Majeure Management et Nouvelles Technologies Economie d Internet 2013-2014 Marc Bourreau Examen Durée : 2h Examen sans documents sans PC portable ou téléphone mobile Consigne générale : Cet examen est composé de questions de cours et de questions autour d un cas. Vous fournirez à chaque fois des réponses courtes mais argumentées aux questions posées. *** Questions de cours (chaque question : 2 pt) Question 1 : En 2003, The Economist publie un article intitulé "Paradox Lost" qui commence par la phrase : "The productivity paradox has been solved". Qu est- ce que le «paradoxe de la productivité?»? En quoi a- t- il été «résolu» au début des années 2000? (i) TIC n influencent pas prod, alors que les ordis se répandent dans les entreprises ; (ii) forte croissance de la prod au début 2000 au moment du démarrage d internet. Question 2 : Certains travaux académiques ont montré qu on observait de la dispersion des prix sur Internet pour des produits homogènes (comme les livres, les DVD, etc.). Qu est- ce que la dispersion par les prix? Pourquoi la mesure- t- on? Citez 2 facteurs qui expliquent la présence d une dispersion des prix sur Internet, contrairement aux prévisions qui avaient été faites. (i) écart prix haut / prix bas ; (ii) indice de la compétitivité d un marché ; (iii) 2 critères parmi : effet de marque ; information imparfaite des consommateurs ; stratégie d obsfuscation des entreprises... Question 3 : Citez 3 business models possibles pour les biens non rivaux. (i) modèles de protection (DRM,...) ; (ii) modèles de déplacement de la valeur : biens complémentaires, publicité pour soi ou les autres, modèle de souscription... Question 4 : Quels sont les 3 critères de brevetabilité? (i) nouveauté, (ii) utilité, (iii) non évidence. Question 5 : Whatsapp Facebook $21- Per- Eyeball Offer Shows WhatsApp Appeal - - - Bloomberg What WhatsApp offers is a large and growing user base. That s an inbuilt advantage Zuckerberg understands better than most; successive efforts to displace Facebook s 1
social- networking leadership have faltered as rivals including Google Inc failed to sign up a critical mass of users. The value of these services lies in the number of people using them, said John Delaney, a mobile technology analyst at research firm IDC in London. Once you pass a certain threshold of users, it acquires a momentum of its own. That network effect will help keep users from defecting from WhatsApp even if Facebook makes unwelcome changes, said Vivian Serra Marques Pereira, a 25- year- old from Sao Paulo. 1. Qu est- ce qu une «masse critique d utilisateurs»? 2. Expliquez la phrase «That network effect will help keep users from defecting from WhatsApp even if Facebook makes unwelcome changes» (1) seuil déclenchement passage à équ de grand réseau ; (2) effet de réseau augmente l utilité et crée des switching costs collectifs. Etude de cas : Cloud (Music) Services Amazon propose un service de Cloud, intitulé "Amazon Cloud Drive". Il s agit d un service de stockage de données sur Internet, avec une interface web, qui permet de stocker des documents, des photos, de la musique et tout autre type de fichiers. Amazon propose une offre de base gratuite, avec un espace de stockage limité à 5 GB. Cet espace peut être étendu, en achetant de l espace supplémentaire. La grille tarifaire pratiquée par Amazon est la suivante : 2
1) Pourquoi Amazon propose- t- il une offre gratuite pour son service (offre de stockage gratuite de 5 GB)? (i) attirer la demande ; (ii) bien d expérience. 2) Que pensez- vous de la grille tarifaire proposée par Amazon? Comment l interprétez- vous? Comment qualifie- t- on ce type de tarification? Discrimination par les prix 1pt, versioning 2pt 3) Par ailleurs, Amazon offre un logiciel, Cloud Player, qui permet d écouter sa bibliothèque musicale à partir d un navigateur Internet, d un téléphone mobile Android ou d une tablette. A son lancement en 2011, ce logiciel ne fonctionnait pas sur l iphone ou l ipad (ou tout autre matériel utilisant l ios). Désormais, Cloud Player est disponible aussi pour ios. S agit- il selon vous de contraintes techniques ou de choix stratégiques d Amazon? (i) Ecosystèmes concurrents = incitation à fermer ; (ii) effets de réseau et demande = incitation à ouvrir. 4) Google propose également un service musical en streaming, "Google Play Music". De son côté, Apple a lancé une radio en ligne adaptive, iradio (disponible pour l instant uniquement aux Etats- Unis). En Europe, des services comme Deezer ou Spotify rencontrent beaucoup de succès, au moins dans leurs versions gratuites. Sur quelles dimensions des services devrait se jouer la concurrence entre ces différents services? 3
