Église, continuation du mystère de l incarnation

L Incarnation du Verbe se prolonge par le mystère de l Église, corps mystique du Christ 1 re méditation La grâce de Noël 2 e méditation Église, continuation du mystère de l incarnation 1

1 re méditation La grâce de Noël 1. Acte préparatoire En 2007, les éditions «Parole et Silence» ont fait paraître un petit livre intitulé «La Grâce de Noël» rassemblant quelques méditations du cardinal Joseph Ratzinger. En exergue se trouve une citation de ce même cardinal disant : «Noël est la fête de la foi la plus humaine. Elle nous fait sentir au plus profond l humanité de Dieu. Nulle part on ne ressent comme à la crèche tout le sens de la volonté de Dieu qui voulut se faire Emmanuel Dieu avec nous, un Dieu d intimité, parce qu il nous rencontre sous les traits d un enfant. Noël est tout particulièrement une fête qui invite à la méditation, à la contemplation intérieure de la Parole de Dieu» 1. 2. Objectif à atteindre Entrons dans la contemplation de ce grand mystère d intimité et d amour. C est le plus grand de tous les mystères de notre rédemption parce qu il manifeste l immensité de l amour miséricordieux de Dieu, un amour «sans retour». Il exprime le triomphe de l Amour, essence même de Dieu : c est là, semble-t-il, que la gloire de Dieu atteint son point culminant. Et, en même temps, ce mystère exprime l immense bien fait aux hommes. 1 Cardinal Joseph Ratzinger, La grâce de Noël - méditations Parole et Silence, novembre 2007. 2

«Par le Verbe incarné, Dieu le Père nous a élus en lui depuis la fondation du monde pour être saints et immaculés en sa présence. Il nous a fait revivre avec le Christ. Avec lui il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux dans le Christ Jésus» 2. Méditons et contemplons ce mystère, source de notre sainteté qui n est autre que notre participation à la vie divine par la communication que le Christ Jésus nous fait de la grâce dont il possède en tout la plénitude 3. Le salut, la sanctification, la félicité éternelle de tout le genre humain, dépendent complètement de ce mystère 4. 3. Prière Que la Vierge Marie nous permette de l accompagner et de partager sa joie au moment où l Enfant-Dieu, porteur du grand mystère de la Création nouvelle, est déposé dans la crèche qui lui sert de berceau. 4. Passage d Évangile Lc 2, 6-21 Or, pendant qu ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d une grande crainte. Alors l ange leur dit : «Ne craignez pas, car voici que je 2 Ep 1, 4-11 et 2, 5-6. 3 Cf. Don Columbia Marmion, Le Christ vie de l âme, Desclée de Brouwer, 1923. 4 Père Gabriel de Sainte Marie Madeleine, Intimité divine, Imprimerie L. Vanmelle, Gand, Tome 1, 1963. 3

vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.» Et soudain, il y eut avec l ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu Il aime.» Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : «Allons jusqu à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l événement que le Seigneur nous a fait connaître.» Ils se hâtèrent d y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l ange lui avait donné avant sa conception. 5. Points pour la méditation a) «Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple». La longueur de ce passage nous permet déjà de visualiser les différentes étapes de l événement. L humilité de la naissance du Verbe de Dieu dans une étable et l annonce au monde entier de la Bonne Nouvelle du salut confiée à des bergers, hommes simples qui gardaient leurs troupeaux dans la montagne pendant la saison hivernale : une nouvelle immense, celle d un monde nouveau, annoncée d abord aux simples, aux «sans voix», des bergers souvent regardés par leurs contemporains comme peu fréquentables parce qu ils n allaient pas à la 4

