CNRD 2016-2017 (Concours national de la Résistance et de la déportation) «La négation de l'homme dans l'univers concentrationnaire nazi»
1 Définition des termes du sujet : Nazi : Abréviation de l adjectif nationalsozialistische (national-socialiste), qui figure dans le nom du parti créé en 1920 par Hitler, le NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, traduit de différentes manières : Parti national-socialiste des travailleurs allemands, Parti ouvrier allemand national-socialiste ), seul parti légal dans le Reich de juillet 1933 à mai 1945. Négation : Action de nier l'existence de quelqu'un ou de quelque chose, ou de la remettre en cause; résultat de cette action. Négation de l'homme : nier l'être humain, considérer les déportés comme des sous hommes. Univers concentrationnaire : Fait référence aux camp de concentration nazi. Le terme camp de concentration désigne un camp dans lequel des gens sont détenus ou confinés, généralement dans des conditions très difficiles et sans respect des normes juridiques acceptées dans les démocraties constitutionnelles quant à l'arrestation et l'emprisonnement. Les camps de concentration (Konzentrationslager) furent un élément essentiel du régime nazi entre 1933 et 1945. Source : Brochure CNRD
Document : Les camps de concentration Source : Musée de la résistance, Besançon
2 Où et quand? Apparition des camps de concentration. Les premiers camps de concentration en Allemagne furent créés peu après la nomination de Hitler au poste de chancelier en janvier 1933. Dans les semaines après l'arrivée au pouvoir des Nazis, la SA (Sturmabteilung ou Sections d'assaut), la SS (Schutzstaffel, escadron de protection, garde d'élite du Parti nazi), la police et les autorités civiles locales mirent en place de nombreux camps de détention pour incarcérer les opposants politiques, réels ou supposés, à la politique nazie. Lorsque la SS s'affranchit de la tutelle de la SA, après une épuration qui fit une centaine de victimes dont leur le chef SA Röhm, Hitler autorisa le dirigeant des SS, Heinrich Himmler, à centraliser et à organiser l'administration des camps de concentration. Après décembre 1934, la SS devint le seul organisme autorisé à créer et à gérer les centres qui prirent officiellement le nom de camps de concentration, bien que les autorités civiles locales aient continué dans toute l'allemagne à créer et à gérer des camps de travail forcé et des camps de détention. En 1937, il ne restait que quatre camps de concentration : Dachau à côté de Munich, Sachsenhausen près de Berlin, Buchenwald près de Weimar ainsi que le camp de femmes de Lichtenburg près de Merseburg en Saxe. Entre 1938 et 1939, avec les nouvelles conquêtes territoriales de l'allemagne nazie et l'augmentation importante du nombre d'individus considérés comme des opposants politiques et des asociaux, de nouveaux camps de concentration furent mis en place. En septembre 1939, lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale avec l'invasion de la Pologne, il existait 6 camps de concentration dans le Reich grand-allemand: Dachau (fondée en 1933), Sachsenhausen (1936), Buchenwald (1937), Flossenbürg (1938) dans le nord-est de la Bavière près de la frontière tchèque de 1937, Mauthausen (1938) près de Linz en Austriche et le camp de femmes de Ravensbrück (1939) établi dans la province de Brandebourg au sud-est de Berlin, après la dissolution de Lichtenburg.
Document : Les marches de la mort Source : Musée de la Résistance, Besançon
3 Pourquoi? Dès son accession au poste de chancelier, le 30 janvier 1933, Adolf Hitler travailla à transformer l'allemagne en une dictature à parti unique. Il entreprit aussi de se doter des pouvoirs nécessaires pour mettre en œuvre sa politique de purification racial à long terme et la conquête de l'europe, et ce aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du cadre légal de la constitution allemande. L'intimidation par la terreur fut considérablement favorisée par le zèle avec lequel de nombreux Allemands (par conviction, appât du gain, jalousie ou vengeance) dénonçaient leurs concitoyens, juifs ou non, à la police. La Gestapo n'aurait pas pu exercer un tel contrôle sur la société allemande sans ce flot continu de dénonciations, dont beaucoup étaient complètement dénuées de fondement.
