Émule du peintre Nicolae Grigorescu ( ), Stoica dumitrescu prend part

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1 Peindre la Roumanie dans la Grande Guerre : Ion Stoica Dumitrescu ( ), artiste-combattant sur le front de la diplomatie culturelle SYLVIE LE RAY-BURIMI Émule du peintre Nicolae Grigorescu ( ), Stoica dumitrescu prend part à la deuxième Guerre des Balkans avant de partir se former à munich. mobilisé en 1916 et blessé à plusieurs reprises, Stoica est envoyé en mission en 1917 par le Grand Quartier général de l armée roumaine afin de documenter le conflit en images et préfigurer les salles d un futur musée national militaire roumain. Au lendemain de la guerre, une partie de son œuvre est offerte par le gouvernement roumain au musée de l Armée à Paris. Sa conception héroïque et dynamique de la représentation des combats domine l ensemble de sa production, y compris les œuvres commandées après-guerre par le gouvernement roumain et destinées aux collections françaises, mais elle n exclue pas une certaine empathie dans la représentation des conséquences de la guerre sur les populations civiles forcées à l exode, en écho aux photographies réalisées par la Section photographique de l armée roumaine qui font elles-mêmes l objet de dons à des gouvernements étrangers notamment britannique et français. Sa production s inscrit dans le cadre des missions officielles d artistes sur le front, lesquelles se développent durant le premier conflit mondial au sein des armées belligérantes et contribuent par la circulation et la duplication des œuvres à alimenter une véritable diplomatie culturelle de guerre dotée d organes spécifiques 1. elle renvoie également à l iconographie des guerres d unification européennes qui trouve son apogée, en europe orientale, aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Stoica Dumitrescu, un artiste engagé dans les guerres d unification roumaines StoicA dumitrescu est né à Zãnoaga, dans le comté de dolj, en olténie. Après des études secondaires au lycée de craiova, il intègre en 1900, à l École des beauxarts de Bucarest, l atelier de George demetrescu mirea ( ) peintre de chevalet et muraliste roumain. mirea avait pris part en tant qu artiste-reporter rattaché au Grand Quartier Général roumain à la guerre d indépendance roumaine de aux côtés de Nicolae Grigorescu, du peintre-photographe transylvain carol Popp de

2 178 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) Szathmary ainsi que du peintre de guerre Sava Henþia. le prestige entourant mirea incite Stoica à puiser à son tour ses motifs dans l histoire du peuple roumain et à s approcher au plus près des évènements constitutifs de la Nation. À partir de 1906, Stoica, qui commence à signer Stoica d., collabore avec l historien et homme politique Nicolae iorga ( ), chantre de la culture nationale, de l agrarisme, et de la défense des minorités roumaines de l étranger dont l influence marque son œuvre. iorga édite la revue Neamul Românesc [le peuple roumain], dont Stoica illustre les pages de titre 2 mettant en image l archétype du paysan roumain fièrement campé sur sa bêche, synthétisant l âme du peuple. il illustre également d autres publications de son mentor telles que Prin Bulgaria la Constantinopol 3. dans la maison de iorga, à Vãlenii de munte, le peintre est considéré comme un membre de la famille. il illustre également la revue Sãmãnãtorul dirigée par George coºbuc et Alexandru Vlahuþã ( ), auteur de romans historiques 4, ainsi que Floarea darurilor. iorga demande à Stoica de l accompagner à Bucarest où il l introduisit auprès d écrivains et de professeurs de l université dont il devient le portraitiste privilégié. il expose au salon de la Tinerimea Artisticã [la Jeunesse artistique], qui défend de nouvelles esthétiques depuis sa fondation en , comme au salon officiel de Bucarest. Vers 1905, ses peintures historicistes sont remarquées par le critique d art léo Bachelin ( ), critique d art d origine suisse et bibliothécaire de la famille royale roumaine. en , Stoica fait son service militaire auprès du 21 ème régiment d infanterie dont le commandant, auquel il avait été présenté par iorga, encourage ses travaux de peintre. en 1908, il obtient du ministère de l instruction publique une bourse de voyage, fondée par Nicolae Grigorescu et dont il devient le premier bénéficiaire. Stoica en profite pour compléter durant cinq ans sa formation à l Académie des beaux-arts de münich sous la direction d Angelo Jank ( ), représentant de la Sécession, peintre animalier et de scènes historiques, collaborateur régulier des revues Jugend et Simplicissimus. mobilisé lors de la deuxième guerre des Balkans en 1913, Stoica fait campagne aux côté du professeur iorga. À l issue de la guerre, Stoica produit ses premières peintures d histoire inspirées des épisodes roumains de la guerre turco-russe de : L Attaque de Smârdan 6 (11-24 janvier 1878), peint par Nicolae Grigorescu en 1885, inspire à Stoica un tableau éponyme. mais il se nourrit aussi des récits épiques des combats menés contre l empire ottoman et les tatares par des grands chefs de guerre tels que le Valaque Vlad Basarad ( ) - surnommé Vlad Þepeº [Vlad iii l empaleur], mihai i er ( ), surnommé mihai Viteazul [michel le Brave] ou encore le moldave ªtefan cel mare ( ) [Étienne iii de moldavie]. ces figures tutélaires sont revi sitées par l artiste à travers les travaux des historiens, notamment ceux de iorga 7. il obtient le 2 ème prix au Salon pour sa composition, peinte entre 1906 et 1913, Intrarea triumfalã a lui Mihai Viteazul în Alba Iulia în 1 noiembrie [Entrée triomphale de Michel le Brave dans Alba Julia le 1 er novembre 1599], huile sur toile dont le motif est repris en 1927 pour une grande composition de cinq mètres par trois mètres dans le contexte de la «Grande roumanie». À la déclaration de guerre en 1914, il quitte munich - où il séjourne depuis 1909 afin de compléter sa formation - pour Bucarest où sa première exposition personnelle a lieu dans la salle Minerva en Son ancien maître Angelo Jank ( ) produit des œuvres

3 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 179 à caractère patriotique 9 représentant des dragons autrichiens encadrant des prisonniers russes. Stoica collabore à la revue Flacãra [la Flamme] qui milite pour l entrée en guerre de la roumanie aux côtés de l entente, position également défendue par iorga. À nouveau mobilisé en 1916, Stoica est contraint de prendre ses distances avec ses anciens condisciples et professeurs allemands. il est envoyé sur le front de dobrogea. lors de la bataille de turtucaia, il est blessé à trois reprises. il est soigné à Bucarest dans l hôpital du docteur dimitrie Gerota, jadis son professeur d anatomie artistique. il est à peine remis lorsqu arrive l ordre de battre en retraite en moldavie face à l avance de l armée allemande. côtoyant les convois de réfugiés, le sous-lieutenant Stoica observe et retranscrit sur le papier le drame qui jette sur les routes des milliers de civils et dont il tire par la suite des compositions peintes. il retourne en première ligne à l été 1917 en moldavie. dans les moments de répit, il dessine des scènes du front pour le journal România. Stoica est cité 10 par Victor damboviþa parmi les peintres prometteurs dans le numéro spécial que la revue L Art et les artistes consacre à la roumanie en Les missions d artistes roumains sur le front Premier organe de propagande unifiée française, la maison de la Presse est créé en 1915 à l initiative de Philippe Berthelot 11 ( ), directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères Aristide Briand, afin de mener des actions de propagande dans les pays neutres et alliés en relation avec l administration de la Guerre et celle des Beaux-arts. en mars 1916, cet organe se préoccupe d accroître l influence française en roumanie afin de contrecarrer l influence allemande et de favoriser l entrée en guerre de la roumanie au côté de l entente par une action en profondeur sur l opinion publique. les axes et vecteurs de la communication française en roumanie font l objet de propositions parmi lesquelles reviennent régulièrement la propagande par l image : photographies et films, mais aussi dessins et peintures des «meilleurs artistes français ou neutres amis de la France» mis à disposition des journaux illustrés «francophiles ou neutres» 12 pour être reproduits ou présentés dans le cadre d expositions artistiques. en France, des missions d artistes sur le front sont organisées dès décembre 1914 à l initiative du musée de l Armée sous l égide du ministère de la Guerre, dispositif relayé à partir de 1917 par le ministère de l instruction publique et des Beaux-arts. le peintre roumain Nicolae orval Gropeanu dit Nicolas Gropeano ( ) est alors envoyé sur le front français et une exposition de ses œuvres organisée à Bucarest, peu avant l entrée en guerre d août 1916, à l instigation du ministère des Affaires étrangères : «Plusieurs mois avant l intervention de la roumanie, le peintre roumain Gropeano avait obtenu l autorisation de travailler dans la zone des armées. il avait fait une série de dessins pastellisés (sic) représentant surtout des villages en ruines, puis avec l appui des Affaires étrangères, il était parti par la russie avec ses œuvres et avait fait à Bucarest une exposition qui fut pour nous une excellente propagande» 13. Élève de theodor Aman ( ), Gropeanu fait des débuts remarqués à Paris en tant que peintre orienta - liste. en 1906, il est appelé en roumanie pour faire le portrait de S.m. Élisabeth de