synagogue mais, justement, parce qu ils sont pauvres, vides d euxmêmes, ils reçoivent les premiers l annonce de la venue du Sauveur. Ils ne posent pas de question et revenus de leur crainte, ils se lèvent et vont à Bethléem, «la Maison du Pain», pour y trouver un nouveau-né couché dans une mangeoire 5, lui qui se fera Eucharistie. Le Verbe est entré dans le monde par «la petite porte», dans le silence. Tous les fils d Israël l attendaient mais sans savoir quand serait le moment de sa venue. Ce soir, silencieusement, dans un monde qui refuse Dieu, «la lumière brille dans les ténèbres,» 6 la paix de Dieu est entrée dans le monde «et les ténèbres ne l ont pas arrêtée» 7. Dans la nuit de Bethléem, la cité de David, une multitude d anges annonce aux bergers que le Sauveur, le Fils de Dieu est né aujourd hui et que c est une grande joie pour le monde entier. Les anges donnent le signe de reconnaissance : C est «un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire». Il ne faut pas qu ils aient peur, ils ont été choisis pour annoncer aux hommes les merveilles de Dieu : une Bonne Nouvelle pour tout le Peuple, pour tous les hommes. Aujourd hui est un jour de joie et d allégresse, «sur ceux qui habitaient dans le pays et l ombre de la mort, une lumière s est levée» 8. b) «Allons jusqu à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l événement que le Seigneur nous a fait connaître» Et les bergers sont descendus jusqu à la grotte de Bethléem : Qu ontils vu? Marie et Joseph et l enfant couché dans la crèche. 5 Cf. Abbé René Laurentin, La vie authentique de Jésus-Christ, Fayard 1996, chapitre 1. 6 Jn 1, 5. 7 Idem. 8 Cf. Mt 4,16 ; Is 8, 23 ; 9-1. 5

1. Ils ont été reçus par Joseph «l époux de Marie», le chef de famille, qui avait fait le voyage depuis Nazareth en Galilée, jusqu à Bethléem en Judée, pour obéir aux décrets de l empereur de Rome. Ils sont en face de ce juste auquel Dieu a confié la garde de l Enfant pendant qu il ne parlait pas et qu il ne savait ni marcher, ni lire, ni écrire. Dieu lui avait déjà confié la garde du Verbe incarné dont Marie son Épouse et lui, attendaient la venue dans le secret. Il est coopérateur de l œuvre de l Incarnation après Marie, la Sainte Vierge. «Par sa vie juste, par son attitude humble, son obéissance aux indications de la Providence, sans se douter qu en faisant ces choses fort simples et fort humbles, il se trouvait être l instrument très direct de la plus grande des œuvres divines 9. Joseph est le père humain que Dieu aime. 2. Ils ont été accueillis par Marie, la Mère du Nouveau-né. Elle est là, sereine, silencieuse, recueillie et surtout toute attentive aux besoins de son enfant. Elle accueille les visiteurs et leur montre l Enfant. Elle peut lire sur leur visage l étonnement face à ce qu ils voient : ici c est le Seigneur, le Sauveur du monde, là, humblement enveloppé de langes et couché dans cette mangeoire. Et Marie ne leur dit rien mais elle se souvient des paroles de l Ange au moment de l Annonciation : «Il sera grand, il sera appelé, Fils du Très Haut. Il règnera sur la Maison de David son Père et son Règne n aura pas de fin». Silencieuse, elle médite cette annonce, elle sait qu elle doit donner le nom de Jésus à celui qu elle vient de mettre au monde. Marie sait que celui qu elle allait prendre dans ses bras pour le nourrir de son lait, celui qui ne sait ni parler ni marcher, est en réalité le Maître du monde qui a voulu avoir besoin d elle et de Joseph pour s abaisser jusqu aux hommes, jusqu à nous, jusqu à moi qui, en mon cœur, contemple cette scène maintenant. Et Marie bénissait le Seigneur d avoir envoyé son Fils pour que tous les hommes soient sauvés par lui ; de génération en génération on redira ses merveilles et sa miséricorde. 9 Cf. Chanoine D-J Lallement, Vie et sainteté du Juste Joseph, Téqui, 1987. 6

