Francis Levergne Tempête sur Rimes Poèmes philosophiques pour public averti 2
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Alors, ô ma beauté! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j ai gardé la forme et l essence divine De mes amours décomposés! Charles Baudelaire 1 (Dernier quatrain de «Une Charogne» «Les Fleurs du Mal») Las! Général Hugo, les temps ont bien changé! On nous laisse crever sur le bord de la route, Sans que qui que ce soit ne se sente obligé De céder de son rhum une petite goutte! Francis Levergne (Le Silo Tempête sur Rimes) 1 1821 1867 Grand poète parisien, courageux et maudit. Mort à 46 ans. 2 3
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Avertissement Vous venez de faire l acquisition de ce Recueil de poèmes philosophiques. L auteur vous en remercie vivement. Prendre connaissance de cet avertissement est une sage décision qui vous éclairera sur la matière exposée. Partant du principe de la liberté d expression, dans le respect d autrui, il n est pas dans l intention de l auteur de provoquer, mais seulement de se démarquer des idées reçues, voire imposées. Expérience et réflexion doivent aider, fort heureusement, à se forger sa propre opinion en tout. Ceci dit, il sera bon de considérer ici la forme et le fond. Certaines, certains, apprécieront sans conteste la première au travers de narrations fantastiques, tout en émettant des réserves sur le second, s agissant d idées métaphysiques. La poésie n ayant pas unique vocation contemplative, tant mieux si de ce recueil l on a «rompu l os et sucé la substantifique moelle»! 2 5
En ce qui concerne la forme, il s agit ici de Poésie Classique. L auteur laisse la Poésie Libre à des virtuoses comme Fort et Jacob. Il ne tentera donc pas de les égaler dans ce genre subtil et profond. C est pourquoi il ne s y est fourvoyé qu une fois. L auteur s est efforcé de suivre au plus près les règles du classicisme afin de démontrer qu avec méthode et rigueur il est possible de donner un moule esthétique à la pensée. La versification doit être à la poésie ce que le solfège est à la musique ou la ciselure à l orfèvrerie. On notera, entre autres, dans ce recueil le respect de l alexandrin, ou de l octosyllabe, sans hiatus, de l alternance des rimes masculines et féminines, des diérèses et synérèses pour les plus initié(e)s. C est le premier défi que l auteur a voulu relever en élaborant patiemment cet ouvrage. Le second est dans le fond. L auteur s incline humblement devant tous les grands poètes, unanimement reconnus, tous genres confondus. Il ne citera, par affinité, que Hugo, Baudelaire, Brassens, Ferré, car il faudrait de nombreuses pages pour les citer tous. Il a fait de son mieux pour apporter sa modeste pierre à l édifice de la Pensée Humaine, affranchie du joug de l asservissement et de l embrigadement, libérée de l autocensure, la pire, puisqu elle est en soi. N est-il pas bon parfois de s ériger contre tout ce qui peut être aliénation de l esprit dont l Inquisition fut jadis le fléau? C est ainsi qu il faut aborder chacun de ces poèmes, imaginés à partir de l impulsion ou de la révolte du 26
moment. Loin de moraliser, il ne faut en tirer que la leçon du libre arbitre. Certaines compositions risqueront de choquer par le sujet ou par le propos, frisant la désinvolture, l irrévérencieux, la grivoiserie, voire la pornographie. C est pourquoi l auteur met en garde la lectrice ou le lecteur dont les convictions sont susceptibles d être malmenées. Mais les poèmes homériques sont là pour mettre tout le monde d accord. Espérons-le! Si chacune, chacun y trouve sa propre vérité, même à l opposé de ce qui y est énoncé, ce sera pour l auteur sa plus belle récompense. Francis Levergne 2 7
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Post mortem libertas! Dieu créa le Ciel et la Terre. Ciel! Ce Mot Biblique m atterre, Car plus je vieillis moins j admets Qu Yahweh pût exister jamais. D aucuns penseront qu à la flamme De l Enfer j ai livré mon âme. Plutôt brûler que croire en Qui, De Paris à Nagasaki, Ne laisse son si joli Monde Que survivre en massacre immonde Et reste bien indifférent Au sang qui coule par torrent! Las! En dépit du temps qui passe, De l horreur jamais ne se lasse. Alors qu Il soit vivant ou mort, De marbre me laisse son sort. Et si, glacé comme la Lune, Je rivalisais d infortune A Le croiser sur le chemin Qui me conduit vers mon destin, 2 9
Je Lui dirais que je préfère Mon ignorance à son Mystère, Ma libre pensée à sa Foi, Pour aller, seul, droit devant moi! 210