4 180 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) roumanie. il fournit des illustrations au Figaro Illustré ainsi que pour des ouvrages d exilés roumains tels qu elena Vãcãrescu. tout en résidant en France, il participe à de nombreuses expositions en roumanie, notamment celle organisée par la Société Ileana, fondée par ªtefan luchian, et expose également à l Athénée roumain en 1909 et Pendant la guerre, il est infirmier volontaire à l Hôpital des Alliés et organise des expositions d art français après-guerre en roumanie. en 1928, il offre au musée de la guerre, le tableau des Ruines d Oulchy le château. en 1935, il reçoit la légion d honneur en 1935 pour avoir contribué à faire connaitre, selon les termes d Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères en 1917, «notre art national [français]» 14 sur le sol roumain. des dessins d Abel Faivre ( ) - célèbre pour ses affiches de propagande en faveur de l effort de guerre - sont envoyés, sous forme de gravures, aux libraires et éditeurs de presse roumains, mais leurs multiples occurrences ne tardent pas à lasser le public ainsi qu en témoigne un rapport 15 de l Ambassade de France à Bucarest daté d octobre le dessinateur et reporter de guerre George Scott ( ), actif durant la deuxième guerre des Balkans, et, en tant qu artiste de guerre missionné par le musée de l Armée à Paris, sur les fronts français et italiens durant la première guerre mondiale, produit également, vers , un dessin - décliné sous forme d estampes 16 et de plaques de bronze - célébrant la fraternité d arme franco-roumaine par la représentation édifiante de deux soldats, l un français, l autre roumain, se donnant l accolade sur fond d églises catholique et orthodoxe. le précédent français des missions d artistes aux armées a-t-il pu inciter les autorités militaires roumaines, dans le cadre de la mission du général Henri Berthelot ( ), chef de la mission militaire française en roumanie entre 1916 et 1919, à créer un dispositif similaire ou s agit-il d une initiative sui generis? la plupart des belligérants adaptent des services préexistants ou, lorsque ceux-ci font défaut, se dotent de dispositifs permettant l envoi d artistes sur le front à des fins documentaires, mémorielles ou propagandistes. c est le cas de l empire Austro-Hongrois 17, de l Allemagne 18 et de la France 19 dès , mais également de la Belgique 20, de la Grande-Bretagne 21 où la fonction d artiste de guerre officiel est créée dès 1916, ou encore du Portugal 22, puis, en 1917, de la roumanie laquelle devient l une des composantes du «cordon sanitaire» mis en place en europe de l est afin de contrer la révolution russe. Quoi qu il en soit, un groupe d artistes - peintres et sculpteurs débutants ou déjà reconnus est structuré au sein de la 3 e section du grand quartier général roumain afin de documenter la participation de la roumanie au conflit en cours. le décret-circulaire n 9400 datée du 23 juin , signée par le général de corps d armée constantin Prezan ( ), chef d État-major des armées roumaines, officialise l existence de ce groupe. Prezan confie à Stoica dumitrescu, promu lieutenant, la tâche de former et de préparer le programme de travail des peintres. leurs œuvres sont destinées à alimenter un futur musée national militaire qui est inauguré en 1923 sous le nom de Muzeul Militar Naþional Regele Ferdinand I à Bucarest et dont la création avait été proposée dès 1914 par le major - futur général - radu rosetti ( ). Non combattants, les artistes sont assimilés à des officiers et rémunérés au grade de lieutenant.

5 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 181 Première exposition des artistes du front à Iassy de Si en me bornant à l esquisser, j évoque le tableau des épreuves qui accablent la roumanie, ce serait plutôt, s il y avait un musée des beautés «L HiVer morales, pour y faire figurer, dans la salle des chefs-d œuvre, la roumanie, dont les vertus s élèvent à la hauteur de ces épreuves, et même au-dessus puisqu elles les surmontent.» 24 la métaphore du «musée des beautés morales» à laquelle recourt, le comte de Saint-Aulaire, ministre de la France en roumanie et témoin des épreuves traversées durant l année 1917, s avère chargée de sens. depuis la fin de l année 1916, les trois quarts du pays sont occupés par les puissances centrales contraignant la population à un exil intérieur. le gouvernement est replié à iassy. les pertes humaines sont très élevées. la révolution russe et l encerclement du pays entrainent la roumanie à conclure un armistice avec les Puissances centrales en décembre À l issue d une première exposition de peintures et sculptures, d accès réservé et organisée à l école des beaux-arts de iassy, la première exposition publique des peintres et sculpteurs mobilisés 25 est inaugurée à iassy le 24 janvier 1918, en présence de la famille royale et compte parmi les initiatives destinées à conjurer un effondrement moral total. cette manifestation constitue une riposte à l organisation d expositions d artistes roumains dans l Athénée roumain à Bucarest, dès septembre 1917 puis en janvier 1918, sous l égide d un comité germano-roumain composé de Heinz Braune ( ), directeur de la Neue Pinakothek de münich, ainsi que des peintres dzialis, G.d. mirea, Fr. Storck et J. Al. Steriadi 26. les artistes de iassy refusent l invitation d exposer à Bucarest dans le cadre du Salon officiel placé, de fait, sous obédience allemande. Proche des artistes de la Tinerimea Artisticã et jouant de leur affinité avec la scène artistique de münich, Heinz Braune, féru d art moderne, fait paraître en deux langues allemand et roumain aux éditions litho-typographiques carol Göbl, le catalogue de l exposition. en charge de l organisation de la Kunstschutz en roumanie, Braune publie le catalogue des peintures allemandes anciennes des collections de Bucarest et tente d établir des collaborations entre les autorités militaires allemandes d occupation et la commission roumaine des monuments historiques. Braune est également l auteur du rapport Denkmalschutz in Rumänien 27 qui met en exergue les mesures de sauvegarde et les recherches entreprises par les autorités austro-allemandes à propos des monuments roumains. lors de l exposition 28 des artistes mobilisés de iassy, en janvier 1918, Stoica présente trois tableaux : Capturarea unui convoi inamic, Lupta de la Mãrãºeºti et Din luptele de la Turtucaia, commentés par Nicolae iorga dans un article élogieux 29. officier, Stoica se distingue comme l une des figures en vue du groupe des artistes de la troisième section du Grand Quartier Général qui comprend trente-cinq artistes, dont vingt-six peintres et neuf sculpteurs et au sein de laquelle cohabitent des artistes aux orientations esthétiques très contrastées : lieutenant d. [dumitrescu] Stoica, lt. ion theodorescu-sion, lt. traian cornescu, lt. Alexandru creþoiu, Slt. emilian lãzãrescu, Slt. tache Brãescu, Slt. Alexandru Poitevin-Scheletti, Aurel Bãeºu, c. Petrescu-dragoe, remus troteanu, Aurel constantinescu, ªtefan dimitrescu, toma tomescu, Andrei Niculescu, Grigore Negoºanu, Nicolae mantu, camil ressu, Nicolae tonitza, Alexis macedonsky, Nicolae dãrãscu, Petre Bulgãraº, G. ionescu-doru, eftimie Hârlescu, ion mateescu, otto Briese,

