Paléographie des écritures arabes d al-andalus, du Maghreb et de l Afrique subsaharienne

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1 Paléographie des écritures arabes d al-andalus, du Maghreb et de l Afrique subsaharienne Les Rencontres du CJB, n 6 Journée d étude tenue à Rabat le 28 novembre 2013 sous la direction de Mustapha Jaouhari Les Rencontres du Centre Jacques-Berque N 6 Avril 2015 (Rabat Maroc)

2 Sommaire Paléographie des écritures arabes. Présentation Mustapha Jaouhari Le manuscrit X 56 sup. (Kitāb Sībawayh) de la Bibliothèque Ambrosienne et les écritures de l Occident arabe avant la diffusion du maġribī arrondi Umberto Bongianino Une supposée variété d écriture arabe propre à Šarq al-andalus aux XI e et XII e siècles Mustapha Jaouhari Les écritures coraniques en Afrique musulmane Constant Hamès L importance de l écriture dans l analyse codicologique des manuscrits arabes Natalia Viola العلماء النس اخ: محمد بن عامر التادلي المعداني ا نموذجا Des savants copistes : le cas de Muḥammad Ibn Ᾱmir at-tādilī al-ma dānī Mohamed-Saïd Hinchi المخطوطات والوثاءق الا مازيغية المكتوبة بالهرف العربي: ا س اليب الا داء وا نواع الخطوط Manuscrits et documents berbères en caractères arabes : modes de transcription et types d écriture Aomar Afa 2

3 Paléographie des écritures arabes d al-andalus, du Maghreb et de l Afrique subsaharienne Présentation Mustapha Jaouhari Université Bordeaux-Montaigne musjaouhari@gmail.com Discrète dans l Antiquité, l écriture arabe a connu, avec la transcription du Coran en caractères arabes, un élan inattendu. Les aires culturelles où elle a été introduite l ont imprimée, au fil de l histoire, de plusieurs variétés graphiques régionales (ḥijāzī, kūfī, maġribī, sūdānī, biḥārī, etc.) qui, à leur tour, se sont enrichies de plusieurs styles locaux (nasẖī, ta liq, naṣta līq, andalusī, qayrawānī, sūqī, ṣaḥrāwī, etc.). Sans revenir sur le flottement apparent de ces dénominations que l on rencontre dans certains catalogues de bibliothèque et sans parler de l écriture calligraphique et de ses styles qui relèvent d un autre angle d appréciation, les écritures livresques arabes constituent un champ d étude paléographique particulièrement fertile, eu égard à la richesse des styles attestés, à leur variable longévité et à la masse des manuscrits datés conservés. Bien que ces écritures suscitent de plus en plus d intérêt auprès des chercheurs et que les avancées des dernières décennies en paléographie arabe soient notoires, force est de constater que la discipline est toujours à la recherche de ses propres méthodes, de ses propres paradigmes et de ses propres concepts. L expertise scientifique des écritures livresques et documentaires continue de nous donner du fil à retordre. C est dire combien nous font défaut les moyens théoriques, méthodologiques et, dans certains cas, empiriques de décrire et définir avec rigueur les différents types d écriture arabe. Nous sommes, par exemple, peu informés sur les conditions de la naissance de l écriture dite maġribī, vraisemblablement dès le début du IV e /X e siècle. Nous sommes encore mal renseignés sur ses différents styles employés au V e /XI e siècle, à Marrakech, à Fès, à Kairouan ou en Sicile. Nos connaissances des écritures arabes de la péninsule ibérique sont loin d être exhaustives. Nous ignorons pratiquement tout sur la pénétration de l écriture arabe dans les sociétés subsahariennes. Les manuscrits sūdānī datés ne sont pas répertoriés, et les plus anciens d entre eux remonteraient au XVI e siècle. On peut en dire autant des manuscrits arabes datés conservés au Maghreb et ailleurs. Si les deux variétés maġribī et sūdānī partagent nombre de spécificités paléographiques, il n est pas encore clairement démontré que la méridionale descende de la septentrionale. C est dire combien il est urgent de procéder à l établissement des corpus de manuscrits datés pour chaque bibliothèque patrimoniale. Il est aussi urgent d établir une nomenclature des variétés d écriture arabe attestées. Cette étape primordiale demandera beaucoup de temps et nécessitera un consensus face aux multiples objections qui féconderont à coup sûr nos débats. Les travaux ici présentés sont le fruit de la journée d étude qui eut lieu le 28 novembre 2013 au centre Jacques-Berque à Rabat. Elle était le prolongement de la journée de novembre 2012, poursuivant la réflexion sur les écritures des régions occidentales du monde musulman. Pour mieux cerner leurs caractéristiques paléographiques qui n ont cessé d évoluer à travers le temps et l espace, nous avons cru utile d étendre, à cette occasion, le champ de la réflexion aux manuscrits subsahariens et à l écriture dite sūdānī, en raison de la parenté observée entre celle-ci et les écritures du Maghreb. Ce fut aussi l occasion de réunir des chercheurs travaillant sur les écritures des manuscrits de l Afrique du Nord, des contrées subsahariennes et de l Espagne musulmane et de s exprimer sur des questions intimement liées à la thématique de la journée. Travaillant sur la collection Ambrosienne de Milan, Umberto Bongianino a choisi d examiner 3

4 le manuscrit X 56 sup. de cette bibliothèque, qui est une des plus anciennes copies du Livre de Sībawayh. Il constate que cette copie, exécutée vraisemblablement en Ifriqiya dans la première moitié du V e /XI e siècle, présente des traits paléographiques comparables à ceux que l on trouve dans plusieurs manuscrits de fiqh malikite de la même période, non seulement à Kairouan mais aussi en Espagne. Ces textes semblent témoigner d un vaste réseau d influences de styles et de modèles unissant l Ifriqiya au Maghreb extrême avant la diffusion à travers l Occident arabe des écritures arrondies d origine andalouse. A partir de l examen de l écriture de quatre savants originaires de Murcie et de Valence, Mustapha Jaouhari tente de démontrer que les copistes de cette région levantine d al-andalus pratiquaient, aux XI e et XII e siècles plusieurs styles du maġribī, dont un est nettement différent de ce que l on observe habituellement dans les manuscrits copiés, à cette même époque, dans les autres régions de l Espagne musulmane. L écriture des quatre spécimens ici étudiés semble illustrer ce style qualifié justement par certaines sources arabes médiévales d écriture de Šarq al-andalus. Il se révèle hybride, déploie des traits de l écriture maġribī et d autres de l écriture mašriqī et ne semble pas avoir eu une très large diffusion. Constant Hamès examine une belle collection de manuscrits coraniques de provenance africaine, allant du Sahara atlantique à la Mer rouge, et souligne à juste titre que l appellation «écriture sūdānī» ne couvre pas toutes les réalités paléographiques des écritures de ces contrées. Il suggère par conséquent d abandonner cette appellation et propose une typologie d écritures coraniques répartie entre six groupes, d ouest en est : baydānī, fulānī, hausawī, kanemī, ḥabašī et somalī. Il précise que les quatre premiers groupes portent la marque de la tradition scripturale maghrébine, tandis que les deux derniers appartiennent à la tradition orientale dite nasẖī, introduite et diffusée par l empire ottoman. La frontière entre les deux zones se situe à l est du Tchad. Riche de son expérience de catalogage des manuscrits africains à la Bibliothèque nationale de France, Natalia Viola a mis l accent sur l importance de l écriture dans le travail du catalogueur. L écriture révèle souvent des informations précieuses en complément des indices codicologiques. La réalisation des notices descriptives de la nouvelle génération des catalogues des bibliothèques sérieuses exige la précision, voire la nuance dans la description. L écriture, quant à elle, est la signature de la copie, et ses variantes animent la curiosité des chercheurs et les poussent à être toujours attentifs aux détails les plus insolites. De son côté, Mohamed Saïd Hinchi a choisi de traiter d un scribe prolifique au service du sultan alaouite Sidi Muḥammad Ibn Abd Allah. Il s agit de Muḥammad Ibn Ᾱmir al-tādilī dont on conserve un certain nombre de copies à la Bibliothèque royale de Rabat. Mohamed Saïd Hinchi a examiné précisément l écriture de ce scribe et a démontré que son originalité réside dans la diversité des styles qu il pratiquait selon la commande et le commanditaire. Spécialiste, entre autres, du patrimoine amazigh, Omar Afa traite ici des manuscrits berbères transcrits en caractères arabes. Il examine une collection de documents berbères provenant notamment du Sud marocain et apporte un éclairage particulièrement intéressant sur les différentes adaptations du système de notation arabe aux réalités phonétiques berbères. Sur le plan paléographique, il constate la fréquence de deux styles dans les documents berbères du Maroc, à savoir le mabsūṭ et le zimāmī. Il souligne que les deux styles reflètent le milieu intellectuel et le degré de la culture scripturale des lettrés. Enfin, au nom de tous les participants, je renouvelle ici mes remerciements les plus chaleureux aux partenaires de cette journée d étude, le CJB, l IEA, la Fondation Hassan II et la Fondation du roi Abdul-Aziz de Casablanca, pour le soutien et l intérêt qu ils ont accordés à cette manifestation. Ma gratitude va également à Mesdames Loubna Maurady et Safae Benhaoua pour toute l énergie déployée et à Catherine Filippone et Ghizlane Iazza pour leur précieuse aide éditoriale. Le système de transcription de l arabe ici utilisé est le suivant : et h notent les laryngales, et ḥ les pharyngales, ẖ et ġ les vélaires, ṯ et ḏ les interdentales, š la chuintante, ḍ, ṣ, ṭ et ẓ les emphatiques, ā, ī, ū les voyelles longues. 4

5 Le manuscrit X 56 sup. (Kitāb Sībawayh) de la Bibliothèque Ambrosienne et les écritures de l Occident arabe avant la diffusion du maġribī arrondi Umberto Bongianino Khalili Research Centre, University of Oxford Introduction 1 Avec sa collection de plus de deux mille cent manuscrits arabes datés du III e /IX e au XIII e / XIX e siècle, la Bibliothèque Ambrosienne de Milan est l une des bibliothèques italiennes les plus importantes et les plus prometteuses pour les spécialistes de paléographie arabe. Dans ses Ancien et Moyen Fonds, constitués à partir de sa fondation en 1609 jusqu en 1925, les manuscrits copiés dans l Occident musulman sont nombreux, et l étude de leurs caractéristiques graphiques et codicologiques, presque entièrement inédites, pourrait contribuer sérieusement à l avancement de notre compréhension des écritures et de la production de livres dans le Maghreb médiéval 2. Parmi ces manuscrits arabes occidentaux, il en existe un qui nécessite une attention toute particulière en raison de son ancienneté et de son importance à la fois historique et paléographique. Il s agit du ms. X 56 sup., contenant les parties neuvième et dixième du célèbre traité grammatical de Abū Bišr Amr b. Uṯmān b. Qunbar al-baṣrī dit Sībawayh (mort vers 180/ ), connu sous le simple titre de Kitāb Sībawayh fī l-naḥw (Le Livre de grammaire de Sībawayh) 3. Il est aujourd hui catalogué dans le Moyen Fonds de la Bibliothèque, ayant été légué à l Ambrosienne par le Milanais Eugenio Griffini ( ), bibliothécaire du roi Fu ād 1 er d Égypte, qui l avait probablement acheté au Caire 4. On sait d après un ex-libris porté sur sa première page [fig. 1] que le livre se trouvait en Égypte en 1187/ , dans la bibliothèque d un certain Ibrāhīm 5. Le manuscrit en question se compose de 115 folios de parchemin mesurant 29 x 19 centimètres. Du point de vue codicologique, l excellente restauration effectuée en 1959 à Grottaferrata permet de distinguer aisément la partition du livre en cahiers de dix feuillets chacun (quinions), assemblés de manière contraire à la règle de Gregory 6. Des deux parties qui constituent le manuscrit, seule la première (c est-à-dire le neuvième juzʾ ou fascicule) est complète, comptant 60 folios (six quinions, quoique le sixième ait été relié dans le désordre) 7. En tout, les deux fascicules comprennent les chapitres 327 à 435 de l ouvrage, soit environ un sixième du Kitāb : on peut donc supposer que la copie entière était originairement divisée en douze parties et comportait six 1 Je voudrais exprimer ici ma gratitude à Mustapha Jaouhari (Université Bordeaux III), à mon superviseur Jeremy Johns (University of Oxford) et à Tim Stanley (Londres, Victoria and Albert Museum) pour le temps qu ils m ont dédié et pour leurs suggestions. Je tiens aussi à remercier mon amie Florence Marcotte (Paris, Institut de physique du globe) qui a aimablement accepté de corriger le texte de cet article. 2 Les quatre volumes du catalogue général raisonné des manuscrits arabes de la Bibliothèque ont été publiés entre 1975 et 2011 par Oscar Löfgren et Renato Traini. Le Nouveau Fonds est entièrement constitué des 1600 manuscrits yéménites provenant de la collection Caprotti, donnée à la Bibliothèque en Pour une histoire des manuscrits arabes de l Ambrosienne, voir Witkam, Löfgen et Traini, 1975, n CCLIII, p Le manuscrit est mentionné par Endress, 1982, p Deux pages ont été publiés par Al-Munajjid, 1960, pl Legs Griffini, n 19. Voir aussi Codazzi, 1926, p «Malaka-hu bi-miṣr Ibrāhīm b. [?] sana sab wathamānīna wa-mi a wa-alf min al-hijra al-nabawiya [...]». Un second ex-libris, écrit par une main maghrébine mais presque totalement effacé, semble être daté de 1191/ Autrement dit, côté poil et côté chair s alternent, sauf au centre et à la fin des cahiers, selon le modèle suivant : p/c-p/c-p/c-p/c-p/c c/p-c/p-c/p-c/p-c/p - p/c-p/c-p/cp/c-p/c c/p-c/p-c/p-c/p-c/p. 7 Humbert, 1995, p La seconde partie se compose aussi de six quinions, dont le sixième a perdu cinq folios. 5

6 Figure 1 Bibliothèque Ambrosienne X 56 sup., fol. 1r Page de titre portant en haut deux ex-libris datés respectivement de 1137/ et 1191/ , à gauche le tampon personnel d Eugenio Griffini, et en bas une note de ḥabūs, complètement effacée. volumes, dont un seulement nous est parvenu 8. La reliure en cuir, en revanche, est moderne. Comme le Kitāb de l Ambrosienne ne présente pas de colophons originaux, on ne connaît ni le nom du copiste, ni le lieu, ni la date de cette copie. Dans leur brève entrée de catalogue, Oscar Löfgren et Renato Traini soulignent l aspect «semi-maġribī» de l écriture du manuscrit [fig. 2], qu ils estiment dater d environ 1100 après Jésus-Christ. En 8 Ibid., p. 171, n 20. revanche, ils définissent comme typically maġribī la graphie des annotations portées sur le texte par un restaurateur et correcteur médiéval, ainsi que celle de deux feuillets en parchemin (ff. 61 et 115) ajoutés par lui au début et à la fin du dixième juzʾ [fig. 3]. Dans sa magistrale étude dédiée aux voies de la transmission du Kitāb de Sībawayh, Geneviève Humbert qualifie la copie de Milan de «témoin fossile» d une recension autrement inconnue et la considère comme l un des manuscrits les plus 6

7 Figure 2 Bibliothèque Ambrosienne X 56 sup., fol. 11r Page en plein texte, avec un retour à la ligne au centre (onzième ligne). anciens de cet ouvrage 9. En se fondant sur des indications informelles fournies par François Déroche, qui reconnaît une écriture «très proche de celle qu on trouve dans des manuscrits copiés à Kairouan au cours de la première moitié (voire du premier quart) du V e /XI e siècle 10», elle attribue le Kitāb de l Ambrosienne à la main d un copiste 9 Humbert, 1993 ; Humbert, 1995, p , , pl. I. 10 Ibid., p actif en Ifriqiya à la même période. Malheureusement, Humbert ne donne pas de références précises aux manuscrits kairouanais que Déroche indiquerait comme comparables au Kitāb de Milan. En outre, elle étaye son attribution par le fait que l usage exclusif de parchemin «était rare à cette époque pour les livres profanes, sauf justement en Ifriqiya», et ce bien qu il n existe pas de «livres profanes» provenant de Kairouan suffisamment anciens pour pouvoir confirmer ou réfuter cette assertion, mais seulement des corans et des 7

8 Figure 3 Bibliothèque Ambrosienne X 56 sup., fol. 61v. Feuillet de parchemin écrit et ajouté au début du dixième juz par un restaurateur maghrébin, probablement en 514/ textes de jurisprudence malikite 11. Comme nous le verrons, beaucoup de manuscrits appartenant à cette dernière catégorie présentent une mise en page très similaire à celle du Kitāb de l Ambrosienne, mais leurs écritures manifestent des traits plutôt hétérogènes. Certes, tous ces textes sont sur parchemin ; cependant, les copistes maghrébins et andalous ont utilisé le même matériau pour leurs recueils de tafsīr, ḥadīth et fiqh jusqu au VII e /XIII e siècle et au-delà. La peau de mouton, 11 Pour les Corans, voir De Carthage à Kairouan, 1982, p Pour les manuscrits de fiqh kairouanais (avec un bref aperçu paléographique), voir Stanley, 1999 ; Déroche, 2004, p Quelques images de manuscrits similaires ont été publiées par Abd al-wahhab, 1955 ; Chabbouh, 1956 ; Al-Nayyāl, 1963 ; Murányi, 1985a, p. 8-9 et planches. chèvre ou vache apprêtée est longtemps restée en vogue dans le Maghreb entier comme support de l écriture parallèlement au papier ; et bien que ce dernier ait toujours été privilégié pour les ouvrages de grammaire, d astronomie et de médecine, les manuscrits profanes andalous écrits sur parchemin ne manquent pas 12. A cet égard, G. Humbert mentionne une autre copie du Kitāb Sībawayh, rédigée vraisemblablement à Séville en 562/ , avec ses cahiers mixtes de parchemin et papier 13. L objet de cet article n est pas de contester la datation ni l attribution du codex de l Ambrosienne proposées par Löfgren, Traini et Humbert, qui restent probables mais pas définitives en l absence de preuves matérielles datées et localisées qui soient directement comparables. En revanche, j entends démontrer que la tradition manuscrite dont cette copie est à la fois le témoin et le produit ne peut être envisagée simplement comme un phénomène circonscrit à une seule région pour une période donnée, mais plutôt comme l expression d un vaste réseau d influences et de modèles partagés, qui unissait l Ifriqiya à l Espagne musulmane, en passant pour le Maroc, aux IV e /X e et V e / XI e siècles. Par la même occasion, j essayerai de réviser quelques catégories paléographiques courantes qui semblent poser problème, soit à cause de leur usage impropre, soit en raison de leurs défauts intrinsèques. Au premier groupe appartiennent les expressions «écriture semi-maghrébine» et «proto-maghrébine» ; au second, la notion d un «style kairouanais» homogène et distinctif, ainsi que la théorie de l origine ifriqiyenne des graphies maghrébines arrondies bien connues Voir, par exemple, un Almageste sur parchemin conservé à la Qarawiyyīn de Fès, datable de la fin du V e /XI e ou du début du VI e /XII e siècle (n 654). Huit folios de ce manuscrit sont conservés dans la Collection Khalili (mss. 375). Cf. Savage-Smith, 2006, p Il s agit du ms. arabe 6499 de la Bibliothèque nationale de France. Cf. Humbert, 1995, p J emploierai dans le présent travail l adjectif «arrondi» (mudawwar ou muqawwar en arabe) non pas comme antonyme générique de «anguleux» (terme conventionnellement utilisé pour décrire des graphies qui ne sont en réalité que partiellement anguleuses, telles que le coufique et le «nouveau style» coraniques, ou la plupart des écritures livresques abbasides), mais comme un attribut spécifique aux écritures 8

9 Mise en page du ms. X 56 sup. de l Ambrosienne Avant de nous concentrer sur les aspects paléographiques du manuscrit de l Ambrosienne, il convient de s arrêter un instant sur quatre caractéristiques générales de sa mise en pages, déjà relevées par Humbert, qui méritent un approfondissement. Presque tous les chapitres (bāb) du neuvième juz sont numérotés en abjad, c est-à-dire avec des lettres de l alphabet arabe correspondant à une valeur numérique croissante, placées en marge des titres, à gauche ou à droite. Contrairement à ce qu affirme Humbert, la main ayant apposé ces lettres n est pas celle du copiste d origine : l écriture est grossière et de type plutôt oriental, et l encre utilisée n est pas brune comme celle du texte principal, mais noire. L emploi de la lettre sīn au lieu du ṣad pour le nombre 60 dénote aussi un abjad suivant l usage oriental 15. Une annotation dans la marge droite du f. 37v, écrite dans le même style et avec la même encre que les chiffres en abjad [fig. 4], indique que «la lecture a été achevée en l an 714», c est-à-dire en l an après J.C. 16. Ceci correspondrait sans doute à la date à laquelle la numérotation des chapitres a été ajoutée, probablement par un lecteur des temps des mamelouks et non, comme le suggère Humbert, à la collation du restaurateur et correcteur maghrébin qui a profusément annoté le manuscrit. En réalité, on peut dater cette dernière opération du VI e /XII e siècle, en raison non seulement de l écriture employée dans les notes (et dans les deux maghrébines développées dès la fin du III e /IX e siècle, et donc également en contraste avec le ductus des graphies nasẖī «modernes» utilisées en Orient depuis le V e /XI e siècle. En fait, la rondeur très accentuée de certaines lettres n est pas seulement le trait dominant du maġribī, mais aussi une caractéristique soulignée par les sources arabes elles-mêmes, à partir du traité géographique d al-muqaddasī (écrit vers l an 375/985, voir Al-Muqaddasī, 1950, p ). Cette rondeur toute maghrébine est autant propre aux écritures livresques «cursives» (c est-à-dire courantes ou «chirodictiques») qu aux styles coraniques calligraphiques développés postérieurement, que l on peut aussi définir comme maniérés ou «composés». 15 Gacek, 2012, s. v. «Arabic alpha-numerical notation», p Balaġat al-qirā a fī sanat 714. feuillets ajoutés), mais aussi grâce à un colophon situé à la fin du premier juz [fig. 5] attestant que «la collation a été menée à terme grâce à Dieu et à Son assistance avec un modèle sûr [...] à la fin du mois de rajab l isolé de l année 514 [octobre 1120] et suivie d une lecture devant le faqīh [...] en l année 517 [ ] 17». Figure 4 Bibliothèque Ambrosienne X 56 sup., fol. 37v. Note de lecture en encre noire, à côté du titre du 21 e chapitre du neuvième juzʾ (indiqué en abjad par les lettres yāʾ + alif). Noter la différence entre le style et l encre de cette annotation, datée de 714/ , et ceux de la glose verticale en écriture maghrébine arrondie, apposée deux cents ans auparavant. Chaque page contient un nombre inégal de lignes, le plus souvent 19, 20 ou 21, et parfois jusqu à 24 ; en outre, ce nombre peut différer au recto et au verso d un même feuillet. Ceci signifie que le copiste «ne réglait pas ses pages à l avance et n utilisait pas de misṭara ou de matériel analogue 18». Cependant, pour délimiter la zone de texte, il a tracé les marges de droite et gauche de chaque page avec des lignes verticales, ensuite effacées. Les traces de cette opération sont encore visibles de façon sporadique (par exemple, au f. 46r) et rapprochent le Kitāb de l Ambrosienne de plusieurs manuscrits arabes occidentaux non réglés et aux lignes variables, datés des X e -XII e siècles. Il ne s agit pas seulement d œuvres 17 En déchiffrant la première date, Humbert change le 5 en 7 pour la faire coïncider avec l an 714 : Humbert, 1995, p Ibid., p

10 de fiqh malikite provenant de Kairouan 19, mais aussi d autres textes religieux ou non copiés au Maroc ou en Espagne 20. En résumé, l omission des lignes guides horizontales dans la préparation des pages est une caractéristique commune à tout le Maghreb pour la période considérée 21. Figure 5 Bibliothèque Ambrosienne X 56 sup., fol. 60r. Colophon de collation de la main du correcteur et restaurateur du manuscrit, avec les dates 514/1120 (troisième ligne) et 517/ (dernière ligne). Les pages du manuscrit sans titres de bāb comportent une ligne blanche en leur milieu ou 19 Par exemple, deux fascicules d une Muẖtaliṭa de Saḥnūn dans la Collection Khalili, copiés en 406/1015 par Ḥāriṯ b. Marwān (mss 303, voir Stanley, 1999, et ici, fig. 7), et autres manuscrits copiés par le même scribe, vendus aux enchères (Sotheby s, 2010, lot 15) ou conservés dans le Musée national d art islamique de Raqqāda avec le reste des livres provenant de la grande mosquée de Kairouan (Chabbouh, 1956, p ; Schacht, 1962b, p , ). 20 On peut mentionner ici huit feuillets d un traité d astrologie vendus aux enchères à Londres en 2000 (datés de 353/964, voir Christies, 2000, lot 40) ; de nombreux manuscrits juridiques conservés à la Bibliothèque Qarawiyyīn de Fès, par exemple un Kitāb Nawāḏir wa-al-ziyadāt daté de 472/1078 (n 793 XIV, cf. Jaouhari, 2013, p. 20 type A), sur lequel voir ici, infra ; et un Kitāb al-alfāẓ (traité de lexicographie) copié à Valence en 511/1117, aussi à la Qarawiyyīn (ms. 1241, cf. Jaouhari, ibid., p. 23 type C). 21 Déroche, 2005, p un retour à la ligne en position centrale qui ne correspond à aucune nécessité logique [fig. 2]. Humbert suggère que ces vides pourraient marquer la fin de chaque page dans le modèle 22. Toutefois, cette particularité avait déjà été remarquée par Joseph Schacht en 1962 dans son article sur la bibliothèque de la grande mosquée de Kairouan, à propos de nombreux manuscrits de droit malikite qui y ont été conservés et copiés aux alentours de 400 après l Hégire (1010 après J.C.) 23. Il semblerait donc qu il s agisse plutôt d un choix esthétique, peut-être destiné à rendre moins denses et plus aisément lisibles les pages en plein texte. En outre, on retrouve cette même caractéristique dans d autres manuscrits de fiqh plus tardifs et d origine maghrébine ou ibérique, comme le ms. Ar 4835 de la Chester Beatty Library de Dublin, un recueil de fragments provenant d une Mudawwana de Saḥnūn copiée en 506/1113 dans une écriture arrondie étrangère au contexte kairouanais d alors [fig. 6] 24. Quelques mots particulièrement longs sont coupés en fin de ligne, contrairement aux canons orthographiques déjà établis à l'époque de la copie du manuscrit. Humbert interprète cette particularité comme étant un élément archaïque qu on retrouve dans d autres copies anciennes du Kitāb, non localisées mais datées des IV e /X e et V e / XI e siècles 25. Il serait intéressant de vérifier la présence (ou l absence) de césures similaires dans les manuscrits kairouanais, maghrébins et andalous de cette époque. Le même discours vaut pour le signe de ponctuation employé dans notre codex, c està-dire le cercle (dāra) avec un point au milieu, et, du point de vue codicologique, pour la fréquence de l emploi des quinions. En effet, comme les deux aspects précédents semblent l indiquer, on est ici confronté au produit d une tradition manuscrite qui transcende le milieu ifriqiyen et qui pourrait aussi inclure parmi ses particularités certaines pratiques orthographiques et de reliure des cahiers communes à tout l Occident arabe médiéval. La 22 Humbert, 1995, p. 171 et Schacht, 1962b, p Je voudrais remercier Wesley Thiessen (Université de Qayrawān) pour m avoir signalé ce manuscrit. 25 Humbert, 1995, p

11 Figure 6 Bibliothèque Chester Beatty (Dublin) Ar 4835, fol. 71v-72r. La Mudawwana de Saḥnūn, sur parchemin daté de 506/1113, écriture andalouse. Noter les lignes délimitant les marges et le typique retour à la ligne vers le milieu de la pénultième page. The Trustees of the Chester Beatty Library, Dublin. pleine étendue de cette tradition devient évidente après une analyse paléographique des écritures employées dans notre manuscrit. Ḫaṭṭ maġribī et Ḫaṭṭ ifrīqī À ce jour, aucune preuve ne permet d affirmer que l écriture maghrébine arrondie n ait jamais été utilisée à Kairouan ou en Ifriqiya avant la période hafside. La célèbre et tout compte fait fiable version d Ibn Ḫaldūn affirme que cette graphie a été introduite dans la région par les réfugiés musulmans d al-andalus qui fuyaient la reconquête chrétienne des terres ibériques au VII e /XIII e siècle, en effaçant les traces d un ẖaṭṭ ifrīqī typique «de Qayrawān et Mahdiya» dont les textes de fiqh malikite légués en ḥabūs à la grande mosquée de Kairouan entre le III e /IX e et V e /XI e siècles constituent le meilleur exemple 26. En outre, l important inventaire des manuscrits coraniques et juridiques conservés dans cette mosquée, dressé en 693/1294, ne mentionne aucun texte écrit dans une graphie maghrébine, andalouse ou occidentale, et il est lui-même copié en caractères nasẖī orientaux 27. Enfin, les notes de ḥabūs présentes dans le «Coran de la nourrice» et certains autres manuscrits provenant de la cour ziride ont toutes été calligraphiées dans un style de chancellerie très proche de celui des fatimides du Caire 28. La théorie d Octave Houdas, selon laquelle les éléments typiques de l écriture maghrébine arrondie se sont développés à Kairouan avant de se répandre et de triompher au Maghreb et en Espagne musulmane au IV e /X e siècle, n est confirmée par aucune preuve matérielle 29. Au contraire, 27 Chabbouh, 1956 p. 344 ; Déroche, 2010, passim. 28 Roy et Poinssot, , I, p , fig Ibn Ḫaldūn, 1968, II, p Houdas, 1886, passim ; Déroche, 1994, p

