La révolution numérique explique-t-elle l effondrement



Documents pareils
C est ce qu on appelle un «grand patron». Baptisons le X.

numéro 212 mars 2011 Dossier Les relations siège-filiales dans les multinationales Sous la direction de Ulrike Mayrhofer

Classement SMBG 2013 des Meilleurs Masters, MS et MBA

numéro 248 avril 2015 DES ORGANISATIONS SOUS PRESSION Coordonné par Corentin Curchod, Jérémy Morales, Damien Talbot

Pour la Revue française de gestion, le management

Master Management des systèmes d information

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Nabeul. Université de Carthage. Master de Recherche Finance des Entreprises et des Marchés

Classement SMBG 2012 des Meilleurs Masters, MS et MBA

Domaines d enseignement

numéro novembre-décembre 2010 ENTREPRISES ET PAUVRETÉS Coordonné par Frédéric Dalsace et David Ménascé

Les dernières semaines ont été l occasion de réfléchir

Cécile MAUNIER. Maître de Conférences Sciences de Gestion Responsable pédagogique - Master 1 Marketing, Vente TITRES UNIVERSITAIRES

Master professionnel Communication des organisations Expertise, audit et conseil

Yves Jégourel Maître de conférences HDR Docteur ès Sciences Economiques jegourel@u-bordeaux4.fr

Curriculum vitae Recherche

Classement 5MBG Mëilleurs. Masters, MS, MBA. et Formations spécialisées Bac +5/ Bac +6

Notice biographique Repères biographiques communs. Grade : Maître de conférences depuis septembre Ecole Abbé Grégoire du CNAM.

Attachée Temporaire d Enseignement et de Recherche Institut d Administration des Entreprises Université de Toulouse 1 Capitole.

RESPONSABLE DU DÉVELOPPEMENT COMMERCIAL ET MARKETING

Spécialité Etablissement Formation

Jimmy Tél : MOREL Mob :

Il était une fois un pays lointain, ignoré des habitants du

E-marketing, Comportement du consommateur, Marketing relationnel, Marketing expérientiel, Réalité virtuelle, Marketing des points de vente.

NOS FORMATIONS.

NOS FORMATIONS.

Demande de création d un Diplôme Universitaire CESAM - MDD. Certificat d Etudes Supérieures Après Master en Marketing Direct et Digital

MASTER ECONOMIE APPLIQUEE

Christelle MAZIERE (30 ans)

I/ENSEIGNEMENT GENERAL : 200 H

Rapport d évaluation du master

Chambre 222, Bâtiment A, village universitaire PESSAC - FRANCE rim.boussaada@u-bordeaux4.fr

SUPPLYCHAIN. Organisation, planification et pilotage des flux, des clients aux fournisseurs CERTIFICAT DÉLIVRÉ PAR L UNIVERSITÉ PARIS-DAUPHINE

Rapport d évaluation du master

MASTER PROFESSIONNEL MÉDIATION ET MODÈLES DE DÉVELOPPEMENT. Description des UE, semestres 3 et

Public. Débouchés. Les atouts du Master PIC. Statistiques des débouchés 22 % 16 % 10 % 14 % 38 % Entreprise Start-up Thèse.

Curriculum Vitae. Informations générales

DOSSIER DE PRESSE SEPTEMBRE Contact : Andrew MILLER a.miller@ieseg.fr

MASTER EN MANAGEMENT LEADERS DE DEMAIN

UNIVERSITE GRENOBLE 2 (MENDES-FRANCE) Référence GALAXIE : 4126

«L intelligence économique dans les business models des entreprises : où en sommes-nous?»

CURRICULUM VITAE PARCOURS PROFESSIONNEL

Master 2 professionnel Soin, éthique et santé Mention Philosophie

Master Management, innovation, technologie

Rapport d évaluation du master

Formations et diplômes. Rapport d'évaluation. Master Finance. Université Jean Monnet Saint-Etienne - UJM. Campagne d évaluation (Vague A)

COLLOQUE 8 - RELÈVE PME ET SUCCESSION D'ENTREPRISES FAMILIALES. ENJEUX STRATEGIQUES, ORGANISATIONNELS ET HUMAINS

EMPOWERING MANAGEMENT. Acquérir une expertise métier à haute valeur ajoutée.

