/ 2000 ème

L eau dans les documents d urbanisme. L approche des solutions environnementales de l urbanisme CAUE mai 2011

Pays Rhin-Vignoble -Grand Ballon

ACCORD DES ADJECTIFS DE COULEUR Exercice d introduction

Formulaire d'adhésion PEFC

Vous incarnez un surdoué en informatique qui utilise son ordinateur afin de pirater des comptes bancaires un peu partout dans le monde et s en mettre

Toitures vertes : bien commun ou bien privé?

4.6. LES MILIEUX NATURELS ET OBJETS CLASSES DE LA COMMUNE DE BERNEX ETAT DES CONNAISSANCES

Niveau 2 nde THEME : L UNIVERS. Programme : BO spécial n 4 du 29/04/10 L UNIVERS

MONTELIMAR ENERGIE POSITIVE

D o s sier de p r e sse

16 insecticides naturels et sans risque

Rapport annuel de monitoring automatisé de la qualité de l eau

LIVRET D AMENAGEMENT. VetAgro Sup, agro campus de Clermont Ferrand

Applicable à partir de l année d assurance 2015 Assurance récolte - Sauvagine Section 12,3 - Expertise

On the spot. Ecocertification et images satellites. Exploitation forestière tropicale au Cameroun

Michel Fortin 1 er Vice-président FTPF 26 janvier 2011

La fourmi. Biologie et protection

Phragmite envahissant Pratiques de gestion exemplaires

Spotmarker Fluo & Non Fluo Linemarker Ecomarker Allroundmarker

SOMMAIRE. 1 Le contexte et les objectifs 1-1 Les enjeux environnementaux 1-2 La démarche locale 1-3 Les principes retenus

Étude de la carte de Vézelise. Initiation à la lecture du relief sur une carte topographique

Bilan d activité 2013 de la surveillance des pollens en Poitou-Charentes

ORIGINES : St Patrick, patron des Irlandais, serait né vers 385.

LE PARC DE FIGUEROLLES

BALISE GPS. Modèle EOLE. MANUEL INSTALLATEUR Version 3.4 GPS+GSM+SMS/GPRS

5 Avril Evolution de la construction neuve dans l espace Rhône Avignon Vaucluse AURAV LES PUBLICATIONS DE L AGENCE

Évaluation du Plan local de développement durable de la Ville de Mont-Royal

HACCP et sécurité sanitaire des aliments

une vision partagée, une dynamique engagée PLAN DIRECTEUR

L ombre commun dans le canton de Vaud

SOMMAIRE CYCLE 1. Des jeux tout prêts. Des activités à préparer. Les solutions

Transcription:

Les papillons diurnes Préserver la biodiversité dans le Grand Lyon

Les Rhopalocères sur l agglomération Vulcain (Vanessa atalanta) Les Rhopalocères sont des papillons qui volent de jour uniquement par temps ensoleillé, essentiellement pendant la belle saison de mai à août. Qui n a déjà remarqué l un de ces jolis papillons blancs, jaunes, bleus ou orangés en train de butiner une fleur? Il existe environ 240 espèces de Rhopalocères en France continentale. Une bonne partie se trouve surtout dans les milieux naturels remarquables les plus vastes, des massifs des Alpes aux Pyrénées en passant par les collines de Provence où l ensoleillement est à son maximum. Cent sept espèces ont été répertoriées dans le département du Rhône depuis l année 2000, dont 89 ont été citées au moins une fois sur le territoire du Grand Lyon. Malgré la forte urbanisation, il existe encore des milieux naturels intéressants pour observer les papillons comme les Monts d Or et l Île de Miribel-Jonage.

