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Transcription:

Midis du GFII 10 e invité Henri Verdier, Président du Pôle de Compétitivité Cap Digital Synthèse de la rencontre du 19 décembre 2012 Rémi Bilbault, Président du GFII, a accueilli Henri Verdier, en rappelant son parcours. Henri Verdier est le Président de Cap Digital. Entrepreneur engagé dans les "big data", cofondateur de #datatuesday, il est également l'auteur d'un livre, L'Age de la multitude, qui analyse l'économie numérique à travers l'économie des plateformes et s'achève par un vibrant plaidoyer en faveur du "government as a platform". Le Premier ministre a annoncé le 6 décembre qu'il confiait à Henri Verdier, à partir du 14 janvier prochain, la direction d'etalab : le service en charge de l'ouverture des données publiques, responsable notamment du portail data.gouv.fr. Henri Verdier a commencé son intervention en rappelant que le numérique est l aventure de notre génération, une aventure fascinante, dont les conséquences sont au moins équivalentes à celles de la révolution industrielle. La révolution industrielle a ainsi modifié les principes de gouvernance de l état et des entreprises, mais également influencé l école imaginée par Jules Ferry. Cap Digital Cap Digital est né de l idée qu il ne peut y avoir de puissance industrielle numérique durable en France sans un écosystème diversifié des contenus, des services, de l informatique et des télécoms. La diversité des acteurs implantés en Île-de-France a permis de créer un vrai bassin des industries numériques dans la région, comparable aux autres pôles industriels français tels l aérospatiale à Toulouse. Créé sous la forme d une association loi 1901, le pôle de compétitivité rassemble des grandes entreprises, des PMI/PME, des établissements de recherche publics et privés, et la région. Il compte aujourd hui 700 adhérents et emploie 25 personnes ; ses positions sont entendues par les pouvoirs publics. Dès sa naissance, Cap Digital s est intéressé à l industrie culturelle (cinéma, presse, jeux vidéos ) à l éducation, au monde des données (data mining, sémantique ), à la robotique, aux objets communicants, et à la santé. La réalité augmentée, les services analytiques (mining) sont aujourd hui un axe de développement majeur pour le Pôle. Il y a aussi un besoin d innovation important dans le domaine des Interfaces Hommes-Machines (IHM). Il faut renouveler l expérience utilisateur par le design, le travail sur l ergonomie et l apport des principes de co-création. Le pôle de compétitivité est financé par l'etat et la Région. Il dispose de budgets pour financer des projets de recherche publics et privés portés par ses membres. Les adhérents reçoivent 60 millions d'euros d'aides. Le Pôle joue un rôle de fertilisation, d animation de l écosystème mais aussi de conseil et de fléchage pour ses membres. Cap Digital dispose de plus de 8 guichets pour identifier et sélectionner les projets les plus innovants et constituer des équipes. Parmi les nouvelles activités, on compte aussi l aide au montage de projets et partenariats européens. Pour le moment, Cap Digital travaille avec trois pays. Cet aspect est difficile car les écosystèmes sont souvent nationaux voire nationalistes et il est difficile de co-développer. Cap Digital propose également des méthodologies innovantes dans l accompagnement des entrepreneurs, comme le «partage» de salariés au sein de groupement d employeurs (correspondants CNIL, DaF ) ou l aide à la stratégie de levée de fonds. GFII - 43 rue Beaubourg - 75003 Paris - Tél. : 01 43 72 96 52 - Fax : 01 43 72 56 04 mél : gfii@gfii.asso.fr - site web : http://www.gfii.fr