12 les manuscrits les plus anciens écrits dans une forme mûre et complète de cette graphie semblent tous provenir de l Espagne omeyyade 30. Au cours de la période qui nous intéresse, le Maroc représente une zone d ombre en ce qui concerne la production manuscrite, dont le premier témoin en maġribī arrondi date du 502/1108 : il s agit d un Kitāb al-muwaṭṭaʾ (œuvre de l imam Mālik) copié à Marrakech par le fils du roi abbadide de Séville, un exemple très éloquent de l influence culturelle andalouse sur l Afrique almoravide 31. Située bien plus à l est, Kairouan n a pas été directement touchée par cette influence. Cependant, elle est restée un centre culturel vif et en rapport constant avec les autres régions et institutions malikites de l Occident musulman, au moins jusqu à la déprédation hilalienne du 449/1057, une date qui coïncide, selon Miklós Murányi, avec la fin d un enseignement religieux dispensé à travers la copie et la donation de textes juridiques à la grande mosquée de la ville 32. En fait, il n existe aucune trace de manuscrits datés ou datables des VI e /XII e et VII e /XIII e siècles ni dans les fonds kairouanais eux-mêmes, ni dans l inventaire du 693/1294, qui semble décrire une collection de livres déjà ancienne Pour une liste préliminaire des manuscrits les plus anciens en écriture maghrébine, voir Déroche, 1999, p On peut y ajouter le fragment bilingue mozarabe de l Épitre aux Galates (Bibliotheca Apostolica Vaticana, Vat. Lat ) étudié par Arianna d Ottone et datable du début du IV e /X e siècle (d Ottone 2013) ; une copie partielle en parchemin du Tafsīr d al-ṭabarī conservée dans la Bibliothèque Qarawiyyīn de Fès (n o 791), daté de 391/1001 ; et un fragment du traité de lexicologie Muẖtaṣar al- ayn, œuvre du célèbre grammairien cordouan al-zubaydī, provenant de la bibliothèque du monastère du Sacromonte à Grenade (ms. arabe 2), daté de 399/1008, en papier. 31 Bibliothèque Qarawiyyīn de Fès, n o 605. Cf. Benjelloun- Laroui, 1990, p. 24 ; Jaouhari, 2013, p Murányi 1997, passim, en particulier p. 270 : «Ein Hörerzertifikat von Muḥarram 455/Januar 1063 auf dem Endblatt eines Fragmentes aus dem Tafsīr al-muwaṭṭā [...] ist das einzige Dokument, das auf eine gewisse Lehrtätigkeit nach der Hilāl-Invasion schließen läßt.» 33 Déroche, 2010, p Il se pourrait que des documents et manuscrits ifriqiyens de cette époque soient conservés à la Bibliothèque nationale de Tunisie, Lors du IV e /X e siècle et la première moitié du V e /XI e, les fuqahāʾ d al-andalus se tenaient constamment au courant des pratiques juridiques et des nouveaux commentaires aux textes fondamentaux élaborés à Kairouan, et plusieurs juristes kairouanais enseignaient dans les mosquées et madrasas ibériques 34. De plus, de nombreux étudiants andalous visitaient Kairouan pour entrer en contact avec les fuqahāʾ de la ville et obtenir leurs ouvrages ou collationner devant eux leurs propres manuscrits. Un important témoignage de cette mobilité nous vient de deux fascicules de la Mudawwana conservés dans le fonds kairouanais, exhibant un certificat d audition daté de 413/ et rédigé dans la grande mosquée de Tolède 35. Dans ce cadre, il n est pas surprenant que la production manuscrite de Kairouan, encore que fidèle aux canons graphiques traditionnels de l écriture livresque abbaside et d un ẖaṭṭ ifrīqī qui, comme nous en informe Ibn Ḫaldūn, était plutôt similaire aux graphies orientales, pourrait avoir été partiellement influencée par l écriture maghrébine arrondie alors courante dans l Espagne musulmane 36. Par conséquent, le caractère «semi-maghrébin» des lettres observables sur quelques-uns des manuscrits kairouanais copiés entre 380/990 et 449/1057 ne peut être considéré comme une «étape» dans le développement de l écriture maghrébine arrondie (ainsi que le croyait Houdas à propos de certains exemplaires achetés par lui en Tunisie et donnés à la Bibliothèque des langues orientales de Paris), mais plutôt comme une preuve que les scribes ifriqiyens connaissaient bien le style utilisé par leurs collègues plus à l ouest et en empruntaient certains éléments pour embellir leur écriture 37. abritant l ancien fonds de la mosquée Zaytūna de Tunis, mais aucune étude sur les exemplaires les plus anciens de cette collection n est encore disponible. 34 Marin, 1985, p Murányi, 1997, p Ibn Ḫaldūn, 1968, II, p Houdas, 1886, p , fig. 2. Selon François Déroche, «La tradition maghrébine pourrait bien être le reflet d une évolution au cours de laquelle l écriture livresque abbaside aurait représenté un courant parallèle et concurrent du maġribī, non pas un précurseur.» (Déroche, 1999, p. 243.) 12

13 Figure 7 Collection Khalili, ms. 303 (d après Stanley, 1999) La Muẖtaliṭa de Saḥnūn, copiée à Kairouan, sur parchemin en 406/1015 par Ḥāriṯ b. Marwān, pour son fils Ismaʿīl. Noter les lignes qui délimitent les marges et le typique retour à la ligne vers le milieu de la page. Traits paléographiques du ms. X 56 sup. de l Ambrosienne En supposant que le Kitāb Sībawayh de l Ambrosienne ait été copié en Ifriqiya au V e / XI e siècle, on peut y voir l œuvre d un scribe très compétent, enrichissant la tradition manuscrite locale grâce à plusieurs influences extérieures. Il suffit de comparer la graphie austère et anguleuse d al-ḥāriṯ b. Marwān [fig. 7], un copiste actif à Qayrawān entre 406/1015 et 408/1018, avec celle de notre copie, pour noter une différence tranchante en termes d élégance et de cursivité du ductus Pour les manuscrits d al-ḥāriṯ b. Marwān, voir supra, note

14 Contrairement aux manuscrits d al-ḥāriṯ et à d autres textes similaires, l écriture du Kitāb est plutôt déliée, les diacritiques ne manquent jamais (fāʾ et qāf sont ponctués en suivant l usage occidental), et les mots sont souvent vocalisés, comme on l attendrait d un ouvrage de grammaire. La configuration des lettres conserve les traits anguleux typiques des écritures livresques abbasides seulement dans le kāf initial et médian, dans le jīm, ḥāʾ et khāʾ finales et isolées et sporadiquement dans les emphatiques ṣad, ḍad, ṭāʾ, et ẓāʾ, qui sont parfois tracées avec un corps rectangulaire et allongé, mais plus souvent en forme de boucle comme dans la graphie maghrébine arrondie [fig. 8]. Figure 8 Exemples de lettres emphatiques anguleuses et arrondies employées indifféremment dans le Kitāb Sībawayh de l Ambrosienne : ṣad, ḍad et ṭā médians. on peut sûrement identifier des écritures similaires bien que moins harmonieuses dans quelques textes juridiques légués à la grande mosquée de Kairouan : par exemple un fragment du Kitāb al-ḥajj de ʿAbd al-ʿazīz al-mājišūn (n 1628) copié vers la fin du IV e /X e siècle, dont le trait graphique le plus frappant est le ʿayn initial extrêmement ample, un emprunt indubitable au style andalou [fig. 10] 40. Un autre manuscrit écrit dans un style influencé par l écriture maghrébine est l Or C de la British Library, un fragment de Mudawwana daté de 381/991 que Murányi identifie comme kairouanais [fig. 11] : il suffit de noter ses qāf et kāf finaux, mais aussi quelques dāl et ḏāl isolés, avec leur hampe concave qui les rend similaires au kāf (dāl kāfiyya) 41. Figure 9 Tableau paléographique des lettres isolées dans le Kitāb Sībawayh de l Ambrosienne Une connaissance des graphies maġribī se devine également à la façon dont notre copiste écrit le nūn final et isolé, avec une courbe accentuée qui se prolonge au-dessous des lettres suivantes, et surtout le kāf final et isolé, avec sa hampe verticale courbée [fig. 9]. Dans son ensemble, cette écriture semble donc mélanger des éléments typiques du style archaïque des ouvrages de fiqh kairouanais les plus anciens avec d autres éléments appartenant au nasẖī des papyri et des rares manuscrits profanes qui nous parviennent de l Égypte du IV e /X e et du V e /XI e siècle et naturellement avec le maġribī arrondi 39. En suivant la suggestion de Déroche, 39 D intéressants fragments de parchemin provenant d un manuscrit d anecdotes et de plaisanteries, probablement d origine égyptienne et datable au IV e /X e ou V e / XI e siècle, fut écrit dans un style nasẖī ancien proche de celui de notre Kitāb Sībawayh. Il est conservé au Musée universitaire de Philadelphia (Inv. E ). Voir Levi Della Vida, 1981, p , n Murányi, 1985a, p. 8-9 et planches. 41 Murányi, 2003, p

15 Figure 10 Fonds Raqqāda, ms (d après Murányi, 1985a) Incipit du Kitāb al-ḥajj de Abd al- Azīz al-mājišūn, ante 389/999. Noter le typique retour à la ligne vers le milieu de la page. 15

16 Figure 11 British Library, ms. Or C, fol. 7r Feuillet de Kitāb al-nikāḥ de la Mudawwana, daté 381/991. The British Library Board Pour décrire ces graphies à l apparence hybride, et compte tenu aussi de leur contexte géographique, on peut éventuellement proposer l adjectif «semi-maghrébines», alors qu il serait erroné d utiliser l expression «proto-maghrébines» : en effet, leur hétérogénéité ne semble pas avoir préludé à aucune innovation stylistique, et encore moins à une écriture qui était déjà 16

17 pleinement développée en al-andalus 42. De surcroît, ces graphies restent une exception à la règle, qui voulait qu on écrive dans les cercles d études juridiques kairouanais d une façon généralement conservatrice, en calquant plus ou moins fidèlement les styles archaïques des manuscrits malikites les plus anciens et vénérés de la grande mosquée de la ville, en même temps que «l Espagne musulmane s engageait dans une voie nouvelle 43». En effet, il se pourrait que le Kitāb Sībawayh de l Ambrosienne, en raison de son sujet notamment, ne provienne pas de ces cercles d études religieuses, mais plutôt d un milieu intellectuel proche de la cour ziride de Ṣabra-Manṣūriya, suffisamment prospère pour commissionner la copie d un ouvrage de grammaire en six volumes de cette qualité. La page de titre du ms. X 56 sup. de l Ambrosienne L incipit de notre manuscrit [fig. 1] présente un titre calligraphié dans des caractères gras et anguleux, dérivés des «nouveaux styles» coraniques employés à partir du IV e /X e siècle dans le monde islamique tout entier, y compris l Ifriqiya 44. L écriture imposante, les tiges des lettres particulièrement allongées et l absence d ornementation sont des éléments typiques que l on retrouve dans les pages de titre des manuscrits juridiques kairouanais ; cependant, ils semblent atteindre ici un plus haut niveau de sophistication, comportant une accentuation de la sinuosité des tiges, des empattements et des variations dans l épaisseur du trait particulièrement élégants et, en général, une harmonie plus évidente dans le ductus et les proportions [fig. 12]. La dédicace du livre à son possesseur Abū al-ḥasan Aḥmad b. Naṣr (non identifié), introduite par la préposition lī- et écrite dans le même style que le titre, montre aussi sa parenté avec l usage des copistes kairouanais qui s occupaient de fiqh, comme al-ḥāriṯ b. Marwān 45. En fait, ils composaient souvent la première page avec deux lignes de texte parallèles (une pour le titre, l autre pour la dédicace) écrites dans un style monumental, mais séparées par une ou plusieurs lignes en écriture plus petite contenant la riwāya du texte en question. Un fascicule en parchemin d une Mudawwana conservé dans la Collection Schøyen (Ms. 5319) offre un excellent exemple de cette pratique et montre aussi une graphie très similaire à celle du Kitāb de l Ambrosienne [fig. 13]. Figure 12 Titre et dédicace du Kitāb Sībawayh de l Ambrosienne 42 En revanche, on peut sans doute parler de «protomaġribī» à propos de la deuxième partie du ms. n 1968 de la Bibliothèque Qarawiyyīn de Fès, un Kitāb al-siyar d Al-Fazārī daté de 270/883 et attribué par Murányi au cercle d études juridiques cordouan (Murányi, 1985b ; Déroche, 1994, p ) ; et aussi à propos du fragment bilingue mozarabe datable du début du IV e /X e siècle, mentionné supra à la note 30 (d Ottone, 2013). 43 Déroche, 1994, p. 80. Parmi les manuscrits de fiqh les plus anciens dans le fonds kairouanais, il y en a six copiés avant l an 300/911 : voir Déroche, , p , nos 18, 19, 25, 25, 30, De Carthage à Kairouan 1982, p Humbert identifie le possesseur comme étant Aḥmad b. Naṣr le Grammairien, connu sous l appellation de al-muqawwim, titulaire d une notice dans la Buġya d al- Suyūṭī, autrement inconnu (Humbert, 1995, p. 185). 17

18 Figure 13 Collection Schøyen, ms (d après Fascicule d une Mudawwana (Kitāb al-mukātib), page du titre avec dédicace Une autre Mudawwana en plusieurs volumes a été léguée à la grande mosquée de Kairouan par l émir ziride al-muʿizz b. Bādīs en 424/1033, étant précédemment en sa possession 46. Sur les pages de titre de chaque fascicule 46 Abd al-wahhāb 1955, p. 85 ; Al-Nayyāl, 1963, p. 14, n o 6. le copiste peut-être un savant du palais ou un employé de la «Ḫizāna amīriyya» comme le suggère ʿAbd al-wahhāb a écrit la riwāya de l ouvrage dans une calligraphie profondément influencée par les courbes et ligatures sinueuses de l écriture maghrébine arrondie, qu il considérait évidemment comme un modèle de bon impact visuel [fig. 14]. 18

19 Figure 14 Fascicule d une Mudawwana (Kitāb al-zakāt alawwal), léguée à la grande mosquée de Kairouan par al-mu c izz b. Bādīs en 424/1033 (d après Abd al-wahhāb, 1955) Le Muẖtaṣar d Al-Ḥakam II Bien qu il soit tentant de supputer, sur la base de ces données, l existence d un «style ifriqiyen» aux traits hétérogènes mais comparables, et surtout géographiquement circonscrit, on ne peut simplement étiqueter comme «kairouanais» tous les manuscrits de fiqh malikite copiés dans des écritures qui ne soient pas proprement andalouses, particulièrement ceux sans provenance fiable (comme le ms. de la Collection Schøyen), ou ceux qui apparaissent de temps en temps sur le marché des antiquités 47. Pour nous rendre compte de la grande complexité de la situation, il suffit de mentionner ici le célèbre Muẖtaṣar d Abū Musʿab Muḥammad al-zahrī, copié en 359/970 pour le calife de Cordoue, 47 Voir par exemple Sotheby s, 1993, lot 160 ; Sotheby s, 2001, lot 25 ; Bonham s, 2002, lot 9 ; Sotheby s, 2010, lot 14 (précédemment dans la Collection Khalili). Al-Ḥakam II, le seul texte qui nous soit parvenu de son immense collection de livres, aujourd hui conservé dans la Bibliothèque Qarawiyyīn de Fès (n 874) 48. Ce manuscrit, copié dans une variante très soignée d écriture livresque abbaside, semble attester que les graphies anguleuses «archaïques» typiques des textes kairouanais contemporains étaient employées aussi en Espagne, à côté du maġribī arrondi, au moins jusqu à la seconde moitié du IV e /X e siècle. En outre, si l on examine sa première page (jusqu ici inédite), on retrouve un titre calligraphié dans une écriture épaisse et sinueuse qu on pourrait tout à fait attribuer au contexte ifriqiyen d alors [fig. 15]. Est-il donc possible que le copiste du Muẖtaṣar, ce Ḥusayn b. Yūsuf qui dans le colophon se définit «serf (ʿabd) de l Imām al-ḥakam», ait été un lettré kairouanais qui vivait à la cour omeyyade de Madīnat al-zahrāʾ? Ou bien le manuscrit en question serait-il plutôt un très rare témoin d un réseau culturel qui réunissait tout l Occident musulman à travers la circulation de textes de fiqh malikite partageant les mêmes canons graphiques et esthétiques? On sait que le calife al-ḥakam avait, dans sa bibliothèque, plusieurs scribes venant d en dehors d al-andalus et qu il envoyait ses agents aux quatre coins du monde connu pour acheter les livres les plus rares et les plus précieux 49. Il est donc possible qu il ait commissionné la copie d un ouvrage juridique si important «l exposé systématique le plus ancien de la doctrine malikite 50» à un faqīh kairouanais, mais aussi qu il se soit contenté d un livre écrit dans un «style kairouanais», bien que sur papier andalou. 48 Lévi-Provençal, 1934 ; Schacht, 1962a, p ; Van Koningsveld, 1977, p Ribera y Tarragó 1928, p Schacht, 1962a, p

20 Figure 15a-b Bibliothèque Qarawiyyīn, n o 874 Page du titre du Muẖtaṣar de Abū Mus ab, daté 359/970 20

21 Le Kitāb al-nawādir de la Qarawiyyīn Un autre trésor de la Bibliothèque Qarawiyyīn paraît attester de la circulation et, peut-être, de la production de manuscrits juridiques encore fidèles aux écritures kairouanaises dans le Maroc pré-almoravide. Il s agit d une ancienne copie du Kitāb al-nawādir wa-al-ziyādāt (n 793, XIV), une compilation augmentée de la Mudawwana de Ibn Abī Zayd al-qayrawānī, mort en 386/996. Le texte est divisé en plusieurs fascicules, rédigés à différentes époques 51. Les plus anciens sont datables de la fin du IV e /X e et du début du V e /XI e siècle et se distinguent par leur style «semi-maġribī» tout à fait similaire aux écritures ifriqiyennes de la période que l on vient d examiner. En particulier, on peut mentionner un fragment comportant la première partie du Kitāb al-iqrār, avec un certificat d audition daté de 383/993 ; une portion mutilée du Kitāb al-ṭahāra, avec son titre monumental aux traits allongés et fléchissants [fig. 16] ; et un troisième fragment plus récent (complet semblet-il) du Kitāb al-qasam, daté de 472/1078, dont la graphie anguleuse, imitant gauchement le maġribī, semble suggérer que les formes arrondies Figure 16a-b Bibliothèque Qarawiyyīn, n 793 XIV, chemise 1, 1. Page du titre et incipit du Kitāb al-ṭahāra des al-nawādir wa-al-ziyādāt 51 Al-Fāsī, 1982, p

22 Noter le typique retour à la ligne vers le milieu de la page. et harmonieuses des écritures andalouses n étaient pas encore complètement absorbées dans certains contextes maghrébins plus conservateurs Jaouhari, 2013, p. 20 type A, fig. 1. Pour les raisons historiques que l on vient d évoquer, le fragment en question ne pourrait pas provenir de Kairouan. Le colophon de ce fascicule mentionne le nom du copiste, Aḥmad b. Abd Allah al-farrāwī, et celui du dédicataire du manuscrit, le wazīr et faqīh al- arabī Il est malheureusement impossible d identifier l origine géographique de chaque fascicule appartenant à cet important recueil, une vraie anthologie d écritures arabes occidentales couvrant plus d un siècle d histoire et se terminant avec le triomphe du maġribī arrondi dans les parties les plus récentes, datables du VI e /XII e siècle. Abū Isḥāq Ibrāhīm b. Aḥmad al-ġassānī, peut-être un personnage de Fès? 22

23 Au juste, cet ensemble est un précieux témoignage des différentes influences auxquelles les scribes andalous, marocains et ifriqiyens étaient exposés, en particulier ceux qui s occupaient de transmettre les textes juridiques, et peut-être aussi de leurs voyages et activités en dehors de leur région de provenance. Le fragment du Kitāb al-iqrār a en tout cas été copié quand l auteur de l ouvrage était encore en vie et habitait à Qayrawān, donc il ne serait pas trop hasardeux de supposer que soit le manuscrit soit le copiste lui-même sont parvenus à Fès directement depuis la ville tunisienne ou à travers l Espagne musulmane. En outre, au cas où le Kitāb al-qasam du 472/1078 serait (comme il le semble) un remplacement d un fascicule préexistant réalisé à l Université Qarawiyyīn, cela impliquerait qu au Maroc comme en Ifriqiya les scribes mélangeaient éléments andalous et kairouanais, non seulement dans leur écriture, mais aussi dans la mise en page des titres et des parties en plein texte, avec la typique ligne (ou demiligne) blanche au milieu des pages 53. Conclusion L objectif de cette contribution était de démontrer qu il n est pas encore possible, en l état actuel de la recherche, de localiser avec précision et selon des critères objectifs les nombreux manuscrits surtout de jurisprudence malikite copiés dans l Occident musulman avant la complète diffusion de la graphie maghrébine arrondie, d abord en al-andalus (V e /XI e siècle), ensuite au Maroc (VI e /XII e siècle) et, enfin, en Ifrīqiya (VIII e /XIV e siècle?). Contrairement à cette dernière catégorie paléographique, les expressions «écri- ture ifriqiyenne» et «style kairouanais» restent des dénominations purement géographiques, indiquant des graphies aux traits hétérogènes. En fait, le ductus de ces mains oscille entre l angularité la plus conservatrice et les formes plus déliées du «semi-maġribī», sans qu on puisse distinguer une nette évolution chronologique ; et même dans les écritures plus arrondies, les éléments empruntés aux écritures andalouses varient au cas par cas. À l évidence, ces anciennes graphies nasẖī occidentales étaient aussi utilisées hors d Ifriqiya, au Maroc et en al-andalus, notamment pour copier les mêmes ouvrages de fiqh et hadith. L appartenance de ces textes à la même tradition manuscrite se manifeste dans le style monumental et la mise en pages de leurs titres, dans le retour à la ligne au milieu des pages en plein texte et probablement dans d autres aspects codicologiques encore à découvrir. Comme l on a vu, il est maintenant possible d inclure dans ce corpus le ms. X 56 sup. de l Ambrosienne, qui partage avec ces textes beaucoup de caractéristiques formelles, mais qui représente un cas absolument unique en vertu de son sujet 54. Il serait évidemment nécessaire de mener une investigation plus approfondie sur les manuscrits arabes occidentaux copiés entre la fin du IV e /X e et le V e /XI e siècle pour améliorer notre connaissance des contextes géographique, social et matériel dans lesquels ils ont été produits. 53 Le ms. arabe 6095 de la Bibliothèque nationale de France, copié lui aussi en 472/1078, contient quatre chapitres d un ouvrage de jurisprudence malikite parallèle au Kitāb al-nawādir wa-al-ziyādāt, et ses caractéristiques paléographiques et codicologiques sont très proches à celles de certains fascicules de la Qarawiyyīn. Edgar Blochet identifie l écriture du manuscrit de la BNF comme «nasẖī tunisien» (Blochet, 1925, p. 186), mais une origine marocaine semble plus probable, compte tenu aussi de l émigration des savants et des scribes kairouanais après l invasion hilalienne de 449/ Le seul autre ancien fragment «profane» écrit dans une variante occidentale d écriture livresque abbaside a été vendu aux enchères à Londres en 2000 (Christie s, 2000, lot 40 ; supra, note 20) et n a pas reçu l attention nécessaire. Il s agit de 8 feuillets en parchemin, provenant d un traité d astrologie copié en 353/964 dans une graphie menue et anguleuse, mais avec les titres de chapitre dans une écriture plus grasse et arrondie, présentant les typiques tiges sinueuses et empâtées. Attribué à l Espagne musulmane par le catalogue de vente, le manuscrit pourrait également avoir été copié en Afrique du Nord. 23

24 Bibliographie ʿAbd al-wahhab Hasan Husni, «Al-ʿināya bial-kutub wa-jamʿuhā fī Ifrīqiya al-tūnusiya min al-qarn al-ṯāliṯ ilā al-ẖāmis li-al-hijra», Revue de l Institut de manuscrits arabes I, 1, 1955, p Benjelloun-Laroui L., Les Bibliothèques au Maroc, Paris, Maisonneuve et Larose, Blochet E., Catalogue des manuscrits arabes des nouvelles acquisitions ( ), Paris, Bibliothèque nationale de France, Leroux, Bonham s Londres, Islamic and Indian Art [catalogue de vente], Bonham s Londres, 17/10/2002. Chabbouh I., «Sijill qadīm li-maktabat jāmiʿ al-qayrawān», Revue de l Institut de manuscrits arabes II, 2, 1956, p Christie s Londres, Art of the Islamic and Indian Worlds [catalogue de vente], Christie s Londres, 10/10/2000. Codazzi A., Catalogo dei libri a stampa ed elenco sommario dei manoscritti dal Dr Griffini legati alla Biiblioteca Ambrosiana, Milan, Tipografia Allegretti, De Carthage à Kairouan : 2000 ans d art et histoire en Tunisie [catalogue de l exposition au musée du Petit Palais de la Ville de Paris, 20 octobre février 1983], Paris, Association française d action artistique, Déroche F., «Les manuscrits arabes datés du III e /IX e siècle», Revue des études islamiques LV-LVII, , p Déroche F., «O. Houdas et les écritures maghrébines», dans Le Manuscrit arabe et la codicologie (Al-Makhṭūṭ al-ʿarabī wa-ʿilm al-makhṭūṭāt), A.C. Binebine (éd.), Rabat, Faculté des Lettres et Sciences humaines, 1994, p Déroche F., «Tradition et innovation dans la pratique de l écriture au Maghreb pendant les IV e /X e et V e /XI e siècles», dans Afrique du Nord antique et médiévale : numismatique, langues, écriture et arts du livre, spécificité des arts figurés (actes du VII e colloque international sur l histoire et l archéologie de l Afrique du Nord, Nice, 1996), S. Lancel (éd.), Paris, 1999, p Déroche F., Le Livre manuscrit arabe : préludes à une histoire, Paris, Bibliothèque nationale de France, Déroche F., Islamic Codicology : an introduction to the study of manuscripts in Arabic script, Londres, Al-Furqan Heritage Foundation, Déroche F., «A note on the mediaeval inventory of the manuscripts kept in the Great Mosque of Kairouan», dans À la Recherche du temps perdu. Investigations in Islam from another world and another era in honour of Professor J.J. Witkam, R. Kerr (éd.), Leyde-Boston, Brill, 2010, p D Ottone A., «Al-ẖaṭṭ al-maġribī et le fragment bilingue latin-arabe Vat. Lat : quelques observations», dans Les Ecritures des manuscrits de l Occident musulman (Les Rencontres du Centre Jacques-Berque n 5), M. Jaouhari (éd.), Rabat, 2013, p Endress G., «Handschiftenkunde», dans Grundriss der arabischen Philologie (Bd I: Sprachwissenschaft), Fischer Wolfdietrich (éd.), Wiesbaden, 1982, p Al-Fāsi M., Fahras Maẖṭūṭāt ẖizānat al-qarawiyyīn, vol. II, Casablanca, Gacek A., Arabic Manuscripts : a vademecum for readers, Leyde-Boston, Brill, Houdas O., «Essai sur l écriture maghrébine», Nouveaux Mélanges orientaux, Paris, 1886, p Humbert G., «Un témoin fossile du Kitāb de Sībawayh», dans Développements récents en linguistique arabe et sémitique, G. Bohas (éd.), Damas, 1993, p Humbert G., Les Voies de la transmission du Kitāb de Sībawayh, Leyde, Brill, Ibn Ḫaldūn, Discours sur l Histoire universelle (Al-Muqaddima), éd. et trad. V. Monteil, Paris, Sindbad, 1978, 3 vol. Jaouhari M., «Quelques types du maġribī des XI e et XII e siècles : prémisses d une enquête en cours», dans Les Ecritures des manuscrits de l Occident musulman (Les Rencontres du Centre 24

25 Jacques-Berque n 5), M. Jaouhari (éd.), Rabat, 2013, p Levi Della Vida G., Arabic Papyri in the University Museum in Philadelphia (Pennsylvania), Atti della Accademia Nationale dei Lincei séries VIII, XXV, 1, Rome, Lévi-Provençal E., «Un manuscrit de la bibliothèque du calife al-hakam II», Hespéris 18, 1934, p Löfgren O., Traini R., Catalogue of the Arabic Manuscripts in the Biblioteca Ambrosiana, I, Milan, Neri Pozza Editore, Marin M., «Ifriqiya et Al-Andalus, à propos de la transmission des sciences islamiques aux premiers siècles de l Islam», Revue de l Occident musulman et de la Méditerranée, 40, 1985, p Al-Munajjid Salah al-din, Le Manuscrit arabe jusq au X e siècle de l Hégire (Al-kitāb al- Arabī al-makhṭūṭ ilā al-qarn al- āshir al-hijri), Cairo, Al-Muqaddasī, Description de l Occident Musulman au IV e -X e siècle, texte arabe et traduction française par Charles Pellat [Bibliotheque arabe-française IX], Alger, Carbonel, Murányi M., Ein altes fragment medinensischer Jurisprudenz aus Qayrawān, Stuttgart, Steiner- Wiesbaden-GmbH, Murányi M., «Das Kitāb al-siyar von Abū Ishāq al-fazārī. Das Manuskript der Qarawiyyīn- Bibliothek zu Fās», Jerusalem Studies in Arabic and Islam, 6, 1985, p Murányi M., Beiträge zur Geschichte der Hadīṯund Rechtsgelehrsamkeit der malikiyya in Nordafrika bis zum 5. JH. D. H., Wiesbaden, Harrassowitz, Murányi M., «A unique manuscript from Kairouan in the British library: the samāʿ-work of Ibn al-qāsim al-ʿutaqī and issues of methodology», dans Method and Theory in the Study of Islamic Origins, Berg Herbert (éd.), Leyde, Brill, Al-Nayyāl Muḥammad Al-Buhlī, Al-maktaba al-āṯāriyya bi-l-qayrawān : ʿarḍ wa-dalīl, Tunis, Ribera y Tarragó J., «Bibliófilos y Bibliotecas en la España musulmana», Disertaciones y Opúscolos, I, Madrid, 1928, p Roy B., Poinssot P., Inscriptions arabes de Kairouan, Paris, Faculté des Sciences humaines et sociales, , 2 vol. Savage-Smith E., «Two fragments from an Almagest of Ptolemy», dans Science, Tools and Magic (Nasser D. Khalili Collection of Islamic Art), F. Maddison et al. (éd.), Oxford, Khalili Collection Publications, 2006, p Schacht J., «Sur quelques manuscrits de la bibliothèque de la mosquée d al-qarawiyyīn à Fès», dans Études d orientalisme dédiées à la mémoire de Lévi-Provençal, I, Paris, Maisonneuve et Larose, 1962, p Schacht J., «On some manuscripts in the libraries of Kairouan and Tunis», Arabica 14, 1962, p Sotheby s Londres, Arts of the Islamic World [catalogue de vente], Sotheby s Londres 28/4/1993. Sotheby s Londres, Arts of the Islamic World including 20th century Middle Eastern Painting [catalogue de vente], Sotheby s Londres, 3/5/2001. Sotheby s Londres, A princely collection: Treasures from the Islamic World [catalogue de vente], Sotheby s Londres, 5/10/2010. Stanley T., «The Qur anic script of Western Sudan. Maghribi or Ifriqi?», dans The Decorated Word : Qur ans of the 17th to 19th centuries (Nasser D. Khalili Collection of Islamic Art), A. Contadini et al. (éd.), Oxford, Khalili Collection Publications, 1999, p Van Koningsveld P.S., The Latin-Arabic glossary of the Leiden University Library, Leyde, New Rhine, Witkam J.J., «The arabic manuscripts in the Biblioteca Ambrosiana», dans Gli studi orientalistici in Ambrosiana nella cornice del IV centenario ( ), C. Baffioni et al. (éd.), Milan, 2012, p

