CAHORS. 116 rue Nationale (LOT) HÔTEL de Marcilhac Sommaire Étude Documentation Illustrations NOTE COMPLÉMENTAIRE Si l'édifice s'impose de prime abord comme l'un des hôtels du XVII e siècle les plus intéressants à Cahors, il donne aussi un bon exemple de la composition d'une grande demeure médiévale dont l'intérêt est encore accru par le fait que le corps arrière peut être daté de la fin du XII e siècle ou du début du XIII e siècle. L'appellation "d'hôtel de Marcilhac" est très récente : elle n'est toujours pas employée par Jean Fourgous en 1942, et on la doit sans doute aux travaux de Jean Calmon et René Prat. Si, comme nous le pensons, le blason du vantail est bien contemporain du portail, le remodelage de l'hôtel du XVII e siècle pourrait être attribué à un membre de la famille de Marcilhac (cf. sous-dossier VANTAIL). L'édifice se trouve aujourd'hui à l'angle que forment les rues Nationale et Clémenceau. Celle-ci, qui porte le nom de rue de la Poste sur le plan cadastral de 1812, est un percement réalisé pendant la Révolution (et qui sera prolongé ensuite jusqu'à l'église Saint-Urcisse) qui a fait disparaître le jardin de l'hôpital de la grand-rue qui formait le confront nord de l'édifice (cf. Jean Calmon et René Prat, Les cadastres de Cahors..., p. 154-155 et plan h.t.). Les entrées actuelles sur la rue Clémenceau correspondent donc à des modifications de la distribution des bâtiments consécutives à la création de la nouvelle rue. La demeure se développait à l'origine sur une parcelle profonde, perpendiculaire à la grand-rue, actuelle rue Nationale, sur laquelle était établi le corps principal (Fig. 1). Le relevé de la façade sur rue (Pl. I) permet une bonne analyse du premier état du bâtiment.les deux grandes arcades de boutiques sont entièrement conservées ; elles laissent entre elles un espace aujourd'hui occupé par le portail du XVII e siècle qui a sans aucun doute remplacé le portail d'origine. Au premier étage apparaissent les traces d'arrachement des fenêtres : l'observation des vestiges permet de restituer une série continue de cinq baies liées par les cordons régnants d'appui et d'imposte. Jusque-là, mais sans en avoir tenté une restitution graphique, nous pensions qu'il s'agissait de grandes baies à remplage de la première moitié du XIV e siècle (Structure urbaine et architecture civile..., p. 345). En fait, les traces d'arrachement laissées par les arcs des baies ne permettent de restituer que des fenêtres géminées simples. Il serait important de pouvoir vérifier si les piédroits étaient ou non chanfreinés.
La restitution proposée n'est pas sans conséquence sur la datation du bâtiment qui, au moins selon une chronologie théorique, devrait être situé au plus tard dans les années 1280, c'est-à-dire avant que ne s'impose la fenêtre à remplage. Un autre repère chronologique nous est donné par le fait que le mur mitoyen sud (gauche) présente un chevauchement en partie haute qui prouve que le bâtiment est postérieur à celui de la parcelle voisine que nous situons dans la seconde moitié du XII e siècle (cf. dossier 46. CAHORS. 