Université Inter-âges Saison 2015 L ÉPOPÉE D ALEXANDRE LE GRAND AU CŒUR DES CIVILISATIONS ANTIQUES par M. Philippe GUITTET Professeur agrégé d histoire ancienne à l ESPE
1 ère ÉTAPE : LA PRÉPARATION DE LA CAMPAGNE : ----------------- ROYAUME DE MACÉDOINE ET CITÉS GRECQUES Pistes de lecture : Momigliano A., Philippe de Macédoine : essai sur l histoire grecque au quatrième siècle, Éclat, 1992. Worthington I., Philippe II - Roi de Macédoine, Economica, 2000. Corvisier J.-N., Philippe II de Macédoine, Fayard, 2002. Hammond N. G. L., Le Génie d Alexandre le Grand, trad. française, 2001. Briant P., Alexandre le Grand, 2002. Benoist-Mechin J., Alexandre le Grand, Tempus Perrin, 2009.
ROYAUME DE PHILIPPE II
MORT DE PHILIPPE II [16,93] XCIII. Le théâtre était rempli de spectateurs, lorsque Philippe s'avança, vêtu de blanc, et ordonnant à ses gardes de ne le suivre qu'à une grande distance; car il voulut ainsi faire voir qu'il avait confiance dans l'affection des Grecs, et qu'il n'avait pas besoin de gardes. Ce fut au milieu de ces fêtes splendides où Philippe reçut les honneurs d'un immortel, que le roi devint l'objet d'un attentat étrange qui lui donna la mort. Pour mieux saisir cette conspiration nous allons d'abord en exposer les causes. Pausanias, Macédonien de naissance, natif d'orestis, servait dans la garde de corps du roi, et s'était, par sa beauté, attiré l'affection de Philippe. Ce garde s'étant aperçu que Philippe aimait un autre Pausanias, son homonyme, se déchaîna en invectives contre son rival; il l'appela homme-femme et prêt à se livrer aux amours du premier venu. L'outragé garda le silence pour le moment; mais il s'en ouvrit à Attalus, un de ses amis, et avait déjà arrêté un projet de vengeance, lorsqu'il perdit la vie volontairement et dans une circonstance inattendue : il se trouva peu de jours après, dans une bataille que Philippe livrait au roi des Illyriens; placé au-devant de Philippe, il reçut tous les coups qui étaient destinés au roi et expira. Le bruit de cette action s'étant répandu, Attalus, un des courtisans les plus influents du roi, invita Pausanias, le garde du corps, à un banquet, et, après l'avoir enivré de vins, il livra son corps en prostitution aux goujats. Revenu de son ivresse, Pausanias se plaignit au roi en désignant Attalus comme l'auteur des outrages qu'il avait reçus. Philippe, indigné de ce forfait, ne fit point encore éclater son courroux, parce qu'il avait pour le moment besoin des services d'attalus, qui était aussi son parent : Attalus était neveu de Cléopâtre, seconde femme du roi; d'ailleurs, il venait d'être envoyé en Asie avec une partie de l'armée, et avait la réputation d'un brave guerrier. Le roi essaya donc d'apaiser la colère de Pausanias en le comblant de bienfaits et en lui donnant de l'avancement dans sa garde. [16,94] XCIV. Cependant, Pausanias concentra sa colère et se promit de tirer vengeance, non seulement de celui qui l'avait outragé, mais encore de celui qui lui avait refusé satisfaction. Il fut surtout encouragé dans ce projet par le sophiste Hermocrate. Pausanias, qui était son disciple, lui demanda un jour, dans l'école, comment on peut devenir un homme célèbre. Le sophiste répondit : «En tuant celui qui a fait de grandes choses ; car la postérité ne séparera pas le nom du grand homme de celui de son meurtrier.» Retrempant sa colère par ce sophisme, et sa résolution étant irrévocablement prise, Pausanias songea à profiter, pour l'exécution de son projet, des jeux qui se célébraient. Il eut d'abord soin de placer des chevaux aux portes de la ville; puis il pénétra dans les avenues du théâtre en cachant sous ses vêtements une épée celtique. A l'instant où Philippe ordonnait à ses amis, qui l'accompagnaient, d'entrer avant lui dans le théâtre, et à ses gardes de se tenir à quelque distance derrière lui, Pausanias accourut, et, voyant le roi laissé seul, il lui plongea un poignard dans les côtes et l'étendit roide mort. Le meurtrier prit aussitôt la fuite, et arriva aux portes de la ville où il trouva des chevaux tout sellés. Les gardes accoururent, les uns pour relever le corps du roi, les autres pour se mettre à la poursuite de l'assassin; parmi ces derniers, il y avait Léonatus, Perdiccas et Attalus. Cependant Pausanias, qui avait de l'avance sur eux, leur aurait échappé, monté sur son cheval, si une de ses chaussures, embarrassée dans des sarments de vigne, ne l'eût fait tomber. Perdiccas et ses compagnons l'atteignirent, le relevèrent et le percèrent de coups. Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique Traduction française : Ferd. Hoefer
Dynastie macédonienne des Argéades : Dynastie perse des Achéménides :