26 Une supposée variété d écriture arabe propre à Šarq al-andalus aux XI e et XII e siècles Mustapha Jaouhari Université Bordeaux-Montaigne L enquête que nous menons depuis 2011 sur les manuscrits datés conservés dans les bibliothèques marocaines nous a permis d isoler nombre de styles d écriture arabe pratiqués en Occident musulman aux XI e et XII e siècles. Nous les avons classés en deux groupes, de sept types pour le premier et de trois types pour le second 1. L évolution de notre corpus de manuscrits datés nous permet aujourd hui de préciser que des spécimens du deuxième groupe pourraient correspondre à ce que certaines sources médiévales appellent «écriture de šarq al-andalus 2.» Les recherches historiographiques des deux dernières décennies ont largement contribué à une meilleure connaissance de cette région à l époque musulmane, bien qu il reste encore de nombreuses questions à élucider 3. Mais que désigne exactement l appellation «écriture de šarq al-andalus»? Quelles sont les sources qui en parlent? Quelle définition lui donnent-elles? Peut-on s assurer de l existence d une écriture propre à l Est d al-andalus? Peuton l illustrer par des documents datés? Dans les 1 Voir : «Quelques types du maġribī des XI e et XII e siècles : prémisses d une enquête en cours», dans Les Ecritures des manuscrits de l Occident musulman (Les Rencontres du Centre Jacques-Berque n 5), M. Jaouhari (éd.), Rabat, 2013, p Rapportée par al-murrākušī, al-ḏayl wa l-takmila (vol. VI, éd. Iḥsān Abbās, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1973, p. 96), cette expression fut exploitée par M. al-mannūnī, «Lamḥa an tārīẖ al-ẖaṭṭ al- arabī ilā l-qarn al-tāsi ašar», al-manāhil, 1982, 24, p , et par M. Benchrifa, L Introduction de l édition du vol. VIII du Ḏayl wa takmila, Rabat, 1984, p ; ainsi que dans son article «Naẓra ḥawla al-ẖaṭṭ al-andalusī», dans Le Manuscrit arabe et la codicologie, A.Ch. Binebine (éd.), Rabat, 1994, p Voir une bibliographie exhaustive dans La Taïfa de Denia et la Méditerranée au XI e siècle, B. Travis, Toulouse, Méridiennes, 2013, p pages qui suivent, nous allons tenter d apporter quelques éléments de réponse à ces questions en nous appuyant essentiellement sur les documents datés de notre corpus 4. La question des sources médiévales Lorsqu il s agit d informations paléographiques dans la littérature historiographique arabe médiévale, il est toujours raisonnable de les prendre avec une extrême prudence en les soumettant à la critique. Outre l apparent flottement terminologique, les sources arabes médiévales n illustrent que très rarement leurs informations par des spécimens concrets. Toutefois, certaines d entre elles peuvent nous éclairer dans l étude de documents précis. Une des rares sources médiévales parlant de «l écriture de l Est d al-andalus» est le Ḏayl wa l-takmila du Qāḍī Ibn Abd al-malik al-murrākušī 5. Consacrant une notice biographique à un certain Muḥammad b. Ibrāhim b. Abd al-raḥmān al-ru aynī al-mursī, l auteur précise que celui-ci «exécuta de très nombreuses copies et eut une belle écriture au style des andalous levantins 6». Malheureusement, nous n avons pas trouvé de copie de la main de ce dernier pour mesurer l importance de cette information. Avec ses deux kuniya (Abū Bakr et Abū Abd Allah), l homme fut maître en sciences du langage et composa plusieurs compendiums en grammaire 4 La première tranche de ce corpus sera mise en ligne très prochainement. 5 Né à Marrakech en 643/1245 et mort à Tlemcen en 703/ Ibn Abd al-malik al-murrākušī, al-ḏayl wa l-takmila, vol. VI, éd. par Iḥsān Abbās, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1973, p. 96, Biographie n 240 : «Wa kataba bi-ẖaṭṭih al-kaṯīr, wa kāna nabīl al-ẖaṭṭ fī ṭarīqat ahl šarq al-andalus». 26

27 et en adab. Il enseigna longtemps à Marrakech, où il mourut vers 620/ Aujourd hui, nous ne pouvons aucunement nous prononcer sur l écriture de cet érudit de Murcie. Cependant, l idée rapportée par Ibn Abd al-malik al-murrākušī, à savoir l existence d un style d écriture propre à l Est d al-andalus, nous semble plus que probable et mérite réflexion et approfondissement. D ailleurs, l auteur nous livre dans son Ḏayl wa l-takmila de fines remarques sur les écritures arabes de l Occident musulman, de son époque et des siècles précédents. Remarques paléographiques dans al-ḏayl wa l-takmila L ouvrage d Ibn Abd al-malik al-murrākušī (m. 703/1303) est une véritable mine de renseignements sur les savants d al-andalus, du IV e / X e au VII e /XIII e siècles. Il comble et enrichit les informations d Ibn Faraḍī (m. 403/1012) dans Tārīẖ ulamā al-andalus et celles d Ibn Baškwāl (m. 578/1183) dans al-ṣila, d où son titre complet : al-ḏayl wa l-takmila li-kitābay al-mawṣūl wa l-ṣila 8. C est une compilation qui s inscrit dans la tradition andalouse des dictionnaires biobibliographiques et qui ne manque pas d adresser occasionnellement des critiques acerbes à ses devanciers. Les notices biographiques y sont de valeurs inégales et vont d une seule ligne à plusieurs pages. Généralement, elles donnent les noms complets des auteurs, les dates et les lieux 7 Voir ce qu en dit également al-suyūṭī dans Buġyat al-wu āt, éd. M. Abū l-faḍl, Sayda, al-maktaba al- aṣriyya, vol. II, p On en a édité jusqu à présent les volumes suivants : vol. I, par M. Benchrifa, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, s.d. (871 notices, sans introduction, ni avertissement) ; vol. IV, par I. Abbas, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1964, (407 notices) ; vol. V, par I. Abbas, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1965, (1299 notices) ; vol. VI, par I. Abbas, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1973 (1 292 notices) ; vol. VIII, par M. Benchrifa, Rabat, éd. Académie du Royaume du Maroc, 1984 (292 notices, avec une longue et excellente introduction). Une réédition de l ensemble de ces parties est sortie en 6 volumes, par les soins de B. Aouad, Tunis, Dār al-ġarb al-islāmī, Il manque toujours les volumes II, III, VII et IX ainsi qu une partie du volume IV. de décès et, le cas échéant, de naissance et surtout les disciplines étudiées, les traités appris, le rôle du savant dans leur transmission, les fonctions qu il aurait exercées et la liste de ses ouvrages. Parfois, l auteur nous instruit sur des faits circonstanciés et nous divertit par des anecdotes croustillantes et des vers poétiques de belle facture. Mais, face à ce type de source où le portrait biographique demeure subjectif, voire mythique, le chercheur doit redoubler de prudence, d autant plus qu une certaine tension est palpable dans plusieurs passages de cette œuvre. En nous limitant exclusivement à ce qui nous importe ici, nous n avons retenu qu un petit nombre d informations relatives aux pratiques paléographiques des auteurs des XI e et XII e siècles. Il dit au sujet de Alī b. Idrīs al-zanātī : «Ibn al-abbār l a mentionné et a déclaré qu il [ ] fut un excellent prosateur et eut une belle écriture [ ]. Quant à moi, je parlerai plus loin de Alī b. Muḥammad b. Alī b. Idrīs [ ] qui semblerait être celui-là même dont parla Ibn al-abbār, quoique son écriture soit mauvaise ; à moins qu il s agisse, dans certains documents, d un état d écriture encore à ses débuts et, dans d autres, d un état achevé [ ] 9.» Il qualifie l écriture de Sarḥān b. Muḥammad al-anṣārī (m. après 520/1126) de «belle et espacée» (tafrīq al-kalim) 10 ; celle d Ibn Ḫayr al-išbīlī (m. 75/1179) de «claire, bien qu elle soit étroite et les lettres assez serrées (diqqat ẖaṭṭ wa idmāǧ ḥurūf ma a l-bayān), alors que l homme avait déjà 72 ans 11». C est lui qui dit également à propos de Muḥammad b. Abd al-malik al-ṭā ī al-mursī : «Ibn al-abbār déclara qu il eut une belle écriture et un travail soigné (bāri al-ḥaṭṭ, anīq al-wirāqa). Pour ma part, je dirais que son écriture est très mauvaise et les lettres confuses (fa-inna ḥaṭṭahu kāna ḍa īf an ǧid an abtar al-ḥurūf) [ ]. J en ai vu plusieurs spécimens (waqaftu alā kaṯīr in minhu. 12» Il souligne au sujet d Abū Abd Allah Ibn Munāṣif (m. 620/1223) : «Il maîtrisait treize styles d écriture, d après les dires de notre maître Abū Muḥammad Ibn al-qaṭṭān. Personnel- 9 Ḏayl wa l-takmila, V, p , notice n Ḏayl wa l-takmila, IV, p. 9, notice n Ḏayl wa l-takmila, VIII, p , notice n Ḏayl wa l-takmila, VI, p. 396, notice n

28 lement, j en ai vu quatre 13.» Il note au sujet d Abū Imrān Ibn al-munāṣif (m. 627/1230) : «Il fut un des meilleurs calligraphes en style maġribī» (Kāna min abra al-nās ẖaṭṭ an fī l-ṭarīqa l-maġribiyya) 14. Au sujet du fameux grammairien Abū Mūsā Isā b. Abd al- Azīz al-ğazūlī (m. vers 607/1210), il dit qu il «avait une belle écriture à l orientale» (Kāna ḥasan al-ẖaṭṭ al-mašriqī) 15. Ces informations confirment la diversité des écritures livresques en Occident musulman de cette époque 16, diversité attestée par les documents datés qui nous sont parvenus. Elles témoignent également de la sensibilité paléographique d un auteur particulièrement attentif à la qualité des copies qu il consulte, collationne et collectionne. C est encore lui qui fait remarquer que le traité intitulé al-farīd fī l-makārim wa l-ǧūd de Īsā b. Abī Ubayda al-qurṭubī fut composé pour le compte du vizir Abū l-ḥazm Ğahwar b. Muḥammad b. Ğahwar et achevé en rabī al-awwal 398/juin 1007, d après l autographe qu il a eu entre les mains 17. A propos du traité Naẓm al-qurṭīn wa ḍamm aš ār al-siqṭīn, composé par Abū l- Abbās al-tudmīrī (m. 555/1160) et dédié au vizir Muḥammad b. Alī b. Ḥamdūn al-sanhāǧī, il dit en avoir vu une copie autographe 13 Ḏayl wa l-takmila, VIII, p , notice n 134. Il s agit du polygraphe Muḥammad b. Isā b. Aṣbaġ, nommé juge à Valence et à Murcie. Il séjourna en Ifriqiya, en Egypte et à Marrakech. Ibn Abd al-malik al-murrākušī dit avoir consulté certains de ses livres autographes, les uns en écriture mašriqī, les autres en maġribī. Cf. également Abbās Ibn Ibrāhīm al-samlālī, al-i lām bi-man ḥalla Murrākuš wa Aġmāt mina l-a lām, Rabat, 1993, vol. III, p Ḏayl wa l-takmila, VIII, p , notice n 175. Il s agit du frère du précédent, considéré comme le meilleur poète de la famille Ibn al-munāṣif. L auteur du Ḏayl wa l-takmila dit avoir lu certains de ses écrits rédigés de sa propre main. Cf. aussi Ibn Sa īd (m. 685/1286), al-muġrib fī ḥulā al-maġrib, éd. Šawqī Ḍayf, Le Caire, Dār al-ma ārif, 1955, Biographie n Ḏayl wa l-takmila, VIII, p , notice n 73. Cet érudit étudia au Caire auprès du grammairien Ibn Barrī et séjourna un temps à La Mecque et à Bejaïa avant de se fixer à Almeria. Il mourut à Marrakech. Cf. Buġyat al-wu āt, vol. II, p L auteur consacre toute son œuvre aux biographies des savants d al-andalus, y compris ceux venus d ailleurs. 17 Ḏayl wa l-takmila, V, p , notice n 891. et estime belle l écriture de l auteur 18. Au sujet de Naẓm al-durr wa-naṯr al-zuhr d Abū l-walīd Aḥmad Ibn Ḥaǧǧāǧ (m. après 600/1203), qui est une courte biographie du prophète versifiée, il note : «J en ai vu plusieurs copies de la main de l auteur, d autres de la main de son fils et d autres encore de la main de copistes anonymes (waqaftu alā nusaẖ in mihā bi-ẖaṭṭih wa bi-ẖaṭṭi ibnih wa bi-ẖaṭṭi ġayrihimā) 19.» En effet, le nombre d autographes qu il a consultés est impressionnant, et ses remarques sont parfois accompagnées de détails particulièrement précis et précieux. Il dit par exemple, au sujet de Kitāb Subul al-ẖayr de Alī b. Ġālib b. Muḥammad Ibn Ḥazmūn, qu il en a vu une copie autographe achevée à La Mecque, le samedi premier ǧumādā II 530/7 mars Dans ce même ordre d idées, il note qu il a consulté deux copies d al-munṣif fī sariqāt al-mutanabbī d Ibn Wakī (m. 393/1003), toutes les deux exécutées par Muḥammad b. Ibrāhīm b. Abd al-raḥmān b. Ibrāhīm b. Hišām b. al-amīr Abd al-raḥmān b. al-ḥakam b. Hišām b. Abd al-raḥmān b. Mu āwiya b. Hišām b. Abd al- Malik b. Marwān, un des princes méconnus des Omeyyades de Cordoue (m. après 425/1034). Il ajoute qu il a vu d autres copies de la main de ce prince qui avait une belle écriture et fut un temps copiste prolifique 21. Il est indéniable que le Ḏayl wa l-takmila constitue une œuvre majeure pour l histoire culturelle et politique d al-andalus, allant jusqu à la fin du VII e /XIII e siècle. L écrasante majorité des informations rapportées est tirée des centaines de livres que l auteur a visiblement possédés, mais aussi de la bouche des savants qu il a fréquentés. C est le cas, entre autres, du littérateur Ali b. Muḥammad b. Ḥasan al-anṣārī que l auteur a longtemps fréquenté et dont il dit qu il était un excellent prosateur, avait une excel- 18 Ḏayl wa l-takmila, I, p , notice n Ḏayl wa l-takmila, I, p , notice n 470. Cet auteur, Aḥmad Ibn Ḥaǧǧāǧ, fut un temps vizir au service de Muḥammad b. Yūsuf b. Hūd. Il avait une belle écriture et son travail était très soigné : «Kāna ǧamīl al-ṭarīqa fī l-ẖaṭṭ, anīq al-wirāqa». 20 Ḏayl wa l-takmila, V, p. 272, notice n Ḏayl wa l-takmila, VI, p , notice n

29 lente écriture mais ne savait pas tailler son calame (kāna lā yuḥsinu barya l-qalam 22 ). Revenons maintenant à l expression «écriture des gens de l Est d al-andalus (ṭarīqat ahl šarq al-andalus)» évoquée plus haut par Ibn Abd al-malik al-murrākušī. Nous inclinons à croire, à la lumière des informations que nous venons de présenter 23, que l auteur ne l a utilisée ni par accident ni par abus de langage, mais bien consciemment. Si l expression «ṭarīqat ahl šarq al-andalus» n est nullement employée dans les autres sources médiévales que nous avons pu consulter et s il s avère qu elle ne figure pas non plus dans les volumes manquants du Ḏayl wa takmila, il est fort possible qu elle soit tirée des discussions que l auteur a eues avec ses nombreux compagnons érudits et attentifs aux styles d écriture des contemporains et de leurs prédécesseurs. Cette écriture dont parla al-murrākušī n est certainement pas une chimère, mais bien une réalité et une réalité complexe, comme nous le verrons plus loin. Il nous semble que la région levantine d al-andalus a connu aux XI e et XII e siècles, outre les types d écriture en vogue dans le reste d al- Andalus, des types propres à elle, eu égard aux spécificités politiques, économiques et culturelles de cette région à cette époque. Le Šarq al-andalus Dans les sources arabes médiévales, l expression Šarq al-andalus désigne la partie orientale et méditerranéenne de l Espagne musulmane. Grosso modo, il s agit de Tortosa à Almeria, en passant par Valence, Dénia, Játiva, Orihuela et Murcie. On doit également y ajouter les îles Baléares (aljazâ ir al-šarqiyya), c est à dire Mayūrqa, Minūrqa et Yābisa. Cette région a pris une importance prépondérante, surtout au XI e siècle, avec les taïfas de Valence, de Dénia et de Murcie 24. Certainement, le commerce et la piraterie en Méditerranée occidentale ont favorisé le développement des villes côtières comme Valence, Dénia et Almeria, au long des XI e et XII e siècles. Ce développement s intègre dans un réseau intense de relations commerciales et politiques ouvert sur la mer, mais aussi sur les territoires continentaux voisins 25. Pendant la crise des années ( ), qui met fin au pouvoir almoravide en terre ibérique, le Šarq al-andalus connaît des temps agités, avec des pouvoirs autonomes à Valence et à Murcie, qui sont alors deux centres très importants sur le plan économique, politique et culturel. Les Baléares, longtemps dirigées par les Banū Ġāniya fidèles au pouvoir almoravide, passent aux mains des Almohades de 599/1202 à 627/1229. Face au pouvoir almohade qui ne cesse de s étendre, la région s organise en émirat indépendant, sous l autorité de Muḥammad b. Sa d b. Mardanīš qui fait de Murcie sa capitale de 542/1147 à 567/1172. Il apporte même une reconnaissance de principe au califat abbasside de Bagdad. Cette ouverture politique et maritime sur l Orient est plus que symbolique. Le développement du transport maritime et du commerce entre l Orient arabe et le Maghreb, animé par plusieurs communautés de Šarq al-andalus, depuis le IV e /X e siècle, a conféré, peu à peu, à la région ses propres spécificités et a facilité considérablement les déplacements des savants (et de leurs livres) entre al-andalus et les mondes arabes. La mobilité des savants entrant et sortant d al-andalus, qui n a pas encore reçu toute l attention qu elle mérite, a certainement contribué à la diversité des types d écriture en vogue dans les contrées de Šarq al-andalus. 22 Ḏayl wa-takmila, vol. V, p , notice n Au juste, les informations ici mentionnées ne sont qu une infime partie de la richesse des renseignements d ordre «codicologique et paléographique» dont fourmille le Ḏayl wa-takmila. Le professeur M. Benchrifa, éditeur scientifique d une partie de cette œuvre, a déjà attiré l attention sur cette richesse. Voir sa longue introduction au volume VIII du Ḏayl wa-takmila, Rabat, 1984, p ; ainsi que son article «Naẓra ḥawla al-ẖaṭṭ al-andalusī», dans Le Manuscrit arabe et la codicologie, A.Ch. Binebine (éd.), Rabat, 1994, p Voir P. Guichard, Les Musulmans de Valence et la Reconquête (XI e -XIII e siècles), Damas, , p. 20 et s. ; P. Guichard, B. Soravia, Les Royaumes de taïfas : apogée culturelle et déclin politique des émirats andalous du XI e siècle, Paris, 2007, chap. 3 et Voir à ce propos Bruce Travis, La Taifa de Denia et la Méditerranée au XI e siècle, Toulouse, Méridiennes, 2013, p ; id. «Réseaux et territorialité dans la Méditerranée occidentale au XI e siècle : l exemple de la taifa de Denia», Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 40 (2), 2010, p

30 Quelques styles d écriture de Šarq al-andalus Sans doute aurait-il été plus pertinent d illustrer l écriture de Šarq al-andalus par une copie de la main de ce Muḥammad b. Ibrāhim b. Abd al-raḥmān al-ru aynī al-mursī (m. vers 620/1223) dont al-murrākušī dit qu il écrivait «à la manière des gens de l Est d al-andalus». Faute de document de sa propre main, nous nous tournons vers des documents de la même période, copiés par des ulémas bien connus de Šarq al-andalus et dont le type d écriture se distingue nettement des écritures nous n en avons aucune trace réelle aujourd hui. Heureusement deux textes, certes courts mais autographes, de cet érudit de Murcie nous sont accessibles et méritent d être exploités ici. Ce sont deux certificats de transmission autorisant deux savants distingués à transmettre chacun un traité de hadith. Le premier document (fig. 1), datant de 493/1100, consiste en cinq lignes certifiant la «transmission par récitation» de Ṣaḥīḥ al-buẖārī à Ibn Sa āda. Elles sont encore lisibles en bas de la page de titre du deuxième volume da la copie autographe d Ibn Sa āda. En voici le texte, la transcription 27 et la traduction : Figure 1 Rabat, BNRM, 1332 D, vol. II, fol. 1r. «courantes» d al-andalus. Nous étudierons, tour à tour, l écriture d Abū Alī al-ṣadafī (m. 514/1120), celle d Ibn Sa āda (m. après 522/1128), celle d Ibn Abī Laylā (m. 566/1171) et celle d Abū al-rabī al-kalā ī (m. 634/1273). Tous les quatre sont d abord des Levantins, également des autorités en matière de hadiths et en ont écrit et transmis plusieurs textes dans les différents centres de Šarq al-andalus. Leur enseignement a marqué plusieurs générations d al-andalus et d ailleurs. L écriture d Abū Alī Ṣadafī à Murcie en 493/1100 Il semblerait qu une copie de Ṣaḥīḥ al-buẖārī rédigée de la main d Abū Alī al-ṣadafī ait circulé pendant un temps dans quelques villes du Maghreb et ait trouvé un ultime refuge dans la bibliothèque d une zaouïa libyenne 26. Cependant, 26 Voir ce qu en dit Abd al-ḥayy al-kattānī dans l introduction (en arabe) au travail de Lévi-Provençal, op. cit. Voir également le travail au ton épique de Abd Transcription»قراأ علي جميع هذا ال سفر صاحب ه الفقيه الفا ضل ابو عمران مو سى بن سعادة اأكرمه اهلل اأخبرته اني / سمعت جميع الكتاب على القا ضي االمام ابي الوليد سليمان بن خلف بن سعد بن ايوب الباجي رحمه اهلل اأخبرنا / به عن ال شيخ الحافظ ابي ذر عبد بن اأحمد اله روي عن شيوخه الثالثة ابي محمد وابي ا سحق وابي الهيثم جميعا / عن ابي عبد اهلل الفربري عن ابي عبد اهلل البخاري ر ضي اهلل عن جميعهم وكتب ح سين بن محمد ال صدفي / بخطه في شهر ربيع االول من سنة ثالث وت سعين واربع مائة حامدا اهلل تعالى وم صليا على محمد واله.«al-Hādī al-tāzī rapportant le témoignage de deux voyageurs marocains qui semblent avoir consulté cette copie à Tripoli, «maẖṭūṭa waḥīda fi l- ālam : Ṣaḥīḥ al-imām al-buẖārī bi-ẖaṭṭ al-ḥāfiẓ al-ṣadafī», Da wat al-ḥaqq, VIII, mars Contrairement à la transcription de Lévi-Provençal (op. cit. p ) qui rajoute les šadda et les hamza conformément aux règles de l orthographe arabe, notre transcription privilégie la fidélité à l autographe de Ṣadafī. 30

31 Traduction 28 «A récité devant moi tout le contenu de ce volume, celui qui l a écrit, le juriste, excellent Abū Imrān Mūsā Ibn Sa āda qu Allah l honore! Je lui ai appris que j ai entendu tout le livre de la bouche du qadi, l Imam Abū l-walīd Sulaymān b. Ḫalaf b. Sa d b. Ayyūb al-bāǧī Allah lui fasse miséricorde! Ce dernier nous a appris le livre d après le Chaykh, le ḥāfiẓ Abū Ḏarr Abd b. Aḥmad al-harawī, d après ses trois maîtres Abū Muḥammad, Abū Isḥāq et Abū l-hayṯam ensemble, d après Abū Abd Allah al-farabrī, d après Abū Abd Allah al-buẖārī qu Allah les agrée tous! A écrit ces lignes de sa main Ḥusayn b. Muḥammad al-ṣadafī au cours du mois de rabī I de l année 493 [15 janvier-13 février 1100] en louant Allah qu il soit exalté! et en appelant ses bénédictions sur Muḥammad et sur sa famille.» Le texte d un samā ou d une qirā a est généralement rédigé dans une écriture relâchée et ne traduit pas toujours l écriture habituelle de l auteur. Dans le cas de ce texte de Ṣadafī, seule la dernière partie de la dernière ligne semble en effet plus relâchée, alors que le reste reflète, pensonsnous, l écriture courante de l auteur. La finesse du trait rectiligne, sa fermeté et la discrétion des courbes de certaines lettres font d elles une belle écriture de type andalou levantin, nonobstant toute une décennie de pérégrinations orientales du maître. Les alif et les lām sont droits. La boucle du ṣād (lignes 1, 4), ḍāḍ (ligne 2), ẓā /ṭā (ligne 3) est presque sphérique, mais pas d indentation marquant la pointe de jonction de la boucle. Les panses des fā /qāf, wāw, mīm sont modestes. Les demi-boucles du lām final (ligne 1), du nūn final (lignes 1, 2, 3, 4), du yā final (lignes 1, 4) et celle du qāf final sont plutôt discrètes. Le alif médian porte un denticule inférieur. La queue du mīm final (lignes 2, 3, 4) est courbée avec un retour à droite. Le dāl final (lignes 2, 3, 4) est petit et ressemble à celui de l écriture orientale. Il en est de même pour les ǧīm/ḥā /ẖā en position initiale et médiane. Le kāf initial et médian (lignes 1, 2, 4) ressemble à sa forme orientale. Soulignons enfin que le yā final est noté de trois manières différentes : ligne 1 ( alayya, annī), ligne 2 (al-qāḍī, al-bāǧī), ligne 3 (Abī, al-harawī), ligne 4 (Abī, al-buẖārī, raḍiya). Nombre de ces traits se trouvent également dans un second texte de la main de Ṣadafī, rédigé à un âge avancé. L écriture de Ṣadafī à Murcie en ḏū l-ḥiǧǧa 511/ avril 1118 Il s agit du Ms. Istanbul, Süleymaniye Kütüphanesi, Reisulkuttab Mustafa Efendi, 157. C est une copie des Sunan d Abū l-ḥasan al-dāraquṭnī (m. 385/995) dont la page du titre porte un certificat de transmission en trois lignes de la main de Ṣadafī autorisant à Ibn Abī Laylā (m. 566/1171) la transmission de ce recueil de hadiths, en ḏū l-ḥiǧǧa 511/ avril 1118 (fig. 2). En voici le texte, la transcription et la traduction : Figure 2 Istanbul, Süleymaniye, Reisulkuttab Mustafa Efendi, 157, fol. 1r. Transcription 28 Nous conservons la traduction de Lévi-Provençal qui nous paraît toujours d actualité, op. cit. p. 16.»قرا جميعه علي الفقيه الفا ضل ابو بكر عبد الرحمن بن احمد بن / ابرهيم بن محمد بن ابي ليلى وفقني اهلل تعالى وكتب ح سين بن محمد ال صدفي / بخطه في ذي الحجة من سنة احدى ع شرة وخم س مائة حامدا اهلل تعالى«31

32 Traduction «Le savant, le vertueux Abū Bakr Abd al-raḥmān b. Aḥmad b. Ibrahīm b. Muḥammad Ibn Abī Laylā a récité devant moi le contenu intégral de ce volume. Allah m accorde sa bénédiction. A écrit [ces mots] de sa main Ḥusayn b. Muḥammad al-ṣadafī au cours du mois de ḏū l-ḥiǧǧa de l année 511 [26 mars-24 avril 1118] en louant Allah qu Il soit exalté!» L Iǧâza confère à son détenteur la légitimité de transmettre le texte en question et, par là même, d appartenir au cercle fermé des transmetteurs. La mémorisation par cœur du texte écrit par soi-même ou par un tiers dont on loue le service est la première étape d un long parcours d apprentissage et de formation ouvert sur la fréquentation assidue des savants, des livres et des écritures. Sur le plan physique, le second document de Ṣadafī est mieux conservé, et son papier semble avoir mieux résisté aux péripéties variables du temps. Le texte est lisible, l écriture est claire mais assez relâchée, qualifiée jadis de «belle et précise» par Ibn Baškwāl (578/1183) 29. La morphologie des trois premiers mots du texte ressemble à celle de l écriture orientale. Il en est de même pour les deux expressions suivantes : «kataba Ḥusayn» et «ẖams māya». Encore une fois la boucle du ṣād (ligne 2) est presque sphérique. La haste du ṭā (ligne 3) est presque verticale, comme dans le texte précédent (ligne 3). Les demi-boucles du lām final (ligne 1), du nūn final (lignes 1, 2, 3) et du yā final (lignes 1, 2, 3) sont discrètes. Le dāl final du mot ḥāmidan (ligne 4) est différent du dāl du même mot dans le premier texte de Ṣadafī. Les panses des fā /qāf, wāw, mīm sont plutôt petites. Le yā final est noté de deux manières différentes : ligne 1 ( alayya), ligne 2 (Abī, Laylā, waffaqanī, ta ālā, al-ṣadafī), ligne 3 (fī, ḏī, iḥdā, ta ālā). La šadda notée sur la dernière lettre du troisième mot est d une forme différente de celle employée dans le même mot du texte précédent ( alayya). La queue du mīm final (ligne 2 Ibrahīm) se prolongeant sous la ligne est courbée et inclinée à droite. Bien qu il soit plus court que le précédent, le second texte de Ṣadafī est aussi important qu un long texte de sa propre main. Ce sont là les seules traces d écriture de Ṣadafī qui nous sont aujourd hui accessibles et qui, naturellement, nous laissent sur notre faim. En comparant le texte des deux attestations de transmission de Ṣadafī, on observe quatre expressions identiques : celle du commencement «qara a alayya», celle de la fin «ḥāmidan Allah ta ālā», celle présentant le nom du transmetteur «al-faqīh al-fāḍil» et celle paraphant le texte de l attestation «wa-kataba Ḥusayn b. Muḥammad al-ṣadafī bi-ẖaṭṭih fī šahr». Transmises de génération en génération, ce sont des formules stéréotypées qui traversent les siècles. Rappelons que la première attestation fut rédigée en 493/1100, la seconde en 511/1118 et que l écriture du second texte est celle d un homme sexagénaire 30, mais visiblement a encore bon pied, bon œil. Certes, l orthographe du mot «ta ālā» est différente dans l un et l autre textes. En revanche, le mot «al-fāḍil», au demeurant assez difficile à déchiffrer, est identique dans les deux textes, avec le même alif médian, exagérément court. Mais que sait-on de la vie de cet homme? Avant de se fixer à Murcie, Ṣadafī s est déplacé d abord dans de nombreuses villes de Šarq al-andalus, en quête de connaissances et de sciences. Il a étudié notamment le hadith et le fiqh à Valence sous l autorité d Abū l- Abbās al- Uḏrī (m. 478/1085) et à Almeria auprès d Ibn Sa dūn al-qarawī (m. 485/1092), originaire de Kairouan, mais aussi auprès d Ibn al-murābiṭ (m. 480/1087). On est mal informé sur les détails de cette époque de sa vie et particulièrement sur ses ressources. Toutefois, il semble qu il vivait de son art de copiste, puisque Ibn Baškwāl signale «qu il a écrit plusieurs livres» (wa kataba bi-ẖaṭṭihi ilman katīran) 31. C est d Almeria, le 1 er muharram 481/27 mars 1088, qu il a pris la mer, en compagnie de son oncle paternel, pour l Orient dans le but d effectuer le pèlerinage et se perfectionner en sciences. Il avait alors 26 ans. Il s est rendu à La Mecque, à Basra, à Bagdad, à 29 Cf. Kitāb al-ṣila, éd. Šarīf Abū l- Alā al- Adawī, Le Caire, Maktabat al-ṯaqāfa, 2008, p , notice n Ibn Farḥūn signale que notre auteur est né en 452/1060. Voir Ibn Farḥūn, Dibāǧ, vol. I, p Ibid. 32

