Formation - Prendre la parole en public Au cours de cette formation, le but est de vous donner quelques clés pour prendre la parole en public de manière globale : le corps, la voix, le message. 1. La préparation physique Il ne s agit pas de faire 10 pompes et 4 tours de piste. Prendre la parole en public, c est déjà prendre la parole (ça commence fort!). Et pour prendre la parole, il faut s approprier l espace, en faire une scène. Il faut aussi avoir un bon soutien vocal pour parler tout ça c est du sport! a. Prendre place Ca y est, le moment arrive, vous allez parler en public. Tout le monde vous regarde et c est à vous! Vous allez parler devant un public ; lequel, a priori va vous écouter. S il y a la possibilité, démarquezvous physiquement de ce public. Il est assis : levez-vous Il est autour d une table : quittez-là Il est statique : bougez Vous allez capter l attention parce que vous parlerez, vous la garderez parce que vous remplirez l espace avec la voix et le corps. Créez votre propre scène. Pas forcément une estrade avec des projecteurs. Mais faites comme si c était le cas. Cela se traduit par des choses comme : choisir un endroit d où tout le monde peut vous voir, où vous pouvez bouger un minimum, si possible un peu surélevé. b. Occuper l espace Vos bras et vos mains vont vous permettre d accompagner votre prise de parole. Ils donnent du volume à ce que vous dites. Les mains dans les poches ou statiques le long du corps sont à éviter. Il peut arriver que vous ne sachiez pas quoi faire des ces bras et que tout geste paraîtrait ridicule. Une technique pour essayer de les rendre utiles : mettez les bras le long du corps et relevez les avant-bras jusqu à un angle de 90 et parlez en musique (si si!). Vos mains sont faces à vos yeux et vous imaginez que ce que vous dites doit l être aussi par vos mains. Après quelques essais, il ne vous restera plus qu à décoller le reste des bras et de les agiter dans tous les sens! 1
Pour le bas du corps, c est selon! En effet, s il y a un pupitre et/ou une projection, cela va être dur de se déplacer. Notez qu à chaque fois que vous allez changer de ton, bouger les bras ou faire quelques pas, vous allez susciter un renouveau d attention. Se déplacer a un intérêt si vous allez parler longtemps (les bras vont fatiguer au bout d un moment) et/ou s il y a une interaction forte avec le public. C est aussi intéressant si le public est nombreux et donc la salle grande. Les personnes au fond verront peut-être moins les outils de communication que sont vos bras et votre visage. Attention tout de même au syndrome «Colombo» : traverser la pièce de long en large de manière frénétique et sans arrêt! c. Placer sa voix Vous êtes debout, il ne vous reste plus qu à dire quelque chose! Le préalable à la prise de parole est de savoir placer sa voix. C'est-à-dire avoir une bonne respiration et arriver à soutenir sa voix. La meilleure position physique pour répondre à ça, c est : debout, les pieds alignés par rapport aux épaules, le bassin légèrement en avant. Une fois que vous êtes bien «ancré» dans le sol, inspirer en partant du ventre (et non des poumons). Faites partir la voix en regardant au-delà de la personne la plus éloignée ; cela vous donnera le bon volume sonore. Si vous parlez en regardant la personne du premier rang, il y a peu de chance que votre voix aille jusqu aux personnes les plus éloignées. C est de la technique pour le chant. Voyez ce que donne la voix d un chanteur d opéra sans micro vous pouvez faire presque pareil! Placer sa voix, c est contrôler son débit. Cela aide à mieux gérer le stress et à être plus posé. N hésitez pas à vous arrêter si vous sentez que vous vous emballez. Respirez un bon coup et repartez. Au fur et à mesure de votre prise de parole, veillez à : - Moduler votre voix : un ton monocorde, une voix trop forte ou trop faible risque de faire décrocher le public ou de le fatiguer. En revanche, utilisez votre voix pour soutenir et accompagner vos messages : appuyez sur un mot, faites un peu de théâtre! - Le débit : modérez la vitesse et respirez! - Les pauses : après un message, une pause ; cela permet au public de comprendre que c était important et de pouvoir «digérer» l info. 2. Et maintenant, je dis quoi? Vous êtes debout, les bras prêts à agir et vous prenez votre respiration : et maintenant? Alors là, il y a deux cas de figure : - Vous savez ce que vous allez dire - Vous ne savez pas ce que vous allez dire. Commençons par le 2 nd cas. 2