3. Ils contemplent l enfant emmailloté de langes. Ces hommes ne peuvent pas comprendre le mystère qu ils contemplent muets : ce petit enfant est Fils de Dieu. Il a pris la condition des hommes. «Il est Dieu, né de Dieu, de même nature que le Père et pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du Ciel» 10 et s est fait homme, prenant chair de la Vierge Marie que l Esprit Saint a recouverte de son ombre. «Le Seigneur de David s est donc fait fils de David, et, du fruit du germe promis, a levé un rejeton sans défaut ; les deux natures se sont rencontrées en une seule personne ; par la même conception et le même enfantement a été engendré notre Seigneur Jésus-Christ, en qui réside la vraie divinité pour accomplir des œuvres admirables, et la vraie humanité pour subir la Passion» 11. Et ce Fils est avec son Père et lui offre sa vie : «Tu n as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m as formé un corps. Tu n as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché; alors, j ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté» 12. Père, ceux parmi lesquels tu m as envoyé, je veux leur donner ta vie, la vie que nous possédons en plénitude, toi et moi unis par l Esprit Saint. Je leur manifesterai ta miséricorde, je leur montrerai ce cœur plein de bonté qui ne retient pas les fautes. «Ils étaient à toi, tu me les as donnés» 13, il ne faut pas que j en perde un seul. En leur donnant mon Corps et mon Sang, je leur communiquerai notre vie. Ils seront unis entre eux et en nous et le monde reconnaîtra que tu m as envoyé. Bénis soient le Ciel et la terre et paix aux hommes parce que Dieu les aime. 10 Credo de Nicée-Constantinople. 11 Saint Léon le Grand, VIIIe sermon pour Noël. 12 Cf. Hb 10, 5-7. 13 Jn 17, 6. 7

c) Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l ange lui avait donné avant sa conception Au moment de l Annonciation, l archange avait demandé à Marie de nommer Jésus celui qui naîtrait de son sein fécondé par l Esprit Saint. Lorsque Joseph, en songe, entendit la voix de Dieu lui demandant de ne pas craindre de prendre Marie pour épouse parce que l enfant qu elle portait en elle venait de l Esprit Saint, il avait aussi reçu l indication de l appeler Jésus. Donc, le jour de la circoncision, Joseph lui donna le nom indiqué par Dieu lui-même : Jésus qui signifie «le Seigneur sauve». Ni l un ni l autre ne savaient très bien ce que signifiait ce nom pour la vie même de cet enfant. C était sûrement une délivrance autre que celle de la domination romaine qui soumettait le peuple juif à un manque de liberté absolu. Au cours de sa vie publique, les disciples et certains de ses apôtres eux-mêmes pensaient qu il apportait d abord la libération du Peuple. «Nous, nous espérions que c était lui qui allait délivrer Israël» 14 se disaient les pèlerins d Emmaüs après la crucifixion. Mais pour Joseph et pour Marie, le salut correspondait à la promesse faite à Adam et Ève d envoyer un Messie qui écraserait la tête du serpent. Et ce Sauveur, c est aujourd hui qu il est né, c est aujourd hui que le mal répandu dans le monde est vaincu, le salut est apporté à toutes les générations humaines de tous les temps, de tous les pays et de toutes les civilisations : Dieu fait miséricorde à tous les hommes qui se reconnaissent pécheurs. Cet enfant est venu combattre et déraciner le mal entré dans le monde depuis l origine de l humanité. 14 Lc 24, 21. 8

Conclusion Regardons et méditons le fruit éternel de cette naissance de l Enfant- Dieu : elle donne sens à notre vie. «Voici qu une chose immense, inimaginable et pourtant toujours attendue et nécessaire s est produite. Dieu est venu parmi nous, il s est si indissolublement lié à l Homme que cet Homme est vraiment Dieu, issu de Dieu, lumière né de la lumière et demeure vraiment homme. Le sens éternel du monde est venu à nous de manière tellement réelle que l on peut le toucher le regarder. Ce que Jean nomme Verbe signifie également «sens» en grec. Nous pourrions parfaitement traduire par «le Sens s est fait chair» - «Le sens est une Parole qui nous est adressée ; il nous connaît, il nous guide, il nous appelle. Le sens n est pas une loi générale dans le cadre de laquelle nous jouons un rôle quelconque. Il est dévolu à chacun de nous personnellement. Il est lui-même une personne, le Fils de Dieu vivant, né dans une étable à Bethléem» 15. 15 Cal Joseph Ratzinger, La grâce de Noël, Méditation : Et le Verbe s est fait chair Parole et Silence 2007 9