33 Damas, au Caire et à Alexandrie. Ce fut neuf ans de pérégrinations, riches et fructueuses sur le plan intellectuel et personnel. Il a su rencontrer les grands savants de l époque et étudier les meilleurs ouvrages en plusieurs sciences. Il regagne son pays natal, en 490/1097 et s installe définitivement à Murcie pour se consacrer à l enseignement des sciences traditionnelles. Entre-temps, le gouverneur almoravide de Murcie lui a proposé le poste de cadi qu il a refusé, et en 505/1111, l émir Alī b. Yūsuf b. Tāšfīn le nomma cadi de Murcie. Pendant les deux dernières décennies de sa vie à Murcie, Abū Alī al-ṣadafī a fait de la mosquée de cette ville, comme de sa maison d ailleurs, deux lieux privilégiés de son enseignement. Ses cours attiraient les étudiants des quatre coins d al-andalus et d ailleurs. Sa mort dans la bataille de Cutanda a fait de lui un «martyr» et un symbole de cet événement 32. Le Mu ǧam fī aṣḥāb al-qādī al-ṣadafī (Dictionnaire biographique des amis du cadi al-ṣadafī), composé par son disciple Ibn al-abbār al-balansī (m. 658/1260), montre que la majorité de ses disciples sont de Šarq al-andalus. Il signale 41 savants d Almeria, 23 de Valence, 15 de Dénia, 11 de Orihuela, 7 de Lorca, etc. 33. C est grâce à son enseignement que la grande mosquée de Murcie fut un véritable centre d étude des traités de jurisprudence et de hadith. Ces deux disciplines avaient un succès singulier à cette époque. C est encore cette même copie de Ṣaḥīḥ al-buẖārī transmise par Abū Alī al-ṣadafī qui va nous servir de spécimen pour illustrer cette écriture dite de Šarq al-andalus. 32 Tous ses biographes notent sa présence comme combattant volontaire (ma a l-mutaṭawwi a) dans l armée almoravide et signalent sa mort à la bataille de Cutanda (au sud de Zaragoza) en 514/1120. Voir au sujet de la déroute de Cutanda, A. Cañada Juste, «La batalla de Cutanda», Xiloca, t. 20, 1997, p Xiloca/52.pdf 33 Cf. C. de la Puente, «Vivre et mourir pour Dieu, œuvre et héritage d Abū Alī al-ṣadafī (m. 514/1120)», Studia Islamica, 1998, vol. 87, p ; id., «Obras transmitidas en Al-Andalus por Abū Alī al-ṣadafī», al-qantara, 1999, vol. 20, fasc. 1, p L écriture d Ibn Sa āda à Murcie en 492/1099 Une copie du texte de Ṣaḥīḥ al-buẖārī, rédigée par Ibn Sa āda et collationnée devant son maître Abū Alī al-ṣadafī, est conservée à la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc (BNRM, Rabat), sous la cote 1332 D 34. Copiée sur papier (210 x 160 mm), elle se décline en cinq volumes. Le premier, considéré comme perdu aujourd hui, est reconstitué par une copie tardive 35. Le second, accessible en fac-similé 36, porte un certificat de lecture daté de rabī al-awwal 493/janvier 1100, de la main d Abū Alī al-ṣadafī. Le troisième et le quatrième ne portent pas de date. Le cinquième porte un colophon de la main d Ibn Sa āda, daté de al- ašr al-āẖīr min ḏī l-qi da 492/12-28 septembre L écriture est rapide, fluide et dense, avec 22 lignes par page (fig. 3). Les rubriques des chapitres sont en gras, mais sans effets calligraphiques. Le ductus et le module sont plutôt petits. Les hastes des alif et lām sont assez courtes. L alif médian porte systématiquement un denticule inférieur (ligne 2 : al-muhāǧirīn wa l-anṣār). La haste plongeante du mīm final est courte et penche souvent à gauche (ligne 1, premiers mots : ṯumma lam ) ; elle est rarement droite (ligne 10 : Ibn Hišām). La haste du ṭā est généralement verticale (ligne 5), rarement inclinée à droite (ligne 6). Les ṣād et ḍād sont presque des demi-cercles (lignes 2, 4, 6, 7). Les demi-boucles du lām final, du nūn final, du yā final et du sīn final sont assez importantes (lignes 2, 3, 4, 5, 6, 7, etc.). Les rā et wāw sont petits. La partie inférieure du dāl final plonge légèrement sous la ligne (ligne 2 : wa-qad ; 6 : ṯumma saǧada saǧdatayn), mais en position isolée elle est sur la ligne (lignes 7 : iḏā ṭāfa ; 10 : iḏ mana a). La hamza est rarement notée. La šadda, quand elle est notée, est sous forme de 34 I.S. Allouche, A. Regragui, Catalogue des manuscrits arabes de Rabat, deuxième série ( ), vol. I, 1954, p Elle fut exécutée par ordre du monarque Sidi Muḥammad b. Abd al-raḥmān et achevée le 12 ḏū l-ḥiǧǧa 1285/26 mars Le Ṣaḥīḥ al-buẖārī, Reproduction en phototype des manuscrits originaux de la recension occidentale dite «recension d Ibn Sa āda», établie à Murcie en 492 de l hégire (1099 de J.C.), vol. 1 (sic), par E. Lévi- Provençal, Paris, Librairie orientale P. Guethner,

34 «v» (ligne 15 : wa-lākinnahunna). La ponctuation et la vocalisation sont rarement notées. Deux (حدثنا)» pour نا «le abréviations sont employées :.(اأخربنا)» pour انا «le et Figure 3 Rabat, BNRM, 1332 D, vol. II, fol. 11v. 34

35 L importance de la copie d Ibn Sa āda Selon la tradition, parmi les très nombreux transmetteurs directs de Ṣaḥīḥ al-buẖārī, il y a Abū Abd Allah Muḥammad al-farabrī ( / ) qui l a reçu d al-buẖārī (m. 256/870), une première fois à Farabr en 248/862 et une seconde fois à Buẖārā en 252/866. Trois célèbres disciples de Farabrī, à savoir : al-saraẖsī (m. 381/991), al-kušmīhanī (m. 389/998) et Abū Isḥāq al-mustamlī (m. 376/986), l ont transmis à Abū Ḏarr al-harawī ( / ) 37 qui l a transmis à ses nombreux disciples. C est la recension la plus répandue en Šarq al-andalus, par le biais d Abū l-walīd al-bāǧī (m. à Almeria en 474/1081) qui l a apprise d Abū Ḏarr al-harawī et l a transmise à Abū Alī al-ṣadafī de Murcie, qui l a transmise à son beau-père, Abū Imrān Mūsa Ibn Sa āda, toujours à Murcie 38. Ibn Sa āda et sa formation à Murcie Tout ce que les sources biographiques médiévales 39 permettent de noter au sujet de la 37 Originaire de Hirāt, dans le Ḫurasān, il a vécu plus de trente ans à La Mecque, enseignant les hadiths. 38 On raconte que les disciples de Ṣadafī se bousculaient devant son domicile, à Murcie, pour tenter de collationner leurs copies. Lorsque le jeune al-qāḍī Iyāḍ arriva de Céuta pour voir son maître Ṣadafī, il ne le trouva pas. Celui-ci, ayant refusé le poste de juge à Murcie, proposé par le prince almoravide Ibrahim b. Yūsuf b. Tāšfīn, avait disparu pour fuir les sanctions. Ses disciples souhaitant terminer leurs textes ou désireux de les collationner devant lui, l attendirent plusieurs jours, au point que certains, manquant de vivres, renoncèrent et rentrèrent chez eux ; d autres plus patients parmi eux al-qāḍī Iyāḍ l attendirent plus longtemps encore, mais vainement [ ]. Al-Qāḍī Iyāḍ (m. 544/1149) précise que Ṣadafī avait collationné sa copie de Ṣaḥīḥ al-buẖārī devant plusieurs maîtres orientaux pendant les années passées en Orient de 481/1088 à 490/1096. Voir Ibn al-abbār al-balansī, al-mu ǧam fī aṣḥāb al-qāḍī al-ṣadafī, éd. par I. al-ibyārī, Le Caire, Dār al-kitāb al-miṣrī, 1989, p Quant aux autres recensions de Ṣaḥīḥ al-buẖārī et leurs voies de transmission en al-andalus et au Maghreb, voir M. al-mannūnī, «Ṣaḥīḥ al-buẖārī fī l-dirāsāt al-maġribiyya min ẖilāl ruwātih al-awwalīn», Da wat al-ḥaqq, vol. II-III, Essentiellement : Ibn Amīra al-dabbī (599/1200), Buġyat al-multamis fī tārīẖ riġāl ahl al-andalus, Le vie mouvementée d Abū Imrān Mūsa Ibn Sa āda (m. après 522/1128), c est qu il s agit d un des membres éminents d une famille de juristes et magistrats de Šarq al-andalus. Originaire de Valence, il fut forcé à quitter sa ville natale, avec sa famille, vraisemblablement suite aux événements de ša bān-ramadān 485/septembreoctobre , pour s exiler un temps à Dénia avant de se fixer définitivement à Murcie 41. Sa formation demeure traditionnelle. Il a étudié deux livres majeurs d adab, le Adab al-kātib d Ibn Qutayba (m. 276/889) et le Faṣīḥ de Ṯa lab (m. 291/903). Il les a ensuite transmis à de nombreux disciples 42. Il a étudié également le Muwaṭṭa de Mālik (m. 179/795) auprès de deux maîtres levantins : Abū l-ḥasan Ibn Mufawwiz al-šāṭibī (m. 484/1091) 43 et Abū l-ḥasan Ibn Šafī (m. 514/1120) 44. Lors de son voyage en Orient, pour le pèlerinage et l étude, il a rencontré Abū Bakr al-ṭurṭūšī (m. 520/1127) à Alexandrie et a étudié auprès de lui les Sunan d Abū Dāwud (m. 275/888). Son nom devient célèbre dans l Occident musulman grâce à sa transmission de Ṣaḥīḥ al-buẖārī, reçue de son beau-fils, Abū Alī al-ṣadafī. Le lien entre les deux hommes est à la fois scientifique et parental. Le maître, plus jeune Caire, Dār al-kitāb al- arabī, 1967, p. 456 (notice n 1330) ; Ibn al-abbār al-balansī (m. 658/1260), al-takmila li-kitāb al-sila, éd. par A. al-harrās, Beyrouth, Dār al-fikr, 1995, vol. II, p (notice n 454) ; id., al-mu ġam fī aṣḥāb al-qāḍī al-ṣadafī, éd. par I. al-ibyārī, Le Caire, Dār al-kitāb al-miṣrī, 1989, p ; Al-Maqqarī (m. 1041/1631), Nafḥ al-ṭīb min ġuṣn al-andalus al-raṭīb, Beyrouth, Dār Sādir, 1968, vol. II, p Sur ces événements, voir entre autres V. Lagardère, Les Almoravides jusqu au règne de Yūsuf b. Tāšfīn ( ), Paris, l Harmattan, 1989, p. 133 et s. 41 Ibn al-abbār le considère comme étant «de Murcie» (min ahl mursiya). 42 C est le cas de son neveu, le Qāḍī Abū Abd Allah Muḥammad b. Yūsuf Ibn Sa āda, qui les a transmis à son tour. 43 Ḏahabī, Taḍkirat al-ḥuffāẓ, vol. IV, p. 1222, souligne qu Ibn Mufawwiz avait une belle écriture «kāna ḥasana l-ẖaṭṭ». 44 Ce dernier enseignait les qirā āt dans la mosquée d Almeria. 35

36 que le disciple, a épousé la fille de ce dernier 45. Selon Ibn al-abbār 46, Ibn Sa āda a entendu la lecture des deux Ṣaḥīḥ, devant al-ṣadafī une soixantaine de fois et les a copiés plusieurs fois. Il ajoute que notre transmetteur détenait une copie exceptionnelle de Ṣaḥīḥ al-buẖārī, exécutée et collationnée par lui-même devant Abū Alī al-ṣadafī 47. L écriture telle qu elle se révèle dans cette copie de 492/1099 est une écriture originale, se distinguant nettement des écritures «courantes» d al-andalus, à cette époque. Bien qu elle nous rappelle, dans certaines limites, un certain style archaïque, elle illustre une des écritures de Šarq al- Andalus, dans la mesure où le copiste y a toujours vécu, si l on en croit ses biographes 48. Il se peut qu il l ait acquise dans son milieu familial, dès son enfance. Malheureusement, nous ne savons rien sur les premières années de son apprentissage. Néanmoins, tout concorde pour supputer qu il a reçu son premier enseignement dans sa propre famille lorsqu il était encore à Valence et qu il l a perfectionné surtout à Murcie, suite à l installation de sa famille dans cette ville. Intellectuellement, on peut le considérer comme une pure production du milieu érudit de cette région où il a fait toute sa formation et sa carrière et qu il n a quittée qu une seule fois pour accomplir son pèlerinage, et ce pour une courte durée. La transmission d une forme d écriture ancienne pouvait trouver dans les familles de juristes malikites andalous un terreau idéal pour perdurer au point de surprendre les modernes. Ces familles veillent sur la conservation et la transmission de l héritage des aïeux. Une attestation de lecture notée par Abū Alī al-ṣadafī dans la page du titre 45 Avant sa mort, Abū Alī al-ṣadafī a légué par acte testamentaire tous ses biens à son beau-père, Ibn Sa āda. Cf. Ibn al-abbār, al-takmila, vol. II, p A noter que Ṣadafī avait perdu ses deux parents lors des événements de Valence, alors qu il se trouvait en Orient. 46 Takmila, vol. II, p. 177 ; al-mu ġam, p Ibid. «wa-kānā aṣlayni lā yakādu yūǧadu fī l-ṣiḥḥati miṯlaḥumā». 48 Originaires de Cordoue, ses aïeux étaient liés à des clients du calife Abd al-raḥmān III (m. 350/961), et ses parents étaient établis à Valence de longue date. Cf. Ibn al-abbār, op. cit. «Mūsā b. Sa āda mawlā Sa īd b. Naṣr [mawlā amīr al-mu minīn Abd al-raḥmān] [ ]». du deuxième volume montre que cet exemplaire d Ibn Sa āda est passé à son neveu Muhammad b. Yūsuf Ibn Sa āda (m. 565/1132) et qu il en a entendu la récitation intégrale (sami a ǧamī ahu) devant le maître al-ṣadafī en 510/1116, à l âge de 14 ans 49. Ce neveu, héritier des livres de son oncle et ceux de Ṣadafī, a effectué un voyage de six ans en Orient et a séjourné dans plusieurs centres importants avant de devenir cadi à Murcie puis à Jàtiva. A son tour, il donna en 556/1161 à l un de ses disciples une attestation de lecture qui est encore lisible dans la page du titre du quatrième volume de cet exemplaire de Ṣaḥīḥ al-buẖārī. La forme de certaines lettres comme le ṣād, le ṭā, le fā /qāf initial, le mīm initial, le kāf initial et médian, le dāl final, le nūn final, sans parler des hastes des alif et lām, qui sont droites et assez courtes, permet de rapprocher l écriture de Ṣadafī de celle de son beau-père, Ibn Sa āda, et de les classer dans un même groupe, celui de Šarq al-andalus. Force est de constater qu à cette époque, Murcie connaissait une vitalité intellectuelle remarquable, notamment en sciences traditionnelles. C est encore un traité de hadith qui va nous servir d exemple pour illustrer cette écriture dite de Šarq al-andalus. L écriture d Ibn Abī Laylā à Murcie en ǧumādā I-II 511 / août-septembre 1117 Parmi les ouvrages transmis par Abū Alī al-ṣadafī à Murcie, il y a al-sunan de Dāraquṭnī (m. 385/995). Ibn al-abbār (m. 658/1260) mentionne dans son al-mu ǧam fī aṣḥāb al-qāḍī al-ṣadafī douze personnalités qui l ont étudié auprès de Ṣadafī et précise qu il en a possédé luimême une copie écrite de la main du maître, où figurait l iġāza accordée au Qāḍī Iyāḍ 50. Si cette copie est considérée aujourd hui comme perdue, une autre, non moins importante, nous est parvenue en assez bon état. Il s agit du Ms. Istanbul, Süleymaniye Kütüphanesi, Reisulkuttab Mustafa Efendi, 157. Sur papier, composée de 159 folios et produisant le texte intégral des Sunan du fameux 49 Il est né à Murcie, en ramadan 496/8 juin-7 juillet Voir al-dabbī, Buġyat al-multamis, p ; Ibn Farḥūn, al-dibāǧ al-muḏahhab, vol. II, p Ibn al-abbār, al-mu ǧam, p

37 al- Dāraquṭnī, cette copie est réalisée au cours des deux mois de ǧumādā I et II 511/ août-septembre 1117 (fig. 4), par celui qui deviendra plus tard un des savants majeurs de Murcie à cette époque. Son nom complet est Abū Bakr Abd al-raḥmān b. Aḥmad b. Ibrāhīm b. Muhammad Ibn Abī Laylā (m. 566/1171). En voici d abord le colophon, sa transcription et sa traduction : Figure 4 Istanbul, Süleymaniye, Reisulkuttab Mustafa Efendi, 157, fol. 159r. Transcription»كمل جميع كتاب الùسنن للدارقطني والحمد هلل رب العالمين و صلواته على نبيه محمد خاتم النبيين / وكتب عب د الرحمن بن احمد بن ابرهيم بن ابي ليلى لنف سه في شهري جمادى من سنة احدى ع شرة وخم س ماية«Traduction : «Ici s achève le traité al-sunan de Dāraquṭnī. Dieu, le Maître du monde, soit loué et son prophète Muhammad, le sceau des prophètes, soit béni. A exécuté [cette copie] pour son besoin personnel, Abd al-raḥmān b. Aḥmad b. Ibrāhim Ibn Abī laylā, au cours des deux mois de ǧumādā 511/septembre-octobre 1117.» Pour plus de clarté, nous nous proposons de décrire l écriture d Ibn Abī Laylā à partir de la première page du texte où le trait semble spontané et ferme. On lit dans les premières lignes du texte la chaîne de transmission (sanad), intégralement transcrite (fig. 5, page suivante). Bien que la copie ne porte aucun indice du lieu où elle a été exécutée, nous savons par les différentes notices biographiques de Ṣadafī qu à cette époque il se trouvait à Murcie où son enseignement à la grande mosquée de la ville battait son plein et où Ibn Abī Laylā était son fidèle disciple et son lecteur attitré 51. Ce dernier a fréquenté longtemps son maître et a réalisé cette copie quelques mois avant le décès de celui-ci. 51 Ibn al-abbār, al-takmila, vol. III, p. 27 : «Wa huwa l-qāri u alayhi limā yusma u minhu.» En voici d abord la transcription des six premières lignes du texte copié, sans doute, à Murcie : ب سم اهلل الرحمن الرحيم و صلى اهلل على محمد نبيه و سلم اخبرنا الفقيه القا ضي االمام الحافظ ابو علي ح سين بن محمد ال صدفي ر ضي اهلل عنه قراءة مني عليه في شهر ذي/ الحجة من سنة احدى ع شرة وخم س ماية قال أاخبرنا ال شيخ العد ل ابو الف ضل احمد بن الح سن بن خيرون بن ابرهيم ر ضي اهلل/ عنه قراءة مني عليه في منزله ببغداد سنة خم س وثمانين واربع مائة قال انبانا اأبو عب د اهلل الح سين بن جعفر بن محمد بن جعفر/ ال سلما س ي قراءة عليه في شهر ربيع االخر من سنة ست وثلثين واربعمائة قال اأخبرنا أابو الح سن علي بن عمر بن احمد بن مهدي الدارقطني الحافظ رحمه اهلل قراءة عليه في سنة خم س وثمانين وثلثمائة كتاب الطهارة )...(* La récitation du texte par le copiste Ibn Abī Laylā devant le maître al-ṣadafī s est déroulée en plusieurs étapes, comme le laissent entrevoir les marques d interruption de récitation 52, notées dans la marge des folios 11v, 25v, 39r, 50v, 59v, 68r, 77r, 85v, 106r, 119r, 131v, 142v. Six mois ont suffi pour mémoriser et réciter l ensemble du texte dont la transcription a été achevée en ǧumādā II 511 et la récitation en ḏū l-ḥiǧǧa de la même année, comme en témoignent le colophon, d une part, et le certificat de récitation de la main * Nous avons volontairement suivi l orthographe de la copie, sauf dans le cas de quelques mots qui peuvent prêter à confusion. 52 Le copiste emploie les deux formulations suivantes : «Balaġtu qirā atan wa-l-ḥamdu li-llāh» et «Intahaytu qirā atan wa-l-ḥamdu li-llāh». 37

38 Figure 5 Istanbul, Süleymaniye, Reisulkuttab Mustafa Efendi, 157, fol. 2v. 38

39 de Ṣadafī, d autre part, ǧumādā II étant le sixième mois de l année et ḏū l-ḥiǧǧa le douzième et le dernier de la même année. Quant à la question de «ḏū l-ḥiǧǧa» figurant en tête du texte, ce n est pas une anomalie, nous semble-t-il. Visiblement le copiste a laissé, dans un premier temps, un espace blanc qu il a comblé une fois la récitation du texte terminée. D ailleurs, le trait de l écriture de la date est assez gros et l encre en est différente de celle du reste du texte. Ce manuscrit est passé en Egypte où il est devenu la propriété d un Cairote qui l a étudié et a récité son contenu devant le maître Aḥmad b. Yūsuf b. Aḥmad al-ḫalāṭī (m. 742/ ), comme le laisse entendre deux notes marginales en écriture orientale «balaġtu qirā atan alā al-ḫalāṭī» figurant dans les folios 106v et 115r. Dans les marges, on observe également quelques corrections de la main d Ibn Abī Laylā et de nombreuses notes d une main orientale 53. Celleci même a comblé des passages effacés, comme on le voit au milieu des quatrième et cinquième lignes du commencement du texte (fig. 5), mais aussi au milieu des six dernières lignes. L encre y est plus foncée que celle du texte original. Les interventions en rouge sont vraisemblablement dues à cette même main égyptienne. Le manuscrit fut consulté au Caire par al-maqrīzī en ḏū l-qi da 804/juin 1402 et par Ibrāhīm al-biqā ī en ramadān 862/juillet-août L allure générale de cette écriture est trompeuse puisqu elle donne l impression d une écriture orientale. A cette époque, notre copiste, âgé d une vingtaine d années, n a vécu que peu de temps hors de sa ville natale. Son voyage à La Mecque a eu lieu bien plus tard. Par conséquent, son écriture ici dense, fine et rapide est à considérer comme une pure production de Murcie. Il est probable que cette écriture soit influencée par celle de Ṣadafī, dans la mesure où le disciple a côtoyé le maître et ses livres pendant une dizaine d années 54. Le ductus et le module sont petits. Les hastes des alif et lām sont courtes. L alif médian (ou final non isolé) porte systématiquement un denticule inférieur (ligne 2 : al-ḥāfiẓ). La haste plongeante du mīm final est courte, souvent courbée (lignes 2, 3), rarement droite (ligne 7 : Ibrahīm). La haste du ṭā est généralement inclinée à droite (ligne 6), rarement verticale. Les ṣād et ḍād sont presque des demi-cercles (lignes 2, 3). Les demi-boucles du lām final, du nūn final, du yā final et du sīn/šīn final sont discrètes (lignes 2, 3, 4, 5, 6, 7, etc.). Les rā et wāw sont petits. La partie inférieure du dāl final plonge légèrement sous la ligne (lignes 2, 3, 4, 5, etc.), mais en position isolée elle est sur la ligne (ligne 16 : dāwud). La hamza est parfois notée. La šadda, quand elle est notée, est sous forme de «v» (ligne 15 : Ibn al-sarī ; ligne 23 : Ḥassān). La ponctuation et la vocalisation sont sporadiques. Deux abréviations sont employées : «نا» pour (حدثنا) et «انا» pour.( أاخربنا) Le copiste Abd al-raḥmān b. Aḥmad b. Ibrāhīm Ibn Abī laylā (m. 566/1171) 55 Ce copiste, qui a pris le soin de mentionner son nom dans le colophon de sa copie personnelle, n était pas un quelconque apprenti des hadiths. Certes, il avait alors vingt-et-un ans à peine, mais il deviendra un des grands maîtres de Murcie en son temps. A Murcie où il est né en muḥarram 490/janvier 1097, il a étudié d abord auprès de son père Abū l-qāsim, ensuite auprès d autres savants levantins comme Abū Bakr Ibn al- Arabī (m. 543/1148) à Murcie et Abū Imrān Ibn Abī Talīd (m. 517/1123) à Jàtiva. A Cordoue, il a eu des maîtres célèbres comme Abū Muḥammad Ibn Attāb (m. 520/1126), Abū Bakr Ġālib Ibn Aṭiya (m. 518/1124), Abū l-ḥasan Ibn al-bāḏiš (m. 528/1133) et bien d autres. De 528/1133 à 530/1135, il a effectué un voyage en Orient pour le pèlerinage et l étude. Il a rencontré à La Mecque les deux frères Šaybānī, 53 Mis à part les deux premières pages, l encadrement du texte en rouge a été rajouté ultérieurement, comme en témoignent les folios 6r, 7v, 22r, 31r, 35r, 50v, 64r, 65r, 150 v., etc. 54 Ibn al-abbār al-balansī, Takmila, III, p , où il est dit qu «il fut le disciple intime de Ṣadafī ; il l a fréquenté longtemps et a entendu plusieurs fois ses enseignements». A la mort de Ṣadafī, notre copiste avait seulement vingt-quatre ans. 55 Voir sa biographie dans Takmila, III, Ibn al-abbār al-balansī (m. 658/1260), p ; id., al-mu ǧam fī aṣḥāb al-qāḍī al-ṣadafī, p

40 Abū l-muẓaffar et Abū l-qāsim. A Alexandrie, il a étudié sous l autorité d Abū Ṭāhir al-salafī, comme la majorité des Andalous de l époque. Quelques mois après son retour dans sa ville natale, il devient secrétaire du gouverneur almoravide de Murcie, Abū Isḥāq Ibrāhim b. Yūsuf b. Tāšfīn. Il a refusé le poste de cadi que l on lui a proposé à l époque, et, après une courte retraite à la campagne, il s est fixé à la grande mosquée de la ville pour enseigner notamment les hadiths. Son enseignement eut un grand succès, car il fut, dit-on, le disciple préféré d Abū Alī al- Ṣadafī. A propos de son écriture, Ibn al-abbār rapporte l appréciation du cadi Abū Abd Allah Muḥammad b. Yūsuf Ibn Sa āda (m. 565/1132) disant «qu il avait une belle écriture et était rigoureux dans son travail de copiste», sans plus. Peut-on en déduire que, pour un Valencien comme Ibn al-abbār, il s agissait d une écriture qui ne méritait pas plus de commentaire? Probablement! Un quatrième exemple d écriture de Šarq al-andalus provient de Valence où le copiste, un savant de renom, a passé pratiquement toute sa vie. L écriture d Abū al-rabī al-kalā ī à Valence en 630/1233 Il s agit du manuscrit Istanbul, Süleymaniye, Shehid Ali Pasha, 562. C est encore un traité de hadiths composé par Abū al-rabī al-kalā ī (m. 634/1273), intitulé «al-musalsalāt mina l-aḥādīṯ wa-l-aṯār wa-l-inšādāt». C est une copie de 30 folios, avec 25 lignes par page, réalisée par un anonyme qui l a achevée en ḏū l-qi da 629/ 19 août-17 septembre 1232, pour le compte de Muḥammad b. Aḥmad b. Umar al-tuǧībī qui, lui, en a terminé le collationnement à Valence, le 14 rabī II 630/28 janvier L écriture de celui-ci ainsi que celle du copiste sont «andalouses courantes», et à ce titre elles ne retiendront pas notre attention dans le présent travail. Toutefois, nous les reproduisons ici pour que le paysage des écritures livresques d al-andalus de l époque ait un tant soit peu de visibilité (fig. 6). Seules les six lignes d al-kalā ī nous importent ici (fig. 7). En effet, la page du titre de ce manuscrit porte une attestation de transmission de la main d Abū al-rabī al-kalā ī accordant à son disciple Muḥammad b. Aḥmad b. Umar Tuǧībī la légitimité de transmettre son enseignement contenu dans ce manuscrit. Les six lignes ont été rédigées en fin ǧumāda II 630/ début avril Bien qu elles soient écrites par un homme âgé de 65 ans, elles reflètent une belle écriture hybride appartenant au groupe ici étudié. Figure 6 Istanbul, Süleymaniye, Shehid Ali Pasha, 562, fol. 26r. 40

41 Figure 7 Istanbul, Süleymaniye, Shehid Ali Pasha, 562, fol. 1r. Transcription اأخذ عني هذه الم سل سالت وما ات صل بها من االإن شادات / الفقيه الجليل الزكي ابو بكر محمد بن الفقيه ابي جعفر احمد بن عمر بن ابرهيم / التجيبي وفقني اهلل واياه بين قراءة مني عليه وقراءة منه علي فكمل له كل ذلك ب شرطه من صفة اوقاتي او صفة وقته فليرو ذلك عني كذلك / اإن شاء نفعنا اهلل واياه قاله سليمن بن مو سى بن سالم / الكالعي وكتب بخطه في اواخر جمادى االآخرة من سنة ثالثين و ستمائة Traduction «J ai transmis ce traité [intitulé] al-musalsalāt wa-mā ittaṣala bi-hā mina l-inšādāt à l érudit, le notable, l intègre, Abū Bakr Muḥammad b. al-faqīh Abū Ğa far Aḥmad b. Umar b. Ibrahīm al-tuǧībī. Que Dieu nous accorde son secours. J en ai récité des passages devant lui et il en a fait autant devant moi. Le tout a été achevé selon ses conditions et dans la limite de nos disponibilités. Je l autorise donc à le transmettre à son tour. Si Dieu le veut, il nous accordera sa bénédiction. Cela est déclaré par moi-même, Sulaymān b. Mūsā b. Sālim al-kalā ī, et rédigé par ma propre main en fin ǧumāda II » 56 Ce Muḥammad b. Aḥmad al-tuǧībī précise également que sa copie a été réalisée à partir de l autographe du maître Abū al-rabī al-kalā ī. Sur ce Tuǧībī, propriétaire de la copie, voir Ḏayl wa l-takmila, vol. VI, p. 16, notice n 33 où l on apprend qu il est originaire de Valence et qu il a étudié auprès d al-kalā ī. Cette élégante écriture d al-kalā ī est fortement marquée de traits pseudo-orientaux. C est cela même qui fait d elle une écriture de Šarq alandalus, nous semble-t-il. Le ductus et le module sont assez conséquents. Les hastes des alif et lām sont droites et modérées. L alif médian porte un minuscule denticule inférieur (lignes 1, 3, 5). La haste plongeante du mīm final est courte et courbée (lignes 3, 5). La haste du ṭā est tantôt droite (ligne 6), tantôt inclinée à droite (ligne 4). Les ṣād et ṭā sont presque des demi-cercles (lignes 1, 4). Les demi-boucles du lām final, du nūn final, du yā final sont discrètes. Les rā et wāw sont petits. La partie inférieure du dāl/ḏāl final plonge légèrement sous la ligne (lignes 1, 2, 4), mais en position isolée elle est sur la ligne (ligne 4 : ḏālika). La hamza est souvent notée. La ponctuation est très soignée, la vocalisation est très rare. Abū al-rabī al-kalā ī qui a rédigé les six lignes en question est un véritable Valencien, bien qu il soit né près de Murcie le 1 er ramaḍān 565 / 19 mai Alors qu il était âgé seulement de deux ans, sa famille s est installée à Valence où il a passé toute sa vie. Il a étudié auprès de nombreux savants andalous, maghrébins et orientaux. Le Ḏayl wa takmila en donne une cinquantaine de noms. A sa solide formation en sciences traditionnelles s ajoutent ses qualités de prosateur, orateur et poète. Il eut en charge le prêche du vendredi (ẖaṭīb) à la grande mosquée de Valence et fut le porte-parole des autorités de la ville. Il fut un excellent maître en sciences des hadiths, et son enseignement attira de très nombreux disciples. Parmi eux, on trouve Ibn al-abbār (m. 658/1260) 41

