CHAPITRE 4 LITTÉRATURE COURS DE SECONDE M. BOUCARD LE XVIIIème SIÈCLE Le prochain siècle sera de jour en jour plus éclairé ; en comparaison tous les siècles précédents ne seront que ténèbres.» Pierre Bayle (1647-1706)
COURS 2 QU EST-CE QUE LES LUMIÈRES? ACTIVITÉ 1 LA FOI EN L HOMME DOCS 1-2 : Que racontent ces trois images? DOC 3 - D où vient la lumière? Pourquoi le graveur lui accorde-t-il autant d importance? - Quel élément les regards des personnages mettent-ils en valeur? - Dégagez les lignes de force du dessin. Vers quelle figure convergent-elles? - Pouvez-vous identifiez les personnages représentés? Doc 1 (ci-contre) peinture anonyme du 18ème Doc 2 (ci-dessous gauche) gravure illustrant l ouvrage de Voltaire sur Newton Doc 3 (ci-dessous droite) Frontispice de l Encyclopédie de Diderot
ACTIVITÉ 2 MOZART, La Flûte enchantée, 1791 1) Lisez le résumé de l opéra cidessous de l opéra La Flûte enchantée de Mozart? Que pensez-vous de l histoire? Que cherche-t-elle à nous raconter en réalité? 2) Quelle interprétation faitesvous de l extrait? La flûte enchantée, Mozart, mise en scène Bob Wilson RÉSUMÉ Le Prince Tamino est chargé par la Reine de la Nuit d aller délivrer sa fille Pamina des prisons du mage Sarastro, présenté comme un tyran. Guidé par les trois Dames de la Reine, Tamino est surtout accompagné de Papageno, un oiseleur truculent, dont la couardise contraste avec la noblesse et le courage de Tamino : à Papageno revient un carillon et à Tamino une flûte magique deux instruments qui les aideront dans leur périple. Mais Tamino découvre au cours de son voyage que les forces du mal ne sont pas du côté de Sarastro mais de celles de la Reine de la Nuit : cette dernière l a trompé et elle est prête à tout pour se venger de Sarastro, qu elle déteste. Truffé de mises à l épreuve, le parcours de Tamino pour délivrer et conquérir Pamina se charge de symboles qui, de scène en scène, les mènent vers l amour et la lumière, sous la sagesse bienveillante de Sarastro. La Reine de la Nuit et sa suite finissent anéanties. ACTIVITÉ 3 LA NAISSANCE DE L HOMME DES LUMIÈRES Lisez les textes page suivante et répondez aux questions. 1) Quelles explications sont données au phénomène de la lumière? 2) Pourquoi les trois textes du XVIIIème siècle recourent-ils à cet exemple scientifique? Quelle est l intention implicite des auteurs? 3) Quelle définition de la «raison» ces textes délivrent-ils? 4) Contre quoi la raison permet-elle de lutter?
TEXTE 1 La Genèse, I, 1-5 «Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l abîme et l esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : «Que la lumière soit!» Et la lumière fut. Dieu vit que le lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuit. Ainsi il y eut un soir et il y eut un matin : ce fut le premier jour.» TEXTE 2 VOLTAIRE, Lettres philosophiques, 1734 En 1666, Newton révolutionne la science en prouvant que la lumière n est pas un phénomène surnaturel mais un fait explicable. Les philosophes du XVIIIème sont séduits par l hypothèse et l image : aidé de sa seule raison, l Homme peut comprendre la nature. «Un nouvel univers a été découvert par les philosophes du dernier siècle, et ce monde nouveau était d autant plus difficile à connaître, qu on ne se doutait même pas qu il existât. Il semblait aux plus sages que c était une témérité d oser seulement songer qu on pût deviner par quelles lois les corps célestes se meuvent, et comment la lumière agit. [ ] Descartes rendit son nom immortel par l explication mathématique de ce phénomène si naturel ; il calcula les réflexions de la lumière dans les gouttes de pluie et cette sagacité eut alors quelque chose de divin. [ ] Newton, avec le seul recours du prisme, a démontré, aux yeux que la lumière est un amas de rayons colorés qui, tous ensemble, donnent la couleur blanche.» TEXTE 3 MONTESQUIEU, Lettres persanes, 1721 Les Lettres persanes sont un roman épistolaire dans lequel Usbek