Concours de nouvelles Fantastiques 2017 Organisé par les Médiathèques d Ivry-sur-Seine Lauréat catégorie moins de 15 ans
A rmée, comme à son habitude, de son appareil photo, une jeune fille s assit sur un banc non loin d un autre. Cela aussi faisait partie de ses habitudes. Elle avait une nouvelle fois choisi le banc près d un arbre se trouvant derrière un bâtiment de couleur brique. Ce banc lui permettait d avoir une vue d ensemble sur la place qui lui faisait face. Elle avait les yeux verts, une peau ambrée et des cheveux bruns soyeux. Elle adorait ce qu elle faisait chaque mercredi après-midi. C était son passe-temps. Certains font du sport, mais elle fait tout autre chose. Elle s amusait à capturer des moments dans sa petite boîte magique. L adolescente trouvait d ailleurs que des clichés sont plus magiques que des contes. La magie de la photographie aurait-elle remplacé celle des histoires fantastiques? Clic! Et d une photo! Elle représentait un jeune enfant en train de tomber mais qui avait un sourire lunaire. Cette photographie la fit elle-même sourire. Elle passa son après-midi à prendre des photos, toutes plus belles les unes que les autres. Malgré qu elle choisisse souvent cet endroit pour faire de la photographie, ses clichés ne se ressemblaient jamais. A dix huit heures, il commençait déjà à faire sombre. Elle décida de rentrer chez elle pour pouvoir observer ses clichés. Arrivée chez elle, elle ouvrit la porte. Comme d habitude, elle entendait ses parents se crier dessus. Elle soupira, avant de se ruer dans sa chambre. Elle ralluma son appareil photo et regarda ses photos. - Hein? Mais qu est-ce que c est? dit la jeune fille étonnée. En agrandissant l image pour observer de plus près le visage heureux de l enfant, au-dessus de sa tête il y avait une chose posée. Cette «chose» était sur chacune de ses photos. Elle n arrivait pas à savoir ce qu était cette petite «chose» mais elle réussit tant bien que mal à distinguer des petites ailes. Mais bizarrement, cela ne ressemblait pas à un vulgaire insecte. Définitivement interloquée par la «chose», elle se promit de réussir à la capturer dans son appareil photo. La jeune fille passa toute la soirée à penser à la «chose» qui apparaissait sur toutes ses photos. - Maëlys! Maëlys, je te parle! cria une voix de femme. - Comment? Pourquoi m appelles-tu? - Cela fait combien de fois que je t appelle? - Je n en sais rien. Sinon, qu y a-t-il? 1
- Il est vingt-deux heures. Tu dois aller dormir. - Ah, oui. J y vais. Bonne nuit maman. Les dialogues entre sa mère et Maëlys sont courts. Un froid permanant régnait entre elles, mais la jeune fille s y était habituée. Elle partit donc se coucher, la tête pleine de pensées. La semaine passa rapidement et il était déjà mercredi après-midi. De nature très curieuse, elle se donna des petites tapes sur les joues pour se donner du courage. Son objectif ce mercredi était de prendre en photo la petite «chose» qui a titillé son attention. Elle prit de nombreuses photos lors de cet après-midi. Il était presque dixhuit heures, malheureusement, elle n arrivait pas à clairement distinguer ce qui l intéressait. Ses photos étaient pourtant sublimes, comme à son habitude, mais elle n était pas fière. Son objectif n était pas atteint. Un profond soupir s échappa de ses lèvres et elle leva la tête vers le ciel. Avait-elle rêvé? Pourquoi était-elle à ce point convaincue que ce n était pas un banal insecte? Sa mère aurait sûrement dit que se sont des idioties et aurait déclaré que c était d une stupidité infinie. La sortant de ses réflexions, elle sentie un léger poids sur son crâne. Instinctivement elle leva sa main pour la diriger vers sa tête. Un petit «Hé!!» d indignation se fit entendre d au-dessus de sa tête. La petite voix continua : - Tu veux me tuer ou quoi?! Fais un peu attention tout de même! - Hein? parvient seulement à articuler Maëlys. - Lèves la tête si tu veux me voir, idiote!» Elle leva immédiatement la tête avant d ouvrir ses grands yeux verts. Elle était interdite face à la chose volante se trouvant au-dessus d elle. C était - Une fée?! dit la jeune fille toujours sous le choc. - Une fée? Moi? Je suis un fétaud, inculte! - Fétaud? C est quoi cette chose encore? Et puis qu est-ce-qui m arrive? Je parle avec un truc qui vole! - Je ne te permets pas, t es vraiment une petite peste! Et un fétaud, pour information, c est le masculin pour fée. C est incroyable que l on soit aussi peu connu. Tu sais ce que c est une fée au moins? - Par l intermédiaire de Peter Pan et des nombreux films Clochette. Mais je n en ai vu aucun. 2