Offres assez homogènes en terme de contenu, donc concurrence sur les outils de recommandation, les partenariats, l innovation de services. 5) Pensez- vous comme Romain Germa (voir le document en annexe) que le développement de ces offres de streaming pour la musique signifie la "mort" de la musique? Les labels ont- ils toujours une place dans cet univers, et si oui, laquelle? (i) non, toujours forte demande pour la musique ; (ii) place des labels : conseil aux artistes débutants. 4
"Deezer, Spotify, YouTube et les autres m ont tué", par Roland Germa (cofondateur du label Makasound). "Le Midem a fermé ses portes, et avec lui s est éloigné l exposé annuel sur le marché de la musique. Pour le plus grand plaisir de ceux qui vociféraient il y a dix ans contre les méchantes «majors», la fête est finie chez tous les producteurs de disques. On est loin des fêtes aux éléphants avec Eddie Barclay! En quelque dix années, les ventes de disques ont baissé d environ 70%, celles du monde numérique ne représentent que quelque 15% des ventes physiques. C est dire que la révolution numérique n est pas une alternative réelle pour produire de la musique. Car c est quand même de cela qu il s agit. N en déplaise aux fossoyeurs des producteurs, cette triste nouvelle se partage surtout avec les artistes et les musiciens. Nous fermons, avec regret, le petit label que nous avons mis neuf ans à construire. Plus de soixante- dix disques sortis, des concerts, des tournées, des diffusions radios (un soutien sans faille de Radio France et Radio Nova), des articles, ont valu à nombre de nos artistes une renommée méritée auprès des amateurs de musique. [ ] Malheureusement, selon les lois du marché, cette musique ne vaut rien, ce travail non plus, son avenir encore moins. La musique doit être consommée tout de suite, comme une pizza. Signe des temps, toutes les maisons de disques rêvent d associer une marque à la sortie d un album. Faire payer la pub, vu que l on n espère plus grand- chose de celui pour laquelle on la joue et l enregistre : le public. Comment pourtant blâmer ce public? Il écoute de plus en plus de musique! Il ne la paie pas, c est tout. S en prendre à Internet, cette machine à faire du gratuit avec tout? Non, les évolutions techniques font bouger les industries, les modes de consommation, les plaisirs. Les choses avancent, heureusement. [ ] Mais alors, qu est- ce qui cloche? Pourquoi n arrive- t- on pas à faire vivre artistes, producteurs et intermédiaires? Deezer, Spotify, YouTube et les autres sont- ils vraiment les nouveaux vecteurs d un accès enfin illimité à la musique, comme l était un temps «Philips, l inventeur du compact disque»? Le problème, c est qu eux non plus ne paient pas la musique. Ils ne la font pas et ils ne la paient pas. Ou ils la paient selon un modèle qui les arrange. 100 000 écoutes rapporteraient dans les 150 euros, à partager royalement entre producteur et artiste. Quel artiste, quel producteur, peut applaudir à ce calcul? La vérité, c est que par un tour de magie qui n a pris que quelques années, la musique enregistrée a perdu toute sa valeur. Comment les maisons de disques, via leurs organismes professionnels, ont- elles pu signer des accords sur une base pareille? [ ] Dois- je me réjouir que les 500 000 nouveaux abonnés de téléphone Orange- Deezer puissent écouter gratuitement (ou presque) nos productions passées et futures? Fallait- il vraiment tester si vite ce «nouveau modèle»? [ ] En attendant de savoir si ce modèle fonctionnera un jour, de nombreux projets d albums resteront dans les cartons. [ ] Produire un album est un processus long et la musique a un coût. [ ] Pour ramener d Afrique, de Jamaïque ou d ailleurs l enregistrement d un groupe, il faut bien financer l aventure. En faisant le pari d être payé en retour. Si le paiement est de quelques centimes sur Deezer, ce voyage ne se fera plus. Ainsi que devons- nous espérer? Des mécènes? Et pourquoi pas la charité? Signe des temps, la couverture du magazine professionnel Musique Info Hebdo, a été achetée par une start- up d un nouveau concept : redonnez de l argent aux artistes que vous aimez (mais que vous écoutez sans payer). Une sorte de compensation CO2 volontaire Ce n est donc pas seulement Deezer qui nous a tués. L affaire est plus compliquée. Puisque l on peut encore envoyer ses vœux, les miens s adressent à ceux qui continuent à se battre pour la production musicale dans ces conditions risquées. La traversée finira bien par nous ramener sur la terre ferme!" 5