Investissements étrangers dans les terres agricoles d Afrique : incidence sur le développement du secteur rural et la réduction de la pauvreté



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Transcription:

Numéro 2 Avril 2009 Investissements étrangers dans les terres agricoles d Afrique : incidence sur le développement du secteur rural et la réduction de la pauvreté Synthèse de recherche Vincent Castel et Abdul Kamara Département de la recherche sur le développement Banque africaine de développement Synthèse nº 2, avril 2009 1

Introduction Les cours mondiaux du pétrole et des produits alimentaires ont flambé en 2007 et au début de 2008, atteignant leur plus haut niveau au milieu de 2008. Malgré l effondrement des prix des matières premières pendant la seconde moitié de 2008, la crise des produits pétroliers et alimentaires semble avoir suscité l intérêt des investisseurs pour le secteur agricole africain. Ce nouvel intérêt est particulièrement orienté vers l acquisition (achat ou location) de terres agricoles. La nouveauté dans ce phénomène est la participation directe de l État, aux côtés de l acquéreur comme du vendeur, à ces transactions qui peuvent porter sur des surfaces aussi vastes que 1,3 million d hectares, soit la moitié des terres arables de Madagascar 1 (Cropley, 2009 ; Feon. Ny Tantsaha, 2008 ; Wroughton, 2009). Cette tendance est largement répandue, non seulement en Afrique, mais également dans d autres parties du monde en développement, à l instar du Pakistan (ONU, 2009) (tableau 1). Il est indispensable de comprendre l origine et les motivations de ces investisseurs étrangers, ainsi que les implications du phénomène pour l avenir de l agriculture en Afrique. Origine et motivations des investisseurs Trois principaux motifs sous-tendent ces investissements. Premièrement, les investisseurs sont attirés par l accroissement et la transformation de la demande de denrées alimentaires, d engrais et de biocarburants qui sont susceptibles de perdurer si les prix du pétrole se maintiennent à des niveaux historiques. Deuxièmement, en raison de leur raréfaction, les terres agricoles ont de plus en plus de valeur et l Afrique est le seul continent qui possède encore d immenses surfaces agricoles inexploitées et offrant un potentiel d intensification et d extensification. Au niveau mondial, en 2007, la valeur des terres agricoles s est accrue d environ 16 % au Brésil, 31 % en Pologne et 15 % dans les États du Midwest des États-Unis (Von Braun, 2008). Une évolution similaire des prix n a pas été observée en Afrique. Troisièmement, les gouvernements des pays ne possédant pas assez de terres et d eau pour nourrir leur population investissent dans ce secteur afin de pourvoir à ses besoins alimentaires. Plusieurs États du monde sont engagés dans ce type d investissement, y compris l Arabie saoudite, la Chine, la Corée, les Émirats arabes unis (EAU), l Inde, le Japon et la Libye. Par exemple, le responsable de la Banque d import-export de Chine a invité les agriculteurs chinois à se rendre en Afrique pour exploiter les perspectives qu offre l agro-industrie. Cela a abouti à l émergence de villages «Baoding» 2 dans de nombreux pays africains, dont le Kenya, le Nigeria, le Soudan et la Zambie, qui abritent 400 à 2000 fermiers chinois (Coonan, 2008 ; Bristow, 2007). 1 Les négociations relatives à la concession ont avorté en 2009. 2 Les villages «Baoding» sont des villages chinois en Afrique, d après la ville natale de leur promoteur, M. Liu, le responsable du Bureau du commerce extérieur de la province chinoise de Hebei en 1998.

