Rétrospective Bernard Rancillac- Musée de la Poste Espace Niemeyer

Documents pareils
14 GRANDS ARTISTES REINTERPRETENT «LE CHAT AU JOURNAL» DE PHILIPPE GELUCK POUR SOUTENIR LA RECHERCHE MEDICALE

Horizons Solidaires. Un portrait photographique et sonore de l Économie Sociale et Solidaire aujourd hui

ALAIN-DOMINIQUE GALLIZIA

I. Le déterminant Il détermine le nom. Le déterminant indique le genre, le

AUTOMOBILE CLUB LIMOUSIN

DOSSIER DE PRESSE. Rome, unique objet. Philippe Lejeune

Arts Visuels. Organisme. Organisme Escadron 646

LIVRET DE VISITE. Autoportraits du musée d. musée des beaux-arts. place Stanislas

enquête pour les fautes sur le fond, ce qui est graves pour une encyclopédie.

Quand un investissement réduit permet la réussite

GROUPE DE SPECIALISTES SUR UNE JUSTICE ADAPTEE AUX ENFANTS (CJ-S-CH) QUESTIONNAIRE POUR LES ENFANTS ET LES JEUNES SUR UNE JUSTICE ADAPTEE AUX ENFANTS

Tapori France ATD Quart Monde /5

«La Fuite en Egypte» Nicolas POUSSIN «Les Saints préservant le monde de la colère du Christ» Pierre Paul RUBENS

N 39 Du 3 déc au 7 déc 2012

La vie de cour au château de Versailles avant la Révolution Française (1789)

«Quand le territoire devient source d inspiration et souffle d expression créative : Présentation du Festival Art-Pierre-Terre»

Anne Cauquelin, L'invention du paysage.

LE CADRE COMMUN DE REFERENCE LA CONVERGENCE DES DROITS 3 e forum franco-allemand

Voix parlée, voix lyrique. Vocabulaire

Festival International «Les Chœurs à l Unisson» Les CAL U Gabon 2015

tolkare (den som framför låten)

- VOUS N ÊTES PAS UN PEU BEAUCOUP MAQUILLÉ? - NON

Méthodologie du dossier. Epreuve d histoire de l art

NON MAIS T AS VU MA TÊTE!

Médiation traduction. De la matière aux langages. 1/ Au fait, les Arts plastiques, qu est-ce que c est? 2/ Pourquoi traduire une œuvre?

LIVRET JEUNE PUBLIC (3-12 ans)

Toronto (Ontario) Le vendredi 26 octobre 2007 L ÉNONCÉ FAIT FOI. Pour de plus amples renseignements, s adresser à :

LES RÉSEAUX SOCIAUX ET L ENTREPRISE

DOSSIER de présentation

Marteloscope Gounamitz 2

La mission de transmission

Autoportraits photographiques. Il s agit de se photographier soi-même (ce n est pas un portrait pris par un autre)

Semaine 15 CM1/CM2. Dictée verte / orange : Dictée rouge : Dictées orange roux profiter un client un caillou un prince lourd un cheveu

Un camp candien à Saint-Cloud

ISBN

ENJEUX, PRATIQUES ET RÉGLEMENTATION EN ASSURANCE AUTOMOBILE : UNE COLLABORATION RÉUSSIE ENTRE L AUTORITÉ ET LE GAA

«Source» - Elena PAROUCHEVA, installation monumentale, Amnéville-les-Thermes, Concours Européen Supélec Sciences et Technologies dans l'art Européen

Les 12,13 et 14 juin 2015 à Chatou

Intervention de M. Assane DIOP Directeur exécutif, Protection sociale Bureau international du Travail, Genève ***

Tiken Jah Fakoly : Je dis non!

lightpainting procedural Ou comment utiliser processing en dehors des sentiers battus.

Atelier photo * au lycée Léonard de Vinci

Ambassador s Activities

résidence #36 Usine Utopik 서 해근 Seo Hae Geun

Le 05/02/2012 : point sur les CBE de Kongoussi :

GRAVER LA PAIX Projet de création artistique collective dans le cadre des Rencontres de Genève Histoire et Cité Construire la Paix (

Le Bon Accueil Lieu d art contemporain - Sound Art INTERFÉRENCES ATELIERS / EXPOSITION / CONCERT

QU EST-CE QUE L EAU BIEN COMMUN?


DOSSIER DE PARTENARIAT

DIRECTION DE LA COMMUNICATION ET DES PARTENARIATS DOSSIER DE PRESSE E-GUIDEZ VOUS! LA NOUVELLE APPLICATION DU CENTRE POMPIDOU

M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de la défense. Discours pour les vingt ans du lancement du satellite Hélios IA

Les Fondations du groupe Bouygues

LA DEFINITION DES COMPETENCES : QUEL ROLE POUR LES ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES?

