DROITS DES PATIENTS EN SOINS PALLIATIFS ML.COMONT F.RIVIERE

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DROITS DES PATIENTS EN SOINS PALLIATIFS ML.COMONT F.RIVIERE

Définitions légales Soins palliatifs: «soulager la douleur, apaiser la souffrance physique, sauvegarder la dignité de la personne malade et soutenir son entourage». Article L.1110-10 CSP Patients en fin de vie «malades qui se trouvent en «phase avancée ou terminale d une affection grave ou incurable». Article L.1110-10 CSP

Quelles sont les attentes des personnes en fin de vie et de leurs proches? 1. Refuser la douleur et la déchéance Par la lutte contre la souffrance Par la mort volontaire 2. Affirmer les droits et les souhaits des malades Droit à l information Droit au refus de «tout» traitement Droit au respect de leur volonté Droit à l accompagnement

3. Lutter contre la souffrance psychologique 4. Lutter contre les douleurs réfractaires perception vécue comme insupportable, ne pouvant être soulagée en dépit des efforts obstinés, sans compromettre la conscience du patient sédation

L information au malade Charte du patient hospitalisé 1995 Art 3. «L information donnée au patient doit être accessible et loyale. Le patient participe aux choix thérapeutiques qui le concernent».

L information au malade loi 2002-303 du 04 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (chapitre 1 er ) «Cette information incombe à tout professionnel de santé dans le cadre de ses compétences et dans le respect des règles professionnelles qui lui sont applicables. Seule l urgence ou l impossibilité d informer peuvent l en dispenser» Une information de qualité est le préalable indispensable à un consentement éclairé.

«Le médecin doit à la personne qu il examine, qu il soigne ou qu il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu il propose. Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à leur compréhension...». Toutefois, lorsqu une personne demande à être tenue dans l ignorance d un diagnostic ou d un pronostic, sa volonté doit être respectée, sauf si des tiers sont exposés à un risque de contamination». (article R4127-35 du code de la santé publique)

L information au malade Code de la santé publique Art.R.4312-32 «l infirmier informe le patient ou son représentant légal, à leur demande, et de façon adaptée, intelligible et loyale, des moyens techniques mis en œuvre. Il en est de même des soins à propos desquels il donne tous les conseils utiles à leur bon déroulement» Référentiel d activités : Information et conseils sur la santé en direction d une personne ou d un groupe de personnes Référentiel de compétences : (6) Communiquer et conduite une relation dans un contexte de soins

L annonce d une mauvaise nouvelle «est moralement nécessaire et nécessairement immorale» : «moralement nécessaire» chacun est en droit de savoir à quels bouleversements va devoir accommoder sa vie future. «nécessairement immorale» la mauvaise nouvelle requiert de l annonciateur qu il dise à un autre ce que pour rien au monde il ne voudrait s entendre dire.» P. Le Coz

LA PERSONNE DE CONFIANCE (Lois du 04/03/02 et du 22/04/05) «Toute personne majeure peut désigner une personne de confiance qui peut être un parent, un proche ou le médecin traitant, et qui sera consultée au cas où elle-même serait hors d'état d'exprimer sa volonté et de recevoir l'information nécessaire à cette fin. Cette désignation est faite par écrit. Elle est révocable à tout moment. Si le malade le souhaite, la personne de confiance l'accompagne dans ses démarches et assiste aux entretiens médicaux afin de l'aider dans ses décisions.» Article L.1111-6 Code de la Santé Publique alinéa 1 A distinguer de la personne à prévenir qui n a pas de statut juridique

Qui est la personne de confiance? parent, proche ou médecin traitant ( ) la personne sollicitée peut refuser la décision est révocable à tout moment Durée désignation? la durée de l hospitalisation ou plus longtemps si le patient le souhaite => Décision réfléchie, sans précipitation

