CRITERES DE JUGEMENT DU BON ENTRETIEN DES RESEAUX D ASSAINISSEMENT Le point au 6 septembre 2010 Le contrat de délégation du service public de l assainissement indique un taux de colmatage, ou une débitance, admissible dans les réseaux d assainissement, en fonction du diamètre de l ouvrage. Cette règle, convenue lors de l écriture du contrat en 1992, doit elle être remise en cause aujourd hui? Sur quelles bases, peut on définir un plan d entretien efficace des réseaux d assainissement? 1. Constat de l existant. A fin 2009, le linéaire du réseau d assainissement de la Communauté urbaine de Bordeaux s établit à 3860 km, se décomposant en 1754 km de collecteurs d eaux usées, de 1317 km de collecteurs d eaux pluviales et de 789 km de collecteurs unitaires. Sur ces 3860 km de réseaux, 281 km sont visitables et donc à curer manuellement, et 3579 km de collecteurs non visitables (inférieur à 1200 mm) et donc à entretenir par hydrocurage. Le nombre de branchements d assainissement s établit à 158 039 pour 711 459 habitants desservis. Le nombre de bouches d égout est de 41277. Pour l entretien de ce patrimoine, le délégataire a affecté en moyens matériel, 5 aspiratrices, 8 hydrocureurs, 1 ravitailleur, et en moyens humains, une quarantaine d agents. La politique d entretien du réseau et de ses accessoires est définie par le délégataire par rapport aux clauses du contrat (article 46). Article 46 - Entretien des canalisations Le fermier assure la surveillance, le bon fonctionnement et l entretien de l ensemble des ouvrages et canalisations constituant le réseau d assainissement. Outre la désobstruction immédiate des canalisations, il assure un curage régulier sur les bases suivantes : Collecteur inférieur ou égal à 800 mm Le curage sera déclanché dès que le niveau moyen de matière décantée dans le collecteur atteindra le tiers du diamètre jusqu au diamètre 300, le quart du diamètre au-delà, la hauteur étant mesurée au droits des regards de visites Collecteur supérieur à 800 mm ou d une hauteur supérieur à 800 mm L objectif général est d assurer, sur ces collecteurs : Les 9/10 ème de la débitance sur tous les tronçons sensibles ; Les 9/10 ème de la débitance sur le reste du réseau. Dans la pratique, on procédera aux curages nécessaires pour que la hauteur moyenne de dépôt par tronçon ne dépasse pas 1/10 ème de la hauteur dans les tronçons sensibles sans cependant pouvoir excéder en moyenne 40 cm 1/5 ème de la hauteur pour le reste du réseau - 1 -
Pour ce faire, le délégataire a élaboré un programme nommé VICR (Visite Inspection Curage Renouvellement) et il possède une banque de données de l état du réseau qu il renseigne à l issue des visites d inspection. Le délégataire cible ses interventions en préventif sur les points noirs du réseau afin de réduire son nombre d intervention en curatif, tout en augmentant le volume extrait : en 2003, 534m³ de matières extraites pour 356 km de réseaux curés et, en 2010, 1080 m³ de matières extraites pour 180 km de réseaux curés En partant de ces données, le délégataire a déterminé une centaine de points noirs d entretien (103 à fin 2009) sur le réseau, correspondant aux sites ayant nécessité 3 interventions d urgence de curage sur un même point, dans un délai de moins de 24 mois. Pour l année 2009, la gestion de ces points noirs a donné lieu à 320 interventions en préventif et représente 38 km de collecteurs curés. Le nombre de désobstruction est de 1782, comprenant, les interventions sur le réseaux, les branchements et les bouches d égout, soit un taux de 6.5 pour 1000 abonnés (indicateur ONEMA). - 2 -
Si certains points noirs sont justifiables par la configuration hydraulique ou structurelle, l optimisation des interventions de curage par le délégataire se résume à une action curative en intervenant en désobstruction, tout en évitant des débordements, sujets à pénalités, et en gestion de points noirs plutôt qu une politique d action préventive, beaucoup plus consommatrice en moyens humains. Concernant les bouches d égout, la politique d entretien du délégataire a évolué depuis 2003. Avant cette date, la totalité des bouches d égout était curée une fois par an et le volume extrait représentait environ 1260 m³/an soit 36,5 l/bouche d égout. Depuis cette date, la politique du délégataire consiste à prévisiter ces ouvrages et à curer que ceux qui le nécessitent. (en 2009 : 32408 bouches d égouts ont été visitées, 10565 ont été curées soit 26% du patrimoine pour un volume de 718 m³ et un ratio de 68 litres/ bouche d égout) Avec cette méthode, le nombre d intervention en urgence sur bouches d égout s est réduit de moitié depuis 2004. - 3 -