À la ville et à la campagne... En ville Les chenilles des Rhopalocères évoluent sur divers végétaux où elles se nourrissent de feuillages ou de fleurs. Chaque espèce consomme une plante particulière, ou accepte parfois plusieurs plantes différentes, mais appartenant à une même famille. La très forte urbanisation de certaines zones du territoire de l agglomération a entraîné la disparition de nombreuses espèces de papillons. La ville est donc un endroit plutôt hostile aux Rhopalocères... L intérêt est de les conserver dans tout projet d aménagement en préservant des espaces naturels où quelques espèces peuvent subsister. Brun des pélargoniums (Cacyreus marshalli) Belle-Dame (Vanessa cardui) Dans ces zones urbanisées, certains papillons de jour demeurent présents et semblent y trouver leur compte, comme le Brun des pélargoniums (Cacyreus marshalli). Cette petite espèce évolue en France depuis vingt ans environ suite à son introduction accidentelle d Afrique. En effet, les chenilles se nourrissent de géraniums, variété de fleurs très présentes sur notre territoire. Son appétit pour ces plantes d ornement lui vaut l étiquette de "nuisible", mais en hiver la grande majorité des chenilles périssent avec le froid. Quelques espèces de papillons sont migratrices et voyagent sur de grandes distances. Elles peuvent alors s arrêter momentanément dans les villes pour s alimenter, au passage, du nectar de quelques fleurs. Ainsi, que ce soit sur un massif de fleurs à Oullins ou sur la place Carnot à Lyon nous pouvons observer des Belle-Dames (Vanessa cardui), des Vulcains (Vanessa atalanta) ou des Piérides du chou (Pieris brassicae).

Sur les grands axes En quittant la ville nous arrivons rapidement sur de grands axes routiers ou ferroviaires. Bien que la circulation automobile présente un danger certain pour les insectes et la faune en général, les grands axes routiers sont peu à peu colonisés par des plantes sauvages, puis par les insectes. Des plantes très répandues et peu exigeantes ont permis à quelques papillons communs de s y installer. Ainsi, à proximité du boulevard périphérique Est, nous pouvons observer l Argus bleu (Polyommatus icarus) sur le Lotier corniculé, le Collier-de-corail (Aricia agestis) près des géraniums sauvages, le Cuivré commun (Lycaena phlaeas) sur les oseilles, la Piéride de la rave (Pieris rapae) sur des brassicacées échappées des cultures, ou bien le Souci (Colias crocea), vagabond et migrateur qui vole rapidement le long des bordures de l été à l automne. Cuivré commun (Lycaena phlaeas) Aurore (Anthocharis cardamines) Dans les parcs Les parcs présents un peu partout donnent ainsi à la nature la possibilité de subsister en ville ou parfois même de se réinstaller. Quelques arbres autour d une petite pelouse sont suffisants pour pouvoir observer le Tircis (Pararge aegeria) ; le papillon se pose dans les petites tâches de soleil parmi l ombre jetée par les arbres, alors que les chenilles se développent sur les graminées*. Dans les grands parcs, tel le Parc de Parilly, la surface donne la possibilité d y trouver une diversité plus importante. Nous pouvons y signaler au printemps l Aurore (Anthocharis cardamines) et la Piéride du navet (Pieris napi) volant le long des lisières, ou bien la Grande tortue (Nymphalis polychloros) posée sur les troncs d arbres que le soleil réchauffe. *grande famille botanique regroupant les herbes, céréales et bambous

Dans les jardins Dans les zones pavillonnaires, les jardins peuvent devenir de vrais paradis pour les papillons. Toutes sortes de plantes arbustives et herbacées poussent sous réserve de ne pas jardiner trop «propre»! Ainsi les papillons pourront s y reproduire ; le Petit nacré (Issoria lathonia) et la Petite violette (Clossiana dia) viendront pondre sur les feuilles des violettes, l Hespérie de l alcée (Carcharodus alceae) appelée aussi Grisette trouvera sa place sur les mauves, le Satyre (Lasiommata megera) dansera le long des murs proches des graminées. Le Chêne rouge ou pédonculé, se verra colonisé par la Thécla du chêne (Neozephyrus quercus), les pruniers non traités seront visités par le Flambé (Iphiclides podalirius). Un petit coin humide abandonné avec des orties peut Petit nacré (Issoria lathonia) Hespérie de l alcée (Carcharodus alceae) attirer le Gamma (Polygonia c-album) appelé aussi Robert-le-diable. Les papillons visiteront aussi le jardin pour butiner. La plus célèbre des plantes nectarifères attirant les papillons est l Arbre à papillons, ou Buddleia, qui sera volontiers fréquenté par le joli Machaon (Papilio machaon) ou le Paon du jour (Inachis io). Les variétés de Buddleia aux fleurs violettes seront recouvertes de papillons impressionnants au cœur de l été, période de l année où les fleurs se font rares. Cet arbuste devient malheureusement envahissant dans certains milieux naturels secs ou caillouteux de basse altitude comme le long des berges du Rhône. Bon à savoir! Laissez une partie de votre pelouse en évolution libre et ne tondez que très occasionnellement. Pour attirer des papillons dans vos jardins préférez les Lavandes, Valérianes, Verveines, Scabieuses, Origans...

