Colloque International La pluralité interprétative Fondements historiques et cognitifs de la notion de point de vue. 12 et 13 Juin 2008 Utilisations de langage et développement de la capacité à maîtriser plusieurs points de vue chez l enfant Edy Veneziano Université Paris Descartes CNRS, France
La pluralité des points de vue G. B. Shaw When a man wants to murder a tiger he calls it sport; when a tiger wants to murder him he calls it ferocity. George Bernard Shaw Quand un homme désire tuer un tigre, il appelle cela sport ; quand un tigre désire le tuer, il appelle cela férocité George Bernard Shaw
La pluralité des points de vue Jean Piaget Égocentrisme intellectuel Test des trois montagnes : difficulté à prendre EN MEME TEMPS son point de vue et celui de la poupée il faut attendre 6-7 ans
Jean Piaget Égocentrisme intellectuel Est-ce que tu as un frère? Exp : Est-ce que tu as un frère? Enfant : oui, Pierre Exp : et Pierre il a un frère? Enfant : non, on est que deux Égocentrisme intellectuel => relation non réciproque
Jean Piaget Égocentrisme intellectuel Et moi? On compte personnes à table, et on oublie l'enfant : Enfant : et moi? Enfant compte personnes à table : Enfant peut ne pas compter soi-même Égocentrisme intellectuel => problème à être à la fois celui qui compte et celui qui est compté.
La pluralité des points de vue Heinz Wimmer Josef Perner Fausse Croyance -> Théorie de l'esprit - ToM entre 4 et 6 ans enfants comprennent Etat du monde personnage Etat du monde enfant P manque d'info Etat du monde Pfaux Fausse Croyance
La pluralité des points de vue Égocentrisme intellectuel Fausse Croyance -> ToM AVANT entre 4 et 8 ans APRES
Avant réussite à FC : Quoi à propos d'autrui? Prise en compte des EMOTIONS d'autrui La Falaise visuelle Entre 6 t 14 mois ne traversent pas facilement => Perception de la profondité. Social referencing - la Référentiation Sociale Mère appelle enfant du côté profond avec expression joyeuse 75% des enfants traversent expression de peur aucun enfant traverse.
Avant réussite à FC : Quoi à propos d'autrui? Prise en compte des DESIRS d'autrui Les autres peuvent avoir désirs différents Repacholi & Gopnik (1997) enfant aime enfant n'aime pas a) même goûts Exp.: mmmmm.yum! Exp.: Beh! b) goûts opposés Exp.: Beh! Exp.: mmmmm.yum! Exp : encore Qq ENFANT va lui donner?
Avant réussite à FC : Quoi à propos d'autrui? Prise en compte des DESIRS d'autrui b) Goûts différents enfant aime Exp aime enf n'aime pas Qq ENFANT va lui donner? broccoli ou biscuit? quand contraire à goût propre (b) À 14 mois => ce que l'enfant aime à 18 mois -> ce que l'exp aime
Avant réussite à FC Quoi à propos d'autrui? Prise en compte des INTENTIONS d'autrui Jeu de faire semblant Onishi, Baillargeon & Leslie (2007): à 15 mois enfants sont surpris quand le personnage fait semblant de boire du verre où il n'avait PAS fait semblant de verser du liquide
Avant réussite à FC La "compréhension" implicite des connaissances d'autrui L expérimentateur (Exp) voit Les 2 cibles 1 cible Aucune cible À partir de 18 mois : Plus de pointage et de vocalizations ou langage, plus de regard vers l'exp quand la cible n'est pas visible pour EXP.
Avant réussite à FC La "compréhension" implicite des connaissances d'autrui Exp cache un objet dans l'un de 2 boîtes a) La mère regarde b) La mère n'est pas dans la pièce Enfant veut l'objet hors de portée A 2 ans : Plus de pointage vocalisations ou langage dans leur demande quand la mère N'A PAS VU où l'objet est caché
Utilisations de langage et la "compréhension" implicite des connaissances d'autrui Le jeune enfant et ses partenaires parlent souvent de ce qui est présent Attention conjointe dans l'ici et maintenant Au début => à la base de la communication réussie et des premières connaissances de langage
Utilisations de langage et la "compréhension" implicite des connaissances d'autrui Mais le langage permet de dépasser les frontières de l'immédiatement perceptible - en parlant du passé et du futur - de l'absent - du subjectif (états internes, psychologiques) - De faire connaître raisons et motivations => apporte des informations à l'interlocuteur Y a-t-il des changements vers UTILISATIONS "informatives" de langage chez l'enfant dans la deuxième année?