Tableau 1 : Investissements étrangers dans les terres agricoles pour un certain nombre de pays africains Pays Madagascar Soudan Tanzanie Mozambique Éthiopie Investisseur(s) Daewoo Logistics Pays d origine Corée du Sud Objectifs Production de denrées alimentaires pour réduire la dépendance de l Asie aux importations des États-Unis et de l Amérique du Sud Surface 1,3 millions ha (négociations avortées) Hail Agricultural Arabie Production alimentaire 9200 ha Development Saoudite Jarch Capital États-Unis 400 000 ha Culture de luzerne (utilisé pour la Gouvernement des production de fourrage) et peut-être de EAU 28 000 ha EAU maïs, de haricots et de pommes de terre Gouvernement des EAU CAMS Group (société de production d électricité) EAU Royaume- Uni Possède plusieurs fermes dans plusieurs régions du Soudan, dont l une spécialisée dans la culture de blé et de maïs Produit 240 millions de litres d éthanol par an à partir du sorgho sucrier Sekab Suède Production de biocarburant Sun Biofuels Royaume- Uni Production de biocarburant (Jatropha) Sekab Suède Production de biocarburant 17 000 ha 45 000 ha Établissement de plantations au cours des 10 à 15 prochaines années 5 500 ha 100 000 ha (en cours de négociation) Sun Biofuels Royaume- Sun Biofuels Production de biocarburant (Jatropha) Uni Flora EcoPower Allemagne Production de biocarburant 13 000 ha Tendaho Sugar Agriculture, horticulture et plantations Enterprise Inde de sucre Royaume- Uni Production de biocarburant (Jatropha) Angola Dole Food Co et États-Unis Industrie bananière (en cours de négociation) Chiquita Brands Odebrecht Brésil Production de sucre et d éthanol (en cours de négociation) Ouganda Russie Production de biocarburant (Jatropha) Nigeria, Kenya, Sénégal, Soudan, Ouganda, Zambie Chine Établissement de «villages Baoding» Sources : Cropley, 2009 ; Salmon, 2009 ; Clavreul, 2009 ; Baudet et Clavreul, 2009 ; Feon.Ny Tantsaha, 2008 ; Coonan, 2008 ; Bristow, 2007 ; Baguma, 2009 ; ONU, 2009. Incidence sur l agriculture en Afrique Ces investissements sont potentiellement bénéfiques pour les économies africaines. Ils accroissent la production et créent des emplois, en particulier pour les populations rurales. Une bonne partie des terres cultivables en Afrique demeure inexploitée, même si 3

bon nombre de pays du continent sont incapables de faire face aux dépenses liées à l importation de denrées alimentaires. Les systèmes de production agricole des pays africains ont besoin d être intensifiés. L Afrique subsaharienne enregistre la plus faible production de lait et de viande par animal (6,8 kg de viande et 24,8 kg de lait par animal et par an dans le système mixte des hautes terres), la plus vaste surface de terre cultivée par tracteur, à savoir 773,8 ha/tracteur (contre 58 au niveau mondial), le plus faible volume d engrais utilisé, soit 11,1 kg/ha (contre 89,6 au niveau mondial) et la plus faible proportion de surface irriguée (3,7 % de l ensemble des terres cultivées, contre 17,9 % à l échelle mondiale) (FAO, 2008 ; NEPAD, 2002 ; Otte et Chilonda, 2002). Elle affiche également la plus faible production des principales céréales, soit près d un tiers de la moyenne mondiale. Au regard de ces piètres performances, les investissements étrangers pourraient contribuer à redynamiser l Agriculture en Afrique. Ils seraient avantageux pour les agriculteurs locaux, en leur donnant accès aux technologies et opportunités de marché et en leur permettant de bénéficier d une expérience étrangère. Pour preuve, les villages «Baoding» emploient autant de ressortissants du pays concerné que de Chinois pour s assurer le soutien des populations locales. Ces investissements constituent donc une source d emplois, de recettes publiques et de devises. Malgré ces avantages potentiels, des préoccupations subsistent. Par exemple, l acquisition de terres pourrait compromettre les efforts de réduction de la pauvreté et d amélioration de la sécurité alimentaire en Afrique. Tout d abord, il convient de noter que ces investissements sont essentiellement axés sur le marché et ne contribuent pas forcément à la réalisation des objectifs en matière de sécurité alimentaire. Cela s applique particulièrement aux projets de production de biocarburants et aux cultures exclusivement destinées à l exportation. En outre, les populations locales pourraient ne pas bénéficier d un transfert de technologies, car celles-ci ne correspondent pas au niveau et à la nature des systèmes de production qu ils utilisent. Par ailleurs, les accords sont parfois conclus sans aucune transparence et sans que le parlement et la société civile soient consultés. Enfin, l acquisition de terres s accompagne souvent de l éviction des agriculteurs locaux, moyennant des indemnisations insuffisantes. Ces effets négatifs pourraient, à terme, accroître l insécurité alimentaire et la pauvreté rurale. Par exemple, dans les zones de pâturage du Kenya, du Soudan et de la Tanzanie, les bergers pourraient perdre leurs pâturages saisonniers au profit des investisseurs, ce qui représenterait une menace pour leur bétail et l ensemble de leurs activités. Ce risque est exacerbé par la précarité des modes de faire-valoir pratiqués en Afrique, où les producteurs ne sont pas propriétaires fonciers. À Madagascar par exemple, seuls 15 % des parcelles de terrains sont titrés. Près de 49 % des agriculteurs ignorent les procédures de délivrance de titres de propriété (Feon.Ny Tantsaha, 2008). Dans de telles circonstances, les populations rurales n ont pas de véritable recours juridique en cas d expropriation. Conclusion Bien que l investissement étranger offre des perspectives de partenariat commercial et de transferts de technologies, il est susceptible de compromettre les moyens de survie des plus pauvres, notamment en accroissant l insécurité alimentaire. Il risque en outre d engendrer des problèmes dans les localités essentiellement peuplées d agriculteurs, comme cela a été le cas à Madagascar. Dans ce contexte, il convient d évoquer l exemple

