Discours de Monsieur Gérard Collomb Sénateur-Maire de Lyon. A l occasion des 60 ans de l indépendance de la Tunisie Hôtel de Ville de Lyon

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1 Discours de Monsieur Gérard Collomb Sénateur-Maire de Lyon A l occasion des 60 ans de l indépendance de la Tunisie Hôtel de Ville de Lyon Vendredi 18 mars 2016 ** * 1

2 Monsieur le Consul général de Tunisie, Madame, Monsieur le Représentant du Préfet de la Région Auvergne Rhône-Alpes, Préfet du Rhône, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Monsieur le Représentant du Gouverneur militaire de Lyon, Monsieur le Préfet délégué pour la défense et la sécurité, Messieurs les Présidents régional et départemental du Medef, Monsieur le Président de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises, Mesdames et Messieurs les Représentants du corps consulaire de Lyon, Monsieur le Premier Vice-Président de la Métropole de Lyon chargé de l économie, Madame l Adjointe déléguée aux relations internationales, aux affaires européennes, à la coopération décentralisée et à la solidarité internationale, Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs les chefs d entreprises, Mesdames et Messieurs les Présidents d associations, Monsieur le Président du Comité des fêtes, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, Soyez toutes et tous les bienvenus. C est pour moi une vraie joie de vous accueillir à l Hôtel de Ville pour célébrer les soixante ans de l indépendance de la Tunisie. Je suis très heureux, Monsieur le Consul général, de partager avec vous ce moment fort dans la vie de la communauté franco-tunisienne de notre Métropole. Alors évidemment, cet anniversaire fait écho à un long passé commun : un passé qui n a pas toujours été exempt de douleurs, mais un passé qui nous unit. Et comme l écrivait Fernand Braudel, qui fut d ailleurs un grand historien de la Méditerranée, l identité d une Nation «est incompréhensible si on ne la replace pas dans la suite des événements de son passé, car le passé intervient dans le présent, il le brûle». 2

3 C est parce que nous avons eu cette histoire commune que les relations entre la France et la Tunisie sont aussi profondes. Cette histoire est bel et bien notre héritage commun et ce que nous sommes, tout comme les liens indéfectibles qui unissent aujourd hui nos deux pays, en est le fruit. Ce sont ces liens, devenus au fil des décennies une profonde amitié entre nos deux peuples, que symbolise notre rassemblement pour célébrer ce jour du 20 mars 1956 qui vit la formation du gouvernement d Habib Bourguiba. Ce jour-là, le peuple tunisien retrouvait sa souveraineté, sa liberté. Il renouait aussi le fil d un récit national commencé avant la présence française. On le sait peu en effet, mais en 1861, votre pays avait été le premier du monde arabe à se doter d une Constitution. Et au fond c est cela, l image qu incarne la Tunisie dans sa région, celle d un pays précurseur : précurseur des indépendances des territoires du Maghreb, avec de grandes figures comme Farhat Hached, qui paya son combat de sa vie ; précurseur du réformisme et de la défense des libertés avec le Code du statut personnel, qui permit l émancipation des femmes, décuplant les potentialités de développement économique, culturel et social. C est enfin un pays précurseur dans sa volonté d un développement pluraliste. Evidemment ce pluralisme prend place aujourd hui dans un contexte que nous savons tous extrêmement difficile. Nous vous savons porteur d une espérance, mais en même temps nous connaissons les difficultés qu a à affronter votre pays. Ce sont, aux portes de votre pays, les difficultés de la Libye et la menace qu elle fait peser sur la Tunisie. C est la présence de Daech et de tous ceux qui veulent attenter à la liberté d opinion, à la liberté d expression, qui veulent imposer par la force des régimes où tout le monde serait amené à penser de la même façon. Or ce qui fait la richesse de nos cultures et de nos relations, c est justement de nous enrichir de la différence de l autre. Le monde arabe a porté de grandes civilisations et nous pensons que dans l avenir, il sera encore porteur de grandes civilisations. Et ceux qui attentent à la fois à la liberté d expression et en même temps à l histoire et à la culture du monde arabe n ont à mon avis pas d avenir. Alors monsieur le Consul général, nous avons évidemment tous à l esprit les actes terroristes qui ont frappé votre pays, comme ils ont frappé la France. 3