Prière Père très saint, toi qui as bien voulu témoigner de l immensité de ta miséricorde, accueille nos pauvres offrandes et accorde-nous la grâce de te recevoir avec une foi de plus en plus émerveillée. Nous te le demandons par ton Fils Jésus-Christ qui est allé nous préparer une place dans ta gloire. Et, comme Marie, aide-nous à «retenir et à méditer toutes choses en notre cœur». Questions VIIIe sermon pour Noël Saint Léon le Grand : (Ce Pape entend nous rappeler constamment la vérité de l Incarnation telle qu elle a été formulée sous son autorité au Concile de Nicée-Constantinople en 451. Interprète de l Évangile selon lequel «le Verbe s est fait chair et il a habité parmi nous», il montre comment le Christ, unique médiateur de l homme et de Dieu, se trouve chez lui parmi les hommes au titre de sa condition humaine, sans renoncer à être l égal de Dieu au titre de sa condition divine). «En face de la ruine générale de tout le genre humain, il n y avait, dans les secrets de la divine Sagesse, qu un seul remède pour secourir ceux qui gisaient à terre : c était que naquit un fils d Adam étranger à la faute originelle et innocent, pouvant aider les autres, et par son exemple et par son mérite. Mais cela, la génération selon le mode naturel ne le permettait pas et la descendance, issue d une souche viciée ne pouvait exister sans cette semence dont l Écriture dit : Qui pourra rendre pur ce qui a été conçu d une semence impure? N est-ce pas toi, qui es le seul? (Job 14, 4). Le Seigneur de David s est donc fait fils de David, et, du fruit du germe promis, a levé un rejeton sans défaut ; les deux 10

natures se sont rencontrées en une seule personne ; par la même conception et le même enfantement a été engendré notre Seigneur Jésus-Christ en qui résident la même divinité pour accomplir des œuvres admirables, et la vraie humanité pour subir sa Passion». 1) Qu est-ce que ce discours peut nous dire de la miséricorde infinie de Dieu notre Créateur et de la réalisation de son dessein éternel de nous avoir tous avec lui et en lui pour l éternité? 2) Que pouvons-nous faire pour être avec lui qui nous donne tout gratuitement et sans compter? 11

2 e méditation Église, continuation du mystère de l incarnation 1. Acte préparatoire «Notre pensée va en premier lieu, avec gratitude, à ceux qui nous ont précédés et qui nous ont accueillis dans l Église. Personne ne devient chrétien tout seul! Le chrétien appartient à un peuple qui s appelle l Église et cette Église fait de lui un chrétien, le jour de son baptême, et ensuite tout au long de la catéchèse. Mais personne, personne ne devient chrétien tout seul». Et dans sa première catéchèse sur l Église, le Saint-Père avait insisté sur le commencement de l histoire de l Église : «dans les pages de l Ancien Testament, Dieu a choisi Abraham, notre père dans la foi. Dieu forme un peuple pour qu il apporte sa bénédiction à toutes les familles de la terre. Et Jésus naît au sein de ce peuple. C est Dieu qui fait ce peuple, cette histoire, l Église en chemin, et Jésus naît là, dans ce peuple. Ce n est pas Abraham qui se construit un peuple, mais c est Dieu lui-même qui donne vie à ce peuple» 16. Notre mission est de transmettre, aujourd hui, ce que nous avons reçu de l enseignement de l Église du Christ depuis le début. 16 Cf. Pape François, catéchèse sur l Église, 18 et 25 juin 2014. 12

2. Objectif à atteindre Le 17 septembre 2014, le Saint-Père a expliqué la nature «catholique» et «apostolique» de l Église : parlant toutes les langues, elle est envoyée à tout l univers et, sa mission étant «d apporter la Bonne Nouvelle de la Résurrection de Jésus» jusqu aux confins de la terre en continuité avec les apôtres», elle est apostolique. Il a conclu son enseignement en appelant les chrétiens d aujourd hui à «prendre à cœur le salut de toute l'humanité» en refusant «l'indifférence», et à «annoncer le Christ et son amour, avec le cœur plein de joie» 17. 3. Prière Marie, Vierge très Sainte ma Mère, toi qui nous as reçus comme tes enfants, apprends-nous à chercher notre chemin au cœur de cette Église fondée par ton Fils sur les Apôtres. Que nous sachions défendre la foi qui nous a été transmise et qui est le sens de l existence de chaque homme. 4. Passage d Évangile Mt 16, 13-19 Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : «Au dire des gens, qui est le Fils de l homme?» Ils répondirent : «Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d autres, Élie ; pour d autres encore, Jérémie ou 17 Pape François, catéchèse du 18 septembre 2014. 13

