L ETERNEL EST MON BERGER - PS 23 INTRO CULTE «Je suis errant, comme une brebis égarée; viens me chercher, moi ton serviteur, car je n oublie pas tes commandements» Ps 119 : 176 «L Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, A cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent. Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires; Tu oins d huile ma tête, Et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m accompagneront Tous les jours de ma vie, Et j habiterai dans la maison de l Éternel Jusqu à la fin de mes jours». Ps 23 : 1-6 Quelle magnifique certitude et quel grand réconfort que de savoir que le Seigneur est notre berger! Quoique, en y réfléchissant bien, et en examinant ma propre vie, peut-être avons-nous un peu de mal à en prendre pleinement conscience malgré tout? Comme toute parole de Dieu, celle-ci doit être méditée dans le secret de notre chambre, porte fermée comme nous y invite Jésus 1 ; chambre, qui d après de nombreux pères de l église, n est autre notre cœur. Cet endroit que notre Dieu désire douillet et paisible et où Il nous attend. Ce Psaume, comme toute parole de la Bible, nous devons nous l approprier et la faire nôtre dans un acte de confiance et d amour Ce qui complique encore un petit peu notre compréhension de ce Psaume, c est que de nos jours, il est bien difficile de rencontrer un berger. Verset 1 David savait, lui, ce qu était un berger. Il l avait été lui-même puisque dans sa jeunesse, il gardait les troupeaux de son père; et il était appelé à l être encore en tant que roi d Israël, berger du peuple de Dieu. Mais nous? Nous les hommes et les femmes des villes, des pays industrialisés qui en guise d herbe, broutons du béton à longueur d années?!!! Personnellement, le peu de troupeaux de moutons que j ai jamais croisés avaient de bien étranges bergers. Longs, fins, les cheveux pas très bien coiffés, style gel survitaminé pour ne pas dire plus. D une rigueur et d une froideur toute militaire. Impassibles, silencieux et menaçants. Que de brebis blessées par de tels bergers : De nos jours, les bergers de nos villes, on les appelle des barbelés. Pas d amour, pas de soins, pas de câlins, pas de tendresse. Les brebis sont orphelines. Il n y a plus de bergers! Pour comprendre le rôle du berger, il faut se plonger dans l AT et dans un texte en particulier : «Fils d homme, prophétise contre les bergers d Israël! Prophétise et dis-leur, aux bergers : Ainsi parle le Seigneur, l Éternel : Malheur aux bergers d Israël, qui se repaissaient eux-mêmes! Les bergers ne devraient-ils pas faire paître les brebis? Vous mangez la graisse, vous êtes vêtus avec la laine, vous avez sacrifié les bêtes grasses, vous ne faites pas paître les brebis. Vous n avez pas fortifié celles qui étaient faibles, soigné 1 Matthieu 6 : 6 1
celle qui était malade, pansé celle qui était blessée; vous n avez pas ramené celle qui s égarait, cherché celle qui était perdue; mais vous les avez dominées avec force et avec rigueur. Elles ont été disséminées par manque de berger; elles sont devenues la proie de tous les animaux de la campagne; elles ont été disséminées. Mes brebis errent sur toutes les montagnes et sur toutes les collines élevées, mes brebis sont disséminées à la surface de tout le pays; nul n en prend soin, nul ne les cherche». Ez 34 : 1-6 Un berger porte les brebis malades, soigne celles qui sont blessées, part à la recherche de celle qui s est perdue C est au passage, une très belle image du ministère pastoral, même si tous les pasteurs ne le voient plus comme ça. Heureusement pour nous, Il en reste un de berger, le plus grand, le seul berger véritable, le seul dira Jésus qui va jusqu à donner sa vie pour ses brebis, tout simplement parce qu il les aime : «Moi je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis2». Ce n est donc pas un métier. Il ne prend pas soin des brebis parce que c est son boulot, mais parce que c est sa nature, sa vie, et parce que les brebis lui appartiennent. Là où l on se contenterait d une attitude professionnelle, on se trouve confronté dans ce Psaume à une plénitude d attention, de disponibilité, d accueil. Plusieurs verbes vont en témoigner, c est comme si David, le poète, n en pouvait plus d énumérer toutes les manifestations de la tendresse de Dieu à son égard. Encore faut-il ouvrir les yeux. Nous devons apprendre à voir avec les yeux de notre cœur. Ceux du nouvel homme, ceux du Christ en nous qui plonge son regard dans celui de son Père; et de cette rencontre, jaillit