6 182 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) constantin Bacalu et ignat Bednarik, oscar Han, dimitrie Paciurea d autres artistes, dont certains semblent, d après leur anthroponyme, issus des nations alliées, rejoignent le noyau initial : Horace Scorþescu, Paul dimitriu, emil damian, Anghel califonia, ion mateescu, Andrei carter et Jeff Buckley. Parmi les neuf sculpteurs figurent des artistes appelés après-guerre à construire les monuments de la Grande roumanie : i. iordãnescu, lt. ion Jalea, cornel medrea, oscar Han, dimitrie mãþãuanu, Alexandru cãlinescu, Alexandru talpoºin Severin, G. Stãnescu, A. chiciu et richard Hette. Après sa fermeture à iassy fin février, l exposition des artistes combattants est transférée à chiºinãu où elle ouvre le 25 mars, avant même l union de la Bessarabie avec la roumanie le 27 mars/9 avril 1918, et où l année suivante, une école des beaux-arts est fondée. Nicolae iorga, maître spirituel de Stoica et proche de la cour royale est également présent à iassy. il joue face aux représentations diplomatiques qui y sont également réfugiées un rôle d historiographe, ainsi que de promoteur inlassable de l alliance entre les deux nations latines, France et roumanie : «À votre majesté, Sire, qui, avec le concours de ses Alliés, marchez sur les traces de michel [ ] l ancien chevalier roumain a laissé une tradition politique [ ] la France prenant maintenant la place que, dans son orientation vers l occident, avait eue à l époque de michel, comme formation internationale de croisade, l empire [ ]. cette tradition [ ] contient trois éléments : la nécessité de l unité ethnique comme peuple moderne, les relations avec l occident de notre origine et de notre civilisation populaire, et la liberté chrétienne en orient». 30 Par ailleurs, des artistes transylvains d origine saxonne, tels que Hans eder ( ), combattent nolens volens dans l armée austro-hongroise. en parallèle, des expositions d artistes indépendants, tels que iosif iser ( ), non encadrés par le Grand Quartier Général roumain, ont également lieu. Ainsi celle qui se tient au siège du journal Omul Liber, de tendance socialiste-révolutionnaire, en mai 1918, partiellement reprise, en décembre 1918, dans l Athénée à Bucarest. max Hermann dit maxy ( ), participe aux expositions de guerre indépendantes dans une perspective qui tend vers le pacifisme, avant de se rapprocher des mouvements révolutionnaires tels que le Novembergruppe. La création d un musée national militaire roumain à Bucarest et d un «sanctuaire des gloires militaires de la Vaillante Nation roumaine» au Musée de l Armée à Paris EN 1919, Stoica est envoyé par le gouvernement roumain à milan pour y superviser l impression en exemplaires du diplôme 31 des héros morts durant la guerre dont il dessine l encadrement - alternance d armoiries et de noms des batailles - ainsi que les motifs. outre ce diplôme, la maison d édition milanaise Bestetti et tuminelli édite plusieurs lithographies de Stoica représentant des scènes de guerre 32. Stoica peint également la mort de héros et d héroïnes de la Grande Guerre, tels que ion Grãmadã ( ), journaliste et écrivain originaire de Bucovine, ou ecaterina teodoroiu ( ), volontaire féminine au sein d une unité combattante.

7 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 183 durant l année 1919, le musée militaire national est institué à Bucarest afin de présenter l histoire militaire du peuple roumain, mais ne dispose pas encore de salles. Stoica est alors employé comme collaborateur de la section militaire du musée des antiquités nationales, au côté du peintre Sârbu et du sculpteur cornel medrea ( ). leur mission est de créer des œuvres mettant en lumière les grands moments de l histoire nationale, de trajan à Ferdinand i er. Stoica travaille à partir de thèmes nationaux, mais semble également s inspirer de motifs et de styles empruntés à des artistes allemands, français ou italiens. dès 1919, en parallèle aux négociations de la conférence de la paix, le gouvernement roumain prend l initiative de donner au musée de l Armée, musée national militaire français situé dans l Hôtel national des invalides à Paris, un ensemble de peintures, dessins et estampes de Stoica dumitrescu. celles-ci sont immédiatement exposées dans les «galeries de la Grande Guerre», créées durant le conflit même par le général Gustave Niox ( ), alors directeur du musée, et développées par son successeur, le général Gabriel malleterre ( ), mutilé durant la guerre. Au sein de ces nouvelles salles, la galerie Foch qui réunit les souvenirs des armées alliées Angleterre, États-unis, italie, Japon, Pologne, Portugal, roumanie, Serbie prend une importante croissante grâce aux envois des anciens belligérants. la roumanie y est évoquée dans la troisième salle au côté des armées italienne, serbe et polonaise. Annoncé dès 1919 et effectué en , le don des œuvres de Stoica répond à la volonté du gouvernement roumain d être considéré et représenté, au cœur de la capitale et dans un haut-lieu militaire français, en tant qu allié et aux côtés des vainqueurs en dépit de la conclusion d une paix séparée avec les puissances centrales à partir de mars 1918, rompue in extremis par la roumanie, poussée par Franchet d esperey, le 10 novembre le 4 août 1919, le prince et de la princesse de roumanie, accompagnés par le colonel Henriss de l armée roumaine annoncent l envoi de souvenirs de l intervention roumaine à l occasion de leur visite aux invalides : «le prince et la princesse, reçus par un officier du musée vers 10 heures 30 ont visité les salles du musée, la chapelle, le tombeau. À la crypte, la vue du chapeau de l empereur, de l épée d Austerlitz et du collier de la légion d honneur les a profondément émus. les nouvelles salles de la guerre ont tout particulièrement attiré leur attention. À la travée front oriental, devant le manque de souvenir se rapportant à l intervention roumaine, le prince a fait connaitre que, dès sa rentrée en roumanie, il ferait le nécessaire pour nous adresser les objets uniformes, souvenirs divers pouvant rappeler l histoire de son pays.» 33 en janvier 1920, Alexandru Vaida-Voevod, Président du conseil roumain, se rend à Paris, estimant que sa présence y est nécessaire pendant la conférence de la Paix. Ancien membre protestataire transylvain du parlement de Budapest, il espère peser en faveur du règlement des questions qui intéressent la roumanie. le Président du conseil désire également sonder le terrain en vue d une alliance entre la France et la roumanie. Saint- Aulaire, dans un télégramme adressé à Stephen Pichon, ministre des Affaires étrangères, pour annoncer l arrivée prochaine de Vaida-Voevod, estime que «l opinion générale dans les milieux politiques roumains est que la roumanie ne peut garantir son avenir que par une alliance avec les Puissances occidentales, en premier lieu avec la France». 34