En périphérie En périphérie urbaine, les zones vertes s étendent sur de plus grandes surfaces, par exemple à Saint-Priest dans le secteur «Rebufer» entre le sentier de Feuilly et le parc technologique. On trouve une mosaïque de prairies, de talus et bordures peu fauchés, de boisements et de milieux humides (bassins de rétention d eau de pluie). Dans cette ambiance variée, nous comptons, aujourd hui, plus de 50 espèces de Rhopalocères à proximité immédiate des zones urbanisées. Le sol plutôt calcaire permet l installation d une densité intéressante de Fabacées, fleurs appréciées par les azurés et les argus. Un papillon peu fréquent dans le Rhône, l Argus frêle (Cupido minimus), évolue sur les bordures d Anthyllide vulnéraire, le Demi-Argus (Cyaniris semiargus) et l Azuré du trèfle (Everes argiades) sur les trèfles, l Azuré de la faucille (Everes alcetas) sur la minette, l Azuré des coronilles (Plebejus argyrognomon) sur la Coronille bigarrée, l Azuré des cytises (Glaucopsyche alexis) est observé autour des coronilles et des sainfoins. La Coronille attire aussi un papillon jaune Petite tortue (Aglais urticae) Azuré des cytises (Glaucopsyche alexis) citron, le Fluoré (Colias alfacariensis). Dans les prairies on observe la Mélitée du plantain (Melitaea cinxia) et la Mélitée des centaurées (Melitaea phoebe), et sur les graminées évoluent l Hespérie du dactyle (Thymelicus lineolus), la Sylvaine (Ochlodes venatus), le Procris (Coenonympha pamphilus) et le Myrtil (Maniola jurtina.) C est aussi un très bon site de reproduction pour l Hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius) qui pond ses œufs sur la Petite Pimprenelle. La Carte géographique (Araschnia levana) et la Petite tortue (Aglais urticae) se reproduisent sur les Orties dans les zones humides abritées.

Mercure (Arethusana arethusa) Dans les milieux naturels remarquables En s éloignant des zones urbaines du Grand Lyon, nous trouvons un milieu naturel remarquable pour les Rhopalocères : l Île de Miribel-Jonage. Entouré par les canaux de Miribel au nord et de Jonage au sud, ce site Natura 2 000 est un paradis pour les papillons. Composé essentiellement de pelouses sèches sablonneuses associées à des milieux arbustifs, des boisements et des zones humides, nous trouvons des espèces méridionales en limite nord de leur répartition en France : le Bleu-nacré d Espagne (Lysandra hispana), la Piéride de l Ibéride (Pieris mannii), ou le Marbré-de-vert (Pontia daplidice) qui arrive en migration de temps à autre. Ils sont accompagnés du Mercure (Arethusana arethusa) et de la Virgule (Hesperia comma), tous les deux très localisés sur les pelouses sèches du département. À la limite de la pelouse sèche et des zones arbustives, vole le Grand nègre des bois (Minois dryas) ; sa présence n est connue actuellement, dans le Rhône, que sur les Îles de Miribel-Jonage, Crépieux-Charmy et sur la pente sèche de Rillieux-la-Pape. Dans les boisements de chênes, le long des lisières, vole une espèce protégée, la Bacchante (Lopinga achine), très rare dans le Rhône. Parmi ces mêmes boisements nous trouvons également la Thécla de l orme (Satyrium w-album) parmi les Ormes très logiquement, et la Thécla du bouleau (Thecla betulae) qui pond, contrairement à ce que son nom laisse supposer, sur les Prunelliers mais qui passe une grande partie de sa journée cachée dans les cimes. Dans ce secteur, nous pouvons observer exceptionnellement le Cardinal (Argynnis pandora) et le Citron de Provence (Gonepteryx cleopatra), qui rappellent le grand potentiel de la diversité du site avec l apparition sporadique d espèces méridionales. Au début du printemps, les îles de Miribel-Jonage sont le lieu par excellence pour observer le Citron (Gonepteryx rhamni). Enfin, la forêt alluviale est l habitat typique pour voir voler le magnifique Petit mars changeant (Apatura ilia). Citron (Gonepteryx rhamni)

