LE QUESNOY Et les néo-zélandais : une amitié historique
La Nouvelle-Zélande : à l autre bout du monde
SOMMAIRE I > A l autre bout du monde: amitié entre Le Quesnoy et la Nouvelle-Zélande II > La bataille du Quesnoy A/ Les préparatifs B/ La montée historique de l échelle III > Les empreintes des néo-zélandais sur le quercitain A/ Les cimetières B/ Les mémoriaux IV > Le devoir de mémoire
La rifle Brigade en direction de la ville fortifiée du Quesnoy
I > A L AUTRE BOUT DU MONDE Amitié entre Le Quesnoy et la Nouvelle-Zélande Depuis la fin de la 1ère guerre mondiale, la France et la Nouvelle-Zélande entretiennent des relations privilégiées. Pourquoi? Lorsqu en août 2014 éclate la Grande Guerre en Europe, qui oppose les Alliés (Triple Entente) aux Etats Centraux (Triple Alliance), la Nouvelle-Zélande répond présente en tant que membre du Commonwealth, malgré le fait qu elle en possède pas d armées de professionnels. Les volontaires impressionnent les britanniques par leur courage et leur résistance aux conditions les plus difficiles. La Nouvelle-Zélande entre en guerre en Europe avec la bataille et le débarquement à Gallipoli (détroit des Dardanelles, en Turquie) le 25 avril 1915. Ils se battent ensuite à Samoa (île du Pacifique), en Egypte, en France et en Belgique. C est sur ce front Ouest qui s étend de la Somme à la frontière belge que les néo-zélandais vont connaitre les combats les plus meurtriers de leur histoire.
Lettre d un soldat néo-zélandais qui a acheté ce papier à «Les Quesnoy, une petite ville entourée de hauts murs»
A L AUTRE BOUT DU MONDE Amitié entre Le Quesnoy et la Nouvelle-Zélande En effet, la Nouvelle-Zélande a payé le plus lourd tribut en vies humaines parmi les membres du Commonwealth. Elle détient le triste record du plus grand nombre de disparus : sur le front Ouest sur 70 000 soldats, il y a eu 12 500 morts (moyenne d âge 20 ans) et 49 000 blessés, en population totale du pays (1 000 000 habitants environ). La bataille du Quesnoy le 4 novembre 1918 est la victoire la plus importante des néo-zélandais, mais aussi la dernière puisque quelques jours plus tard était signé l armistice à Compiègne. Cette libération est toujours ancrée dans la mémoire des néo-zélandais et des quercitains.
II > LA BATAILLE DU QUESNOY A/ Les préparatifs La division néo-zélandaise arrive sur le front Ouest en mai 1916 à Armentières. Le secteur britannique s étend sur 135 km d Ypres en Belgique jusqu à la rivière Somme. Depuis 15 mois, les combats entre alliés et les allemands ont abouti à une impasse. Les noms de Flers et Longueval (mémorial de tous les soldats néo-zélandais tombés pendant la «Grande Guerre») sont tristement connus. En février 1917, la division se déplace dans le secteur de Messines et d Ypres. Après Bapaume en août 1918, les anglais décident une offensive contre le front d Hindenburg. Le 27 septembre 1918, Le Cateau et Cambrai sont dans les mains des anglais. Les troupes arrivent sur Le Quesnoy, en passant par Caudry, Solesmes, Romeries et Beaudignies. Depuis le 28 octobre 1918, la New-Zealand Division a encerclé la ville, mais elle ne pouvait bombarder Le Quesnoy à cause des civils. Le Second Lieutenant Blyth conduit la Rifle Brigade le long de la ligne de chemin de fer et permet au 4ème Bataillon d approcher les remparts du Quesnoy.
Détail du mémorial des néo-zélandais situé dans le rempart et inauguré en juillet 1923
II > LA BATAILLE DU QUESNOY B/ La montée historique de l échelle Une attaque surprise est lancée le 4 novembre 1918 à 5h30. Les néo-zélandais utilisent un bombardement à l huile brûlante qui enveloppe la ville et ses environs dans un dense brouillard. Ainsi, les soldats peuvent s approcher des remparts sans être vus. Le commandant tient à ce que les remparts soient explorés. Le Second Lieutenant Averill est désigné pour mener l opération. Ses hommes parviennent jusqu au pied de la muraille à proximité du bastion du Gard. Une échelle de 8 mètres, fournie par le Génie, s est avérée trop courte. «C était seulement sur ce mur étroit au-dessus de la vanne que l échelle pouvait parvenir jusqu en haut» relate Averill. Un groupe a fait une première tentative où deux soldats ont perdu la vie en voulant mettre l échelle.
Portrait Colonel Blyth : dernier survivant disparu à 105 ans en 2001. Il est à l origine du lien d amitiés entre la NZ et Le Quesnoy Docteur Averill : le jour de l inauguration de l école primaire qui porte son nom.
A 16 heures, le Second Lieutenant Averill est le premier homme à arriver au sommet de la muraille. Après une forte résistance, la garnison allemande accepte de se rendre. Le Docteur Averill évoque ce moment dans ses mémoires : «Après avoir été sous le joug des boches pendant 4 ans, la joie des habitants du Quesnoy d être à nouveau libre ne connaissait pas de limite. Que leurs libérateurs soient venus de l autre bout du monde pour les aider à un moment difficile leur fit grande impression La population civile était ravie et soulagée d être à nouveau des citoyens libres. De nombreux habitants avaient plutôt été malmenés par les Allemands pendant leur longue occupation et tenaient beaucoup à ce que nos soldats infligent de semblables affronts à l ennemi maintenant vaincus. Nos hommes bien sûr, n acceptèrent pas cette idée que nos adversaires étaient des prisonniers de guerre». Ce 4 novembre 1918, sur les 18 000 hommes de la division néo-zélandaise, 464 ont été blessés, 114 décédés et 5 civils ont perdu leur vie aussi au cours de la bataille. Le 10 novembre 1918, le Président de la République, Monsieur Poincarré, fait une visite officielle dans la cité libérée. Le 11 novembre, l Armistice est signée et la guerre terminée. En Nouvelle-Zélande, les kiwis connaissent Paris et Le Quesnoy! La bataille du Quesnoy est la seule et dernière victoire de la Rifle Brigade remportée à l aide d une «simple» échelle!