4 Il y a un an jour pour jour, c était le traumatisme de l attentat du Bardo, ce lieu si symbolique de l histoire tunisienne, de sa richesse et de sa diversité culturelle. Nous nous étions alors rassemblés spontanément devant l immeuble de votre représentation nationale, pour exprimer notre solidarité avec la Tunisie ; pour réaffirmer notre unité face à ce fléau qui menace toutes nos démocraties ; et pour redire notre volonté de défendre sans relâche nos idéaux de liberté, de tolérance, de respect de la dignité humaine. Mais il y eut encore l horreur de l attentat de Sousse le 26 juin 2015, celui commis contre la garde présidentielle le 24 novembre, et puis le 7 mars dernier, l attaque par Daesh de la ville de Ben Guerdane, le long des 500 kilomètres de frontières que vous partagez avec la Libye. Chacun de ces événements a évidemment frappé la jeune démocratie tunisienne. Mais aucun ne n a abattue. Les Tunisiens peuvent être fiers de ce qu ils incarnent : un peuple debout et déterminé à défendre ses valeurs de justice, de paix, de dialogue. C est cette détermination, c est cette réussite et le message d espoir qu il délivre au monde qu est venu souligner le Prix Nobel de la Paix attribué le 9 octobre dernier au Quartet pour le dialogue national. C est cette détermination que porte la société civile tunisienne. Monsieur le Consul général, il y a ce que je viens d évoquer. Et puis il y a les liens qui nous unissent. Je sais combien vous vous engagez personnellement pour pouvoir les renforcer, pour faire en sorte que les échanges entre votre pays et la Métropole de Lyon, la région Auvergne Rhône Alpes puissent se renforcer. Se renforcer dans tous les domaines, à la fois sur le plan culturel, mais aussi sur le plan économique. Aujourd hui 14% des échanges existant entre nos deux pays se font avec notre région. Et donc pour nous, les relations avec la Tunisie sont d une importance extrême. Et la présence ici du Président du MEDEF, d entrepreneurs comme Alain Mérieux, montrent la force des relations économiques existant entre votre pays et notre région. A vous tous, je veux redire que notre ville, notre métropole continueront à être à vos côtés pour développer ces partenariats. 4

5 La Tunisie est riche d une jeunesse dynamique et bien formée. Votre pays cherche aujourd hui à développer des secteurs économiques à forte valeur ajoutée. Et il y a évidemment des convergences à trouver avec ce que nous faisons à Lyon dans un certain nombre de filières innovantes, comme le numérique. Karine Daugnin-Sauze, mon Adjointe aux relations internationales, aux affaires européennes, à la coopération décentralisée et à la solidarité internationale, mais aussi chargée de l innovation, travaille d ores et déjà avec vous, Monsieur le Consul général, à la préparation d une rencontre autour du numérique qui permettrait d accélérer ces échanges entre entreprises de Tunisie et celles de notre territoire. La richesse de ces partenariats est aussi bien sûr le fruit de l engagement de la communauté franco-tunisienne de notre métropole, que je veux saluer chaleureusement et que je suis heureux d accueillir ce soir à l Hôtel de Ville. Dans notre département, ce sont quelques ressortissants tunisiens qui s illustrent par leur dynamisme économique, par leur implication dans la vie sociale et culturelle de notre agglomération. Ma conviction profonde est que nous devons continuer à être à leurs côtés pour renforcer les relations qui nous unissent à leur pays et contribuer à la réussite de la Tunisie du 21 e siècle. Nous le devons bien sûr par fidélité à notre passé commun. Mais nous le devons aussi pour l avenir : parce que nos destins, de part et d autre de la Méditerranée, sont profondément liés. Moi qui fus, dans mes jeunes années, professeur de latin et de grec, je sais combien la «mare nostrum» reliait les différentes civilisations, combien le dialogue était riche, combien les échanges commerciaux étaient larges et combien les échanges intellectuels artistiques, culturels étaient profonds. C est comme cela qu il nous faut penser dans les prochaines années le développement de l ensemble du bassin méditerranéen. Et pour cela, Monsieur le consul général nous avons besoin de l engagement de la Tunisie! Je vous remercie. 5