124 rue Nationale. Maison). Une autre conséquence est le constat que cette façade entièrement réalisée en grès de Figeac, avec un appareil réglé très soigné, serait antérieure à la construction du massif occidental de la cathédrale dont les travaux débutent vers 1308. Avec une série de baies continue à l'étage, deux boutiques ouvrant sur la grand-rue, un portail central qui devait donner sur un couloir conduisant à la cour, le corps principal répond tout à fait au modèle de la demeure médiévale. Un autre trait de la grande demeure cadurcienne est le bâtiment en forme de tour placé en fond de cour qui correspond ici à l'actuel n 76 rue Clémenceau (parc. 624). Il s'agit en effet d'un bâtiment de plan massé, qui devait avoir à l'origine deux ou trois étages. Il est bâti en briques épaisses de 6 cm. Son élévation nord, sur la rue Clémenceau et la place Galdémar, conserve des traces d'ouvertures dont il serait intéressant de faire un relevé (cf. M. Scellès, Structure urbaine et architecture civile..., p. 261). Sur l'élévation sud, au dernier niveau, subsiste peut-être une baie géminée ou ternée (notre observation est peu sûre parce que faite sans autre vérification à partir d'un bâtiment d'une rue voisine, cf. Fig. 14). Sur l'élévation ouest a été mise au jour, dans un appartement de l'immeuble voisin n 70 rue Clémenceau, une partie de la maçonnerie avec deux fenêtres qui correspondaient au premier étage médiéval (Pl. II-III, Fig. 13) : l'une est une baie géminée dont le chapiteau à macarons peut être daté de la fin du XII e siècle ou du début du XIII e siècle, l'autre une croisée à meneau et traverse à arêtes vives qui appartient à une campagne de travaux du XVII e siècle et a remplacé une seconde fenêtre géminée. L'édifice médiéval a été entièrement remodelé au XVII e siècle, sans toutefois qu'aient été modifiés les principaux éléments de sa composition : corps principal sur rue, cour, bâtiment arrière. Sur la rue (Fig. 1-2), l'entrée de l'hôtel se signale désormais par un beau portail (Fig. 3) dont le dessin est sans doute proche de modèles savants. Les fenêtres de l'étage ont probablement étaient alors refaites, mais ont été à nouveau modernisées au XVIII e ou au XIX e siècle. Le deuxième étage ne date peut-être que de cette époque. Le débouché du couloir sur la cour s'orne d'un second portail de même style (Fig. 4-5), tandis que des portes rectangulaires timbrées d'une pointe de diamant donnent accès au corps latéraux (Fig. 4 ; cet espace est aujourd'hui fermé et prolonge le couloir établi au XIX e siècle pour la nouvelle entrée sur la rue Clémenceau). Le traitement architectural de la cour a principalement consisté, semble-t-il, en la construction de galeries sur le côté sud et peut-être le côté nord où les structures conservées sont moins importantes. Du côté sud (Fig. 6-10), deux niveaux de galeries ouvertes par de grandes arcades en brique, dont les clefs portent des pointes de diamant, reliaient le corps principal sur rue au corps arrière : le parti est à rapprocher de celui qui a été adopté, sans doute un peu plus tôt, pour l'hôtel de Vaysset (cf. dossier). Il faudrait cependant pouvoir préciser la structure du premier niveau qui ouvre sur la cour par un porche central (Fig. 8-9) placé entre deux croisées en partie conservées. A l'articulation entre le corps de galerie et le corps principal, est disposée une tour d'escalier (Fig. 6-7). Pour le corps arrière, les seules marques de travaux réalisés au XVII e siècle que nous ayons identifiées sont la petite porte à fronton de la cour (Fig. 12), la croisée de l'élévation ouest que nous avons déjà mentionnée (Pl. II) et peut-être une croisée de l'élévation sud (Fig. 14).