Assises de l Enseignement Catholique Intervention de Paul MALARTRE Paris Cité des Sciences de La Villette 8 juin 2007

LOI N DU 7 MARS 1961 déterminant la nationalité sénégalaise, modifiée

Fonds photographique de l'inventaire du patrimoine en Alsace : page 2 Inventaires topographiques en Alsace : page 4

Gildas Malassinet-Tannou PEINTURE DE LUMIÈRE INSTALLATION INTERACTIVE

Étude 2013 sur la. reconnaissance des bénévoles. Contenu. Comment les bénévoles canadiens souhaitent-ils que leurs contributions soient reconnues?

Thématique : Arts, ruptures et continuités

REVUE DE PRESSE. Suite à l annonce de l ouverture du Musée Mohammed VI d art moderne et contemporain

C est la Nuit! Villa Tamaris Centre d art Communiqué de presse 1

La danse contemporaine à la maternelle

CONCOURS INTERNATIONAL D ECRITURE

Les rendez-vous à ne pas manquer en novembre! - 9 au 29 novembre : Chantier participatif autour du projet «Eléonore», Niort (79)

Dans une année, il y a 12 mois. Dans une année, il y a 52 semaines. Dans une année, il y a 4 trimestres. Dans une année, il y a 365 jours.

Une vague de bien-être

L esprit assurément tranquille

Janvier Semestre 3 Session 1 - Licence 2 - Art de l époque contemporaine R.G. Peinture d histoire

Contact presse Marie Duffour

Cours Microfer Chartres

Campagne. aprem GELAUCOURT. les. à la. août 25. septembre DOSSIER DE PRESENTATION Éditions précédentes Programme prévisionnel 2012

été 1914 dans la guerre 15/02-21/09/2014 exposition au Musée Lorrain livret jeune public 8/12 ans

RÈGLEMENT MUZIK CASTING, édition 2015

Un écrivain dans la classe : pour quoi faire?

LE SOMMEIL: TRAITEMENT DE L'INSOMNIE

7, rue Jules Ferry Bagnolet contact@riofluo.com

Utiliser le logiciel Photofiltre Sommaire

LES CARTES À POINTS : POUR UNE MEILLEURE PERCEPTION

Fascicule 1.

Quelqu un de précieux

Ni tout noir, ni tout blanc Consignes Thème I - Observer

ADVENTURES IN FRONT OF THE TV SET Dossier pédagogique

Ministère des Affaires étrangères et européennes PARIS CAMILLE. Clips pour apprendre n 12 : Ils chantent la France

des rendez-vous incontournables depuis 12 ans

VIVRE LA COULEUR DOSSIER PÉDAGOGIQUE. Musée des beaux-arts de Brest

HISTOIRE / FRANCAIS CYCLE 3 TITRE : L UNION FAIT LA FORCE (1915), LA FRANCE ET SES ALLIÉS

Outil d Evaluation relatif aux Socles de compétences Premier degré de l enseignement secondaire HISTOIRE. ANVERS AU XVI e SIÈCLE. Dossier de l élève

La préparation et la passation de l épreuve d Histoire des Arts au collège Mignet (Mme Guerpillon, professeur de Lettres en charge du dossier HDA)

Concours & Talent show

Fédération nationale de l estampe

Entreprise crée par les jeunes du Lycée Mly Abellah Rapport d activité 2012

SEO On-page. Avez-vous mis toutes les chances de votre côté pour le référencement de votre site?

Photoshop Séquence 4 - Créer une image de taille personnalisée taille

Technique de la peinture

TARIFS MARIAGE. FORMULE ECO : 190

La petite poule qui voulait voir la mer

Service des arts visuels Consultations sur le soutien aux organismes artistiques

LE CURSUS ACADEMIQUE

Transcription:

Rétrospective Bernard Rancillac- Musée de la Poste Espace Niemeyer Bernard Rancillac

Photo M. Lunardelli Dans sa nouvelle exposition, proposée à Paris à l espace Niemeyer, le Musée de La Poste revisite 50 ans de la carrière de Bernard Rancillac. Le peintre évoque ici son parcours, ses convictions et revient sur l événement que constitue cette rétrospective La rétrospective que vous consacre le Musée de La Poste couronne une longue suite d expositions Oui, c est vrai. J ai eu ma première exposition personnelle à Meknès, quand je faisais mon service militaire là-bas au Maroc en 1953, et ma première exposition à Paris en 1956, il y a donc plus de 60 ans. Depuis lors, bien de l eau a coulé sous les ponts de la Seine, et bien des expositions de mon travail pictural ont eu lieu.

Souvent elles réunissaient des toiles que j avais faites autour d un thème ou d un procédé plastique, et elles constituaient des séries. Mais cette fois-ci, il s agit d une rétrospective de toute mon œuvre, jusqu à des toiles très récentes. Remarquez que je ne dis pas «du début à la fin», parce que j espère bien encore trouver de l énergie pour continuer à peindre. La peinture n est pas pour moi une activité anecdotique, c est toute ma vie, et c est elle qui est aujourd hui offerte au public. Comment est née cette idée d exposition avec le Musée de La Poste? C est une idée de la direction du musée, et je tiens à remercier Mauricette Feuillas, sa directrice, Josette Rasle, la commissaire de cette rétrospective que je connais depuis très longtemps, et toute l équipe qui les entoure.