Une autre activité en développement pour le Pôle est l accompagnement à la prospection et au développement international, par exemple en missionnant des membres pour prospecter les marchés émergents (Brésil, Israël ), ou en organisant des voyages d études, avec l aide d Ubifrance et de la Région. Le cercle vertueux d un écosystème repose sur la passion partagée entre les acteurs. Il faut encourager ces dynamiques d échanges à travers des événements, en facilitant les rencontres non seulement entre les membres mais aussi avec le grand public, pour faire connaître la vision du Pôle et ses activités. Dans cette optique, Cap Digital a créé le festival Futur en Seine. Cet événement remporte un grand succès : de nombreuses interventions et des démonstrateurs permettent aux membres de partager leur vision de la société de demain auprès des publics. L Age de la Multitude L ouvrage est né d un l étonnement : pourquoi tant d organisation peinent à réaliser leur «révolution numérique», ceci alors même que les jeunes générations et les salariés l ont faite et que le numérique «dévore le monde» 1? En effet, la couche logicielle prend progressivement la tête de toutes les autres industries, capte la valeur ajoutée et se défiscalise. Ses technologies et modèles économiques impactent les mouvements de tous les acteurs traditionnels. Parallèlement, les données deviennent le centre de la chaîne de la valeur : «data is the new code». Or, la plupart des organisations ont été pensées pour la gestion de fichiers, et pas celle de la donnée. Les data sont la question majeure, mais rien n'est prêt. Il reste un important travail de formalisation et de sensibilisation sur ce qu est la «gouvernance par la donnée» et sur ses bénéfices. La centralité acquise de la donnée dans la chaîne de la valeur fait que l économie des plateformes et les logiques de Hub montent en puissance. Celles-ci dominent aujourd hui la Silicon Valley. La plateforme devient en elle-même un service pour héberger les données, un Hub sur lequel de multiples services innovants peuvent venir s interfacer via des API. Ces logiques de plateformes prévalent désormais pour l industrie numérique mais les enjeux sont plus larges, sociétaux, notamment si l on considère l impact de ces évolutions sur les modes de gouvernance et de régulation. D où le concept de «governement as a platform» : la gouvernance par la donnée des citoyens et administrés est une question de fond pour la société. Seule cette dernière permettra de réaliser les économies nécessaires en termes de politiques publiques. La France et l Europe dans la compétition internationale La France et l Europe ne sont pas forcément un écosystème «d hypercroissance». A titre de comparaison, la France investit 400 millions d euros / an dans l innovation, là où la Silicon Valley reçoit 15 milliards de dollars de capital risque annuels. Mais la stratégie d hypercroissance qui consiste à tout miser sur l innovation technologique n est pas nécessairement la bonne. Il y d autres formes d innovation : sociétales, sur les modèles économiques Ce ne sont pas les pays les plus innovants technologiquement qui domineront forcément le monde. Par exemple, l écosystème chinois détient le monopole dans la construction hardware sans cette logique d hypercroissance. L Europe ne pourra jamais concurrencer la Silicon Valley sur le marché des services B2C. Les monopoles sont déjà constitués. L Europe devrait arrêter de courir après la Silicon Valley : il faut marier le numérique à autre chose pour innover. Il y a une carte à jouer dans tous les domaines où le numérique est imbriqué dans la vie réelle comme l urbanisme (la ville intelligente), l énergie (smartgrids) ou la santé. La France excelle dans le domaine des «objets communicants», pour lesquels les applications industrielles sont vastes et les possibilités à l export nombreuses 2. Il y a là une véritable école française, alliant différents 1 Marc Andreessen, fondateur de Mozilla : «Software is eating the world». http://online.wsj.com/article/sb10001424053111903480904576512250915629460.html 2 Voir par exemple l entreprise Wising Parot dans le domaine des drones Midis du GFII - Synthèse de la rencontre du 19 décembre 2012 2

secteurs et savoir-faire (mécanique, robotique, design, IA, traitement sémantique de données, ). Il faut la soutenir. Open Data La question de l open data bénéficie aujourd hui d un vrai portage politique. Le gouvernement soutient une politique d ouverture la plus large possible : les données publiques doivent être gratuites dès que possible. Le Secrétariat Général pour la Modernisation de l Action Publique est une innovation institutionnelle qui permettra de faire levier et de travailler en bonne intelligence avec l ensemble de l administration. Henri Verdier affirme 5 ambitions pour la politique d ouverture des informations publiques : - La transparence, - L efficience avec le temps réel, - La co-création avec les citoyens pour imaginer de nouveaux services, nouveaux usages, - La création de valeur économique, - La souveraineté (la notion de «data transparency» est désormais un axe fort de la stratégie diplomatique des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne). Défis, rôles et mission d EtaLab Pour EtaLab, le défi sera d aider les administrations à gagner en agilité dans l ouverture des données. Il faut respecter la capacité des administrations à monter des SI d une très grande complexité et miser sur ce savoir-faire. Il y a plusieurs leviers sur lesquels EtaLab pourra jouer pour convaincre les administrations : - Convaincre les administrations des bénéfices de l ouverture en dépassant l argument de la transparence pour souligner celui de l efficience : une exposition concertée des données auprès des communautés permet de gagner en efficacité et de réaliser des économies. - Créer et soutenir une école française du design de données et d API : ces nouveaux services nécessitent de nouveaux métiers et de nouvelles compétences. - Il y a plusieurs formats de diffusion des données. Après le PDF et les fichiers CSV, la logique de plateforme doit être le stade à atteindre, pour faire entrer l Open Data dans une logique de flux. - Travailler sur la notion de «smart disclosure» : convaincre les utilisateurs de services, les administrés et les citoyens du bien fondé de faire remonter auprès des collectivités des données choisies. On le fait pour des services privés (ex : données d usage pour Facebook Connect), pourquoi pas pour des collectivités (ex : données de consommation énergétique) 3. - Utiliser le levier du «crowdsourcing» : les communautés de réutilisateurs peuvent aussi apporter leur aide aux administrations pour les guider dans l ouverture des données. On citera l exemple américain, challenge.gov, reposant sur un principe d appel aux foules et de concours d idées. - Dans un contexte de baisse de budget, il faut prioriser l ouverture des jeux selon le ROI (cf principes du «lean management»), en favorisant par exemple les domaines générateurs d emplois. Dans sa première mouture, EtaLab s est fixé comme priorité d initier la démarche d ouverture, en insistant sur la notion de transparence, en construisant un portail. EtaLab devra désormais davantage animer un écosystème de réutilisateurs. Il faut donner de l énergie autour des données, inspirer des réutilisations innovantes. EtaLab devra aussi renforcer sa fonction de «support» auprès des administrations. Seules 5% des administrations exercent historiquement le métier de producteur et diffuseur d information. Pour les autres, l effort à accomplir est considérable. Le passage à l Open Data implique un changement de métier et de process. Ces administrations ont besoin des conseils et du retour d EtaLab sur leurs actions. EtaLab devra également renforcer sa fonction de facilitateur dans le dialogue entre administration et réutilisateurs. 3 Voir l exemple US : black button, red button, green button. Midis du GFII - Synthèse de la rencontre du 19 décembre 2012 3

