A Essoyes, la Maison Renoir dévoile la vie champêtre du peintre Par afp, le 3/6/2017 à 11h13
Une reproduction de l'oeuvre de Renoir "Les Laveuses", le 1er juin 2017 à Essoyes dans l'aube / AFP Pendant trente ans, le même rituel estival : loin de la frénésie parisienne, Pierre-Auguste Renoir a puisé son inspiration dans le charme pastoral d'essoyes (Aube), où le peintre possédait une demeure familiale qui ouvre pour la première fois ses portes au public en ce début juin. "Pendant longtemps, quand on parlait de Renoir, on parlait de Paris ou de Cagnes-sur-Mer et pas d'essoyes, alors qu'il a passé trente ans ici", rappelle fièrement Philippe Talbot, premier adjoint au maire qui s'improvise guide amateur quand il s'agit de parler du lien entre le peintre et la petite cité champenoise au coeur de la Côte des Bar. En 1896, un an après la vente des "Jeunes filles au piano", Renoir (1841-1919) achète une maison en pierre, surmontée d'une tourelle, dans la commune dont est originaire Aline Charigot, sa future épouse. Chaque été, les murs résonnent des rires des enfants et de quelques amis comme le critique d'art Georges Rivière ou la nièce de Manet, Julie. En 2012, Essoyes a acquis la demeure familiale à l'arrière-petite fille du peintre, lançant ensuite un programme de rénovation pour rendre la "Maison Renoir" accessible au public. La reconstitution de l'intérieur est si minutieuse qu'elle donne l'impression que le peintre s'est absenté momentanément. "Il n'aimait pas ce qui était bourgeois mais il appréciait le confort", relève Catherine Jarrier, membre de l'équipe - par ailleurs auréolée du César du meilleur décor de film pour "Séraphine" - qui a retranscrit l'atmosphère du début du XXe siècle.
Un guéridon, une commode, une table et son lit sont les seuls objets lui ayant appartenu qui parsèment les trois étages de la maison gardant son authenticité grâce à l'ajout de lettres d'archives, de photos et de reproductions d œuvres. La demeure familiale de Renoir à Essoyes dans l'aube, le 1er juin 2017 / AFP La salle à manger abrite aussi deux toiles originales visibles jusqu'au 27 septembre : "Jeune fille au miroir", prêtée par le musée des beaux-arts de Rouen, et "Le Petit Pont", représentant un pont de la commune voisine et prêtée par celui d'orsay. Par ailleurs, pour accompagner l'ouverture de la maison de l'artiste, le musée d'art moderne de Troyes consacre une exposition au peintre, "Un autre Renoir", du 17 juin au 17 septembre. - "Séduit" - A quelques pas de la demeure, Renoir fit aussi construire en 1906 son atelier, où il travaillait et stockait ses toiles. Les visiteurs y découvrent désormais des objets particuliers comme le fauteuil roulant qu'il utilisa, perclus de rhumatismes, préférant jusqu'à la fin de sa vie "peindre plutôt que marcher".
Une reproduction de l'oeuvre de Renoir "Jeune fille au ruban bleu", le 1er août 2017 à Essoyes dans l'aube / AFP Au cimetière communal deux sépultures indiquent que plusieurs membres de la famille Renoir y ont été inhumés : Pierre-Auguste, sa femme Aline et deux de leurs trois fils, l'acteur Pierre et Jean, le réalisateur. "Il a été séduit par les paysages, les gens, et trouvait des modèles moins chers qu'à Paris", explique M. Talbot. Son "modèle préféré", Gabrielle, devint même la nourrice de son fils Jean et sa confidente. Sous ses traits de pinceaux, les paysannes ont dévoilé leur beauté sans fard dans une lumière naturelle qu'il chérissait. Sur les bords de l'ource, affluent de la Seine sillonnant le village, il a peint "Les Laveuses", installant son chevalet à un endroit encore aujourd'hui indiqué aux visiteurs. "La première fois qu'il est venu à Essoyes, en 1888, il n'était pas très enthousiaste, mais il a ensuite prolongé ses séjours car il s'y sentait bien. Il aimait la simplicité et l'authenticité des lieux, la gentillesse des vignerons aussi", raconte Magalie Duvaux, guide du Centre d'interprétation Renoir qui jouxte la mairie. Entre 8.000 et 10.000 visiteurs français et étrangers s'y rendent chaque année, curieux de se plonger dans l'univers de cette figure célèbre de l impressionnisme, marqué par la Belle Epoque.
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