raconte son voyage en France. Lettre d Usbek à Hassein, dervis de la montagne de Jaron «Ô toi, sage dervis, dont l esprit curieux brille de tant de connaissances, écoute ce que je vais te dire. Il y a ici des philosophes qui, à la vérité, n ont point atteint jusqu au sommet de la sagesse orientale : ils n ont point été ravis jusqu au trône lumineux ; ils n ont ni entendu les paroles ineffables dont les concerts d anges retentissent, ni senti les formidables accès d une fureur divine ; mais, laissés à eux-mêmes, privés des saintes merveilles, ils suivent dans le silence les traces de la raison humaine. Tu ne saurais jamais croire jusqu où ce guide les a conduits. Ils ont débrouillé le Chaos et ont expliqué, par une mécanique simple, l ordre de l architecture divine.» TEXTE 4 MOZART, La Flûte enchantée, 1791 Tamino, le prince égyptien, et Pamina s aiment tendrement. Pour s épouser, ils ont dû combattre les forces de la Nuit, aidés de leur foi en la raison. Voici l air final de l opéra. LES GARÇONS Bientôt pour annoncer le matin luira le soleil dans sa course dorée. Bientôt disparaîtra la superstition et la sagesse triomphera. Ô douce sérénité, descends en nous, reviens dans le cœur des hommes. Alors la terre sera un royaume céleste et les mortels seront les égaux des dieux!
5) Frontisipice de l Encyclopédie de DIDEROT, dessiné par COCHIN en 1765, gravé par PRÉVOST en 1772 Dominant l'ensemble, au centre, la Vérité, rayonnante. La philosophie et la Raison, à droite, tentent de lui enlever son voile; à gauche, l'imagination s'apprête à l'embellir. Sous l'imagination, viennent les quatre genres poétiques, puis la Musique, la Sculpture, la Peinture et l'architecture. Au centre figurent la physique, la géométrie et l'astronomie. En remontant à droite, on aperçoit l'histoire qui écrit sur le dos du temps. En bas à droite, l'optique, la Chimie, la Botanique et l'agriculture ferment ce tour d'horizon des Sciences et des Arts. Le dessin original de Charles-Nicolas Cochin (1715-1790) a été exposé au Salon de 1765 et commenté par Diderot lui-même. Bonaventure-Louis Prévost (1747-1804?), ami de Cochin, illustrateur et commentateur de l Encyclopédie, en est le graveur. L estampe semble avoir été envoyée gratuitement aux souscripteurs après parution. Les symboles, les allégories et leurs significations en sont assez complexes : la gravure fait apparaître, dans une sorte de compilation sur différents plans imbriqués, les Arts, les Sciences et les facultés humaines (Mémoire, Imagination, Raison), la quête de la Vérité et, enfin, le concept de l Instruction. Là voulait se révéler une vision synthétique et philosophique du monde. Plusieurs fois copiée, cette estampe parut dans différentes éditions de l Encyclopédie. Cette femme nue, à peine couverte d'un voile, représente la Vérité. Une vérité sacrée et lumineuse, donc. Derrière elle, à droite, la Raison tente d'arracher le voile de la Vérité. La Raison : une notion très chère aux Lumières, peut-être la plus importante. D'ailleurs, elle porte une couronne... Plus bas, la Philosophie tente elle aussi d'arracher un pan de voile. A gauche, l'imagination tient une couronne de fleurs et s'avance vers la Vérité. La Raison tente de dévoiler la Vérité et l'imagination tente de l'embellir. En-dessous viennent les arts et les sciences... Pas trop visibles là-dessus. Il y a la théologie, la musique, la littérature, la peinture, la sculpture, l'histoire, l'agriculture... Les personnages portent tous des toges antiques, il y a donc un même vêtement, une certaine unité parmi tous ces domaines, une unité dans l'art et la science. Le tout représente la Connaissance.
En bas à gauche, un groupe de personnes, le peuple, semble tendre des encens vers les autres personnages, faire une offrande à ce temple. La Raison et la Philosophie arrachent le voile de la Vérité tandis que l'imagination l'embellit, au-dessus de la Connaissance sacrée que le peuple célèbre...