Quels rôles pour la personne de confiance? - rôle d accompagnant «Si le malade le souhaite la PC l accompagne dans ses démarches et assiste aux entretiens médicaux afin de l aider dans ses décisions» «Le patient peut décider de la levée du secret médical et de l étendue de cette levée» - rôle de consultant si le patient hors d état d exprimer sa volonté

- rôle consultatif et non décisionnel Avis «pris en compte» par les professionnels de santé Ne peut décider à la place de l intéressé => Rôle renforcé dans lois 06/08/04 sur la bioéthique et du 22/04/05 sur la fin de vie Son avis «sauf urgence ou impossibilité, prévaut sur tout autre avis non médical, à l'exclusion des directives anticipées, dans les décisions d'investigation, d'intervention ou de traitement prises par le médecin.»

Directives Anticipées -décret 2006-119 du 6 février 2006 Validité 3 ans, quid affections comme maladie Alzheimer? Révocable à tout moment par le patient Le médecin «en tient compte» pour toute décision d investigations, d intervention ou de traitement => valeur indicative Document écrit, daté, signé, identifié par nom, prénom, date et de naissance du patient. valeur intrinsèque des Directives Anticipées => outil de dialogue avec le malade.

Directives anticipées Conservation = plusieurs exemplaires (Art. R.1111-19 CSP), dossier patient ville, médical (dossier médical personnel informatisé), domicile du patient, Personne de Confiance, famille, proche Droit comparé: valeur contraignante, 15% des patients en rédigent valeur intrinsèque des Directives Anticipées => outil de dialogue avec le malade.

Faut-il suggérer d en avoir une copie constamment sur soi? Pourraient-elles être intégrées à une carte de santé? Dans un registre national? - Que veut dire tenir compte de ces directives? Dans quelles conditions le médecin décidera-t-il de les respecter strictement ou de les interpréter? Quelles valeurs de ces directives anticipées?

DIRECTIVES ANTICIPÉES : Il appartient au malade de faire savoir où ses directives anticipées sont conservées, au médecin de s enquérir de leur existence et de leur validité au moment de prendre une décision de limitation ou d arrêt de traitement. Problème pour le médecin d obtenir ces directives au moment même où il en aura besoin risque d entreprendre des traitements avant consultation s agit-il de la dernière version?

Patiente en phase avancée ou terminale d une affection grave et incurable, incapable d exprimer sa volonté : Mme E.,83 ans, démente, grabataire non communicante, avec impossibilité d alimentation car faisant des fausses routes à répétition ( pneumopathie). Au niveau de l état clinique on note une dénutrition avancée. La famille demande une gastrostomie mais celle-ci m empêchera pas la pneumopathie d inhalation.

Ce que dit la loi : Possibilité de limitation ou d arrêt d un traitement jugé inutile, disproportionné ou n ayant d autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie Respect de la procédure collégiale : concertation avec l équipe de un ou deux médecins, consultation des directives anticipées, de la personne de confiance ou de l entourage

Après avis de la personne de confiance, de l équipe soignante, du médecin de l institution associée au médecin traitant ou au médecin de l équipe mobile : Décision est prise de faire des soins de confort, et d adapter les traitements en fonction de la douleur et des différents symptômes. Accompagnement des proches Inscription dans le dossier médicale d une prise en charge palliative

Patiente en phase avancée ou terminale d une affection grave et incapable d exprimer sa volonté : Mme X, 91 ans, décompensation cardiaque avec perte d autonomie, dépendante pour tous les actes de la vie courante Il existe une anémie qui majore une grande fatigue, essoufflement. La patiente ne souhaite pas de transfusion. Elle réitère sa décision après avoir reçu une information loyale, claire et appropriée du médecin ( conséquence d une non transfusion engageant le pronostic vital)

Ce que dit la loi : La patiente décide de ce qui relève pour elle de l obstination déraisonnable Le médecin respecte sa volonté après l avoir informé des conséquences de son choix La décision est inscrite dans le dossier médical, des soins palliatifs sont dispensés Respect de son choix, soins de confort et accompagnement de la patiente et de son entourage.