a. L improvisation Personne ne vous avait prévenu, mais apparemment tout le monde attend que vous disiez quelque chose. Première chose : ne paniquez pas, vous avez le temps. Peut-être pas tout le temps que vous voudriez, mais suffisamment pour vous organiser un minimum. La preuve : - 5-10 secondes entre le moment où vous apprenez que vous aller parler et le moment où c est à vous (quelques secondes supplémentaires si vous devez traverser une salle de 30 m de long) - 2-3 secondes pour prendre la parole En bonus : - 10 secondes si vous vous présentez - 10 secondes si vous sortez une blague - 10 secondes si vous remercier les personnes devant vous. Bref, un score honorable allant de 17 à 43 secondes pour écrire mentalement ce que vous allez dire! Deuxième étape : vous avez du temps, utilisez-le Inutile de gaspiller toutes ces secondes à vous répéter «Qu est-ce que je vais bien pouvoir dire?» ; posez-vous trois questions : - A qui dois-je m adresser? - Qu attend-t-on de moi? - Combien de temps dois-je parler? Mine de rien, avec les réponses à ces questions, vous pouvez démarrer un discours. Un truc en plus? : pour structurer ce que vous allez dire, jouez au jeu des questions-réponses à voix haute en faisant un dialogue avec vous-même. b. La préparation En fait, cette partie est un peu trop grande pour un modeste petit «b». Je vais donc ouvrir un nouveau chapitre. 3. La préparation a. Avant de préparer quoi que ce soit Vous avez un peu plus de temps, alors posez-vous la question suivante : pourquoi un discours ou une présentation plutôt qu un dossier papier? Proposition de réponse : - Interaction - Réflexion/Réactivité - Conviction - Présence 3
Interaction : si le lecteur pose une question au dossier, peu de chance que celui-ci lui réponde. Cela ne saurait tarder, mais en attendant, c est vrai! C est également valable dans l autre sens : vous pouvez adapter ce que vous dites en fonction de votre public, de ses questions, ses réactions. Réflexion/Réactivité : vous allez pouvoir extraire de ce que vous présentez un message et vous allez pouvoir l amener. Vous allez pouvoir le présenter de façon intelligente et réagir par rapport au public. Conviction : on ne parle pas politique au Rotaract, mais bon, je me lance quand même. Si les programmes politiques suffisaient à convaincre, on ne gérerait pas le temps de parole des candidats à la télévision. Présence : vous êtes là, on doit vous écouter. On ne peut pas vous refermer : les personnes sont quasiment obligées de rester jusqu au bout. Un dossier peut facilement être remisé sur la pile des «à lire un jour». Maintenant, faites-en sorte d utiliser ces quatre éléments lors de votre préparation. Cela donnera une raison à votre intervention. b. Le message Deuxième question à vous poser : que voulez-vous que le public retienne de votre prise de parole? Savoir quel est le message ou les messages que vous voulez faire passer est primordial. Cela constitue en quelque sorte la colonne vertébrale de votre intervention. Trouver l expression qui résume le mieux le but de votre intervention : «participez à notre action», «investissez dans ma société», «connaissez le Rotaract» Après, c est presque simple puisque vous avez «juste» à construire autour de cette expression, conserver l essentiel et ce qu il faut de non-essentiel pour rendre votre prise de parole vivante. Comment construire? : toujours en se posant des questions, en imaginant celles qu on pourrait vous poser : «pourquoi est-ce moi qui parle?», «combien de temps j ai?», «à qui je m adresse», «comment j arrive à ma conclusion?» Tâchez de rester concentré sur votre objectif. Par exemple, pour cette formation à la prise de parole, je pourrai développer beaucoup plus la partie sur les supports visuels, sur la gestuelle, mais ce sont des accessoires dans cette formation, pas le message. Ma question est «comment donner les clés pour parler en public» et je me recentre à chaque possibilité de diversion. J essaye ainsi d éviter de vous perdre en chemin ou de vous assommer de trop d informations. Où j en étais? Ah oui, ne pas s éloigner. A la fin, n oubliez pas la conclusion et proposez dans la mesure du possible un questions-réponses. Finissez en remerciant le public ou commencez comme cela si c est pour la remise des Oscar. 4
