CONCOURS LITTÉRAIRE FABIAN BOISSON Texte de M. Danil AGAFIEV MACAMBIRA «Isaac Newton» Classe de 2nde 6 Lycée Albert Ier Edition 2015
«La Physique selon une Pomme» Un beau jour londonien s était levé, le jeune physicien Isaac prenait son thé. Il buvait lentement pour savourer chaque gorgée et l odeur stimulait son cerveau. Il regardait par sa fenêtre et pensait tout bas : «Que vais-je faire aujourd hui?» Il marchait tranquillement à travers son petit salon et mit sa tasse sur son bureau sur lequel était posée une dizaine de livres de toutes les tailles. Il en prit un dans ses mains et commença à le lire tout en marchant. Tantôt penché sur le livre, courbé, concentré, tantôt le nez en l air, les yeux plissés, tout aussi concentré, pensif. Très vite, Il s assit, prit un stylo et commença à écrire : son esprit semblait en ébullition. Mais il s arrêta net, secoua la tête d un air dépité, prit un autre livre et se leva à nouveau. Cette fois-ci, il marchait rapidement comme s il était en retard. Mais tout à coup, il s arrêta d un mouvement brusque et courut à son stylo. Il écrivait à une vitesse ahurissante une feuille, deux feuilles, trois feuilles Chaque nouvelle feuille était plus remplie que la précédente. Il ne semblait pas avoir de limite à cette révélation scientifique jusqu au moment où il se trompa. A ce moment précis, lorsqu il vit que son résultat était faux, il jeta son stylo et renversa sa table. Isaac n en pouvait plus. Chaque jour, il essayait avec rigueur et motivation de résoudre son problème mais chaque jour, son grand cerveau de physicien fonçait droit dans un mur. Il était frustré, en colère contre lui-même et les limites du cerveau humain! 2
Il en venait même à douter et voulait abandonner sa théorie, quitte à être humilié par la communauté des scientifiques. Il ne savait pas quoi faire. Il poussa un grand soupir et marcha vers la fenêtre. Il vit le beau soleil et le grand parc verdoyant et fleuri. Il pensa que cela faisait très longtemps qu il n avait pas mis le nez dehors, trop absorbé par ses recherches: «Qu ils avaient l air insouciant ces gens, le nez au vent!» Il hésita quelques minutes et se décida enfin à laisser son travail de côté et d aller se promener dans ce parc attirant. Cela faisait deux semaines qu il n était pas sorti et il avait besoin de se détendre. Dès qu il sortit de sa discrète maison, la chaleur du soleil le frappa et son corps se remplissait d un air doux. Il traversa la rue: il humait l air tiède, entendait le bruit des oiseaux et voyait une abondance de fleurs de toutes les couleurs. Il ferma ses yeux, sentit le vent frais lui caresser le visage et prit une grande inspiration pour savourer cette fraicheur qui lui manquait. Il mit son pied dans l herbe et il se sentit déjà mieux : après le cerveau, c est son âme qui s éveillait. Il marcha en regardant le ciel, les arbres et les autres londoniens. Il voulait complètement oublier ses recherches mais son esprit scientifique restait présent sans même qu il s en aperçoive et ses perpétuels questionnements le rattrapaient. Il regarda à plusieurs reprises le soleil, non pas pour profiter de sa présence mais pour se questionner et réfléchir. Il pensa : «Pourquoi est-il jaune et non pas vert comme l herbe?» Il ne pouvait pas se séparer de son esprit curieux et savant. Cependant, sa vision 3
