Évolution de la forêt française : une vulnérabilité accrue face aux tempêtes

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190 Forêts et tempête Évolution de la forêt française : une vulnérabilité accrue face aux tempêtes par Gérôme Pignard IFN BP 1001, 34971 Lattes cedex Introduction L'analyse rapide présentée ci-dessous repose essentiellement sur l'exploitation des données de l'inventaire forestier national, acquises avant les accidents climatiques de décembre 1999. L'exercice a consisté à comparer les résultats des derniers inventaires départementaux (date moyenne : ) à ceux des inventaires précédents (date moyenne : ). Pour une trentaine de départements, inventoriés à trois reprises, l'évolution a également pu être observée sur une période plus longue (date moyenne des 3 inventaires : 1974, 1984, 1996). Ces résultats confirment l'existence de tendances lourdes, lesquelles vont dans le sens d'une vulnérabilité croissante des forêts françaises aux dégâts de tempête. Une surface en expansion La surface occupée par la forêt en France a atteint un minimum historique au début du XIX e siècle avec sans doute moins de 9 millions d'hectares. Depuis, la forêt n'a cessé de regagner du terrain, que ce soit par voie naturelle (colonisation de terrains agricoles abandonnés) ou avec le concours direct de l'homme (programmes de reboisements). Deux vagues de travaux méritent plus particulièrement d'être mentionnés : d'une part, les reboisements de la seconde moitié du XIX e siècle (restauration des terrasses de montagne RTM -, landes de Gascogne), d'autre part et plus proches de nous les reboisements réalisés avec le concours financier du Fond forestier national (FFN) à partir de 1947. Ces derniers ont permis la constitution d'une ressource forestière résineuse artificielle d'environ 1,5 millions d'hectares. Aujourd'hui, l'expansion de la forêt se poursuit au rythme d'environ 80 000 ha/an (période 1991-1998- source Teruti) et la forêt occupe 15,2 millions d'hectares en 1998. Cette dynamique opère majoritairement par colonisation naturelle de landes et de friches, les reboisements artificiels représentant à peine 15% des nouvelles surfaces forestières. À évènements climatiques identiques, la surface forestière interceptée est donc croissante. Les peuplements d'installation récente sont néanmoins peu vulnérables et les dégâts concernent avant tout les peuplements en place depuis au moins 20 à 30 ans. Une accumulation de matériel sur pied Le volume sur pied moyen de la forêt française progresse depuis sans doute plusieurs décennies : il est passé de 129 m 3 /ha en à 149 m 3 /ha en (pour les départements inventoriés à trois reprises, l'évolution est la suivante : 1974 : 129 m 3 /ha ; 1984 : 140 m 3 /ha ; 1996 : 160 m 3 /ha).

Dossier de l environnement de l INRA n 20 191 Cette évolution est le corollaire d'une récolte de bois sensiblement inférieure à la production courante de la forêt (63% en 1995-1999). Elle est vraisemblablement accentuée par l'augmentation de la productivité des peuplements forestiers, phénomène actuellement en cours d'étude. Le volume moyen demeure néanmoins très en deçà des valeurs observées dans les pays de tradition sylvicole germanique (280 à 360 m 3 /ha). Une analyse plus détaillée permettrait de mettre en évidence de grandes hétérogénéités géographiques, les volumes les plus élevés étant rencontrés dans le quart nord-est, les plus faibles en région méditerranéenne. Évolution de la structure des peuplements Tableau I. Répartition de la surface forestière par structure Structure Date Indéterminée Coupe rase Futaie régulière Futaie irrégulière Mélange futaie feuillue - taillis Taillis simple Mélange futaie résineuse - taillis 1 000 560 108 556 6 519 812 684 538 3 497 027 2 098 162 738 945 14 647 600 6,8% 0,7% 44,5% 4,7% 23,9% 14,3% 5,0% 100,0% 571 149 98 122 5 734 885 692 300 3 716 952 2 409 082 663 372 13 885 862 4,1% 0,7% 41,3% 5,0% 26,8% 17,3% 4,8% 100,0% Variation 429 411 10 434 784 927-7 762-219 925-310 920 75 573 761 738-75% 11% 14% -1% -6% -13% 11% 5% Total La réduction de la demande de bois-énergie depuis la fin de la guerre a conduit à des modifications importantes dans la gestion des peuplements forestiers et dans leur structure. La gestion en taillis-sousfutaie est en forte régression et les peuplements correspondants sont progressivement convertis en futaie régulière, soit de manière active, soit par simple vieillissement des peuplements. De à, les futaies ont progressé de pratiquement 800 000 ha tandis que les taillis simples ont reculé d'environ 310 000 ha et les mélanges futaie feuillue - taillis de 220 000 ha (ces chiffres sont sans doute légèrement biaisés en raison de la forte augmentation de la surface des peuplements non inventoriés et de possibles transferts vers ces formations, mais ces tendances ne peuvent guère être remises en cause). Le vieillissement des peuplements comportant du taillis est assez général : en 12 ans, la surface des taillis simples de plus de 40 ans a augmenté de 200 000 ha (+25%) et représente désormais 47% de la surface totale des taillis simples ; de même au sein des mélanges futaie feuillue - taillis, la surface où le taillis a plus de 40 ans a augmenté de 600 000 ha (+72%) et représente 42% de ces formations. En ce qui concerne les futaies régulières, la répartition de la surface par classe d'âge met en évidence trois tendances : - une légère réduction (-5%) de la surface des peuplements de moins de 20 ans ; - une progression des classes d'âge entre 20 et 200 ans ; - une régression (-12%) des peuplements âgés de plus de 200 ans. La ventilation de ces résultats par groupe d'essences montre en fait une situation contrastée selon qu'il s'agit des feuillus ou des résineux. Ainsi, la réduction de la classe 0-20 ans est uniquement le fait des résineux et atteste du ralentissement du rythme de boisement et reboisement, essentiellement en épicéa et en pin sylvestre. A contrario, les jeunes peuplements feuillus progressent, sans doute autant du fait des régénérations et conversions que des accrus naturels.