Parmi les autres zones remarquables du Grand Lyon, citons le massif des Monts d Or. Sur sol calcaire, les papillons sont très diversifiés et fréquentent les milieux buissonnants, les boisements et pelouses sèches. Sur ces dernières, on rencontre l Azuré de l esparcette (Polyommatus thersites), espèce très localisée qui pond sur les sainfoins. Dans les milieux arbustifs vit le Céphale (Coenonympha arcania), pour lequel les populations du département sont limitées à ce massif, ainsi que des théclas bien discrètes : la Thécla de l amarel (Satyrium acaciae) et la Thécla du prunier (Satyrium pruni) pondent sur les Prunelliers, la Thécla de l yeuse (Satyrium ilicis) sur les chênes. Souvent cachés dans les branches, ces papillons descendent pour butiner les fleurs de Troène ou de Sureau yèble. On remarque aussi la Petite lucine (Hamearis lucina), qui fréquente les lisières fournies en primevères. Sur les sommets, il est possible d observer le Grand nacré (Argynnis aglaja) et le Moyen nacré (Argynnis adippe), de grands papillons qui fréquentent surtout les collines des Monts du Beaujolais dans le Rhône. Céphale (Coenonympha arcania) Tabac d Espagne (Argynnis paphia) Dans les vallons De petits vallons en liaison avec le Rhône fournissent des milieux plus frais et boisés. Qu il s agisse du ruisseau de Serre à Dardillly ou du vallon de l Yzeron à Francheville, on y trouve des espèces comme le Sylvain azuré (Limenitis reducta) ou le Tristan (Aphantopus hyperantus), plus courant dans les collines du département, ou bien le très Grand tabac d Espagne (Argynnis paphia) qui adore les clairières des bois où il se nourrit sur les fleurs de Ronces. Il lui arrive souvent de sortir des bois pour venir butiner des Buddleias dans les jardins. Dans le vallon de l Yzeron on observe exceptionnellement pour le Grand Lyon un individu d Azuré du serpolet (Maculinea arion), espèce protégée plus souvent observée dans les collines du Rhône, et un spécimen rare, Azuré des orpins (Scolitantides orion) également présent sur les pentes et balmes de la commune de Givors.

Les espèces protégées Azuré des orpins (Scolitantides) Nous avons déjà cité les espèces protégées que sont l Azuré du serpolet et la Bacchante. Mais il en existe une troisième sur le territoire du Grand Lyon, le Cuivré des marais (Lycaena dispar) dont le mâle, d un orange très intense, est l un des plus beaux papillons de notre faune. Vivant dans des milieux humides souvent modifiés par l homme, il se trouve contraint d essaimer le long des couloirs que sont les fossés ou les petits ruisseaux à la recherche d une prairie humide où la végétation se développe librement. Observée, quoique rarement, sur Miribel- Jonage, cette espèce répandue mais peu fréquente a également été vue, mais de manière inattendue sur la commune de Mions. Cuivré des marais (Lycaena dispar) Tristan (Aphantopus hyperantus)