l un des prophètes.» Jésus leur demanda : «Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?» Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant!» Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : «Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n est pas la chair et le sang qui t ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux». 5. Points pour la méditation a) Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas, sur toi je bâtirai mon Église La promesse du Christ est la prise en compte immédiate de l acte de foi que vient de faire Pierre en répondant à la question du Seigneur : «Pour vous qui suis-je?» Parmi les Douze, Pierre identifie clairement le Fils de l homme, leur Maître, comme étant «le Christ, le Fils de Dieu». Il atteste ainsi sa foi en la divinité du Christ qui confirme ces paroles mais indique l origine de cette reconnaissance : «Cela ne vient pas de la chair, mais c est mon Père qui est dans les Cieux». Partant de cet acte de foi, le Christ lui confie son Église. Il en sera le chef à partir de la venue de l Esprit Saint, le jour de la Pentecôte. Lui et ceux qui lui succéderont, auront, sur terre, la primauté de l enseignement et l autorité du Magistère de l Église jusqu à la fin du monde. 14

Confiant l Église à Pierre, il lui promet «que la puissance de la mort ne l emportera pas sur elle» 18 : cette promesse a été maintes fois répétée à l Église, corps mystique du Christ. En 2007, Benoît XVI, présentant un livre sur Fatima et parlant de la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, a affirmé que «Depuis que Dieu lui-même a un cœur humain et a ainsi tourné la liberté de l'homme vers le bien, vers Dieu, la liberté pour le mal n'a pas le dernier mot» 19. b) «Tout ce que tu auras lié sur la terre, sera lié ; tout ce que tu auras délié, sera délié» Pierre, choisi comme représentant du Verbe incarné sur la terre, est confirmé dans sa mission au moment de l Ascension du Christ au bord du lac, après la Résurrection. Le Seigneur le charge de son troupeau : «Sois le berger de mes brebis» 20. A partir de ce jour, c est lui, Pierre, qui détient les clés du Royaume. Il sait que, jusqu au retour du Christ dans la gloire, l autorité dans l Église ne peut s exercer qu au nom de Jésus- Christ 21 et que lui et ses successeurs, pour diriger l Église, devront toujours être associés à cette autorité 22. Cette certitude a été maintenue au cours des siècles : citant l autorité du Concile Vatican II donnée dans Dei Verbum, saint Jean Paul II explique que «la tâche confiée aux apôtres se retrouve dans la Tradition vivante par laquelle, comme 18 Mt 16, 18. 19 Présentation du livre du Cardinal Bertone, La dernière voyante de Fatima, février 2007. 20 Cf. Jn 21, 17. 21 Cf. Catéchisme de l Église Catholique 85. 22 Cf. idem 551. 15

l enseigne le Concile Vatican II, l Église perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et transmet à chaque génération tout ce qu elle est et tout ce qu elle croit. Cette tradition qui vient des Apôtres se poursuit dans l Église, sous l assistance de l Esprit Saint» 23. c) L Église est le corps mystique du Christ. Le mystère de l Église est inséparable du mystère du Christ, choisi par son Père pour être, dans son état de Fils de Dieu et dans ses vertus, le modèle unique de notre sainteté. Il a mérité pour nous, par sa vie, sa mort et sa Résurrection, d être établi pour toujours dispensateur universel de toute grâce. «Dieu a tout mis sous ses pieds et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l Église qui est son corps, et l Église, c est l accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude» 24. L amour infiniment miséricordieux de notre Père n a pas retenu les refus que nous lui avons opposés. «Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l a voulu sa bonté» 25. L Église est continuation du mystère du Christ. La société établie sur Pierre et les apôtres pour maintenir la vie surnaturelle communiquée aux hommes, s est organisée, développée et répandue dans le monde. Nous sommes donc membres d un corps dont le Christ est la tête et, si les membres d un corps ne peuvent rien faire sans la tête, de même, la 23 Cf. Saint Jean Paul II, Veritatis Splendor, 27 1993. 24 Ep 1, 22-23. 25 Ep 1, 4-5. 16