192 Forêts et tempête La progression des classes d'âge entre 20 et 200 ans ne peut s'expliquer uniquement par les flux mécaniques entre classes d'âge. Elle est à rapprocher de la conversion des taillis et mélanges futaie - taillis en futaie régulière qui entraîne un apport important, notamment dans les classes 40 à 100 ans pour les chênes rouvre et pédonculé. Par ailleurs, l'importance des reboisements FFN est particulièrement sensible pour les peuplements résineux, qui sont fortement concentrés dans les classes d'age de 20 à 50 ans. Enfin, la régression des futaies âgées de plus de 200 ans reste surtout le fait des feuillus autres que le chêne et le hêtre. Figure 1. Répartition de la surface des futaies régulières par classe d'âge L'évolution de la structure des peuplements peu être résumée ainsi : - recul des mélanges futaie - taillis et des taillis au profit de la futaie régulière ; - vieillissement important des peuplements comportant du taillis ; - émergence d'une ressource résineuse très déséquilibrée, concentrée dans les classes d'age de 20 à 50 ans. Évolution de la répartition par essence Dans ses grandes masses, la composition en essence de la forêt française n'a pas subi de bouleversements au cours de la période observée (-). La proportion des résineux a semble-til encore légèrement augmenté (36,7% en contre 36,1% en ), mais ces chiffres comportent une part d'incertitude importante. Les variations les plus importantes concernent : pour les résineux : - le douglas (+111 000 ha, soit +50%) ; - le pin laricio (+51 000 ha, soit +60%) ; - les résineux blancs (+60 000 ha, dont +30 000 ha de sapin pectiné) ; - le pin d'alep (+27 000 ha, soit +12,3%) ; - le pin sylvestre (-55 000 ha, soit -4,7%) ; - le pin maritime (-32 000 ha, soit -2,3%)