Zoom territorial

L exemple du parc technologique de Saint-Priest Depuis 2010, en partenariat avec le Grand Lyon, la FRAPNA-Rhône réalise l inventaire des papillons de jours du parc technologique de la Porte des Alpes de Saint-Priest. Ce site aménagé dès le début des années 1990 en zone d activité s étend sur 140 hectares dont 50 % composés d espaces verts (pelouses, boisements avec 9 000 arbres plantés) pour lesquels la gestion, différenciée, est axée en faveur de la biodiversité (limitation des fauches, lutte biologique, respect des essences locales). On y trouve également quatre hectares de plans d eau, refuges importants aux portes de l agglomération pour les oiseaux et les libellules. Environ 25 espèces de papillons de jour sont désormais régulièrement observées lors des prospections annuelles. Si toutes les espèces banales et peu exigeantes sur le milieu qu elles fréquentent, sont bien présentes, des espèces plus typiques des grands espaces naturels de la région sont régulièrement observées comme le Gazé (Aporia crataegi), le Flambé (Iphiclides podalirius) ou le Demi-deuil (Melanargia galathea), s invitant sur les fleurs diverses de la Forêt de Feuilly ou dans les grands espaces herbeux et ensoleillés du mail central. Enfin, des espèces plus rares en limite septentrionale de répartition peuvent également s observer, sporadiquement, comme le Marbré de vert (Pontia daplidice). D autres encore, peu fréquentes dans le Rhône, s observent de façon très localisée sur certaines parcelles comme pour l Argus frêle (Cupido minimus) qui recherche l Anthyllide vulnéraire pour plante hôte. Les observations réalisées depuis maintenant cinq ans ont permis d affiner la gestion des différentes parcelles, notamment en intégrant la phénologie* des espèces les plus sensibles, afin de les préserver tout en permettant au maximum de biodiversité de se maintenir. *étude des phases de développements saisonniers des plantes liés aux climats Gazé (Aporia crataegi) Argus frêle (Cupido minimus)

Les espèces qui disparaissent La régression ou la disparition des espèces s expliquent par les changements climatiques mais principalement par les activités humaines. La modification radicale des sols (imperméabilisation, agriculture intensive, plantation massive de résineux...) ou l utilisation intensive de pesticides depuis un demi-siècle, font que les papillons, tout comme d autres espèces, ne peuvent plus exister dans des conditions qui leur sont hostiles. Au XIX e siècle, les très rares Azurés de la sanguisorbe (Maculinea telejus) et Azurés des paluds (Maculinea nausithous) étaient cités à Lyon même, «dans les prés de la Part-Dieu et de la Ferrandière»! Ce type de milieu humide à Sanguisorbes, extrêmement rare sur le territoire de l agglomération, a été entièrement et définitivement absorbé par l extension de la ville, entraînant avec lui la disparition de papillons rares. Plus récemment, en 1959, l Argus bleu-nacré (Lysandra coridon) était décrit comme volant par milliers dans les Monts d Or, et l Agreste (Hipparchia semele) était «très commun certaines années, et répandu partout». Depuis l année 2000, ces deux espèces des pelouses sèches ne sont connues chacune que par un individu sur le territoire du Grand Lyon. Leurs milieux étant encore présents en partie, là où les causes de ces régressions alarmantes ne sont pas toujours identifiées.

À retenir Le cortège des papillons diurnes observé sur le territoire ne peut pas être exhaustif mais se rapproche sans doute très fortement de la constitution actuelle de ce groupe. L évolution des milieux et du climat s accompagne de modifications dans la composition des peuplements faunistiques et floristiques, il ne fait donc nul doute que le nombre d espèces de papillons évoluera également, des espèces disparaissant peut-être alors que d autres, profitant de conditions climatiques plus douces, s étendront vers le nord. La diversité actuelle sur le territoire du Grand Lyon est, à l échelle du Rhône, importante puisqu on y retrouve environ 83 % des papillons diurnes du département, cette diversité étant à mettre en relation directe avec la conservation de milieux naturels remarquables sur le périmètre de l agglomération. Le maintien voire le retour des papillons en ville est du ressort de tous, du fait de l arrêt de l emploi des pesticides par les services municipaux d espaces verts, et la mise en place progressive de la gestion différenciée d espaces publics ou privés. Machaon (Papilio machaon) Thecla du bouleau (Thecla betulae)