Il est certain que la demeure médiévale et l'hôtel du XVII e siècle demanderaient une véritable étude. Maurice Scellès 1996. Sommaire Étude Documentation Illustrations DOCUMENTATION BIBLIOGRAPHIE : CALMON (Jean), PRAT (René). Les cadastres des XVIe et XVIIe siècles de la ville de Cahors (1500-1606- 1650).- 1ère partie : Cahors : Imp. A. Coueslant, 1947-51, 372 p., p. 162 et plan h.t. n 201-204. DAYMARD (Joseph). Le vieux Cahors.- Cahors : Girma, 1927, 2e édition, réédité : Ed. Horvath, 1978 [1ère édition : 1909] ; 277 p. ; p. 262-263. FOURGOUS (Jean). Dans les rues du Vieux Cahors : logis, gens et faits d'autrefois.- Cahors : Coueslant, 1942, 156 p. ; p. 71-72. ROUMEJOUX (A. de). Les rues de Cahors, dans Bull. Soc. Etudes du Lot, t. XI (1886), p. 5-32 ; p. 14. SCELLÈS (Maurice). Structure urbaine et architecture civile de Cahors aux XIIe, XIIIe et XIVe siècles.- Thèse sous la direction de M. le professeur Yves Bruand, Toulouse : Université de Toulouse-Le Mirail, 1994 ; vol. 1, p. 102, 180, 218, 249-250, 261, 266, 270, 284, 345 ; fig. 45-47, 127-128, 149. SÉRAPHIN (Gilles). Cahors et la vallée du Lot.- Cahors : Ed. Etudes et communication, 1990 (Coll. Guides Tourisme et patrimoine) ; 112 p. ; p. 43, 57. Sommaire Étude Documentation Illustrations ILLUSTRATIONS Plan cadastral 1982 Ech. 1/500 e
Parcelles : 1982.CH.624-627 Plan cadastral ancien 1812 Ech. 1/625 e Parcelles : 1812.N4.1152-1155, 1158-1159, 1161, 1174 Pl. I Relevé photogrammétrique : éch. 1/50e APAIG, 1991 Élévation (est) sur la rue Nationale. Pl. II Relevé L. Delsahut,1988 Corps de bâtiment arrière, élévation ouest, fenêtres correspondant au 1 er étage médiéval mises au jour dans un appartement de l'immeuble voisin (n 70 rue Clémenceau). Pl. III Relevé L. Delsahut, 1988 Corps de bâtiment arrière, élévation ouest, fenêtre médiévale : base.
Pl. IV Relevé photogrammétrique : éch. 1/50e APAIG, 1991, complété P. Roques Restitution de l'état d'origine de la façade sur la rue Nationale (partie droite du dessin). Fig. 1 Photo. IVR73_90460458VA Élévation du corps principal sur la rue Nationale, vue depuis le nord. Fig. 2 Photo. IVR73_90460528Z F. Fray Élévation sur la rue Nationale, rez-de-chaussée vu depuis le nord (état vers1972). Fig. 3 Photo. IVR73_87460055V Élévation sur la rue Nationale, détail : portail. Fig. 4 Photo. IVR73_90460134V Corps principal, élévation ouest (auparavant sur cour), portail au débouché du couloir d'entrée. On aperçoit à
l'arrière-plan la porte donnant sur le corps de bâtiment nord et le couloir de l'entrée établie au XIX e siècle. Fig. 5 Photo. IVR73_90460133V Corps principal, élévation ouest (auparavant sur cour), détail du portail. Fig. 6 Photo. IVR73_96460003Z M. Scellès Cour, angle sud-est (état en 1985). Fig.7 Photo. IVR73_90460135X Cage d'escalier de l'angle sud-est et galeries du corps de bâtiment sud vues depuis le nord. Fig. 8 Photo. IVR73_96460002Z M. Scellès Cour : élévation sud, partie droite (état en 1985). Fig. 9 Ph. S.D.A. du Lot, 1977
Cour : porche situé au centre de l'élévation sud. Fig. 10 Ph. S.D.A. du Lot, 1977 Cour : arcades murées du 1 er niveau de galerie de l'élévation sud. Fig. 11 Ph. S.D.A. du Lot, 1977 Cour : angle sud-ouest. Fig. 12 Photo. IVR73_95460079Z M. Scellès Cour : fronton de la porte de l'élévation ouest, donnant sur le corps arrière(état en 1985). Fig. 13 Photo. IVR73_95460080ZA M. Scellès Corps arrière : détail de la fenêtre géminée mise au jour en 1988. Fig. 14 Photo. IVR73_96460001Z
M. Scellès Corps arrière : élévation sud, parties hautes vues depuis une maison voisine (état en 1988). Région Midi-Pyrénées, Service régional de l'inventaire, 2002