Quelles sont les limites de la loi dite «Léonetti»?

Devoir d enquête du médecin lorsqu il envisage de prendre une décision de limitation ou arrêt traitement (Art. R.1111-20 CSP) Patient doit indiquer s il a rédigé des Directives Anticipées lorsqu il est admis dans un établissement de santé (Art. R.1111-18 CSP)

Le refus du traitement: Faut-il mettre en avant l autonomie du malade au profit du devoir d assistance des soignants? Quid de la liberté individuelle face à la rationalité médicale? Existe une rationalité non médicale Cause et rôle du refus, signification et conséquence?

Droit de refuser «tout traitement» 2004: rapport de la mission d information sur l accompagnement de la Fin de Vie : les limitations et arrêts de traitement «s appliquent à tout traitement, quel qu il soit, y compris l alimentation artificielle» débats parlementaires (Député PL. Fagniez) : comprend l alimentation (nutrition entérale et parentérale) et l hydratation Confirmé en 2008, dans rapport d information n 1287 AN fait au nom de la mission d évaluation de la loi => Pas de position jurisprudentielle à ce jour

Le droit à la non obstination déraisonnable (Art L.1110-5 CSP) A la demande du patient ou à l appréciation du médecin si le patient est hors d état d exprimer sa volonté «Le médecin peut renoncer à entreprendre ou poursuivre des actes de prévention, d investigation, de soins, lorsqu ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n ayant d autre effet que le seul maintien artificiel de la vie. dans ce cas, le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa vie»

Le droit à la non obstination déraisonnable (Art L.1110-5 CSP) Inclusion dans le code de déontologie médicale (Art 37 ) Refus de l OD: devoir des praticiens et un droit des patients laisser faire la nature, ne pas s acharner sur la maladie au mépris de la personne malade Point important: non OD autorise/impose si nécessaire des gestes/actes (ex. arrêt dispositif) qui par eux-mêmes contribueront à provoquer directement la mort => va au-delà de la seule volonté de soulager la souffrance

Patient en état d exprimer sa volonté: possibilité pour son médecin de «faire appel à un autre membre du corps médical» Patient hors d état d exprimer sa volonté: obligation «la limitation ou l arrêt de traitement susceptible de mettre sa vie en danger ne peut être réalisée sans avoir respecté la procédure collégiale» Conseil National de l Ordre des Médecins Exclue la consultation à distance, insistant sur la présence du médecin consultant auprès du patient

Le droit au refus d un traitement A) Si le patient en fin de vie, est en état d exprimer sa volonté : «Lorsqu'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, décide de limiter ou d'arrêter tout traitement, le médecin respecte sa volonté après l'avoir informée des conséquences de son choix.» Article L.1111-10 Code de la Santé Publique (CSP)

Le médecin n a pas à convaincre le patient d accepter les soins ou de réitérer sa volonté : valable pour les thérapeutiques «légères» mais également pour les suppléances des fonctions vitales. L arrêt des traitements est différent de l arrêt des soins

B) Si le patient en fin de vie, est hors d état d exprimer sa volonté «Le médecin peut décider de limiter ou d'arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n'ayant d'autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie de cette personne, après avoir : respecter la procédure collégiale => obligation face à un patient hors d état d exprimer sa volonté.» Art L.1111-13 CSP

Rechercher indirectement ce qu aurait pu être la volonté du patient : consulter la personne de confiance, la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées de la personne Inscrire la décision motivée dans le dossier médical, Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie en dispensant les soins palliatifs. Art L.1111-13 CSP

COLLÉGIALITÉ (Art. R.4127-37 CSP modifié par décret n 2010-107 du 29/01/2010 ) 3 situations: 1. Médecin envisage une limitation/arrêt de traitement Obstination Déraisonnable 2. Au vue des Directives Anticipées du patient présentées par tout détenteur de celles-ci A la demande PC/famille ou proches le médecin ne peut décider de limiter ou d'arrêter les traitements dispensés sans avoir préalablement mis en œuvre une procédure collégiale dans les conditions suivantes :

«La décision est prise par le médecin en charge du patient, après concertation avec l'équipe de soins et sur l'avis motivé d'au moins un médecin, appelé en qualité de consultant aucun lien de nature hiérarchique L'avis motivé d'un deuxième consultant est demandé par ces médecins si l un d eux l estime utile.»