1 er étage de la Maison de l Etudiant suio@univ-orleans.fr

Rapport du comité d'experts

Master international de Management des Médias à distance. Organisation pédagogique de la formation

ENTRETIENS JACQUES CARTIER Colloque. Nouvelles avenues en soutien au développement de l entrepreneuriat et des dirigeants de PME

Section des formations et des diplômes. Rapport d évaluation de l Ecole doctorale 251 «Sciences de l environnement» Université d Aix-Marseille III

Master professionnel Communication des organisations Stratégies et produits de communication

Rapport d évaluation du master

FORMATION ET DIPLOMES OBTENUS

A / BIOGRAPHY : Doctorat en Sciences Economiques et de Gestion (Ph.D.), Louvain School of Management Université catholique de Louvain

MEMOIRE POUR UNE HABILITATION A DIRIGER DES RECHERCHES

EMLYON Business School Préparer des entrepreneurs pour le monde

Université d Automne en Economie Autrichienne - 2ème édition à Troyes du 5 au 7 octobre

VAGUE E. 5 ans (renouvelé par arrêté du 15 Nantes Audencia Nantes (Ecole de management) AUDENCIA septembre 2008) VAGUE F

CURRICULUM VITAE. Lieu d Exercice : Faculté des sciences Economique et Des Sciences de Gestion Université D Oran Es-Sénia Algérie

DOSSIER DE PRESSE SEPTEMBRE Contact : Manon Duhem m.duhem@ieseg.fr

ENSEIGNANT CHERCHEUR - DOCTEUR EN MARKETING

MAstère SPÉCIALISÉ. Marketing, Communication et Ingénierie des Produits Agroalimentaires. ROUEN, France

CURRICULUM VITAE FORMATION. 2001/2002 : Thèse ès sciences de gestion, option marketing, à l IAE de Dijon, Université de Bourgogne :

MSO MASTER SCIENCES DES ORGANISATIONS GRADUATE SCHOOL OF PARIS- DAUPHINE. Département Master Sciences des Organisations de l'université Paris-Dauphine

Sciences Po Paris. Collège universitaire

Hippolyte d Albis est Chercheur associé à la Chaire Transitions Démographiques, Transitions Économiques.

Communauté d Universités et Établissements. Stratégie Territoriale et Initiative d Excellence. Université Côte d Azur (UCA) - page 1

SMBG Dossier de presse

En partenariat avec :

FORMATION. 2001/2002 : Thèse ès sciences de gestion, option marketing, à l IAE de Dijon, Université de Bourgogne :

Palmarès 2009 des formations RH

BADGE Responsable Commercial

Un lieu de débats privilégié

Thierry Poulain-Rehm

Bilan des formations présentées lors de la semaine étudiant SEGEUN 2013

Notice biographique Repères biographiques communs

LE POLE UNIVERSITAIRE PRIVE ANGLOPHONE D'EXCELLENCE. Mediterranean School of Business Mediterranean Institute of Technology

Les clés de l'innovation. Une formation sur mesure pour les adhérents du Pôle Agri Sud-Ouest Innovation

Développeur de talents. École Universitaire de Management. Cultivez votre. différence!]

Des métiers et des études de langues. Service d Information et d Orientation Universitaire. Octobre 2012

ESSEC Business School Mai *La réponse est en vous - Panorama des programmes

«Les enjeux de Big Data dans le domaine de la santé publique - Regards partagés entre politique, médecine, droit et éthique»

Amina Béji épouse Bécheur

Rapport d évaluation du master

Partenaire de votre entreprise

Rapport d évaluation du master

Passerelle : 13 Ecoles pour le Concours 2013

Master Management du tourisme, de l hôtellerie et des loisirs

L histoire économique, sociale et des techniques

Après la crise et si le meilleur était à venir?

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

Correcteur INTEC, CNED, Niveau Masters (Management et Contrôle de Gestion)

Rencontres Cap Digital/ Master MTI

Master professionnel Communication des organisations Communication publique et politique

Les étudiants dans les écoles de management reconnues à diplôme visé en Augmentation continue des effectifs

Docteur Nathalie Estellat

OBJET : ELABORATION DU CLASSEMENT SMBG 2014 DES MEILLEURS MASTERS, MS ET MBA

Transcription:

ÉDITORIAL JACQUES BARRAUX La fonction et l outil La révolution numérique explique-t-elle l effondrement des ventes de journaux imprimés sur les rotatives d une ère industrielle révolue? Réponse unanime des patrons de presse : oui, bien sûr! Les historiens du futur seront sans doute moins affirmatifs. L évidence d une rupture technologique n éclipse jamais totalement les autres leviers du changement dans le monde des entreprises. Leviers commerciaux, culturels ou sociétaux qui agissent de manière souterraine, bien avant que le basculement d un système technique à un autre devienne inéluctable. Le talent d un entrepreneur s apprécie justement à sa manière de se glisser dans les zones de fracture d un marché et à sa façon d ignorer les clichés déterministes des «experts» et des économistes. La pertinence de son offre à un instant «T» est sa préoccupation de tous les instants. La baisse de qualité de l offre d information est ce qui apparaîtra demain comme l une des causes premières de la crise de la presse traditionnelle, aujourd hui pétrifiée par la radicalité internet. La demande d information avait-elle baissé dans les pays développés entre 1980 et 2000? Nullement. Le temps consacré à la consommation d information écrite et audiovisuelle s était maintenu pendant toutes ces années. Le support papier était-il un obstacle à la variété des sujets traités et à la multiplication des enquêtes d investigation? Pas davantage. L opinion a toujours attendu des médias qu ils nourrissent le débat public. Or, les analyses comparatives sur deux décennies révèlent une fâcheuse tendance à la banalisation et à l uniformisation des contenus.

