Le territoire de Trémont se situe dans la partie sud du plateau barrois au sol argilo-calcaire. Son sous-sol se compose de roches calcaires très divisées et au dessus, des calcaires oolithiques stratifiées (petites concrétions formées de couches concentriques autour d'un noyau - débris, grains de sable, etc ). Le territoire de Trémont porte les vestiges de nombreuses carrières exploitées depuis fort longtemps jusqu'à la fin du 19 ème siècle, et situées aux quatre coins du finage. La pierre extraite de ces carrières était de diverses qualités. Les carriers de Trémont utilisaient-ils des wagonnets comme sur cette ancienne photo? Quelques outils utilisés dans les carrières
Au nord : au lieu dit le "Plat pied", les carrières sont anciennes et trois étaient encore en cours d'exploitation en 1851. Elles sont souterraines et ont environ 100 mètres de profondeur ; horizontalement avec plusieurs embranchements ; la largeur des galeries est d'environ 6 mètres et leur hauteur de 2 mètres. On y entre de plain-pied par une tranchée qui aboutit sur le chemin et elles n'ont d'autre issue que la porte d'entrée. Les carriers n'y pouvaient travailler qu'à la lampe. Cette pierre - la roche dolomitique - plus connue sous le nom de "pierre morte" est d'une taille facile. C'est un calcaire compact, légèrement verdâtre, à grains très fins. Ce calcaire est très hygrométrique ; il durcit à l'air au sortir de la carrière. Au toucher il est très lisse. On en fait des dalles - pavés pour "chambre à four" - des marches d'escaliers, des auges pour le bétail, des pierres à eau (évier aujourd'hui). Il ne contient pas de fossiles. En 1888, les propriétaires Messieurs TRICHOT et THIRION faisaient encore de petites fournitures.
Au Sud Ouest limite des territoires de Trémont et Ville-sur- Saulx et Lisle-en-Rigault Cette carrière était exploitée déjà il y a très longtemps. Il semblerait qu'une partie du Château des Comtes de Bar fut bâtie avec de la pierre de Trémont à partir du X siècle. Fin XIV, début XV siècle, sur les ordres de René II d'anjou, Duc de Lorraine et Duc de Bar, un mouvement de grands travaux fût mis en route au Château de Bar. C'est ainsi que fut entreprise la reconstruction de la collégiale St-Pierre - aussi St-Maxe - détruite en 1430. (Aujourd'hui St-Etienne à la Ville Haute). Les comptes des années 1486 1487 mentionnent en particulier de fréquents charrois de pierres et moellons en provenance des Carrières de Trémont, là où précisément les chanoines de St-Pierre semblent avoir pris les matériaux de leur église. C est avec les pierres et d autres de même nature sises au lieu dit voisin «Les Vieilles Carrières» que furent bâties l église de Trémont, plusieurs églises antiques des villages environnants et très vraisemblablement la cathédrale de Châlons-en-Champagne, les églises de Vitry-le-François, du Grand Mourmelon. Nota : Au XIII siècle pour la cathédrale de Châlons on utilise les pierres de Trémont parce qu elles ont un grain plus fin (donc sculptables) et sont plus blanches. (Archives de la Marne à Châlons). Les pierres et surtout celles provenant de la couche dite «Le banc mêlé» ont été utilisées en grande quantité pour la construction des écluses, acqueducs, ponts, etc lors de l édification du canal de la Marne au Rhin et de la construction du chemin de fer de l Est. La pierre était classée en 5 catégories : * Banc de fond : légère et compacte (acqueducs, etc ) * Le bancs de clous en raison des nœuds qui s y trouvent, pierre blanche à grains plats construction * Le banc mêlé : nuancé d ocre et de blanc * Le fin blanc : calcaire blanc construction (pierre de taille, etc ) * Le banc de croûte : calcaire gris moellons pour construction.