Dossier de l environnement de l INRA n 20 193 pour les feuillus : - les chênes rouvre et pédonculé (+62 000 ha, soit +1,5%) ; - le hêtre (+59 000 ha, soit +4,8%) ; - le frêne (+106 000 ha, soit +40%) ; - le chêne pubescent (+36 000 ha, soit +4,1%) ; - les bouleaux (-40 000 ha, soit -20%) ; - les ormes (-33 000 ha, soit -84%). On observe également une progression significative des feuillus précieux (chêne rouge : +11 000 ha, soit +91% ; grands érables ; +15 000 ha, soit +57% ; tilleul : +10 000 ha, soit +42% ; merisier : +13 500 ha, soit +63%). L'époque des grands changements induits par les vastes campagnes de reboisement semble donc révolue ; néanmoins, le détail de ces chiffres montre l'importance des choix faits en matière de renouvellement des peuplements (utilisation du douglas, du pin laricio, des résineux blancs, des feuillus précieux, du frêne (?)...) qui viennent modifier les évolutions naturelles. Répartition par classe de hauteur dominante La hauteur dominante des peuplements est un critère important de vulnérabilité aux dégâts de tempête. La comparaison des inventaires de et montre clairement une augmentation de la surface des peuplements de hauteur dominante élevée et une diminution de la surface des peuplements de hauteur dominante inférieure. Les tendances sont similaires pour résineux et feuillus, avec un décalage de 5 m (inversion de la tendance pour la classe 15-20 m pour les feuillus, 10-15 m pour les résineux). La proportion des peuplements dont la hauteur dominante est supérieure à 25 m est cependant relativement faible : 9% pour les feuillus et 10,6% pour les résineux. Tableau II. Répartition de la surface forestière par classe de hauteur dominante (en ha) ESSENCE Classe de Ho Surface Proportion Surface Proportion Variation surface FEUILLUS 0-5 m 5-10 m 10-15 m 15-20 m 20-25 m 25-30 m 30-35 m 35-40 m 40-45 m 120 221 1 027 300 1 745 285 2 643 684 1 912 715 591 430 119 201 24 365 1 378 1 % 13 % 21 % 32 % 23 % 7 % 1 % 157 425 1 249 274 2 134 370 2 650 809 1 411 425 400 512 97 631 17 735 1 247 2 % 15 % 26 % 33 % 17 % 5 % 1 % -37 204-221 974-389 085-7 125 501 290 190 918 21 570 6 630 131 Total FEUILLUS 8 185 579 10 8 120 428 10 65 151

194 Forêts et tempête ESSENCE Classe de Ho Surface Proportion Surface Proportion Variation surface RESINEUX 0-5 m 5-10 m 10-15 m 15-20 m 20-25 m 25-30 m 30-35 m 35-40 m 40-45 m 45-50 m 64 165 811 158 1 156 405 1 165 035 854 595 357 870 102 035 16 081 1 585 115 1 % 18 % 26 % 26 % 19 % 8 % 2 % 77 026 911 480 1 165 044 1 009 139 652 915 318 928 93 587 15 813 722 2 % 21 % 27 % 24 % 15 % 8 % 2 % -12 861-100 322-8 639 155 896 201 680 38 942 8 448 268 863 115 Total RESINEUX 4 529 045 10 4 244 654 10 284 391 Remarque : ne sont prises en compte que les placettes IFN comportant au moins un arbre recensable. RESINEUX 1 500 000 Surface (ha) 1 000 000 500 000 0 0-5 5-10 10-15 15-20 20-25 25-30 30-35 35-40 40-45 45-50 Classe de hauteur dominante FEUILLUS Surface (ha) 3 000 000 2 500 000 2 000 000 1 500 000 1 000 000 500 000 0 0-5 5-10 10-15 15-20 20-25 25-30 30-35 35-40 40-45 Classe de hauteur dominante Figure 2. Répartition de la surface forestière par classe de hauteur dominante

Dossier de l environnement de l INRA n 20 195 Répartition des peuplements résineux par classe de stabilité Les travaux réalisés par l'idf après les tempêtes antérieures à 1999 ont permis de déterminer des classes de stabilité des peuplements résineux en fonction de leur hauteur dominante et de leur coefficient d'élancement moyen. Initialement mise au point sur l'épicéa, cette classification a progressivement été validée pour les autres résineux (à l'exception peut-être du pin maritime, voire de l'ensemble des pins). Cette classification a été appliquée à l'ensemble des placettes IFN d'essence principale résineuse sur lesquelles au moins un arbre a été mesuré. Les résultats par essence sont présentés dans le tableau suivant. Tableau III. Répartition de la surface des peuplements résineux par classe de stabilité ESSENCE PIN MARITIME PIN SYLVESTRE AUTRES PINS EPICEAS SAPINS DOUGLAS AUTRES RESINEUX Total DATE Classes de stabilité Stables Fragilisés Instables Total 668 509 466 859 22 303 1 157 671 58 % 4 2 % 10 716 271 457 390 20 493 1 194 154 6 38 % 2 % 10 749 049 299 601 40 111 1 088 761 69 % 28 % 4 % 10 797 512 291 865 41 566 1 130 943 71 % 26 % 4 % 10 498 635 75 665 5 833 580 132 86 % 13 % 1 % 10 439 223 51 191 4 128 494 542 89 % 1 1 % 10 211 870 364 507 98 922 675 300 31 % 54 % 15 % 10 246 671 295 165 67 772 609 608 4 48 % 11 % 10 177 460 306 555 70 532 554 547 32 % 55 % 13 % 10 169 224 279 673 69 925 518 822 33 % 54 % 13 % 10 96 018 143 915 27 912 267 845 36 % 54 % 1 10 82 932 49 269 7 629 139 830 59 % 35 % 5 % 10 119 844 73 967 10 978 204 789 59 % 36 % 5 % 10 113 103 37 433 6 219 156 755 72 % 24 % 4 % 10 2 521 385 1 731 069 276 591 4 529 045 56 % 38 % 6 % 10 2 564 936 1 461 986 217 732 4 244 654 6 34 % 5 % 10