Je veux aussi remercier l Espace Niemeyer, qui m accueille alors que c est un immeuble magnifique, bien entendu, mais qui n avait pas été conçu pour recevoir une exposition d une telle ampleur. Il y a eu bien des challenges à relever et c est cela qui m a passionné : au-delà de la peinture qui est montrée au public dans un lieu classé et chargé d histoire, il a fallu affronter des difficultés matérielles et techniques. Mais je me suis senti totalement libre, et j ai été mis en confiance dès le début par des gens devenus aujourd hui des amis qui connaissent la peinture, qui aiment l art et les artistes. Cela a été pour moi un vrai plaisir de travailler avec eux pour préparer cette rétrospective. Même si je suis angoissé de savoir comment le public va réagir et s il va répondre à notre appel. Votre nom est associé à la Figuration narrative, apparue dans les années 1960. Comment est né ce mouvement? Dans ces années-là, c était la peinture abstraite qui tenait à Paris le haut du pavé, qui était considérée comme d avant-garde. Et je dois dire que j ai commencé par faire de la peinture abstraite. Il le fallait bien pour tenter de gagner sa vie.

Mais au fond de moi, je n étais pas satisfait. Je sentais qu il fallait, non pas revenir à l ancienne figuration, mais inventer une nouvelle figuration. Je voulais trouver un art plus attentif à ce qu était devenue la vie dans ces années qu on appellera par la suite les «Trente Glorieuses», plus ouvert sur la modernité, sur des réalités, des images et des mythologies du quotidien. On allait bientôt parler de «nouvelle vague» pour le cinéma, et avec des amis jeunes peintres comme Hervé Télémaque, Jan Voss, Peter Klasen et quelques autres on s est dit qu il fallait inventer une «nouvelle figuration», que par la suite le critique d art Gérald Gassiot-Talabot devait appeler «la figuration narrative». Mais passés ces moments forts, chacun a tracé son propre chemin. Vous avez toujours revendiqué un art engagé

«Le sommier», 1998. Bernard Rancillac Adagp, Paris, 2017. Acrylique sur toile, châlit, outils, 175 125 cm, coll. de l artiste. L engagement n a pas été pour moi un «devoir» que je me serais imposé. Mais je lisais les journaux, j écoutais la radio et je me disais que le monde n allait pas bien : il y avait et il y a toujours des guerres, des massacres, des souffrances, du racisme, des femmes et des enfants qu on tue, des peuples opprimés Il était bien difficile pour un artiste comme moi de ne pas y être sensible et de ne pas en parler avec le langage et les moyens qui étaient les miens. A vrai dire, le vrai problème n est pas à mes yeux que je sois un artiste «engagé», mais bien plutôt que le public qui regarde mes toiles se sente parfois si «dégagé» des souffrances du monde. Et je lui demande : pourquoi l art devrait-il nous offrir un monde «à part», protégé, et s abstenir d évoquer ces questions brûlantes qui nous rongent? Car enfin les humains sont au monde non pour y survivre, mais pour y bien vivre, non? Je regarde autour de moi et je vois que c est loin d être ce qui se produit.

«Le Muezin», 2013. Bernard Rancillac Adagp, Paris, 2017. Acrylique sur toile, 130 197 cm, coll. de l artiste. La Figuration narrative, la façon dont vous l avez pratiquée, est-ce que le flambeau n est pas repris par certains street artistes? Ce qui est sûr, c est que ces jeunes gens connaissent le même sort et les mêmes difficultés que nous quand nous étions jeunes. Ils veulent montrer ce qu ils font, ils veulent voir leur talent reconnu, et comme on ne leur ouvre pas facilement les portes du petit monde établi de l art, ils ont choisi de le faire dans la rue, ce qui entraîne souvent pour eux bien des problèmes avec l Etat, la police ou le voisinage. Mais rien ni personne ne peut empêcher l art de s inventer un destin. La création vivante est une brûlure qui vous pousse impérativement en avant. Quels sont les peintres «classiques» que vous appréciez? Il y en a beaucoup. Mais au fond, que m importent les siècles et les époques, ce qui me passionne ce sont les œuvres. J aime bien la

grande peinture d histoire, parce que les peintres y traitent des événements marquants des batailles, des scènes de la vie qui parlent directement à leurs contemporains. Moi aussi, je peins l actualité qui va devenir l histoire Propos recueillis par Rodolphe Pays Photos T. Debonnaire «Rancillac / Rétrospective», du 21 février au 7 juin, une exposition du Musée de La Poste proposée à l espace Niemeyer, 2 place du Colonel Fabien, Paris 19 e. Ouvert du lundi au vendredi de 11 h à 18 h 30 et les samedi et dimanche de 13 h à 18 h (fermé les jours fériés). Entrée libre Un panorama représentatif Peintures, objets, affiches, installations, collages : la rétrospective que le Musée de La Poste consacre au plasticien Bernard Rancillac comporte une centaine d œuvres réalisées du début des années 1960 à aujourd hui. L exposition présente ainsi un panorama représentatif du parcours de cet artiste engagé, initiateur notamment de la Figuration narrative. «L Art n est pas fait pour s endormir le soir dans son lit» (Bernard Rancillac).