4 Contre qui? Population juive, tzigane, homosexuelle, en situation de handicap, opposante sur le plan politique ou encore les témoins de Jéhovah. Documents : Les catégories de détenus dans les camps Source : www.ushmm.org
Documents : Les catégories de détenus dans les camps Source : www.ushmm.org
5 Comment? Question des traitements et conditions de vie dans les camps de concentration. 1940 : mise en place de la Solution Finale. L'incarcération d'un nombre croissant de personnes dans les camps de concentration permis de maintenir une main d'œuvre abondante, même si la brutalité à l'intérieur des camps réduisait le nombre de travailleurs disponibles. Les chambres à gaz, ainsi que d'autres moyens, permettaient "d'éradiquer" les prisonniers qui n'étaient plus en mesure de travailler. Pendant la dernière année de la guerre, alors que les forces allemandes étaient repoussées à l'intérieur des frontières du Reich, les populations des camps de concentration (juives et nonjuives) subirent des pertes catastrophiques à cause de la famine, du froid, des maladies et des mauvais traitements. Les nazis, qui ne voulaient pas que les prisonniers soient libérés par les Alliés, les firent évacuer des camps de concentration. Surveillés par des gardiens SS, ils furent évacués par marches forcées (également appelées marches de la mort) dans le froid hivernal, sans nourriture, abri ou vêtements appropriés. Les gardiens SS avaient pour instruction de tirer sur tous ceux qui ne pouvaient plus avancer. D'autres prisonniers furent évacués par camions ouverts ainsi livrés au froid mortel de l'hiver. Durant cette période, les camps de concentration servirent de cadre à d'effroyables expériences médicales, souvent mortelles, exercées sur les prisonniers sans leur consentement.
Document : Travail dans les carrières Source : CNRD
6 Résister à la négation de l'homme Des Hommes et des femmes se sont opposés aux traitements infligés par les nazis. Document : Les dessins de Jeannette L'Herminier Source : CNRD
Document : Le Verfügbar de Germaine Tillon Source : CNRD Le Verfügbar aux enfers est une opérette écrite clandestinement par Germaine Tillion au cours de sa détention à Ravensbrück.
Document : Dessin de Léon Delarbre Source : CNRD
Pistes de recherche possibles : Le national-socialisme opposé aux valeurs libératrices ou émancipatrices de l homme, héritées du siècle des Lumières et de la Révolution française (liberté de conscience, liberté d expression, égalité devant la loi, etc.). Le citoyen allemand au service d une mythique communauté raciale (Volksgemeinschaft) et de «son» Führer. La propagande développe le mythe d une «race supérieure» destinée à dominer les autres «races», inférieures ou nuisibles (Juifs et tsiganes en particulier, mais aussi slaves, Africains, Asiatiques). La surestimation de son groupe humain (ethnique, culturelle ou politique), premier pas vers le mépris de l autre. La mise en condition des esprits qui «légitime» les assassinats de masse et les traitements inhumains, au nom de la survie du peuple allemand. Discours destinés à faire des détenus des camps de concentration des ennemis du peuple allemand ou la lie de l humanité. Les comportements collectifs d hostilité de la population en général et de la jeunesse hitlérienne en particulier, notamment dans la phase finale des évacuations et marches de la mort. Document: Mein Kampf d'hitler, 1925 Source: LCI.fr
Banaliser le crime, le décomposant en «tâches élémentaires», que chacun remplit en exécution des ordres reçus. Les futures victimes contraintes à participer au fonctionnement des usines de mort. Dans le système concentrationnaire, déstructuration méthodique de la personne selon un processus implacable, décrit par les survivants : perte de repère temporel, césure avec tous les antécédents vécus, terreur et violences permanentes, sous-alimentation, perte de conscience de son propre corps, amenuisement de la conscience et de la sensibilité humaine, insignifiance ou absence de soins médicaux, etc. L élimination des vies «inutiles» (opérations t 4 et 14 f 13). L exploitation des corps : vivants, par le travail épuisant ou les recherches pseudo-médicales pratiquées sur des détenus-cobayes ; morts, par récupération des prothèses, utilisation des cendres, récupération des cheveux, etc. Document: Un convoi de Juifs de Hongrie arrive à Auschwitz-Birkenau. Pologne, mai 1944 Source: ushmm.org
Malgré des conditions de vie conçues pour empêcher toute solidarité entre détenus, ou les dresser les uns contre les autres, des actes individuels ou collectifs de solidarité ont pu exister. La résistance à la dégradation humaine a revêtu des formes diverses, montrant chez beaucoup de détenus une volonté de rester des êtres pensants et de contrer les plans des bourreaux nazis : refus de collaborer au projet nazi, révoltes, recours à l art, à la culture, à la spiritualité, etc. Monuments et mémoriaux à la mémoire des victimes des génocides et de la déportation. Charte des nations unies, déclaration universelle des droits de l Homme. Procès de nuremberg et procès des médecins : leurs conséquences pour l avènement d une justice internationale et d une éthique médicale universelle. gestes ou discours politiques de haute portée mémorielle et historique. Document: Le procès de Nuremberg, 1945-1946 Source: ushmm.org