- Donc tu connais à peine les! Maëlys prit rapidement une photo du fétaud avant de s enfuir rapidement pour rentrer chez elle. Elle avait l impression de l entendre pousser un cri mais elle ne se retourna pas, totalement troublée par cette rencontre surréaliste. La fille courrait sans s arrêter bien décidé à rentrer chez elle et penser à tout cela à tête reposée. Elle arriva enfin chez elle, haletante, elle ouvrit rapidement la porte et la ferma à clé avant de se laisser tomber contre celle-ci. Elle ne voulait pas y croire. Elle refusait. Comment cela pouvait être possible déjà? Un fétaud? Et puis, pourquoi elle? Par ailleurs, son sourire malicieux était très insupportable La brune partit dans sa chambre et ouvrit sa fenêtre avec nonchalance. Elle posa ses bras sur le rebord et observa l immensité qui se trouvait au-dessus d elle. Elle soupira et ferma les yeux pour profiter du vent qui la frappait de face, mais une petite voix l extirpa de ce moment si relaxant : - Hé! Tu pensais me semer comme ça?! Oh, mais quelle jolie chambre! - Mais? elle ouvrit immédiatement les yeux en entendant la voix plutôt haut perché et se tourna en balayant sa chambre des yeux afin de trouver le fétaud. - Je vais vivre chez toi quelques temps tu sais? Donc, j accepte tes excuses dû à ton odieuse attitude. - Vivre chez moi? Mon odieuse attitude?! Je ne sais même pas comment tu t appelles, je ne sais même pas pourquoi je t ai rencontré, je ne sais même pas pourquoi je te parle! - Penses-tu que je connaisse ton prénom? - Penses-tu que ce soit normal qu une personne, non, un fétaud s immisce dans ma vie déjà assez compliquée?! Je voulais juste prendre une photo car tu m intriguais! - Ecoute, dit-il en volant vers elle. - Je ne veux pas t écouter, je ne veux pas te parler, je veux juste que tu partes loin d ici! - Tu dis ça car je ne suis pas humain, hein? dit le fétaud étrangement froid par rapport à son sourire habituellement malicieux. - Comment? Non, c est juste que - Je m en fiche. Tu peux garder tes excuses. Les humains sont vraiment des êtres égoïstes, moi qui voulais t apporter de l aide. - Laisse-moi le temps de m exprimer! 3
- Mais toi, as-tu voulu m écouter? - Non, effectivement Mais je ne peux pas comprendre ni accepter le fait qu un fétaud entre dans ma vie comme cela. - Bref, comme tu voulais que je parte. Je m en vais. Sache juste deux choses. La première, ne cherche pas à savoir pour quelles raisons je me trouve dans ce monde et la seconde, je m appelle Nevra. Sur ce. Sur ces paroles, il s envola hors de la chambre sans se retourner, laissant une Maëlys dévorée par le regret. Elle se sentait extrêmement mal. Ce petit Nevra, avec ses cheveux noirs et ses yeux bleus comme l océan, et ses habits fait en feuillage l intriguait. Son visage blessé et froid par les paroles d une fille perdue avait clairement perturbé cette dernière. Mais pourquoi se sentir si mal pour une personne à peine rencontrée? Aurait-elle eue la même réaction avec une personne demandant le logement, un humain? Les questions tournaient et tournaient dans sa tête, remplie de «Si» et de «Pourquoi?». Chaque jour qui arrivait, elle alla sur la place où elle avait rencontré un fétaud souriant au mauvais caractère. Elle criait son prénom mais personne n apparaissait devant elle. Un jour de grand froid, elle se rendit une nouvelle fois sur la place, elle s assit sur le banc et appelait encore et encore Nevra sans succès. Epuisée par ses recherches et ses peu nombreuses heures de sommeil, elle s endormit sur son banc, un vendredi soir. Une voix lointaine lui parvint jusqu aux oreilles : - Hé! Réveilles-toi bon sang! Tu vas mourir de froid si tu restes ici! Hé! Hé! Elle sentit de petits coups sur sa joue et commença à se réveiller. - Hein? - T es enfin réveillée? Faudrait que tu rentres chez toi quand même! - Mais tu es Elle reconnut la personne en face d elle, Nevra - Je t ai cherché durant deux semaines! - Rentres d abord chez toi. - Viens avec moi S il te plaît. Acceptant son offre, Nevra suivie Maëlys jusqu à chez elle. - Maëlys! Ce n est pas trop tôt! Petite sotte! hurla une voix. - C est reparti, dit faiblement la jeune fille dans un soupir. - Tu n apportes que des problèmes! Tu es insupportable! 4
Sa mère continua encore durant plusieurs heures, réprimandant encore et encore sa fille. Des enfants se trouvaient dans un lit. Une jeune femme était assise près d eux les caressant tendrement. - Maman! Maman! Sa maman est vraiment comme ça? Elle n est pas gentille! Il se passe quoi après? demanda un petit garçon aux yeux marrons. - La mère de Maëlys était toujours méchante avec elle. Mais heureusement que Nevra était là pour lui remonter le moral. Nevra habita donc chez la jeune fille lui apportant beaucoup de chance, de bonheur et de rire chaque jour. Elle réussi à dire à sa maman que son comportement n était plus vivable. Maëlys tomba petit à petit amoureuse de Nevra, mais malheureusement, leur amour était impossible. Il réussi à lui faire croire en la magie, ce qui n était pas gagné. La jeune femme poursuivit son récit, mais depuis leur réconciliation, on dit qu ils ne se quittent plus jusqu aujourd hui. - Maman, dit un autre petit garçon aux yeux magnifiquement verts, tu connais la fille? Moi je veux rencontrer Nevra! - Oh moi aussi je veux le rencontrer! - Mmh Votre papa aussi a déjà rencontré Nevra grâce à moi. Vous le rencontrerez vous-aussi. - La fille c était toi alors?! - Peut être bien! répondit-elle en riant, Mais aujourd hui, je sais qu il veille sur notre famille. Comme il veillait sur Maëlys. - C est une jolie histoire dit un enfant dans un bâillement. - Aller, c est l heure de dormir les enfants, je vous aime. Et n oubliez jamais, ne repoussez jamais les personnes parce qu elles ne sont pas comme vous. Elle se leva du lit et jeta un coup d œil au rebord de la fenêtre sur lequel se trouvait un petit fétaud vêtu de feuillages souriant avec malice. Elle lui dit dans un murmure : Bonne nuit à toi aussi, Nevra. Fin 5