Schweppes la pétillante, star dans son quartier. Je suis une petite créole guadeloupéenne. J ai été trouvée sur la Basse-Terre, à Petit Bourg plus précisément. J avais trois mois à peine. Une bonne fée m a ramassée et sécurisée chez elle. Elle disait que j étais une belle petite chienne, gentille, joueuse et aussi pétillante que la boisson qui porte mon nom. Je crois bien que c est elle qui m a baptisée d ailleurs. Elle a pris soin de moi avant de me préparer pour le grand voyage vers la métropole. Elle m a expliqué que je trouverais de bons maîtres là-bas, que le bonheur serait à l arrivée. Ce fut presque le cas. Je suis d abord allée dans un refuge, mais je n y suis pas restée longtemps. Une douzaine de jours après, je rencontrais ma maîtresse. En effet, l association organisait un week-end d adoptions, place de la République à Paris. C était tout près de chez une dame qui tenait un restaurant et voulait un chien de garde. Cette dame se rendit donc à pied à l ouverture, avec une voisine, il n y avait pas grand monde, une personne l invita à aller voir les chiens proposés à l adoption. Elle refusa d abord en expliquant qu elle voulait simplement un chien sympa, peu importe son âge, peu importe sa bouille. Mais elle dut malgré tout se résoudre à faire le tour des cages, bien mal à l aise de nous découvrir à tour de rôle. Et soudain elle vit un «truc» au fond d une cage, tout peureux, tout maigrichon. Sur la fiche c était marqué «Schweppes, berger créole». Le prénom lui plut beaucoup, elle pensa que pour un resto, c était sûrement un signe. Ce «truc» vous l aurez compris, c était moi! Quand elle apprit que j étais une petite femelle, elle déchanta aussitôt, elle voulait un mâle et pas une jolie demoiselle qui attirerait tous les chiens du quartier. Mais la
personne du refuge lui expliqua que j étais stérilisée, donc il n y aurait aucun souci, que je venais de Guadeloupe après avoir été plus de deux mois dans une famille d accueil, que les chiens noirs avaient moins de chance d être adoptés etc etc Tout en discutant, la dame s était baissée et je m étais aussitôt dirigée vers elle, toute tremblante. Quand ma cage fut ouverte, elle me fit de gros câlins et décida aussitôt de signer les papiers d adoption. J eus alors une des plus grosses frayeurs de ma vie! Je me suis retrouvée en laisse, Place de la République à Paris, pour ceux qui connaissent il y a de quoi être paniquée! Puis dans des grandes rues avec beaucoup de circulation, beaucoup de monde, beaucoup de bruit, je ne voulais pas avancer. La voisine qui avait accompagné ma maîtresse, oui c était désormais ma maîtresse, passa devant et toutes les deux accroupies réussirent tant bien que mal à m amener jusqu au restaurant. On mit trois quarts d heure pour y arriver alors qu il ne faut que cinq minutes habituellement. Il y avait deux chiens dans l immeuble, elles décidèrent aussitôt de me les présenter. Et là je me suis mise à jouer avec eux comme une petite folle. Je retrouvais des congénères, je me sentais moins perdue. J ai une sacrée chance, je suis avec ma maîtresse 24 h sur 24!! Je travaille avec elle du matin au soir, oui je dis bien je travaille! Je garde le restaurant et je grogne sur tout être humain suspect. Mais je sais aussi être un ange. Le matin, je reconnais que j ai beaucoup de mal à démarrer. Je suis une grosse dormeuse et il faut me secouer. Le jour que je préfère est le samedi matin, car on dort jusqu à midi généralement. Et ma maîtresse doit me réveiller sinon je ne sais pas jusqu à quelle heure je resterais au lit. Tous les après-midis on marche une heure, après le service du midi. On parcourt les rues du quartier.
J ai mis un peu de temps à me faire à la circulation en plein Paris, toute cette agitation me faisait peur, mais maintenant c est moi qui dirige la promenade, c est moi qui décide de l endroit où je veux aller. Je vais selon mon humeur. J aime bien me balader mais parfois je trouve qu il fait trop froid à Paris et je ne veux pas mettre une patte dehors. Ma maîtresse me met alors un pull à col roulé. Je frime avec!! Et un bonnet aussi! Je suis devenue la star du quartier, tout le monde me connaît maintenant et dans l immeuble où on habite, je ne vous dis pas!! Une vraie princesse!! Ma maîtresse d ailleurs ne m achète jamais rien car les voisins et les clients me comblent de cadeaux. Je ne vous dis pas combien entrent dans le restaurant en me disant bonjour en premier!
Je me suis fait un copain, créole lui aussi, je ne sais pas d où il vient par contre. Il s appelle Mouche. Habituée aux bonnes odeurs dans le restaurant, je suis devenue gourmande. Je ne mange jamais de croquettes, j ai droit à ma petite gamelle, faite maison et une petite madeleine le soir avant de me coucher. Je suis gâtée je le reconnais. Je suis toujours collée à ma maîtresse, si elle est sur son ordinateur en train de faire ses papiers, je me mets derrière elle. Et quand je sens qu elle n est pas bien, je reste littéralement scotchée à elle. Au début je lui mordillais les chevilles et les jambes, elle avait plein de bleus. Elle a fait preuve de beaucoup de patience avec moi, ce n est pas habituel chez elle. Je me suis beaucoup calmée en grandissant mais je joue et me défoule avec elle encore de temps en temps. Je ne néglige pas ma fée de Guadeloupe, je lui donne régulièrement des nouvelles et je sais qu elle est super heureuse d en avoir. Je suis une parisienne désormais mais je n oublie pas d où je viens.
Ecrit par Mabel et Stéphanie