196 Forêts et tempête Figure 3 : Répartition de la surface des peuplements résineux par classe de stabilité Ces résultats confirment le diagnostic d'une situation très défavorable des peuplements résineux quant à la résistance au vent, notamment pour l'épicéa commun et le douglas qui ont été les principales essences utilisées en reboisement : 10 à 15% des peuplements sont instables, 50 à 55% sont susceptibles de le devenir après une intervention sylvicole ; les peuplements stables n'occupent qu'un tiers de la surface. Le sapin pectiné présente un profil similaire. En ce qui concerne les autres essences, et avec des réserves sur la pertinence de la classification, la situation semble moins préoccupante pour le pin sylvestre et les pins autres que le pin maritime ; ce dernier ainsi que les autres résineux se situent dans une position intermédiaire.

Dossier de l environnement de l INRA n 20 197 L'évolution observée entre et est par ailleurs une dégradation générale, particulièrement marquée pour l'épicéa commun, le douglas et les autres résineux (mélèze, épicéa de Sitka, sapins de Nordmann et de Vancouver...). Deux facteurs sont susceptibles d'expliquer cette évolution défavorable des peuplements résineux : - le vieillissement d'une ressource déséquilibrée : il s'agit là d'un élément incompressible, contre lequel la seule mesure possible semble être le renouvellement (accéléré?) des peuplements matures ; - un éventuel déficit de sylviculture (absence de dépressage, éclaircies non réalisées), ou une installation initiale inadéquate (densité excessive), qui ont conduit à des coefficients d'élancement trop élevés. Ces résultats globaux mériteraient une analyse approfondie (répartition géographique, par classe d'âge...). L'examen des résultats par catégorie de propriété révèle, pour le douglas, l'épicéa commun et le sapin pectiné une situation légèrement graduée avec, par ordre de vulnérabilité croissante : forêt domaniale, autre forêt publique, forêt privée. Pour les autres essences, des différences importantes existent ; une partie d'entre elles peuvent sans doute s'expliquer par des variations dans les conditions biologiques ou de milieu naturel. Par exemple, pour le pin maritime, la proportion des peuplements stables est plus importante en forêt domaniale (82%) et en forêt communale (81%) qu'en forêt privée (55%). La localisation de la forêt domaniale dans les dunes littorales pourrait expliquer cet écart mais l'argument ne peut être repris pour les autres forêts publiques. Inversement, le pin sylvestre apparaît plus stable en forêt privée (71%) et en forêt des collectivités (71%) qu'en forêt de l'etat (51%) : une explication pourrait résider dans la localisation géographique des différents massifs, le pin sylvestre ayant colonisé de nombreux terrains privés délaissés par l'agriculture, notamment dans la moitié sud de la France. Il n'existe pas de classification similaire pour les feuillus ; un examen rapide de la répartition de la surface par classes d'élancement moyen n'a pas mis en évidence d'évolution notable entre et. En conclusion Cette analyse succincte de la forêt française à partir des données de l'ifn confirme ce qui était largement pressenti, à savoir l'augmentation de la vulnérabilité de la forêt française aux dégâts de tempête. Les grandes tendances d'évolution expliquent sans doute en grande partie cette dégradation : - extension de la surface ; - capitalisation du volume sur pied ; - vieillissement d'une ressource résineuse déséquilibrée, et d'une ressource feuillue en mutation. Il paraît plus difficile d'évaluer la part éventuelle de cette dégradation qui pourrait être attribuée à la gestion forestière ν Références bibliographiques RIOU-NIVERT P., LADEN P., 1991. Quel avenir pour les plantations d'épicéa commun dans l'est de la France? Revue forestière française, 5: DERF-IFN, (à paraître). Les indicateurs de gestion durable des forêts françaises (au 1.01.99)