Les littoraux Mise à niveau Attention, les littoraux constituent une limite à notre sujet «Mers et océans». Ils sont parfois inclus dans les espaces concernés par cette question (ex : les ports), parfois hors-sujet! Laurent Porcheret Maître de conférences en géographie Université de Paris-Sorbonne - ESPE de Paris
Attention, les littoraux constituent une limite à notre sujet «Mers et océans». Ils sont parfois inclus dans les espaces concernés par cette question (ex : les ports), parfois hors-sujet! Plan du cours : I Introduction et généralités II Les côtes basses III Les côtes hautes
I - Introduction et généralités Un littoral = Interface entre la terre et la mer (et l atmosphère). Le niveau actuel des mers et des océans est le résultat de la dernière transgression flandrienne (donc postérieure à la dernière glaciation würmienne). Le niveau actuel date d environ 5000 à 6000 ans. Le plateau continental = C est le prolongement du continent sous la surface de la mer. Une transgression marine = Remontée du niveau des océans et des mers, lié au réchauffement du climat (fonte des glaciers et de la banquise, hausse des précipitations à certaines latitudes). Une régression marine = Baisse du niveau des océans et des mers, lié au refroidissement du climat (extension des glaciers, de la banquise et diminution des précipitations à certaines latitudes.
Un estran = Espace alternativement découvert par la marée (indiqué par des figurés bleus clairs sur la carte topographique et en vert sur la carte marine), c'est-à-dire entre le trait de côte et le niveau le plus bas des très basses mers à fort coefficient (proche de 120). L'estran est fonction du relief littoral, de la mer et du coefficient de marée. Le marnage = Différence de niveau entre la très basse et la très haute mer. Le marnage est fonction du relief littoral, de la mer et du coefficient. Estran Marnage Marée haute Marée basse + le littoral est abrupt, + l estran est limité à marnage équivalent => Des usages et des aménagements différents
La bathymétrie Une isobathe = Sonde = Ligne imaginaire reliant des points de même profondeur marine, lacustre ou fluviale. Courbe bleue (sur carte topo) représentant les niveaux de profondeur de la mer et donc le relief immergé. Le 0 mètre bathymétrique sur les cartes marines est voisin du niveau des plus basses mers astronomiques (coef 120). Le 0 mètre d'altitude (en bistre sur les cartes topographiques) correspond à l'altitude moyenne du niveau de la mer dans le port de Marseille.
Les marées La marée désigne le processus de variation des hauteurs d'eau des mers et des océans, accompagnée d'un mouvement montant (flux ou flot) puis descendant (reflux ou jusant). Elle est causée par l'effet conjugué des forces de gravitation dûes à la Lune, au Soleil et à la rotation de la Terre. Marée haute : Niveau d eau le plus élevé Marée basse : Niveau d eau le plus bas Fonction du coefficient de marée (20-120) : morteseaux - vives-eaux Peu sensibles en Méditerranée (environ 40 cm de marnage), les variations régulières du niveau de la mer sont plus importantes sur la façade Atlantique et en Manche où elles peuvent dépasser les 10 mètres (jusqu'à 14 mètres en baie du Mont-Saint-Michel)! => Navigation plus dangereuse
II Les côtes basses Une côte basse = côte d accumulation, généralement de faible énergie. Côte dont le matériel est issu des continents, principalement des alluvions fluviaux, mais plus rarement de matériaux issus de l'érosion côtière. Ces accumulations ont été remobilisées lors de la dernière transgression marine, et le sont encore par la dérive littorale, la houle et les marées. Il existe deux types de côtes basses : 1 Les marais littoraux (non soumis à la houle) 2 Les côtes basses soumises à la houle
1 Les marais littoraux (non soumis à la houle) Un marais littoral = une vasière = Zone de sédimentation vaseuse non soumise à la houle. Il s agit en général de baies profondes ou de berges d estuaires abritées de la houle. Il peut s agir aussi de la partie intérieure de deltas. La Camargue
La sédimentation des marais littoraux (vasières) s effectue sur l estran. On y distingue deux parties différentes : - La slikke = La vasière proprement dite = La partie basse du marais recouverte par la marée haute toute l année. La sédimentation y est maximale. - Le schorre = L herbu = la partie la plus haute du marais, c est-à-dire la plus proche de la terre ferme, recouverte seulement par les plus hautes eaux en période de fort coefficient (vives eaux) ou lors des tempêtes. Il forme un espace constitué de vase séchée, colonisé par une végétation halophile, soumis aux embruns. Il est souvent utilisé comme pâturage (ex : Les prés salés du Mont Saint-Michel / moutons). La toponymie reflète la difficulté d évacuer les eaux en cas de forte marée car le schorre est souvent incliné vers la terre ferme par tassement : Les "marais mouillés" dans l Ouest, les "bas champs" en Picardie, les "moers" en Flandre, etc..
Les estuaires : Un estuaire = Embouchure d'un fleuve ou d'un cours d'eau, plus ou moins évasée et souvent bordée de marais. L'estuaire est la portion de l'embouchure d'un fleuve où l'effet de la mer ou de l'océan dans lequel il se jette est perceptible (salinité et marées). = Interface privilégiée par les sociétés (densités humaines et aménagements) Le mascaret : phénomène de brusque surélévation de l'eau d'un fleuve ou d'un estuaire provoquée par l'onde de la marée montante lors des grandes marées. Il se produit dans l'embouchure et le cours inférieur de certains fleuves lorsque leur courant est contrarié par le flux de la marée montante. Ex : La Dordogne Un poulier = Flèche littorale courbe barrant l'ouverture d'un estuaire. Un musoir = Berge érodée en face du poulier à l'embouchure d'un estuaire.