8 184 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) Au même moment, Stoica reçoit du gouvernement roumain la mission d illustrer par ses oeuvres la participation de la roumanie au premier conflit mondial. Ses œuvres s inscrivent dans un corpus de peintures consacré aux grandes heures de l histoire roumaine revisitée en tant que marche vers l indépendance et l unité. le 3 juillet 1920, une lettre du colonel ionesco munte, attaché militaire de l ambassade de roumanie, au général Gabriel malleterre, directeur du musée de l Armée, annonce le don de tableaux et d estampes de Stoica par le ministre de la guerre roumain. leur installation par l artiste précède de peu la visite, le 5 juillet 1920, la reine de roumanie au musée de l Armée : «Sa majesté, accompagnée de sa dame d honneur mme lahovary, du colonel radesco de l armée roumaine, et de son secrétaire particulier est reçue [ ] par le Gouverneur militaire de Paris, le Général malleterre, le colonel Payard, et les officiers de la direction du musée de l Armée. Salle turenne, sa majesté s intéresse particulièrement aux drapeaux, souvenirs de l empereur, la redingote grise retient longuement son attention.[ ] Salle Napoléon, les souvenirs personnels de l empereur provoquent son émotion. dans les allées de la Grande Guerre, les drapeaux pris à l ennemi, le pavillon et le livre des signatures du Haut Königsberg, la travée aviation, sont très remarqués. la salle des armures est très admirée. Visite de la chapelle, du tombeau. descente à la crypte. l invalide dumont présente à la reine la clef des portes de bronze que Sa majesté ouvre elle-même. Sa majesté est émue par la vision des souvenirs du plus grand homme de l histoire enfermé dans la cella. elle touche l épée d Austerlitz et le petit chapeau en exprimant son émotion. Visite à l institution nationale où le docteur Gerbault médecin-chef présente à la souveraine les grands blessés et hospitalisés. Sa majesté va au chevet de chaque invalide et donne un mot d encouragement à toutes ces victimes de la Guerre à qui elle serre la main.» 35. en l issue de cette visite royale, le général malleterre écrit à l attaché militaire roumain : «J ai l honneur d accuser réception des trois tableaux, œuvres de m. Stoïca que vous avez bien voulu destiner au musée de l Armée. [ ] ils seront placés dans la travée spécialement destinée à recevoir les souvenirs de l armée roumaine, où, avec les œuvres déjà exposées, ils constitueront le sanctuaire des gloires militaires de la Vaillante Nation roumaine» 36. l ouverture, dès 1920, au sein du musée de l Armée d une section roumaine - par la suite incluse au sein de la galerie des Alliés inaugurée 37 le 16 avril consacre des liens diplomatiques et culturels roumains de plus en plus étroits. Précédée, puis accompagnée des visites de délégations roumaines aux invalides, sa visite s inscrit dans les programmes protocolaires liés aux conférences de Versailles, Sèvres et trianon. le resserrement des relations franco-roumaines se manifeste par la création d une mission universitaire francoroumaine, des échanges commerciaux accrus, l élaboration d alliances de revers vis-à-vis de l Allemagne comme de la russie. les visites roumaines aux invalides sont particulièrement denses dans les années 1920 : visite impromptue du prince héritier futur carol ii ( ) le 5 août 1919 aux «souvenirs de l empire et de la Grande Guerre» ; visite programmée de la reine marie de roumanie le 5 juillet 1920 dans le musée et au tombeau

9 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 185 de l empereur Napoléon i er puis à l institution nationale des invalides, où la souveraine «serra la main des grands blessés» 38 ; nouvelle visite le 14 septembre 1920 du prince carol de roumanie et remise le 15 septembre du drapeau des volontaires roumains ; visite le 23 septembre 1920 de 150 étudiants, instituteurs et professeurs roumains de iassy venus «s abreuver à la source pure de la culture française» 39 ; suivie, le 8 septembre 1921, de celle de quarante professeurs de cluj et d officiers de transylvanie ; le 30 juin 1924 de S.A.r le prince héritier de roumanie [carol ii], la princesse sa femme [Hélène de Grèce] et la princesse Hélène de roumanie [ileana] reçus par le général Gouraud, gouverneur de Paris, le général mariaux directeur du musée de l Armée, le colonel Payard sousdirecteur ; visite du prince michel 40, fils du roi carol ii, le 20 septembre transposant en image les conceptions de iorga, les peintures de Stoica participent, par leur iconographie, de la construction d une histoire nationale unifiée mettant en scène l engagement dans le conflit de l ensemble des strates de la Nation roumaine. À ce titre, elles sont jugées propices à la représentation de la roumanie aux invalides, monument auréolé du souvenir de louis XiV, «roi de guerre» et fondateur d une des premières institutions destinées à soigner les soldats blessés, comme de Napoléon i er, qui y est inhumé. durant la Grande Guerre, la dimension symbolique et patriotique des invalides s est trouvée renforcée par l organisation de grandes célébrations manifestant l union entre l Armée et la Nation, entre l avant et l arrière : translation des cendres de rouget de l isle, funérailles du général Gallieni, remise d étendards de volontaires étrangers, expositions de trophées et de matériel de guerre, exposition des reliques de héros morts au combat tels que Guynemer, remise de décorations. la solidarité entre les alliés est y aussi mise en scène aux invalides qui accueillent de nombreuses délégations étrangères militaires et civiles : à titre d exemple, la bénédiction par un Pope des ambulances offertes par le comité franco-roumain, s y déroule le 15 septembre 1916, en présence du Président de la république française, sous l objectif des photographes de presse. ce noyau initial d œuvres est complété par un nouveau don du gouvernement roumain, en juin et août 1927, consistant en un buste du général eremia Grigorescu par Gheorghe leonida ( ), artiste combattant roumain durant la Grande Guerre et en une série de photographies réalisées par le service photographique de l armée roumaine ainsi que d armes, uniformes et équipements ; puis en 1932, durant le règne de carol de roumanie, de portraits photographiques du prince sur le front entre 1917 et Aux sources de l œuvre de Stoica LeS œuvres des peintres François Flameng et George Scott, missionnés sur le front durant la guerre par le musée de l Armée et largement diffusés dans la presse illustrée française et italienne sont alors exposés à Paris et ont pu inspirer les compositions de Stoica. mais celles d artistes allemands présents sur le front de l est dans les carpates, comme Heinrich Vogeler ( ) 41, et en roumanie, tel qu Albert reich ( ) 42, à l activité largement médiatisée 43, lui étaient vraisemblablement également connues. À l instar de Gropeanu, Flameng avait réalisé en 1914 un grand portrait de la reine carmen Sylva, mais également du roi carol i er, tous les deux au musée

10 186 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) National d Art de roumanie. Académicien, Flameng a pu favoriser par sa proximité avec la famille royale roumaine d une part, avec le musée de l Armée d autre part, le rapprochement des diplomates roumains avec cette institution qui était elle-même à la recherche de donateurs 44 alimenter sa galerie des Alliés. en janvier 1918, la reine marie de roumanie est élue membre correspondant de l Académie des beaux-arts l institut de France sur proposition du peintre Flameng et en apprend la nouvelle depuis iassy : «la France, désireuse de nous honorer dans ce moment de détresse, m a élue membre correspondant de l académie des beaux-arts. [ ] cette nouvelle m est annoncée par un télégramme de Victor Antonesco, notre ministre à Paris. il est rédigé en ces termes : Flameng, qui se fait l honneur d avoir pris l initiative de la proposition, me communique que l institut de France, académie des beaux-arts, vient d élire votre majesté membre correspondant. c est pour la première fois depuis que Napoléon a fondé l institut qu une femme est appelée à une pareille dignité. en accueillant avec chaleur la proposition, l institut a tenu à rendre à votre majesté un hommage digne d elle et du noble pays qu elle représente avec tant d éclat ; il s incline respectueusement devant l art et la souffrance personnifiée aux yeux du monde par votre majesté». 45 les 7 et 8 mars 1919, la reine est reçue par clémenceau, puis à l elysée où elle reçoit les honneurs militaires, puis à l Académie de France à Paris - scène immortalisée par des photographies de presse 46 - et c est l occasion de retrouvailles avec Flameng ainsi que d une rencontre avec Bergson, autre acteur de la diplomatie culturelle de guerre française : «On the day following my interview with Clémenceau, I was quasi officially received at the Elysée. A whole battalion several thick was lined up all round the inner square, and I was received like an king. Before leaving, an honour was done me, never yet given to a queen : I was asked to review the troops [ ] That same afternoon, there was a solemn Séance at the Académie des Beaux-arts where I was admitted as the only woman amidst the most doct company of very old and important gentlemen. This was also a very special honour. [ ] we [ ] conversed with innumerable elderly gentlemen with famous name recognised all over the world among whom were Henri Bergson, the famous philosopher, and François Flameng». 47 les œuvres de Stoica mettent en évidence le rôle moral des monarques et l état-major roumain, mais aussi certains aspects symboliques de la coopération militaire francoroumaine. Ainsi, la Distribution de décorations par le roi Ferdinand 1er de Roumanie et le général Alexandru Averescu ( ) le 2 août (fig. 1), peinte par l artiste, reflète un cérémonial inspiré, comme le suggère le général Berthelot dans un rapport de 1917, des usages français : «le roi a décoré deux drapeaux, a remis un certain nombre de décorations aux officiers et aux soldats en employant pour la première fois un cérémonial se rapprochant un peu du cérémonial français. J en ai profité pour remettre moi-même