l amour, la paix et la joie d appartenir, d être la brebis, d un Dieu si merveilleusement Père. Le premier des soins prodigués par le Dieu berger, c est qu Verset 2 «Il nous fait reposer dans de verts pâturages, il nous dirige vers des eaux paisibles, il restaure notre âme». Nous avons, exprimées ici, toutes les dimensions nécessaires à la vie, à une vie vécue dans la proximité et la confiance en Dieu. David se sait et se reconnaît brebis du Seigneur et totalement dépendant de Lui pour ses moindres besoins. Cette dépendance est un abandon total entre les mains du berger. Il se laisse conduire, il laisse le berger choisir sa nourriture, sa route, il laisse le berger lui faire du bien. Tout vient de lui et la brebis le sait. Une réflexion m est venue en songeant à cela : si Dieu se sait être un berger, la brebis que je suis est-elle consciente d en être une? Le berger ne peut pas me faire du bien ni s occuper de moi, si je ne me considère pas comme sa brebis, si j ai la manie de l indépendance, de l autonomie. Si je me considère comme le seul maître à bord de ma vie. On ne se sentira jamais au bénéfice de l amour et des soins constants de Dieu, si on n accepte pas de se laisser aimer par Lui. D accepter qu il nous aime. Arrêtons de nous battre contre l amour de Dieu. Cessons de voir Dieu autrement que comme un Dieu d amour. Vous savez, la différence fondamentale entre une brebis et un loup, c est que le loup ne compte que sur lui-même pour ses besoins. Mais pour les assouvir, il va tuer, voler, égorger, se débattre à l infini, sans aucun espoir de paix, de calme ou de tranquillité; et au passage, il fera du mal et blessera bon nombre de personnes. Il en tuera peut-être même certaines, ne fût-ce que métaphoriquement. C est sa nature profonde. La brebis, elle, attend dans la confiance que son berger lui apporte tout ce dont elle a besoin. Nous sommes en parfaite sécurité, notre voyage est long, c est une transhumance perpétuelle tant que nous sommes sur cette terre, mais le Seigneur veille : la vie n est pas un long fleuve tranquille. On ne sait pas trop quand David a écrit ce psaume, mais il est fort probable qu il l a rédigé dans des temps de détresse. 2 Jean 10 : 11 2
Tout comme Jérémie, David veut repasser dans son cœur ce qu il sait, ce qu il connaît. Sa foi va le porter à s accrocher aux promesses de Dieu, à Dieu lui-même, et la profession de foi de David au début du Psaume est d autant plus admirable : «L Eternel est mon berger, c est ce que je crois, ce que je sais, ce dont je suis sûr, et sur cette foi, je battis, je résiste et je tiens ferme, sur cette foi je proclame : «je ne manquerai de rien». Puis, comme par miracle, mais peut-on parler d autre chose lorsque le Seigneur nous touche par son Esprit, David contemple la vérité dans toute son éclatante beauté : «Il me fait reposer, il me dirige, il me restaure». La vie de Dieu se manifeste en David. On ne peut pas écrire ce qu il écrit sans être habité. Sans laisser Dieu prendre les commandes, sans le laisser remplir tout son être. Cela étant, la suite va suivre comme une évidence Verset 3 «Il me conduit dans les sentiers de la justice à cause de son nom». La dimension évoquée ici suggère un calme personnel et un soulagement moral qui est dû à la douce sollicitude de notre berger. Nous sommes libérés de tous soucis par la prise de conscience de l affection que le Seigneur nous porte. Justice et équité m accompagneront parce que je marche dans tes voies, et tu ne me laisseras pas parce que prendre soin de ceux qui t honorent, qui honorent ton nom, c est ce à quoi tu t es engagé. Notre Dieu ne pourrait pas ne pas prendre soin de nous parce que cet engagement envers ses brebis repose entièrement sur sa nature. Il ne peut donc faire que ce qui est juste et bon pour nous parce que c est ce qui honore Son Nom. Toute injustice éventuelle que nous pouvons subir doit être envisagée dans ce contexte-là. Dieu est juste, il sait et il voit et il nous garde dans sa justice. Cette affirmation est d autant plus forte quand on sait que c est David qui le dit. Lui qui fut si longtemps et si souvent injustement traité, par Saül, le 1 er roi d Israël entre autres. Soyons donc à l écoute de la voix de notre Seigneur. David encore lui dira : «Montre-moi si je suis sur une mauvaise voie et conduis-moi sur la voie de l éternité 3». Notre chemin, notre justice à nous, c est notre Seigneur Jésus, le Christ. Mais au quotidien, il y a toutes ces petites choses et peut-être ces plus grosses, qui nous font sortir de ces sentiers de justice sur lesquels notre Dieu veut nous garder. C est d autant plus difficile que la vie sur cette terre peut être parfois extrêmement douloureuse et compliquée. Et David va l évoquer : Verset 4 «Même quand je marche dans la vallée de l ombre de la mort, je ne redoute aucun mal car tu es avec moi.» 3 Psaume 139 3