2 Les côtes basses soumises à la houle Côte d'accumulation soumise à la houle et à la dérive littorale. C'est donc une côte qui reçoit des apports de sable, de graviers ou de galets. On les trouve : - Dans la partie aval ou à proximité des estuaires (ex : Côte fleurie en Normandie) et des deltas (Camargue), - au contact de la houle et de la dérive littorale sur des cotes relativement rectilignes - mais aussi dans les rentrants des côtes rocheuses (plages bretonnes La dérive littorale = courant parallèle à la côte, provoqué par le contact houle/littoral.
Ces accumulations et ces érosions de matériaux remobilisés par la houle et la dérive littorale produisent des formes particulières : Les deltas : Un delta = Embouchure d'un fleuve ou les alluvions fluviatiles s accumulent (au lieu d être redistribuées en majorité sur une grande étendue par les vagues et les courants littoraux). Ex : le Delta du Rhône Un delta se caractérise par une avancée de la terre sur la mer et prend la forme d un triangle (d où son nom). Dans la plupart des cas, le cours d eau se subdivisent en défluents au niveau de l apex. => Souvent fortes densités et nombreux aménagements
Des plages et des grèves : - Une plage = Accumulation en situation littorale de matériaux grossiers (sables et graviers). - Une grève = Plage de galets. - Trait de côte = Limite des parties émergées et immergées de la plage. => espaces privilégiés par le tourisme
Des côtes à lidos : - Une flèche littorale = Accumulation de sable, de forme allongée, dans le sens de la houle dominante et rattachée au continent par une racine qui tend à être érodée par la dérive littorale. Un cordon littoral = Un lido = Accumulation sableuse enracinée à ses deux extrémités. = Dédoublement de la côte en terme d aménagements - Un tombolo = Flèche littorale rattachant une île ou un îlot au littoral. L ensemble donne une presqu'île. - Une lagune = Etendue d'eau salée ou saumâtre isolée de la mer par un cordon littoral. - Un grau = Passe naturelle ou anthropique permettant le passage de l'eau entre la lagune et la pleine mer. => Longtemps répulsives, voire paludiques. Aujourd hui très densément peuplées et amanénagées.
Des côtes dunaires : - Une côte dunaire = Côte présentant une succession de dunes. - Une dune = Accumulation sableuse sur la partie émergée de la plage (ex : Dune du Pyla en Gascogne dont la hauteur dépasse les 100 m). - Une dune vive = Dune encore soumise au vent (le versant soumis au vent est le plus abrupt). - Une barkhane = Dune ventrue en forme de croissant avec les pointes tournées au vent. - Une parabole = Dune effilée en forme de croissant avec les pointes tournées sous le vent. - Une dune morte = Dune non soumise au vent car fixée par la végétation.
III Les côtes hautes Les côtes hautes = Côtes d'ablation, donc à évolution plus lente que les côtes basses d'accumulation. Il existe deux types de côtes hautes : 1 Les côtes à falaises 2 Les côtes rocheuses
1 Les côtes à falaises - Une falaise = Talus en général non ou peu recouvert de végétation, très abrupt, essentiellement créé par l'érosion marine, souvent précédé d'une plateforme d'érosion marine liée au recul de la falaise. - Une falaise vive = Falaise encore battue par la mer. - Une falaise morte = Falaise qui n'est plus en contact avec la mer (existence d'une côte d'accumulation entre la falaise et la mer). - Une plateforme d'érosion marine = plateforme maritime liée au recul d'une falaise. Elle est liée à l'érosion de la falaise qui la surplombe et à l'accumulation des matériaux qui en sont issus. => Côte difficile d accès = frontière relativement fermée entre terre et mer
2 Les côtes rocheuses Une côte rocheuse = Côte présentant des talus relativement abrupts, parfois séparés de la mer par des plages, qui sont le fait de roches cristallines ou de littoraux de chaînes de montagnes récentes. Les côtes rocheuses présentent une succession de : - rentrants de tailles variables - saillants de tailles variables => Nombreux abris, ports, villages de pêcheurs, etc
Les saillants : - Une péninsule = Saillant de grande taille. - Un cap = Saillant de taille moyenne. - Une pointe = Saillant de petite taille
Les rentrants : - Un golfe = Rentrant de grande taille. - Un baie = Rentrant de moindre taille. - Une anse = Rentrant arrondi de petite taille - Une crique = Rentrant étroit de petite taille
Des formes particulières : - Une ria = Vallée fluviale en partie ou totalement ennoyée par la mer qui a parfois la forme d'une baie très allongée (aber en Bretagne). - Une calanque = Baie profonde ennoyée par la mer, étroite, aux versants souvent abrupts, qui se termine en cul-de-sac. A l'origine elle n'existe que dans le calcaire (exemple de la côte près de Marseille) puis le terme a subi une extension. - Une vallée ennoyée = Vallée inscrite dans le plateau continental, ennoyée après la dernière transgression marine.
Le droit à la mer