La décision prend en compte les souhaits que le patient aurait antérieurement exprimés dans des directives anticipées l'avis de la personne de confiance (PC) celui de la famille des proches. La décision est motivée. Les avis recueillis, la nature et le sens des concertations les motifs de la décision sont inscrits dans le dossier du patient.

LA DISCUSSION COLLÉGIALE Garantir au malade et à sa famille, que la décision est prise par le médecin en charge du malade, mais au terme d une processus bien défini Faut-il se limiter à une discussion médico-technique? Ne faut-il pas inclure le sens que revêt l acte médical et l analyse de solutions possibles sous l angle des principes éthiques?

VOLONTÉ DU LÉGISLATEUR Pas d innover : la portée de la loi est assez limitée Pas toucher aux interdits fondamentaux Avant 2005, il était admissible de ne pas commencer/arrêter/limiter un traitement : Même en cas de risque de mort du patient S il pouvait être considéré comme de l acharnement thérapeutique Refus du patient Art 36-37-38 CDM : trois devoirs au médecin soulager la souffrance, interdire toute obstination déraisonnable et respecter la volonté du patient Émergence des droits des personnes malades, avec leur consécration législative, a contribué à sortir les lois éthiques du confinement médicale

Mission sur la fin de vie Pr SICARD et al Proposition d une solution à la française Deux observations centrales : Application insuffisante depuis 13 ans de la loi visant à garantir l accès aux soins palliatifs + loi Kouchner 2002 et loi Léonetti 2005 Caractère dramatique des inégalités au moment de la Fin de Vie

6 recommandations: Impératif du respect de la parole du patient et de son autonomie Développement de la culture palliative et abolition de la frontière soins curatifs/palliatifs Impératif de décisions collégiales Exigence d appliquer les lois plutôt que d en imaginer sans cesse des nouvelles Utopie de résoudre par la loi la grande complexité des situations de fin de vie Danger de franchir la barrière d un interdit.

RÉFLEXIONS Si le législateur prenait la décision d une dépénalisation d une assistance au suicide deux points majeurs doivent être affirmés: la garantie stricte de la liberté de choix/ autonomie de la personne Responsabilité de l état et de la médecine Si le législateur prenait la décision d une dépénalisation de l euthanasie Mise en garde de l importance symbolique de ce changement de cette interdit Euthanasie engage profondément l idée qu une société se fait du rôle/valeurs de la médecine

RÉFLEXIONS Toute déplacement d un interdit crée nécessairement de nouvelles situations limites Risque de législation successives Illusoire de pense que l avenir de l humanité se résume à l affirmation sans limite d une liberté individuelle, en oubliant que la personne humaine ne vit et ne s invente que reliée à autrui et dépendant d autrui Société solidaire

PAR CONTRE Persisteront des situations rares et complexes de grandes souffrances et de grandes violences La réponse de la société doit-elle être de permettre au médecin de transgresser l interdit de tuer? Une loi est-elle la réponse aux divers questionnements éthiques issus de la pratique médicale? Peut-elle faire face à tous les cas humains difficiles? Loi relative aux droits des malades et à la Fin de Vie : méconnaissance ou insuffisance?

Mais surtout : Favoriser et développer la réflexion éthique dans les services de soins sur le sens de nos pratiques face aux attentes des patients en particulier dans l approche de la Fin de Vie