F I C H E P R I N C I P A U X G E S T E S T E C H N I Q U E S À E N S E I G N E R FICHE N INITIATION À L APNÉE «Apprendre à respirer et à se relaxer ( ) est le meilleur moyen de se préparer à retenir le plus longtemps possible sa respiration en immersion». Umberto Pelizzari Apnée dynamique, déplacement horizontal. Apnée statique. Apnée en milieu naturel. Apnée par petits fonds. Description du geste technique La pratique de l apnée consiste à s immerger en retenant sa respiration. Pratiquée depuis des millénaires, c est la manière la plus simple de pénétrer sous l eau. Il est possible de pratiquer l apnée : En randonnée subaquatique ; De manière statique, c est-à-dire sans bouger ; En dynamique, en se déplaçant à l horizontale (ex. sur la longueur d un bassin) ; En déplacement vertical (descente, séjour au fond et remontée). Sur le plan technique, on distingue : L apnée «poumons pleins», couramment pratiquée par les apnéistes. L apnée «poumons vides», c est-à-dire après une expiration forcée. Elle est peu pratiquée par les apnéistes, si ce n est pour s entraîner à la sensation 66
I N I T I A T I O N À L A P N É E de «soif d air» (notez toutefois l apparition récente d écoles d apnée «poumons vides»). En plongée avec scaphandre, elle permet d apprendre à s immerger en phoque (coulée expiratoire), à respirer dans le bas des poumons (poumon-ballast) ou encore de simuler une panne d air (après une expiration, le plongeur tente d inspirer mais l air ne vient pas). F I C H E Justification (voir fiche n 55) L apnée est une discipline à part entière qui se pratique pour elle-même. Sans être un spécialiste de la plongée en apnée, tout plongeur en scaphandre doit disposer d un minimum de compétences afin de faire face à certaines situations pouvant être rencontrées en plongée avec scaphandre (ex. panne d air, remontée sur expiration contrôlée ). A noter également, au-delà de ces justifications techniques, qu il serait étonnant qu un plongeur en scaphandre ne sache pas du tout pratiquer l apnée. A ce titre, rappelons qu il ne faut jamais faire d apnée dans les 6 heures qui suivent une plongée en scaphandre. En conséquence, mieux vaut d abord plonger en apnée puis en scaphandre (ex. en croisière). Directives des organismes d enseignement (niveau 1) FFESSM : Performances minimales d apnée en vue de la sécurité du plongeur qui subirait une panne d air. Canard, petite distance sur un fond de faible profondeur, faire surface. FSGT : Apnée expiratoire sur 5 m en déplacement horizontal (simulation d une apnée «poumons vides» en cas de panne d air en plongée avec scaphandre). Conseils pour faire progresser vos élèves Pour un débutant, les difficultés de l apnée sont presque uniquement mentales. Il est à la portée de tous de réaliser des apnées de 20 ou 30 secondes entre 3 et 5 mètres de profondeur. Encore faut-il en être convaincu. Dans ce registre, le climat de confiance et de sérénité instauré par le moniteur est fondamental. Avant de commencer des apnées, toujours s échauffer : palmage léger et apnées d échauffement de courte durée. A froid, il est très difficile de tenir une apnée correcte. Avant une apnée, se concentrer, se relaxer et adopter une ventilation ample et lente, sans exagérer ce temps de ventilation. Sous l eau, éviter les efforts inutiles. Cela fait consommer de l oxygène et limite, du même coup, le temps d apnée. Proposer à vos élèves d en faire l expérience : ils parcourront une plus grande distance en palmant lentement qu en palmant rapidement. Pour éviter de se fatiguer en surface, se mettre bien à plat sur l eau, sans faire aucun mouvement, en regardant le fond et en respirant sur le tuba. Au fond, fixer son attention sur l environnement ou penser à quelque chose de précis (par exemple, comptez jusqu à 10, puis jusqu à 20, etc.). Ménagez régulièrement des périodes de récupération pour vos élèves. Elles doivent être d une durée suffisante pour leur permettre de récupérer sans trop exagérer, pour éviter qu ils ne se refroidissent. 67
F I C H E P R I N C I P A U X G E S T E S T E C H N I Q U E S À E N S E I G N E R Bouée de signalisation (milieu naturel). Sécurité (voir fiche n 67) Ne jamais faire d apnée seul. Même en piscine, il faut toujours rester à vue de quelqu un capable d intervenir. Il est souhaitable d apprendre aux élèves, dès le début de la formation, à fonctionner en binôme. L un surveille celui qui fait de l apnée puis les rôles s inversent. Répéter les consignes d équilibrage des oreilles (elles sont extrêmement sollicitées du fait des multiples montées et descentes) et rappeler que l équilibrage des pressions doit toujours s effectuer en douceur et de manière anticipée. En cas d apnée statique : toujours surveiller l apnéiste en lui demandant de réaliser un geste non mécanique (ex. faire un deux trois avec ses doigts et recommencer) afin de repérer immédiatement une syncope. De plus, interdire toute apnée statique où l apnéiste adopte une position dangereuse : par exemple en coinçant sa tête sous le barreau d une échelle. Ne jamais faire d hyperventilation (voir fiche n 84). L hyperventilation consiste à effectuer rapidement de grandes inspirations et expirations. En abaissant anormalement le taux de gaz carbonique dans l organisme, elle favorise les risques de syncope. Cette technique est aujourd hui abandonnée. Toujours se réserver un temps de récupération suffisant