Au lieu dit les «Vieilles Carrières» on extrayait un calcaire très compact et très dense appelé «Pierre de roche» qui fournissait d excellents pavés et moellons. En 1856, 31 personnes travaillaient aux carrières. Au Nord-Est limite du territoire de Véel au lieu dit «Les minières». Des terrains renfermaient du minerai de fer. Le minerai, exploité jusqu au année 1870 alimentait en partie le haut fourneau de Pont sur Saulx. Nota : en 1857, le chemin rural dit de Govin fut rénové. Il est qualifié d important pour la desserte de la «mine de fer». Enfin au Nord-Est, au lieu dit «Aux Blanches Terres» à la limite des territoires de Beurey et Véel, une carrière dite «Carrière Bertaux». Elle fut exploitée jusque dans les années 1930. L extraction fut abandonnées car cette pierre très dure contient de nombreux coquillages et fossiles du genre «moule». Par ce défaut, sa taille est très difficile (dernière utilisation : soubassement de la maison pierrot). Les métiers comprenaient 3 sortes de travailleurs : les apprentis, les compagnons et les maîtres. Pour devenir apprenti ou compagnon, c'est-à-dire ouvrier, il fallait payer un droit d entrée ou bienvenue. Pour devenir maître, il fallait faire une œuvre qui sortait de l ordinaire ; et faire serment de travailler d une façon convenable et honnête, et, payer un droit assez élevé. Le maître ou doyen était chargé d assurer la police du métier. Il était respecté. Les Carrières de Trémont D après Tavernier
LES OUTILS DU CARRIER La technique d'extraction du Moyen Age va peu évoluer au XIX ème s. Mais les outils vont se perfectionner. Si l'on distingue le travail du carrier de celui du tailleur de pierre, il est normal que les instruments soient différents. De même seront différents ceux de l'ardoisier. Trois ordres d outils : a. Les coins sont de deux sortes. Les uns sont tranchants par leur extrémité inférieure : ils servent à pratiquer les entailles entre deux bancs de pierre. Les autres obtus et plus gros entrent à grands coups de mail (marteau) dans ces entailles. Les marteaux utilisés, différents de forme, prennent le nom de mails, mailloches, pics et massettes. b. Les barres de fer pèsent de 25 à 35 Kg. Après avoir introduit les coins, le carrier enfonce la barre de fer dans le vide créé par le coin: il pèse fortement sur l'extrémité de la barre, le bloc de pierre se sépare du filon. c. La mine est le moyen plus rapide et moins pénible d'extraire les blocs. Avec la barre à mine, on perfore dans la pierre un trou de un mètre de profondeur. On introduit 2cm de poudre noire, puis la mèche jusqu'au fond avec une pince à embout de cuivre (pour éviter les étincelles), et on rajoute dix cm. de poudre. Pour obturer le trou, on tasse un coulis de plâtre ou de l'ardoise en poudre. L'allumage de la mèche va provoquer l'explosion et la projection du bloc, détaché du filon. 2) LES OUTILS DU TAILLEUR DE PIERRE a. Les marteaux : Pour faire sauter les éclats de pierre, pour creuser des sillons, les marteaux ont des formes différentes. Leur masse en fer présente, soit un redent (double saillant), soit un côté étroit tranchant uni, l'autre côté étant denté, soit deux pointes pour la pierre dure. b. Les pinces : Longues ou courtes, elles servent de levier pour soulever les blocs. Elles ont une moitié de tige ronde, l'autre moitié carrée passe sous la pierre. Le fer de tire-terre ressemble à une pioche : il sert à dégager les terres qui cachent et entourent le filon à exploiter. c. Les ciseaux : Ils sont de toutes grandeurs. Pour les pousser sur la pierre, on tape avec le maillet. Pour les moulures fines, les diverses bouchardes font un travail de précision. d. Autres matériels : Pour lever les blocs pesants, le cric est utile : il permet de glisser des rouleaux de fer sous le bloc que l'on peut déplacer par simple poussée quand il pèse peu. Pour déplacer un bloc trop lourd, il faut s'aider de leviers que l'on engage dans des trous creusés dans le rouleau.