Les chemins de la justice peuvent parfois se confondre avec ceux de la vallée de l ombre de la mort. Nous avons probablement tous connu des moments où tout semblait perdu. Où nous avions l impression que le soleil ne se lèverait plus jamais, où notre situation ressemblait à s y méprendre à la mort elle-même. Je me souviens que vers l âge de 12 ans, j ai fait une énorme bêtise. Et j allais devoir l annoncer à mon père. Je risquais à l époque, la maison de correction et surtout, j allais décevoir mon père à un niveau que j avais rarement atteint jusque-là. Je me souviens très clairement m être dit que ma vie était finie et que le soleil ne se lèverait plus sur ma vie. N est-ce pas aussi malheureusement ce qui arrive à ceux et celles pour qui l ombre n en est plus une, mais pour qui la mort devient la seule évidence. Nous avons tous été peinés, je crois, du suicide de Robin Williams. Comme quoi les clowns sont souvent tristes sous leur maquillage de scène. On comprend mieux pourquoi Jésus fut saisi de compassion à la vue de la foule parce qu elle n avait pas de berger 4. Jésus a pleuré devant cette foule. Et Esaïe de dire : «Nous étions tous errants comme des brebis; chacun suivait sa propre voie 5». Quel espoir reste-t-il quand il n y a pas de berger pour montrer le chemin? C est là encore que David va proclamer son assurance. Quand tout est obscur et noir, quand tout semble perdu, j aperçois quelque chose, un objet familier et que je connais bien, son bâton. Ce bâton qui me rappelle qu il est mon berger et que de ce fait, je n ai rien à craindre parce qu il est avec moi. Je ne le distingue peut-être pas très bien, parce que tout est sombre autour de moi, mais je sais qu il est là. Ce bâton est signe de son autorité sur ma vie. Par ce bâton, Dieu me dirige, il me conduit, il me corrige parfois, mais par lui, il me rappelle aussi qu il a l autorité non seulement sur moi qui suis sa brebis, mais sur toutes choses, parce que toutes choses lui sont soumises. La preuve de cette souveraineté de Dieu malgré les circonstances, c est que le reste du Psaume va exprimer la confiance de David en son Seigneur : Verset 5 «Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires; Tu oins d huile ma tête, Et ma coupe déborde». Il n est pas seulement une brebis du Berger parmi d autres, il se découvre, il prend conscience que le Seigneur prend soin de lui personnellement. Qu il l invite à sa table. Voilà la brebis invitée d honneur du berger. Dans un festin organisé en son honneur. Je ne sais pas si beaucoup de bergers ont jamais invité une de leur brebis à leur table. De plus, un détail me frappe, c est que c est le Seigneur lui-même qui a tout préparé. C est lui qui a dressé la table, c est lui aussi qui fait le service, qui oint d huile la tête de David en signe d hospitalité, de bienvenue et d honneur - seuls les rois, les prophètes et les prêtres étaient oints - et nous sommes les trois à la fois! Nous sommes rois car héritiers du Royaume avec Christ. Nous sommes prophètes car envoyés par Christ pour porter l Evangile. Et nous sommes prêtres de la nouvelle alliance, tous et toutes autant que nous sommes. Le roi berger est un roi serviteur. David se rend compte de sa chance, il comprend que son Dieu ne se contente pas de prendre soin de lui d une manière efficace, mais qu il donne avec abondance, qu il n est pas avare de bénédictions, de dons, de cadeaux. Que la grâce et l amour de Dieu sont toujours surabondants : «Ma coupe déborde Seigneur». Notre Seigneur veut nous donner cette même vision quelles que soient nos circonstances. Il faut d ailleurs relever encore une fois que ce n est pas dans des moments humainement et visiblement faciles que David a cette révélation. Quand tout va bien, on a plutôt tendance à focaliser sur les bienfaits et pas sur le bienfaiteur. On oublie la source. Mais quand tout va mal, quand rien de palpable ne vient éclairer la route C est là que le berger veut nous prendre la main et nous dire assieds-toi, repose-toi, laisse-moi prendre soin de toi. Tu es ma brebis, mais aussi mon hôte et rien ne peut t arriver. Dieu pourrait changer nos circonstances, mais