de l Amérique centrale. Au XIX e siècle, alors que le secteur du café était en plein essor, la privatisation des terres de régime coutumier a rapidement entraîné une concentration des terres qui a débouché sur des décennies de conflits et de guerres civiles, avec de graves conséquences sur le développement de la région (Songwe et Deininger, 2009). Les gouvernements africains doivent adopter des réglementations et des mécanismes appropriés afin de tirer parti des investissements étrangers dans les terres agricoles tout en préservant les moyens de subsistance et les intérêts des populations locales. Références 1. Baguma, 2009. «New Investments to Create 13,000 Jobs.» The New Vision, lundi 6 avril 2009. http://www.newvision.co.ug/d/8/12/677206 2. Baudet M.-B. et Clavreul L., 2009. «Les terres agricoles, de plus en plus convoitées». Le Monde - 14.04.09 3. Bristow, 2007. «China in Africa: Developing Ties». BBC news, jeudi 29 novembre. http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7118941.stm 4. Clavreul L., 2009. «Au Mali, les nouvelles Mises en culture bénéficient surtout aux investisseurs libyens». Le Monde, 15 avril. http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/04/15/securite-alimentaire-2-5-au-mali- les-nouvelles-mises-en-culture-beneficient-surtout-aux-investisseurs- Libyens_1180879_3244.html 5. Coonan C., 2008. «China s New Export: Farmers.» The independent. Monday, 29 December. http://www.independent.co.uk/news/world/asia/chinas-new-export-farmers- 1215001.html 6. Cropley Ed, 2009. «Daewoo Finds African Land is a Risky Business.» Reuters, vendredi 20 mars 2009 8h 00 EDT - African Investment Correspondent. http://www.reuters.com/article/marketnews/iduslj18138720090320 7. FAO, 2008. «Current World Fertilizer Trends and Outlook to 2011/12.» Organisation des Nations Unies pour l alimentation et l agriculture, Rome, 2008. 8. Feon.Ny Tantsaha, 2008. «Foncier: l affaire des 1,3 million d hectare de terrain à Madagascar». Bulletin d Information du Syndicat des Organisations Agricoles, Mouvement Paysan Madagascar. N 10 4 ème trimestre 2008. http://www.landcoalition.org/pdf/09_mouvement_paysan_n_10.pdf 9. NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l Afrique), 2002. Comprehensive Africa Agriculture Development Programme, novembre, 86 pages. 10. Otte M.J. et P. Chilonda, 2002. «Cattle and Small Ruminant Production Systems in sub-saharan Africa - A Systematic Review». Livestock Information Sector Analysis and Policy Branch, Département de l agricultre de la FAO. 11. Salmon F., 2009. «Fact Box: Foreign Forays into African Farming». Reuters, vendredi 20 mars 2009, 7 h 58 EDT. http://www.reuters.com/article/marketsnews/iduslk10422520090320 12. Songwe V. et Deininger K., 2009. «Foreign Investment in Agricultural Production: Opportunities and Challenges». Notes Agriculture and Rural Development - Land Policy and Administration. Numéro 45, janvier 2009. Banque mondiale. 5

http://www.landcoalition.org/pdf/08_note45.pdf 13. ONU, 2009. Conférence de presse dans le cadre du dialogue thématique de l Assemblée générale, sur le thème «Global Food Crisis and the Right to Food». Département de l information, Division de médias, New York, 6 avril. http://www.un.org/news/briefings/docs/2009/090406_ga.doc.htm 14. Von Braun J., 2008. «Food and Financial Crises: Implications for Agriculture and the Poor». Rapport préparé en vue de l assemblée annuelle du CGIAR Maputo, Mozambique, décembre 2008. http://www.ifpri.org/pubs/agm08/jvb/jvbagm2008.pdf 15. Wroughton L., 2009. Agri-investments Must Help, not Hurt: World Bank. Reuters, jeudi 19 mars 2009. http://www.reuters.com/article/summitnews/idustre52i82k20090319

Les commentaires et les suggestions peuvent être envoyés à : Léonce Ndikumana Abdul B. Kamara Département de la recherche sur le développement Banque Africaine de développement BP 323, 1002 Tunis Belvedere, Tunisie Tel.: +216 71 102 876 Fax: +216 71 103 779 E-mail: economic-research@afdb.org Web: www.afdb.org Les opinions exprimées dans les synthèses de recherche sur le développement sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement celles de la Banque africaine de développement, des Conseils des Gouverneurs et des administrateurs ou des pays qu ils représentent. Vincent Castel et Abdul Kamara sont respectivement économiste de recherche et Chef de la division de la recherche dans le département de recherche sur le développement, BAD.