1. Références EXPLICITES à états internes Peur, faim, soif, mal, fâché, veux, aime,.. En situation naturelle Début: deuxième partie de la deuxième année états se référant aux états épistémiques Sait.croit, pense apparaissent un peu plus tard (Dunn, Bretherton & Munn, 1987; Shatz, 1994; Bartsch & Wellman, 1995; Baumgartner, Devescovi & D'Amico, 2000).
2. Parler du passé à 19 mois partager connaissance, informer La mère et l enfant regardent un livre d images E1 e sin A1 il y a un cygne E2 epain se tourne et regarde la mère bien en face A2 il y a un cygne oui là E3 pain A3 hein? E4 epain A4 oui! on a été donner du pain aux cygnes nous hier!
3a. Fournir une justification de requête Persuader autrui à faire Requête : "ouvre la boîte" Justification de requête : "je ne peux pas le faire" à18mois Après avoir essayé d'ouvrir une boîte contenant des petits bébés, Chantal tend la boîte à sa mère et dit /eo pa/ je ne peux pas. L'enfant manifeste sa requête d'ouvrir la boîte par des gestes et justifie en même temps la requête par son incapacité à le faire
3b. Fournir une justification de refus convaincre autrui à accepter son propre point de vue E1 = Refus : non + justification de refus : "je joue" M2 = insistence en affirmant la règle de la maison E2 = Enfant propose compromis : "je joue au foot" (je ne le lance pas en l'air) L enfant joue avec un ballon en le lançant en l'air. Le ballon aboutit sur le lit M 1 : tu le laisses là maintenant E 1 : non. ejoue (essaie de récupérer le ballon) M 2 : tu sais que tu ne peux pas jeter les ballons dans la maison..mh? E 2 : au foot (place le ballon par terre) M 3 : (laisse que l enfant donne un coup de pied au ballon)
4. Parler dans le jeu de faire semblant informer, partager avec autrui Le langage peut 1. référer à des aspects réels (non imaginaires) du contexte là mettant une poupée dans un berceau-jouet 2. contribuer de manière +/-déterminante à la signification du jeu de faire semblant pleure / dodo opa - ((le bébé) pleure / ne veut pas faire dodo) chaud ça - en se référant à de l eau imaginaire.
Apparition et Relations développementales entre utilisations informatives de langage n u m b e r 18-19 mo 16 14 12 10 8 6 4 2 0 16 17 18 19 age in month Cha 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Ref.to past introduced by Child no. of justifications % of "informative" verbalizations in pretend play n u m b e r 19-20 30 mo 25 20 15 10 5 0 15 16 17 18 19 20-21 age in months 22 Cag 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Ref.to past introduced by Child no. of justifications % of "informative" verbalizations in preten play n u m b e r 16 14 12 10 8 6 4 2 0 21-23 mo 17 18 19 20 21-22 23 age in month Ama 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Ref.to past introduced by Child no. of justifications % of "informative" verbalizations in pretend play 20 18 16 n 14 u 12 m 10 b e 8 r 6 4 2 0 22-24 mo Gae 16 17 18 19 20 21 22 23-25- 24 27 age in month 80% Ref.to past introduced by Child 70% 60% no. of justifications 50% 40% % of "informative" 30% verbalizations in 20% pretend play 10% 0%
Utilisations de langage et la "compréhension" implicite des connaissances d'autrui Utilisations "informatives" de langage manifestent compréhension implicite que intentions, connaissances et centres d attention de l'enfant des intentions, connaissances et centres d attention de son partenaire le langage peut être un moyen très utile pour combler la différence et partager des représentations mentales.
