Patrimoine architectural CONSEIL GÉNÉRAL DU LOT Inventaire de l architecture médiévale du Lot LATRONQUIÈRE La commanderie des Hospitaliers Étude monumentale GILLES SÉRAPHIN - MARS 2007
LATRONQUIÈRE COMMANDERIE DES HOSPITALIERS L emplacement de l ancien château de Latronquière correspond à l enclos terrassé de forme polygonale occupant les parcelles 224 à 230 du plan cadastral actuel (Pl. 1). Cet enclos, délimité par des murs de soutènement d apparence moderne, évoque les dispositions d une ancienne motte féodale. Il est cerné par un chemin public qu il domine d un peu plus d un mètre. Le centre de l enclos qui correspond au point culminant de la motte est occupé par un bâtiment rural à plusieurs corps, regroupant une habitation et des communs. L analyse des maçonneries de cet ensemble montre que des vestiges significatifs de l édifice médiéval primitif y sont encore en place. Contrairement à ce que l on a estimé jusqu à présent (GROS, 2002), l ancien château des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem n a donc pas totalement disparu. Histoire La commanderie des Hospitaliers à Latronquière relevait du Grand Prieuré de Saint-Gilles. Le premier commandeur connu, Pierre de Géraud, est mentionné en 1255, date à laquelle on estime que la commanderie fut fondée. Ses dépendances principales étaient les hôpitaux de Castelnau de Prudhomat (Félines) et de Drulhe en Rouergue ainsi que l église de Gorses, cédée par l abbé de Figeac au 14 e siècle, et celle de Sainte-Radegonde de Montet-et-Bouxal. En 1298, sous le commandeur Pierre de Raymond, le Grand maître Pierre de Villaret aurait donné à l Hôpital-Beaulieu la règle des hospitalières et annoncé aux chevaliers de l ordre le projet de conquérir l île de Rhodes. Le château, d après un dénombrement de 1750, était à trois tours rondes et un donjon, entouré de fossés et de remparts en forme de quadrilatère et comportait une chapelle hors les murs. Celle-ci, connue par le plan cadastral napoléonien (Pl. 1 : n 2), devint église paroissiale jusqu en 1880 après destruction de l église Saint-Jean-Baptiste 1. À cette date, elle fut remplacée par l église actuelle. 1 L église Saint-Jean-Baptiste, première église paroissiale établie à l emplacement du cimetière actuel, a été détruite en 1575 par les protestants et sa reconstruction abandonnée en 1632. - 1 -
La commanderie eut à souffrir des Guerres de Religion. Elle était inhabitable en 1738, ses fossés à demi-comblés et ses logis transformés en bâtiments d exploitation. (JUILLET 1975, p. 74). On a supposé que rien n en subsistait car elle passait pour avoir été définitivement détruite par les révolutionnaires. Analyse La ferme qui occupe l emplacement de l ancien château se compose de deux corps d habitation sur caves, auxquels s adossent quelques constructions annexes. La façade nord de l ensemble est moderne et ne conserve aucun vestiges médiéval. En revanche, l épaisseur des murs, soigneusement appareillés par endroits, indique que certaines parties de l édifice remontent à l époque médiévale. L élévation orientale du bâtiment est presque aveugle. L épaisseur de ses maçonneries varie de 1,35 m, dans la partie sud, à 1,70 m dans sa partie nord. En partie basse et à l étage elle présente des maçonneries parementées en moyen appareil, rubéfiées par endroit. À l étage, les vestiges d une baie moulurée condamnée (Fig. 4), attribuable au 15 e siècle bien que repercée, côtoient un ancien jour chanfreiné (également muré ; Pl. 3 : n 6) appartenant à la maçonnerie primitive. En partie basse, une reprise importante esquissant les contours d un cintre, résulte de la démolition d un four à pain moderne. L élévation sud présente des parements très remaniés, comportant de nombreux remplois. Ses parties les plus