tête sans les membres est inconcevable. «Ne le savez-vous pas? Vos corps sont les membres du Christ» 26 écrit saint Paul et, dans la même lettre il explique aux Corinthiens : «Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l a voulu. ( ) Il a voulu ainsi qu il n y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l honneur, tous partagent sa joie. Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps» 27. Méditons, en passant, ce qui est arrivé dans le cœur de Saul sur le chemin de Damas, quand il entendit une voix lui demander : «Saul, Saul, pourquoi me persécuter? - Qui es-tu, Seigneur? «Je suis Jésus, celui que tu persécutes» 28. Il s y produit une conversion radicale qui l a amené jusqu à donner sa vie à Rome. Il est clair que tous les baptisés ne sont pas appelés à ce genre de témoignage, mais nous comprenons aussi que nous sommes appelés à partager, au quotidien, les joies, les souffrances et les difficultés des autres membres du corps, de ceux qui sont près de nous comme de ceux qui sont loin. Le Christ, en s incarnant s est associé à toute l humanité. En principe, les membres de son corps mystique ne peuvent pas se séparer de la tête ni rester étrangers à son action. Le Christ s est identifié à chacun d entre nous et il veut, de toute éternité, que chacun participe au mystère capital de sa vie : la Rédemption du monde. Et il nous en communique la possibilité! 26 1Co 6, 15. 27 Cf. 1Co 12, 12-27. 28 Ac 1, 3-5. 17

En effet, quand nous offrons le sacrifice eucharistique, le célébrant nous demande de prier le Père en disant : «Priez mes frères, afin que mon sacrifice qui est aussi le vôtre, trouve grâce devant lui». Quand nous recevons le Corps et le sang du Christ au moment de la communion, notre Rédempteur qui veut nous unir à lui et même nous transformer en lui, pour que nous puissions répondre à son éternel désir, se donne sans retour, gratuitement, profondément et intimement. C est ce que saint Paul voulait nous faire comprendre, avec la force de l Esprit Saint, quand il écrivait : «Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l accomplis pour son corps qui est l Église» 29. Conclusion Devant un tel degré d amour envers nous, pécheurs de toujours, on ne peut qu être émerveillés et se dire humblement, étonnés et surpris, mais enfin, que manque-t-il à cette passion? Ce qui manque : C est notre participation volontaire, pleine d amour et de reconnaissance. Le Christ a voulu ne rien pouvoir faire sans les hommes qu il est venu associer à sa vie. Il a fait de nous ses frères ; il est le premier-né, l aîné d une multitude et, depuis lors nous sommes devenus «héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire» 30. Le Christ a fondé une Église vivante en lui communiquant sa vie divine. Au cours de la dernière Cène, la veille de sa Passion, il priait le 29 Col 1, 24. 30 Cf. Rm 8, 17. 18

Père : «Père, qu ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi» 31. Il ne veut pas nous abandonner et, au contraire, il veut que nous soyons associés au salut de nos frères et au salut du monde. Dieu a voulu avoir besoin de nous à ce point. Il nous donne toujours la force de ce qu il nous demande. Prière Seigneur tout-puissant, daigne ouvrir mon cœur et mon intelligence pour que je sache vraiment participer à ton dessein de salut pour tous ceux qui sont mes frères et les héritiers du Père. Que chaque membre de ton Corps mystique sache correspondre à ce que tu attends de lui. Dans ta bonté et ta miséricorde, daigne pardonner mes innombrables manquements et accueillir ma bonne volonté. Questions 1) Quand le Pape François nous demande de ne pas être des chrétiens «de balcon», quelle est ma réaction? Ai-je envie de transmettre ce que je sais ou ne sais-je pas trop comment commencer? Ai-je compris que, chacun à notre place, avec le quotidien que nous avons à vivre, nous pouvons participer au salut du monde? 2) Que signifie «assister» à la célébration eucharistique? Que signifie «participer» à la célébration eucharistique? Ma présence à la célébration est-elle «passive» ou «active»? 31 Jn 17, 22-23. 19

3) Est-ce que je crois, comme le dit de dicton, que «le mal triomphe à cause de l inactivité des hommes»? Et si mon «activité apostolique» était de vivre avec toute ma foi et de déposer sur la patène ce que j ai vécu ces jours-ci ce qui était agréable comme ce qui ne l était pas pour que le monde change? 20