11 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 187 des décorations aux officiers, sous-officiers et soldats désignés par sa majesté [...]». 49 l huile sur toile semble dériver, par son cadre et sa composition, d une des photographies 50 prises par le Service photographique de l armée roumaine, lui-même organisé sur le modèle de la Section photographique de l Armée française. la reine de roumanie incarnant, aux yeux d une partie de l opinion publique française, comme roumaine, la résistance aux Puissances centrales et se présente 51 elle-même comme telle dans les passages de ses mémoires relatifs à sa participation à la conférence de la Paix en Sa figure est également héroïsée dans deux peintures 52 (fig. 2 et 3) de Stoica données au musée de l Armée français et qui représentent marie de roumanie dans les tranchées, en tenue d infirmière, aux côtés des soldats, durant la bataille d oïtuz. cette iconographie contribue 53 à façonner une image de la monarchie roumaine dont la reine marie est la figure de proue tout à la fois virilisée et assimilée à une nurse 54 ou mèrenourricière d un pays martyrisé par la guerre : «les empires centraux me considéraient, à juste titre, comme l âme de toutes les résistances. Je formais le point central de l opposition contre leur propagande ; aussi étais-je devenue la cible principale de leurs attaques couvertes ou occultes.» 55 cette promotion par l image s applique aussi au général Prezan, créateur de la section artistique roumaine, dont Stoica remet également un portrait 56 (fig. 4) au musée de l Armée. Selon une anecdote propagée par l artiste paradigmatique de sa posture d artiste-combattant et sans doute en partie légendaire, Prezan aurait pris personnellement sous sa protection l artiste suite à une blessure atténuée par son carnet à dessin : «Je ne puis m empêcher de raconter ici une aventure que m a contée le peintre [ ] Blessé trois fois dans cette lutte [de la turtucaia], il n a échappé à la mort que grâce à son calepin qui a fait dévirer la plus mortelle des balles ( ) Par un heureux hasard, le général Prezan, ayant pris connaissance du précieux album qui avait déjà sauvé la vie à son possesseur, fut si vivement frappé des croquis qu il y trouva, qu il prit l artiste sous sa haute protection ( ) Stoica fut attaché comme peintre militaire à l État-major et il fut exempté de combattre en première ligne, ce qui ne l a pas empêché de connaitre encore la vie des tranchées.» 57 les œuvres comprennent des représentations de la reine marie ( ) 58 et du roi Ferdinand i er ( ) de roumanie aux populations civiles chassées des marches orientales du royaume en passant par les généraux constantin Prezan, commandant la iv e armée, et Alexandru Averescu et les soldats du régiment Vasile lupu (fig. 5) baptisé en mémoire de Basile le loup ( ), prince moldave érigé en héros dans le cadre de la construction de l État-Nation roumain, ce corpus comporte également des scènes archétypales du front de l est telles que des civils réfugiés 59 (fig. 6) ou encore un combat à la baïonnette 60 (fig. 7) entre des soldats roumains et les troupes composites des puissances centrales. l enjeu de ces peintures et plus encore celui de leur don est de symboliser l ancrage de la roumanie dans une culture latine tournée vers l occident. Que les peintures de Stoica traitent des luttes anciennes, contre les tatares 61, ou plus récentes, contre les cosaques, la menace y vient en effet toujours de l est.

12 188 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) l aquarelle représentant un Soldat roumain du 36 e régiment d infanterie Vasile Lupu 62 (fig. 7) n est pas sans rappeler par la posture du sujet principal le frontispice de Neamul Românesc, illustré par Stoica à la demande de iorga en 1906 dans lequel le paysan affectait la même pose, la bèche étant désormais remplacée par un fusil. l ordre militaire de michel le Brave avait été décerné au 36 e régiment d infanterie Vasile lupu par décret du 12 décembre 1918, ce qui en faisait un régiment particulièrement exemplaire. Autre figure emblématique, le Clairon d infanterie roumain 63 (fig. 8) pourrait être un portrait allégorique de l artiste, héraut des hauts-faits de ses camarades. Promotion de l image internationale de la Roumanie des guerres balkaniques à l entre-deux-guerres DePuiS la seconde guerre balkanique en 1913, iorga était devenu l un des principaux chantres de l unité. membre, puis Secrétaire général de la «ligue pour l unité culturelle des roumains», fondée en 1891 et devenue, en 1914, «ligue pour l unité politique de tous les roumains», il est persuadé que l unité culturelle sans unité politique ne présente aucune garantie. durant la Première Guerre mondiale, il se met au service de la cause de l entente, avec toute son autorité d académicien, mais aussi de député, multipliant les articles dénonçant les crimes des empires centraux et publiant de nombreux opuscules mettant en valeur les liens séculaires entre la roumanie et ses alliés. durant l exil du gouvernement à iassy en 1918, lorga prononce, dans la grande salle de l université, en présence de la famille royale, des représentants des corps diplomatiques et des missions militaires alliées une conférence 64 remarquée dans laquelle il trace un parallèle entre le roi Ferdinand i er et ses alliés d une part, michel le Brave d autre part. charles Bourel de la roncière ( ) compare alors iorga au poète irrédentiste et propagandiste italien Gabriele d Annunzio : «Quand la vague sanglante de la guerre mondiale battit le seuil de la Valachie, l historien, comme en italie le poète s écria avec les vaillants patriotes Jonesco et autres qu on ne devait point reculer devant elle : audelà des frontières, il y avait des frères à rédimer d esclavage par le sang [ ]. et iorga comme d Annunzio fut écouté. 65» le mouvement pour l art national, promu par iorga, devenu également le traducteur et l un des proches de la reine marie durant la guerre, avait tendance à dénier aux arts plastiques toute autonomie : «entre la manifestation artistique d une Nation et celle dans le domaine des lettres, il y a, il doit y avoir un certain parallélisme. l un et l autre ne sont que des formes de la vie nationale, des «extériorisations» de l être moral qui l anime». 66 Pour louis réau ( ), qui s inscrit également dans ce courant de nationalisation de l histoire de l art, la «persistance de caractères nationaux est la meilleure preuve que l éducation française reçue par les artistes roumains n a jamais opprimé leur personnalité» 67. la démobilisation de l armée roumaine, intervenue le 20 mars 1920, et la reconnaissance de ses nouvelles frontières par les traités internationaux ouvrent la voie à la construction de la «grande roumanie». cette construction nationale s accompagne de la création, de la restauration ou de la transformation de monuments commémoratifs, d éd-