42 qui lui consacre, dans son Dictionnaire biographique, une notice importante où il mentionne vingt-trois titres de ses ouvrages, y compris les Musalsalāt mina l-aḥādīṯ wa-l-inšādāt. Originaire de Valence lui aussi, Ibn al-abbār a longtemps fréquenté notre auteur/copiste et a obtenu, de lui, l autorisation (iǧāza) de transmettre «tout ce qu il a enseigné et a écrit 57». C est Ibn al-abbār qui a hérité de la bibliothèque personnelle du maître, après sa mort à l âge de soixante-dix ans, lors de la bataille d Enesa, près de Valence, contre les hommes de Jacques 1 er d Aragon. Il précise que notre auteur avait une belle écriture et était rigoureux dans son travail de copiste 58. Répétons-le encore une fois, le Šarq alandalus a connu, aux XI e et XII e siècles, plusieurs variétés d écriture arabe andalouse. Néanmoins cette région, contrairement aux autres, semble avoir développé un style graphique propre à elle, où l on observe un magnifique alliage de traits orientaux et locaux. Pourquoi donc une variété d écriture andalouse singulière a-t-elle pu se développer dans cette région levantine? C est une question délicate à laquelle nous ne pouvons apporter que peu d éléments de réponse, eu égard à l état actuel de nos connaissances. Néanmoins, certains historiens ont déjà pointé les diverses spécificités de cette région et ont mis en lumière les liens privilégiés qu elle a su entretenir avec les différents pays de la Méditerranée musulmane, et ce dès le III e /IX e siècle 59. Le Maghreb et l Orient arabe représentèrent, pour le Šarq al-andalus, un enjeu particulièrement vital. Selon les géographes arabes, Dénia est à six jours de navigation du port d Alger et Mayūrqa à trois jours de Biǧāya 60. Les réels échanges commerciaux 57 Takmila li-kitāb al-ṣila, vol. IV, p. 102 «Ṣāḥabtuhu ṭawīlan wa-aẖaḏtu anhu kaṯīran wa-aǧāza lī ġayra marra ǧamī a mā rawāhu wa ǧama ahu wa anša ahu ẖaṭṭan wa-lafẓan [ ]». Il ajoute que c est lui qui l a incité à composer son Dictionnaire biographique et, à cette fin, il a mis tous ses livres à sa disposition. 58 Ibid., p. 102 «kāna ḥasana l-ẖaṭṭi lā naẓīra lahu fī l-ḍabṭi wa-l-itqāni». 59 Voir la vaste bibliographie de B. Travis, La Taïfa de Denia et la Méditerranée au XI e siècle, 2013, p Al-Bakrī, al-masālik wa-l-mamālik. Description de l Afrique septentrionale, trad. partielle par M.G. de et culturels auxquels s ajoutent les déplacements d individus et des livres entre les deux régions avaient certainement des influences sur le type d écriture arabe que nous venons de présenter ici. Des fouilles archéologiques relativement récentes ont exhumé deux ataifores (i.e. grands plats) en céramique tunisienne, datables du X e siècle, l un découvert à Sax, l autre à Villajoyosa 61. La numismatique andalouse apporte, elle aussi, une contribution précieuse à notre question. Beaucoup de pièces de monnaies ifriqiyennes ont été découvertes en terre ibérique. Carolina Doménech Belda fait remarquer qu une quantité importante de pièces fatimides siciliennes et ifriqiyennes ont circulé dans le Šarq al-andalus, nonobstant la production monétaire locale et le conflit politicodogmatique opposant les sunnites d al-andalus aux fatimides shiites de l Ifriqiya d abord et de l Egypte ensuite 62. De son côté, R. Azuar Ruiz, qui a longtemps travaillé sur l archéologie islamique de Šarq al-andalus, précise qu en dehors de quelques pièces localisées dans l ouest d al- Andalus, le foyer des pièces ifriqiyennes fut «le port et le territoire de la taïfa de Dénia 63». Travis Bruce ajoute que cette dernière hébergea au moins onze enfouissements de pièces fatimides et que leur pourcentage va, dit-il, «de 13, 14 ou 15 % à 48 et même 80 % pour un enfouissement à Elche 64». Cette dynamique monétaire se faisait dans les deux sens, dans la mesure où, entre 1005 et 1035, des dirhams andalous circulaient dans Slane, Paris, , p Voir G. Segura Herrero et J.L. Simon Garcia, «El castillo de Sax (Alto Vinalopo)», dans Castillos y torres en el Vinalopo, éd. par G. Segura Herrero et J.L. Simon Garcia, Peter, 2001, p C. Doménech Belda, Dinares, dirhames y feluses : circulación monetaria islámica en el pais valinciano, Alicante, 2003, p ; C. Doménech Belda, «La moneda fatimi y su relación con al-andalus», dans Cuadernos de Madinat al-zahrâ, vol. V, 2004, p ; C. Doménech Belda, «El tesorillo islámico de Begastri», dans Antiguedad y Cristianismo, 23, 2006, p R. Azuar Ruiz, «Al-Andalus y el comercio mediterráneo del siglo XI», dans La Península ibérica y el Mediterráneo, Codex Aquilarensis, 13, vol. I, p , voir notamment p Op. cit., p

43 les marchés kairouanais et y fixaient même le prix de l argent 65. En effet, les fameux documents de la Geniza, notamment ceux intitulés «période classique» (X e -XIII e ), témoignent du commerce maritime entre Tunis et al-andalus à cette époque 66. L Ifriqiya semble avoir servi de pont entre la Méditerranée occidentale et orientale, et le port de Mahdiya était une sorte de «emporium transitionnel» entre les marchés égyptiens, d une part, et ceux du Maghreb, d autre part 67. Des marchands andalous confiaient souvent leurs produits à des autochtones ifriqiyens pour les écouler sur les marchés orientaux, notamment en Egypte 68. Tout cela indique que des échanges directs entre les deux régions ont été assez actifs sur le plan commercial, mais qu en est-il des échanges culturels? La circulation des oulémas entre les deux rives pour le pèlerinage, l étude, le commerce ou les trois à la fois semble avoir été très fréquente, notamment aux IX e et X e siècles 69. C était une habitude constante que les savants andalous partant en Orient fassent une halte en terre ifriqiyenne et/ou égyptienne, dans le but de se reposer et de rencontrer les grands maîtres de l époque. Les sources biographiques andalouses en parlent amplement. Un des plus anciens exemples illustrant assez bien ce type de voyage est le périple entrepris par Abū Muḥammad Abd Allah Ibn Farrūẖ, né en al-andalus vers 115/733 et mort au Caire vers 176/793. Il s est installé un temps à Kairouan avant de séjourner dans plusieurs villes d Orient où il a rencontré Ibn Ğurayǧ, al-a maš, al-ṯawrī, Abū Ḥanīfa et a longtemps fréquenté Mālik b. Anas. Au Caire (Fusṭāṭ) où il 65 S.D. Goitein, A Mediterranean Society, p S.D. Goitein, «La Tunisie du XI e siècle à la lumière des documents de la Geniza du Caire», Etudes d orientalisme dédiées à la mémoire de Lévi-Provençal, t. II, 1962, p ; id. Letters of Medieval Jewish Traders, Princeton, 1973, p S.D. Goitein, Mediterranean Society, p O.R. Constable, Trade and traders, p Voir, entre autres, Manuela Marin, «Ifriqiya et Al-Andalus, à propos de la transmission des sciences islamiques aux premiers siècles de l Islam», Revue de l Occident musulman et de la Méditerranée, n 40, 1985, p se fixa définitivement, il recevait régulièrement ses compatriotes de passage 70. Justement, ce sont les savants andalous de cette fin du VIII e siècle qui ont introduit et diffusé les enseignements de Mālik dans leurs contrées ibériques 71. L Orient demeura longtemps un lieu de savoir fortement idéalisé par les lettrés andalous. Certains d entre eux y ont passé toute une décennie à étudier et à se former. C est le cas d Abū Marwān Abd al-malik Ibn al- Ᾱṣī (m. 330/ 941) 72 et d Abū Ubayd Allah al-ġubayrī al-ṭurṭūšī (m. 371/982) qui, lui, y est resté treize ans et deviendra, quelques années plus tard, cadi de Valence, ensuite de Tortosa 73. De son côté, Kairouan fut, aux IX e et X e siècles, une des cités des sciences et des savoirs les plus fréquentées par les disciples andalous. Leur engouement pour les cercles des grands juristes de l époque, tels que Abū Sa īd Saḥnūn (m. 240/854) et Ibn Abī Zayd (m. 386/996) est souligné par plusieurs sources. On peut en dire autant des cours du médecin Ibn al-ğazzār (m. vers 369/980) 74. Dans le sens inverse, al-andalus a attiré beaucoup de Kairouanais, notamment au temps d al-ḥakam II (régna de 350/961 à 366/976), homme de pouvoir et de savoir. Les liens entre Kairouan et les différentes contrées d al-andalus se maintiennent et se renforcent plus encore pendant la première moitié du XI e siècle, juste avant la chute de la capitale ifriqiyenne. Tout semble concorder avec les spécificités de Šarq al-andalus pour supputer que cette région, largement ouverte sur le Maghreb et l Orient arabe, entre autres, a connu un style graphique local qui a subi dès le X e siècle, semble-t-il, des influences kairouanaises et orientales. Cette situation a conduit à un style andalou hybride où se chevauchent des formes orientales et occidentales. 70 Iyāḍ, Tartīb al-maḏārik 1998, vol. I, p M. Talbi, «Kairouan et le malikisme espagnol», dans Études d orientalisme à le mémoire de Lévi-Provençal, Paris, 1962, t. I, p ; id., «Les relations entre l Ifriqiya et l Espagne musulmane au 3 e /9 e siècle», Cahiers de Tunisie, (1970), p Iyāḍ, Tartīb al-maḏārik, vol. II, p Iyāḍ, Tartīb al-maḏārik, vol. II, p Toutefois, on ignore dans quelle mesure l opposition sunnite/chiite a perturbé, ou pas, les échanges entre le Levant andalou et Kairouan au IV e /X e siècle. 43

44 Conclusion Quel que soit le type d écriture de ce Muḥammad b. Ibrāhim b. Abd al-raḥmān al-ru aynī al-mursī (m. 620/1223, à Marrakech) que le cadi Ibn Abd al-malik al-murrākušī a qualifié d andalou levantin, il ne peut en représenter, en fin de compte, qu un des types utilisés en Šarq al-andalus, dans la mesure où plusieurs styles y sont attestés à cette époque. Le Šarq al-andalus ne pouvait échapper à la diversité des styles que connaissait l Espagne musulmane aux XI e et XII e siècles. Toutefois, le style hybride combinant des formes issues de la tradition orientale et d autres émanant de la tradition de l Occident musulman semble avoir été assez fréquent, particulièrement dans la région levantine. Il est fort possible que l appellation «style de Šarq al-andalus» employée par al-murrākušī vise précisément ce style hybride. Il se distingue nettement des autres styles livresques où dominent la rondeur des lettres à panse et la fréquence des courbes prononcées. Par conséquent, les écritures rédigées dans les contrées levantines, aux XI e et XII e siècles, partageant un certain nombre de caractéristiques graphiques et constituant un véritable groupe d écritures livresques, méritent d être isolées pour éviter la généralisation voire la confusion. Bien que les témoins de ce groupe demeurent extrêmement rares dans la production manuscrite qui nous est parvenue, les quatre spécimens que nous venons de présenter brièvement ici semblent pouvoir donner une idée assez claire de ce groupe homogène. Au fond, l écriture de d Ibn Sa āda et celle de Ṣadafī ne sont pas aussi éloignées que cela peut sembler à première vue. Cette variété d écriture dite de Šarq al-andalus ne semble pas avoir duré très longtemps. Vraisemblablement, elle n a pas dépassé le XIII e siècle, si l on en croit le témoignage d Ibn Simāk al- Ᾱmilī (m. après 820/1417), secrétaire de chancellerie chez les Nasrides de Grenade, comme son père d ailleurs. Il note : «De notre temps, on ne connaît que quatre styles [d écriture arabe] : 1. le style des Occidentaux (maġāriba), employé aujourd hui dans les contrées du Maghreb extrême et d al- Andalus jusqu à Alexandrie. C est un style que l on utilise depuis plus de cinq siècles ; 2. le style des Orientaux, employé en Egypte, en Syrie, en Arabie et en Irak. C est une variété réduite du style dit ṯuluṯ ; 3. le style coranique dit mabsūṭ que l on utilise aujourd hui ; 4. le style dit ǧazm qui est le kūfī dont il ne reste aujourd hui que des inscriptions murales et quelques Corans anciens 75.» Naturellement, tout cela reste à vérifier à partir de manuscrits datés conservés dans les différentes collections accessibles. Bibliographie Sources primaires Allouche I.S., Regragui A., Catalogue des manuscrits arabes de Rabat, deuxième série ( ), vol. I. Rabat, Editions techniques nord-africaines, 1954 (réédité, Rabat, Publications de la BNRM, 2001). Bakrī (al-), al-masālik wa-l-mamālik, Description de l Afrique septentrionale, trad. partielle par M.G. de Slane, Paris, Dabbāġ (al-) et Ibn Nāǧī, Ma ālim al-īmān fī ma rifat ahl al-qayrawān, éd. par Abd al-maǧīd Ḫiyyālī, Beyrouyh, Dār al-kutub al- ilmiyya, 2005, t. II, p. 54.) Ibn al-abbār al-balansī, al-takmila li-kitāb al-ṣila, éd. par A. al-harrās, Beyrouth, Dār al-fikr, Ibn al-abbār al-balansī, al-mu ǧam fī aṣḥāb al-qāḍī al-ṣadafī, éd. par I. al-ibyārī, Le Caire, Dār al-kitāb al-miṣrī, Ibn Amīra al-dabbī, Buġyat al-multamis fī tārīẖ riǧāl ahl al-andalus, Le Caire, Dār al-kitāb al- arabī, Ibn Baskwāl, Kitāb al-ṣila, éd. Šarīf Abū l- Alā al- Adawī, Le Caire, Maktabat al- ṯaqāfa, Ibn Farḥūn, al-dibāǧ al-muḏahhab, éd. par Muḥammad al-aḥmadī Abū l-nūr, Le Caire, Dār al-turāṯ, Ibn Sa īd, al-muġrib fī ḥulā al-maġrib, éd. Šawqī Ḍayf, Le Caire, Dār al-ma ārif, Ibn Simāk al- Ᾱmilī, Rawnaq al-taḥbīr fī ḥukm al-siyāsa wa l-tadbīr, éd. par Sulaymān 75 Ibn Simāk al- Ᾱmilī, Rawnaq al-taḥbīr fī ḥukm al-siyāsa wa l-tadbīr, éd. par Sulaymān al-qurašī, Beyrouth, Dār al-kutub al- ilmiyya, 2004, p

45 al-qurašī, Beyrouth, Dār al-kutub al- imiyya, Iyâḍ al-qādī, Tartīb al-madārik li-ma rifat a lām maḏhab Mālik, Beyrouth, Dār al-kutub al- ilmiyya, Maqqarī (al-), Nafḥ al-ṭīb min ġuṣn al-andalus al-raṭīb, Beyrouth, Dār Sādir, Murrākušī Ibn Abd al-malik (al-), al-ḏayl wa l-takmila, vol. I, éd. par M. Benchrifa, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, s.d., vol. IV, par I. Abbas, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1964 ; vol. V, par I. Abbas, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1965 ; vol. VI, par I. Abbas, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1973 ; vol. VIII, par M. Benchrifa, Rabat, éd. Académie du Royaume du Maroc, Une réédition de l ensemble de ces parties est sortie en 6 volumes, par les soins de B. Aouad, Tunis, Dār al-ġarb al-islāmī, Nubhānī (al-), Tārīẖ quḍāt al-andalus, Beyrouth, Dār al-āfāq al-ǧadīda, Sources secondaires Azuar Ruiz R., «Al-Andalus y el comercio mediterráneo del siglo XI», La Península ibérica y el Mediterráneo, Codex Aquilarensis, 13, vol. I, p , voir notamment p. 60. Benchrifa M., «Naẓra ḥawla al-ẖaṭṭ al-andalusī», dans Le Manuscrit arabe et la codicologie, A.Ch. Binebine (éd.), Rabat, 1994, p Constable Olivia R., Trade and Traders in Muslim Spain. The Commercial Realignment of the Iberian Peninsula, , Cambridge, Déroche F., «Les manuscrits arabes datés du III e /IX e siècle», Revue des études islamiques LV-LVII, , p Déroche F., «Tradition et innovation dans la pratique de l écriture au Maghreb pendant les IV e /X e et V e /XI e siècles», dans Afrique du Nord antique et médiévale : numismatique, langues, écriture et arts du livre, spécificité des arts figurés (actes du VII e colloque international sur l histoire et l archéologie de l Afrique du Nord, Nice 1996), Lancel Serge (éd.), Paris, 1999, p Doménech Belda C., Dinares, dirhames y feluses. Circulación monetaria islámica en el pais valinciano, Alicante, 2003, p Doménech Belda C., «La moneda fatimi y su relación con al-andalus», Cuadernos de Madinat al-zahrâ, vol. V, 2004, p Doménech Belda C., «El tesorillo islámico de Begastri», Antiguedad y Cristianismo, 23, 2006, p Goitein Shelomo D., «La Tunisie du XI e siècle à la lumière des documents de la Geniza du Caire», Études d orientalisme à la mémoire de Lévi-Provençal, t. II, 1962, p Goitein Shelomo D, A Mediterranean Society : the Jewish Communities of the Arab World as Portrayed in the Documents of the Cairo Geniza, vol. I, Berkeley, Goitein Shelomo D, Letters of Medieval Jewish Traders, Princeton, Guichard P., Les Musulmans de Valence et la Reconquête (XI e -XIII e siècles), Damas, Guichard P., Soravia B., Les Royaumes de taïfas : apogée culturelle et déclin politique des émirats andalous du XI e siècle, Paris, Jaouhari M., «Quelques types du maġribī des XI e et XII e siècles : prémisses d une enquête en cours», dans Les Écritures des manuscrits de l Occident musulman, M. Jaouhari (éd.), (Les Rencontres du Centre Jacques-Berque n 5), Rabat, 2013, p Kattānī (al-) Abd al-ḥayy, «Introduction» (en arabe) à l édition de Lévi-Provençal E., Le Ṣaḥīḥ al-buẖārī. Reproduction en phototype des manuscrits originaux de la recension occidentale dite «recension d Ibn Sa āda», établie à Murcie en 492 de l hégire (1099 de J.C.), vol. 1 (sic), Paris, Librairie orientale P. Guethner, Lagardère V., «L unificateur du malikisme oriental et occidental à Alexandrie : Abū Bakr at-ṭurṭūšī», Revue de l Occident musulman et de la Méditerranée, n 31, p Lagardère V, «La haute judicature à l époque almoravide en al-andalus», al-qantara, , p Lagardère V., Les Almoravides jusqu au règne de Yūsuf b. Tāšfīn ( ), Paris, l Harmattan,

46 La Puente Gonzalez C. (de), «Vivre et mourir pour Dieu, œuvre et héritage d Abū Alī al-ṣadafī (m. 514/1120)», Studia Islamica, 1998, 87, p La Puente Gonzalez C. (de), «Obras transmitidas en Al-Andalus por Abū Alī al-ṣadafī» al-qantara, 1999, vol. 20, fasc. 1, p Lévi-Provençal E. (éd.), Le Ṣaḥīḥ al-buẖārī. Reproduction en phototype des manuscrits originaux de la recension occidentale dite «recension d Ibn Sa āda», établie à Murcie en 492 de l hégire (1099 de J.C.), Paris, vol. 1 (sic), Librairie orientale P. Guethner, Mannūnī Muḥammad (al-), «Ṣaḥīḥ al-buẖārī fī l-dirāsāt al-maġribiyya min ẖilāl ruwātih al-awwalīn», Da wat al- ḥaqq, vol. II-III, Mannūnī Muḥammad (al-), «Lamḥa an tārīẖ al-ẖaṭṭ al- arabī ilā l-qarn al-tāsi ašar», al-manāhil, Marin M., «Ifriqiya et Al-Andalus, à propos de la transmission des sciences islamiques aux premiers siècles de l Islam», Revue de l Occident musulman et de la Méditerranée, n 40, 1985, p Rubiera Mata M.J., La taïfa de Denia, Alicante, Segura Herrero G., Simon Garcia J.L., «El castillo de Sax (Alto Vinalopo)», Castillos y torres en el Vinalopo, éd. par G. Segura Herrero et J.L. Simon Garcia, Peter, Suyūṭī (al-), Buġyat al-wu āt, éd. M. Abū l-faḍl, Saydā, al-maktaba al- aṣriyya, s.d., 2 vol. Talbi M., «Kairouan et le malikisime espagnol», dans Études d orientalisme à la mémoire de Lévi- Provençal, Paris, 1962, t. I, p Talbi M., «Les relations entre l Ifriqiya et l Espagne musulmane au 3 e /9 e siècle», Cahiers de Tunisie, (1970), p Tāzī (al-) Abd al-hādī, «Maẖṭūṭa wahḥīda fī l- ālam : Ṣaḥīḥ al-imām al-buẖārī bi-ẖaṭṭ al-ḥāfiẓ al-ṣadafī», Da wat al-ḥaqq, VIII, mars, Travis B., La Taïfa de Denia et la Méditerranée au XI e siècle, Toulouse, Méridiennes, Travis B., «Réseaux et territorialité dans la Méditerranée occidentale au XI e siècle : l exemple de la taifa de Denia», Mélanges de la Casa de Velázquez, nouvelle série, 40 (2), 2010, p Urvoy D., «La vie intellectuelle et spirituelle dans les Baléares musulmanes», Al-Andalus, 37, 1972, p

47 Les écritures coraniques en Afrique musulmane* Constant Hamès (CNRS-EHESS) L habitude prise, à partir des auteurs arabes anciens, de désigner par le terme as-sūdān les territoires et les populations au sud du Sahara a sans doute prévalu lorsqu il s est agi, assez tardivement, de qualifier leur façon d écrire l arabe. Or, un examen détaillé des types d écriture arabe de l Afrique musulmane oblige, selon nous, à abandonner l appellation unique et uniforme de ẖaṭṭ sūdānī qui leur est appliquée, tellement la variété de ces écritures s impose à nos yeux. Certes, la question de la qualification globale de sūdānī pourra continuer à se poser mais dans des limites nouvelles, compte tenu aussi de l intervention d un autre facteur, d ordre géographique et culturel. En effet, l appellation ẖaṭṭ sūdānī n a généralement été conçue et comprise que par opposition à ẖaṭṭ maġribī. Malheureusement, la délimitation des territoires, dans l espace et dans le temps, dévolue à l écriture maġribī n est pas scientifiquement établie et est basée sur des nondits et des présupposés implicites. Probablement en conséquence de cela, les écritures spécifiques aux populations sahariennes sont oubliées et échappent de fait à la dichotomie maġribī/sūdānī. Malgré leur progressivité, leur porosité, leurs fluctuations, les frontières linguistiques, dans leur aspect scriptural, mériteraient une plus grande attention scientifique. Pour des raisons d ordre méthodologique, dans la mesure où les écritures, à l intérieur d un groupe de population donné, varient en fonction du type de document utilisé, nous faisons le choix de présenter un ensemble, à peu près homogène, de manuscrits coraniques du Sahara et du Sahel africains. Nous avons exclu de l échantillon les corans ordinaires, simples copies sans mise en * Nous n envisageons dans cet article que le seul paramètre de l écriture (ẖaṭṭ), laissant de côté tout le reste de la sémiologie graphique et du contenu des corans manuscrits d Afrique musulmane. Les manuscrits utilisés appartiennent à une collection privée, et les reproductions, de l auteur, sont à droits réservés. pages et sans calligraphie. Quant aux corans richement enluminés, s il peut en exister, ils ne proviennent pas d une production locale mais sont importés. De façon générale d ailleurs, le copiste ou le calligraphe s occupent à la fois du texte et de la décoration du manuscrit, s il y a lieu. La profession d enlumineur, en tant que telle, semble inconnue en Afrique musulmane. Cela s explique en particulier par le caractère rural de la société où toutes les fonctions culturelles et religieuses sont regroupées entre les mains de quelques rares personnages, parfois même d un personnage unique, contrairement aux sociétés urbanisées où la division du travail et la spécialisation prévalent. L échantillon des corans manuscrits étudiés est réparti en plusieurs groupes ethno-culturels qui s étendent le long de la bande saharo-sahélienne, depuis la Mauritanie-Sénégal à l ouest jusqu à l Ethiopie-Somalie à l est. En réalité, les observations sur le terrain font apparaître une plus grande complexité, à la fois dans les groupes mais aussi dans les sous-groupes qui ne sont pas représentés dans notre analyse. On signalera au passage l existence de tel ou tel type d écriture manquante. 1. L écriture baydānī du Sahara et du Sahel de l ouest L immense zone ouest-saharienne se caractérise par un parler arabe commun, le ḥassāniyya, véhicule et marqueur de l unité culturelle de la société des Baydān, appellation que la population s applique à elle-même, qualifiant traditionnellement son territoire de trāb al-baydān. L écriture Baydānī s avère être une émanation de l unité de l ensemble des caractéristiques linguistiques et culturelles de la société. Cela se vérifie à travers l écriture coranique que l on examine à partir de deux manuscrits, l un datable du XVIII e siècle et l autre de la première moitié du XX e siècle. 47

48 Pour plus de clarté, nous distinguons trois zones dans l analyse d une écriture donnée: une zone centrale, siège du corps des lettres, une zone supérieure, dévolue aux hampes et une zone inférieure pour les jambages. Cette distinction, empruntée aux études de graphologie de la langue française 1, s accorde fort bien avec les écritures arabes. Les deux corans présentent des éléments graphiques structurels communs et quelques variantes d ordre individuel. Les lettres finales nūn mais aussi qāf et fā perdent leur point diacritique, qāf s écrit avec un point suscrit et fā avec un point souscrit. L encre utilisée est à base de charbon de bois ou de suie, de gomme arabique et d eau. Elle est très délébile. Dans un format de papier moyen à petit (190x130 mm ; 16 lignes par page), l écriture du coran baydānī du XVIII e siècle s avère petite au niveau central du corps des lettres et si les hampes et les jambages occupent largement leur espace, le rapport entre les trois zones apparaît équilibré et proportionné (fig. a1, a2, a3). L écriture est droite, non inclinée d un côté ou de l autre (voir les alif et les hampes des lām mais aussi les indentations des tā, ṯā, nūn, etc.), et le trait de calame est fin, presque filiforme, sans plein ni délié. Les lettres sont alignées, juxtaposées, et l étagement, rare, n existe que pour la lettre qui précède les ḥā, ẖā, ǧīm (fig. a1, lignes 13 et 15). L alignement, renforcé par l usage de la misṭara, détermine un suivi régulier de la ligne horizontale de base. On remarque, au niveau des jambages finaux des nūn, alif maqṣūra, lām et ḍād, des incurvations prononcées en forme de demi-cercle. Les autres jambages (rā, zāy, wāw) ainsi que les hampes des kāf, tā marbūṭa, ṭā emphatique, sont légèrement inclinés en oblique, vers la gauche (fig. a3, lignes 14 et 16), exception faite du mīm, à la queue verticale, parfois ondulée. De façon caractéristique, on constate une tendance à l hypertrophie des lettres initiales ou 1 Le plus ancien travail, toujours réédité, est celui de Jules Crépieux-Jamin, ABC de la graphologie, Paris, Presses universitaires de France, coll. Quadrige, 2006 (1 re édition 1930). On y trouve une classification très détaillée des «Genres, espèces et modes d écriture», fondée sur des observations matérielles objectives. isolées ayn, ġayn et ḥā -ẖā -ǧīm, suivant le modèle de l écriture maġribī (fig. a1, ligne 8 ; fig. a2, ligne 6 ; fig. a3, ligne 12). A remarquer également la dotation d une hampe verticale au bā initial de la basmala (fig. a2, a3), trait de calame que l on retrouve, dans des proportions parfois plus grandes, chez les copistes d Afrique de l ouest et qui vient en droite ligne des corans maġribī. Figure a1 Le coran baydānī du début du XX e siècle (210x165 mm ; 16 lignes par page) illustre ces mêmes traits, avec un brin de rigidité, tout en s attribuant une marque plus personnelle par l allongement des courbes des jambages des nūn, lām, ṣād, alif maqṣūra ainsi que par l accentuation des obliques des rā, zāy et wāw (fig. a4, a5). Le retourné vers le haut des courbes finales des bā, tā, ṯā suit également le modèle maġribī (fig. a4, lignes 7, 8 et 10). Les traits de vocalisation 48

49 Figure a2 Figure a3 Figure a4 Figure a5 49

50 sont toujours horizontaux dans tous ces corans baydānī. Trois questions au moins restent à poser au sujet de l écriture baydānī. Quel est son degré d autonomie par rapport au maġribī (et quel maġribī?), ce qui inclut nécessairement la question des frontières, et, deuxièmement, existe-til, sur l ensemble du grand territoire de langue ḥassāniyya, des sous-groupes régionaux décelables d écritures, coranique ou non? Enfin, les réponses aux deux questions précédentes supposent l étude de la construction historique de cette écriture, avec le constat de l existence de très peu de documents anciens antérieurs au XVII e siècle Les écritures coraniques d Afrique de l Ouest Le groupe se répartit théoriquement sur une zone qui couvre, à partir de l héritage des empires du Mali et du Songhay, plusieurs pays actuels dont le Sénégal, la Gambie, la Guinée, la Sierra Leone, le Mali, le Burkina. Le poids des différents groupements peuls dans la production intellectuelle et dans les écrits est indéniable. Le coran examiné provient sans doute de leurs mains. Mais, à côté de ce groupe dominant, il faut noter la présence d un style d écriture bien caractérisé, celui des Touaregs Kel es-suq, localisé dans le nord saharien du Mali, dans l Adrâr des Ifoghas. Leur islamisation figure parmi les plus anciennes, compte tenu de leur position septentrionale proche du Maghreb. Subsiste-t-il des corans en écriture sūqī? La question se pose aussi de l existence d une écriture commune à ces différents pays, variant dans d étroites limites et non reliée à des identités ethniques précises. Les manuscrits conservés à Tombouctou en fournissent sans doute une illustration, à condition d en soustraire les textes, coraniques entre autres, importés d ailleurs. Le coran provenant de cette région, copié au XIX e siècle, de grand format (353x223 mm), sur un papier épais et non filigrané, est sans doute l œuvre d un lettré peul, originaire du Fuuta Tooro, entre Sénégal et Mali. Ses deux propriétaires successifs, mentionnés en marge du colophon, portent des noms de clan peuls, et le second dit habiter Nioro (Nioro-du-Sahel, Mali). Compte tenu de cette origine, nous proposons de qualifier ce coran et cette écriture de fulānī 3. En ce qui concerne le nūn, qāf et fā finaux, ainsi que la diacritisation du qāf et du fā, la règle d écriture est la même que pour les corans baydānī. De même, les traits de vocalisation sont horizontaux. Le trait de calame, à l encre noire, est plutôt épais, exception faite de certaines hampes de alif et lām. L écriture, de taille moyenne, est bien droite, verticale, sans développement des hampes ni des jambages ; ces derniers, dans le cas des nūn, sīn, alif maqṣūra, forment un demi-cercle inachevé (fig. b2). En contrecoup, l oblicité vers la gauche des jambages de rā, zāy, wāw ou de la hampe du kāf est à peine perceptible. Trait marquant, le copiste s est efforcé d accentuer la barre horizontale de la ligne de base des mots, aidé au demeurant par la misṭara mais surtout par : l élongation du trait à l intérieur de différents mots, de façon horizontale rigide (fig. b3) ; la suppression des indentations de certaines lettres en position médiane (yā, tā, nūn) (fig. b2, lignes 5, 7, etc.) ; la réduction à un simple trait horizontal des lettres finales bâ et tâ (fig. b1, ligne 5, «an amta» et «maġḍūb»). Le second élément marquant provient de la rencontre entre les traits verticaux et la ligne horizontale, aboutissant à des angles droits nombreux. L illustration typique en est fournie par le bā anguleux, à la hampe allongée, de toutes les basmala (fig. b3, lignes 2, 6, 11). 2 Le manque de profondeur historique des manuscrits arabes africains est dû à un décalage de plusieurs siècles entre le moment de l islamisation et le moment où les lettrés locaux ont été à même de rédiger des œuvres en arabe. 3 Al-Fulān = les Peuls, en arabe. 50