ce qu il veut d abord c est nous changer nous, et notre manière de voir. La table que dresse le Seigneur pour David est dressée en face de ses adversaires, ils sont toujours là Le Seigneur ne les a pas fait disparaître. La différence, c est que David s en moque parce qu il se sait en sécurité. Que pourrait-il lui arriver, lui le roi choisi par Dieu, oint par le Roi des Rois. Le Seigneur pose cet acte devant les ennemis de David pour affirmer sa protection, sa souveraineté et pour leur dire : «Celui-ci est mon enfant, celui que j ai choisi et je suis son Dieu, malheur à celui qui touche à un seul cheveu de sa tête». Le Seigneur a transformé la vision de David, il l a changé, lui. Dans de nombreux domaines, c est là que nous allons avoir le plus de mal : nous 4 Marc 6 :34 5 Esaïe 53 : 6 4
laisser transformer, nous! Nous demandons souvent au Seigneur de changer les gens, les circonstances, les difficultés Mais quand pour la dernière fois avons-nous demandé au Seigneur de nous changer nous? Nous et nos priorités, nous et notre vie, nous et notre vision de Dieu, nous et notre engagement? Nous et notre foutu caractère? Parce que tout se tient. N oublions jamais que la priorité numéro un de notre berger, c est notre transformation complète et que si cela ne se fait pas, le monde autour de nous ne changera pas non plus, il ne sera pas touché, et il continuera à nous faire peur. Le dernier verset de notre Psaume va constituer, en quelque sorte, la cerise sur le gâteau. Ce merveilleux poème a commencé par une déclaration de foi, il va également se terminer par un cri de confiance de David, par un élan de certitude et de conviction. Pour l anecdote, je soulignerai aussi que c est le nom de «l Eternel» qui commence et termine le Psaume. Il entoure David par devant et par derrière même au niveau de la structure du texte. Verset 6 «Oui, le bonheur et la grâce m accompagneront Tous les jours de ma vie, Et j habiterai dans la maison de l Éternel Jusqu à la fin de mes jours». Le bonheur et la grâce auxquels David fait ici allusion découlent directement de sa vision des choses, du monde, et de Dieu. Il ne faut donc pas mettre dans cette certitude de bonheur présent et futur ce qu y mettrait le commun des mortels. Je pense personnellement que ce bonheur n a rien de terrestre mais provient exclusivement du regard de David posé sur Dieu. Son bonheur, c est Dieu et rien que Dieu. Se savoir aimé par un si grand Seigneur. Un Dieu de grâce, de dons, de faveurs, toutes imméritées. David est heureux parce qu il sait qu il fait partie de la maison de Dieu et qu il y habitera toujours. Quoiqu il fasse. Rappelons-nous toute la portée de «cette maison» dans la pensée patriarcale antique : intimité, appartenance, soumission dans l amour, dépendance. Dieu est le berger, le maître, le Père et le Dieu de David. David est dedans, à l intérieur de la maison, il en fait partie et ça, il a compris que c était le plus grand bonheur qui puisse exister. «Vos paroles sont dures contre moi, dit l Eternel, et vous dites: «Qu avons-nous dit contre toi?». Vous avez dit: «C est inutile de servir Dieu. Qu avons-nous gagné à respecter ses ordres et à marcher dans le deuil à cause de l Eternel, le maître de l univers? Maintenant nous déclarons heureux les hommes arrogants. Oui, ceux qui font le mal prospèrent; ils mettent Dieu à l épreuve, et ils en réchappent!» Mal 3 : 13-15 A quoi cela sert-il de demeurer fidèle à Dieu puisque cela n empêche pas les tuiles et les difficultés et que même, ceux qui se moquent de Dieu prospèrent plus que ceux qui le craignent? C est une question que de nombreux hommes de Dieu se sont posés. Je pense à Asaph en autres 6. Je crois que ce Psaume 23 est une belle réponse à cette dernière question du livre de Malachie. Mais, si nous nous la posons encore, c est peut-être que tout simplement nous n avons pas encore goûté combien le Seigneur est bon. Combien nous pouvons compter sur Lui et surtout, combien d ores et déjà notre être intérieur a besoin de se nourrir de la Présence de notre Seigneur. Toutes les images idylliques que David a partagées avec nous sont strictement intérieures, elles étaient en Lui, profondément ancrées dans son âme, dans son cœur. C est là que se trouvent les verts pâturages et les courants d eau. C est là que demeure notre berger et c est donc là aussi que nous devons demeurer En attendant que notre soleil de justice se lève enfin, que notre Seigneur paraisse, et que nous paraissions avec Lui. 6 Psaume 73 5