Jackson Blyth, fils du colonel Blyth au cimetière du Commonwealth, Le Quesnoy
III > LES EMPREINTES DES NEO-ZELANDAIS SUR LE QUERCITAIN A / Les cimetières A la fin de la guerre, les soldats morts de l Empire Britannique n ont pas été rapatriés chez eux. Devant le nombre de soldats disparus, l Empire Britannique crée en mai 1917, la «War Graves Commission». Toutes les colonies participent à cette commission financière proportionnellement aux soldats décédés. Quatre principes furent établis : - Que chaque soldat soit reconnu par son nom sur une tombe ou un mémorial - Que les tombes soient uniformes et identiques - Que les tombes et mémoriaux soient permanents - Qu aucune distinction ne soit faite selon le grade, la race et la religion Autour du Quesnoy, les soldats sont enterrés dans les cimetières du Commonwealth environnants du Quesnoy, Beaudignies, Ruesnes, Fontaine au Bois, Romeries
Mémorial inauguré le 15 juillet 1923 par le Maire Daniel Vincent, le Maréchal Joffre et Lord Milner (un des signataires anglais du Traité de Versailles)
B / Les mémoriaux Une autre façon de rendre hommage aux soldats néo-zélandais a été la construction de mémoriaux en Nouvelle-Zélande et en France. Plus de 500 monuments furent installés après l Armistice en Nouvelle-Zélande : sans compter les nombreux vitraux des églises et plaques dans les écoles à travers le pays. Exemple du Quesnoy : ce bas-relief est une œuvre du sculpteur Félix Desruelle de Valenciennes, prix de Rome. On peut y voir les soldats franchissant la muraille sur l échelle et une femme ailée, symbole de la liberté et qui tend dans leur direction la palme de la victoire. Sont gravés dans la pierre, ces quelques mots «They came from the uttermost ends of the earth», «Ils sont venus du bout du monde». Depuis la victoire du 4 novembre 1918, le passage des néo-zélandais au Quesnoy est marqué par de nombreux éléments qui font référence à ses libérateurs : le Mémorial, la Porte d Honneur des Néo-Zélandais, la rue de la Nouvelle-Zélande, le square «Chêne et Fougères», le Jardin du Souvenir, l Avenue des néo-zélandais et l école maternelle du Docteur Averill. Les cimetières et les mémoriaux matérialisent ce souvenir. Ainsi, depuis 1918, ce «devoir de mémoire» ne s est pas interrompu.
Noms des rues Un kiosque avec chênes, fougères et kiwis En direction du mémorial Le Quesnoy est la seule ville française a être jumelée avec une ville néo-zélandaise
IV > LE DEVOIR DE MEMOIRE Le Quesnoy se souvient tous les ans avec les commémorations de l ANZAC DAY (Australian New-Zealand Army Corps) qui célèbre la mémoire des combattants (fin Avril), celles du 4 et 11 novembre et les anniversaires de la libération. Depuis des années et malgré les nombreux kilomètres qui séparent la France et la Nouvelle-Zélande, un lien unique relie nos deux pays. Des personnalités viennent au Quesnoy : les familles Averill et Blyth, le 1er Ministre, le Président du Parlement, l Ambassadeur de Nouvelle-Zélande à Paris, les All-Blacks Depuis l an 2000, Le Quesnoy et Cambridge sont jumelées. Cambridge se situe dans la région du Waikato (île du Nord), à environ 150 km au sud d Auckland. Pourquoi cette ville? Choix purement symbolique : de nombreux morts de la bataille du Quesnoy venaient de Cambridge, mais surtout dans l église de Saint Andrews, il existe un vitrail exécuté dans les années 1920 qui relate l exploit de la Rifle Brigade. L association «Le Quesnoy Nouvelle-Zélande», créée en 2000, s est donnée comme mission d accueillir les néo-zélandais de façon privilégiée, de développer et d entretenir les liens entre nos deux pays et de favoriser les échanges culturels. Au-delà du fait historique, nous partageons une véritable amitié : un voyage en Nouvelle-Zélande est organisé tous les 2-3 ans. Les quercitains bénéficient toujours d un accueil extraordinaire de la part des kiwis. Comme beaucoup de villages du Nord-Pas de Calais, Le Quesnoy possède un «géant qui accompagne chaque fête populaire. A l occasion de son centenaire et de l année 2004. «Chêne et fougère», le géant Bimberlot a reçu son cousin, le géant Maori, seul géant de couleur et torse nu de la région, qui avait souvent entendu parler du Quesnoy à l autre bout du monde.
CONTACT: Office de Tourisme Le Quesnoy Hélène CARPENTIER au 03 27 20 54 70 otsi.le.quesnoy@wanadoo.fr Mise en page et rédaction: Office de Tourisme Hélène CARPENTIER Crédit photos: Mairie Le Quesnoy/ EC, Hélène Carpentier, Philipp Bernard, National Library of New-Zealand