51 Figure b1 Figure b2 Figure b3 51

52 3. Le coran d écriture hausa ou hausawī Entre le Mali et le Tchad, vers le sud, se situe l espace sahélien du Nord-Nigeria occidental qui fut le siège aux XIX e -XX e siècles du califat de Sokoto, aboutissement d un jihad peul en territoire hausa. L écriture coranique de cette région à prédominance ethnique hausa a évolué vers un graphisme tout à fait caractéristique, à partir du modèle peul ouest-africain. En gardant les mêmes spécificités trait de base affirmé des mots, calame épais, encre noire, élongations des lettres intermédiaires, écriture droite, rencontre à angle droit des hampes et des traits de base l évolution s est faite vers une angulation des têtes de lettre (mīm, qāf, fā, wāw, tā marbūṭa) et vers un caractère acéré des jambages des rā, zāy, wāw, mīm, en même temps que les fā et les qāf sont montés sur tige et que le ḥā se couche sur la ligne et tend à s hypertrophier, ce qui sera tout à fait le cas dans les corans tchadiens. Les signes diacritiques deviennent de gros points arrondis, à la mesure de l épaisseur du trait du calame. L écriture des lettres finales nūn, fā et qāf ainsi que des diacritiques de fā et qāf reste la même que précédemment. Malheureusement, les illustrations coraniques manuscrites correspondant à ce groupe font défaut dans notre présentation. 4. L écriture kanemī des corans de type tchadien Une même écriture bien typée se lit dans tous les corans de la vaste zone qui inclut le Niger du sud, frontalier du Tchad et du Nigeria, le Nigeria du nord-est (Etat du Bornou) et l ensemble du Tchad. A la vérité, le recouvrement avec l ancien sultanat du Kanem, à partir des X e -XI e siècles, siège des plus anciens manuscrits autochtones de la région (XVI e siècle), se dessine assez nettement. Des questions restent cependant en suspens sur les contours exacts de la diffusion de ce modèle vers l est (Soudan) ou vers le sudouest (confins Niger-Nigeria-Tchad). Il est à noter que, parmi les corans africains manuscrits, le «tchadien» est le plus souvent représenté dans les bibliothèques et les collections occidentales, sans doute à cause d une pratique de dons d hospitalité de la part de différentes autorités religieuses ou politiques du pays. Le coran que l on retient comme modèle d analyse provient de Mao, chef-lieu de l actuelle province du Kanem au Tchad et cœur de l ancien sultanat. Il était utilisé dans une école coranique et a été copié au tournant des XVIII e -XIX e siècles. Les corans tchadiens sont en général économes en format de papier, celui-ci mesurant 170x100 mm, mais ils ne le sont pas en quantité, celui-ci comporte 514 feuillets! Le premier feuillet, abîmé, a été recousu sur un autre, et il porte, après la Fātiḥa, un motif décoratif signalant le début du premier quart du Livre (fig. c1). L encre présente une coloration typique, faite de brun et d ocre mais pouvant, lorsqu elle est plus concentrée, devenir noire par endroits. Le trait de calame est épais et uniforme (fig. c1, c2, c3). La caractéristique majeure de l écriture tient au fait qu elle est entièrement ramassée et concentrée dans sa zone centrale. La taille du corps des lettres paraît grande proportionnellement aux hampes et aux jambages qui sont raccourcis et contraints de s inscrire dans la zone médiane. Il existe aussi une tendance à donner à toutes les lettres la même hauteur, à l exception des indentations des bā, tā, ṯā et yā (fig. c2, ligne 5 «Allah»). On constate en conséquence une hypertrophie des petits hā, des sīn et šīn 4 ainsi que des fā et qāf montés sur tige et, à l inverse, une hypotrophie, dans leur hauteur, des alif, lām, kāf, tā et zāy emphatiques (fig. c2, c3, voir le hā monumental ligne 7). Dans le détail, les bā, tā, ṯā finaux sont réduits à un simple trait horizontal, pratique comparable à celle du précédent coran peul ouest-africain (fig. c3, ligne 1 «yāti», ligne 2 «kasabat», ligne 7 «ba aṯa», ligne 9 «al-kitāb»). On observe également une tendance à la verticalité des traits, à partir de l alif-lām, des indentations des sīn, šīn mais aussi du petit hā ou des petits traits verticaux, sortes de coups de griffe, signalant les doubles points diacritiques. 4 Le hā se présente d ailleurs comme un sīn fermé sur le dessus (fig. c2, ligne 1, «as-sufahā»). 52

53 A titre de comparaison, un autre coran (230x175 mm), datable de la première moitié du XX e siècle, présente les mêmes caractéristiques, dans une écriture compacte, verticale (fig. c4, voir les mīm finaux en lignes 4 ou 5). Toujours dans la même tradition, un troisième coran (210x155 mm), de la fin du XIX e -début du XX e siècle, montre que sans le raccourcissement des hampes et des jambages, il ne serait pas possible de rapprocher autant les lignes d écriture. Dans le détail, on observe la façon carrée de fermer les hā médians (fig. c5, lignes 4, 7, 9) ou encore la faible indentation des bā, tā, yā (ligne 7 «al-bayt»). Les corans de type tchadien, comme leurs prédécesseurs, ne mettent pas de point diacritique sur les nūn, qāf et fā finaux et transcrivent le fā avec un point souscrit et le qāf avec un point suscrit. Les traits de vocalisation sont horizontaux. Figure c2 Figure c1 Figure c3 53

54 Figure c4 Figure c5 5. L écriture ḥabašī des corans éthiopiens En quittant le Tchad vers l est et en laissant en suspens le cas du Soudan (Khartoum), par manque de documentation accessible, l écriture et la composition des corans franchissent une frontière d influence culturelle. En effet, depuis la Mauritanie jusqu au Tchad, les manuscrits ne sont ni reliés ni brochés, et les feuillets sont simplement posés les uns sur les autres puis glissés dans une enveloppe en cuir amovible, serrée par un long lacet en cuir. A l est du Tchad, par contre, la reliure refait son apparition, et en ce qui concerne les corans, l écriture bascule vers un autre modèle que le maġribī qui reste sous-jacent à tous les corans saharo-sahéliens précédents. L Ethiopie musulmane, marquée historiquement par le sultanat de Harar, possède dans cette ville et alentours des fonds manuscrits en arabe. Les corans manuscrits connus attestent une influence ottomane qui s est exercée par le biais de l Egypte et du Soudan égyptien, après des tentatives directes d occupation au XVI e siècle. Le coran éthiopien se caractérise ainsi par l adoption du style d écriture nasẖī, prédominant dans les très nombreux corans ottomans. L exemplaire présenté (fig. d1, d2), de la fin du XIX e siècle, de format 160x225 mm, est transcrit dans un nasẖī bien plus grand que celui du modèle ottoman, avec une encre très noire, de type encre de Chine, et un calame à traits épais mais non dénué de possibilités de pleins et de déliés. L écriture est de taille moyenne, bien proportionnée, aux lettres bien formées, et l usage de la misṭara reste la règle. Malgré l application et la rigueur de l écriture, la ligne de base des mots ne manque pas de souplesse. On trouve également d autres corans, aux caractéristiques semblables, mais affichant une écriture légèrement plus cursive (fig. d3). Conformément au modèle ottoman, les nūn, fā et qāf finaux sont pointés, le qāf s écrit avec deux points suscrits et le fā avec un point suscrit. Les traits de vocalisation sont légèrement en oblique. 54

55 Figure d1 Figure d2 55

56 Figure d3 6. L écriture des corans de Somalie A l évidence, certains corans de part et d autre de la frontière entre l Ethiopie et la Somalie appartiennent à la même école d écriture, variante régionale du nasẖī. Le premier coran somalien présenté (230x165 mm) est originaire de Mogadiscio et daté de la fin du XVIII e siècle. La mise en page et la calligraphie sont très soignées et appliquées. Quoique plus grande et plus sculptée, l écriture est très semblable à celle des deux corans éthiopiens. Certains détails confirment cette parenté comme, par exemple, les nūn finaux qui ont tendance à être inscrits sur la ligne (fig. e1, gauche, ligne 3 «in kuntum tu minūna» ; fig. d1, gauche, ligne 9 «insān», «mubīn»). Par contre, le alif maqṣūra est, côté somalien, écrit avec deux points souscrits (fig. e2, droite, ligne 5 «ilā») et, côté éthiopien, sans les points, mais sur la ligne (fig. d2, ligne 7, «asarā» ; fig. d1, droite, ligne 6 «alā»). Autre point de convergence entre écriture ḥabašī et sumālī : les hamza sont indiqués par leur signe habituel et non pas, comme c est le cas dans la tra- dition maġribī, par de petits ronds colorés (fig. e2, droite, ligne 1 «aḥad», ligne 3 «a malu» ; fig. d2, ligne 7 «asrā» ; fig. d1, gauche, ligne 4 «qur ān»). Un autre coran somalien présente par contre une acculturation et une transformation visible du même modèle d écriture nasẖī. C est ce dernier type d écriture qui mérite le qualificatif de sumālī (fig. e3, e4). Le trait de calame, à l encre très noire, est gros ; il est massué de haut en bas dans le cas de nombreux alif, voire du bā de bismillah (fig. e3, droite, ligne 3 «aṣ-ṣāffāt», ligne 2, «bismillah»). L écriture est grande, resserrée dans la zone centrale, si bien que la zone inférieure, celle des jambages, est quasiment déserte, mise à part la queue des mīm qui a seule droit de cité. On voit ainsi que certains wāw sont rehaussés et inscrits sur la ligne (fig. e3, gauche, ligne 2 ; droite, lignes 3, 6). En contraste avec la grosseur du trait, les points diacritiques sont minuscules alors que les traits de vocalisation sont toujours légèrement obliques. Enfin, on note le double point souscrit des alif maqṣūra (fig. e3, gauche, ligne 1 «ilā» et «al-a lā») qui semble bien faire figure de marqueur des corans somaliens. 56

57 Figure e1 Figure e2 57

58 Figure e3 Figure e4 58

59 Conclusions 1. Le postulat selon lequel il existerait un type d écriture sūdānī en Afrique subsaharienne doit être abandonné au vu du nombre et de la diversité des écritures rencontrées dans toutes ces régions. En corollaire, pour appréhender la diversité de ces écritures, il serait plus exact de parler d écritures au sud du Maghreb, car il faut prendre en compte les différentes écritures pratiquées au Sahara. 2. Nous proposons, à grands traits, une typologie d écritures coraniques du sud du Maghreb, allant du Sahara atlantique à la Mer rouge, répartie entre six groupes, d ouest en est : baydānī, fulānī, hausawī, kanemī, ḥabašī et somalī. Il va sans dire que cette répartition mérite des approfondissements et des études supplémentaires à partir de nouveaux documents manuscrits de terrain. Des sous-groupes plus localisés restent à exhumer et à définir, tel le sūqī des Touaregs du nord-mali. 3. Les six groupes examinés du point de vue des écritures coraniques se partagent entre deux grandes traditions non seulement d écriture mais aussi de gestion codicologique globale de la copie coranique. Les groupes baydānī, fulānī, hausawī et kanemī relèvent plus ou moins directement, plus ou moins intensément, de la tradition d écriture maġribī, d origine andalouse et répandue dans toute l Afrique du Nord. Les groupes ḥabašī et somalī se situent, quant à eux, dans la tradition d écriture nasẖī mise en place et diffusée au cours des siècles par l empire ottoman. La frontière entre ces deux zones d influence culturelle s établit à l est du Tchad mais se fait déjà sentir, en dehors de l écriture, à travers certains détails codicologiques des corans tchadiens. 4. La bande de territoire qui s étend du Sahara atlantique à la Corne de l Afrique est la plus ancienne et la plus peuplée du point de vue des populations islamisées. Il reste cependant à poursuivre les recherches sur toutes les autres parties de l Afrique musulmane, Afrique du sudest notamment, y compris les îles (Comores, Réunion, Madagascar) mais également sur les franges méridionales des groupes étudiés (Ghana, Côte d Ivoire, Bénin, Togo). 5. Au-delà de l Afrique, ne faut-il pas reprendre aussi le recensement de toutes les écri- tures du monde musulman, abandonné depuis la fin de l époque classique de l islam? Bibliographie Bivar, A.H.D., «A dated Kuran from Bornu», Nigeria Magazine, 65, 1960, p Bivar, A.H.D., «The Arabic Calligraphy of West Africa», African Language Review, 7, 1968, p Brockett A., «Aspects of the Physical transmission of the Qur an in 19 th Century Sudan : Script, Decoration, Binding and Paper», Manuscripts of the Middle East, 2, Leiden, Brill, 1987, p Cuoq J., Les Musulmans en Afrique, Paris, Maisonneuve et Larose, Cuoq J., Histoire de l islamisation de l Afrique de l Ouest, des origines à la fin du XVI e siècle, Paris, Geuthner, Farias P.F.M., «The Oldest Extent Writing of West-Africa: Medieval Arabic Epigraphs from Essuk, Saney and Egef-n-Tawaqqast (Mali)», Journal des Africanistes, 60/2, 1990, p Hamès C., «Les manuscrits arabo-africains : des particularités?», Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, , «La tradition manuscrite en écriture arabe», Aix-en-Provence, Edisud, 2002, p Hamès C., «Sura Headings and Subdivisions in Qur an Manuscripts from Sub-Saharan Africa : Variations and Historical Implications», Journal of Qur anic Studies, 15.3, S.O.A.S., Edinburgh University Press, 2013, p Houdas O., «Essai sur l écriture maghrébine», dans Nouveaux mélanges orientaux, 2 e série, vol. XIX, Paris, Public. E.L.V.O., Nobili M., «Écriture et transmission du savoir islamique au Mali : le cas du Sahrâwî», dans La Transmission du savoir islamique traditionnel au Mali, entre soufisme tijani et écoles coraniques, sous la dir. de E. Pelizzari et O. Sylla, Torino, l Harmattan Italia, 2012, p Van den Boogert N., «Some Notes on Maghribi Script», dans Manuscripts of the Middle East, 4, Leiden, 1989, p

60 L importance de l écriture dans l analyse codicologique des manuscrits arabes Natalia Viola Chercheuse associée, CNRS Paris, UPR 76 Ces dernières années, on a assisté à une réelle prise de conscience de l importance de l analyse codicologique en matière de manuscrits arabes, comme en témoignent les catalogues récents de plusieurs bibliothèques. Leurs notices descriptives s enrichissent de plus en plus de renseignements précis concernant le corps du document, la structure, la reliure, les matériaux et beaucoup d autres détails qui, il y a seulement vingt ans, n étaient même pas pris en considération. C est la codicologie même qui a fini par s imposer comme une nécessité première. Les derniers débats sur l urgence de la conservation et de l organisation des archives numériques ont, eux aussi, contribué à la création de normes descriptives plus pointues. Les descriptions codicologiques actuelles ne se limitent plus à l observation des caractéristiques physiques générales du manuscrit, mais elles intègrent davantage de détails relatifs aux copistes et au milieu dans lequel le manuscrit fut réalisé. En dépit de ce remarquable développement de la discipline, un des points faibles des descriptions des manuscrits reste l écriture. Les catalogues proposent souvent des descriptions approximatives concernant les styles d écriture. Pour classer, par exemple, les manuscrits provenant de l est du monde arabe, le catalogueur se contente de l appellation nasḫī, sans plus de détails. Ce style d écriture, apparu au X e siècle, demeure un des plus répandus dans les manuscrits arabes. La clarté de la forme de ses lettres lui a permis très tôt d être utilisé dans la correspondance officielle. Toutefois, ce nasḫī, si souple et si élégant, n a guère cessé d évoluer, pour s adapter à l usage courant des papiers publics et privés. Le nasḫī, n est pas le seul style d écriture comprenant plusieurs variétés ; et la question de regrouper plusieurs types d écritures, ayant plus au moins les mêmes caractéristiques, n a jamais fait l objet de discussion. Cette situation rappelle l appellation sūdānī employée pour indiquer toutes sortes d écriture arabe en usage en Afrique subsaharienne. Un rapide examen des manuscrits peut révéler des différences graphiques réelles dans les productions régionales des pays subsahariens. L étendue du territoire en question rend impossible l usage d un seul type d écriture dans tous les pays de la région. Par conséquent, une seule appellation ne peut couvrir tous les styles d écriture en vogue dans ces contrées. Depuis quelques années, le mythe de Tombouctou a réveillé l intérêt de beaucoup de chercheurs à l affût de la tradition textuelle de cette partie de l Afrique islamisée. Les projets autour des bibliothèques de la famille Haidara, ainsi que les formations sur place et la conservation, se sont multipliés. Tout cela a permis de mieux connaître les styles de cette région et d établir une nouvelle classification des écritures des régions subsahariennes. Aujourd hui, on peut y distinguer déjà trois styles différents : le ṣaḥrāwī, le sūdānī et le sūqi. Lorsqu en 1886, l orientaliste Octave Houdas 1 a proposé une typologie des écritures maghrébines, il l a faite sur des critères géographiques. Il a suggéré de diviser le maġribī en qayrawānī, andalusī, fāsī et sūdānī. L idée d employer une approche géographique pour identifier un style d écriture est certainement très pratique, mais elle comporte quelques inconvénients. Si par exemple, un copiste natif de la ville d Agadez, a accompli sa formation chez un malam de Kano, son style graphique sera forcément plus proche de 1 Octave Houdas, «Essai sur les écritures du Maghreb», Nouveaux mélanges orientaux. Mémoires, textes et traditions publiés par les professeurs de l école spéciale des langues orientales vivante, à l occasion du 7 e Congrès international des orientalistes réunis à Vienne (Sept.1886), II e série, vol. XIX, Paris, p

61 l écriture des Haoussa que de l écriture sahrāwī, de son pays d origine. Dans cet ordre d idée, comment peut-on identifier l origine géographique d un manuscrit quand il est dépourvu de colophon et de tout indice de provenance? Dans certains cas, on peut envisager une distinction des styles selon l usage local. Au Maroc par exemple, le style employé dans les documents officiels est appelé maġribī mujawhar ; celui des documents personnels et notariaux est appelé maġribī musnad (dit aussi zimāmī) ; celui employé généralement dans les manuscrits coraniques et dans certaines copies luxueuses est appelé maġribī mabsūṭ. Ce dernier style est encore en usage chez les calligraphes marocains 2. Revenons à la question de l importance de l écriture dans l analyse codicologique. Pourquoi elle est si importante? Âme du manuscrit, l écriture révèle souvent des informations précieuses en complément de ce que les autres éléments codicologiques peuvent nous livrer. On sait qu une des tâches des codicologues et des paléographes est celle de déterminer la date à laquelle certains textes ont été copiés. A cet effet, les catalogues des bibliothèques peuvent fournir des renseignements très utiles. Mais les cas problématiques ne manquent pas. Que faire, si le manuscrit est acéphale? Que faire, quand il s agit d un fragment anonyme et sans indication de date? Le codicologue enregistre tous les éléments utiles pour classifier et dater le manuscrit. D habitude, il commence par la description de la reliure. Celle-ci, malheureusement, ne peut pas aider à établir avec précision la date ou l origine du volume, car dans la majorité des cas, les volumes parviennent dans les bibliothèques dépourvus de leur reliure d origine. Cela pousse le codicologue à interroger le papier, sachant que celui-ci n est pas non plus une source très fiable, eu égard à sa mobilité. Le papier voyage beaucoup, sert de matière d échange avec toute sorte de marchandise et peut être conservé pendant plusieurs années. Nombreux sont les manuscrits dont les cahiers 2 Umar Afa et Muḥammad al-maġrāwī, al-ḫaṭṭ al-maġribī. Tārīẖ wa wāqi wa āfāq, Rabat, ministère des Habous, sont composés de plusieurs papiers différents. Dans le cas des papiers filigranés, la datation du manuscrit est plus ardue encore, puisque le même filigrane est souvent employé pendant des siècles. Dans ce cas, l analyse se focalise sur des endroits très riches d informations tels que les incipit et explicit. Bien que, hélas, les premiers et derniers folios de nombre de manuscrits soient souvent absents, le reste du texte peut suffire pour observer la mise en page choisie par le copiste. On comprendra son organisation de la page et de l écriture, soit en fonction du papier dont il dispose, soit en fonction de la méthodologie typique de son époque. On constate généralement que la disposition du texte était organisée de façon symétrique entre tous les folios par le biais d une misṭara. Les copistes les plus appliqués organisaient la mise en page des folios avec beaucoup d attention et, afin de délimiter l espace que le texte aurait dû occuper, ils se souciaient de marquer, sur les marges du folio, des misṭara diagonales, plus petites que celles du texte, destinées à accueillir les gloses, pour que celles-ci n envahissent pas l espace interlinéaire en gâchant l harmonie du script. Habituellement, les gloses étaient notées avec une écriture beaucoup plus petite que celle du texte, appelée ġubāri qui permettait aux phrases de s articuler dans tous les sens, au tour du script. Leur fonction est d éclairer la compréhension du texte. Les compilateurs étaient à l œuvre des procédés consistant à réduire le nombre des périphrases présentes dans le texte et à clarifier les discours et les expressions les plus tordues. Elles peuvent s inscrire au-dessus des mots ou dans les marges du texte. Parfois, elles prennent une forme très importante, au point de recouvrir plusieurs folios. On trouve occasionnellement des gloses de différentes époques, qui deviennent un véritable témoignage pour l histoire du texte. Lorsque le manuscrit contient un nombre important de gloses, il peut être considéré comme un texte composite. C est une source idéale qui fourmille de renseignements sur les techniques de l écriture et les tendances de son époque. Leur observation permet de souligner la rupture ou la continuité des caractéristiques propres à une tradition donnée, spécialement dans la graphie de certaines lettres. 61

62 Souvent l écriture des annotations marginales ressemble à celle du texte, surtout dans le cas des écritures claires et cursives comme le nasḫī. Il est difficile de savoir dans quelles circonstances le texte a reçu toutes ces annotations. Furent-elles copiées à la même époque que le texte, mais par deux mains différentes? S agit-il d une même écriture qui a changé à cause de la fatigue du copiste? S agit-il d un choix délibéré d un copiste manquant de papier et décidant de réduire le module de son écriture avant d achever son travail? Ou encore, s agit-il d un copiste ne se souciant peut-être pas de produire une copie conforme au modèle mais cherchant simplement à manifester ses propres talents, en changeant de style et de calame? Jouant avec son écriture, le copiste expérimenté transforme les lettres selon son besoin et intention pour les faire ressortir du texte. C est généralement à l emplacement des titres, chapitres, divisions et subdivisions du texte que les lettres ne respectent plus les dispositions du modèle. Elles se plient aux besoins du dessin choisi par le copiste et s allongent notamment à la fin du mot pour lui donner plus d ampleur (voir fig. 1). Figure 1 Paris, BnF, Arabe 1489, f. 18. Ecriture nasḫī et titre en caractères pseudo-coufiques. La vitesse à laquelle le copiste a composé son écrit est un aspect souvent négligé. Si on ne peut mesurer «la vitesse moyenne» d un copiste, celle-ci reste quand même un indice susceptible d expliquer les changements de style qu on observe dans certaines copies. A ma connaissance, un discours identitaire, concernant la personnalité du copiste, n a jamais fait l objet de commentaire. Il ne faut pas oublier que derrière chaque écriture, et au-delà du choix d un style d écriture, il y a un scribe ayant sa propre individualité. Comme on l a déjà souligné, les gloses et toute autre annotation marginale constituent une partie très importante de l analyse et en codicologie et en critique textuelle. On peut assurer que la mise en page, la forme du support, la façon de numéroter les cahiers et l emplacement des titres sont des aspects choisis consciemment par le copiste sous l influence de la mode de l époque et de la région. En revanche, il y a beaucoup d autres indices qui pourraient expliquer les similitudes d écritures, dont on ne sait pas encore suffisamment pour en pouvoir affirmer les typologies et les usages. Par exemple, pour mieux comprendre la méthode de correction du copiste, comme l usage des signes et symboles qui sont un vrai soutien pour expliquer les abréviations et corrections rédactionnelles du copiste, il faudrait constituer les inventaires de ces données. Malheureusement, ils sont quasi inexistants. A ma connaissance, la seule étude avancée sur les abréviations est celle conduite par Gacek 3. 3 Adam Gacek, Taxonomy in scribal errors and corrections in Arabic manuscripts : Theoretical approaches to the transmission and edition of Oriental manuscripts. Proceedings of a symposium held in Istanbul, March , ed. Judith Pfeiffer and Manfred Kropp. Würzburg, Ergon Verlag, 2007, p

63 Dans les manuscrits du Maghreb on constate, par exemple, une tendance chez les copistes à corriger leurs propres erreurs en grattant l encre et en réécrivant le mot corrigé au même endroit sans forcement signaler la faute et indiquer le mot corrigé à la marge. C est aussi une pratique assez diffusée en Moyen-Orient. Dans le circuit du Mashreq, on trouve des copistes qui appliquent des méthodes souvent méticuleuses et variées. Par exemple, les mots dont l orthographe est erronée peuvent être raturés, biffés, caviardés, érayer, surchargé, repassés. (Voir fig. 2a et 2b). Figure 2a Paris, BnF, Arabe 2489, f. 7r. Correction d erreur orthographique Dans la figure suivante (fig. 2b), on remarquera deux corrections : la première, dans l encadrement vert, est une correction par raturage d un mot écrit avec une mauvaise orthographe. La seconde est une correction marginale relative à un mot marqué par un signe rouge renvoyant à la marge où figure la correction. Figure 2b Paris, BnF, Arabe 274, f. 16r. Correction par rature Les erreurs et les corrections du copiste sont de différentes natures. Par exemple, celles portant sur des mots ou des lettres transposées à cause de la ressemblance de leur forme orthographique ou à cause d une mauvaise vocalisation et prononciation. Certaines erreurs pourraient être imputables à la distraction ou à la fatigue du copiste. Un point très important concernant l appartenance régionale des copistes est le fait de signaler la confusion d emphatiques et interdentales. Ce type d erreur regarde en particulier les copistes originaires d Afrique subsaharienne qui devaient adapter la phonétique de leurs propres langues à la prononciation et écriture de l arabe. Une autre réalité d écriture tout à fait différente est celle des manuscrits arabo-chrétiens qui présentent une homogénéité plus marquée au niveau du style d écriture et des abréviations, à cause du contexte à l intérieur duquel ils furent produits. Afin que l analyse de l écriture soit complète, elle devra comprendre toutes ces petites transformations du texte qui surgissent au cours des siècles comme par exemple l usage du hamza, rarement présent dans les copies du moyen orient, et l usage de l ihmāl occasionnellement employé au Maghreb. Dans les deux cas, l analyse ne se limite pas à la seule écriture, mais elle porte sur la vocalisation et la ponctuation. Les bases de données permettant de gérer des assemblages considérables de manuscrits, dont l accès est parfois limité, doivent justement intégrer ce type de méthodologie. 63

64 Si dans l analyse de l écriture, on observe aussi les particularités orthographiques, à l état initial du texte, comme la présence de signes diacritiques, la fréquence de la vocalisation, la ponctuation des lettres ainsi que la fréquence de šadda, sukūn et tanwīn, on pourra avoir suffisamment de donnés pour procéder à une deuxième étape : celle de l analyse comparative. Celle-ci consiste tout simplement en la confrontation de deux ou Figure 3 Collection privée. Signe et symbole de correction plusieurs textes ayant le même sujet et provenant du même endroit, mais copiés à des époques différentes. Cet élément sert d une part à déterminer les variantes dues à une époque et d autre part à établir les variantes dues à une région. Parmi les signes de correction les plus fréquents, signalons le mot صح (correct) qui précède le mot ou la phrase omise, et renvoie au signe rangé entre les lignes (voir fig. 3). Il y a aussi des corrections qui se présentent sans signe de renvoi, comme les trois «T» renversés, à l encre rouge, signalant le mot à corriger (fig. 4), la correction étant étalée en vertical dans la marge droite, sans signe «صح». Figure 4 Paris, BnF, Arabe 274, f. 66 v. Correction marginale simple Un autre signe employé pour signaler le mot à corriger est la petite croix «+» arrangée dans le texte (voir fig. 5). Figure 5 Paris, BnF, Arabe169, f. 22 v. Correction dans la marge droite et signe sur le mot à corriger 64

65 Voici un exemple de correction avec la lettre (nusẖa). Cette lettre peut se trouver soit à la خ marge soit sur le mot à corriger (voir fig. 6). Figure 6 Procédé de correction avec la lettre (خ) (collection privée) Parmi d autres aspects dont on ignore l origine et la fréquence, on peut signaler la ponctuation. Elle consiste en petits signes noirs ou rouges de forme plus au moins géométrique ou florale, qui servent à remplir l espace à la fin de la phrase, à mettre en évidence les titres, ou bien les divisions et subdivisions du texte. En voici quelques exemples: les trois points rouges marquent les pauses courtes, le cœur inversé (۵), ou les quatre points rouges en forme de losange (v) signalent la fin de section. (Voir fig. 7-10). Ces mêmes signes peuvent être aussi en encre noire. Figure 7 Paris, BnF, Arabe 6265, f.18v Figure 10 Paris, BnF, Arabe 169, f. 17r C est dans le caractère unique de l écriture, avec l ensemble des détails codicologiques, que chaque manuscrit détient son originalité. Ces variantes sont fondamentales pour enrichir nos connaissances de techniques spécifiques et de leurs milieux. Si le caractère unique de certains manuscrits ne permet pas de les classer aisément, c est bien cette diversité de cas qui anime la curiosité des chercheurs et les pousse à être toujours attentifs aux détails les plus insolites. Conclusion Figure 8 Paris, BnF, Arabe 42, f. 137r Figure 9 Paris, BnF, Arabe 6454, f. 42r En guise de conclusion, notons que les données codicologiques mises en ligne par certaines bibliothèques contribueront à coup sûr à une meilleure connaissance des manuscrits arabes. Par voie de conséquences, elles auront également des retombées heureuses sur la paléographie arabe dont les concepts et les méthodes méritent d être discutés, critiqués et redéfinis. Une approche quantitative sera nécessaire, pour que l étude des styles d écriture arabe puisse aboutir à des résultats significatifs. Une fois les corpus de manuscrits datés sont réunis et étudiés, on pourra alors procéder à une classification des styles et proposer des appellations appropriées. 65

66 Bibliographie Afa Umar, al-maġrāwī Muḥammad, Al-Ḫaṭṭ al-maġribī. Tārīẖ wa wāqi wa āfāq, Rabat, ministère des Habous, Déroche F., «O. Houdas et les écritures maghrébines», dans Le Manuscrit arabe et la codicologie, édité par A.Ch. Binebine, Rabat, Publications de la Faculté des Lettres, 1994, p Déroche F., Manuel de codicologie, Paris, Bibliothèque nationale de France, Houdas O., «Essai sur les écritures du Maghreb», Nouveaux mélanges orientaux, mémoires, textes et traditions publiés par les professeurs de l école spéciale des langues orientales vivante, à l occasion du 7 e Congrès international des orientalistes réuni à Vienne (sept. 1886), II e série, vol. XIX, Paris, p Gacek A., «Taxonomy in scribal errors and corrections in Arabic manuscripts», Theoretical approaches to the transmission and edition of Oriental manuscripts. Proceedings of a symposium held in Istanbul, March 28-30, 2001, éd. Judith Pfeiffer and Manfred Kropp. Würzburg, Ergon Verlag, 2007, p