entre deux apnées. En milieu naturel, penser à toujours se signaler en surface (bouée) pour prévenir les risques liés aux embarcations et engins de plage. En tant qu enseignant, en milieu naturel, prévoir des points d appui pour permettre à tout apnéiste fatigué de reprendre son souffle (ex. gilet gonflé ou grosse bouée). Les dangers du tuba Le fait de respirer avec un tuba augmente l espace mort anatomique, c est-à-dire que cela augmente le volume d air ne participant pas aux échanges gazeux. Autrement dit, cela diminue l efficacité de la ventilation, en réduisant le volume d air frais renouvelé à chaque ventilation. Cela peut provoquer une hypercapnie (augmentation du CO 2 sanguin) dont les manifestations peuvent être : maux de tête (céphalées), nausées, essoufflement, perte de connaissance. Les dimensions d un tuba sont donc la résultante d un compromis : Il doit être assez long pour permettre de respirer mais pas trop long pour éviter de créer un trop grand espace mort ; Il doit avoir un diamètre suffisant pour permettre de respirer sans trop d effort, mais pas trop pour éviter, là encore, de créer un trop grand espace mort. La norme EN1972-97 fixe les dimensions réglementaires d un tuba : Gabarit du plongeur Volume interne maximal Diamètre intérieur Longueur maximale Taille <= 150 cm 150 ml 2,33 cm 35 cm Taille > 150 cm 230 ml 2,78 cm 38 cm 68 Pour en savoir plus : La plongée en apnée, J. H. Corriol, Masson, 2006
I N I T I A T I O N À L A P N É E Ce qu il faut retenir : Les enfants doivent utiliser des tubas spécifiques et non des tubas pour adultes ; Avec un tuba, il est souhaitable d insister sur l expiration afin de favoriser le renouvellement de l air ; Des périodes de récupération doivent être respectées entre deux apnées. F I C H E Faut-il retirer son tuba en immersion? 1. De nombreux chasseurs sous-marins retirent leur tuba dès l immersion afin qu il se remplisse d eau immédiatement, ce qui évite que des bulles d air s en dégagent à la descente et fassent fuir les poissons par le bruit occasionné. 2. Certaines personnes préconisent de retirer le tuba dès l immersion car il favoriserait la pénétration d eau dans les voies aériennes en cas de syncope. 3. DAN Belgique préconise de retirer le tuba afin de ne pas avoir à faire d effort pour vider l eau du tuba en fin de plongée. Tous ces éléments concernant le tuba doivent être nuancés dans le cadre d une simple initiation au niveau 1 de plongeur en scaphandre, pour des plongées peu profondes et de faible durée d immersion. Nous ne voyons, pour notre part, aucune difficulté, dans ce contexte, à enseigner le vidage de tuba, geste qui se pratique couramment en apnée de loisir. Le bon lestage en piscine Le bon lestage en piscine peut être déterminé de la manière suivante : «sans bouger, en position verticale, on doit rester en position en flottaison avec l eau au niveau du cou, en inspiration, et couler en phase d expiration». Pour en savoir plus : Apnée, de l initiation à la performance, Umberto Pelizzari et Stefano Tovaglieri, Amphora Préalables (voir fiche n 65) Apnée statique : aucun. Apnée en déplacement et en PMT : maîtrise du palmage, du canard et de l utilisation du tuba. Formation A partir du plongeur débutant en formation niveau 1 ou aptitudes associées. Situation dans la progression pédagogique (voir fiche n 68) En début de formation puis tout au long de la formation. Se prête à des situations ludiques (jeux). 69
F I C H E P R I N C I P A U X G E S T E S T E C H N I Q U E S À E N S E I G N E R 1. En appuyant ses mains sur le bord du bassin, inspirer profondément (de préférence par le nez) puis expirer par la bouche la tête sous l eau. Le temps d expiration doit représenter deux fois le temps d inspiration. Au final, le but est de parvenir à 20 secondes d inspiration pour 40 secondes d expiration. 1, 2, 3, 4... 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8... Schéma d après Apnée, U. Pelizzari et S. Tovaglieri, Amphora 2. Sans palmes, nager sur quelques mètres, faire un canard, descendre au fond, prendre appui sur les jambes pour rejoindre la surface et recommencer ainsi sur une ou plusieurs longueurs de piscine. 3. Déposer des objets au fond et demander à un apnéiste d aller les rechercher un par un. 4. Sans palmes, ni masque, ni tuba, demander à un apnéiste d expirer profondément, de s immerger en phoque puis une fois arrivé au fond de la piscine, de s accroupir puis de prendre une impulsion pour rejoindre la surface. 70
I N I T I A T I O N À L A P N É E F I C H E 5. Les élèves poussent un objet sur le fond, pour l amener d un côté de la piscine à l autre. Cet exercice fait travailler le palmage, les techniques d immersion et l apnée. Il est possible de pratiquer ce jeu par équipes (relais). 6. Les élèves se regroupent par équipe de deux. Chaque équipe doit parcourir une distance de 50 ou 100 m le plus lentement possible, en poussant un objet sur le fond et en respectant les règles suivantes : le plongeur qui est en surface suit le plongeur en immersion et le surveille (sécurité) ; lorsque le plongeur qui est au fond remonte en surface, celui qui est en surface le relaye ; à aucun moment, les deux plongeurs d une même équipe doivent être ensemble en surface. 7. Des plongeurs font un parcours subaquatique en passant dans des cerceaux. Le but est d aller le plus rapidement possible sans déplacer les cerceaux. 71