Un comparatif de données de l entretien annuel du réseau et des bouches d égouts avec d autres collectivités est décrit ci-dessous : Collectivités Gestion Patrimoine réseau en km Réseau curé en km % de réseau curé Points noirs /100km de réseau Patrimoine Bouches d égout BE nettoyées BE visitées Observations Clermont R 587 129 21.9% 0.7 n.r. 26700 n.r. - Ferrand Mulhouse D 757 75 9.9% n.r. n.r. n.r. Limoges R+D 1423 57 4.0% 0.28 n.r. n.r. n.r. CU Lille R 4345 292 6.7% 1.75 n.r. 82472 n.r. CU Lyon R 2800 244 8.7% 3.2 n.r. n.r. 55101 80% du réseau CU D 3860 180 4.7% 6.25 41277 10565 32408 Bordeaux Gestion : R = Régie D = Délégation n.r. : non renseigné est contrôlé pour l année soit 2182 km En fonction des types d exploitations et des différentes configurations du réseau (réseau unitaire majoritaire, faible ou forte pente du réseau), la politique de l entretien du réseau est souvent basée sur un contrôle permanent du réseau et un curage en fonction de son encrassement (voir l exemple de Lyon qui contrôle 80% de réseau par an et qui ne cure que 8.7 %). Par contre, une approche initiée entre le délégataire et la Communauté urbaine de Bordeaux, en traitant les sujets à la source pour lutter contre la problématique des sables et des graisses, permet de responsabiliser les divers acteurs. Deux actions ont été initiées en 2009 : - sur les sables issues du ravalement de façades, source importante d apport de sable dans le réseau (ex une façade de 400m² utilise 4 tonnes de sable que l on retrouve dans les bouches d égout puis dans le réseau) ; - sur les graisses issues des métiers de bouche, par un piégeage des graisses au niveau du restaurant ou du fabricant de produit alimentaire (traiteur, charcutier etc.). Une approche en partenariat avec les chambres de métiers et les mairies qui aident aux ravalements, permet de mettre en œuvre des sites pilotes et de vérifier leur efficacité, tant sur le plan fonctionnel que sur le plan économique 2. Les axes d amélioration Une cartographie précise, servant de relevé réel de colmatage ou de gestion de curage doit être mis à la disposition de tous les acteurs. L enjeu d un bon entretien de réseau est de diminuer le taux d encrassement dans les collecteurs, facteur d engorgement, de développement de gaz (H 2 S) et donc de détérioration de la structure du réseau, et dans les bouches d égouts, facteur d inondations. - 4 -
Une approche du curage peut être envisagé à partir de la condition d autocurage du tronçon de réseau concerné afin de déterminer les priorités de curage. Il existe 3 conditions d autocurage pour l établissement d un collecteur d eaux usées (à demi section, au débit moyen, au 2/10 de la hauteur) définis dans la circulaire 77-284/INT de 1977. En effet si ces conditions d autocurage ne sont pas satisfaisantes, l effluent aura tendance à décanter dans le collecteur et donc à augmenter l encrassement. Cela passe donc par une connaissance patrimoniale totale du réseau (cote radier) qui permet de déterminer les tronçons à risque (pente très faible, inférieur à 0.003 m/m). Cette application informatique est à développer. En se servant du programme VICR, le contrôle permanent sur le terrain doit être accentué. Un objectif annuel de linéaire de réseau et de bouches d égout à contrôler doit être défini afin de connaître et d optimiser les futures interventions d entretien. La démarche d un réseau de partenariat avec les différents professionnels permet de réduire à la source, les facteurs dégradants dans le réseau, et donc d intégrer dans chaque procédé de métiers, des solutions viables économiquement, évitant des rejets de matières dans le réseau. Une action pédagogique doit aussi mise en œuvre auprès des services municipaux de nettoyage de la voie publique afin d éviter de se servir des avaloirs comme des exutoires du balayage des caniveaux, source de colmatage de ces ouvrages. L idée de supprimer le mot de «TOUT A L EGOUT» de toute publication relative à l assainissement prend là, toute sa dimension. Les critères pour juger du bon entretien d un réseau doivent pouvoir s appuyer sur les indicateurs de l ONEMA soit le taux de désobstruction, le taux de renouvellement, le nombre de points noirs. - 5 -