67 العلماء الن ساخ: محمد بن عامر التادلي المعداني اأنموذجا حممد سعيد حن شي اخلزانة امللكية الرباط توطئة تعتبر الن ساخة من االأعمال المهمة التي تدخل في صناعة الوراقة وهي من المباحث الرئي سة في علم الكوديكولوجية لكنها لم تلق ما هي حقيقة العناية من لدن الباحثين وهي بحاجة ما سة اإلى درا سات و أابحاث جادة ال ستكناه أانواعها وبيان تقاليدها وقواعدها ومعرفة عيوبها ومثالبها والتعريف باأعالمها الذين بر ز وا فيها وتحديد الحوا ضر العلمية في البالد االإ سالمية التي ازدهرت في ربوعها ون ف ق ت فيها سوق ه ا. وفي هذا البحث سنحاول التعريف ب أاحد الظواهر العلمية المرتبطة بهذه الحرفة وهي ظاهرة ن ساخة العلماء للكتب في المغرب في عهد دولة االأ شراف العلويين على وجه التحديد متخذين من العالمة ا أالديب محمد بن عامر التادلي اأنموذجا له ؤوالء العلماء الن ساخ ال الأنه اأح سنهم خطا و أاحكمهم صنعة ولكن أالنه مار س هذه الحرفة ردحا من الزمن وكان م شرفا على الن ساخ في الديوان ال سلطاني في عهد ال سلطان سيدي محمد بن عبد اهلل )ت ه( ونجله المولى سليمان )ت ه( وكان ي صحح ما انت سخوه وي صلح ما به خط أا ويتمم به من نق ص وكان م ؤولفا في الوقت نف سه حيث صنف مجموعة من الكتب سنذكرها الحقا لكنه كغيره من أاعالم بالد المغرب االأق صى لم يلق ما ي ستحقه من الدرا سة والبحث كفقيه واأديب و شاعر في المقام االأول وك م س ه م بحظ ون صيب في تن شيط الحركة العلمية في ع صره من خالل ت آاليفه ون سخه للكتب في المقام الثاني و سنقدم في هذا البحث نبذة مخت صرة من حياته ثم ن ع ر ف بعد ذلك بمنت سخاته التي وقفنا عليها ونذكر بع ض مميزاتها الفنية. لكن قبل ذلك ن ؤوثر أان نذكر في البداية أابرز ال سمات التي ت م ي ز ن س خ العلماء للكتب واالأ سباب التي جعلتهم يوؤثرون هذه الحرفة على غيرها من الحرف والمهن. مميزات ن سخ العلماء للكتب كانت حرفة ن سخ الكتب من الحرف المف ضلة عند كثير من العلماء الم سلمين منذ القديم أال سباب عدة نذكر منها: حبهم المفرط للعلم واأهل ه وحر صهم ال شديد على اإذاعته ون شره حيث كان كثير منهم يخ ص صون ق سما من يومهم لن سخ الكتب وكانوا يتعاونون على ن سخ الكتب الكبيرة الحجم ويق سمونها اأجزاء اأو كراري س فيما بينهم. شدة ورعهم الذي كان يدفعهم اإلى ت ح ر ي الك سب الطيب الذي ال شبهة فيه ولعل ن سخ الكتب وبيعها كان من الحرف الدافعة لل شبه الجالبة ل أالجر والخير. اإقبال النا س على منت سخاتهم فقد ا شتهر عدد من العلماء الن ساخ سواء في الم شرق أاو في المغرب وا أالندل س بح سن الخط واإتقان ال ضبط وكان كثير منهم ي شتغل بن سخ الكتب سواء في منزله اأو في الم سجد الذي ي د ر س فيه اأو في سوق الوراقين في البلدة التي كان يقطن بها. وكان ال سالطين والوجهاء في مختلف البالد االإ سالمية يتناف سون في اقتناء الكتب المن سوخة بهذه االأيدي ال شريفة ويبذلون من أاجل الح صول عليها الر غ ائ ب ل ي و ش ح وا بها صدور خزائن كتبهم ل ت م ي ز ه ا عن غيرها من المن سوخات ب أانها مكتوبة بيد عالم عالم بما يكتب وموؤيدة بمراعاة صارمة لقواعد الن سخ وفي مقدمتها جودة الخط واإتقان ال ضبط والت صحيح والمقابلة بعد الن سخ. وقد وردت في تراجم مجموعة من العلماء أاخبار ت ؤوكد براعتهم في الن سخ وحر ص النا س تملك ما ين سخون نذكر من ه ؤوالء : أابو سعيد ال سكري )ت. 275 ه( الذي كان مرغوبا في خ ط ه ل صحته واأبو مو سى سليمان بن محمد الحام ض )ت. 305 ه( الذي كان»يو صف ب صحة الخط وح سن المذهب في ال ضبط «. وكان عبد اهلل بن محمد بن وداع االأزدي )ت. نحو 230 ه(»ح سن المعرفة صحيح الخط ح سنه يرغب فيه النا س وياأخذ بخطه الثمن «. 2 الفهرSست للنديم 239/1. 3 الم صدر نف سه 240/1. 4 الم صدر نف سه 244/1. 1 نق صد هنا الوراقة بمعناها العام التي ت شمل صناعة الورق والن سخ والت صحيح والزخرفة والت سفير و سائر ال ضوؤون الكتبية والدواوين. انظر محمد المنوني تاريخ الوراقة المغربية ص

68 اأبو عمران ابن منا صف»من اأبرع النا س خطا في الطريقة المغربية.» 1 وع رف بع ض العلماء الن ساخ بحذقهم في تمييز خطوط العلماء المتقدمين وهي مزية كان ي ش ار اإليها بالبنان وكانت ت ذكر في كتب التراجم وي ن و ه بها فقد قال ابن عبد الملك المراك شي في ترجمة اأبي عبد اهلل محمد ابن الطراوة مثال:»كان بارع الخط رائق الطريقة اأنيق الوراقة م ت ق ن الت قييد مليح التندير ن سابة لخطوط الم شايخ... م تهمما باقتناء االأ صول التي بخطوط اأكابر ال شيوخ اأو ع نوا ب ضبطها وجمع منها جملة وافرة.«1 وا شتهر بع ض العلماء الن ساخ بعكوفهم على ن سخ صنف معين من الكتب اأو م صنفات علم من العلوم فقد ا شتهرت أا سرة ابن غطو س في ا أالندل س بن سخ الم صاحف ال شريفة وتوارثوها خلفا عن سلف 1 وع ر ف اأبو عمرو ابن سالم المالقي بولعه»بانت ساخ الكتب ال صغار والكراري س «1 وا شتهر محمد بن مرطير االأندل سي ب إاتقانه ن سخ»الكتب التعاليمية 1 واإحكام ت شكيلها ال ي ت ق د م ه في اإتقان ذلك اأحد مع ال صحة «. 1 وكثير من العلماء الن ساخ كانوا ي و ر ق ون مقابل اأجرة اإما ب سبب ورعهم وت ح ر يه م ط ي ب الك س ب كما أا شرنا اإلى ذلك آانفا واإما ب سبب فقرهم وحاجتهم ل سد نفقتهم ونفقة عيالهم نذكر من بين هوؤالء: محمد بن زكريا اأبو بكر الر ازي )ت. 311 ه( 1 الذي قال عنه ابن اأنجب ال ساعي: كان:»في ب صره رطوبة وما يزال ين سخ اإما م سودة اأو مبي ضة واأ ض ر في اآخر عمره.» 1 والح سن بن عبد اهلل بن المرزبان اأبو سعيد ال س ير افي )ت. 368 ه( 2 الذي ذكر ابن اأنجب ال ساعي 12 الم صدر نف سه 130/8. 13 الم صدر نف سه 265/8. 14 الذيل والتكملة 132/8. 15 الم صدر نف سه 132/8. 16 يق صد كتب الطب والفلك والريا ضيات والفل سفة. 17 الذيل والتكملة 132/8. 18 ترجمته في: الفهرSست 469 وفيات الأعيان 157/5 سير اأعالم النبالء 354/14 الوافي بالوفيات 75/3 نكت الهميان 249 البداية والنهاية 149/11 النجوم الزاهرة 209/3 هدية العارفين 27/2. 19 الدر الثمين 102/1. وكان أابو الح سن علي بن محمد بن عبيد االأ سدي المعروف بابن الكوفي م شهورا ب صحة الخط واإتقان ال ضبط وقد راأى ياقوت الحموي بخطه كتبا عدة فلم ير اأح سن ضبطا واإتقانا للكتابة منه فقد كان رحمه اهلل»يجعل الحرف بمقدار الحرف احتياطا ويكتب على الكلمة الم شكوك فيها عدة مرار صح صح صح. وا شتهر اأبو يعقوب يو سف الن جيرمي )ت. 423 ه( بين معا صريه باإتقان الن سخ وال ضبط وكان النا س يتناف سون في اقتناء منت سخاته وع ر ف ابن خير االإ شبيلي )ت. 575 ه( ب أانه كان»موؤيدا )...( بح سن الخط واإتقان التقييد وال ضبط )...( ب ر ز فيهما على متقدمي االأكابر من م شاهير اأهلها داأب على ذلك د ه ر ه و أانفذ فيه ع م ر ه وكتب بخطه الكثير )...( وتمادت رغبة النا س في اقتناء ما يوجد بخطه «. ومن علماء المغرب واالأندل س الذين ا شتهروا كذلك باإتقان ما ين سخون سرحان بن محمد االأن صاري الذي»كان ح سن الخط متقن ال ضبط وكتب بخطه الكثير وع ني بتفريق الكلم فيما كان يكتب «. باالإ ضافة اإلى التزام العلماء بقواعد الن سخ وتحري االإتقان في العمل ا شتهر بع ضهم بان ضباطهم في عملهم ومواظبتهم وداأبهم على انت ساخ عدد معلوم من االأوراق اأو الملزمات في اليوم والليلة ال يتركون ذلك اإال ل ضرورة اأو مر ض نذكر من هوؤالء أابا القا سم ابن فرقد الذي كان»رائق الوراقة كثير الدوؤوب على الن سخ ليال ونهارا حتى اإنه كان إاذا دعي اإلى مو ضع لعقد وثيقة اأو شهادة فيها ا ست صحب ما ين سخ )...( فلذلك خلف بخطه من دواوين العلم كبارا و صغارا ما ال يح صى. وكان يو سف ابن الجنان ال سلوي»اأكثر النا س كت با واأدومهم... واأنه داأب صدر عمره على ن سخ ع شرين ورقة من الورق الكبير «. 1 ومما تميز به بع ض العلماء الن ساخ كذلك حذقهم وبراعتهم في الن سخ بخطوط متنوعة فقد كان اأبو عبد اهلل ابن منا صف»بارع الخط في كل طريقة )...( يكتب ثالثة ع شر طريقة هو فيها كلها م جيد «1 )...( وكان اأخوه 20 ترجمته في: الفهرSست 99 تاريخ بغداد 341/7 نزهة الألباء 266 المنتظم 95/7 معجم الأدباء 876 اإنباه الرواة 348/1 وفيات الأعيان 78/2 سير الذهبي 16 الوافي بالوفيات 65/12. 5 معجم الأدباء ي نظر اإنباه الرواة 72/4. 7 الذيل والتكملة 302/8. 8 الذيل والتكملة 129/8. 9 الم صدر نف سه 131/8. 10 الم صدر نف سه 131/8. 11 الم صدر نف سه 130/8. 68

69 اأنه:»كان رحمه اهلل زاهدا ورعا لم ياأخذ على الح ك م اأجرا اإنما كان ياأكل من ك ت ب يمين ه فكان ال يخرج اإلى مجل س الحكم وال اإلى مجل س التدري س حتى ين سخ ع شر ورقات ياأخذ اأجرتها ع شرة دراهم تكون بقدر موؤونته ثم يخرج اإلى مجل سه «. 2 ومحمد بن اإ سحاق بن علي بن داود بن حامد اأبو جعفر القا ضي الزوزني البحاثي )ت. 463 ه( اأحد الف ضالء المعروفين وال شعراء المفلقين صاحب الت صانيف العجيبة المفيدة كان ين سخ كتب االأدب بخط مقروء صحيح اأح سن الن سخ ولقد راأى ياقوت الحموي ن سخة من كتاب يتيمة الدهر أالبي من صور الثعالبي في خم س مجلدات بخطه المليح بيعت بثالثين دينارا ني سابورية. 2 و ص د ق ة بن الح سين بن الح سن بن ب خ ت ي ار اأبو الفرج ال ح د اد النا سخ البغدادي )ت. 573 ه( 2 الذي»كان فا ضال ذا فنون من العلم اإال أانه كان فقيرا ياأكل من أاجرة ن سخه «. 2 وا شتهر الحافظ المزي كذلك بخطه المليح المتقن وقد ن سخ لنف سه ولغيره م صنفات كثيرة منها كتابه تهذيب الكمال في اأ سماء الرجال بع ض اأجزائه ما زالت محفوظة بمكتبة في ض اهلل باإ ستنبول. ون شير اإلى أان بع ض العلماء الن ساخ رغم ر سوخهم في العلم و شدة حر صهم على ال ضبط اإال اأن خطهم كان سيئا ي قراأ بم شقة وعناء نذكر من هوؤالء على سبيل المثال ال الح صر اأحمد بن عا صم الحلواني )ت. 333 ه( فقد كان»خطه في نهاية القبح اإال أانه من العلماء «2 ومحمد بن عبد الرحمن القي سي القيرواني الذي»كتب الكثير على رداءة خطه «2 وابن مالك النحوي )ت. 672 ه( الذي كان خطه ضعيفا جدا اأبتر الحروف مقطوفها كما ذكر في ترجمته. وقد ع ي ر أاحد العلماء الن ساخ ب ضعف الخط وغمو ضه فاأجاب:»بلغني اأعزك اهلل اأنك عبتني بغمو ض الخط و ضعف حروفه ولم تعلم اأن خطوط العلماء ضعيفة واأن خطوط الخلفاء لطيفة و أان ذلك من معالم ال ضوؤدد بينهم ودالئل الكرم فيهم و أان ضعف الخط تميمة ع ل قت على ج يد اللفظ واأن منزلته من الكالم منزلة الكلف من بدر التمام «. 2 و أاح سن العلماء خطا و أانزعهم اإلى االإتقان بل اإلى االإبداع اأحيانا في فنون الخط اأولئك الذين كانوا ي شتغلون بدواوين الكتابة واالإن شاء وتعلموا أا صول الخط وال ضبط على ال شيوخ ومنهم من اأن ضاأ مدر سة خا صة به كان لها كبير االأثر في تطوير هذه الحرفة وتر سيخ قواعدها مثل ابن البواب وابن اأبي الخ صال وابن خير االإ شبيلي وغيرهم. تلكم بع ض اأهم مميزات خطوط العلماء الن ساخ وقد ورد الكثير منها متفرقا في كتب التراجم واالأخبار والطبقات والفهار س وا أالثبات وهي مادة غنية ت صلح أان تكون مو ضوع بحث ذا بال اإال أان هذه المادة تكاد تن ضب في تراجم العلماء الن ساخ المغاربة رغم اأن بع ضهم كان له أاثر وا ضح في تطوير هذه ال صنعة واالإبداع فيها اأو كان له القدح المعلى في اإتقانها واإحكام صنعتها وال ن ستثني في ذلك أاي حقبة تاريخية من تاريخ المغرب بدءا من دولة االأ شراف ا أالدار سة اإلى دولة االأ شراف العلويين. فقد كان للعلماء الن ساخ دور كبير في تن شيط الحركة العلمية والفكرية في المغرب في ع صر دولة االأ شراف العلويين من حقبة حكم ال سلطان سيدى محمد بن عبد اهلل )ت ه( اإلى حقبة حكم ال سلطان المولى الح سن االأول )ت ه( بف ضل اإ سهاماتهم العلمية الجادة في اإثراء حركة الت أاليف بر سم الخزانة ال سلطانية وجهودهم الق ي م ة في الن سخ اأو االإ شراف عليه بر سم الخزانة نف سها. وكثير من اآثار أاولئك العلماء ا أالعالم س ل مت فبقيت شاهدا ح ي ا على علمهم وف ضلهم وهي محفوظة في خزانات الكتب الخا صة والعامة في المغرب وفي مقدمتها الخزانة الملكية بالرباط ونذكر من هوؤالء على سبيل المثال ال الح صر: الفقيه واالأديب عمر بن عبد اهلل الفا سي )ت ه( والمهدي مورينو االأندل سي الرباطي )ت ه( وعبد القادر بن العربي بن قا سم بوخري ص ال سجلما سي الكاملي )ت ه( و أاحمد بن المهدي بن محمد الغزال الحميري االأندل سي )ت ه( ومحمد الطالب بن سودة المري )ت ه( ومحمد بن أابي القا سم ال سجلما سي البوجعدي الرباطي )ت ه( والطيب بن عبد المجيد بن كيران )ت ه( و أابو عبد اهلل محمد بن محمد المعداني التادلي )ت ه( الذين 27 اإحكام صنعة الكالم معجم الأدباء معجم الأدباء ترجمته في: المنتظم 276/10 معجم الأدباء 1447 تاريخ ابن الدبيثي 401/3 سير اأعالم النبالء 66/21 الوافي بالوفيات 292/16 لùسان الميزان 184/3 النجوم الزاهرة 184/3. 24 الدر الثمين 317/1. 25 الفهرSست للنديم 245/1. 26 الذيل والتكملة 313/8. 69

70 وعبد القادر بن العربي بن قا سم بوخري ص ال سجلما سي الكاملي )ت ه( ومحمد الطالب بن سودة المري )ت ه( ومحمد بن اأبي القا سم ال سجلما سي البوجعدي الرباطي )ت ه(. ج( اأبرز تالمذته لعل أابرز تالميذ محمد بن عامر التادلي المعداني ال سلطان المولى سليمان بن محمد بن عبد اهلل )ت ه(. فقد ذكر اأبو القا سم الزياني في كتابه جمهرة التيجان وفهر سة الياقوت واللوؤل ؤو والمرجان في ذكر الملوك و أا شياخ ال سلطان المولى سليمان صاحبنا المعداني ضمن شيوخه هذا ال سلطان»الذين اعترف باالأخذ عنهم ور سمهم بخط يده «. 3 وذكر صاحب ال سلوة اأنه»اأخذ عنه النحو واالأدب والفقه «. 3 ومنهم كذلك محمد العربي بن محمد الها شمي العزوزي الزرهوني القا ضي )ت ه( الذي خ صه العالمة محمد عبد الحي الكتاني ترجمة في كتاب مفرد سماه: إاتحاف الحفيد بترجمة جده ال صنديد و أاجازه المعداني إاجازة عامة 3 وقد ذكر صاحب الإعلالم أانه كان من تالمذته بحا ضرة فا س. 3 ومنهم أاي ضا محمد بن اأحمد الكن سو سي )ت ه( الذي قدم إالى فا س عام 1229 ه واأخذ العلم عن جماعة من أاهلها اأبرزهم العالمة الفا ضل محمد بن عامر التادلي المعداني 3 و صرح بالرواية عنه في كتابه الجي ش العرمرم. 3 ومنهم كذلك محمد بن علي ال سنو سي الخطابي ال شلفي اأجازه المعداني بفا س. 3 واأحمد الحبيب اليعقوبي الر شيدي ا ستدعى من شيخه المعداني ا إالجازة كما يدل على ذلك أابيات وردت في كنا شته. 3 د( ثناء اأهل العلم عليه كل من ترجم ابن عامر المعداني ح ال ه وذكره بالخير فقد و صفه صاحب سلوة الأنفا س ب»الفقيه العالمة الدراكة الفهامة الحافظ الم شارك االأديب الحجة 30 جمهرة التيجان وفهر سة الياقوت واللوؤل ؤو والمرجان في ذكر الملوك واأ شياخ ال سلطان المولى سليمان 129. سلوة 31 الأنفا س 22/3. 32 فهر س الفهار س الإعالم بمن حل مراك ش واأغمات من الأعالم 8/7. 34 الإعالم.8/7 35 الجي ش العرمرم فهر س الفهار س ن سخوا كتبا مفردة. وبع ضهم ا شترك في حركة التن سيخ الجماعي التي ازدهرت في هذا الع صر فن سخوا الم صنفات الكبيرة الحجم مثل كتاب البيان والتح صيل البن ر شد الذي ا شترك في ن سخه اأربعة علماء كبار ممن ذكرت ا سمهم ومنه ن سخة محفوظة في الخزانة الملكية في الرباط. وكل ع ل م من هوؤالء ا أالعالم حقيق بدرا سة م ستقلة لكننا سنكتفي بالتعريف بعالم فا ضل واأديب شاعر اأ سهم هو ا آالخر في تن شيط الحركة العلمية في ع صره وهو محمد بن محمد المعداني التادلي )ت ه( الأنه لم ينل ما ي ستحق من اهتمام في البحوث والدرا سات. و سنذكر ما وقفنا عليه من اآثاره التي األ ف ه ا وخ ط ه ا بيمينه وبع ض الكتب التي ن سخها اأو اأ شرف على ن سخها في الديوان ال سلطاني. محمد بن محمد بن عامر التادلي المعداني حياته واآثاره اأ( ن سبه ومولده ون ساأته 2 هو اأبو عبد اهلل محمد بن محمد المعداني التادلي الفقيه المحدث واالأديب ال شاعر ولد بمنطقة تادلة 2 التي اإليها ن سب وفيها ن ض أا وقد وجدنا في ديوان شعره ذكرا لبلدة اأبي الجعد الذي ال شك اأنه تلقى تعليمه االأولي بها حيث حفظ القر آان الكريم وا أال سا س من متون اللغة وعلوم الدين وق ضى فيه اأوقاتا طيبة. وال شك اأنه بعد هذه المرحلة وبعد اأن ا شتد عوده انتقل الإكمال درا سته بمدينة فا س حيث لقي وتتلمذ على مجموعة من علمائها االأخيار وم شايخها االأبرار. ب( ذكر بع ض شيوخه ذكر صاحب سلوة الأنفا س بع ض شيوخ المعداني وهم: أابو حف ص عمر بن عبد اهلل الفا سي )ت ه( ومحمد بن الح سن البناني الفا سي )ت ه( 28 انظر عنه كنا شة المعداني التي فيها ديوان شعره جمهرة التيجان وفهر سة الياقوت واللوؤلوؤ والمرجان في ذكر الملوك واأ شياخ ال سلطان المولى سليمان 129 سلوة الأنفا س 22/3 الجي ش العرمرم 255 الإعالم بمن حل مراك ش و أاغمات من الأعالم 8/7 فهر س الفهار س 1041 موؤرخو ال شرفاء 13 مو سوعة اأعالم المغرب 2503 من اأعالم منطقة اإقليم تادلة وبني مالل تحتل منطقة تادلة اله ضبة الواقعة شرقي ال شاوية المنحدرة قليال اإلى المجرى ا أالعلى لنهر اأم الربيع ويحد هذه اله ضبة من الجنوب جبال ا أالطل س المتو سط وتعد هذه المنطقة التي تعرف عند الم ؤورخين با سم فزاز قلب المغرب ووا سطة عقد حوا ضره وبواديه وقاعدتها هي الق صبة التي بناها ال سلطان المولى اإ سماعيل واأنزل بها ق سما من جي ش البخاري وما زالت اإلى ا آالن تعرف بهذا االإ سم. ينظر العز وال صولة كنا شة المعداني مخ

71 البركة االأريب «3 ثم قال:»كان نحويا... لغويا... اأديبا محدثا موؤرخا م شاركا اأعجوبة زمانه في الحفظ والتحقيق والتدقيق والتاريخ «. 3 وو صفه العبا س بن اإبراهيم التعارجي ب»العالمة المحدث الموؤرخ «. 4 وذكر صاحب اإتحاف المطالع اأنه»كان حافظا اأديبا م شاركا موؤرخا مطلعا «. 4 وقال في حقه محمد بن اأحمد الكن سو سي:»العالمة الحافظ «. 4 وحال ه ال شيخ محمد عبد الحي الكتاني بقوله:»العالمة المحدث االأديب التاريخي «. 4 ر( وظائفه كان محمد بن محمد بن عامر المعداني من العلماء المالزمين للح ضرة ال سلطانية إابان حكم محمد بن عبد اهلل وابنه المولى سليمان وذكر صاحب م ؤورخو ال شرفاء أان المعداني»كان م ست شارا لل سلطان سيدي محمد بن عبد اهلل و شيخا لل سلطان المولى سليمان «4 اأ ضف إالى ذلك اأنه كان مكلفا باالإ شراف على بع ض الم صنفات المنت سخة بر سم الخزانة ال سلطانية كما ذكر هو بنف سه في ن ص تقييده على الن سخة الخطية 1171: «أامرنا سيدنا المن صور باهلل سيدي محمد بن عبد اهلل المتوكل على اهلل اهلل وليه وموؤيده )...( وفرغ منها في فاتح المحرم الحرام عام 1204 ه» 4 وهي ال سنة نف سها التي توفي فيها ال سلطان سيدي محمد بن عبد اهلل وكان خطيبا بالمدر سة العنانية من طالعة فا س. 4 س( وفاته ذ ك ر في كل الم صادر التي ترجمت لمحمد بن محمد بن عامر المعداني أانه مر ض وبقي مقعدا حتى توفي رحمه اهلل صبيحة يوم الجمعة ثالث شعبان عام 1234 ه 4 ودفن بالقباب بمطرحة ال ج ل ة بفا س وب ني عليه شاهد كبير وقد ح ضر جنازته جم غفير من العلماء من اأ صحابه وتالمذته. 4 موؤلفاته - القول الوجيز في تهذيب الإبريز: كتبه باأمر من ال سلطان المولى سليمان بن محمد بن عبد اهلل واخت صر فيه كتاب الذهب االإبريز من كالم الغوث موالنا عبد العزيز أالحمد بن مبارك اللمطي ال سجلما سي )ت ه( ن سبه اإليه صاحب سلوة الأنفا س و سماه اخت صار الذهب الإبريز 4 ون سبه اإليه أاي ضا صاحب فهر س الفهار س 5 و صاحب اإتحاف المطالع. 5 جعله المعداني في مقدمة و أاربعة ف صول»ا أالول في التعريف بم ؤولفه ر ضي اهلل عنه الف صل الثاني في بيان حقيقة الوالية والولي الف صل الثالث في الكرامة والفرق بينها وبين المعجزة الف صل الرابع في فوائد ذكر الكرامات وما يثمره ذلك من ا أالحوال والمقامات «. 5 وقال محمد بن جعفر الكتاني: «أاخبرني سيدنا الوالد اأنه ر أاى منه بخزانة ال سلطان بفا س الجديد ع شر ن سخ.«5 كنا شته: وت ضم ديوان شعره وتقاييد متنوعة ت ضم ق صائد ومقطعات شعرية واأخبارا وطرائف اأدبية ونكتا نحوية و أاحداثا تاريخية انتقاها الموؤلف من م صادر مختلفة وقد ورد في اأولها ما يوؤكد ن سبتها إاليه حيث قال:»ب سم اهلل الرحمن الرحيم و صلى اهلل على نبينا محمد واآله ولكاتبه محمد بن محمد بن عامر التادلي المعداني جبر اهلل تعالى صدعه في مدح خير االأنام عليه اأف ضل الزكاة و أازكى ال سالم وعلى آاله و صحبه و سلم )...( 5.«شرح خطبة األفية ابن مالك: ذكره صاحب سلوة الأنفا س في ترجمته ضمن موؤلفاته وقال في و صفه:»لم ي سبق إالى مثله.«5 الفتوحات المحمدية:»ن سبها ل أالمير سيدي محمد بن عبد اهلل باإذن منه.«5 ر سالة تقريظ لكتاب الترجمانة الكبرى لأبي القا سم الزياني: وهي من شورة ضمن الكتاب المطبوع. سلوة 49 الأنفا س 22/3. 50 فهر س الفهار س مو سوعة اأعالم المغرب القول الوجيز 14. سلوة 53 الأنفا س 22/3. 54 كنا شة المعداني: 1. سلوة 55 الأنفا س 22/3. 56 الم صدر نف سه 22/3. سلوة 38 الأنفا س 22/3. 39 الم صدر نف سه 22/3. 40 الإعالم.254/6 41 مو سوعة اأعالم المغرب الجي ش العرمرم فهر س الفهار س موؤرخو ال شرفاء الإعالم.254/6 سلوة 46 الأنفا س 22/3 مو سوعة اأعالم المغرب الإعالم.254/6 سلوة 48 الأنفا س 22/3 مو سوعة اأعالم المغرب

72 الكتب التي ن سخها اأو اأ شرف على ن سخها طبق الأرطللاب فيما اقتطفناه من م ساند الأئمة وكتب م شاهير المالكية والإمام الحطاب ويعرف اأي ضا بالفتوحات الربانية فيما اقتطفناه من م ساند الأئمة وم شاهير كتب الأئمة المنتخبين عند المالكية وكان ي سمى قبل تنقيحه بالفتح الرباني فيما اقتطفناه من م سانيد الأئمة وفقه الإمام الحطاب وال شيخ ابن أابي زيد القيرواني. وهو الكتاب الذي اأ شرف على ن سخه محمد بن محمد بن عامر المعداني ب أامر من ال سلطان سيدي محمد بن عبد اهلل. وقد صرح بذلك في تقييد بهام ش الن سخة رقم 1771:»هذه الن سخة المباركة من الفتح الرباني فيما اقتطفناه من م سانيد الأئمة وفقه الحطاب وال شيخ ابن اأبلي زيد القيرواني وقد أامرنا سيدنا المن صور باهلل سيدي محمد بن عبد اهلل المتوكل على اهلل اهلل وليه وموؤيده بن سخها على يد الفقيه سيدي محمد بن عامر وفرغ منها في فاتح المحرم الحرام عام 1204 ه.«5 وهذه الن سخة شاهد حي على المهمة التي Les Rencontres du CJB, n 6, 2015 كان يطلع بها المعداني في بالط ال سلطان سيدي محمد بن عبد اهلل. ك ت ب الق سم االأول منها بخط مغربي مب سوط ح سن واأتم ن سخه محمد بن محمد بن عامر المعداني ابتداء من الورقة 66 اإلى الورقة 89 ب بخط يمكن أان نعده من المجوهر رغم اأن بع ض حروفه مكتوبة بالخط الزمامي في التاريخ المذكور آانفا وكتبت الورقة االأخيرة بخط مجوهر بيد نا سخ اآخر ن سخ مجموعة من ن سخ هذا الكتاب المحفوظة بالخزانة الملكية. وتت أالف هذه الن سخة من 90 ورقة مقيا سها: 30,5 21,5 سم م سطرتها: ع شرون سطرا بها تعقيبة مائلة وثقوب أار ضة كثيرة ب أاطرافها. في ورقتها ا أالولى لوحة ا ستهاللية مزخرفة ومذهبة كتب داخلها بحبر مذهب ا سم م صنفها كما كتبت ذيباجتها بخط الثلث بحبر مذهب ورقها اأوروبي عليه خطوط متوازية عمودية وعالمة مائية عبارة عن ثالثة اأهلة متفاوتة الحجم ت سفيرها مغربي على ال شكل الفار سي جلد مغربي أاحمر مذهب الجوانب تتو سطه ترنجة م ضغوطة مزخرفة مو صولة بلوزتين وقد سقط منه ل سان الحفظ. لوحة رقم 1 الخزانة الملكية مخطوط رقم 1771 حيث بداأ خط المعداني في الورقة الي سرى 57 مو سوعة اأعالم المغرب

73 لوحة رقم 2 الخزانة الملكية مخطوط رقم 1771 اأنموذج من الورقة 89 كنا شته الأدبية: منها ن سخة بخطه محفوظة بالخزانة الملكية بالرباط تحت رقم: عدد اأوراقها: 182 ورقة مقيا سها: سم م سطرتها مختلفة وهي متال شية مفككة الملزمات بها ثقوب اأر ضة كثيرة ورقها اأوربي عليه خطوط متوازية أافقية وعالمة مائة ت سفيرها مغربي على ال شكل الفار سي جلد بني تتو سطه ترنجة حمراء م ضغوطة مزخرفة وقد نالت منه الرطوبة وثقوب االأر ضة. ت ضم الكنا شة باالإ ضافة اإلى ن سخة تامة من ديوان شعره الذي يبتدئ من الورقة االأولى اإلى الورقة 58 مجموعة هائلة من التقاييد النثرية من م صادر متنوعة ومختارات شعرية لمجموعة ال شعراء الم شارقة والمغاربة أابرزهم ابن الفار ض والبحتري ومطيع بن اإيا س وابن مكان س وحماد عجرد وابن زيدون و سعيد التلم ساني وم صباح الزرويلي وعبد اهلل العيا شي صاحب الرحلة وغيرهم من ال شعراء كما اأورد مجموعة الق صائد الطوال الم شهورة نذكر منها: مق صورة ابن دريد والمية العرب لل شنفرى والمية العجم للطغرائي والمية ابن الوردي والق صيدة المنفرجة. وهذه الكنا شة هي ال شاهد الحقيقي لخط المعداني الحقيقي الذي ال تكلف فيه وال ت صنع وهو خط مغربي يمكن ت صنيفه ضمن الخط المجوهر ت ساهال أالن بع ض الحروف مكتوبة بالخط الزمامي. كما يالحظ اهتمام المعداني ال شديد بتطرير الكتب حيث و شح مجموعة من تقاييده في هذه الكنا شة كمق صورة ابن دريد والمية العرب لل شنفرى والمية العجم بطرر متنوعة ت ضم فوائد ونكت لغوية ونحوية وبالغية وتاريخية وغيرها. 73