Utilisation de langage de type informatif et Théorie de l'esprit (Fausse croyance) Dunn (1991) enfants qui argumentent et justifient le plus dans les situations conflictuelles sont ceux qui plus tard réussissent plus tôt la situation de "fausse croyance"
Après réussite à FC L'expression de différents points de vue Raconter à quelqu'un une histoire de malentendu (de fausses croyances) compréhensible et ayant de l'intérêt Activité complexe qui sollicite compétences : cognitives langagières communicatives => Nécessite intégration de différents aspects en même temps
Histoire d'un Malentendu en images
nature de l histoire L'histoire repose sur un malentendu : les deux personnages de l histoire ont chacun une appréciation différente de l'événement clé. Si les enfants comprennent qu'il s'agit d'un malentendu, le raconter devrait amener l'enfant à présenter deux points de vue différents en parlant des intentions de l'un et des croyances de l'autre personnage.
Différentes études montrent Récits d'abord descriptifs à 4-5 ans, enfants peuvent attribuer des états internes (desirs, intentions) aux personnages mais à 6-7 ans se réfèrent encore rarement aux croyances des personnages («il croit que c est un arbre») Ce n'est qu'encore plus tardivement peuvent évaluer si la croyance attribuée est vraie ou fausse en la confrontant au "réel" («mais c est un cerf») (Aksu-Koç & Tekdemir, 2004; Bamberg & Damrad-Damrad-Frye, 1991; Berman & Slobin, 1994; Berman, 2004; François, 2004 ; Kielar-Turska, 1999; Küntay & Nakamura, 2004; Veneziano & Hudelot, 2006 Veneziano, Albert & Martin, sous presse).
Exemples de construction d'histoire 1. il y a un garçon et une fille; la fille pousse le garçon; le garçon la repousse, et après ils deviennent amis 2. y avait / un / une fille et un garçon// et / après la / le garçon il a poussé la fille / la fille elle est tombée par terre // elle s est mise à genoux / il l a relevée // et puis après // elle est // i sont redevenus amis 3. C est deux amis qui se disent bonjour et il y en a un qui ne voit pas une pierre et qui tombe et qui pousse sans faire exprès son ami après l autre garçon il le pousse parce qu il croyait qu il l a fait exprès et après il tombe sur les fesses et après le garçon il le reprend pour, enfin, pour le remettre debout et après ils font la paix.
Etats Internes Physiques, perceptifs il s'est fait mal, il a vu, il n'a pas vu Emotions il est fâché, il est content, mécontent,... Intentions il l'a fait exprès; il le pousse sans le faire exprès Croyances, états de conaissance (épistémiques) il ne savait pas comment il était tombé il croit qu'il l'a fait exprès de le pousser
Enfants faisant référence à au moins un état épistémique avant et après intervention, par âge 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 4-5 ans 6-7 ans 8-9 ans 10-11 ans ge des enf avant ˇtayageapr s ˇtayag A 6-7 ans APRES intervention, même % d'enfants qu'avant étayage à 10-11 ans
Fausse croyance et appréhension différente de la même réalité par les deux personnages Fausse croyance niv.4 (FC): l'enfant exprime la cause physique de la poussée ET la croyance de P2 que la poussée était intentionnelle il a trébuché sur une pierre; l'autre croit qu'il l'a fait exprès...
La rectification de la Fausse Croyance et la résolution du malentendu Le point de vue différent des personnages fait surface et le malentendu est résolu (RFC) P1:je t'ai pas poussé, j'ai trébuché P2:oh pardon j'ai cru que tu l'avais fait exprès
L expression des points de vue Fausse Croyance et rectification de FC, par âge 8 7 6 5 4 3 2 1 0 FC RFC FC RFC FC RFC FC RFC 4-5 ans 6-7ans 8-9ans 10-11 ans FC, RFC par groupes d' ges. avant ˇtayage apr s ˇtayage Dans le récit initial, FC et RFC font rarement surface avant 8 ans. L'effet de l'intervention marqué à partir de 8-9 ans
Différents niveaux de fonctionnement savoir faire connaissances implicites connaissances explicites
Différentes capacités perception compréhension production Quel savoir quand il semble comprendre ou produire? Différents niveaux de Complexité de l'activité Charge émotionnelle Enjeux personnels.