scientifique du monde se mélangeait avec son imagination et cela donnait un résultat incroyable. Il imagina des arbres transparents, un ciel rose et même un oiseau énorme. Il commençait à créer tout un tas de théories et d hypothèses impossibles et il s amusait de lui-même et de ses extravagances! Le jeune garçon était très content et à l aise. Il se détendait. Mais cette joie introspective fut interrompue par un de ses amis physiciens. C était plus un rival qu un ami mais ils s entendaient bien tout de même, une certaine émulation scientifique les maintenait dans une entente cordiale. «Bonjour» dit Isaac chaleureusement. «Bonjour» répondit Robert. «Ça fait longtemps que je ne vous avais pas vu mon ami. Comment allez-vous?» Isaac répondit tristement : «Je suis toujours bloqué dans mes recherches sur ma théorie Mais la vie me sourit aujourd hui. Etes-vous toujours en train d étudier la vitesse et l énergie cinétique? On m a dit que vous avez trouvé des résultats stupéfiants.» «On ne vous a pas menti Isaac. Mes recherches sur l énergie cinétique en relation du milieu étudié sont presque finies et les résultats sont frappants. Il faut cinq fois plus d énergie pour obtenir une vitesse égale à 100 km/h par rapport à l air. Cela prouverait que le milieu a un grand impact sur la vitesse!» Isaac dit modestement : «Je suis fier de vous Robert! C est un véritable exploit. Pourrais-je un jour lire vos résultats et votre démarche?» «Avec plaisir Isaac. Quand aurez-vous fini votre thèse? Savez-vous que toute la communauté attend impatiemment vos résultas?» «Oui je le sais et j utilise toute mon 4
énergie pour la finir. C est pour cela que je suis ici avec vous. J avais besoin d un moment de détente pour réorganiser mes idées. D ici la fin du mois, cela devrait être fini.» «Très bien Isaac. Je vais annoncer la bonne nouvelle aux autres.» Les deux hommes s éloignèrent mais Isaac, hésitant, revint sur ses pas et accosta de nouveau son collègue: «Ecoutez Robert, j ai une petite théorie qui m est passée par la tête il y a une heure. Je voudrais connaitre votre opinion sur cela» «Allez-y» Et avec une concentration totale, Robert écouta la théorie d Isaac : «Nous savons tous qu il existe une force de poussée. Vous l avez même prouvé dans vos recherches. Mais» Il le regarda dans les yeux comme pour lui relever un secret de dieu. «S il existait une force opposée. Un force d attirance» Robert, perdu, essayait de comprendre la supposition de son ami. Il prit quelques minutes pour réfléchir et puis d un ton sec, il dit : «C est impossible.» Isaac répondit en hésitant : «Pensez-vous vraiment cela? Parce que si» «C est impossible Isaac» interrompit Robert. «Comment voulez-vous que deux forces opposées puissent exister ensemble? Elles créeront une anarchie incontrôlable dans notre monde.» Isaac céda et dit : «Vous avez probablement raison.» «Ne perdez pas votre raison Isaac. C est ce qui nous différencie des autres simples hommes. Une imagination comme celle-ci peut détruire votre brillant raisonnement!» 5
Triste et déçu, le jeune homme répondit : «Merci de m avoir écouté Robert. J apprécie toujours l opinion d un autre scientifique.» «Je suis content de vous avoir éclairé mais je dois partir. Ravi de vous revoir Isaac et nous attendons avec impatiente vos résultats.» «Moi aussi» Isaac reprit son chemin et continua sa promenade. Sa bonne humeur l avait quitté, il était déçu. Il avait un peu trop chaud et pris soudain d une énorme fatigue, il voulut se reposer quelques instants. Il chercha donc un grand arbre et vit enfin un pommier. Il était grand et ancien. Il était seul, comme lui. Un pommier seul au milieu d un parc, d une pelouse, comme Isaac était seul au milieu des londoniens, au milieu des scientifiques. Cet arbre avait probablement souffert beaucoup de tempêtes et de sécheresses lui donnant beaucoup d experience. Ses feuilles ressemblaient à une barbe et son tronc à un cerveau. Isaac sourit de son imagination débordante Il s assit lourdement sur le sol, posa sa tête sur le grand tronc et ferma les yeux, en murmurant: «Ah, vieil arbre, tu me comprends sans doute toi!». L air frais caressait son corps de nouveau et la petite chanson des oiseaux lui servait de berceuse. Il était tranquille, apaisé, serein. Soudain, un objet lui tomba sur la tête. Isaac se réveilla aussitôt et eut un petit sursaut de peur. La douleur était forte, il se frottait la tête. Il se leva pour comprendre, leva les yeux, les baissa, et vit une pomme. Il ne put s empêcher de rire! «Attaqué et réveillé par une pomme!» s amusa-t-il. Il se baissa pour la ramasser et croqua dedans. 6
«Mon réveil a très bon goût!» pensa-t-il. Il se rallongea aussitôt. En savourant la pulpe sucrée dans sa bouche, son cerveau s était mis de nouveau à réfléchir à cent à l heure. Toutefois, une idée le troubla et il pensa : «Pourquoi la pomme est-elle tombée? Pourquoi cette pomme est-elle sur la Terre et non pas vers le ciel?» Son esprit scientifique reprit le dessus et une dizaine de questions lui passèrent par sa tête. Il sauta sur ses pieds, et abandonna la pomme inachevée sous l arbre. Il réfléchissait, et en même temps, il commença à marcher rapidement. Il pensait au commentaire de Robert et murmura : «J avais raison». Le jeune physicien sourit: il tenait son idée et il voulait à tout prix écrire ses pensées qui se bousculaient, ses hypothèses et sa théorie. Il courut droit vers sa demeure à une vitesse incroyable. Il sauta au-dessus des buissons, des haies fleuries, sans même les voir ou s en émerveiller comme à l aller de sa promenade. Rien ne pouvait le distraire. Pas même le soleil, pas même Robert, pas même la communauté des andouilles (comme il disait) Rien. Il rentra chez lui et jeta sur le sol tout ce qui était sur son bureau. Il prit un nouveau stylo et une pile de feuilles vierges et écrivit. Il écrivit non pas deux feuilles ou trois feuilles, il noircit une trentaine de feuilles en quelques heures sans aucune pose. Son cerveau de physicien se manifesta et toute sa sagesse se mobilisa pour prouver sa théorie. Le soleil se couchait et le nuit se levait mais Isaac n arrêtait pas d écrire. Il nota ses calculs, schématisa ses experiences et vérifia le tout jusqu au point où sa tête tomba sur son bureau : son corps ne pouvait plus suivre. Il était épuisé. Le lendemain, le physicien s éveilla tardivement. Endormi et fatigué, il se leva 7
et se dirigea vers sa cuisine. Il prépara son thé comme tous les matins et le but à petites gorgées. Comme chaque matin, il savourait son gout sublime et laissait l odeur stimuler son cerveau. Il marcha vers sa fenêtre et regarda dehors. Le soleil était haut dans le ciel et la lumière du jour éclairait son salon. Il finit son thé et s assit sur sa chaise de travail. Il regarda ses recherches, corrigea quelques erreurs et organisa une vingtaine de documents. Il prit une dernière feuille vierge et écrivit le titre : LA GRAVITATION UNIVERSELLE selon Isaac Newton, 1702. «Voilà C est fait» dit-il en fermant les yeux et en souriant. «Merci le vieux pommier!». Une joie inimaginable remplit son esprit mais son corps ne pouvait pas l exprimer. Il marcha vers son lit et s écroula dessus tout en pensant : «Maintenant, je dois apporter ma thèse à la communauté des andouilles Ha, et Robert Oh Robert». Il s endormit immédiatement sur cette belle réussite et cette belle journée londonienne. Trois jours plus tard, les lois de la physique furent changées pour toujours et Isaac Newton était devenu un monstre-sacré de la physique. Lors de la cérémonie de célébration, le jeune physicien, avide de travailler, regarda par une fenêtre, une tasse de thé à la main, et pensa : «Que vais-je faire maintenant?» 8
Concours Littéraire Interlycéens Fabian Boisson EDITION 2015