74 لوحة رقم 3 الخزانة الملكية مخطوط رقم 5601 الورقة الأولى من كنا شة المعداني حيث يبتدئ ديوان شعره لوحة رقم 4 الخزانة الملكية مخطوط رقم 5601 ورقة اأخرى من كنا شته فيها أانموذج من طرره على لمية العرب 74

75 كتاب القول الوجيز فيي تهذيب الإبريز: اخت صر فيه كما ذكرنا كتاب الذهب الإبريز من كالم الغوث مولنا عبد العزيز أالحمد بن مبارك اللمطي ال سجلما سي )ت ه( وقد ن سخ منه بر سم خزانة ال سلطان سيدي محمد بن عبد اهلل مجموعة من الن سخ. ولم يبق في الخزانة الملكية من هذا الكتاب ولو ن سخة واحدة. ولعل ال سلطان المذكور الذي ا شتهر بتحبي س م صنفات العلم على خزانات كتب الم ساجد والمدار س المنت شرة في ربوع مملكته قد حب سها جميعها ولم ت صلنا من هذا الكتاب بخط يده ح سب ما نعلم اإال ن سخة واحدة ضمن المجموع المحفوظ بالمكتبة الوطنية بالرباط تحت رقم 2256 ك من الورقة 13 ب اإلى الورقة 67 اأ مقيا سها: سم م سطرتها خم سة وثالثون سطرا كتبت بخط المعداني مع عناية اأقل بتجويد الخط واإتقان ال ضبط وزخرفة الن سخة اإذ ال يوجد بها لوحة زخرفة البداية والختام والعناوين المذهبة المكتوبة بخط الثلث وروؤو س الفقر واالأحاديث البارزة وا سم الجاللة واال سم ال شريف المكتوب بخط الثلث اأي ضا والفوا صل المميزة و إاطار الكتابة المذهب اأو الملون اإلى غيره من المميزات التي تدل على أانها من الن سخ التي كتبت بر سم خزانة ال سلطان لكنها ن سخة م صححة وبها تعقيبة مائلة واأثر رطوبة وحمو ضة ناتجة عن تاأك سد الحبر الذي كتبت به وعليها ثقوب اأر ضة رممت بطريقة تقليدية وبهام شها طرر كثيرة أاغلبها لحق اأ ضيف بعد المقابلة والت صحيح. ورقها اأوروبي عليه خطوط متوازية عمودية وعالمة مائية وت سفيرها حديث تملكها محمد صالح ال شرقي ثم انتقلت باالإرث اإلى ولده محمد المعطى بن صالح ال شرقي صاحب ذخيرة المحتاج ثم انتقلت با إالرث لولده عبد القادر بن محمد المعطى ثم انتقلت لولده علي بن عبد القادر بن محمد المعطى واآلت هذه الن سخة للعالمة محمد عبد الحي الكتاني وعليها ختم خزانته وهذه نماذج منها: لوحة رقم 5 الخزانة الملكية مخطوط رقم 2256 ك الورقة الأولى من كتاب القول الوجيز في تهذيب الإبريز 75

76 لوحة رقم 6 الخزانة الملكية مخطوط رقم 2256 ك الورقة الثانية من كتاب القول الوجيز في تهذيب الإبريز 76

77 لوحة رقم 7 الخزانة الملكية مخطوط رقم 2256 ك الورقة الأخيرة من كتاب القول الوجيز في تهذيب الإبريز ن سخة ال شفا للقا ضي عيا ض المحفوظة بالخزانة الملكية بالرباط تحت رقم: 2426 وهي ن سخة تامة م صححة ومقابلة مزخرفة البداية م سفرة بجلد أاحمر مذهب ا أالركان تتو سطه ترنجة م ضغوطة كتبت على ورق أاوروبي بخط مغربي مجوهر م شكول وملون ومجدول كان الفراغ من ن سخها بعد صالة الع صر يوم االأحد 11 رم ضان عام 1123 ه على يد محمد العربي بن اأحمد بن حمدان بن محمد بن علي بن سالم التلم ساني وكان انت ساخها من أا صلين صحيحين أاحدهما بخط عم النا سخ أابي زيد عبد الرحمن بن حمدان وا آالخر قديم يرجع تاريخه إالى سنة 514 ه مقروء على االإمام ابن سيد النا س اليعمري غير ما مرة كما وجد بخطه. عدد أاوراقها: 287 ورقة مقيا سها: 21,5 16,5 سم م سطرتها: س 16 بها تعقيبة و أاثر رطوبة وثقوب أار ضة في أاطرافها وتقاييد مختلفة في اأولها واآخرها صدرت بق صيدة في مدح كتاب ال شفا وذيلت بترجمة للقا ضي عيا ض. تملكها أاحمد بن علي الدكالي ومحمد العربي بن الها شمي الزرهوني وتملكها االأديب محمد بن محمد بن عامر التادلي المعداني بال شراء من محمد العربي الزرهوني على يد ولد ال سيد اأحمد العزري عام 1226 ه. وقد و شحت هذه الن سخة بطرر كثيرة ومتنوعة المادة بخطين مختلفين اأحدهما لنا سخ الكتاب والثاني لمحمد بن محمد بن عامر التادلي المعداني الذي كان معروفا بولعه ال شديد بتطرير الكتب خ صو صا تلك التي كانت في ملكه فقد ا ستدرك المعداني كثيرا من النكت والفوائد التي فاتت صاحب هذه الطرر. وقد كتبها بخطه المميز لكن ب شكل أاكثر دقة وتنظيما ب سبب ضيق الم ساحة المتبقية في حا شية الكتاب. والنماذج المثبتة أادناه توؤكد تملكه ال صرحي لتلكم الن سخة وطرره الكثيرة عليها. 77

78 لوحة رقم 8 الخزانة الملكية مخطوط رقم 2426 ورقة عنوان ن سخة الûشفا عليها تملك المعداني وبع ض تقاييده لوحة رقم 9 الخزانة الملكية مخطوط رقم 2426 أانموذج من طرره على كتاب الûشفا إالى جانب طرر أاخرى لغيره 78

79 خاتمة اإن ظاهرة ن سخ العلماء للكتب في تراثنا االإ سالمي ظاهرة ت ستحق مزيدا من البحث والدرا سة الأن مادتها غنية لكنها متفرقة في كتب التاريخ والتراجم وفي خزانات الكتب. وهي بحاجة اإلى باحثين متمر سين ي ستطيعون جمعها وتن صيفها ودرا ستها وقد ر منا في هذا البحث التعريف بهذه الظاهرة من خالل بع ض االأخبار والوم ضات العابرة المتفرقة في هذا النوع من الم صادر ثم حاولنا في الوقت نف سه احتراما لمو ضوع اليوم الدرا سي التعريف بالحركة العلمية الن شيطة في المغرب في حقبة حكم ال سلطان سيدي محمد بن عبد اهلل من خالل تجلية سيرة أاحد علماء المغرب ا أالفذاذ وهو محمد بن محمد بن عامر التادلي المعداني رحمه اهلل الذي اأ سهم باإغناء الخزانة المغربية بمجموعة من الن سخ الخطية التي األفها اأو ن سخها اأو علق عليها وكالأها اهلل بحفظه اإلى اأن و صلت اإلينا. بيبليوغرافية لئحة الم صادر والمراجع البغدادي اإ سماعيل با شا هدية العارفين )اأ سماء الموؤلفين واآثار الم صنفين( بغداد مكتبة المثنى ابن تغري بردي يو سف االأتابكي النجوم الزاهرة في ملوك م صر والقاهرة مطبعة دار الكتب الم صرية ابن الجوزي عبد الرحمن بن علي المنتظم في تاريخ الملوك والأمللم حيدر اآباد الدكن مطبعة دائرة المعارف العثمانية 1357 ه. ابن حجر الع سقالني اأحمد بن علي ل سان الميزان حيدر آاباد الدكن طبعة مجل س دائرة المعارف النظامية ط ه. ابن خلكان شم س الدين اأحمد بن محمد وفيات الأعيان و أانباء اأبناء الزمان تحقيق اإح سان عبا س بيروت دار صادر دون تاريخ. ابن الدبيثي محمد بن سعيد ذيل تاريخ مدينة ال سالم تحقيق ب شار عواد معروف بيروت دار الغرب االإ سالمي ابن سودة عبد ال سالم بن عبد القادر دليل موؤرخ المغرب الأق صى الدار البي ضاء دار الكتاب بن عبد الملك المراك شي الذيل والتكملة لكتابي المو صول وال صلة الجزء الثامن تحقيق محمد بن شريفة الرباط مطبعة المعارف الجديدة ابن العماد الحنبلي أابو الفالح عبد الحي شذرات الذهب في اأخبار من ذهب مكتبة القد سي 1350 ه. ابن كثير اأبو الفداء البداية والنهاية بيروت-الريا ض مكتبة المعارف ومكتبة الن صر حجي محمد مو سوعة أاعالم المغرب بيروت دار الغرب االإ سالمي الحموي ياقوت الرومي معجم الأدباء تحقيق اإح سان عبا س بيروت دار الغرب االإ سالمي الذهبي محمد بن أاحمد بن عثمان سير أاعالم النبالء تحقيق نخبة من االأ ساتذة بيروت موؤ س سة الر سالة الزياني اأبو القا سم جمهرة التيجان وفهر سة الياقوت واللوؤلوؤ والمرجان في ذكر الملوك واأ شياخ ال سلطان المولى سليمان تحقيق عبد المجيد خيالي بيروت دار الكتب العلمية ال ساعي علي بن اأنجب الدر الثمين في اأ سماء الم صنفين مراك ش المطبعة والوراقة الوطنية من شورات الخرانة الملكية ال سماللي العبا س بن اإبراهيم الإعالم بمن حل بمراك ش واأغمات من الأعالم راجعه عبد الوهاب بن المن صور الرباط المطبعة الملكية ال سيوطي جالل الدين عبد الرحمن بغية الوعاة في طبقات اللغويين والنحاة تحقيق محمد اأبو الف ضل اإبراهيم بيروت المكتبة الع صرية دون تاريخ. ال صفدي صالح الدين خليل بن اأيبك نكت الهميان باأخبار العميان ضبطه اأحمد زكي بك طبعة دار المدينة ال صفدي صالح الدين خليل بن اأيبك الوافي بالوفيات تحقيق نخبة من ا أال ساتذة ا ستانبول عربو ش م صطفى من اأعالم منطقة إاقليم تادلة وبني مالل بني مالل مكتبة الطالب القفطي علي بن يو سف اإنباه اللرواة على اأنباء النحاة تحقيق محمد اأبو الف ضل اإبراهيم بيروت المكتبة الع صرية الكتاني عبد الحي بن عبد الكبير فهر س الفهار س والأثبات ومعجم المعاجم والم شيخات والم سل سالت باعتناء اإح سان عبا س بيروت دار الغرب االإ سالمي ط الكتاني محمد بن جعفر ابن اإدري س سلوة الأنفا س ومحادثة الأكيا س بمن اأقبر من العلماء وال صلحاء بفا س 79

80 تحقيق عبد اهلل الكامل الكتاني حمزة بن محمد الطيب الكتاني محمد حمزة بن علي الكتاني الدار البي ضاء دار الثقافة الكالعي االإ شبيلي اأبو القا سم محمد بن عبد الغفور اإحكام صنعة الكالم تحقيق محمد ر ضوان الداية بيروت دار الثقافة دون تاريخ. الكن سو سي محمد بن اأحمد الجي ش العرمرم الخما سي في دولة اأولد مولنا علي ال سجلما سي تحقيق اأحمد بن يو سف الكن سو سي دون طبعة وال تاريخ. لليفي بروفن صال موؤرخو ال شرفاء تعريب عبد القادر الخالدي الرباط مطبوعات دار المغرب للتاأليف والترجمة والن شر المعداني التادلي محمد بن محمد بن عامر ديوان شعر تحقيق عبد العالي لمدبر اأطروحة لنيل الدكتوراه من كلية االآداب والعلوم االإن سانية ظهر المهراز بفا س. المنوني محمد تاريخ الوراقة المغربية الرباط من شورات كلية االآداب سل سلة بحوث ودرا سات لئحة المخطوطات الرباط الخزانة الملكية مخطوط رقم 2426 ال شفا في التعريف بحقوق الم صطفى للقا ضي عيا ض بن مو سى اليح صبي. الرباط الخزانة الملكية مخطوط رقم 1771 كتاب طبق الأرطاب فيما اقتطفناه من م ساند الأئمة وكتب م شاهير المالكية والإمام الحطاب ويعرف اأي ضا ب الفتوحات الربانية فيما اقتطفناه من م ساند الأئمة وم شاهير كتب الأئمة المنتخبين عند المالكية. الرباط الخزانة الملكية مخطوط رقم 2256 ك كتاب القول الوجيز فيي تهذيب الإبريز. الرباط الخزانة الملكية مخطوط رقم 5601 كنا شة المعداني. 80

81 المخطوطات والوثائق الأمازيغية المكتوبة بالحرف العربي: اأ ساليب الأداء واأنواع الخطوط عمر أافا كلية ا آالداب الرباط مقدمة عرفت كتابة اللغة ا أالمازيغية عبر تاريخها الطويل ا ستعمال حروف تيفيناغ والحروف العربية والحروف الالتينية. وال نتحدث االآن عن مبررات هذه االختيارات وال عن مناق شة تلك المواقف. وباعتبار الح سم الذي وقع في ا ستعمال حرف تيفناغ في المغرب منذ سنة 2007 م فاإن هذا العر ض إانما نقدم فيه ما يخت ص بالمخطوطات االأمازيغية المكتوبة بالحرف العربي في اإطاره التاريخي كواقع ح صل فيه اإنجاز أار صدة هائلة من المخطوطات والوثائق ا أالمازيغية التي تزخر بها الخزانات المغربية الخا صة والعامة وخزانات بلدان المغارب. وما زال ينجز هذا المخطوط بالحرف العربي منذ و صوله الى الغرب االإ سالمي اإلى اليوم سواء في المدار س العتيقة والجوامع حيث يتم انجاز مختلف العلوم ت أاليفا وترجمة وتف سيرا أاو في مجاالت اأخرى على م ستوى االأفراد والجماعات حيث ينجز االإبداع ال شعري واالأدبي والغنائي في الوقت الراهن. وبما اأن هذه ا أالر صدة تكو ن اأوعية للذاكرة تختزن عنا صر من الهوية الح ضارية والتاريخية لالأمازيغ فال يمكن بحال من االأحوال اإحداث قطيعة ب ض أان هذه العنا صر مهما كانت قيمة الحروف الم ستعملة االأخرى. فهذه المخطوطات اإذن هي و سيلة الإبالغ تجربة هذه الذاكرة اإلى اأجيالنا القادمة م ستقبال. لقد حددنا موقع وجود اأر صدة هذه المخطوطات والوثائق فوجدناه ي شمل م ساحة شا سعة تمتد على كل البلدان المغاربية )المغرب والجزائر وتون س وليبيا وموريتانيا( اإ ضافة اإلى منطقة سيوة بجمهورية م صر 1 حد دنا خريطة وجود اأر صدة المخطوطات والوثائق االأمازيغية في هذا العر ض في ستة بلدان )انظر الخريطة( وح سب ما اطلعنا عليه بدون أان نعززه باإح صاء يمكن ترتيب كمياتها في هذه البلدان ال ستة من االأكثر الى االأقل كما يلي : اأكثرها في المغرب ثم الجزائر فتون س فليبيا و سيوة بم صر ثم في موريتانيا وهي أاقلها. 2 اأحمد بوكو س م سار اللغة الأمازيغية الرهانات وال ستراتيجيات الرباط مطبعة طوب بري س 2010 ص 149. وهذا ما يت ضح على الخريطة الواردة في نهاية هذا المقال )ا نظر اللوحة رقم 1(. انطلقنا في هذه الدرا سة مما توفر لدينا من ر صيد هام من المخطوطات والوثائق ا أالمازيغية التي جمعناها من مختلف الخزانات المغربية بمنطقة سو س واالأطل س ال صغير وال صحراء. وذلك في إاطار قي امنا باإنجاز فهر س عام لهذه المخطوطات والوثائق االأمازيغية اأ سميناه»الدليل الجذاذي «. وب صدده كن ا قد ق سمنا خريطة المغرب تق سيما ر باعي ا لهذا الغر ض وقد اأنجزنا ق سمه االأول عن منطقة سو س وا أالطل س ال صغير وال صحراء كما ي الحظ ذلك في الخريطة الواردة في نهاية هذا المقال )ا نظر اللوحة رقم 2(. واإن ال ضرورة لتدعو باإلحاح اإلى جمع وفهر سة وتحليل هذا ال صنف من المخطوطات والوثائق في مجموع رقعته الجغرافية في المغرب وغيره من البلدان المذكورة نظرا لما يتوفر عليه من حموالت من العلوم والمعارف وما يختزنه من ذاكرة ح ضارية وواقع تاريخي يمتد باإ ضاءته اإلى ع صرنا الحا ضر. ونظرا لما يتهدد هذا الر صيد من كوارث طبيعية وعوامل ب شرية في االإتالف والنهب والت سرب ال ح صر لها. فكثير من المخطوطات ا أالمازيغية اختفت تماما من مكتباتها االأ صلية ث م ا ستقرت اليوم في مكتبات بلدان اأجنبية. 3 عمر أافا الدليل الجذاذي للمخطوطات والوثائق المازيغية المكتوبة بالحرف العربي في منطقة سو س من شورات المعهد الملكي للثقافة االأمازيغية الرباط مطبعة المعارف الجديدة أاغلب المخطوطات ا أالمازيغية التي ت سربت إالى الدول االأجنبية توجد االآن في مكتبات عديدة وبالخ صو ص في المكتبة الوطنية بباري س و إاك س أاون بروفان س في فرن سا ومكتبة جامعة ليدن بهوالندا ومكتبات في الخليج العربي وجهات اأخرى. ا نطر مثاال فهر س مجموعة»رو«بجامعة اإك س اأون بروفان س وهو ي ضم 195 مخطوطا اأمازيغيا: Nico van den Boogert, Catalogue des manuscrits arabes et berbères du fonds Roux, Aix-en-Provence,

82 اأ ساليب الأداء واأنواع الخطوط بعد هذا التقديم الوجيز لواقع المخطوط ا أالمازيغي وظروفه اخترنا مدخلين للحديث عن طرق الكتابة واأ ساليبها واأنواع الخطوط بالحرف العربي. اأ ساليب الأداء: لأ صوات اللغة الأمازيغية ومعانيها بالحرف العربي الهدف االأ سا سي من الكتابة هو الح صول على النطق ال سليم للكلمات بال صوت الذي يت ضمن كامل عنا صر االأداء وبالخ صو ص المعجم والنحو وال صرف. ولقد طو ع فقهاء سو س الحرف العربي والم ضمون اللغوي الذي أامزغوه من العربية ل صالح كتابة اللغة االأمازيغية بالتاأليف واالإبداع فيها في شتى المعارف والعلوم والفنون في الفقه والتاريخ والطب والفلك والريا ضيات وال شعر وترجمة كتبها كما طو عها ك ت اب االأمازيغية في المغرب بالخ صو ص وفي مجموع بلدان المغارب على العموم. ولما كانت الثقافة ا أالمازيغية ثقافة شفوية ت حفظ في ال صدور في الغالب فاإن قيمة الن ص ا أالمازيغي تكمن في ذاته ولي س في كتابته ولذلك ت ساهل الكتاب في كتابة الن ص في صورة تت صل فيه حروف الكلمة وال يهتمون بف صلها في كتابة الجملة ح سب معناها والت مييز بين اال سم وبين الفعل والحرف وال ضمير. وقد صنف ك ت اب االأمازيغية الحروف العربية االأ صلية للكتابة االأمازيغية اإلى اأربعة اأق سام: اأ( حروف ي ستغنى عنها وهي ثالثة كلها معجمة وهي: الثاء والذال والظاد. ب( الحروف ال صامتة )ال ساكنة( )consonnes( وهي ستة وع شرون حرفا )االألفبائية(. ج( الحروف ال صائتة )voyelles( التي ت سهل خروج نطق الحروف ال ساكنة ضمن الكلمة فعبروا عنها بحركات ال شكل التي ت سمى باالأمازيغية )تيدباكين(: فالفتحة يقابلها االألف وال ضمة يقابلها الواو والك سرة يقابلها الياء وال شدة يقابلها شين مهملة وعند البع ض يكرر الحرف الم شدد للداللة على الت ضعيف وهذا اال ستعمال قليل. كما ت صرفوا في موقع الهمزة بين و ضعها قبل االألف والواو والياء اأو فوق االألف والواو والياء. د( الحروف الزائدة باإ ضافة التنقيط اأو ال شرطة حيث أا ضافوا ثالث نقط فوق الحرف اأو اأ سفله أاو شرطة فوقه اأهم الحروف الزائدة: الجيم المفخمة للتفريق مثال بين الكلمتين االأمازيغيتين كلمة إايج ا = وهي بالجيم المخف فة يعني الرائحة المعط رة اأما كلمة اإيج ا = بالجيم المفخ مة يعني الرائحة الكريهة. وكذلك الزاي المفخمة للتفريق مثال بين الكلمتين ئ زي: بالزاي المخففة بمعنى الذباب وئ زي: بالزاي المفخمة بمعنى حوي ص لة ال صفراء )المر ارة(. ولذلك فقد عو ضوا اأحيانا الزاي المفخمة ب صاد منقطة في مثل مدينة أا صيلة وينطق بال صاد المفخمة على حين اأن اأ صله الزاي أالن الن سبة ال صحيحة لمن سكن مدينة اأ صيلة هي الزيال شي. الك اف المعط شة مثل الجيم الم صرية للتفريق بين الكلمتين االأمازيغيتين»ئ ك ن اد و ا اأكال«بمعنى ال سموات واالأر ض. هكذا فمن الجانب التاريخي تطور اأداء الكتابة ا أالمازيغية في اأربعة أا ساليب حتى ا ستقرت على تنميط الحرف العربي وتاأهيله لكتابة كثير من ا إالنجازات كما يت ضح في اللوحة الواردة في نهاية هذا المقال )ا نظر اللوحة رقم 3(. وفي هذه اللوحة تظهر ا أال ساليب ا أالربعة وهي: اأ سلوب الن ص الم شكول الذي كتب به الفقهاء والطلبة في المدار س العتيقة اأهم كتب التراث ا أالمازيغي في مختلف العلوم والمعارف والفنون فاأنتجوا ر صيدا هائال من المخطوطات والوثائق في هذه اللغة. اأ سلوب الكتابة اعتمادا على ال صوائت الحرفية )اأ و ي( وال شدة وال سكون والهمزة قبل )اأ و ي( ويمكن ت سميته )اأ سلوب اأر ات ن( الذي كتبت به الجمعية المغربية للبحث والتبادل الثقافي وكثير من الموؤلفين اإنجازا اأمازيغيا كثيرا منذ منت صف ال ستينات وال سبعينات. اأ سلوب متطور با ستعمال ال صوائت وكتابة الهمزة فوق ال صوائت. واأف صح عن هذا ا أال سلوب محمد شفيق في اأول معجمه وفي كتاب : اأربع واأربعون در سا في االأمازيغية كما كتب به ك تاب اآخرون. اأ سلوب تنميط الحروف العربية باال ستفادة من تجربة شفيق و ضبط الف صل بين اال سم والفعل والحرف وكتابة ال شدة وحذف ال سكون. وهو اأ سلوب الكتابة 5 ت أا س ست الجمعية المغربية للبحث والتبادل الثقافي في الرباط بتاريخ 10 نونبر ا نظر اأخياط اإبراهيم النه ضة الأمازيغية كما ع شت ميالدها وتطورها الرباط مطبعة المعارف الجديدة 2012 ص 34. شفيق 6 محمد أاربعة و أاربعون در سا في اللغة الأمازيغية الرباط الن شر العربي االإفريقي شفيق محمد المعجم العربي الأمازيغي ثالثة اأجزاء الرباط 1990 و 1996 و

83 المعمول به اليوم وقد صدرت به من شورات المعهد الملكي للثقافة ا أالمازيغية وتبناه الكثيرون من الكتاب حالي ا. وهكذا يمكن تتبع كرونولوجية تطور هذه االأ ساليب بناء على تقنية علم الباليوكرافيا ابتداء من ستينيات القرن الع شرين اإلى االآن سواء في المغرب اأو في الجزائر على الخ صو ص وب أاقله في بلدان المغارب االأخرى. وقد اأو ضحنا في العر ض الجوانب المهمة لهذه االأ ساليب واكتفينا بها دون االهتمام بالتفا صيل. ون سوق نماذج من المخطوطات ا أالمازيغية تبرز مدى ا ستمرار هذه االأ ساليب منذ الطالئع االأولى للفتح االإ سالمي اإلى اليوم. اأنواع الخطوط العربية الم ستعملة في كتابة المخطوط الأمازيغي عندما تتبعنا خطوط مجموعات وافرة من المخطوطات االأمازيغية ووثائقها تبين لنا مدى اكتفاء المغارب با ستعمال نوعين من الخطوط المغربية غالبا من اأ صل خم سة خطوط كتب بها المغارب ثقافتهم وح ضارتهم وقد األممنا بدرا ستها في كتاب خا ص عن الخط المغربي. فالخط االأول المعتمد في المخطوطات االأمازيغية هو الخط المب سوط سواء منه المب سوط التعليمي اأو الفني وهو خط الم صاحف ك تبت به ا أالمازيغية لو ضوحه. وقد و ضع المغاربة قواعده موؤخرا فانت شرت منه اأنواع يدوية و أاخرى ضمن برامج الرقمنة على الحا سوب واالأنترنيت )ا نظر اللوحة رقم 6(. والخط الثاني هو خط الم سند. هذا الخط هو سليل خط المجوهر وهو اأغلب الخطوط التي كتبت بها االأمازيغية الأنه سريع. وقد اخترنا نماذج قديمة وحديثة اأدرجناها في نهاية هذا المقال )ا نظر اللوحتين رقم 4 و 5 (. نموذج ترجمة معاني سورة الفاتحة من القراآن للمرغثي ال سو سي المتوفى سنة ولم يترجم المغاربة غيرها قبل القرن الع شرين. وهو من الخط الم سند الذي ا ستعمله االأمازيغ المغاربة لت سجيل اأغلب العلوم والمعارف وغيرها من االإبداعات. نموذج من كتاب اأوزال في الفقه واالإر شاد لمحمد بن علي اأوزال كتبه سنة 1755 بالخط المب سوط. نموذج ترجمة اإنجيل ماتا باالأمازيغية طبع في بريطانيا بلندن بالخط المب سوط اأي ضا بدون تاريخ ولعله طبع في اأربعينيات القرن الع شرين. نموذج من خط المب سوط الحديث وهو عبارة عن ديوان لل شاعر اأحمايتي في جزءين مازج فيها بين المخطوط والمطبوع. وهذه النماذج االأمازيغية المكتوبة بالحرف العربي ت عطي داللة على مدى ا ستمرار الكتابة بهذا الحرف اإلى اليوم. الخاتمة إان ا أالر ضدة الهائلة من المخطوطات والوثائق ا أالمازيغية المكتوبة بالحرف العربي لم يتم الك شف عنها في مجملها بعد سواء منها التي توجد في مكتبات رقعتها الجغرافية اأو التي توجد في مكتبات اأخرى اأجنبية. فهذه االأر صدة ت شكل دعامة كبرى لبناء فكر واعد لدى فئة وا سعة من الباحثين ال شباب في م ستقبل يجمع بين ا أال صالة والحداثة ويعزز الهوية الكونية لالإن سان. ولقد ا ستفدنا من قراءة كتاب فران سو ديرو ش المدخل اإلى علم الكتاب المخطوط بالحرف العربي اأن العرب لم يت أاخروا عن ممار سة علم الباليوغرافيا ولكنهم مار سوا جوانب كثيرة من هذا العلم ف أاحرزوا خبرة فائقة في تدبير ضوؤون الخط والكتاب والمكتبات نذكر علما واحدا منهم باإكبار العالمة محمد المنوني كما ن ؤوكد التنويه بغيره وهم كثيرون. وفي مجال المخطوطات ا أالمازيغية نوؤكد اأن اآفاق الم ستقبل اإنما تنفتح أامام الباحثين انطالقا من الك شف عن ر صيد هذا المخطوط وفهر سته والتعريف به ون شره ثم درا سته وتحليله وتوظيفه مما يوؤدي إالى مزيد من بناء جانب كبير من الح ضارة االإن سانية وتقدمها. 7 اأفا عمر والمغراوي محمد الخط المغربي تاريخ وواقع و آافاق من شورات وزارة ا أالوقاف وال ضوؤون االإ سالمية مطبعة النجاح الجديدة فران سوا ديرو ش المدخل اإلى علم الكتاب المخطوط بالحرف العربي ترجمة أايمن فوؤاد ال سيد لندن من شورات الفرقان

84 بيبليوغرافية اأخياط اإبراهيم النه ضة الأمازيغية كما ع شت ميالدها وتطورها الرباط مطبعة المعارف الجديدة اأفا عمر الدليل الجذاذي للمخطوطات والوثائق المازيغية المكتوبة بالحرف العربي في منطقة سو س الرباط من شورات المعهد الملكي للثقافة االأمازيغية مطبعة المعارف الجديدة اأفا عمر المغراوي محمد الخط المغربي تاريخ وواقع و آافاق من شورات وزارة االأوقاف وال ضوؤون االإ سالمية مطبعة النجاح الجديدة بوكو س أاحمد م سار اللغة الأملازيلغليلة الرهانات وال ستراتيجيات الرباط مطبعة طوب بري س ديرو ش فران سوا المدخل اإلى علم الكتاب المخطوط بالحرف العربي ترجمة أايمن ف ؤواد ال سيد لندن من شورات الفرقان شفيق محمد اأربعة و أاربعون در سا في اللغة الأمازيغية الرباط الن شر العربي االإفريقي شفيق محمد المعجم العربي الأمازيغي ثالثة أاجزاء الرباط 1990 و 1996 و

85 لوحة رقم 1 لوحة رقم 2 85

86 لوحة رقم 3 لوحة رقم 4 ترجمة معاني القر آان ) سورة الفاتحة( الموؤلف: محمد بن سعيد الميرغتي )ت. 1678( )خط الم سند( كتاب اأوزال )بحر الدموع( الم ؤولف: محمد بن علي اأوزال )ت. 1750( )خط المب سوط والم سند( 86

87 لوحة رقم 5 ترجمة كتاب: االأمير الم صري في الفقه المالكي المترجم: الحاج عليبن اأحمد الدرقاوي )ت. 1910( )خط الم سند( لوحة رقم 6 ترجمة إانجيل يوحنا طبع باإنجلترا )بدون تاريخ( بدعم من الجمعية البريطانية االأجنبية لبيع كتب الم سيح Par: Billing et Fils Ltd. الخط المب سوط الجزء 1 من ديوان: شفاء الحبيب في ال شعر االأمازيغي العجيب الموؤلف الحاج اأحمد بن محمد احمايتي )ت 2009( الخط المب سوط المليح الجزء 2 من ديوان: شفاء الحبيب في ال شعر االأمازيغي العجيب الموؤلف الحاج اأحمد بن محمد احمايتي )ت 2009( الخط المب سوط المليح 87

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