Mieux protéger les papillons diurnes Que l on habite un appartement avec balcon ou une maison individuelle avec un jardin plus ou moins vaste, les petits gestes en faveur des papillons de jour et par conséquent de la biodiversité sont réalisables. La surface à consacrer aux papillons n est pourtant pas forcément très importante. Ce qui incombe, c est la diversité floristique que l on installe ou laisse venir. Lors de l aménagement d un refuge à papillons dans son propre jardin, il convient de garder à l esprit qu il est nécessaire d avoir des plantes nectarifères pouvant être butinées par les papillons adultes mais aussi et surtout des plantes nourricières des chenilles (reproduction) que l on oublie souvent. Dans un jardin, la liberté de plantation est illimitée, dans la mesure où l on bannit les espèces invasives susceptibles de se répandre dans les milieux alentours du type buddleia (arbre à papillons). On peut alors utiliser des plantes issues de la flore autochtone, souvent moins exubérante mais qui présente l intérêt d être parfaitement adaptée au climat et au sol local. Parmi les plantes nectarifères les plus fréquentées par les papillons de jour, on peut citer les plantes basses aromatiques : thyms, lavandes, menthes... Ces végétaux présentent l intérêt d être vivaces et rustiques et de fleurir sur de longues périodes. D autres vivaces ont aussi leur place au jardin dans la mesure où l on prend certaines précautions pour ne pas se voir envahir tant elles sont dynamiques. Il s agit notamment de l Eupatoire chanvrine, du Sureau yèble et de l Ortie dioïque. Les planter dans un pot enterré dans le sol suffit à les contenir durablement.

Pour les personnes qui possèdent de grands espaces, quelques arbres de grands développements comme les fruitiers (cerisier, prunier) ou le tilleul sont très attractifs et peuvent être implantés au jardin. Pour rendre ces végétaux les plus attractifs possible, il convient bien entendu de supprimer tout traitement chimique des végétaux, ce qui sera bénéfique à la biodiversité d une façon globale. De même, une surface de pelouse peut être laissée non tondue afin de laisser les espèces végétales fleurir et les éventuelles chenilles accomplir leur cycle de développement. Citron de Provence (Gonepterys cleopatra) D autres plantes basses, mais annuelles ou bisannuelles cette fois-ci peuvent aussi être utilisées dans les jardins d agrément pour leur plasticité et leur intérêt entomologique ; il s agit par exemple des pois de senteur, capucines, bourraches qui fleurissent une grande partie de la belle saison et fournissent un bon support de nourrissage pour les papillons. Concernant les arbustes et les lianes, les plantes présentant un fort intérêt pour les papillons sont par exemple les chèvrefeuilles, clématites sauvages, troène, sureau noir...

Document réalisé par la FRAPNA en partenariat avec le Grand Lyon Paon du jour (Inachis io) FRAPNA RHÔNE 22, rue Édouard Aynard 69100 Villeurbanne 04 37 47 88 57 (infos & sorties nature) nature-rhone@frapna.org www.frapna.org Rédaction : Frapna Rhône Coordination : Grand Lyon / Délégation générale au développement urbain Date : février 2014 Crédits photos : Ludovic Badoil / Henri Granjean / Tim Cowles / Geneviève Faucon / Didier Rousse / Yann Vasseur Emplacement Logo FSC Hôtel de communauté 20, rue du Lac BP 3103 69399 Lyon Cedex 03 04 78 63 40 40 www.grandlyon.com GRAND LYON - Mise en page : Médiacité - Ne pas jeter sur la voie publique - Imprimé sur papier recyclé. Allez observer les papillons dans la nature grâce à la Carte Nature du Grand Lyon