13 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 189 ifices religieux, d institutions culturelles - écoles, université, musées - dont l architecture, les décors, les usages comme les collections sont invités à actualiser l histoire nationale. la Première Guerre mondiale est présentée comme l apogée d un processus d unification entamé au milieu du 19 e siècle, les gains territoriaux récompensant, sinon justifiant, les sacrifices consentis par la Nation. le style, les thèmes et les motifs adoptés reflètent la recherche d une nouvelle «romanité» modernisée, mais aussi inscrite dans une histoire revisitée. dès 1920, la décoration de la salle de l union est confiée à Pierre Bellet ( ), peintre français né à Galatz : les grandes figures de l unité nationale y commémorent l Assemblée nationale du 1 er décembre 1918 au cours de laquelle est signé l acte d union de la transylvanie à la roumanie. dans ce mouvement s inscrit la construction d un arc triomphal à Bucarest et de la cathédrale de l unité nationale d Alba iulia dont la dédicace associe le dogme de l unité dans la trinité à l idéal politique d unité dans la diversité des provinces roumaines. le roi Ferdinand i er et la reine marie y sont couronnés le 15 octobre 1922 «roi et reine de tous les roumains». le gouvernement du général Alexandru Averescu, Premier ministre de mars 1920 à décembre 1921 et leader du Parti du Peuple roumain, apporte à l organisation des célébrations d Alba iulia le plus grand soin et institue à cette fin un comité associant l architecte Petre Antonescu aux peintres Artur Garguromin Verona ( ), président de la société Tinerimea artisticã de 1910 à 1921, et costin Petrescu ( ) chargés des décors, mais aussi Nicolae iorga 68. conseiller historique et caution académique, ce dernier apporte une contribution déterminante au programme iconographique des festivités d Alba iulia qui associe les nouveaux dirigeants de la Grande roumanie aux grandes figures du passé telles que celle du prince valaque mihai Viteazul ( ) [michel le Brave], présenté comme le premier unificateur des trois provinces de Valachie, moldavie ou transylvanie en 1600 ou encore celle de l empereur trajan (53-117), pacificateur de la dacie dont Alba Julia fut l une des principales localités. Pendant la guerre, Arthur Garguromin Verona avait participé avec bravoure aux combats, avant d être fait prisonnier, en tant que membre de la division du Général ioan dragalina ( ), qui avait démissionné de l armée austro-hongroise en 1887 pour entrer dans l armée roumaine avant de trouver la mort au champ d honneur en octobre Un artiste-soldat exemplaire EN 1920, dumitrescu contribue également à cet effort propagandiste au sein de la maison d édition Cartea Româneascã [le livre roumain] dont il devient l un des principaux illustrateurs et qui met à sa disposition un atelier spacieux propice à la réalisation d ambitieuses compositions historiques que iorga l encourage à réaliser et que le musée national militaire lui commande. les expositions organisées par Cartea Româneascã à partir de 1924 lui assurent un succès moral comme financier. cependant Stoica est absent de la première grande exposition 69 officielle d art roumain en France qui se tient en 1925 au Jeu de Paume sous la présidence du Général Henri mathias Berthelot, commandant la mission roumaine et le patronage de Philippe Berthelot, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. une exposition personnelle de

14 190 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) Stoica à Bucarest, en février 1926, s accompagne de la parution aux éditions Cartea Româneascã de l essai du critique d art léo Bachelin consacré à son œuvre. l appréciation de Bachelin est élogieuse voire dithyrambique, ce qui n est guère surprenant s agissant d un artiste représenté dans les collections royales l inscrivant dans une généalogie artistique européenne : «ce qui distingue avant tout l œuvre de m. Stoica [ ] c est l attention toute particulière qu il a vouée à la résurrection des pages tragiques ou touchantes de notre histoire [ ]. il ne s est pas laissé rebuté par la lecture attentive des vieilles chroniques, par l étude archéologique des costumes et des armes, par la recherche scrupuleuse de vieux portraits pour tous les personnages qui devaient entrer dans ses compositions. [ ] tout ce travail auxiliaire, nécessaire à un peintre d histoire consciencieux n a pas paralysé chez lui la première vision [ ] Stoica a su éviter les inconvénients du genre historique qui [ ] dégénèrent en tableaux pédants et froids, en compositions didactiques, explicatives de manuels scolaires ou en scènes anecdotiques, illustratives de romans d aventures [ ] le meilleur moyen d échapper à ces deux écueils c est [ ] de traduire l histoire en grands panneaux décoratifs à l instar de david 70, de Kaulbach 71, de mackart 72 ou de Puvis de chavannes [ ] ou de concentrer son attention sur un personnage historique afin d en immortaliser le type [ ] comme l ont fait Gros 73 et meissonier 74 avec Napoléon i er.» 75 Bachelin ne manque pas de rappeler le statut d artiste-soldat de Stoica ce qui renforce sa crédibilité et justifie sa comparaison avec detaille et Neuville, peintres vétérans de la guerre de : «Aux résurrections du passé historique se rattachent très étroitement les scènes militaires qui se rapportent aux campagnes de la Grande Guerre à laquelle m. Stoica a pris part, mobilisé d abord dans le Quadrilatère, puis en moldavie [ ] il en a été vivement impressionné non seulement comme soldat et comme patriote, mais aussi comme artiste rappelez-vous detaille et Neuville frappés du spectacle de la guerre franco-allemande [ ] la composition la plus remarquable [ ] est sans doute celle intitulée Un moment dans une attaque. ce n est, il est vrai qu une vase ébauche, on n y reconnait ni vainqueurs ni vaincus ; c est un assemblage d épisodes, la vraie mêlée, le carnage à outrance [ ] une image effrayante des horreurs de la guerre et de l héroïsme obscur des soldats inconnus. Sur un monticule, hérissé de quelques arbres, aux branches déjà déchiquetées par la mitraille et les projectiles, sous un ciel chargé par les fumées de la poudre et éclairé par l explosion des obus, la lutte corps à corps, au pistolet, au sabre, à la baïonnette, à coup de crosse, se poursuit aveugle, acharnée [ ] c est de la cinématographie picturale faite pour l œil humain, qui ne perçoit que des mouvements révolus, tandis que les instantanés photographiques ne reproduisent que des mouvements fragmentaires, inachevés, souvent agaçants, ridicules ou grotesques. c est précisément dans la représentation des vives allures qu apparait la supériorité artistique de la facture humaine sur les appareils techniques ( ) malgré tous les progrès de la photographie et de la cinématographie.» 76

15 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 191 Selon Bachelin, Stoica remplit deux conditions qui le rendent apte à transcrire l histoire nationale roumaine son patriotisme d une part, le classicisme de son style d autre part : «Par ses séjours à münich, à Paris, et en italie, [Stoica] a réussi à acquérir la maîtrise savante et habile qu il a su utiliser aussitôt de retour aux pays pour fixer sur la toile ce qu il ressentait comme roumain [ ] ce dont les connaisseurs censés doivent particulièrement féliciter m. Stoica, c est de ne pas s être laissé influencer par les théories abracadabrantes des derniers temps le tricolorisme, le futurisme, le cubisme, le dadaïsme et d autres élucubrations hybrides [ ] m. Stoica en effet, ne renie pas la bonne et saine tradition classique [ ].» 77 la popularité de Stoica s estompe dans les années 1940, concomitamment à l'effacement de ses protecteurs de la scène politique. en 1944, le bombardement du musée militaire national de Bucarest fait disparaitre une partie des œuvres de Stoica. d autres sont remisées durant la période communiste, leur connotation royaliste étant jugée inopportune. Muséifier la guerre DANS une europe fortement éprouvée, susciter le consentement des populations à la guerre mondiale supposait de l inscrire dans chacune des histoires nationales. Susciter l empathie afin d obtenir la participation de nouveaux Alliés au conflit puis leur soutien dans le processus diplomatique de sortie de guerre était non moins utile. dans cette perspective, la mise en exergue des artistes combattants, l organisation d expositions à l arrière comme sur le front et dans les pays neutres, l entrée au musée de leurs œuvres voire la création ex-nihilo de musées et mémoriaux de la guerre - phénomènes inédits par son ampleur - comptent parmi les dispositifs utilisés en France comme en roumanie. la capacité pour un etat à façonner sa propre image est un attribut de puissance et de souveraineté, pour ainsi dire un «droit régalien» qui se manifeste par la création, souvent empirique, d organes spécifiques, l organisation de missions d artistes sur le front, la muséification de la guerre. ces initiatives répondent aussi à une soif d images grandissante à une époque où le dessin et la peinture de guerre n ont pas encore perdu leur légitimité aux côtés d autres moyens d expression. l œuvre de Stoica favorise la lecture de la Grande Guerre comme dernière des guerres d unité roumaine ouvrant la voie au rattachement de territoires. Par ses références constantes aux luttes contre les empires ottomans et russes, il relève de la «nationalisation» des arts née des guerres d indépendance et d unification européennes du long 19 e siècle. Au service d une diplomatie culturelle de guerre et de sortie de guerre, le don et la présentation de ces œuvres roumaines au musée de l Armée à Paris constituent l une des facettes des «rencontres culturelles militarisées» 78 brillamment mises en lumière par l historien britannique John Horne. q