anciennes ne paraissent pas antérieures au 15 e siècle. Les vestiges d un tableau de porte appartenant à un mur perpendiculaire disparu apparaissent en partie basse. À l étage on distingue le piédroit d une porte chanfreinée condamnée, au-dessus d une pierre d égout. L ensemble de l élévation ouest a été en grande partie réédifiée au 15 e siècle et aux époques plus récentes, à l exception de sa partie nord où les assises régulières des maçonneries médiévales sont repérables. Au droit du mur de refend recoupant le corps principal, une chaîne soigneusement appareillée semble indiquer l angle sud-ouest d une construction primitive massive contre laquelle les maçonneries plus modernes se sont accolées. Où est-ce? Au rez-de-chaussée de la salle occupant l extrémité nord de l ensemble, les maçonneries médiévales sont repérables également à l intérieur. Elles permettent de restituer une salle quadrangulaire de 4,80 m à 4,85 m. Cette disparité dans les épaisseurs de murs suggère l hypothèse d une salle voûtée en berceau. Une fente de jour, repercée tardivement dans la masse de la maçonnerie, puis élargie, est implantée dans l angle sud-est (Pl. 3 : n 10). Une ancienne armoire murale rétrécie au 19 e siècle occupe le milieu de la face sud (Pl. 3 : n 5). Les autres percements de la salle appartiennent à l élévation nord réédifiée au 19 e siècle. L ensemble des vestiges médiévaux repérés esquisse les contours d une ancienne tour de plan carré, de 8 m à 8,10 m de côté environ, aux murs épais de 1,70 m, dont l élévation orientale aurait été prolongée vers le sud par une courtine. La parcelle sur laquelle est implantée la construction dessine un polygone irrégulier de 17 m x 27 m correspondant peut-être à un premier enclos, lui-même implanté au centre d un tertre terrassé de 55 m de diamètre environ. En contrebas, le plan cadastral napoléonien suggère une troisième enceinte dans laquelle était établie l ancienne chapelle castrale, devenue paroissiale mais aujourd hui détruite. Des vestiges en seraient encore visible dans l habitation occupant l actuelle parcelle 214. - 2 -
Bibliographie JUILLET (J.), Commanderies du Haut-Quercy sur le chemin de Rocamadour, Saint-Yrieix-la-Perche, 1975, p. 66-80. CLARY (Abbé R.), Dictionnaire de paroisses du diocèse de Cahors, Cahors, Tardy-Quercy, 1986. p. 161-162. GROS (L.), Protection-Inventaire du canton de Latronquière (Lot), Document final de synthèse, AFAN, antenne grand Sud-ouest, SRA Midi-Pyrénées, 2002. - 3 -
Figures Fig. 1 Commanderie des Hospitaliers, vue générale depuis le nord-ouest. Fig. 2 Commanderie des Hospitaliers, vue générale depuis le sud. - 4 -
Fig. 3 Commanderie des Hospitaliers, vue inérieure de l angle sud-ouest de la tour. À gauche, armoire murale condamnée. Fig. 4 Commanderie des Hospitaliers, vue générale depuis le nord-ouest. - 5 -
Fig. 5 Commanderie des Hospitaliers, vue de l élévation sud. Dans l angle à droite, piédroit de porte chanfreiné. Fig. 6 Commanderie des Hospitaliers, jour d archère 15 e siècle (Pl. 3 : n 7). - 6 -
LATRONQUIÈRE Commanderie des Hospitaliers Légende des plans 1. Commanderie des hospitaliers 2. Ancienne chapelle disparue 3. Tracé de l enceinte 4. Tour 5. Armoire murale 6. Jour d archère médiéval 7. Jour d archère 15e s. 8. Cheminée moderne et ouverture de four 9. Tableau de porte du 15e s. ayant appartenu a un mur perpendiculaire disparu 10. Fente de jour repercée
LATRONQUIÈRE Commanderie des Hospitaliers Plan cadastral actuel Planche 1 N 0 10 20 30 40 50 m
LATRONQUIÈRE Commanderie des Hospitaliers Plan d ensemble d après le cadastre napoléonien G. Séraphin - mars 2007 Planche 2 3 1 2 N 0 10 20 30 40 50 m
N LATRONQUIÈRE Commanderie des Hospitaliers niveau 0 G. Séraphin - mars 2007 Planche 3 9 7 6 8 10 5 4 0 1 2 3 4 5 m