QUESTIONS/REPONSES Qualité / disponibilité des données L ouverture des données a un caractère irréversible. Une fois les données libérées, un écosystème de réutilisateurs se forme, dépendant de la continuité du service et de la qualité des données qui doivent être garanties. Réponses : l exigence de qualité ne doit pas servir d argument en faveur de la rétention de données. Les services et les technologies existent aujourd hui pour convertir massivement des masses de données non structurées en bases de données exploitables. Tarifications / licences Le principe de gratuité ne doit pas être entièrement remis en cause mais questionné. La tarification ne doit pas freiner la réutilisation et l innovation. On peut envisager différents paliers de tarification fondés sur la qualité des données. Des réutilisateurs sont prêts à payer pour des données fraîches et qualitatives, directement ré-exploitables. Des embargos peuvent se négocier. Cette perspective doit entraîner une réflexion sur les métadonnées autour des données publiques (date de collecte, droits de gestion, ). Il faut également innover sur les modèles économiques autour de la donnée, comme le partage des revenus entre producteurs et réutilisateurs selon la valeur économique créée, ou la tarification à l usage (au-delà d un certain volume de flux consommés). On oublie trop souvent que ce n est pas simplement la donnée qui concentre la valeur, mais aussi la plateforme, les API et les services qui vont permettre de valoriser les flux. Une donnée a plusieurs marchés, à plus ou moins fort potentiel pour la réutilisation. De là doivent découler des politiques tarifaires pertinentes. Données essentielles / key registers Les données pivots sont des données uniques, non-ambiguës, produites et détenues par une administration permettant, entre autre l identification de personnes physiques ou morales (ex : base SIREN). Ces données sont essentielles pour la réutilisation, la création de services et l élaboration du web de données. Réponse : Il faut mener une politique de sensibilisation auprès des administrations concernées sur ces fichiers. Données personnelles Les données personnelles sont le «carburant de l innovation». Ce sont les données à plus forte valeur ajoutée pour les réutilisateurs car elles permettent de créer des services personnalisés. En termes de gouvernance, les données personnelles sont aussi les plus porteuses de création de valeur. Par exemple, les technologies du Big Data permettent aujourd hui de construire des réseaux d alertes épidémiologiques en temps réel à partir des données de santé. Avec ces technologies, on ne raisonne plus à partir de panels de population, mais on peut monitorer la propagation d une épidémie en direct. Les bénéfices sont énormes. Mais ces données sont aussi les plus protégées. Les administrations ont pour consigne d anonymiser toutes les données personnelles ou sensibles avant leur exposition. Or, non seulement cette anonymisation a un coût, mais le croisement de fichiers et les outils de mining font qu elle ne protège pas toujours le citoyen de l identification. Il s agit d un véritable chantier sur lequel les acteurs concernés, notamment la CNIL et la Commission FS2 du Coepia doivent encore avancer. Données de recherche Dans le contexte de la révision de la directive PSI, l inclusion des données de recherche dans le champ de l ouverture pour la réutilisation est envisagée. Cela pose des questions nombreuses : quels formats? Quelle granularité? quels modèles économiques et financement pour les laboratoires? Quid des enjeux stratégiques? L expérience du débat sur la «brevetabilité du vivant» a montré qu il faut un «common knowledge» pour injecter du savoir, de la certitude dans l espace public pour stimuler l innovation. Ce principe s affronte dans la pratique aux impératifs budgétaires et managériaux : l installation d un process d exposition et de mise à jour des données est transversale, donc lourde et coûteuse. Ce qu il faut éviter, Midis du GFII - Synthèse de la rencontre du 19 décembre 2012 4

ce sont les mauvais choix dans la politique d ouverture au départ qui coûteront plus à l administration par la suite. Par exemple, l ouverture dans des formats inadaptés à la réutilisation qui contraint à faire du retroengineering. Données privées / données d entreprises Les données sur les entreprises représentent 5% des données publiques. La tendance est à l extension du «secret d entreprise» et à la protection de plus en plus de données. Il y a là une contradiction entre d un côté une exigence de transparence pour les états et administrations, et de l autre une diffusion moindre des informations relatives aux entreprises. Réponse : Il faut faire passer un message, mais ce n est pas directement la mission d EtaLab. Données publiques et droit d auteur La question du régime de propriété intellectuelle à appliquer aux données publiques est un point central. Cette question n a jamais été tranchée, alors qu elle impacte tout le processus d ouverture. On ne peut pas raisonner in abstracto sur ces questions car les cas de figure sont trop nombreux. Midis du GFII - Synthèse de la rencontre du 19 décembre 2012 5