16 192 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) Notes 1. Sylvie le ray-burimi, «Guerre des fronts et fronts de l art dans le parcours des artistes français en mission», in Vu du front. Représenter la Grande Guerre. cat. exp. Paris, musée de l Armée, 15 octobre janvier Paris, Somogy, 2014 p ; Alain dubosclard. L Action artistique de la France aux États-Unis, Paris, cnrs, Neamul Românesc [la Nation roumaine], 9 novembre 1906, première année, n Nicolae iorga, Prin Bulgaria la Constantinopol, Bucureşti, minerva, institutul de Arte Grafice şi editurã, Alexandru Vlahuþã ( ) et Stoica dumitrescu illustrateur. Din Trecutul nostrul [depuis notre passé]. Bucarest, Philipp leu, «maturation, présence et visibilité de la Société tinerimea artisticã à munich», Actes du colloque international Symbolisme et esthétiques modernes dans les Balkans: réexamen(s) critique(s) organisé à Paris, par l HicSA (ea 4100), université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, les 8 et 9 novembre 2013 (consulté en ligne le 31 juillet 2018, 6. Nicolae Grigorescu, Atacul de la Smârdan (1878), Huile sur toile, H. 295 cm l. 388 cm. Bucarest, muzeul Naþional de istorie al româniei. 7. Nicolae iorga, Istoria lui Ştefan-cel-Mare povestitã neamului românesc. Bucarest, minerva, Stoica dumitrescu, Mihai Viteazul în Alba Iulia în 1 noiembrie 1599, Huile sur toile, Alba iulia, muzeului Naþional al unirii. 9. Angelo Jank ( ), Österreichische Dragoner mit russischen Gefangenen, vers Huile sur toile, collection privée. 10. Victor dambovitza, «Notes sur la peinture et la sculpture roumaines», L Art et les artistes, XXi, janvier 1917, p Pauline chougnet, Les expositions d art Français organisées par La France à l étranger pendant l entre-deux-guerres. mémoire de master 2 sous la direction du professeur Jean-michel léniaud. Paris, École Pratique des Hautes Études, 2009, p la courneuve, archives du ministère des Affaires étrangères, maison de la presse, dossier 12-13, note sur la propagande en roumanie, 2 février Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales, F lettre d Aristide Briand, président du conseil et ministre des Affaires étrangères à monsieur dalimier, sous-secrétaire d État aux Beaux-arts, 5 mai Ibid. 15. la courneuve, Archives du ministère des Affaires étrangères, légation de France, service de la propagande rapport de quinzaine de m. tavernier, 3 octobre estampe conservée par le musée national d histoire de cluj-napoca. 17. Walter reichel, «Pressearbeit ist Propagandaarbeit - medienverwaltung : das Kriegspressequartier (KPQ)» in Mitteilungen des Österreichischen Staatsarchiv (mösta), Sonderband 13, Studienverlag. Wien, thomas Weissbrich, «dans les tranchées et dans l atelier. les peintres de guerre allemands» in Vu du front. Représenter la grande Guerre, p Frédéric lacaille, «les missions d artistes du musée de l Armée pendant la Grande Guerre» et François robichon, «les missions d artistes aux armées en 1917» in «Peindre la guerre», Cahier d études et de recherches du musée de l Armée, n 1, 2000 ; marine Branland et emilie Prud hom, «missions artistiques aux armées» in claire Garnier et laurent le Bon dir catalogue de l exposition metz, centre Pompidou metz, 26 mai-24 septembre 2012, metz-centre Pompidou metz, 2012, p

17 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE de Geest Joost et de Gryse Piet (dir.), Couleurs au front Les peintres au front belge. Bruxelles, crédit communal, Sue malvern, Modern Art, Britain and the Great War Witnessing. Testimony and remembrance. New Haven/londres, Yale university Press, 2004 ; Jenny Wood. «champs de bataille et nouvelles perspectives. les artistes britanniques» in Vu du front. Représenter la grande Guerre. Op. cit., p carlos Silveira, Adriano de Sousa Lopes, Um Pintor na Grande Guerra. lisbonne, edições 70, liviu constantinescu, Adrian-Silvan ionescu, elena Petrescu (dir.), Atelier de front. Artiºti români în Marele Rãzboi. catalogue de l exposition Bucarest, musée national d art roumain, 24 août avril Bucarest, muzeul Naþional de Artã al româniei, Auguste Félix charles de Beaupoil ( ), comte de Saint-Aulaire, Souvenirs d un vieux diplomate, Paris, Flammarion, p Artistes mobilisés du Grand Quartier Général roumain lors de l exposition à l école des Beaux-arts de Iassy, janvier Photographie. Bucarest, Bibliothèque de l institut George oprescu. 26. laura Sinziana, «Art and War. First World War echo in Plastic romanian Artists», consulté le 1 er août 2018 : War_echo_in_Plastic_romanian_Artists 27. robert Born, «Von Besatzern zu Besetzten. Kunstschutz und Archäologie in rumänien zwischen 1916 und 1918» in robert Born et Beate Störtkuhl dir. Apologeten der Vernichtung oder «Kunstschützer»? Kunsthistoriker der Mittelmächte im Ersten Weltkrieg. Köln, Weimar, Wien, Bölhau Verlag, 2017, p Mişcarea (31 janvier 1918). 29. Nicolae iorga, «trei scene de rãzboi ale pictorului d. Stoica», in Drum drept, iaşi, 28 janvier Nicolae iorga, La politique de Michel le Brave. Ses origines et son importance actuelle. Conférence faite devant Leur Majestés, Leurs Altesses Royales, les membres du Corps diplomatique et les Missions militaires dans la grande salle de l Université de Jassy. Jassy, imprimerie cultura Neamului românesc, 1918, p. 3 et Stoica dumitrescu. Diploma eroilor, lithographie, milan, casa editrice d Arte Bestetti et tuminelli 32. Stoica dumitrescu. Groupe de soldats roumains dans un village dévasté et poursuivant l ennemi, Stoica dumitrescu ( ). lithographie. casa editrice d arte Bestetti e tuminelli. Paris, musée de l Armée, inv. 692c ; Fb891, don du gouvernement roumain en juillet 1920 ; Assaut, Stoica dumitrescu ( ). lithographie. casa editrice d arte Bestetti e tuminelli. Paris, musée de l Armée, 693c ; Fb845, don du gouvernement roumain en juillet Paris, musée de l Armée, Historique manuscrit du musée, vol m. de Saint-Aulaire, ministre de la France à Bucarest à m. Pichon, ministre des Affaires étrangères. télégramme n 27-30, 14 janvier 1920 in traian Sandu, La Grande Roumanie alliée de la France. Une péripétie diplomatique des Années folles? ( ). Paris, l Harmattan, 1999, p Ibid. 36. Ibid., 17 août Agence meurisse (Paris). Musée de l Armée. Inauguration de la galerie des Alliés, Paris, 16 avril Photographie Paris, BNF, inv. ei-13 (2736). 38. Paris, musée de l Armée, Historique manuscrit du musée, vol Ibid.