6 Revue française de gestion N 241/2014 Une équipe de l Université de Cardiff a donné la dimension du phénomène. Explorant les contenus d un panel de quotidiens, elle a révélé qu une part essentielle de l information publiée était devenue la reproduction à peine modifiée de communiqués de presse et de dossiers de relations publiques. À la veille de la révolution internet et avant la chute de leurs ressources publicitaires, les journaux prenaient le risque de réduire la part réservée aux enquêtes originales. À l inverse, au cours de la même période, annonceurs, lobbies, ONG et organisations publiques décuplaient leurs moyens d action et déployaient de nouveaux artifices. Il allait en résulter une perte d influence au plus mauvais moment et un recul de proximité avec le marché. Dès lors on comprend mieux l impréparation aux attentes de lecteurs bientôt convertis à la consommation d information en continu contradictoire et multisource sur écran fixe ou mobile. Les déboires de la presse ne sont que l un des épisodes de la longue histoire des rendez-vous stratégiques ratés entre des entreprises et leur cœur de cible. La fonction transport n a pas disparu avec la fin des voitures à cheval. Elle a connu une deuxième naissance. L information libre et indépendante s apprête-t-elle aussi à connaître une nouvelle naissance? Elle est aussi utile à la démocratie que l avion et l automobile le sont à l économie. La fonction c est la stratégie. L outil c est la tactique. Le client internaute, touriste ou automobiliste décide de l outil qui assure la fonction. Mais ce qu il achète, c est avant tout la fonction.

numéro 241 mai 2014 SOMMAIRE MANAGEMENT CONTINGENCES ET INVARIANCES 5 Editorial Jacques Barraux 9 Ont contribué à ce numéro 13 La participation du client dans un contexte de self-service technologies. Une approche par la valeur perçue Rémi Mencarelli, Arnaud Rivière 31 Acteurs publics et capital investissement. Une analyse critique Yves Jégourel 45 Fusions-acquisitions et salariés. Les leçons de l OPA de Schneider sur Télémécanique en 1988 Michel Albouy 63 Criminalité financière. Le profil type du criminel en col blanc dans les entreprises tunisiennes Wafa Trabelsi, Hédi Noubbigh 79 L attachement préférentiel dans la formation d alliances stratégiques Olivier Mamavi, Olivier Meier 93 Nouveaux repères et nouveaux espaces du contrôle de gestion dans les services François Meyssonnier 107 L impact de la diversification sur la valeur de la firme. Vers une approche contingente Florence André-Le Pogamp, Patrick Navatte 121 Méta-organisations et évolution des pratiques managériales. Une étude appliquée au champ de la santé Valérie Leys, Patrick Joffre 135 Summary 139 Note aux auteurs

ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO Michel ALBOUY est professeur de finance à Grenoble École de management et professeur émérite à l université Pierre Mendès France de Grenoble. Ses travaux de recherche portent essentiellement sur la finance d entreprise (Corporate Finance) : politiques d investissement, de financement et de dividende ainsi que les opérations de fusions-acquisitions. Membre du Conseil scientifique de l Autorité des marchés financiers (AMF), il est l auteur d une centaine d articles dans des ouvrages collectifs et des revues académiques (francophones et anglophones) et professionnelles ainsi que de plusieurs ouvrages chez Economica, notamment : Décisions financières et création de valeur ; OPA, OPE et LBO. À Grenoble École de management il est directeur du MSc Finance à Singapour. Florence ANDRÉ-LE POGAMP est maître de conférences en finance à l IGR- IAE de Rennes université de Rennes 1 où elle est responsable du Master II «Analyse et stratégie financière». Titulaire d un doctorat de sciences de gestion de l Université de Rennes 1, elle est membre du CREM (Centre de recherche en économie et management UMR CNRS 6211). Ses recherches actuelles portent sur le financement des entreprises, les stratégies de diversification et le private equity. Yves JÉGOUREL est responsable du Master II Banque, finance et négoce international de l université de Bordeaux, maître de conférences HDR à l université de Bordeaux et professeur affilié à Toulouse Business School. Il est l auteur de plusieurs articles de recherche sur la finance de marché et les marchés de matières premières, ainsi que d ouvrages portant sur la finance internationale et les produits dérivés financiers». Patrick JOFFRE est professeur des Universités en sciences de gestion. Il a enseigné le management stratégique et les théories de l entreprise dans les universités de Paris-Dauphine, Lille et Caen (IAE) et à l École de management de Normandie, dont il est conseiller académique depuis 2006. Président de l AIMS (2005-2007), il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur les vingt dernières années dans les domaines de la stratégie et de l organisation. Il appartient aux centres de recherche NIMEC (EA Université de Caen) et au METIS (EM Normandie). Valérie LEYS, docteur en sciences de gestion, est directrice des formations à l IRTS de Basse-Normandie (Institut régional du travail social). Elle a soutenu sa thèse en octobre 2011 sur la question du développement des méta-organisations et leur impact sur les pratiques de management dans les organisations du secteur de la santé au sens large.