c. Jetez tout L exercice oral est beaucoup plus que la simple lecture d un texte avec moultes circonvolutions, tournures rocambolesques et phrases de 3 pages de long que vous aurez préparés longuement. Vous aurez beau faire, lire 20 pages de texte sans être sur la scène d un théâtre ne vous permettra jamais de garder toute l attention de votre public (sauf si c est un volume inédit d Harry Potter, mais là, c est de la triche). Avoir un texte sous les yeux permet de ne rien omettre (un remerciement, un chiffre) et d avoir quelque chose de très bien construit. Idéal pour les assemblées d actionnaires, les congrès politiques et les départs en retraite. Dans tous les autres cas, lâcher son papier peut vous sembler périlleux : vous oublierez de citer quelqu un, une phrase sortira différemment Est-ce grave? Non, car vous connaissez l essentiel : le message. En prime : vous avez vos yeux et vos mains de libre pour capter l attention et la garder. Vous serez en interaction avec le public ; vous pourrez l amener avec vous et le convaincre. Vous gardez le contact. Un autre écueil de la lecture d un texte ou d un slide, c est de ne pas pouvoir s adapter. Cas classique : on vous pose une question, vous y répondez. Plus loin dans votre présentation, la réponse que vous avez déjà apportée est abordée de nouveau. Vous risquez d être incapable de sauter le passage pour éviter la répétition. 4. A vous la parole Maintenant, préparé ou pas préparé, vous parlez. a. Se mettre en route Assurez-vous que tout le monde sait qui vous êtes et de quoi vous allez parler. Une entrée en matière devrait être percutante : une question dont tout le monde dans l assemblée veut la réponse, une blague, une présentation originale De cette manière, vous captez l attention de manière beaucoup plus forte que juste parler dans le silence : vous allez susciter de l intérêt. b. Garder l attention Vous avez bien commencé, mais sans vouloir vous mettre la pression, d ici quelques minutes, vous allez devoir refaire un effort pour être sûr d avoir toujours l attention du public. En fait, vous allez devoir faire cela à intervalle régulier. Ponctuez votre prise de parole de questions, d exemples, de mises en situation, de blagues (encore!) enfin, de tous ces ressorts qui vont trancher avec la monotonie de votre discours. Imaginez celui-ci comme un enchaînement de vagues : l attention redescend progressivement jusqu à votre nouvelle intervention. Un autre élément important, c est de garder le contact visuel. Ne fixez pas les chaussettes d une personne devant vous, pas plus que votre projection (vous seriez dos au public), pas plus que la même personne pendant trente minutes (super stressant pour cette personne!). 5
Imaginez que vous faites des W avec les yeux de manière régulière. De cette façon, vous avez un regard mobile et toutes les personnes en face de vous ont l impression que vous vous adressez à elle de manière particulière sans être oppressant pour autant. Evitez tout de même de la faire comme Jack Nicholson dans Shining : là cela devient flippant. Des fois, vous perdez carrément l attention. Plus personne ne vous écoute, vous entendez des bruissements de papier, des chuchotements pas de panique. Ne continuez pas en faisant l autruche. Plusieurs parades : - Maître d école : type «ça ne vous intéresse pas ce que je dis?» mais en plus sympathique, comme «vous avez une question?». - Roi du silence : ne parlez plus et attendez que tout le monde lève les yeux d un air interrogateur et reprenez. - L entracte : constatez la situation et proposez une anecdote... ou autre. L idée étant de sortir du cadre du discours, de partir sur quelque chose de nouveau et de recapter l attention en réveillant tout le monde - En cas plus extrême : sortez une énormité qui va interloquer tout le monde. - Dans tous les cas, agissez et réagissez en fonction de l auditoire. c. le contenu Les mots choisis et les tournures ont leur importance! Evitez les formes négatives et inversement privilégiez les tournures proactives et positives. Par exemple, changez «mais» par «néanmoins», «à cause de» par «grâce à». Adoptez un discours «parlé», non «lu» ; utilisez des mots simples dans lesquels vous ne risquez pas de vous empêtrer. Un contenu clair vous permettra de capter l attention. d. L attitude Nous avons abordé un peu plus haut la gestuelle. Il est important dans tous les cas (assis, debout ) de garder une attitude ouverte. En effet, ce que vous dites peut être contredit par votre attitude. Par exemple, dire «je vous écoute» en croisant les bras. Même si les personnes en face de vous ne pensent pas «il a les bras croisés donc il est fermé», l association va se faire de façon inconsciente et vous risquez alors de ne pas réussir à les faire adhérer. Quelques exemples d attitude généralement considérées comme négatives (après, cela peut-être un choix de les utiliser!) : - Poings fermés : attitude d agressive - Etre de côté, bras croisés : rupture - Menton en avant, main sur les hanches : domination - Menton rentré : soumission 6