18 194 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) 40. Agence mondial, Le prince Michel de Roumanie en visite aux Invalides, 20 septembre 1932 Photographie de presse, Paris, Bibliothèque Nationale de France. 41. Heinrich Vogeler ( ) et otto Felsin, Aus dem Osten. charlottenburg-berlin, Albert reich ( ), Durch Siebenbürgen und Rumänien. Ein Gedenkwerk für Gruppe Krafft» und rumänische Kriegsteilnehmer. münchen, Albert reich, Die Arbeitsgebiete unserer Künstler im Felde [la mobilisation de nos artistes sur le front], leipziger illustrirte Zeitung, n 3783, 30 décembre À titre d exemple, le gouvernement américain envoie une peinture de Frederick Judd Waugh ( ), Les troupes des États-Unis, en route vers la France, Paris, musée de l Armée, inv c1 ; eb 1396, don du gouvernement américain. 45. marie de roumanie et Gabriel Badea-Päun (ed.), Histoire de ma vie, Paris, lacurne, 2014, (première édition, Paris, Plon ), p «la reine de roumanie en France» in Le Pays de France, mars 1919 ; Agence rol, La reine de Roumanie reçue à l Académie des Beaux-arts, mars Photographie. Paris, Bibliothèque Nationale de France. 47. marie de roumanie et diana mandache (ed.), Later chapters of my Life. The lost memoir of the Queen of Romania, New York, Sutton Publishing, 2004, p Stoica dumitrescu. Distribution de décorations par le roi Ferdinand 1er de Roumanie et le général Alexandru Averescu ( ) le 2 août 1917, Huile sur toile. Paris, musée de l Armée, inv. 1198c1 ; eb1389, don du gouvernement roumain, mai Vincennes, Service Historique de la défense, rapport n 13 de Philippe Berthelot, 16/29 mai Section photographique de l Armée roumaine. Ferdinand décorant des soldats. Nanterre, Bdic, VAl 532/ marie de roumanie et diana mandache (ed.), op. cit., p , 52. Stoica dumitrescu, La Reine de Roumanie en infirmière. Huile sur toile. Paris, musée de l Armée, inv. 691c 1; eb408, don du gouvernement roumain en juillet 1920 ; La reine de Roumanie dans les tranchées à Ciresoaïa [bataille d Oïtuz 26 juillet/8 août-9/22 août 1917]. Paris, musée de l Armée, inv. 717c1 ; eb1578, don du gouvernement roumain août Shona Kallestrup, «royalty is no longer royal : word and image in the children s tales of Queen marie of romania.» in Image [&] Narrative, vol. 19, n 1, 2018, p Voir le projet d affiche pour La Goutte de lait, œuvre franco-roumaine sous le patronage de S. M. la reine Marie, Bureau économique, Strada Paris, [Bucarest], Gouache et aquarelle sur papier. Archives du musée du service de santé des armées, Hôpital du Val de Grâce, Paris, carton A marie de roumanie et Gabriel Badea-Päun (ed.), op. cit., p Stoica dumitrescu, Le général Constantin Prezan ( ). Huile sur toile. Paris, musée de l Armée, inv. 1197c1 ; ea565, don du gouvernement roumain, mai léo Bachelin, Esquisse esthétique sur l œuvre du peintre Stoïca. D. [dumitrescu]. Bucarest, cartea româneascã, 1926, p marie de Saxe-cobourg-Gotha, reine de roumanie, née marie Alexandra Victoria d Édimbourg. 59. Stoica dumitrescu, Roumains en exil, Aquarelle. Paris, musée de l Armée, inv. 720c ; eb511, don du gouvernement roumain août Stoica dumitrescu, Combat à la baïonnette et à la grenade, soldats roumains contre allemands, Aquarelle, Paris, musée de l Armée, inv. 1199c1 ; eb807, don du gouvernement roumain, mai Stoïca dumitrescu, Sur la piste des Tatares. Propriété de sa majesté la reine de roumanie, localisation actuelle inconnue.

19 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE Stoica dumitrescu, Soldat roumain du 36 e régiment d infanterie Vasile Lupu [Basile le loup ( )], Aquarelle. Paris, musée de l Armée, inv. 721c1 ; ec847, don du gouvernement roumain août Stoica dumitrescu, Clairon d infanterie roumain. Aquarelle, gouache et fusain. Paris, musée de l Armée, inv. 718c1 ; ec737, don du gouvernement roumain août Nicolas iorga, La politique de Michel Le Brave, ses origines et son importance actuelle. iassy, imprimerie cultura Neamului românesc, charles de la roncière. Préface à Nicolas iorga, Pages roumaines. Paris, Berger-levrault, 1919, p. Viii-iX. 66. Nicolas iorga, Art et littérature des roumains. Paris, J. Gamber, 1929, p louis réau, Histoire de l expansion de l art français. Le monde latin. Italie, Espagne, Portugal, Roumanie, Amérique du Sud. Paris, 1933, p Shona Kallestrup, Art and Design in Romania, Local and international aspects of the search for national expression. New York, columbia university Press, 2006, p Henri Focillon et Jean cantacuzene (préf.), Exposition d art roumain ancien et moderne, musée du Jeu de Paume, Paris, du 25 mai au 19 août Paris, imprimerie George Petit, Jacques-louis david ( ) 71. Friedrich August von Kaulbach ( ) 72. Hans August mackart ( ). 73. Antoine-Jean Gros ( ). 74. Jean-louis-ernest meissonier ( ). 75. léo Bachelin, op. cit., p léo Bachelin, op. cit., p léo Bachelin, op. cit., p Joseph clarke, John Horne (éd.), Militarized Cultural Encounters in the Long Nineteenth Century. Making War, Mapping Europe. Basingstoke, Palgrave macmillan, Abstract Designing Romania through the Great war : Ion Stoica Dumitrescu ( ), artist-soldier on the cultural diplomacy front. Between 1919 and 1921, romanian government donated to the musée de l Armée [French National Army museum], in Paris, a group of paintings, drawings and stamps commissionned to the artist-soldier ion Stoica dumitrescu ( ) by the romanian Army s Great Headquarter. these works of art were immediatly exhibited in the frame of the new «Great War galleries» created during the conflict by general Gustave Niox ( ), then director of the musée de l Armée, and developped by his successor, general Gabriel malleterre ( ). Stoica dumitrescu s production and its donation to France can be analyzed as the byproduct rooted in the raise of propaganda and cultural diplomacy of a symbolic struggle towards the shaping and dissemination of romanian self-representations in words and images. it aimed to remind French opinion of the tribute paid by romania s State, Army and Nation and its geopolitical new rank in post- WWi europe. Keywords romania, World War i, French-romanian relationship, war artist, cultural diplomacy, visual studies, Army museum.

20 196 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) Fig. 1. Distribution de décorations par le roi Ferdinand 1er de Roumanie et le Général Averesco le 2 août Location: Paris, Musée de l Armée (1198C1 ; Eb1389). Photo (C) Paris - Musée de l'armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

21 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 197 Fig. 2. La reine de Roumanie en infirmière dans les tranchées regardant un tireur aux créneaux. Location: Paris, Musée de l Armée (691C 1; Eb408). Photo (C) Paris - Musée de l'armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pierre-Luc Baron-Moreau

22 198 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) Fig. 3. La reine de Roumanie dans les tranchées. Location: Paris, Musée de l Armée (717C1 ; Eb1578). Photo (C) Paris - Musée de l'armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

23 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 199 Fig. 4. Portrait du général Prezan. Location: Paris, Musée de l Armée (1197C1 ; Ea565). Photo (C) Paris - Musée de l'armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

24 200 TRANSYLVANIAN REVIEW VOL. XXVII, SUPPLEMENT NO. 2 (2018) Fig. 5. Vasile Lupu, soldat roumain du 76 régiment. Location: Paris, Musée de l Armée (721C1 ; Ec847). Photo (C) Paris - Musée de l Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image Musée de l Armée

25 LA ROUMANIE ET LA FRANCE DANS LA GRANDE GUERRE 201 Fig. 6. Roumains en exil. Location: Paris, Musée de l Armée (720C1 ; Eb511). Photo (C) Paris Musée de l Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image Musée de l Armée Fig. 7. Combat à la baïonnette. Location: Paris, Musée de l Armée (1199C1 ; Eb807). Photo (C) Paris - Musée de l'armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier