Mboté na bino (Bonjour à vous)

Transcription

1 Mboté na bino (Bonjour à vous) Enfin je vous écris, après mes deux premiers mois dans mon nouveau Pays qu est la République Démocratique du Congo. Tout d abord je voudrais vous remercier pour votre soutien et pour les mails que vous m envoyez cela me fais énormément plaisir! Cela fait maintenant deux mois que j ai quitté ma France natale, ma famille, mes amis, ma ville d étudiante et tout ce qui s en suit. Et cela fait donc deux mois que je suis arrivée à Kinshasa. 8 semaines que je suis arrivée au soleil. 60 jours que le mot «mundele» («blanc») fais partie de mes journées. 1 mois et 4 semaines que je passe mes journées avec des filles et des garçons qui ont vécu plus ou moins longtemps dans la rue. 4 semaines et 28 jours que j apprends chaque instants de nouvelles choses, de nouveaux mots en Lingala, que je découvre une nouvelle culture riche en tradition. J ai tellement de choses à vous raconter que je ne sais pas vraiment par où et comment commencer je suis partie en JET pour pouvoir changer mon quotidien, pour découvrir une autre vie, pour pouvoir être totalement dépaysée et encore un tas de raison que je n arriverai pas à vous expliquer. Mais c est un choix qui c est un peu comme imposer à moi, il le fallait. Mais je peux vous dire que la vieille de mon départ je ne faisais pas la fière et je faisais encore moins la fière quand je me suis retrouvée dans l avion je me dois de vous dire la vérité, qu avant d atterrir je voulais retourner en France avec mes amis et ma famille mais bon il était un peu trop tard, j étais déjà dans l avion. Et je suis tellement contente de ne pas avoir pu faire demi-tour. Le 4 janvier 2015 j ai mis mes petits pieds sur le sol Congolais où m attendaient les frères et sœurs de la Communauté du Chemin Neuf. La voiture est partie en direction de la maison pour pouvoir aller se reposer après une journée d avion. J ai vu défiler sous mes yeux une très grande route avec des personnes sur chacun des cotés qui vendaient de l eau, des fruits, des gâteaux, des légumes et encore tout un tas de chose qu en Europe nous ne pouvons trouver que dans les magasins. Après une belle route goudronnée, les petites routes en terre sont arrivées et je vous assure qu il ne vaut mieux pas être malade en voiture car à certains endroits les trous ou les bosses sont assez incroyables (ça fait comme un petit massage ). Puis nous sommes arrivés à la maison, une grande maison où nous habitons à 15. La communauté est internationale, alors autant qu elle le soit jusqu au Congo, je vis avec des Ivoiriens, un Camerounais, un Burkinabais, des Mauriciennes, une Congolaise de Brazzaville, il y a quand même des Congolais de RDC et nous sommes tout de même quatre Français, dont une autre JET Maëva qui est arrivée le même jour que moi.

2 De gauche à droite : Delphine, Jean, Sylvie, Nalia, David, Paul Dodi et Marie-Noëlle. Déjeuner indien un dimanche midi. Les premiers jours de notre première semaine, ont été plutôt relaxants car la communauté nous a permis de nous reposer un peu. Puis nous avons commencé nos mission, Maëva au dispensaire et avec les grands jeunes de la rue et moi avec les filles et garçons de la rue. Je vais essayer de vous décrire une journée «à peu près type» de mes semaines. Mon quotidien est donc animé par la messe à 5h45 (je dois vous avouer que cela m est un peu difficile de me lever tous les matins pour la messe ) ensuite nous avons la prière personnelle qui est suivi par le petit déjeuner. Puis à 8h la journée commence réellement. Lorsque que j arrive au centre des filles, je suis accueillie par chacune d elle avec un gros câlin et la journée peut alors bien commencer. Jusqu à environ 15-16h je suis au centre puis je rentre à la maison pour le déjeuner puis une petite sieste si j ai le temps ou la lessive (je peux vous dire que je me fais les mains avec la lessive ) sinon l adoration, l office, puis le diner et hop au lit pour essayer de se réveiller pour la messe le lendemain. Le lundi après-midi je fais la cuisine pour la maison, j ai appris à dépecer les poissons (à mon plus grand dégoût). Vous m auriez vu les sœurs qui faisaient la cuisine avec moi ont bien rigolé en me voyant faire! Je réapprends à cuisiner sur du charbon, ça me rappelle quand j étais scout. J ai également appris à être très patiente les horaires ici ne sont pas tout à fait les mêmes qu en France. Disons qu il vaut mieux arriver une demi-heure voir une heure après l heure d un rendez-vous. Au début c est assez frustrant mais finalement on s y fait rapidement. Je passe la majorité de ma semaine dans le centre des filles, 2 jours et demi et 1 jour et demi chez les garçons. La vie au centre des filles est très rythmée, chaque semaine à son thème et chaque heure à son activité. L alphabétisation en Lingala mais aussi en français, le sport, l esthétique (vernis à

3 ongle, tresser les cheveux ), dessin, lecture... Il y a aussi des moments où les éducateurs parlent avec les filles sur le thème de la semaine ou sur certains problèmes que rencontrent les filles. Photo souvenir pour la réunification d une fille du centre Lorsqu une fille est réunifiée ça veut dire qu elle retourne dans sa famille avec ses parents. Ces deux premiers mois, pour ma part, je découvrais le fonctionnement du centre, le travail que fournissent les éducateurs, qui est, faut bien le dire, un travail extraordinaire. Il y a les éducateurs internes, c est ceux qui restent au centre avec les filles pendant la semaine et il y a également les éducateurs de terrains qui enquêtent afin de retrouver les familles des enfants qui sont au centre. Il y a un gros travail avec l enfant pour qu il puisse nous parler avec confiance et surtout sans mentir. Les enfants mentent fréquemment sur leurs histoires dans la rue et donnent de fausses adresses. Ils mentent parce qu ils ont peurs de retourner dans leurs familles à cause des accusations faites par celle-ci ou parce que la misère est telle qu ils ne veulent pas retourner chez eux mais ils veulent qu on prenne soin d eux pour avoir au moins un repas par jour. En général les familles chassent leurs enfants parce qu ils pensent que se sont des sorciers ou alors l enfant fuit parce qu il y a trop de misère dans sa famille ou encore pour cause de maltraitance. Les familles peuvent accuser leurs enfants de sorcier parce qu il y a eu un décès dans la famille ou une maladie ou encore la perte d argent. Les familles veulent trouver une raison à ces problèmes. Les éducateurs de terrains sont ceux qui font les enquêtes pour retrouver la famille. Une fois que nous savons pourquoi l enfant était dans la rue, les éducateurs échangent avec la famille pour qu ils prennent conscience de ce qu ils imposent à leurs enfants par la vie de rue et surtout qu ils comprennent que les enfants ne sont pas des sorciers Le centre peut également aider les familles à monter un petit commerce pour pouvoir gagner un peu d argent pour se nourrir et envoyer les enfants à l école. Ce mois-ci j ai appris aux filles à faire des scoubidous. Elles adorent et maintenant elles m en demandent tous les jours pour pouvoir en faire.

4 La vie du centre des garçons est un peu moins rythmée que celle des filles. Il y a l alphabétisation tous les matins et ensuite les garçons peuvent jouer au foot, se détendre, dormir, se laver, faire leur lessive Le centre des garçons est un centre ouvert, c est-à-dire, que les garçons arrivent le matin et repartent vers 16h dans la rue. Restent dormir au centre les plus petits et ceux qui sont malades. Sortie avec les garçons du centre à Amour et liberté, c est un endroit où il y a une rivière et où on peut se baigner. Le début dans ma mission n a pas été très simple parce que je ne parle pas lingala donc je ne peux pas vraiment parler avec les enfants. Maintenant je commence à dire quelques mots et à comprendre de plus en plus de chose. Aussi je n arrivais pas forcément à trouver ma place car il y a beaucoup d éducateur et j étais en total découverte de la façon de fonctionner et du métier. Aujourd hui les filles et les garçons sont vraiment habitués à ma présence et me parlent plus facilement même si je ne comprends pas tout, je fais ce que je peux. Ces deux missions m apportent énormément de joie. Je vois l évolution des filles. Leur façon d être au début quand elles arrivent au centre et plus on parle avec et plus leur comportement change. J essaye chaque jour d apprendre des petits mots en Lingala et en ce moment les filles du centre m apprennent le «Je vous salue Marie et le Notre Père» en lingala, je n ai pas encore retenu tout mais petit à petit je m en sors. En dehors des missions au centre j ai aussi une mission avec la communauté avec les jeunes de 18-35ans. Il y a une rencontre tous les mois soit durant une journée soit le week-end. Nous sommes partie un dimanche matin très tôt pour monter la montagne de Mangengenge (difficulté pour le prononcer? ne vous inquiétez pas moi aussi). Nous sommes montés en plusieurs petits groupes en faisant un chemin de croix. Une fois arrivé en haut de la montagne (je dois vous avouer que c était une petite montagne quand même, pas trop difficile à monter) nous avons fait la messe. La montée, la messe et la descente se sont fait sous la pluie

5 La montagne de Mangengenge De gauche à droite : Romaine, Marie-Noëlle, moi, Maëva, Anatole et Rodrigue Le temps ici passe tellement vite que j ai l impression d être arrivée il y a juste une semaine je me dis que c est plutôt bon signe. Je n arrive pas à me rendre compte de la distance qui me sépare de vous mais chaque jour je réalise à quel point la vie est différente entre ici et l Europe. Surtout au niveau de deux points : l électricité et l eau les coupures de courants sont très fréquentes sont quotidiennes même. Et les coupures d eau se font un peu plus rares mais sont présentes et dans ce cas-là la douche au sceau s impose. J espère que vous vous portez tous très bien chacun où vous êtes. N hésitez pas à m envoyer des mails, je mettrai peut être un peu de temps à répondre mais ça me fera très plaisir de vous lire.

6 Je vous remercie encore pour votre soutien, il est très précieux pour moi. Edwige