10 Revue française de gestion N 241/2014 Olivier MAMAVI est enseignant à l ICD (groupe IGS) et chercheur au Lara. Ses recherches portent sur la formation des alliances et coopérations notamment dans les marchés publics. Olivier MEIER est directeur de recherche à l Institut de recherche en gestion (EA 2354 CNRS) et responsable de formations. Il enseigne la stratégie et le management au sein des universités Paris-Est et Paris-Dauphine. Il est membre du comité de rédaction de plusieurs revues scientifiques et auteur de nombreux articles et ouvrages. Il a notamment reçu prix et distinctions pour ses travaux en France et à l étranger (Best Paper Awards). Il est également chroniqueur dans des revues et magazines professionnels. Rémi MENCARELLI est professeur des universités à l IAE Savoie Mont-Blanc (université de Savoie) où il occupe la fonction de directeur adjoint de l IAE en charge des relations académiques extérieures. Il est rattaché à l équipe de recherche de l IREGE où il coordonne les activités du pôle «Environnement consommation durable et tourisme». Ses recherches portent principalement sur la valeur perçue, l expérience de consommation et le marketing des organisations culturelles. Ses travaux ont fait l objet de plusieurs publications dans revues académiques nationales et internationales. François MEYSSONNIER est professeur des universités en sciences de gestion à l Institut d économie et de management de Nantes où il dirige le Master «Contrôle de gestion». Il anime le groupe de recherche en contrôle de gestion du Laboratoire d économie et management Nantes Atlantique (LEMNA, université de Nantes). Il est l organisateur des journées d étude en contrôle de gestion de Nantes qui se tiennent annuellement sous le parrainage de l Association francophone de comptabilité. Il a été secrétaire général de l AFC et président du jury de l agrégation d économie et gestion. Ses recherches portent sur le pilotage de la performance et l instrumentation de gestion.» Patrick NAVATTE est professeur de finance à l IGR/IAE de Rennes, et membre de l UMR CNRS 6211 CREM de l université de Rennes 1. Il est également membre du comité directeur de l IGR/IAE de Rennes, et membre du conseil d administration de l AFFI (Association française de finance). Hédi NOUBBIGH est professeur à HEC Carthage, université de Carthage, Tunisie, où il dirige le département de comptabilité et est responsable du mastère de recherche en comptabilité. Membre fondateur de l unité de recherche «Risk Mangement and Research in Accounting and Finance» (RIMRAF) à ESC Tunis, il est diplômé de l École normale supérieure de l enseignement technique (ENSET), du troisième cycle finance de l ISG Tunis, et du troisième cycle ergonomie de l université Paris I - Sorbonne. Docteur en sciences de gestion, sa thèse porte sur «l Impact du risque, de la profitabilité et de la valeur sur la taille optimale de la firme bancaire». Il est également titulaire du diplôme d habilitation à la recherche option sciences comptables.

Ont contribué à ce numéro 11 Arnaud RIVIÈRE est maître de conférences à l IAE de Tours (université François Rabelais de Tours) où il dirige le Master II Marketing des services en formation initiale et en apprentissage. Il est également affilié au laboratoire de recherche Vallorem. Ses recherches portent principalement sur la valeur perçue, l innovation (produit, service, stratégies d innovation, etc.) et le low-cost, en BtoC comme en BtoB. Ses travaux ont fait l objet de publications dans des revues académiques et ont été régulièrement présentés lors de colloques de recherche nationaux et internationaux. Wafa TRABELSI est doctorante en sciences de gestion, inscrite en troisième année de thèse à HEC Carthage, université de Carthage, Tunisie, et est diplômée du mastère de recherche en comptabilité. Membre de l unité de recherche «Risk Mangement and Research in Accounting and Finance» (RIMRAF) à ESC Tunis, elle est également enseignante contractuelle à HEC Carthage. Ses principaux thèmes de recherche sont la criminalité financière et les fraudes comptables.