Une attitude ouverte s exprime plutôt par : - épaules et buste avancés - visage ouvert D autres messages : - serrer ses deux mains : pressé d en finir (arrive généralement en phase Question) - ramener ses mains vers soi : je me protège et je contrôle mes émotions - droit, statique : je ne suis plus vraiment présent Après, d autres détails peuvent vous donner beaucoup d indications. Autant que possible, éloignez les mains du visage Vous pouvez approfondir vos connaissances sur l attitude physique et sur la gestuelle. Cela peut vous donner des indications très utiles surtout dans un face à face (entretien, négociation ). Il s agit pour autant de beaucoup de bon sens et d observation. Prendre le temps de se poser la question de savoir pourquoi votre interlocuteur pose un doigt sur la bouche vous aidera à vous rendre compte qu il y a quelque chose qu il se retient de dire (logique, non?). En bref, sachant que votre gestuelle peut dire le contraire de votre discours, portez-y une grande attention! 5. Vous avez un support visuel Rappelez-vous d une chose, c est un «support». Cela supporte votre présentation, ne la fait pas. Cette formation ne vous apprend pas à faire des slides, en revanche gardez à l esprit de faire quelque chose de light qui accompagnera ce que vous dites, guidera vos propos ou les illustrera. De cette manière, vous éviterez de lire votre support visuel, de tourner le dos ou de distraire le public de vos propos. Ce support visuel peut aussi être utilisé à bon escient pour faire une pause dans votre allocution : un slide «repos» avec une photo ou un graphe à expliquer 6. Vous avez un support papier Si c est votre discours, référez-vous à ce qui est écrit plus tôt. Si c est un support que vous distribuez, donnez-le à la fin. En effet, en le distribuant au début, les personnes vont le lire, le feuilleter, regarder la fin directement et ne sentiront peut-être plus le besoin de vous écouter. 7. Les tics, les erreurs les bêtes noires, quoi a. Les tics On en a presque tous un et ce n est pas grave! Le tout est de le connaître et de le repérer. 7
Cela peut être un tic oral ( en bref, voilà ) ou physique (main dans les cheveux, devant la bouche ). Le mien, c est les «euh». Une vraie calamité. Comment je m en suis rendue compte? Parce qu on me l a dit. En effet, rien de tel qu un regard extérieur pour vous dire ce que vous pourriez mieux faire. Le risque c est de mal le prendre (je l ai mal pris). L autre risque c est de ne penser qu à ça quand vous parlez (pareil). Et la bonne nouvelle, c est qu au bout d un moment, cela devient quelque chose que vous savez et que vous contrôler plus ou moins. L idéal est de demander à une personne de vous écouter et de vous regarder de manière critique pendant un discours et de vous faire un retour. Ce qui est encore mieux, c est qu elle puisse être présente au prochain pour vous dire s il y a du progrès. b. Les erreurs Elles sont assez variées, mais relèvent souvent d un manque d attention - Ne pas suivre les réactions du public : si vous ne voyez pas les gens qui baillent au fond c est mauvais signe. - Ton monotone : faites vivre ce que vous dites. Les modulations de la voix sont très importantes. - La blague qui fait plouf (j en compte un nombre certain à mon actif) : ne vous enfoncez pas, malheureux! Reconnaissez vos torts et passez à autre chose. Observer les personnes quand elles parlent avec un esprit critique vous permettra de mieux percevoir les écueils et ce qui est positif. c. Le stress Pas le trac, le stress. Les mains moites, le cœur qui bat la chamade Plutôt négatif dans ce cas-là. Rappelez-vous que ce n est que de la peur (c est d ailleurs la première des Français!). Que faire? - Inspirez profondément - Expirez lentement - Prenez votre temps Vous pouvez limiter le stress avec une bonne répétition, en imaginant les questions qu on pourrait vous poser. d. Le trou Vous étiez bien lancé et soudain, vous êtes perdu et ne savez plus quoi dire. Aïe! Rien de grave, reprenez le fil en vous accordant suivant les manières suivantes : - Vous pouvez feindre : demandez si tout le monde suit - Vous pouvez être honnête : «alors, j en suis où là, je parlais de ça, ah oui, alors.» - Proposez une pause (en cas de longue prise de parole et pas 5 minutes après le début) - Résumez : reprenez les dernières choses que vous avez dites et dont vous vous souvenez et repartez 8
8. Pour conclure J ai dit qu il fallait une conclusion, alors je n ai plus trop le choix maintenant! En conclusion, plus vous prendrez la parole en public et logiquement, meilleur vous serez. L entraînement joue beaucoup. On peut avoir de bonnes qualités de communiquant à la base ; avec ou sans, on peut progresser. En étant aguerri, vous ne craindrez pas l improvisation, serez à l aise dans de nombreuses situations et saurez garder l attention. Cette formation a été créée par rapport à ce que j ai pu observer et apprendre depuis quelques années. Voyez-la comme une question ouverte : ajoutez-y vos impressions, vos expériences et vous deviendrez un as de l exercice! 9