L ECOLOGIE DU CANYON ET LE CANYONING : PREAMBULE

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Transcription:

HYDRO-ECOLOGIE et CANYON Au Fil de l'eau n 2, petit guide à l'intention du canyoniste éco-citoyen et responsable (automne 2007) Hélène Luczyszyn, hydro-écologue L ECOLOGIE DU CANYON ET LE CANYONING : PREAMBULE Avant d être un mouvement politique, l écologie est la science qui étudie les relations entre les biotopes (= milieux) et les biocénoses (= êtres vivants). Un canyon est un écosystème bien particulier : c est un torrent ou un ruisseau très pentu et très encaissé. Par leur nature même, les canyons présentent, en général, une grande richesse biologique : ce sont des milieux «sauvages», le plus souvent très peu dégradés ou perturbés car très peu accessibles à l Homme et situés en amont de la plupart des rejets ; la présence conjointe d eau courante, de falaises et rochers, de forêt naturelle et de tranquillité en fait un milieu de vie de qualité exceptionnelle pour une faune spécifique, adaptée à ce milieu «exigeant» (crues, humidité, ombre, ). Pour autant, certains canyons subissent, comme bien d autres cours d eau, des pollutions, usages altérants et perturbations l activité canyoning est une perturbation parmi d autres, le tout est de le savoir afin d en limiter l impact, les canyonistes pouvant prouver, comme certains pêcheurs, leur attachement à protéger les milieux aquatiques qu ils fréquentent, comme eux, par plaisir. Gageons qu une certaine harmonie avec la Nature est possible Les différents maillons de la chaîne et ce que nous pouvons faire pour les respecter La végétation : En canyon, la végétation est très peu développée dans le lit, car soumise à des forces d arrachement énormes en crue. Seules quelques mousses (Bryophytes) et des algues peuvent être présentes. Les mousses (vraies) sont à protéger (ne pas les piétiner, surtout si elles forment du tuff du fait de leur calcification, habitat hautement fragile et protégé!). Les algues sont, en revanche, peu intéressantes, souvent le signe d un surplus de nutriments (nitrates, phosphates) témoignant d un rejet d origine agricole ou domestique (exemple : les algues vertes filamenteuses, qui ressemblent à des touffes de cheveux fins verdâtres) ; pas de précaution particulière avec elles, si ce n est de faire attention à ne pas se faire mal en glissant dessus Hélène Luczyszyn 1/8 septembre 2007

Au Fil de l'eau n 2 On nomme «ripisyle» l ensemble des arbres et arbustes riverains d un cours d eau. En canyon, les essences les plus communes en berges sont l Aulne glutineux, le Frêne et le Noisetier. Notre activité ne les gène guère et les tailler «dans les règles de l art» ne peut pas leur faire de mal par exemple, pour aménager un sentier «canalisant» les pratiquants. Par ailleurs, il existe une flore humide typique des fonds de talwegs encaissés, mais celle-ci est indescriptible ici tant elle dépend du contexte (sols, région, ). Parmi les espèces présentes, on peut rencontrer des espèces plus ou moins rares ou protégées ; seuls les naturalistes spécialistes sont en général capables de les reconnaître ; mais si le site fait l objet d une reconnaissance naturelle (du type ZNIEFF ou zone Natura 2000 par exemple, on peut trouver des informations au sujet de la flore intéressante dans les fiches téléchargeables sur le site de la DREAL, ex DIREN ; interrogation possible par saisie de la commune). Les crues torrentielles, particulièrement violentes, forment fréquemment, à partir du bois mort des rives, des amoncellements que l on nomme «embâcles». Ils peuvent former des bouchons impressionnants, de plusieurs mètres-cubes. Ces embâcles, naturels, n ont aucun impact négatif sur le milieu, ni sur la faune : au contraire, ils peuvent constituer des habitats particuliers, favorables à une certaine catégorie de faune, ou bien, s ils sont dans l eau, contribuer à diversifier les habitats aquatiques. Pour autant, l enlèvement de certains embâcles peut être nécessaire dans un objectif uniquement sécuritaire s ils génèrent un risque humain : risque d inondation d habitations à l aval en cas de rupture brutale ou risque lié à des mouvements d eau ou à la présence de bois caché (attention les chevilles ) pour le canyoniste. Il est préférable de faire évaluer ce risque par des experts avant d agir, sauf en cas d urgence bien sûr. La faune invertébrée : Les invertébrés benthiques (=qui vivent au fond de l eau, entre ou sous les cailloux ou les autres substrats : litière, mousses, vase, ) constitue le maillon de vie aquatique le plus important du canyon : ils sont nombreux et on les trouve de partout, ils participent, avec les bactéries, au processus d auto-épuration et servent de nourriture aux poissons, oiseaux, batraciens,... De taille macroscopique (supérieure à 1 mm), ils sont visibles à l œil nu pour qui se donne la peine Le peuplement invertébré est particulièrement riche et même dans un milieu somme toute assez peu «hospitalier» comme le canyon, on peut dénombrer plusieurs centaines d individus par mètrecarré, sauf sur les substrats très peu favorables comme les dalles ou le sable fin. Hélène Luczyszyn 2/8 septembre 2007

Plusieurs grands groupes d invertébrés sont représentés, et le plus souvent, plusieurs dizaines d espèces différentes en un même canyon : Plathelminthes (vers plats : planaires), Annélides (vers annelés) et Achètes (vers sans soies : sangsues) ; Mollusques : petits bivalves et gastéropodes de quelques millimètres ou centimètres ; Arthropodes : ce groupe comprenant : les Crustacés, les Insectes et les Hydracariens est ultra-dominant en canyon. Pratiquement, ce sont les larves d insectes aquatiques qui dominent le peuplement, représentant le plus souvent plus de 80% des effectifs, et notamment celles des Ordres: - Plécoptères (ex. : perles), - Trichoptères (à fourreau = «porte-bois»ou sans fourreau), Hélène Luczyszyn 3/8 septembre 2007

- Ephéméroptères (= «mouches de mai») - et Diptères (mouches et moustiques). Les larves peuvent vivre jusqu à 3-4 ans dans l eau, alors que les adultes terrestres ne vivent que le temps de se reproduire, de quelques jours à quelques mois. On trouve aussi, mais un peu plus rarement en canyon (par rapport aux cours d eau de plaine), d autres insectes aquatiques comme des Coléoptères, Hétéroptères, Odonates, etc. Les invertébrés benthiques, du fait de leur diversité spécifique et de leur grand nombre, sont de bons indicateurs de la qualité du milieu aquatique (physico-chimie de l eau et diversité des habitats aquatiques) ; c est pourquoi on les utilise pour le calcul d une note sur 20 nommée Indice Biologique Global Normalisé ou IBGN. Si les invertébrés rencontrés en canyon sont particulièrement sensibles à la qualité physicochimique de l eau, ils ne le sont que peu vis-à-vis du fait de remuer leurs substrats, ce que provoque un flot de canyonistes Leur résilience est en général forte, ils sont a priori suffisamment nombreux et colonisent suffisamment d espaces non impactés pour que la pratique du canyoning ne mette pas en péril leurs populations, même si leur nombre peut diminuer localement. Néanmoins, remuer trop de vase augmente la turbidité de l eau et peut engendrer une baisse du taux d oxygène, tandis que le piétinement peut tuer directement un certain nombre d individus. Il convient donc d éviter le piétinement des zones qui leur sont le plus favorables, à savoir les graviers, cailloux et galets, et d accepter les consignes de limitation de pratique en cas d étiage sévère (sécheresse), car dans ce cas, le phénomène de désoxygénation et la sensibilité de toute la faune aquatique est accrue. Hélène Luczyszyn 4/8 septembre 2007

Je citerai pour finir une «exception» dans cette catégorie des invertébrés, le cas de la fragile espèce endémique d écrevisse : l Ecrevisse à pieds blancs, qui est très sensible au dérangement et au piétinement de son habitat, mais cette espèce reste en général cantonnée aux très petits cours d eau et aux secteurs relativement peu pentus, en tête de bassin versant. On peut donc la rencontrer (même si on la verra très difficilement de jour tellement elle est discrète) dans les affluents ou les parties amont de canyon précédant les secteurs en gorges. Cachée en général en sous-berges, on limitera son dérangement en évitant le piétinement de cette frange particulière du ruisseau, à la limite entre l eau et la terre (quand on marche en rive, se décaler d au moins 1 mètre). La faune vertébrée : Les poissons : Dans une grande partie des cas, il n y a pas de poissons dans les parcours de canyoning à part des individus introduits ou ayant pu dévaler de l amont : on est trop près des sources et de multiples obstacles infranchissables (cascades) empêchent la remontée des géniteurs de Truite fario, cette espèce de salmonidés (souvent la seule présente en tête de bassin) devant pouvoir remonter les cours d eau pour trouver des zones de reproduction favorables ou «frayères» (graviers grossiers sous une vingtaine de cm d eau froide et bien oxygénée). Quand les cascades peuvent être franchies (moins d un mètre) ou que la partie haute du bassin versant est plus «ouverte» et viable pour une population de poissons, on retrouve alors quelques individus dans les vasques et au niveau des zones de plats courants. Les canyons n étant pas des milieux très productifs, les poissons ne sont jamais très nombreux. La Truite fario, qui peut aussi être présente par introduction (alevinage par les sociétés de pêche), peut être accompagnée du Chabot, de la Loche franche, voire du Vairon et du Goujon (ces derniers dans des bassins déjà importants). Hélène Luczyszyn 5/8 septembre 2007

Notre impact sur les poissons, hors période de reproduction, est limité, ceux-ci étant à même de nous fuir et de se trouver des caches adéquates (sous les blocs et dans les trous en sous-berges). Néanmoins, comme les invertébrés, ils sont plus sensibles à toute perturbation supplémentaire de leur milieu en cas de stress hydrique (sécheresse). En revanche, le piétinement des frayères à truites en période de reproduction (de novembre à février en fonction des cours d eau) et jusqu à l émergence des alevins (février à avril) ou le dérangement du frai en cours est à proscrire : si un canyon présente des frayères effectives (encore faut-il savoir les reconnaître plus facile est de questionner les agents de l ONEMA 1 ), il convient donc de ne pas le pratiquer durant cette période. Les autres animaux inféodés aux rives : amphibiens, reptiles, oiseaux, C est dans ce groupe d animaux que l on est susceptible de rencontrer, en canyon, les espèces les plus rares et les plus sensibles («fragiles»). Car parmi ces animaux, certains ont choisi de se réfugier ou de se reproduire là et ne sont adaptés qu à la «tranquillité» de ce type de milieu d autres y trouvent des conditions optimales de vie. Ainsi, salamandres, tritons, couleuvres, cincles plongeurs, martin pêcheurs, écrevisses ou d autres animaux remarquables (chauve-souris, rapaces, Desman des Pyrénées, ) présentent des espèces patrimoniales, plus ou moins rares, et pour la plupart, protégées, ad minima à l échelle régionale. Toutes ne seront pas forcément très perturbées au passage des canyonistes, mais certaines pourront très bien l être suffisamment pour abandonner les lieux, en cas de dérangement trop important ou trop répété ; notamment les oiseaux (le Cincle nichant souvent tout près de l eau dans une infractuosité). 1 Office National de l Eau et des Milieux Aquatiques Hélène Luczyszyn 6/8 septembre 2007

Notre impact sur cette catégorie de faune est réel, important, et à mon avis le plus sensible, même s il n est que difficilement mesurable et non mesuré Il importe, en conséquence, qu au sein d un même secteur (massif/versant), tous les talwegs «jumeaux» ne soient pas pratiqués pour que subsistent suffisamment de milieux-refuges pour la faune sensible. De surcroît et en premier lieu, l attitude à adopter «coule de source» : le moins de bruit possible, le moins de dérangement direct de la faune possible (ne pas «jouer» avec les animaux, ne pas les déplacer sauf cas particulier, ), le moins de dispersion possible des pratiquants sur les berges (se suivre sur le même sentier). Pour la faune des berges, la période la plus critique est celle de la reproduction, c est-àdire en général, le printemps, ou le début d été ; mais là aussi, cela peut varier en fonction des espèces présentes. Le code de bonne pratique du canyoning vis-à-vis du milieu : à retenir! 1. Une évidence : ne pas laisser de déchets dans le canyon 2. Eviter, notamment en période d étiage critique, de remuer la vase et de piétiner les zones les plus favorables aux larves d insectes, à savoir les graviers, cailloux et galets : mieux vaut nager ou marcher sur le sable, les dalles, les gros blocs ou cheminer en berges (le long d un sentier unique), sans endommager la marge de la berge (se décaler d au moins 1 mètre). 3. Ne pas pratiquer les canyons présentant des frayères à truites, entre novembre et avril : apprendre à reconnaître une frayère potentielle ou questionner l agent de l ONEMA, référent local sur les sites de reproduction de la Truite fario. 4. Limiter l impact potentiel sur la faune des berges : décaler son parcours d au moins 1 mètre par rapport à la zone de sous-berge (marge eau-terre), faire le moins de bruit possible, ne pas jouer avec ou déplacer les animaux, pratiquer en groupes réduits, notamment au printemps (à cette période, heureusement, la pratique est moins fréquente et majoritairement le fait d individuels ou de clubs, donc limitée en nombre). Hélène Luczyszyn 7/8 septembre 2007

5. Avant d aller jouer les bûcherons acrobates, assurez-vous auprès d un expert de ne pas «en faire trop» vis-à-vis du milieu et choisissez la bonne période, hors reproduction de la faune des berges, à savoir plutôt à l automne ou en hiver. 6. A l intention des représentants de l activité canyoning : s informer de la sensibilité environnementale (au même titre que des questions foncières ou sécuritaires) des sites de pratiques, auprès des acteurs impliqués dans la protection des milieux naturels (agents de l ONEMA, de l ONF, de l ONCFS, des Parcs naturels, ), pour adapter, voire réglementer, le cas échéant, la pratique, en concertation. Jusqu à présent, relativement peu de canyons sont réglementés en France. A l avenir, il est probable que de plus en plus de sites de pratiques (et c est vrai pour toutes les activités de nature!) le seront afin de concilier pratique récréative et maintien des populations d animaux (voire de végétaux) sensibles. La nature ne nous appartient pas : respectonslà Bons canyons... HL Hélène Luczyszyn 8/8 septembre 2007